Catégorie : Algérie

  • International Policy Digest : L’Algérie au deuxième anniversaire du Hirak

    Le président algérien Abdelmadjid Tebboune souhaiterait probablement rester à l’écart.

    Le dirigeant algérien est récemment revenu à Alger après un congé de maladie en Allemagne pour faire face à une incertitude croissante quant à l’avenir politique, économique et social du pays. Des manifestations pacifiques ont eu lieu le lundi 22 février, marquant le deuxième anniversaire du Hirak , ce mouvement de protestation uniquement algérien qui est sans chef mais qui représente le rejet par de nombreux Algériens d’un système qui n’a pas réussi à inspirer une vision positive pour l’avenir.

    L’Algérie est plus de quatre fois la taille de la France et est un des principauxproducteurs d’ hydrocarbures avec des réserves importantes de pétrole et de gaz naturel. Il possède également d’abondantes autres ressources naturelles, notamment l’uranium, l’un des réservoirs les plus purs de silicates purs, une chaîne de montagnes avec des calottes de neige éternelles, des paysages époustouflants et un long littoral méditerranéen. L’armée algérienne est parmi les mieux organisées du monde émergent et la seule à avoir vaincu de manière décisive les terroristes islamistes (et leurs soutiens extérieurs) au cours d’une guerre civile qui a duré dix ans.

    Les coordinateurs de la société civile du Hirak regrettent en privé de ne pas avoir profité de l’élan initial du mouvement pour négocier avec le gouvernement alors qu’il aurait été possible d’avoir des intermédiaires et des personnalités respectables à la tête. La réalité sur le terrain qui a persécuté Hirak a été le manque d’organisation politique et sa demande maximaliste d’expulser tout le système. Cela a provoqué plus qu’un ridicule des représentants de la classe moyenne du mouvement, dont beaucoup sont des travailleurs d’une économie dirigiste maintenue à flot par les exportations de pétrole et de gaz naturel contrôlées par le gouvernement.

    L’intrigue s’épaissit alors que des militants liés aux Frères musulmans se sont infiltrés dans le Hirak, tandis que les dirigeants des Frères musulmans critiquent publiquement le mouvement pour avoir été influencé par, de toutes les personnes, des «groupes maçonniques». Et les factions liées au régime sont également sur le point de détourner le mouvement si le régime tombe.

    Mais le plus grand danger est posé par l’hypocrisie des coordinateurs du Hirak qui prétendent ne pas remarquer les islamistes à cause de la peur et du déni et de l’hypothèse qu’ils peuvent y faire face plus tard. Mais ce sont les islamistes qui les élimineront, comme cela s’est produit en Égypte et en Libye, car les islamistes ont des groupes politiques et militaires bien financés et structurés qui manquent aux partisans laïques du Hirak.

    Il y a plusieurs raisons à la diminution des foules cette année. Les forces de sécurité étaient préparées pour le confinement – une tâche pour laquelle elles sont compétentes – et les coordinateurs du Hirak n’ont pas prévu de mesures de sécurité contre le COVID-19, telles que des masques obligatoires, qui ont dissuadé de nombreuses personnes de se joindre. Les manifestations ont eu lieu un jour de semaine, ce qui a rendu moins facile la participation des travailleurs inquiets pour leur travail, alors que les manifestations habituelles du week-end étaient plus nombreuses. Les mesuresannoncée par le président, avec notamment un léger remaniement ministériel, la dissolution du Parlement, l’annonce d’élections anticipées qui sont l’occasion pour les nouveaux parlementaires de se présenter aux élections, et la libération de 60 militants incarcérés, semblaient convaincre suffisamment de la population pour donner l’appel du président à des réformes négociées est une chance. Il peut également y avoir eu une fatigue du Hirak en raison du manque de résultats concrets.

    Les défis les plus graves de l’Algérie sont d’ordre économique et elle a besoin de réformes profondes à un moment où les prix de l’énergie sont bas, la corruption sévit, les réserves de change s’épuisent et la qualité de vie se dégrade, contribuant à la paupérisation de la classe moyenne. L’économie informelle / parallèle compense certaines lacunes, mais elle crée également un plus grand péril pour le pays en créant une ouverture à la corruption et au crime organisé.

