Catégorie : Afrique

  • Les médias sont violemment attaqués lors des manifestations au Sénégal

    Cette déclaration a été initialement publiée sur mfwa.org le 5 mars 2021.

    La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) condamne la perturbation des réseaux sociaux au Sénégal, la suspension de deux chaînes de télévision ainsi que la répression meurtrière des manifestations.

    Tout en dénonçant également les manifestants violents, qui ont attaqué d’autres médias, la MFWA demande aux autorités sénégalaises de veiller à ce que la liberté de la presse soit protégée, que les médias de tous bords soient en sécurité et indépendants dans leurs reportages.

    Dans la matinée du vendredi 5 mars 2021, les données du réseau de NetBlocks, une organisation qui surveille l’accès à l’internet et aux réseaux sociaux, ont révélé une perturbation de l’internet mobile chez les grandes compagnies de téléphone Orange et Sonatel au Sénégal.

    « Les métriques montrent que Facebook, YouTube, WhatsApp et certains serveurs Telegram étaient restreints sur le principal opérateur de réseau cellulaire Orange/Sonatel en début de matinée vendredi. Les services affectés ont ensuite été restaurés à partir de 7h30 UTC », avait publié NetBlocks.

    Toutefois, la raison des perturbations observées n’a pas été déterminée, car ni les opérateurs de réseau cellulaire ni les autorités publiques n’ont publié de déclaration officielle à cet effet. Toutefois, les faits montrent qu’un nombre croissant de gouvernements sur le continent ont recours aux coupures d’Internet et au blocage des réseaux sociaux pour réprimer les manifestations antigouvernementales et restreindre l’espace civil et politique en ligne.

    Plus tôt, le 3 mars 2021, des manifestations ont éclaté à Dakar, la capitale du Sénégal, et dans plusieurs autres grandes villes du pays comme Kaolack, Saint Louis et la Casamance. Les manifestations ont persisté le 4 mars. Les protestations résultent de l’arrestation d’Ousmane Sonko, leader du parti politique d’opposition Patriotes du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité́, (Pastef-Patriotes), député à l’Assemblée nationale et troisième aux élections présidentielles de 2019.

    Alors qu’il se rendait au tribunal pour répondre à une plainte pour viol, Ousmane Sonko avait été arrêté pour « trouble à l’ordre public et participation à une manifestation non autorisée ».

    Au moins deux personnes ont été tuées par les forces anti-émeutes lors de la répression violente des manifestations contre l’arrestation de Sonko. La police et la gendarmerie ont utilisé des matraques, des gaz lacrymogènes et des balles réelles pour disperser les manifestants. Cheikh Ibrahima Coly et Cheikh Diop, âgés respectivement de 20 et 17 ans, ont succombé à des blessures par balle.

    D’autres manifestants ont été arrêtés, plusieurs autres ont été blessés et d’importants dégâts matériels ont été enregistrés. Les autorités n’ont pas encore publié de chiffres officiels sur les arrestations et le bilan de la répression des forces de l’ordre.

    Pourtant, le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome, avait justifié l’arrestation d’Ousmane Sonko en invoquant l’interdiction de rassemblement prononcée en raison du Covid-19 et un plan de circulation mis en place par les autorités.

    Par ailleurs, le 4 mars 2021, le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) a suspendu pour trois jours deux chaînes de télévision privées, WALF TV et SEN TV, pour avoir diffusé en boucle des images violentes.

    Ces deux médias, considérés comme proches de l’opposition, sont accusés par le CNRA d’attiser la violence. Cependant, outre la 2STV, le CNRA avait mis en garde deux autres chaînes privées contre la diffusion de contenus qui « promeuvent explicitement ou implicitement la violence », incitent à des troubles de l’ordre public, ou « sont susceptibles de constituer une menace pour la stabilité nationale ou la cohésion sociale ».

    Des médias considérés comme proches des autorités ont également été pris pour cible par des manifestants en colère. Le média public Soleil et deux autres médias privés, RFM et Dakaractu, ont été visés par les manifestants.

    Tout en condamnant la perturbation des réseaux sociaux au Sénégal, la suspension des deux chaînes de télévision ainsi que les attaques des manifestants contre d’autres médias, la MFWA demande aux autorités d’enquêter sur la répression meurtrière des forces de l’ordre et de punir les auteurs de ces actes.

    L’organisation appelle également les partis politiques à sensibiliser leurs partisans à la nécessité de manifester pacifiquement, ce qui est essentiel pour toute démocratie, et au respect de la presse et des droits des journalistes à faire leur travail d’information du public. Alors que le Sénégal est considéré comme un modèle de démocratie dans la sous-région, sanctionner les médias sous le prétexte de la « sécurité de l’Etat » ou les attaquer pour leur supposée partialité politique ne promet rien de bon pour la crédibilité des libertés civiles et politiques. Ces attaques remettent en question la culture démocratique que le pays a acquise. La violation de ces valeurs démocratiques, ainsi que de la liberté d’expression et de la presse, constitue un dangereux précédent pour le pays et l’Afrique de l’Ouest. Cela pourrait en outre galvaniser d’autres pays qui ne sont pas encore complètement débarrassés des vestiges d’un régime autoritaire.

    Par conséquent, la Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest exhorte les autorités publiques, les forces de l’ordre et les partis politiques d’opposition à prendre les mesures nécessaires pour apaiser les tensions politiques.

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    Source : FEED MEDIA

    Human Rights Network for Journalists-Uganda, 23 mars 2021

    Tags : Sénégal, Presse, journalistes, manifestations, répression,

  • Sénégal: les journalistes pris entre les feux du pouvoir et de l’opposition

    Les journalistes exerçant au Sénégal disent avoir rarement connu autant de tentatives d’intimidation que depuis le début de l’affaire Sonko et les troubles qu’elle a déclenchés.

