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  • Tourisme-Harcèlement sexuel au Maroc: ce qu’il faut savoir

    Tourisme-Harcèlement sexuel au Maroc: ce qu’il faut savoir

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    Un récit édifiant sur le harcèlement sexuel au Maroc sur la façon dont une balade à cheval gratuite sur la plage d’Essaouira s’est rapidement transformée en cauchemar.

    Rien dans la vie n’est gratuit et en tant que voyageur chevronné, on est normalement sur le fil chaque fois qu’un étranger s’approche de vous avec un faux sourire et vous offre quelque chose gratuitement, surtout parce qu’à la fin vous devrez le rembourser avec de l’argent ou avec tout autre type de monnaie.

    C’est l’histoire de la façon dont mes amis et moi avons rencontré un marocain dans la ville balnéaire d’Essaouira et comment il nous a presque convaincus qu’il était une personne honnête et digne de confiance. Alerte spoiler : il était tout le contraire.

    Et dire que tout a commencé avec une bouteille de vin…

    Les chameliers et cavaliers d’Essaouira

    Essaouira est une ville balnéaire située à deux heures à l’ouest de Marrakech, célèbre pour sa forteresse en bord de mer où a été tournée la troisième saison de A Game of Thrones. Il est également populaire en raison du fait que c’est l’un des rares endroits au Maroc où vous pouvez monter à dos de chameau et à cheval sur la plage.

    La veille de notre rencontre fatidique avec le tristement célèbre marocain, que nous appellerons pour le moment Grégory, mon assistant média et moi sommes allés nous promener sur la plage et avons fini par convaincre un chamelier de nous emmener une heure pour seulement 30 DH (3 euros), donc le lendemain, nous étions déterminés à négocier un prix similaire pour une balade à cheval.

    Cette fois, cependant, nous étions accompagnés de Rose, une voyageuse hollandaise avec laquelle nous nous sommes liés d’amitié à l’auberge le matin même. Le problème? C’était une belle fille blonde.

    Une belle fille blonde innocente. Comme vous pouvez l’imaginer, cela a rapidement fait d’elle une cible de gars comme Grégory le Marocain édenté (sérieusement, il n’avait que quatre bonnes dents !).

    Et dire que tout a commencé avec une bouteille de vin rouge…

    Vous voyez, ici dans le monde musulman, c’est actuellement le ramadan, une période sacrée de l’année où les musulmans jeûnent du lever au coucher du soleil et où les locaux et les touristes sont incapables de trouver de l’alcool dans la plupart des supermarchés (vous pouvez toujours en acheter dans certains Carrefour marchés cependant).

    Les entreprises profitent de la soif des touristes et ont donc tendance à surcharger les prix. Je n’arrive toujours pas à croire que mes amis et moi avons fini par payer près de 20 euros pour une bouteille de mauvais vin rouge ! C’est cet acte de « richesse » celui qui nous a fait viser de Grégory l’escroc.

    Alors que nous traînions au bar de la plage, nous avons été approchés pour deux gars qui nous proposaient des promenades à cheval. Ils ont commencé par citer leur prix BS habituel de 300 DH (30 euros) avant que nous ne le baissions à 25 DH. Drapeau rouge numéro 1 ? Gregory le cavalier a affirmé que Rose, notre amie blonde hollandaise, la monterait gratuitement.

    C’est à ce moment-là que le cauchemar a commencé.

    Harcèlement sexuel au Maroc : le cauchemar

    Avant de nous en rendre compte, nous avons été pressés de monter les trois chevaux les plus proches et nos guides se sont mis en quatre pour s’assurer que Rafael et moi restions aussi loin de Rose et Gregory.

    Je ne vais pas vous mentir, je n’étais pas si inquiet pour la sécurité de Rose car il y avait beaucoup de monde à la plage et aussi parce que, au fond de moi, j’avais vraiment confiance que Gregory voulait seulement prendre une photo avec elle et qu’il était relativement inoffensif. J’avais tort.

    Dans un éclair soudain, Gregory a sauté à l’arrière du cheval et a attrapé la taille de Rose alors qu’ils galopaient tous les deux loin de Rafaela et moi. Heureusement, ils ne sont pas allés aussi loin mais je ne pouvais voir que le visage inquiet de Rose de loin. Après une heure, la balade à cheval la plus inconfortable jamais terminée et alors que nous nous éloignions, Gregory s’est invité, lui et ses amis, à l’after-party du match Pays-Bas-Argentine.

    Nous, bien sûr, lui avons dit oui car à ce moment-là, il semblait toujours être un gars digne de confiance. Un gars délicat et pourtant digne de confiance. Le drapeau rouge numéro 2 a été levé au moment où nous sommes allés à la rencontre et il était là tout seul.

    Merde, c’ était notre jugement erroné.

    Une soirée avec un harceleur marocain et un escroc

    Les drapeaux rouges suivants sont arrivés dans une succession rapide d’événements que nous avons à peine eu le temps de les traiter complètement. « C’est le Ramadan, je ne peux pas boire de vodka mais je peux fumer de l’herbe, tu en veux ? », « Bien sûr que nous, les musulmans, pouvons avoir des relations sexuelles pendant le Ramadan. C’est bon tant que tu prends une douche avant le coucher du soleil », « J’habite à 20 minutes d’ici en voiture, on peut tous aller à ma maison sur la plage après », « Hé Raphaël, pourrais-tu me prêter 100 DH s’il te plait ? Je n’ai pas d’argent pour payer mon verre depuis que j’ai offert une balade à cheval à la blonde ».

    C’était au dernier commentaire quand j’ai dit à mes amis qu’il était temps de partir. Naturellement, Gregory est devenu fou et son faux sourire a rapidement révélé son vrai visage alors qu’il commençait à nous crier dessus pour nous demander de l’argent car nous avions effectivement perdu son temps. Je veux dire, bien sûr que Rose ne rentrerait jamais avec toi, Gregory. Vous êtes un cavalier édenté qui venez de nous proposer au moins 4 crimes selon la loi islamique !

    La partie la plus effrayante ? Nous avons rencontré à nouveau Gregory dans une ruelle sombre et ombragée sur le chemin de notre auberge. Comment au nom d’Allah a-t-il réussi à être à l’endroit précis que nous avons pris ? Nous ne le saurions jamais, mais dès qu’il s’est approché de nous, j’ai su que je devrais finir par rester derrière pour le combattre pendant que mes amis s’enfuient en sécurité. Heureusement pour moi (et pour lui), les escrocs marocains sont comme des chiens errants. Ils peuvent aboyer aussi fort qu’ils le souhaitent, mais ils ne mordront jamais.

