Le téléphone du président français Emmanuel Macron pourrait avoir été piraté à l’aide d’un logiciel d’espionnage privé, selon une nouvelle enquête.
Par Colm Quinn, rédacteur de la newsletter de Foreign Policy.
Les révélations sur le logiciel d’espionnage Pegasus font des vagues dans le monde entier
Pegasus met en lumière le nouveau monde de l’espionnage
Les autorités françaises ont promis d’enquêter sur un incident cybernétique après qu’il est apparu que le téléphone du président français Emmanuel Macron était enregistré sur une liste de cibles possibles de piratage téléphonique mené par le gouvernement. Le logiciel utilisé, appelé Pegasus, était sous licence d’une société privée israélienne de logiciels d’espionnage.
Selon une enquête menée par un consortium mondial de médias comprenant le Washington Post, Le Monde et le Guardian, dix premiers ministres, trois présidents et le roi du Maroc Mohammed VI étaient tous des cibles potentielles.
Des logiciels espions pour tous. Ce n’est pas la première fois que des dirigeants mondiaux sont ciblés par des agences d’espionnage – le ciblage de la chancelière allemande Angela Merkel par l’Agence nationale de sécurité des États-Unis est un exemple très médiatisé – mais les révélations de Pegasus montrent que les programmes d’espionnage sophistiqués ne sont plus limités aux États riches et peuvent être achetés sur le marché libre. Dimanche, il est apparu que les gouvernements d’au moins dix pays avaient utilisé cet outil d’espionnage pour surveiller des journalistes et des dissidents.
L’entreprise de logiciels responsable, NSO, a nié les allégations du consortium d’enquête, les qualifiant de « tellement scandaleuses et éloignées de la réalité » que l’entreprise envisage de porter plainte pour diffamation. La société a déclaré qu’elle vérifiait les préoccupations des clients gouvernementaux en matière de droits de l’homme avant de vendre son logiciel Pegasus et que celui-ci était destiné à être utilisé comme un outil de lutte contre le terrorisme.
Le rôle de Netanyahu. Des critiques ont également été formulées à l’encontre d’Israël, notamment du précédent gouvernement dirigé par l’ancien Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Le journal israélien Haaretz – l’un des membres du consortium – a décrit les voyages de Netanyahu dans des pays qui deviendraient des clients de NSO et la façon dont le logiciel a pu être utilisé comme « monnaie diplomatique » pour favoriser les objectifs stratégiques d’Israël.
Les problèmes de Modi. En Inde, l’enquête a provoqué un scandale politique. Le Congrès national indien – le plus grand parti d’opposition – a accusé le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi d’espionner son ancien leader Rahul Gandhi après que son numéro soit apparu sur la liste de NSO. Le Congrès a demandé la démission du ministre indien de l’Intérieur, Amit Shah, à cause de cette affaire, tandis que le porte-parole du gouvernement, Ravi Shankar Prasad, a rétorqué qu’il n’y avait « pas la moindre preuve » liant le gouvernement de Modi à l’histoire de Pegasus. Le gouvernement Modi n’en serait pas à sa première infraction présumée : il a été accusé d’avoir utilisé le logiciel NSO pour pirater 1 400 téléphones avant les élections indiennes de 2019.
Foreign Policy, 21/07/2021
Etiquettes : Pegasus, logiciels espions, NSO Group, Maroc, Mohammed VI, Emmanuel Macron,
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