    Les défenseurs de la presse ont dénoncé les atteintes commises selon eux par le pouvoir pour contenir la contestation. Mais la pression est aussi venue de l’autre bord, celui des sympathisants d’Ousmane Sonko, surtout après la diffusion d’une interview de celle qui l’accuse de l’avoir violée à plusieurs reprises, rapporte la profession.

    Mamadou Cissé, journaliste de la chaîne Leral, raconte qu’après la diffusion de cette interview, il a « reçu des insultes et des menaces de mort à partir de numéros sénégalais et européens ». « Leurs auteurs nous accusent d’être des vendus et la honte du peuple », assure-t-il.

    La presse est le réceptacle des passions qu’a déchaînées la plainte déposée début février par une jeune masseuse d’un salon de beauté de Dakar contre Ousmane Sonko, principal opposant au président Macky Sall.

    M. Sonko, 46 ans, réfute catégoriquement les accusations de la masseuse et dénonce un « complot » ourdi pour l’écarter de la présidentielle de 2024.

    L’affaire, à la confluence de la politique, du sexe et de la justice, a enflammé les esprits, dans un contexte d’exaspération face aux restrictions justifiées par la pandémie de Covid-19.

    L’arrestation de M. Sonko le 3 mars a provoqué des émeutes telles que le Sénégal n’en avait pas connu depuis des années. La presse a rapporté au plus près les heurts entre jeunes et policiers dans la rue. Trop près, au goût des autorités.

    – « Corrompus » –

    Le Sénégal occupe une honorable 47e place sur 180 au classement mondial de Reporters sans frontières (RSF) pour la liberté de la presse.

    Le préfet de Dakar a pourtant été enregistré ordonnant à ses troupes de disperser au gaz lacrymogène les journalistes en même temps que les manifestants sur le chemin du tribunal emprunté par M. Sonko. Son souci, dit-il, était de libérer la voie publique.

    Le gendarme de l’audiovisuel a suspendu pendant trois jours le signal de deux télévisions privées jugées coupables d’avoir diffusé « en boucle des images de violence ». Et les réseaux sociaux ont rapporté des perturbations sur internet évoquant celles observées dans de nombreux pays à l’initiative des gouvernants en période de crise.

    En retour, des manifestants ont attaqué dans la capitale les sièges de la radio et du quotidien du Groupe Futurs médias (GFM) du chanteur Youssou Ndour et du quotidien Le Soleil, considérés comme proches du gouvernement.

    Après plusieurs jours de confrontation, le pouvoir et la société civile se sont employés à la désescalade.

    Mais les ardeurs se sont à nouveau excitées la semaine passée quand la masseuse, Adji Sarr, âgée d’une vingtaine d’années, est sortie de son silence pour accorder un entretien à quelques médias et y déclarer qu’elle était enceinte des oeuvres de M. Sonko.

    « On a reçu beaucoup de menaces de morts et d’insultes sur les réseaux sociaux. Ils nous accusent d’être corrompus et de ne pas épouser la thèse du complot » qui viserait M. Sonko, affirme Mamadou Diouf, journaliste au site d’informations Dakaractu.

    – L’appel de Sonko –

    Pour protéger ses journalistes, Dakaractu a renforcé la sécurité de ses locaux et ne signe plus les papiers publiés sur le site, dit-il.

    De telles intimidations de la part d’un parti d’opposition ou de ses sympathisants est « une première », dit le journaliste Issa Sall, grande figure de la presse sénégalaise. « Avant, les menaces étaient plus subtiles ou, mieux: c’était de la diatribe d’intellectuels », dit-il.

    Au-delà de la presse, l’affaire a causé ce que le défenseur reconnu des droits humains Alioune Tine qualifie de « grand malaise », face à l’éventualité que le corps de la femme soit instrumentalisé à des fins politiques ou au contraire qu’une plainte pour viols puisse ne pas être instruite. Dans un climat envenimé, différents interlocuteurs avouent à l’AFP leur réticence à s’exprimer ouvertement sur l’affaire.

    En visite vendredi dans des locaux du groupe de Youssou Ndour, Ousmane Sonko s’est démarqué d’une telle violence et en a appelé les auteurs à laisser la presse « exercer librement son travail ».

    « Ce sont des pratiques que nous dénonçons. Les groupes de presse ne peuvent pas être nos adversaires », a-t-il dit.

    TV5 Monde, 24 mars 2021

    Tags : Sénégal, presse, journaliste, répression,

  • Sénégal : Trafic de drogue : Massoukha Mbengue arrêté au Maroc, ses 2 complices à Dakar…

    ParMaimouna SANÉ

    Présumé trafiquant de drogue, le jeune sénégalais Massoukha Mbengue a été arrêté par la police marocaine. Il avait été accusé par Fatou Kiné Ndiaye, étudiante sénégalaise au Maroc, de lui avoir remis de la drogue.

    Le jeune trafiquant arrêté au Maroc

    C’est à l’aéroport Mouhamed V que la jeune étudiante « Gp » a été arrêtée, alors qu’elle s’apprêtait à embarquer pour Dakar. C’est le consulat du Maroc au Sénégal qui a mis en branle ses agents pour permettre aux policiers marocains de mettre la main sur le trafiquant Massoukha Mbengue à Agadir (Maroc).

    Ses complices tombent à Dakar

    Deux autres personnes également impliquées dans cette histoire, notamment celle qui devait recevoir le colis à Dakar, ont été arrêtées par la police sénégalaise, selon le Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Moïse Sarr.