    Gregory est bientôt parti après une discussion verbale avec moi et nous avons marché jusqu’à notre auberge en regardant toujours derrière notre dos pour voir s’il nous suivait toujours. Bon sang Gregory, tu nous as vraiment fait croire que tu étais un bon gars.

    Allez au diable.

    Un mot de prudence pour les voyageurs au Maroc

    Les meilleurs escrocs marocains sont toujours prêts pour la longue arnaque. Ils vous charmeront avec un faux sourire et vous feront croire que tout va bien chez eux afin de vous inciter à leur faire confiance et à les revoir. C’est-à-dire jusqu’à ce qu’ils commencent à utiliser la guerre psychologique afin de vous intimider pour que vous leur donniez de l’argent… ou pire.

    Pour moi, l’objectif final de Grégory n’était pas de nous demander 100 DH pour ses consommations. Pour moi, son objectif de longue haleine était de nous amener seuls dans sa maison de plage où il déchaînerait sur nous ses désirs les plus dépravés. Les 100 DH n’étaient qu’une tactique de désespoir qu’il a utilisée une fois qu’il s’est rendu compte que nous ne rentrerions jamais à la maison avec lui.

    Avez-vous déjà été dans une situation aussi dangereuse en voyageant ? Comment l’avez-vous vécu ? Partagez vos pensées et dites-moi ce que vous en pensez!

    Journey Wonders

    Source: Marocleaks, 03/10/2021

  • L’Algérie coupe l’électricité à certaines villes marocaines

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    Dans le cadre des sanctions prises ou en cours d’exécution, l’Algérie a décidé d’interrompre la fourniture d’électricité aux villes frontalières.

    Selon plusieurs sources, les villes d’Oujda, Ahfir et Berkane se trouvent, depuis dimanche sans électrcité.

    Sonelgaz, la société algérienne qui fournissait l’électricité à ces trois villes frontalières marocaines a justifié cette coupure par une panne technique.

    Pour rappel, le Maroc et l’Algérie ont signé en 2009 un accord pour s’approvisionner mutuellement en électricité, notamment les zones situées de part et d’autre de la frontière.

    Selon des médias marocains, l’algérie approvisionne aussi les centrales au gaz naturel à cycle combiné de Aï, Ben Lathar (au nord ouest de la ville qui est au sud d’Oujda) et de Tahaddart (au nord du village de Tahaddart qui se trouve au sud de Tanger). Ces centrales sont menacées par la cessation du passage du gaz algérien le 31 octobre 2021.

    Aux coupures d’électricité, l’Algérie vient d’ajouter la fermeture de l’espace aérien entre les deux payx. Ainsi la tension monte d’un cran depuis la décision d’Alger de rompre les relations avec le Maroc.

  • Algérie-Maroc: Chronologie de relations turbulentes

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    2 pays d’Afrique du Nord connaissent des tensions récurrentes depuis 1963

    L’Algérie a décidé mardi de rompre ses relations avec son voisin marocain, accusant Rabat d’avoir des « tendances hostiles » à son égard.

    Le pays a fait un pas similaire vers son voisin occidental en 1976.

    Voici une liste des étapes les plus marquantes des tensions récurrentes entre les deux pays au cours des dernières décennies :

    Octobre 1963 :

    L’Algérie et le Maroc se sont affrontés militairement au sujet d’un différend frontalier lors de la soi-disant guerre des sables en octobre 1963 après l’indépendance de l’Algérie le 5 juillet 1962. L’Algérie a déclaré qu’elle repoussait les ambitions marocaines d’obtenir des terres à la frontière, tandis que Rabat a répondu en disant qu’elle avait exercé des représailles contre le provocations frontalières de l’armée algérienne soutenue par les Égyptiens.

    1969 et 1972 :

    Les deux pays ont signé un traité de démarcation frontalière et de bon voisinage en deux phases en 1969 et 1972, point culminant de la fin de la guerre et du différend frontalier.

    1976 :

    Rabat a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec Alger pour protester contre la décision de ce dernier de rejoindre un certain nombre de pays pour la plupart africains reconnaissant la décision unilatérale du Front Polisario d’établir la soi-disant République arabe sahraouie.

    1988 :

    Les deux pays ont signé un accord pour normaliser les relations et rétablir les relations diplomatiques à la suite d’une médiation saoudienne. Les dirigeants des deux pays ont échangé des visites en témoignage de la normalisation.

    Août 1994 :

    Rabat a accusé les services secrets algériens d’être à l’origine d’un attentat terroriste dans la ville du sud-ouest de Marrakech et a imposé une obligation de visa d’entrée aux Algériens. L’Algérie a répondu en fermant sa frontière terrestre avec le Maroc qui est toujours en vigueur à ce jour.

    1999 :

    Le président algérien de l’époque, Abdelaziz Bouteflika, a assisté aux funérailles du roi Hassan II, décédé le 23 juillet 1999, au Maroc, pour tenter de rétablir les relations entre les deux pays arabes. Aucune percée significative n’a cependant été réalisée.

    Juin 2005 :

    Les relations bilatérales se sont réchauffées alors que Rabat se préparait à une visite du Premier ministre algérien de l’époque Ahmed Ouyahia et de sa délégation à Rabat pour signer plusieurs accords. Mais la visite a été annulée à la dernière minute, Rabat disant que le moment n’était pas venu, un geste que l’Algérie a protesté comme une insulte.

    1er novembre 2013 :

    La jeunesse marocaine a organisé une manifestation devant le consulat algérien dans la ville du nord de Casablanca contre les déclarations de Bouteflika sur les droits de l’homme dans la région du Sahara qui s’est terminée par l’incendie du drapeau algérien.

    Les deux pays ont échangé des convocations d’ambassadeurs. L’Algérie a également protesté contre une décision de justice condamnant l’homme accusé d’avoir brûlé le drapeau à deux mois de prison.

    Mai 2020 :

    Le consul du Maroc à Oran, dans l’ouest de l’Algérie, a qualifié l’Algérie de « pays ennemi », incitant le ministère algérien des Affaires étrangères à convoquer l’ambassadeur du Maroc et à déclarer le diplomate impliqué « persona non grata ».

