Mahfoud Guerguer est arrivé d’Algérie à Vitré en novembre 2019 avec sa femme et ses enfants. Non éligible au droit d’asile, la famille sera expulsée de son logement le 31 mai.
La trêve hivernale, prolongée pour raison de crise sanitaire, s’achèvera le 31 mai. Les familles à qui le droit d’asile a été refusé se retrouveront donc à la rue à cette date.
C’est le cas de la famille Guerguer, originaire d’Algérie.
Mahfoud, le père, sa femme et leurs cinq enfants sont arrivés à Vitré le 9 novembre 2019. « Nous avons demandé l‘asile pour des raisons politiques », explique Mahfoud qui se définit comme un « activiste politique ». « Depuis les années 90, j’ai des problèmes avec l’Etat Algérien ».
« Si j’y retourne, je serai mis en prison »
La famille avait déjà quitté l’Algérie en l’an 2000 pour rejoindre l’Angleterre. « Nous y sommes restés trois ans. Mon fils aîné Salah est né là-bas. »
Revenue en Algérie, la famille y a vécu 16 ans. Le 22 février 2019, les Algériens, outrés par les perspectives d’un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, sont sortis en masse dans les rues d’Alger et dans les grandes villes du pays scandant le refus de cette éventualité.
Depuis, le président a démissionné mais les manifestants sont restés mobilisés. « Je fais partie du Hirak, un mouvement de protestation qui dénonce la toute-puissance de l’armée et des généraux. Le président n’est qu’un pantin en Algérie, c’est l’armée qui dirige. »
« Nous avons envie de terminer nos études »
Comme tous les opposants au pouvoir, Mahfoud est donc menacé dans son pays. « J’ai beaucoup d’amis qui ont quitté le pays. Beaucoup sont aussi en prison. Si j’y retourne, je serai aussi mis en prison », poursuit le père de famille qui dit détenir des vidéos et photos prouvant qu’il est menacé.
Exilée en Turquie en 2019, la famille Guerguer est arrivée en France en novembre 2019 avec ses cinq enfants. La fille aînée est désormais mariée et vit à Paris. Mahfoud, sa femme, sa deuxième fille et ses trois fils de 19, 17 et 10 ans vivent dans le quartier de Maison-Rouge dans un appartement financé par le CADA (Centre d’accueil des demandeurs d’asile).
Mais en janvier, ils ont reçu un courrier leur demandant de quitter leur logement. L’échéance est fixée au 31 mai. La famille a également reçu une Obligation de quitter le territoire français (OQTF), l’Algérie n’étant pas considéré comme un pays à risque. « Cette procédure est actuellement suspendue mais nous devons tout de même quitter notre appartement », précise Mahfoud.
Appel à la solidarité vitréenne
Ses fils aînés, Salah, 19 ans et Omar, 17 ans, sont tous les deux scolarisés au lycée Bertrand-d’Argentré de Vitré en classe de Première. Pour eux, retourner en Algérie n’est pas envisageable. « Nous avons nos amis ici et sommes bien intégrés. Nous avons envie de terminer nos études », expriment ces deux jeunes qui se rêvent architectes.
La famille espère donc pouvoir bénéficier de la solidarité vitréenne et trouver une nouvelle solution de logement.
Le Journal de Vitré, 26 mai 2021
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