    Les faits

    Pour rappel, tout est parti lorsque Fatou Kiné Ndiaye, étudiante de 22 ans au Maroc, a fait une annonce qu’elle fera un GP (Gratuité partielle, nom donné aux personnes qui convoient des colis pendant leurs voyages), la veille de son voyage au Sénégal pour des vacances. Le mis en cause saute sur l’occasion pour qu’elle lui transporte des paires de chaussures qui contenaient en réalité de la drogue. La jeune femme sera arrêtée au cours des contrôles à l’aéroport de Casablanca. L’affaire déclenche une grande polémique et la traque du trafiquant est alors lancée, notamment sur les réseaux sociaux.

    Senego, 24 mars 2021

    Tags : Sénégal, Maroc, haschich, cannabis, Massoukha Mbengue, Fatou Kiné Ndiaye,

  • SENEGAL : Le machiavélisme à la sauce Madiambal Diagne

    PAR ALPHONSE DIALEING DIEDHIOU

    Archarnement du pouvoir à diaboliser l’opposant Ousmane Sonko et incapacité du régime de Macky à entendre le message des sénégalais.

    Analyser la sortie, ce lundi 22 mars 2021, de l’article intitulé « Le prix de l’honneur d’un fils de Casamance », uniquement sous l’angle de la malhonnêteté intellectuelle de son auteur, c’est sous-estimer le niveau d’aveuglement des proches de Macky Sall à la suite des derniers évènements qui ont secoués le pays. Puisque la malhonnêteté intellectuelle se définit comme « l’utilisation déloyale ou pernicieuse d’arguments en vue d’une orientation particulière de la pensée », le contenu de l’article de Mr Madiambal Diagne dépasse le seul souci de tromper les sénégalais. Dans ce ramassis de mensonges, Il y a une volonté manifeste d’opposer les Sénégalais, de les dresser les uns contre les autres. Aucune bassesse n’est de trop, semble-t-il, pour discréditer ou disqualifier l’opposant Ousmane Sonko.

    Dans son article, Madiambal Diagne cite Henri Guaino, ancien conseiller de Sarkozy, qu’il qualifie d’éminent. Pour rappel, c’est ce Henri Guaino qui a écrit le fameux discours de Dakar, dans lequel l’ancien président Français affirmait que l’homme africain n’était pas assez entré dans l’histoire. Le simple fait de citer ce personnage dans ce contexte en dit long sur qui est vraiment ce Madiambal Diagne. Espérons qu’il ne souffre pas du même syndrome que Henri Guaino, celui du « raciste qui s’ignore ».

    Pour qui vous prenez-vous Mr Diagne !

    Vous affirmez que le Président Sonko a demandé et obtenu un bouclier communautaire lors des manifestations populaires de début mars 2021. Et puisque vous n’avez pas de limites dans vos fantasmes machiavéliques vous affirmez que c’est le MFDC qui est venu en masse dans la capitale pour provoquer pillages et assassinats. Rien que pour ça, le procureur de la république devrait s’autosaisir et vous entendre. En attendant, expliquez-nous comment des gens qui sont censé faire bouclier pour Sonko se retournent contre les manifestants pro-Sonko et même leur tirer dessus ? Respectez les Sénégalais !

    Vous affirmez aussi que «les commerces, domiciles et biens saccagés dans la région naturelle de Casamance durant les chaudes journées de manifestations pour la libération d’Ousmane Sonko ont été ceux des personnes dites «Nordistes». Encore un autre fantasme issu de votre imagination débordante mais vous êtes trop insignifiant pour semer le trouble sur les rapports cordiaux qui existent entre les ethnies qui vivent au sud du Sénégal. La Casamance c’est le Sénégal en miniature, n’en déplaise à certains.

    Pourquoi l’idée que les Sénégalais portent Ousmane Sonko dans leur coeur vous est-il si insupportable ? Vos yeux, vos oreilles et vos cœurs sont fermés à cette réalité criante. Mais rassurez-vous, si les

    Sénégalais portent le Président Ousmane Sonko dans leur coeur ce n’est pas à cause de ses origines géographiques ni ethniques, mais bien parce qu’ils se retrouvent dans le projet politique qu’il incarne.



    A ceux qui comme moi sont originaires de la Casamance et qui souffrent d’être systématiquement réduit à la question du conflit casamancais, je demande de ne pas se laisser distraire. Le genre de discours tenu par Madiambal Diagne n’a pour but que de vous réduire à deux choix possibles :

    se replier sur vous-mêmes
    Ou renier vos origines
    Le bon choix c’est celui d’assumer de façon décomplexée son attachement à son terroir et à répondre en même temps présent au rendez-vous de la république pour bâtir avec nos concitoyens un avenir meilleur pour le pays.

    Il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre !

    Les propos tenus par le ministre de la justice Malick Sall ce week-end lors d’un meeting politique à Matam procède du même aveuglement. Bien que l’argument terroriste ait été déjà brandi par le passé pour diaboliser le leader du Pastef, la violence des mots et images utilisés a choqué plus d’un. D’autre part, le ton va-t-en guerre du communiqué de la coalition BBY après la conférence des leaders du 19 mars, montre que le message adressé par peuple lors des manifestations n’est pas entendu pour le gouvernement. Les éléments ci-dessus ainsi que les déclarations de la ministre des Affaires étrangères et avant elle celle du ministre de l’Intérieur montrent que le pouvoir est incapable de la moindre remise en question, peut-être à cause de la haine viscérale qu’il nourrit à l’encontre de Ousmane Sonko

    Le pouvoir ne cherche même plus à regagner la confiance des Sénégalais, il reste omnibulés par l’opposant Ousmane Sonko, à tel enseigne que l’amateurisme dont des membres du régime ont fait preuve dans la mise en œuvre du scenario de l’affaire dite Sonko vs Adji Sarr ne les choque même pas.

    Que les observateurs nationaux et internationaux de la vie politique au Sénégal ne s’étonnent pas d’une nouvelle affaire Sonko dans les prochaines semaines/mois à venir. Macky Sall et son régime assumera seul les conséquences d’une énième tentative de liquidation politique.