    De quoi l’Algérie a-t-elle besoin? Pour commencer, une mise à niveau des infrastructures du pays; des investissements supplémentaires dans les secteurs du pétrole et du gaz naturel; l’amélioration de la qualité de l’éducation, des soins de santé et des services sociaux; modernisation des infrastructures industrielles et technologiques; les mises à niveau des transports et des services publics; la création d’un environnement propice aux affaires qui encourage l’esprit d’entreprise et l’investissement direct étranger; et des mesures fiscales et monétaires, y compris la convertibilité du dinar algérien.

    Et les menaces abondent dans le voisinage de l’Algérie. 100 000 soldats algériens se trouvent à la frontière libyenne et la démocratie naissante de la Tunisie est vulnérable au terrorisme de l’État islamique , tout comme le Sahel voisin . Des ennuis se préparent au Sahara occidental , tandis que les relations restent difficiles avec la France, son ancienne puissance coloniale. Les contacts avec les États-Unis se limitent principalement à la coopération en matière de sécurité tandis que l’Algérie reste un État client de la Russie pour le matériel militaire. Le pays est captif des intérêts chinois et turcs en matière de contrats civils et est soumis aux pratiques corrompues des fournisseurs chinois et des entreprises turques liées au dirigeant turc Recep Tayyip Erdoğan .Parti politique AKP et Frères musulmans. Le pays paie les forces corrompues qui contribuent à l’instabilité politique.

    La santé déclinante du président Tebboune et le souci de stabilité de l’armée se traduisent par l’immobilité et la paralysie qui précipiteront en fait l’instabilité. La stabilité sera bien mieux préservée par des réformes solides qui inspirent la confiance des citoyens que par la mise en place d’un système dépourvu de potentiel pour un avenir décent et raisonnable pour le pays et ses habitants.

    International Policy Digest, 3 mars 2021

    Tags : Algérie, Hirak,

  • Algérie : Le président Tebboune appelle au changement des mentalités et met en garde contre la contre-révolution

    Rencontre avec les responsables des medias nationaux
    Le président Tebboune appelle au changement des mentalités et met en garde contre la contre-révolution

    Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a appelé lundi soir au changement des mentalités, pour qu’on puisse construire « une Algérie nouvelle », soulignant que « les changements sociétaux entrainent des changements institutionnels », tout en mettant en garde contre les velléités de certaines parties visant à bloquer le changement souhaité par « une contre -révolution ».

    « Nul ne peut stopper le cours du changement », a indiqué M. Tebboune lors de son entrevue avec des responsables de médias nationaux, diffusée lundi soir, affirmant que « l’Etat a lancé les changements revendiqués par le peuple algérien, tandis que des personnes limitées, à la mentalité sclérosée, réclament le changement, tout en refusant eux-mêmes de changer ». « Le développement de l’Etat passe par l’évolution de son peuple », a-t-il soutenu.

    « Les changements sociétaux entrainent des changements institutionnels », a-t-il précisé, appelant au « changement des mentalités dans l’administration qui bloque parfois les décisions prises par le Président », jurant de lutter farouchement contre ces comportements. M. Tebboune a également rappelé la satisfaction, pour la plupart, des revendications du Hirak authentique qui appelait à « un changement institutionnel », affirmant ne ressentir aucune inquiétude quant aux dernières marches dans certaines villes, pendant lesquelles le peuple algérien est sorti pour « rappeler les mêmes revendications » exprimées depuis deux ans. « Une partie est sortie toutefois pour d’autres raisons, qui ne sont pas toutes en phase avec les revendications du Hirak authentique », a-t-il noté, estimant que le slogan appelant à « une gouvernance civile n’a pas changé depuis 15 ans ». « Le régime algérien est bien défini aujourd’hui.