    15 juillet 2021 :

    L’ambassadeur du Maroc auprès de l’ONU Omar Hilale appelle lors d’une réunion des pays non alignés à « l’indépendance du peuple kabyle » en Algérie. L’Algérie a convoqué son ambassadeur de Rabat pour des consultations et a demandé des éclaircissements.

    23 juillet 2012 :

    Le ministère algérien des Affaires étrangères proteste contre les autorités de certains pays, notamment le Maroc, qui utilisent le programme d’espionnage israélien Pegasus contre des fonctionnaires et des citoyens algériens. Rabat a nié les accusations mais Alger a exigé que le premier fournisse des preuves.

    31 juillet 2021 :

    Le roi du Maroc Mohammed VI exhorte l’Algérie à mettre de côté les différends entre les deux voisins et à ouvrir une nouvelle page dans leurs relations.

    8 août 2021 :

    Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a déclaré dans un communiqué que son pays était prêt à tout dialogue, mais a demandé au Maroc de répondre d’abord à la demande d’éclaircissements de l’Algérie concernant la position de Rabat sur le discours de son représentant à l’ONU concernant la région de Kabylie.

    11 août 2021 :

    Lors de sa visite au Maroc, le ministre israélien des Affaires étrangères Yair Lapid a exprimé l’inquiétude de son pays quant au rôle de l’Algérie dans la région et son grand rapprochement avec l’Iran. L’Algérie a accusé Rabat d’avoir incité Tel-Aviv contre elle.

    18 août 2021 :

    Le Conseil suprême de sécurité en Algérie, dirigé par Tebboune, a accusé le Maroc de poursuivre ses « actes d’hostilité » et a appelé à revoir les relations bilatérales et à renforcer la surveillance sécuritaire aux frontières occidentales.

    24 août 2021 :

    Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc pour ce qu’il a qualifié de « mesures agressives successives ».

    « Lorsque les liens sont rompus, cela est suivi d’un examen de toutes les relations et de la vérification de ce qui doit être annulé et de ce qui doit être conservé », a déclaré Lamamra.

    Les relations entre les deux pays voisins sont tendues depuis des décennies dans le contexte de la région contestée du Sahara entre Rabat et le Front Polisario soutenu par l’Algérie.

    Anadolou, 26/08/2021

    * Ecrit par Ibrahim Mukhtar à Ankara

  • L’Espagne entre le gaz de l’Algérie et les frontières du Maroc

    Espagne, Maroc, Algérie, Sahara Occidental, #Maroc, #Algérie, #SaharaOccidental,

    Sa position stratégique est en danger : L’Espagne hésite entre deux eaux : le gaz de l’Algérie ou les frontières du Maroc.

    À dix kilomètres à peine de Cadix, une situation très tendue se développe, qui pourrait conduire à une confrontation directe entre nos voisins les plus stratégiques d’Afrique du Nord.

    Alors que l’Espagne observe avec étonnement le retrait des forces multinationales d’Afghanistan, à dix kilomètres à peine de Cadix se développe une situation de haute tension qui, pour l’instant, est diplomatique, mais qui pourrait conduire à une confrontation directe entre ceux qui sont, sans aucun doute, nos voisins les plus stratégiques en Afrique du Nord : l’Algérie et le Maroc.

    Le 25 août, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc. Entre autres raisons, le gouvernement algérien a accusé le royaume alaouite d’entretenir des liens avec des « organisations terroristes » telles que le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MPAK) et le groupe islamiste Rachad. Alger accuse directement Rabat de fournir des renseignements aux deux groupes, car les autorités algériennes « avaient reçu des informations selon lesquelles certaines organisations terroristes recevaient un soutien financier des services de renseignements marocains pour mener des actes de sabotage dans plusieurs États du pays, notamment des incendies de forêt, à la suite d’une réunion tripartite supervisée par l’attaché militaire de l’ambassade du Maroc à Paris ».

    C’est une accusation sévère, même pour un langage diplomatique timoré, et qui met en évidence l’impulsion que les deux capitales donnent depuis longtemps au Sahara occidental et à la région indomptable de Kabylie, toile de fond d’une relation angoissante dans laquelle l’Espagne a de nombreux intérêts stratégiques aussi bien qu’économiques en jeu.

    Comme à l’accoutumée, le Maroc affirme avoir « pris note » du communiqué algérien, une pratique qui rappelle fortement la réponse donnée il y a quelques mois lorsque le leader sahraoui Brahim Ghali a atterri en Espagne après un échange dialectique grotesque entre l’Espagne et le Maroc qui a conduit à l’entrée illégale de milliers de Marocains à Ceuta.

    L’Espagne va commencer sans « gaz marocain ».

    L’histoire du retour de bâton entre le Maroc et l’Algérie a commencé en juin, lorsque, comme l’a rapporté La Información, Rabat a remis en question la viabilité future du gazoduc maghrébin qui transporte le gaz des champs gaziers algériens de Hassi R’Mel et entre directement à Cordoue par le détroit de Gibraltar. Il s’agissait clairement d’une manœuvre d’intimidation contre Madrid, car le gazoduc permet de fournir 9000 mètres cubes de gaz naturel à l’Espagne via le Maroc. La tactique du royaume marocain consistait à faire traîner en longueur les négociations compliquées visant à renouveler une concession vieille de 25 ans, dont la date limite pour cesser d’être une réalité est fixée à novembre.

    De son côté, l’Algérie n’a pas manqué l’occasion de s’attaquer à son ennemi intime, et a encore resserré l’étau en annonçant qu’elle ne renouvellerait pas la concession du gazoduc. Son intention n’est pas tant de remettre en cause l’approvisionnement énergétique de l’Espagne que d’affaiblir la position de négociation du Maroc, qui perdrait un point d’approvisionnement stratégique avec lequel il pourrait faire pression sur Madrid à l’avenir. Les entreprises qui exploitent l’infrastructure traversant le royaume alaouite, notamment les sociétés espagnoles Naturgy et Enagás, ont depuis longtemps constitué des provisions pour les pertes qui résulteraient d’une éventuelle restriction de l’approvisionnement par le détroit de Gibraltar.

    Pour réaffirmer sa position, le ministre algérien de l’énergie et des mines a confirmé, le lendemain de la rupture des relations, que l’Algérie continuerait à exporter du gaz vers l’Espagne, mais uniquement par le biais du gazoduc qui relie directement les côtes algériennes et espagnoles. En tout état de cause, l’Espagne a déjà perdu un moyen logistique d’approvisionnement en énergie, ce qui, dans un scénario de hausse continue du marché international du gaz, pourrait se retourner contre le gouvernement espagnol, déjà soumis à une forte pression en raison de l’augmentation excessive des factures d’électricité.