    Médiapart, 23 mars 2021

    Tags : Sénégal, Macky Sall, Ousmane Sonko,

  • Au Sénégal, la jeunesse de Saint-Louis est sans horizon

    Par : Théa Ollivier

    Les manifestations et les émeutes qui ont secoué le Sénégal, au début du mois de mars, n’étaient pas seulement concentrées à Dakar. Elles avaient éclaté suite à l’affaire Ousmane Sonko, le leader du parti d’opposition les Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), qui est inculpé de viol et de menaces de mort. D’autres régions se sont mobilisées, et pour « défendre la démocratie », comme à Saint-Louis, au nord du pays, une ville particulièrement touchée par le chômage des jeunes qui est aussi le point de départ de l’émigration irrégulière.

    Le quartier populaire de Pikine est encore meurtri par le décès de plusieurs dizaines de jeunes candidats à l’émigration clandestine qui voulaient rejoindre l’Europe en octobre dernier. Papis Lam, enseignant de 35 ans, est aujourd’hui le seul à avoir un salaire fixe pour faire vivre toute sa famille. « J’ai perdu deux frères en mer. Ils voulaient chercher du travail. On vit le pire, nous dit Papis Lam. Dans une famille, on a une seule personne qui est salariée. Tous les autres se débrouillent, avec des difficultés pour l’alimentation et le loyer. »

    Ibrahima est étudiant en géographie à l’université Gaston Berger de Saint-Louis. À l’âge de 21 ans, il a participé pour la première fois à plusieurs manifestations suite à l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko début mars. Il dit avoir été porté par un sentiment d’injustice : « Au départ, c’était seulement un soutien à Sonko, mais après les manifestations ont dégénéré, parce que ça a dépassé la personne de Sonko. Il y avait une sorte de frustration, par rapport à ce que fait le régime actuel. Tu étudies quatre ans et après tu peines à trouver un boulot ».

    Manque d’emploi pour les jeunes, absence d’un tissu industriel et d’infrastructures ; c’est le constat de Diarra Sow, membre du bureau de Pastef de Saint-Louis. Dans la ligne du Mouvement national de défense de la démocratie, le M2D, elle exige que se tiennent les élections locales en 2021, dans l’espoir d’une alternance à la mairie. « Il y a des enjeux énormes, par rapport aux différents problèmes dont souffrent les jeunes. Ce sont des problèmes socio-économiques, de chômage, d’employabilité ou de santé. Donc, il est de notre devoir de pouvoir occuper ces différents postes-là, afin de venir en aide à notre population », soutient Diarra Sow.

    À Saint-Louis, les piliers de l’économie sont la pêche et le tourisme. Deux secteurs en difficulté face à la raréfaction du poisson et à la pandémie de coronavirus avec la fermeture d’hôtels et de restaurants, explique Papa Ibrahima Faye, conseiller municipal et membre du parti présidentiel, APR Alliance pour la République. « Il y a une crispation, une colère, un mal vivre des jeunes avec les activités dans le monde informel. À nos jeunes de trouver des capacités de résilience, en se formant dans d’autres métiers, parce qu’on ne peut pas se dire que forcément c’est la pêche qui doit nous guider. Il faut qu’il y ait une diversification », affirme l’élu municipal.

    Si la mairie n’a pas toujours le budget pour répondre à ces enjeux, le plaidoyer auprès de l’État est fait pour que soient développées des infrastructures, assure Papa Ibrahima Faye.

    RFI, 24 mars 2021

    Tags : Sénégal, Saint-Louis, Ndar, jeunesse,



  • Ces ministres qui ont détruit la démocratie et les droits de l’Homme au Sénégal

    Qu’il le reconnaisse ou non, le Président de la République du Sénégal Macky Sall est en train de se mordre les doigts en ce moment. Le pays sort d’épreuves terribles. Pendant des jours, le pays était en proie à des scènes de violence sans précédent. Des scènes de violence qui ont occasionné une dizaine de morts. Des édifices publics et privés ont été saccagés et pillés.

    Jamais le Pays de la Teranga n’avait connu autant de scènes de violence. C’est que les Sénégalais ont profité de l’affaire Ousmane Sonko pour dire non à l’injustice. Non à la confiscation de la liberté, non à l’arrogance. Il faut dire qu’en matière de liberté et de démocratie, le Sénégal n’est plus un modèle en Afrique. La liberté, la démocratie ainsi que les droits de l’Homme ne cessent de se restreindre. Pire, il y un sentiment d’injustice qui anime les populations qui crient à l’instauration de la politique du « Coumba am ndèye, Coumba amoul ndèye » (deux poids, deux mesures).

    Autant de ressentiments qui font que la démocratie et les droits de l’Homme sont en train de se restreindre au Sénégal. Et c’est le Président de la République Macky Sall qui doit s’inquiéter et revoir sa copie. Le Sénégal vient d’être épinglé. Son classement a sérieusement dégradé dans le classement « Freedom House and Democracy index ». Le Sénégal n’est plus en référence sur les questions de démocratie, de liberté et des droits de l’Homme.

    Ce qui va coûter cher au Sénégal. Beaucoup d’investisseurs s’appuient sur ces genres de référence avant de venir s’installer dans un pays. Dans un pays où règnent la liberté et la démocratie, il y a paix sociale, et les investisseurs aiment ça. Mais au vu de l’image qu’offre le Sénégal, une telle garantie n’existe plus ici. Le pays de Senghor n’est simplement plus une référence en matière de démocratie et des droits de l’Homme, et cela va coûter cher au pays.

    Les investisseurs vont aller voir ailleurs, dans des pays où les libertés sont garanties, car la paix sociale y règne. Macky Sall doit s’en vouloir et en vouloir à son gouvernement. Mais surtout à deux ministres : Le ministre de l’Intérieur qui restreint les libertés et le ministre de Justice qui les confisque.