    Le peuple algérien est sorti dans les rues et nous avons réalisé ses revendications. Le peuple a choisi les élections et préféré un changement institutionnel », a fait savoir le président Tebboune, assurant que « quelles que soient les revendications, pour moi ceux qui se sont rendus aux urnes lors de la présidentielle pour sauver la République sont 10 millions d’Algériens ». D’autre part, le chef de l’Etat a affirmé que l’Armée nationale populaire (ANP) « a atteint un niveau de professionnalisme qui la tient à l’écart de la politique. C’est une armée disciplinée qui applique les instructions du président de la République, Chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale ». « L’ANP est mon plus fort soutien. Elle protège la patrie, la Constitution et les frontières, et sans elle, les terroristes auraient pu infiltrer les marches populaires », a soutenu le président Tebboune, expliquant que « ce sont l’Armée et les services de la sécurité qui veillent à protéger le peuple pour qu’il puisse s’exprimer librement ».Evoquant le dernier remaniement ministériel partiel, le chef de l’Etat a rappelé qu’il n’a pas voulu opérer un changement total du Gouvernement, « par respect au peuple », ajoutant qu’un changement profond du Gouvernement interviendr après les prochaines élections législatives, « en fonction de l’issue de ces échéances ».

    Et de rappeler que le remaniement ministériel partiel a ciblé certains secteurs, dont les actions « n’ont pas donné les résultats escomptés sur le terrain, notamment en ce qui a trait à la vie quotidienne des citoyens », précisant que 70% des projets qu’ils a ordonnés dans les zones d’ombre et enclavées, « concernent des problèmes de raccordement au réseau d’alimentation en eau potable, et vu que le ministère des Ressources en eau n’avait pas agit, il était plus que nécessaire de changer le ministre, de même pour les secteurs de l’Energie et de l’Industrie, d’autant que nous avons adopté une nouvelle politique d’industrialisation qui n’a pas donné ses fruits ».

    Président Tebboune:
    « Les revendications du Hirak populaire authentique atisfaites, pour la plupart »

    Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a affirmé lundi, que les revendications du Hirak populaire authentique « ont été satisfaites » pour la plupart. Lors de l’entrevue périodique accordée à des médias nationaux, le président Tebboune a déclaré :

    « Au deuxième anniversaire du Hirak populaire, le peuple est sorti pour commémorer cette occasion, une partie est sortie toutefois pour d’autres raisons qui ne sont pas toutes en phase avec les revendications du Hirak authentique ». Interrogé sur une revendication portée par la majorité des démocraties dans le monde et appelant à une gouvernance « civile » et à laisser la politique aux politiciens, le président de la République a indiqué, que ce slogan « n’a pas changé depuis 15 ans, soit depuis que cette catégorie a commencé à suivre des stages dans des pays africains et européens, où on leur enseigne comment renverser le système de l’intérieur en utilisant le slogan +Etat civil et non militaire+ et autres ». « Le régime algérien est bien défini aujourd’hui.

    Le peuple algérien est sorti dans les rues et nous avons réalisé ses revendications. Le peuple a choisi les élections et préféré un changemen institutionnel », a fait savoir le président Tebboune, qui a assuré que « quelles que soient les revendications, pourmoi ceux qui se sont dirigés vers les urnes lors de la Présidentielle pour sauver la République sont 10 millions ». Et d’ajouter : »Le nombre des habitants des zones d’ombre et enclavées s’élève à 8,5 millions d’habitants, qui constituent un véritable appui au président de laRépublique », soulignant qu’il honorera les 54 engagements pris envers le peuple algérien, lors de l’Election présidentielle du 12 décembre 2019.

    Le Midi Libre, 3 mars 2021

    Tags : Algérie, Hirak, Abdelmajid Tebboune,

  • Algérie – Affaire de la mort suspecte de Fekrinho : Le parquet d’Oran ordonne l’ouverture d’une enquête

    Le Parquet près le tribunal de la cité Djamelddine a ordonné l’ouverture d’une enquête préliminaire et une autopsie pour déterminer les circonstances de la mort du Podcaster Fekhri Benchenane, connu sous le pseudonyme „Fekrinho”, dont le cadavre a été retrouvé lundi à Capo Rousso, à Canastel, quatre jours après sa disparition, a-t-on appris de sources sûres.

    Depuis sa disparition, mercredi dernier dans la forêt de Canastel où il avait l’habitude de se livrer à un jogging, un véritable élan de solidarité populaire avec sa famille a été constaté. De nombreux volontaires ont appuyé les services de sécurité et la Protection civile dans leurs efforts pour le retrouver sain et sauf. Malgré l’utilisation d’un hélicoptère et d’éléments de la brigade cynotechnique de la gendarmerie, ainsi que l’unité d’intervention et de recherche dans les milieux périlleux (GRIMP) de la Protection civile, les recherches furent vaines.