    L’éternel conflit sahraoui

    Outre le flanc économique, la rupture des relations diplomatiques entre Marocains et Algériens a ouvert de nombreuses autres voies à l’Espagne. Le Sahara occidental est devenu un lieu hautement explosif et un foyer d’instabilité internationale dans lequel Madrid, malgré ses tentatives de disparition, reste un acteur de premier plan dans la région.

    Dans ce théâtre diplomatique, le Maroc est main dans la main avec les Etats-Unis, tout comme l’Algérie est main dans la main avec la Russie. Chaque coup d’État dans le Sahara est contre-programmé par un mouvement similaire dans la région sauvage de Kabylie en Algérie, qui abrite de forts sentiments indépendantistes parmi la communauté berbère amazigh. Le Rif, le grand Rif, a toujours été une région troublée où le Maroc et l’Algérie ont beaucoup à perdre avec les Rifains et les Kabyles.

    L’affaire Mohamed Abdellah

    Un autre événement qui est passé inaperçu et dans lequel l’Espagne est une fois de plus impliquée est la situation de l’activiste algérien Mohamed Abdellah. Cet ex-gendarme devenu « youtuber » a publié des informations compromettantes pour le gouvernement algérien dans lesquelles il affirme qu’une grande partie de la classe politique s’enrichit au détriment de la sécurité nationale.

    Son travail en tant que membre de la gendarmerie stationnée à la frontière algéro-tunisienne l’a amené à découvrir des cas de pots-de-vin, de corruption et d’abus de pouvoir de la part de ses anciens collègues. En 2018, il a décidé de quitter le pays pour l’Espagne, demandant la protection du gouvernement espagnol en tant qu’ancien gendarme et alléguant une persécution politique dans son pays. En août 2020, il subit une agression qu’il attribue aux services secrets algériens.

    L’Espagne vient de remettre Mohamed Abdellah aux autorités algériennes, qui le traduisent en justice pour des attaques présumées contre la nation.

    Malgré les signes évidents de persécution, l’Espagne vient de remettre Abdellah aux autorités algériennes, qui le traduisent en justice pour de prétendus attentats contre la nation, implication terroriste, financement de groupes terroristes et blanchiment d’argent. Sur ce point, le ministère espagnol de l’intérieur a gardé un silence scrupuleux qui n’a toutefois pas aidé le « youtuber » à affronter un procès au cours duquel il sera probablement condamné à passer, au mieux, une longue période dans une prison algérienne.

    Pour sa part, le Maroc brandit cette situation comme un nouveau signe que le gouvernement espagnol fait pencher la balance diplomatique vers l’Algérie, favorisant clairement les intérêts d’un pays qui, ces dernières années, a pris une dérive clairement militariste et dans lequel les généraux de l’armée sont devenus une nouvelle élite intouchable au pouvoir omnipotent.

    Pour le moment, le Maroc semble jouer ses cartes politiques beaucoup mieux. D’une part, il a inscrit la question sahraouie à l’ordre du jour international et a obtenu le soutien des États-Unis. D’autre part, il a également conclu de nombreux accords commerciaux avec le Royaume-Uni, grâce à sa position sur le marché de l’hydrogène, où elle est en concurrence directe avec l’Espagne. Elle a renforcé ses relations avec le Portugal dans le domaine de la logistique et des transports, en raison des représailles exercées contre Madrid pour l’incident du Ghali, qui a coûté son poste à une ministre espagnole des affaires étrangères, rien de moins. Comme si tout cela ne suffisait pas, le Maroc a rejoint les rangs des pays qui rétablissent leurs relations avec Israël, autre partenaire stratégique des Marocains. Les Hébreux, en plus d’être des leaders en matière d’investissements dans les énergies renouvelables et les technologies, semblent plus disposés que jamais à faire du Maroc leur fer de lance en Afrique du Nord.

    L’Espagne, dirigée par le nouveau ministre des affaires étrangères, José Manuel Albares, semble vouloir tourner la page et se joindre à la nouvelle vague de soutien dont bénéficie Rabat. Toutefois, M. Albares devra faire très attention à ne pas briser une corde dans laquelle l’Espagne joue bien plus que des milliards dans des contrats gaziers : sa position stratégique en Méditerranée occidentale est en jeu. Jusqu’à présent, tant les Marocains que les Algériens ont tenté de s’attirer les faveurs de cette zone, et l’Espagne a toujours su nager entre deux eaux qui semblent aujourd’hui plus turbulentes et dangereuses que jamais.

    La Informacion, 28/08/2021

  • Le Maroc maintient la tension avec l’Allemagne

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    DANS UN DISCOURS ADRESSÉ À SES SUJETS : Mohammed VI s’en prend, une nouvelle fois, à l’Allemagne et justifie l’alliance avec Israël

    par Tarek Hafid

    Dans un discours prononcé vendredi soir, le roi du Maroc a accusé, sans les nommer, certains pays européens de «porter atteinte à la respectabilité des institutions nationales». Mohammed VI faisait essentiellement référence à l’Allemagne, pays considéré par le Makhzen comme ayant une position «hostile» envers le Maroc.

    Tarek Hafid – Alger (Le Soir) – C’est un monarque coupé de la réalité qui s’est adressé, vendredi 20 août, à ses sujets à l’occasion de 68e anniversaire de la Révolution. Dans un discours aux contours obscurs, Mohammed VI a surtout démontré qu’il a la rancune tenace.

    En effet, il a vivement critiqué certains «pays européens» qui comptaient parmi les «partenaires» du Maroc. «Quelques pays, notamment des pays européens comptant, paradoxalement, parmi les partenaires traditionnels du Maroc, craignent pour leurs intérêts économiques, leurs marchés et leurs sphères d’influence dans la région maghrébine. Certains de leurs dirigeants ne saisissent pas encore que le problème ne réside pas dans les régimes des pays du grand Maghreb, mais bien dans les leurs, toujours teintés d’un passéisme désespérément rétif aux évolutions du temps (…) Ainsi, ils nous voudraient façonnés à leur image et, pour porter atteinte à la respectabilité de nos institutions nationales, pour saper leur autorité, ils les accusent de bafouer les droits et les libertés et déploient, à cet effet, des arguments fallacieux contre elles», a-t-il lancé.