    Antoine Diome le ministre qui traite ses compatriotes de « terroristes »

    A peine nommé, le ministre de l’Intérieur hérite des contestations les plus violentes du Sénégal. mais le ministre commet deux erreurs très graves qui vont mettre en péril les libertés démocratiques. Il fait convoquer un député sans lever son immunité parlementaire et ensuite il fait intervenir ses forces au domicile du parlementaire « présumé coupable ». de par ces faits, le ministre de l’>>Intérieur déclenche les premières émeutes. Comme si cela ne suffisait pas, le ministre durcit le ton lors d’un discours en traitant les manifestants de terroristes. les arrestations se multiplient et les gardes à vue se prolongent.

    Me Malick Sall, le ministre qui stigmatise ses concitoyens

    Voici un ministre, dès qu’il ouvre la bouche, le monde entier se bouche le nez, tellement il raconte des niaiseries. Il a banalisé la manifestation en accusant les lutteurs au chômage d’être les auteurs des saccages. Le procureur, maître des poursuites sous les ordres du ministre, a rempli les prisons par des gardes à vue prolongées des activistes. Depuis l’arrivée de Me Malick Sall au ministère de la Justice, les incompréhensions en le ministre et les magistrats d’un côté, et de l’autre le ministre et les travailleurs de la justice, plombent le secteur.

    Le président Macky Sall doit revoir sa copie car Antoine Diome et Malick Sall sont les deux responsables de tous les maux qui arrivent en ce moment au Sénégal.

    Xibaaru, 24 mars 2021

    Tags : Sénégal, démocratie, droits de l’homme, Macky Sall, Ousmane Sonko,

  • RDC : qui est Honoré Ngbanda Nzambo Ko Atumba, décédé recemment au Maroc ?

    La mort de l’ancien conseiller spécial du Maréchal Mobutu Sese Seko, dimanche 21 mars au Maroc dans la matinée, a fait la Une de l’actualité de plusieurs organes de presse tant nationaux qu’internationaux. La personnalité de Honoré Ngbanda Nzambo Ko Atumba fait, depuis sa disparition, un thème d’enquête journalistique pour découvrir ce qu’était l’homme qui à l’unanimité reçoit des hommages redoutables ici et ailleurs.

    Qui est-il ?

    Né un certain le 5 mai 1946 à Lisala région de l’Equateur en RDC, Honoré Ngbanda Nzambo Ko Atumba fut un homme de confiance du président Joseph Désiré Mobutu qui a occupé des fonctions importantes dans le régime instauré par le MPR. Il fit ses études primaires et secondaires chez les Missionnaires catholiques, dans la province de l’Equateur avant d’être diplômé en philosophie à l’Université de Kinshasa en 1972.

    Faisant un bref passage à l’Université de Louvain, en Belgique, l’homme commence en 1972 sa carrière à la présidence de la République où il est chercheur au Centre national de documentation (CND), département de la Documentation extérieure (CND/DDE). Le CND est aujourd’hui l’Agence nationale de renseignements.

    Carrière politique

    En 1975, Il est administrateur (Directeur) en charge des opérations au CND/DDE. Grâce à ce poste, il va entamer des négociations pour faire rapatrier en RDC, des anciens rebelles zaïrois en Zambie, en Ouganda, en Tanzanie et au Kenya. C’est ainsi que bon nombre de rebelles regagnent le pays sous la protection de Honoré Ngbanda.

    Cet Homo Novus est en 1976, premier Conseiller à l’ambassade du Zaïre à Bruxelles et directeur du centre culturel. Ces nouvelles fonctions vont lui permettre de surveiller les opposants en Belgique. Il est nommé « numéro deux» du Service National d’Intelligence (S.I.N) qui remplace le CND. Donc un service des Renseignements après son retour en 1979.

    C’est dans cette institution qu’il va évoluer en alternance avec la diplomatie. Il est directeur du centre culturel du Congo en Europe et ambassadeur en Israël entre les années 83 et 85, avant d’être nommé à la tête des services d’intelligence.

    Poursuite de carrière des honneurs

    En 1982, il effectue une mission diplomatique pour le rétablissement des relations Israélo-Zaïroises et ce, quelques années après le discours du Président Mobutu du haut de la tribune des Nations Unies, conduisant ainsi à la fermeture de l’ambassade du Zaïre en Israël en 1973. Et de là, Honoré Ngbanda sera nommé Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Zaïre en Israël.

    Maître espion de l’ancien président Mobutu Sese Seko, Honoré Ngbanda Nzambo Ko Atumba a été un fidèle jusqu’au bout de l’ancien chef de l’Etat Zaïrois. Conseiller politique du président Mobutu au temps fort de la démocratisation en 1990, l’homme est par la suite, nommé ministre de la Défense dans les gouvernements d’Etienne Tshisekedi, Mungul Diala et Ngunz Karl I Bond.

    Dans ces fonctions, il se rend indélébile du massacre historique d’étudiants à Lubumbashi en 1990 et de la féroce répression des chrétiens en février 1992. C’est ainsi qu’on lui colla le surnom de «Terminator». Malgré ce surnom, Honoré Ngbanda a été pasteur dans une église de réveil.

    Le nouveau terminator va cette fois-ci mener des négociations avec l’Ouganda et le Rwanda lors de la rébellion contre Mobutu en 1996.

    Exil et la fin du terminator

    Honoré Ngbanda Nzambo Ko Atumba quitte la RDC en 1997 quelques jours avant la chute de son mentor, qui a dirigé en despote et d’une main de fer le pays de Lumumba de 1965 à 1997. Il part en exil en France et fonde l’Alliance des patriotes pour la refondation du Congo (Apareco), opposé au régime Kabila et dès lors, il dénonce une mainmise des Tutsis et de Paul Kagame sur le régime de Kinshasa.