    L’enquête ouverte par les services de sécurité permettra de connaitre les circonstances de ce drame qui a plongé le tout Oran dans l’émoi et qui a meurtri la famille Benchenane, qui a souhaité enterrer son fils Fekhri à Mascara, d’où elle est originaire. Mais en attendant, beaucoup de questions restent sans réponse car et de l’avis de plusieurs randonneurs et sportifs qui ont l’habitude de s’entrainer à la forêt de Canastel, la présence du cadavre retrouvé à Capo Rousso demeure une énigme.

    Slimane Ben

    Le Courrier d’Algérie, 3 mars 2021

    Tags : Algérie, Fekrinho, Fekhri Benchenane, Oran,

  • Algérie : Soufiane Djilali accuse des forces qui veulent instrumentaliser le Hirak pour provoquer la chaos

    Par Nabil Semyane

    Soufiane Djilali, président de Jil Djadid, a animé mercredi un point de presse pour évoquer les questions d’actualité, notamment le retour sur scène du Hirak, à l’occasion de son deuxième anniversaire, ainsi que les dernières décisions annoncées par le président de la République, notamment les prochaines législatives.

    Et à propos de ces législatrices, Soufiane Djilali confirme indirectement sa participation au scrutin, expliquant qu’e « je n’accepterai aucune responsabilité , sauf aprés les législatives et en fonction des voix que me donnera le peuple algérien »

    Soufiane Djilali s’insurge , en outre, contre ce qu’il qualifie de « campagne menée par les résidus de la ISSABA, de mèche avec certains extrémistes pour porter atteinte à l’honorabilité des partis politiques dirigés actuellement par des jeunes qui comptent investir le champ politique.

    « Ils veulent exclure les jeunes, créer un vide politique et provoquer les conditions d’un désordre politique  » accuse t-il dans une allusion au FLN , plus particulièrement son sénateur Abdelwahab Benzaim qui avait lâché en début de semaine une boule puante qui a éclaboussé Djilali Soufiane, en sa qualité d’ancien membres du CNT de 1994 à 1997, un statut qui lui permet de toucher une retraite à vie.

    Le président de Jil Djadid a démenti le salaire de 400.000 dinars touché mensuellement par chaque membre de l’ex-CNT, selon les révélations du sénateur du FLN, mais il reconnait l’existence de cette retraite viagère pour chaque membre du CNT, mais avec un montant moindre, soit 230.000 dinars, un chiffre révélé mardi par Zoubida Assoul, elle même , citée dans la liste des bénéficiaires.

    « Pourquoi Benzaim a parlé seulement de certaines personnes ? », interroge t-il en relevant que « les présidents cités sont ceux qui ont actuellement un rôle à jouer dans le dialogue engagé par le chef de l’Etat »

    Soufiane Djilali est formel: il y a plein de gens qui cherchent à casser le dialogue engagé par le président de la République » , dit-il en rappelant que son inquisiteur, le sénateur Abdelwahab Benzaim  » beaucoup profité de l’ancien système et a soutenu le cinquième mandat de l’ancien président »

    Tout en démentant avoir demandé au président Tebboune, à l’occasion de son invitation dernièrement à la présidence de la République, de dissoudre le FLN, Soufiane Djilali fait savoir que « les responsables de FLN n’on jamais défend les intérêts de peuple », rappelant en incise que ce même parti a été contre le candidature de président Tebboune , lors de la dernière présidentielle »

    Enfin, au sujet du Hirak, l’intervenant a mis en garde contre certaines « dérives » constatées à l’occasion de la reprises des manifestations, notamment, précise t-il « certains slogans qui proviennent de l’étranger et qui ont comme objectif de déstabiliser le pays ».

    « Nous connaissons parfaitement ces personnes qui œuvrent à faire tomber les instituions pour créer le chaos; il y a bel et bien des politiques qui se cachent derrière le Hirak », martèle t-il à ce propos en fustigeant : « le silence complice sur les attaques contre les institutions et les slogans hostiles à l’Etat national ».

    Algérie1, 3 mars 2021

    Tags : Algérie, Jil Jadid, Soufiane Djilali,

  • Maroc, Algérie : si le Hirak m’était conté (audio)

    Deux femmes et un homme racontent leur expérience du Hirak (« mouvement » en arabe), du doute au combat, en passant par tous leurs espoirs.