    Le roi n’a pas désigné ces pays, mais une grave crise oppose depuis plusieurs mois un pays européen en particulier : l’Allemagne. Il faut dire que les relations entre les deux États se sont dégradées depuis plusieurs mois.

    Berlin avait ouvertement dénoncé la reconnaissance par Donald Trump de la «marocanité» du Sahara Occidental et avait demandé, quelques jours plus tard, la convocation d’une session du Conseil de sécurité de l’ONU.

    Responsabilités US

    Au terme de cette réunion, l’ambassadeur d’Allemagne aux Nations-Unies, Christoph Heusgen, avait rappelé la responsabilité des États-Unis, au sein du Conseil de sécurité, dans la gestion du dossier du Sahara Occidental. «Être porte-plume vient avec de la responsabilité. Cela s’accompagne d’un engagement fort pour résoudre un problème, il faut être juste, il faut être impartial, il faut avoir à l’esprit l’intérêt légitime de toutes les parties et il faut agir dans le cadre du droit international.»

    De son côté, Rabat a dénoncé «l’activisme antagonique» de l’Allemagne suite à cette reconnaissance de Donald Trump, première phase d’un deal qui a conduit le Maroc à reconnaître officiellement Israël. Le 6 mai, le palais décide de rappeler son ambassadeur à Berlin. «La République fédérale d’Allemagne a multiplié les actes hostiles et les actions attentatoires à l’égard des intérêts supérieurs du royaume», avait précisé le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué de presse.

    Le département de Nacer Bourita avait également dénoncé «l’acharnement continu de l’Allemagne à combattre le rôle régional du Maroc, notamment sur le dossier libyen». Lors de la crise migratoire provoquée par les autorités marocaines dans l’enclave de Ceuta, afin de faire pression sur l’Espagne qui avait accueilli le Président sahraoui Ibrahim Ghali, l’Allemagne avait fait partie des États européens qui avaient dénoncé cette opération.

    Dans un entretien au journal El Pais, le ministre d’État allemand chargé de l’Europe, Michael Roth, avait déclaré : «C’est cynique. L’UE ne doit pas permettre qu’elle soit soumise à un chantage.» «L’UE aide des pays comme le Maroc à donner une perspective à leurs jeunes, à créer des emplois. Mais j’ai l’impression que les jeunes sans perspectives deviennent une monnaie d’échange politique pour les dirigeants», avait-il ajouté.

    Autant de faits qui viennent expliquer la rancune de Mohammed VI. Ce n’est pas tout, dans son discours de vendredi, le roi a également fait référence au «déploiement d’impressionnants dispositifs d’influence». «Bien plus, plutôt que d’appuyer les efforts du Maroc dans le cadre d’un équilibre souhaité entre les pays de la région, des rapports ont franchi toutes les limites de l’acceptable, allant jusqu’à recommander que soit freinée la dynamique de développement de notre pays, au motif captieux qu’elle crée une dissymétrie entre les États maghrébins.»

    Là encore, c’est l’Allemagne qui est pointée du doigt, non pas les autorités officielles mais plutôt des universitaires indépendants. Il cible essentiellement le travail effectué par l’Institut allemand d’études internationales et de sécurité (SWP).

    Ce think tank avait exhorté l’Union européenne à «relativiser les ambitions hégémoniques du Maroc tout en favorisant la coopération avec le reste des pays du Maghreb».

    Justifier l’injustifiable

    Bien sûr, ce discours était également l’occasion de s’en prendre aux «ennemis de l’intégrité territoriale». Mais il est également allé jusqu’à justifier l’alliance tissée avec son partenaire stratégique : Israël. Un alliance qui répond, selon lui, à la préservation «de ses intérêts supérieurs». «D’aucuns prétendent que le Maroc est ainsi assailli parce qu’il aurait changé son orientation politique et stratégique, ainsi que son modus operandi dans le traitement de certaines questions diplomatiques. Il n’en est rien. Le Maroc a effectivement changé mais pas dans le sens souhaité par ses détracteurs. Il a changé parce qu’il n’accepte pas que ses intérêts supérieurs soient malmenés.»
    T. H.

    Le Soir d’Algérie, 22/08/2021

  • L’agenda espionné de Cembrero était intéressant pour le Maroc

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    L’agenda espionné de Cembrero comprenait les noms de membres du gouvernement, de militants, de réfugiés et d’exilés marocains.
    Le journaliste expert du Maghreb dénonce l’espionnage de Pegasus au Parquet.

    Le journaliste Ignacio Cembrero, l’un des principaux spécialistes européens de l’information sur le monde arabe et plus particulièrement sur le Maghreb, a demandé au ministère public d’identifier les responsables de l’espionnage dont il a été victime, après avoir appris qu’il figurait sur la liste des cibles surveillées par les autorités marocaines à l’aide du logiciel « Pegasus ».

    Dans une récente interview accordée à ElPlural.com, M. Cembrero a accusé directement et sans équivoque les services secrets marocains, soulignant que le Maroc avait « une longue histoire d’espionnage de nombre de ses exilés ». C’est précisément en raison de son travail d’information que le journaliste a été dénoncé à plusieurs reprises par les autorités marocaines, qui ont intenté des procès qui ont toujours été classés sans suite.

    Aujourd’hui, les rôles sont inversés et c’est Ignacio Cembrero lui-même qui a dénoncé l’affaire d’espionnage dont il a fait l’objet devant le ministère public.

    Le vendredi 16 juillet, Ignacio Cembrero a reçu un appel téléphonique de l’équipe de Forbidden Stories, qui l’a informé que son numéro de téléphone avait été inclus dans la liste des cibles du logiciel malveillant « Pegasus » par les autorités marocaines.

    Logiciel de piratage mobile

    Le logiciel est délibérément envoyé sur les téléphones mobiles, où il s’infiltre et prend possession du contenu du téléphone, surveillant les mouvements de l’utilisateur sur le combiné infecté. Les opérateurs peuvent également activer à distance la caméra ou le microphone.

    L’agenda convoité de Cembrero

    L’objectif principal dans le cas du journaliste espagnol était, comme le lui a expliqué son interlocuteur, et sans préjudice d’autres intrusions, de faire une copie de sa liste de contacts, une liste convoitée qui comprend des hauts fonctionnaires, des membres du gouvernement espagnol, des diplomates, des militants, des réfugiés et des exilés marocains.