    La mort, raison ultime

    L’homme vivait depuis quelques années au Maroc où il est mort à l’âge de 74 ans et devait fêter ses 75 ans d’âge dans deux mois. Il serait mort atteint d’un cancer.

    Gilbert Mulumba

    La Prospérité, 23 mars 2021

    Tags : Maroc, Honoré Ngbanda Nzambo Ko Atumba, Mobutu Sese Seko, RDC, Congo,

  • Au Sahel, même rêver est interdit. Heureusement, nous ne manquons pas d’occasions de désobéir…

    La manifestation de l’opposition, annoncée il y a deux semaines et prévue pour le samedi 20 mars, a été interdite par une ordonnance quelques jours avant la date. Il est trop tard pour réagir et s’organiser d’une autre manière. La justification de cette interdiction était la crainte de troubles dans la ville, après ce qui est arrivé à la publication rapide et anticipée des résultats des élections présidentielles. L’utilisation du net est suspendue dans le pays depuis une dizaine de jours, interdisant le droit à la communication.

    Profitant de l’épidémie, dont la propagation a été extrêmement limitée ici et en général au Sahel, les manifestations et de nombreux rassemblements ont été interdits et les écoles, mosquées et églises ont parfois été fermées. La circulation a été interdite car les frontières entre les pays d’Afrique de l’Ouest ont été fermées. Pour ceux qui voyagent en avion, il n’y a aucune interdiction si vous passez le test du poste de contrôle Covid au départ et à l’arrivée. Quant au passage des frontières entre ces pays, bien qu’il soit officiellement interdit, avec un peu d’imprudence et un peu d’argent aux douaniers et autres, vous pouvez passer.

    La mobilité vers le nord de l’Afrique est interdite car, comme on le sait, les frontières de l’Europe ont tellement migré et on peut jurer qu’elles vont encore descendre, vers la côte et jusqu’à l’Atlantique. Même la mobilité sociale, pourtant insinuée par la Constitution de la Septième République, est, à toutes fins utiles, interdite. Les enfants des propriétaires fonciers étudient dans des lycées et universités privés, ils peuvent même partir à l’étranger et bénéficier des meilleures conditions de séjour. Ce seront les « élites » au pouvoir au prochain tour. De père en fils et de mère en fille, selon les dynasties et les alliances politiques changeantes. Les paysans, les éleveurs, les mendiants mendiants et les politiciens, il faut le jurer, les politiciens. Cela s’additionne toujours pour ceux qui sont en haut de l’échelle des revenus.

    Pierre-Joseph Proudhon, philosophe et économiste anarchiste, disait que la propriété est un vol, mais aujourd’hui le vol est devenu une propriété et ceux qui sont pauvres, disent les économistes d’aujourd’hui, le méritent ou l’ont cherché. L’avenir est interdit pour la catégorie sociale la plus nombreuse au Sahel : les jeunes, qui représentent le miroir de ce que nous serons un jour, sans même nous en rendre compte. Il est interdit de rêver d’un nouveau monde qui ne soit pas déjà sous le contrôle des puissances dominantes du système. Interdit de croire en un autre Dieu qui ne correspond pas à ce que la majorité a décidé qu’il devait être. Puissant parmi les puissants et pourtant capable de réguler les choses pour que tout change pour que rien ne change.

    Il y a l’interdiction formelle de dire et de raconter ce qui semble être la vérité des choses, l’interdiction de dire et d’utiliser les mots de ce que l’on voit et de ce que l’on vit, l’interdiction de souligner la réalité du temps, l’interdiction formelle de reconnaître et de crier, comme dans le célèbre conte de Hans Christian Andersen, « Les habits de l’empereur », que le roi est nu. Il est interdit de montrer son visage, son cœur, ses pensées et ses mains, il est interdit de protester, de publier, de défendre les pauvres contre les abus de la justice, il est interdit d’essayer de changer le cours de l’histoire, il est interdit d’imaginer un monde libre et transparent, il est interdit de transgresser le désordre établi et garanti par la continuité de la violence légitime de ceux qui possèdent le monopole.

    Il est interdit de renverser ce qui est politiquement correct, il est interdit d’être dissident, sauf dans les conditions et selon les modalités prévues par la loi et à condition que cela ne porte pas atteinte à la paix publique. Il est interdit de se taire, de méditer, de contempler, d’écouter, de marcher et de perdre les sentiers battus. Il est formellement interdit de chanter et de jouer sans vouloir gagner, de siffler et de marcher sous la pluie, de s’asseoir sur le banc face à la mer, de chasser un nuage par la pensée et de s’imaginer en gardien de phare devant la tempête et le naufrage des promesses de la vie.

    Heureusement, au Sahel, nous ne manquons pas d’occasions de désobéir. Le sable, pour commencer, est désobéissant par nature et d’elle nous avons appris à ne pas nous laisser facilement organiser par le pouvoir établi. Comme elle, nous nous déplaçons au gré du vent et des situations. Nous arrivons en retard parce qu’entre-temps, il y a eu un décès, une crise de paludisme, la visite inattendue d’un étranger, l’électricité qui se coupe sans prévenir, l’institutrice toujours en congé de maternité, la fonctionnaire qui vient de sortir pour chercher ses enfants, la dame de la banque qui s’absente pour aller faire des courses, le mécanicien qui ne trouve pas les bons outils et répare tout avec la dernière prière pour réparer la voiture, les feux de signalisation qui ne fonctionnent pas et la circulation est plus fluide, les élections qui deviennent des batailles rangées, les enfants qui écrivent leur nom à la craie et sont fiers de porter la robe que leur mère leur a offerte pour leur anniversaire et qu’ils ont oubliée.