    Source : Frictions, 2 mars 2021

    Tags : Maroc, Algérie, Hirak, Rif,

  • Algérie : « Nul ne peut arrêter le cours du changement » (président Tebboune)

    Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors de sa rencontre avec des responsables de médias, a rappelé que la dynamique de changement, revendiquée par le peuple dans sa large majorité, est en marche et que rien ne peut l’arrêter.

    Il a souligné, au cours de cette entrevue diffusée lundi soir, que l’Algérie nouvelle est en marche et que les changements sociétaux induisant forcément une mue des institutions pour les mettre en phase avec les attentes de la société. Tebboune a appelé ceux qui appellent au changement tout en tentant de discréditer les voies qui y mènent à changer de mentalités et à s’inscrire dans le processus de mutation vers un État bâti sur des Institutions fortes et crédibles. « Nul ne peut stopper le cours du changement. L’État a mis en branle un processus de changement revendiqué par le peuple algérien, au moment où des personnes limitées, à la mentalité sclérosée réclament le changement, tout en refusant eux-mêmes de changer. Le développement de l’État passe par l’évolution de son peuple », a-t-il indiqué. Dans ses réponses aux questions des responsables de certains médias, Tebboune est revenu sur les rumeurs colportées contre sa personne notamment celles liées à ses relations avec l’armée, son état de santé ou encore sa prétendu démission, en affirmant qu’il ne décevra pas le peuple qui lui a accordé sa confiance tout en indiquant que « ces fake-news », ont été distillées, à partir de l’Europe via des sites électroniques hébergés dans un pays voisin.

    L’armée est mon plus fort soutien

    Abordant ses relations avec l’Armée et le Commandement de l’Anp, le président Tebboune a affirmé qu’elle est son premier soutien. «L’Anp a atteint un niveau de professionnalisme qui la tient à l’écart de la politique. C’est une armée disciplinée qui applique les instructions du Président de la République, Chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale. Elle est mon plus fort soutien. Elle protège la patrie, la Constitution et les frontières, et sans elle, les terroristes auraient pu infiltrer les marches populaires. Ce sont l’Armée et les services de la sécurité qui veillent à protéger le peuple pour qu’il puisse s’exprimer librement », a soutenu le président de la République. Il a rappelé, dans ce contexte, que l’armée se consacre aujourd’hui à ses missions constitutionnelles et qu’elle est en état de veille pour parer aux dangers qui guettent le pays qui se retrouve cerné par des zones de tensions et de conflits. Le chef de l’État a été clair dans ses propos en affirmant que le temps où l’Institution militaire avait ses représentants dans le comité central du FLN est révolu. Il a souligné que l’Anp est le bouclier qui protège le pays et qui veille à l’intégrité de ses frontières et sa sécurité tout en assurant que « notre armée ne sera pas envoyée à l’étranger. Notre mission étant d’aider nos voisins à surmonter les étapes difficiles et les crises qu’ils traversent », a-t-il précisé.

    Le Makhzen et ses « 98 sites » hostiles à l’Algérie

    Le président de la République a indiqué, au cours de son entrevue, que le Maroc s’emploie à attaquer l’Algérie via des sites électroniques. Il a cité le chiffre de 98 sites « hostiles », à l’Algérie, connus et répertoriés qui diffusent des rumeurs et des contre-vérités sur l’Algérie. Cette guerre électronique à laquelle a fait allusion le président de la République, a été dénoncée, il y a plus d’un mois par le porte-parole du gouvernement, ministre de la Communication qui avait affirmé que le Makhzen s’est investi dans une guerre électronique contre l’Algérie. Il avait souligné que les attaques de hackers visaient les sites de certaines institutions et qu’un flot de rumeurs est déversé via des sites électroniques marocains proches du Makhzen. Cela confirme également les dernières déclarations du Chef d’état-major, le Général de corps d’armée, Saïd Chengriha, qui avait affirmé que notre pays faisait face à une véritable guerre menée par le Makhzen et ses relais, qui vise à inonder le pays de drogue et le mettre à la merci des narcotrafiquants et leurs alliés. Il avait dénoncé le comportement hostile du Maroc à l’égard de notre pays.