    Des informations publiées par la suite dans la presse européenne indiquent que l’espionnage a été initié par la Direction Générale de Surveillance du Territoire, l’une des autorités de police opérant au Maroc. Elle dispose également de personnes stationnées en Espagne pour effectuer des travaux de renseignement.

    Contexte

    L’apparition de son nom sur la liste n’a pas été une surprise pour le journaliste espagnol. Le 20 juin 2021, le journal en ligne Maroc-Diplomatique, favorable aux autorités marocaines, a publié un article intitulé « Ignacio Cembrero : l’ectoplasme de la Moncloa ». Il y mentionne qu’il a tenu des « séances de remue-méninges » avec un membre du gouvernement espagnol et des hauts fonctionnaires de l’administration de l’État. Dans l’avant-dernier paragraphe, l’article comprenait un commentaire du journaliste adressé à ces interlocuteurs en relation avec la crise diplomatique entre l’Espagne et le Maroc. Le commentaire de Cembrero a seulement été envoyé par le journaliste via WhatsApp à quelques destinataires. L’auteur de l’article, en somme, n’aurait pu obtenir ces informations qu’en lisant le contenu de leurs messages.

    Le 22 juillet, Ignacio Cembrero a été photographié alors qu’il parlait au journaliste José Antonio Lisbona à Madrid. Les deux hommes se sont rencontrés par hasard et discutaient, lorsqu’un homme s’est approché d’eux et les a photographiés avec un téléphone portable.

    Ce n’est pas la première fois qu’Ignacio Cembrero est victime des tactiques d’espionnage marocaines. En avril 2014, il a été usurpé d’identité sur Facebook et a reçu des menaces de mort qui ont été signalées à la brigade d’investigation technologique. Un an plus tard, il a été suivi et photographié dans des cafés de Madrid et de Paris, avec des clichés qui ont été publiés par des journaux marocains favorables aux autorités. Ils ont également été utilisés pour réaliser un photomontage, publié dans la presse marocaine, le montrant assis à côté du prince Moulay Hicham, considéré comme le membre dévoyé de la famille royale.

    Depuis l’aggravation de la crise entre l’Espagne et le Maroc en mai dernier, la presse marocaine lui a consacré des articles virulents, parfois insultants, l’accusant d’être à la solde de La Moncloa ou du régime algérien, ce qui pourrait être une réponse aux analyses publiées par le journaliste dans El Confidencial.

    Soutien de RSF

    Reporters sans frontières a apporté son soutien au journaliste et a dénoncé « Le harcèlement qu’Ignacio Cembrero subit depuis des années de la part des autorités marocaines a franchi une étape supplémentaire avec l’espionnage de son téléphone portable. RSF le soutient et le soutiendra, tant en Espagne qu’au niveau international, partout où il aura besoin de nous, comme nous le ferons avec les 200 journalistes victimes du tristement célèbre logiciel Pegasus. Nous ne nous arrêterons pas tant que justice ne sera pas rendue, dans chaque cas et dans chaque pays où nous pouvons agir », déclare Alfonso Armada, président de RSF Espagne.

    Dénonciation de la société israélienne à l’origine du logiciel malveillant

    RSF, qui dénonce depuis quatre ans la société israélienne NSO, auteur du logiciel malveillant d’espionnage, a publié une liste de recommandations à l’intention des journalistes qui ont subi une situation similaire ou qui pensent avoir été victimes de Pegasus.

    Le Maroc est classé 136e sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse de RSF. Reporters sans frontières soutient sans réserve le journaliste dans sa lutte contre l’espionnage de masse, tant dans ses actions en Espagne que dans celles que l’organisation prépare au niveau international.

  • Pegasus: plainte de 19 journalistes à l’ONU et à Paris

    #Pegasus #NSOGroup #RSF #Espionnage

    NSO/Pegasus : 17 journalistes de 7 pays se joignent aux plaintes déposées par RSF à l’ONU et devant la justice française

    17 journalistes originaires de 7 pays, identifiés comme victimes potentielles ou avérées d’une surveillance par Pegasus, déposent plainte aux côtés de RSF contre la société NSO Group et tous les autres responsables que l’enquête judiciaire établira. Cette plainte vient compléter celle déposée par RSF le 20 juillet aux côtés de deux journalistes franco-marocains. RSF saisit également l’ONU des cas de ces journalistes.

    Le 5 août, 17 journalistes se sont joints formellement à la plainte déposée par Reporters sans frontières (RSF), Maati Monjib et Omar Brouksy devant le parquet de Paris le 20 juillet. Originaires d’Azerbaïdjan (2 journalistes), du Mexique (5 journalistes), d’Inde (5 journalistes), d’Espagne (1 journaliste), de Hongrie (2 journalistes), du Maroc (1 journaliste) et du Togo (1 journaliste), tous ces journalistes ont été surveillés par le logiciel Pegasus de NSO, ou sont susceptibles de l’avoir été, leurs noms apparaissant dans la liste révélée par le Pegasus Project.

    Tous ces journalistes ont exercé un journalisme libre, indépendant et sur des sujets d’intérêt public. Ils savent ou ont des raisons sérieuses de craindre avoir été espionnés par leur gouvernement. C’est notamment le cas de la journaliste azerbaïdjanaise Sevinc Abassova, du Togolais Ferdinand Ayité, des Mexicaines Marcela Turati et Alejandra Xanic, des Indiens Sushant Singh, Siddharth Varadarajan et MK Venu, ou des Hongrois Szabolcs Panyi et András Szabó. Un d’entre eux, Shubhranshu Choudhary, est un des correspondants de RSF en Inde. Plusieurs sont victimes depuis de nombreuses années de la vindicte de leur gouvernement, comme Hicham Mansouri au Maroc ou Swati Chaturvedi en Inde, lauréate du prix RSF du courage 2018, pour laquelle RSF avait saisi l’ONU la même année. Certains ont même été espionnés par un État étranger, comme l’Espagnol Ignacio Cembrero, très probablement surveillé par le Maroc.

    “Les plaintes de ces journalistes, originaires de tous les continents, confirment l’ampleur de la surveillance déployée grâce au logiciel Pegasus de NSO, déclare Pauline Adès-Mével, porte-parole de RSF. L’enquête doit établir toutes les responsabilités, que les personnes impliquées soient dirigeantes d’entreprises ou hauts dirigeants de leurs pays. Face à pareil scandale si lourd de conséquences pour la liberté de la presse, aucun doute ne doit subsister, le voile doit être complètement levé et la justice doit passer.”