    Il fatto quotidiano, 22 mqrs 2021

    Tags : Sahel, Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad, Mauritanie, Afrique de l’Ouest, violence, terrorisme, EIGS, JNIM, Daech, Al Qaïda,

  • Au Sahel, même rêver est interdit. Heureusement, les occasions de désobéir ne manquent pas.

    La manifestation de l’opposition, annoncée il y a deux semaines et prévue pour le samedi 20 mars, a été interdite par un arrêté quelques jours avant la date. Il est trop tard pour réagir et s’organiser d’une autre manière. La justification de cette interdiction était la crainte de troubles dans la ville, après ce qui est arrivé à la publication rapide et anticipée des résultats des élections présidentielles. L’utilisation du net est suspendue dans le pays depuis une dizaine de jours, interdisant le droit à la communication.

    Profitant de l’épidémie, dont la propagation a été extrêmement limitée ici et en général dans le Sahel, les manifestations et de nombreux rassemblements ont été interdits et les écoles, les mosquées et les églises ont parfois été fermées. La circulation a été interdite car les frontières entre les pays d’Afrique de l’Ouest ont été fermées. Pour ceux qui voyagent en avion, il n’y a aucune interdiction si vous passez le test du poste de contrôle Covid au départ et à l’arrivée. Quant au passage des frontières entre ces pays, bien qu’il soit officiellement interdit, avec un peu d’imprudence et un peu d’argent aux douaniers et autres, vous pouvez passer.


    La mobilité vers le nord de l’Afrique est interdite car, comme on le sait, les frontières de l’Europe ont tellement migré et on peut jurer qu’elles vont encore descendre, vers la côte et jusqu’à l’Atlantique. Même la mobilité sociale, pourtant insinuée par la Constitution de la Septième République, est, à toutes fins utiles, interdite. Les enfants des propriétaires fonciers étudient dans des lycées et universités privés, ils peuvent même partir à l’étranger et bénéficier des meilleures conditions de séjour. Ce seront les « élites » au pouvoir au prochain tour. De père en fils et de mère en fille, selon les dynasties et les alliances politiques changeantes. Les paysans, les éleveurs, les mendiants mendiants et les politiciens, il faut le jurer, les politiciens. Cela s’additionne toujours pour ceux qui sont en haut de l’échelle des revenus.

    Pierre-Joseph Proudhon, philosophe et économiste anarchiste, disait que la propriété est un vol, mais aujourd’hui le vol est devenu une propriété et ceux qui sont pauvres, disent les économistes d’aujourd’hui, le méritent ou l’ont cherché. L’avenir est interdit pour la catégorie sociale la plus nombreuse au Sahel : les jeunes, qui représentent le miroir de ce que nous serons un jour, sans même nous en rendre compte. Il est interdit de rêver d’un nouveau monde qui ne soit pas déjà sous le contrôle des puissances dominantes du système. Interdit de croire en un autre Dieu qui ne correspond pas à ce que la majorité a décidé qu’il devait être. Puissant parmi les puissants et encore capable de réguler les choses pour que tout change pour que rien ne change.


    Le Sahel, une terre de violence et d’insécurité. Mais l’espace pour la confrontation et la croissance ne manque pas.

    Le Sahel, une terre de violence et d’insécurité. Mais l’espace pour la confrontation et la croissance ne manque pas.
    Il y a l’interdiction formelle de dire et de raconter ce qui semble être la vérité des choses, l’interdiction de dire et d’utiliser les mots de ce que l’on voit et de ce que l’on vit, l’interdiction de souligner la réalité du temps, l’interdiction formelle de reconnaître et de crier, comme dans le célèbre conte de Hans Christian Andersen, « Les habits de l’empereur », que le roi est nu. Il est interdit de montrer son visage, son cœur, ses pensées et ses mains, il est interdit de protester, de publier, de défendre les pauvres contre les abus de la justice, il est interdit d’essayer de changer le cours de l’histoire, il est interdit d’imaginer un monde libre et transparent, il est interdit de transgresser le désordre établi et garanti par la continuité de la violence légitime de ceux qui possèdent le monopole.

    Il est interdit de renverser ce qui est politiquement correct, il est interdit d’être dissident, sauf dans les conditions et selon les modalités prévues par la loi et à condition que cela ne porte pas atteinte à la paix publique. Il est interdit de se taire, de méditer, de contempler, d’écouter, de marcher et de perdre les sentiers battus. Il est formellement interdit de chanter et de jouer sans vouloir gagner, de siffler et de marcher sous la pluie, de s’asseoir sur le banc face à la mer, de chasser un nuage par la pensée et de s’imaginer en gardien de phare devant la tempête et le naufrage des promesses de la vie.

    Heureusement, au Sahel, nous ne manquons pas d’occasions de désobéir. Le sable, pour commencer, est désobéissant par nature et d’elle nous avons appris à ne pas être facilement organisé par le pouvoir établi. Comme elle, nous nous déplaçons au gré du vent et des situations. Nous arrivons en retard parce qu’entre-temps, il y a eu un décès, une crise de paludisme, la visite inattendue d’un étranger, l’électricité qui se coupe sans prévenir, l’institutrice toujours en congé de maternité, la fonctionnaire qui vient de sortir pour chercher ses enfants, la dame de la banque qui s’absente pour aller faire des courses, le mécanicien qui ne trouve pas les bons outils et répare tout avec la dernière prière pour réparer la voiture, les feux de signalisation qui ne fonctionnent pas et la circulation est plus fluide, les élections qui deviennent des batailles rangées, les enfants qui écrivent leur nom à la craie et sont fiers de porter la robe que leur mère leur a offerte pour leur anniversaire et qu’ils ont oubliée.

    https://www.ilfattoquotidiano.it/2021/03/22/nel-sahel-e-vietato-pure-sognare-per-fortuna-non-ci-mancano-le-occasioni-di-disobbedire/6141148/
  • Au Sahel, même rêver est interdit. Heureusement, nous ne manquons pas d’occasions de désobéir…

    La manifestation de l’opposition, annoncée il y a deux semaines et prévue pour le samedi 20 mars, a été interdite par un arrêté quelques jours avant la date. Il est trop tard pour réagir et s’organiser d’une autre manière. La justification de cette interdiction était la crainte de troubles dans la ville, après ce qui est arrivé à la publication rapide et anticipée des résultats des élections présidentielles. L’utilisation du net est suspendue dans le pays depuis une dizaine de jours, interdisant le droit à la communication.