    En outre, le président de la République a affirmé que l’Algérie n’abandonnera pas la cause du peuple sahraoui, ce qui laisse supposer que cette position de principe défendue par notre pays, contre vents et marées, pourrait décupler les réactions hostiles du Makhzen et ses relais. C’est pourquoi Tebboune a appelé à la vigilance car les ennemis du pays ne désarmeront pas et guettent la moindre opportunité pour redoubler de férocité dans leurs attaques.
    Slimane Ben

    Le Courrier d’Algérie, 3 mars 2021

    Tags : Algérie, Abdelmajid Tebboune, Sahara Occidental, Sahel, Libye, Maroc,

  • Algérie : Tebboune appelle au changement des mentalités

    Le président de la république, Abdelmadjid Tebboune a appelé lundi soir au changement des mentalités des algériens, estimant que c’est une nécessité” pour qu’on puisse construire une Algérie nouvelle”.

    Lors d’une entrevue avec des responsables de médias nationaux, Tebboune a affirmé que les changements sociétaux entraînent des changements institutionnels.

    Mettant en garde contre des tentatives de ” contre révolution “, il a souligné que “l’Etat a lancé les changements revendiqués par le peuple algérien, tandis que des personnes limitées à la mentalité sclérosée réclament le changement, tout en refusant eux-mêmes de changer”, appelant au “changement des mentalités dans l’administration qui bloque parfois les décisions prises par le Président”.

    M. Tebboune a également rappelé la satisfaction, pour la plupart, des revendications du Hirak authentique qui appelait à “un changement institutionnel”, affirmant ne ressentir aucune inquiétude quant aux dernières marches dans certaines villes, pendant lesquelles le peuple algérien est sorti pour “rappeler les mêmes revendications” exprimées depuis deux ans.

    “Une partie est sortie toutefois pour d’autres raisons qui ne sont pas toutes en phase avec les revendications du Hirak authentique”, a-t-il noté, estimant que le slogan appelant à “une gouvernance civile” n’a pas changé depuis 15 ans”.

    “Le Président Tebboune a assuré que “quelles que soient les revendications, pour moi ceux qui se sont rendus aux urnes lors de la présidentielle pour sauver la République sont 10 millions d’Algériens”.

    D’autre part, le chef de l’Etat a affirmé que l’Armée nationale populaire (ANP) “a atteint un niveau de professionnalisme qui la tient à l’écart de la politique. C’est une armée disciplinée qui applique les instructions du Président de la République, Chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale”.

    “L’ANP est mon plus fort soutien. Elle protège la patrie, la Constitution et les frontières, et sans elle, les terroristes auraient pu infiltrer les marches populaires”.

    Répondant aux rumeurs colportées contre sa personne, en lien avec son état de santé et sa prétendue démission, Tebboune a nié avoir un conflit avec l’institution militaire. Ajoutant que ces rumeurs proviennent des sites électroniques d’un pays voisin, diffusant depuis l’Europe, allusion claire au régime du makhzen marocain.

    Evoquant le dernier remaniement ministériel partiel, le chef de l’Etat a rappelé qu’un changement profond du Gouvernement interviendra après les prochaines élections législatives, “en fonction de l’issue de ces échéances”.

    Et de rappeler que le remaniement ministériel partiel a ciblé certains secteurs dont les actions “n’ont pas donné les résultats escomptés sur le terrain, notamment en ce qui a trait à la vie quotidienne des citoyens”, précisant que 70% des projets qu’ils a ordonnés dans les zones d’ombre et enclavées “concernent des problèmes de raccordement au réseau d’alimentation en eau potable, et vu que le ministère des Ressources en eau n’avait pas agit, il était plus que nécessaire de changer le ministre, de même pour les secteurs de l’Energie et de l’Industrie, d’autant que nous avons adopté une nouvelle politique d’industrialisation qui n’a pas donné ses fruits”.

    Concernant les prochaines échéances, le Président de la République n’a pas écarté l’éventualité d’organiser les élections législatives et locales à la même date, estimant qu’il s’agit d’une “revendication légitime” de la classe politique.