    En plus des nouvelles plaintes déposées en France, RSF saisit formellement les Nations unies des cas de ces journalistes. RSF demande aux Rapporteurs spéciaux sur la liberté d’expression, le droit à la vie privée, les défenseurs des droits de l’Homme et sur la protection des droits de l’Homme dans la lutte antiterroriste d’obtenir des explications de la part des États suspectés d’avoir eu recours à Pegasus pour espionner ces journalistes. RSF leur demande aussi d’exiger la stricte régulation internationale de l’exportation, la vente et l’utilisation de logiciels de surveillance tels que Pegasus et un moratoire international sur la vente de ces logiciels. RSF les appelle enfin à promouvoir l’établissement par le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU d’un mécanisme ad hoc chargé d’enquêter et faire toute la lumière sur la vente et l’usage des logiciels de surveillance.

    En tout, 19 journalistes ont ainsi déposé plainte en France avec RSF et ont mandaté l’organisation pour saisir avec eux les mécanismes des Nations unies :

    Maati Monjib (Maroc)
    Omar Brouksy (Maroc)
    Hicham Mansouri (Maroc)
    Sevinc Abassova (Azerbaïdjan)
    Mushfig Jabbar (Azerbaïdjan)
    Ignacio Cembrero (Espagne)
    Szabolcs Panyi (Hongrie)
    András Szabó (Hongrie)
    Swati Chaturvedi (Inde)
    Sushant Singh (Inde)
    Siddharth Varadarajan (Inde)
    MK Venu (Inde)
    Shubhranshu Choudhary (Inde)
    Ferdinand Ayité (Togo)
    Marcela Turati (Mexique)
    Alejandra Xanic Von Betrab (Mexique)
    Ignacio Rodriguez Reyna (Mexique)
    Jorge Carrasco (Mexique)
    Alvaro Delgado (Mexique)

    En 2020, RSF avait inclus NSO Group dans sa liste des “prédateurs numériques”

    RSF, 05/08/2021.

    Etiquettes : Maroc, Pegasus, Algérie, Espionnage, NSO Group, #Pegasus #NSOGroup #RSF #Espionnage

  • Le Maroc poursuit Süddeutsche Zeitung en justice

    Maroc, Pegasus, espionnage, logiciels espions,

    Le scandale Pegasus Alors que d’autres pays travaillent déjà à une clarification, on n’entend rien de Berlin. Cela doit changer.

    Le scandale Pegasus s’étend : trois semaines après les révélations sur le logiciel de surveillance des téléphones portables produit par NSO, une société israélienne de logiciels, le Maroc vient de déposer une injonction contre le Süddeutsche Zeitung (SZ). Selon cette information, l’ambassadeur du Maroc à Berlin aurait déposé une injonction contre le journal pour « fausses allégations en rapport avec un reportage sur l’utilisation présumée du logiciel d’espionnage Pegasus ».

    Avec Amnesty International, Forbidden Stories et 15 autres partenaires médiatiques internationaux, le Süddeutsche Zeitung avait été le premier à rendre compte du logiciel Pegasus et de ses cibles – des journalistes, des militants, des hommes d’affaires et des hommes politiques de 34 pays. Dans le processus, le Maroc a été désigné par la SZ et d’autres médias allemands comme l’un des principaux acteurs et utilisateurs du logiciel. Le gouvernement marocain a rejeté ces accusations comme étant « fausses » et « sans fondement ».

    Le SZ avait suggéré à plusieurs reprises dans ses rapports qu’ »une autorité marocaine » avait utilisé le logiciel pour espionner les téléphones portables de diverses personnalités de haut rang, dont le président français Emmanuel Macron. Il n’est toutefois pas certain que cela ait été le cas : la ZS elle-même parle de conjectures et de soupçons, tandis que Rabat a précisé sans équivoque qu’elle n’avait « jamais acquis de logiciels informatiques » et que « les autorités marocaines n’avaient jamais eu recours à de telles actions ».

    Une clarification rapide est nécessaire

    La forte réaction défensive du Maroc face à des accusations aussi graves n’est guère surprenante, d’autant que la situation factuelle dans l’affaire Pegasus est encore extrêmement faible. Au cours de l’enquête, une liste de 50 000 numéros de téléphone a été analysée, mais on ne sait toujours pas si ces numéros ont effectivement été espionnés : selon le NDR et le WDR, cela ne peut être vérifié « dans des cas individuels ». Même l’Élysée a déclaré qu’il n’était pas clair si le téléphone portable de M. Macron avait effectivement été espionné.

    A ce jour, on suppose plusieurs centaines ou milliers de victimes actives. À première vue, ces chiffres peuvent sembler dérisoires, mais le scandale Pegasus ne doit pas tomber dans l’oubli comme l’a fait l’affaire des écoutes de la NSA.

    Heureusement, les pays concernés ne sont pas restés inactifs jusqu’à présent et des mesures actives sont prises pour faire la lumière sur les machinations manifestement nombreuses et extrêmement opaques de l’OSN et l’utilisation de Pégase. Le Maroc, par exemple, a annoncé qu’il allait mettre en place une commission d’enquête composée d’experts français pour examiner l’aspect technique des allégations.

    Israël, quant à lui, a également formé une équipe spéciale inter-agences composée de représentants des ministères de la défense, des affaires étrangères et de la justice, du Mossad et d’autres agences, dans le but d’enquêter sur les activités commerciales de NSO et d’éviter d’éventuelles crises diplomatiques.

    Silence plat à Berlin

    D’autre part, un autre pays a jusqu’à présent brillé par son silence dans le battage international des révélations : Allemagne. Cela peut s’expliquer par le fait que les autorités allemandes ont peut-être aussi utilisé Pegasus. Le ministre fédéral de l’intérieur, Horst Seehofer, ainsi que son ministère, ont jusqu’à présent refusé de faire des commentaires, et un porte-parole du ministère fédéral de l’intérieur a clairement indiqué qu’aucune information ne pouvait être attendue concernant l’utilisation potentielle du logiciel NSO du côté allemand à l’avenir non plus.

    Il reste à voir si les demandes de clarification de l’Association des journalistes allemands (DJV) seront entendues, car, selon le président de la DJV, Frank Überall, il serait fatal « que le chef de la police suprême et le coordinateur des renseignements prennent la question à la légère ». Il s’agit d’éventuelles violations des droits fondamentaux. »

    Ainsi, beaucoup de choses restent dans l’ombre et il est prématuré de pointer du doigt les différents États, surtout tant que l’on ne sait pas quel rôle l’Allemagne jouera encore dans ce scandale. Outre tous les États concernés, Berlin devrait également faire tout son possible pour clarifier au plus vite les points douteux de ce scandale.