    Profitant de l’épidémie, dont la propagation a été extrêmement limitée ici et en général dans le Sahel, les manifestations et de nombreux rassemblements ont été interdits et les écoles, les mosquées et les églises ont parfois été fermées. La circulation a été interdite car les frontières entre les pays d’Afrique de l’Ouest ont été fermées. Pour ceux qui voyagent en avion, il n’y a aucune interdiction si vous passez le test du poste de contrôle Covid au départ et à l’arrivée. Quant au passage des frontières entre ces pays, bien qu’il soit officiellement interdit, avec un peu d’imprudence et un peu d’argent aux douaniers et autres, vous pouvez passer.


    La mobilité vers le nord de l’Afrique est interdite car, comme on le sait, les frontières de l’Europe ont tellement migré et on peut jurer qu’elles vont encore descendre, vers la côte et jusqu’à l’Atlantique. Même la mobilité sociale, pourtant insinuée par la Constitution de la Septième République, est, à toutes fins utiles, interdite. Les enfants des propriétaires fonciers étudient dans des lycées et des universités privés, ils peuvent même aller à l’étranger et bénéficier des meilleures conditions de vie. Ce seront les « élites » au pouvoir au prochain tour. De père en fils et de mère en fille, selon les dynasties et les alliances politiques changeantes. Les paysans, les éleveurs, les mendiants mendiants et les politiciens, il faut le jurer, les politiciens. Cela s’additionne toujours pour ceux qui sont en haut de l’échelle des revenus.

    Pierre-Joseph Proudhon, philosophe et économiste anarchiste, disait que la propriété est un vol, mais aujourd’hui le vol est devenu une propriété et ceux qui sont pauvres, disent les économistes d’aujourd’hui, le méritent ou l’ont cherché. L’avenir est interdit pour la catégorie sociale la plus nombreuse au Sahel : les jeunes, qui représentent le miroir de ce que nous serons un jour, sans même nous en rendre compte. Il est interdit de rêver d’un nouveau monde qui ne soit pas déjà sous le contrôle des puissances dominantes du système. Interdit de croire en un autre Dieu qui ne correspond pas à ce que la majorité a décidé qu’il devait être. Puissant parmi les puissants et encore capable de réguler les choses pour que tout change pour que rien ne change.


    Le Sahel, une terre de violence et d’insécurité. Mais l’espace pour la confrontation et la croissance ne manque pas.
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    DU BLOG DE MAURO ARMANINO
    Le Sahel, une terre de violence et d’insécurité. Mais l’espace de discussion et de croissance ne manque pas.
    Il y a l’interdiction formelle de dire et de raconter ce qui semble être la vérité des choses, l’interdiction de dire et d’utiliser les mots de ce que l’on voit et de ce que l’on vit, l’interdiction de souligner la réalité du temps, l’interdiction formelle de reconnaître et de crier, comme dans le célèbre conte de Hans Christian Andersen, « Les habits de l’empereur », que le roi est nu. Il est interdit de montrer son visage, son cœur, ses pensées et ses mains, il est interdit de protester, de publier, de défendre les pauvres contre les abus de la justice, il est interdit d’essayer de changer le cours de l’histoire, il est interdit d’imaginer un monde libre et transparent, il est interdit de transgresser le désordre établi et garanti par la continuité de la violence légitime de ceux qui possèdent le monopole.


    Il est interdit de renverser ce qui est politiquement correct, il est interdit d’être dissident, sauf dans les conditions et selon les modalités prévues par la loi et à condition que cela ne porte pas atteinte à la paix publique. Il est interdit de se taire, de méditer, de contempler, d’écouter, de marcher et de perdre les sentiers battus. Il est formellement interdit de chanter et de jouer sans vouloir gagner, de siffler et de marcher sous la pluie, de s’asseoir sur le banc face à la mer, de chasser un nuage par la pensée et de s’imaginer en gardien de phare devant la tempête et le naufrage des promesses de la vie.

    Heureusement, au Sahel, nous ne manquons pas d’occasions de désobéir. Le sable, pour commencer, est désobéissant par nature et d’elle nous avons appris à ne pas être facilement organisé par le pouvoir établi. Comme elle, nous nous déplaçons au gré du vent et des situations. Nous arrivons en retard parce qu’entre-temps, il y a eu un décès, une crise de paludisme, la visite inattendue d’un étranger, l’électricité qui se coupe sans prévenir, l’institutrice toujours en congé de maternité, la fonctionnaire qui vient de sortir pour chercher ses enfants, la dame de la banque qui s’absente pour aller faire des courses, le mécanicien qui ne trouve pas les bons outils et répare tout avec la dernière prière pour réparer la voiture, les feux de signalisation qui ne fonctionnent pas et la circulation est plus fluide, les élections qui deviennent des batailles rangées, les enfants qui écrivent leur nom à la craie et sont fiers de porter la robe que leur mère leur a offerte pour leur anniversaire et qu’ils ont oubliée.

    https://www.ilfattoquotidiano.it/2021/03/22/nel-sahel-e-vietato-pure-sognare-per-fortuna-non-ci-mancano-le-occasioni-di-disobbedire/6141148/