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Quadream, le rival de NSO, est en pourparlers avec le gouvernement marocain.
Les produits de piratage de téléphones mobiles de la société israélienne Quadream ne nécessitent pas de licence d’exportation du ministère israélien de la défense, car sa société mère est basée à Chypre.
Les plus grands gagnants de l’enquête internationale sur la société israélienne de cyberattaques NSO ont été ses rivaux. L’un d’entre eux est Quadream, qui a son centre de développement à Ramat Gan et vend ses produits par l’intermédiaire de sa société mère basée à Chypre. Une source proche de l’affaire a déclaré à « Globes » que des représentants de Quadream ont visité la semaine dernière les bureaux des services de sécurité marocains afin de discuter de la vente de ses systèmes de surveillance au gouvernement marocain.
Selon le rapport d’enquête international publié le mois dernier par une équipe de 80 journalistes de 17 organisations médiatiques dans 10 pays, dirigée par Amnesty International et Forbidden Stories, NSO a vendu son logiciel espion Pegasus à des gouvernements du monde entier, qui l’ont utilisé pour espionner non seulement des criminels et des terroristes, mais aussi des journalistes, des militants des droits de l’homme et des dirigeants politiques du monde entier, dont le président français Emmanuel Macron.
Les discussions entre Quadream et le Maroc ont progressé ces dernières semaines et une réunion supplémentaire a été fixée. Le Maroc et l’ONS n’ont jamais admis une quelconque coopération. Mais maintenant, le Maroc pourrait être en mesure d’utiliser les systèmes de surveillance de Quadream, ce qui permettra au pays d’avoir plus de flexibilité que les systèmes de NSO, qui sont soumis à des accords d’exportation de défense israéliens et limités dans leur capacité à se conformer à toutes les exigences des clients.
Quadream développe des systèmes de cyberattaque aux capacités similaires à celles des produits de NSO, en permettant aux services de sécurité de pirater les téléphones portables et les ordinateurs. L’entreprise a mis au point un produit qui permet aux autorités d’installer des logiciels espions en envoyant un lien ou une photo sur le téléphone de sa cible, qui s’active lorsque le suspect appuie dessus. Comme NSO, Quadream a développé la capacité d’installer le logiciel espion sans contact avec le suspect et a commercialisé ses produits récemment. Le système de Quadream est nettement moins cher que celui de NSO et n’est pas soumis au contrôle réglementaire du ministère israélien de la Défense.
Le Maroc n’a jamais admis avoir utilisé le Pegasus de NSO, mais au fil des ans, des enquêtes ont été publiées, qui auraient révélé son utilisation contre des journalistes critiques. L’une des affaires révélées par l’enquête d’Amnesty du mois dernier a non seulement provoqué un différend entre Israël et le Maroc, mais aussi une crise diplomatique entre le Maroc et la France. Le président français Emmanuel Macron a été contraint de changer son numéro de téléphone portable et sa signature électronique après que le journal français Le Monde a rapporté que les services de sécurité marocains avaient utilisé Pegasus pour le suivre à la trace.
Le Maroc a démenti ces allégations et a même porté plainte pour diffamation en France et en Allemagne contre Amnesty et Forbidden Stories, qui ont fait ces allégations. L’audience du tribunal de Paris doit commencer en octobre. Les enquêtes menées par le ministère israélien de la défense n’ont pas permis de tirer de conclusions concernant la violation des téléphones de M. Macron et d’autres ministres.
Quadream maintient le plus grand secret. L’entreprise n’a pas de site web et les employés ne mentionnent pas sur leurs comptes de médias sociaux qu’ils y travaillent. Sur LinkedIn, les employés de Quadream écrivent qu’ils sont employés par une entreprise de cybersécurité. L’une des raisons de ce secret est le fait que Quadream, même si son centre de développement se trouve en Israël, n’est pas soumise aux lois israéliennes sur les exportations de produits de défense.
Au lieu de vendre ses produits depuis Israël, comme le font NSO et 15 autres sociétés spécialisées dans les cyberattaques, Quadream opère en collaboration avec une société de vente chypriote appelée InReach. Selon le registre des sociétés, InReach détient les parts de la société israélienne Quadream. InReach est dirigée par Roy Gelsenberg et appartient à Christos Shiakallis et Nenad Grozdanic. Quadream et InReach ont un différend juridique qui se déroule au tribunal de Limassol depuis 2020. Selon le site Intelligence Online, Quadream et InReach avaient un accord depuis 2017, selon lequel Inreach devait verser à Quadream 92 % de ses revenus issus des exportations technologiques de cyberattaques. Mais en 2019, InReach a interrompu ses paiements à Quadream et il a récemment été découvert qu’un des hauts dirigeants d’InReach avait même ouvert un compte bancaire suisse et y avait transféré une partie des revenus tirés des activités conjointes, rapporte Intelligence Online.
Ainsi, alors que son bureau de vente opère depuis Chypre, Quadream peut tirer profit de l’embauche d’ingénieurs israéliens expérimentés, d’une part, et les employer à Ramat Gan, d’autre part, vendre ses produits par le biais d’une société « offshore », loin des yeux du ministère de la défense. Ainsi libérée des réglementations, Quadream peut même théoriquement vendre à des particuliers et à des entités non gouvernementales. Dans le passé, Quadream a vendu ses produits à l’Arabie Saoudite et au Ghana.
Les autres actionnaires de la société sont Ilan Dabelstein, un ancien officier supérieur des services de renseignement des FDI, Nimrod Reznik et Guy Geva. Quadream s’est refusé à tout commentaire.
Le ministère israélien de la Défense a déclaré : « L’État d’Israël est chargé de superviser tout ce qui concerne la commercialisation et l’exportation de produits cybernétiques depuis Israël, conformément à la loi de 2007 sur la supervision des exportations de produits de défense. »
Globes, 10 août 2021
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