    Der Freitag, 04/08/2021

    Etiquettes : Maroc, Espionnage, Pegasus, Süddeutsche Zeitung, #Maroc

  • Algérie : Un homme au cœur du système de rapine

    par A. Maktour

    Abdelmoumen Ould Kaddour, un nom intimement lié à quelques-uns des épisodes de la série de scandales qui ont éclaboussé la plus grande entreprise du pays. Des scandales dont le dernier en date, l’acquisition de la vieillotte raffinerie d’Augusta, est venu sceller un palmarès qu’il a même enrichi d’une condamnation pour espionnage au profit de puissances étrangères en novembre 2007.

    La longue et troublante aventure d’Abdelmoumen Ould Kaddour est donc arrivée à son terme avec son extradition consommée. C’est qu’il a accompli du parcours, l’homme auquel ont été confiées, entre mars 2017 et avril 2019, les destinées de la compagnie qui nourrit le pays bien que son casier judiciaire ne fût pas le plus banal de ceux de tous les malfrats de haut vol que l’Algérie ait connus. En fait, le nom d’Abdelmoumen Ould Kaddour est devenu familier aux Algériens lorsque avaient commencé à être divulgués les innombrables méfaits commis par Chakib Khelil à l’époque où celui-ci s’était approprié, entre 1999 et 2010, le ministère de l’Énergie tout en cumulant la présidence de Sonatrach.

    Le premier haut fait d’armes d’Ould Kaddour, sur lequel d’ailleurs tout n’a pas été encore dit, remonte à l’époque où il dirigeait la joint-venture Brown & Root – Condor, la fameuse BRC, née d’un accord entre Sonatrach et Haliburton.
    Tout autant que son «père spirituel» Chakib Khelil, l’homme au nom intimement mêlé aux grands scandales qui ont amoché l’image de Sonatrach, le patronyme Abdelmoumen Ould Kaddour est en effet apparu en grand dans l’affaire BRC qui, selon ce qui a été divulgué jusque-là, a de quoi laisser sans voix, tellement les révélations sont troublantes avec ses intrigues dignes d’un blockbuster d’espionnage et de malversations à coups de millions de dollars.

    Abdelmoumen Ould Kaddour, P-dg de BRC en 1993 avant d’en devenir le président du Conseil d’administration en 2005, s’était retrouvé dans un des «beaux rôles» d’un scénario dans lequel Sonatrach a servi en même temps de vache à traire et de moyen pour amasser indélicatement des fortunes. «Sonatrach a confié 27 projets à la société mixte Brown and Root Condor (BRC) pour un montant global de 73 milliards de dinars. Pour l’ensemble de ces projets, le gré à gré a été érigé en règle. Sonatrach a allègrement violé le décret présidentiel N° 02/250 relatif à la réglementation des marchés publics. Le client principal de BRC a en effet signé des contrats clés en main, confiant à la société l’étude du projet, l’acquisition des fournitures, la supervision et la réalisation jusqu’à la réception définitive», écrivait Le Soir d’Algérie dans une de ses éditions d’octobre 2006.

    Notre journal révélait encore : «En l’absence de bureau d’études indépendant chargé du suivi, les maîtres de l’ouvrage n’ont pas pu assurer le suivi des projets. Pire encore, les coûts sont fixés de manière forfaitaire et sans cahiers des charges. N’ayant pas la qualification requise, BRC a souvent eu recours à la sous-traitance. Souvent, son rôle s’est limité à faire l’intermédiaire. Pour certains projets, elle s’est octroyé des marges bénéficiaires atteignant 65% du coût global. Souvent, les prix ont été multipliés par 20. Une ‘’règle’’ souvent appliquée pour l’équipement des deux tours abritant le siège du ministère de l’Énergie. L’entreprise nationale a payé des sommes faramineuses pour leur ameublement. Petit exemple : pour l’acquisition d’une salle à manger, de quatre oreillers et d’un traversin, Sonatrach a été sommée de payer 64 500 euros…». D’effarantes révélations qui feront l’objet d’un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) à travers lequel il était rapporté : «Il est singulier qu’une entreprise mixte créée depuis une douzaine d’années et spécialisée à l’origine en engineering pétrolier se soit orientée vers la réalisation de projets d’infrastructures au profit exclusivement de deux clients.»

    Une histoire qui constitue un des hauts faits de la carrière d’Ould Kaddour avant qu’il clôture sa carrière par un autre coup, plus récent celui-ci, qui a alimenté un tas de soupçons : l’acquisition de la raffinerie d’Augusta, en Sicile, auprès d’Esso, la filiale italienne d’ExxonMobil. Une acquisition venue enrichir le patrimoine de Sonatrach qui ne s’imposait pas, selon des experts qui, depuis que l’affaire a été conclue vers la fin de l’année 2018, n’ont pas fini de remettre en cause et de l’opportunité de cet achat et des conditions contractuelles. Un de ces autres méfaits dont on saura peut-être le fin mot, comme ceux de quelques-unes des affaires qui ont contribué à faire traverser au groupe Sonatrach des périodes parmi les plus sombres de son existence.

    Azedine Maktour

    Le Soir d’Algérie, 05/08/2021

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  • Gaz: Le Maroc s’approvisionne toujours auprès de l’Algérie

    Malgré les hauts et les bas, mais plus les bas que les hauts, le Maroc s’approvisionne auprès de son voisin algérien pour ses besoins gaziers.

    Depuis son entrée en service en 1996, le gazoduc Maghreb-Europe, long de 1300 km, part du gisement algérien de Hassi R’mel, traverse 540 km de territoire marocain avant de continuer sa route (maritime et terrestre) jusqu’à sa destination finale, Cordoue.

    En échange du droit de passage du gaz algérien (13,5 milliards de mètres cubes par an), le Maroc perçoit, depuis 2011, une redevance annuelle en nature d’un demi-milliard de mètres cubes de gaz, soit près de la moitié de la consommation annuelle du Royaume.

    Le voisinage a aussi sa morale et son éthique. Toute économique, s’entend.

    L’Express, 05/08/2021

    Etiquettes : Maroc, Algérie, gazoduc, Maghreb-Europe, Gaz, #Maroc #Algérie