    Evoquant la grâce présidentielle décrétée dernièrement au profit de certains détenus, le chef de l’Etat a indiqué que cette décision “a été prise en position de force”, partant du principe de “la promotion du pardon”, ajoutant “il fallait prendre des décisions à l’encontre de ceux qui ont été placés en détention avant la Présidentielle de 2019”.

    Il a estimé dans ce sillage que “le nombre des détenus d’opinion ne dépasse pas deux ou trois, alors que la majorité des personnes libérées sont inculpés pour diffamation et outrage à l’encontre des institutions”, appelant tous ceux qui veulent prendre part à la gestion des affaires du pays à participer aux prochaines échéances.

    Il a en outre assuré que les prochaines élections “ne ressembleront en rien à celles du passé”, lesquelles, a-t- il dit, seront organisées loin de “l’argent, sale ou pas”, estimant que le taux de participation “n’aura aucun impact sur les résultats de ces élections étant donné que de telles échéances ne réalisent pas de forts taux de participation à travers le monde”.

    Dans la même foulée, le Président de la République a mis en garde contre “une contre-révolution qui recourt à l’argent sale et à des personnes en connivence avec d’autres qui sont détenues”, jurant qu’ils “payeront le prix cher” pour leurs actes.

    Par ailleurs, le président de la République a mis l’accent sur l’impératif de rationnaliser les dépenses et d’encourager la production et l’investissement nationaux afin de relancer l’économie nationale et d’assurer au pays une situation financière confortable.

    Sur les relations algéro-françaises, Tebboune a affirmé qu’elles étaient bonnes, soulignant l’existence de lobbies en France qui cherchent à saper ces relations.

    Sur le dossier de la Mémoire, Tebboune a fait remarquer que “les bonnes relations de l’Algérie ne sauraient être au détriment de l’Histoire ou de la mémoire”.

    Sur le volet international, le chef de l’Etat a soutenu que l’Algérie entretenait d’excellentes relations avec les Etats-Unis, l’Union européenne et avec les pays frères du Golfe, et ce en dépit parfois des divergences dans les vues.

    “L’Algérie est une force de frappe en Afrique. Notre armée est forte et nous préserveront notre prolongement stratégique en Afrique ou ailleurs”, a-t-il soutenu, soulignant que l’ANP “ne sera pas envoyée à l’étranger”.

    Enfin, Tebboune a assuré que l’Algérie “n’abandonnera pas la question du Sahara occidental”.

    Le Jeune Indépendant, 2 mars 2021

    Tags : Algérie, Abdelmajid Tebboune,

  • Algérie : Rationalisation et pragmatisme

    C’est l’heure de la rationalisation des dépenses dans la nouvelle Algérie, soucieuse de mettre fin aux importations improductives et à la surfacturation aux conséquences désastreuses sur l’économie nationale. «De tels comportements doivent cesser», a déclaré le président de la République lors de sa rencontre avec les responsables de médias nationaux, tout en soulignant que la mise de fin de fonctions de l’ancien directeur général d’Air Algérie fait suite au non-respect des instructions portant sur la rationalisation des dépenses.

    «Certains n’ont pas compris que nous devons importer ce dont nous avons besoin», a précisé le chef de l’Etat. Des progrès significatifs ont été enregistrés. Un recul, de 6%, en 2019 et de 15% en 2020, de la facture des importations des produits céréaliers et laitiers a été observé. «Nous n’avons importé ni fruits ni légumes», a fait savoir Abdelmadjid Tebboune. Cette option stratégique est incontournable pour faire face à une situation qui, sans être inquiétante, n’en est pas moins rassurante.

    Malgré le poids de la pandémie, la baisse des réserves de change et des recettes pétrolières, l’Algérie, en mesure d’honorer tous ses engagements, avance à pas sûrs dans la voie des réformes pour jeter les bases d’une économie diversifiée et compétitive. Les signes de renouveau attestent du rebond du secteur agricole, dont les recettes (25 milliards de dollars) ont dépassé, pour la première fois depuis l’indépendance, celles du pétrole (24 milliards de dollars). Le cap sur l’investissement productif, national et étranger, et l’augmentation de la production est pris.

    L’Algérie nouvelle qui avance ambitionne, à la faveur des législatives et locales sans commune mesure avec le passé, de construire «une nouvelle société», permettant l’émergence de jeunes et de nouvelles compétences. En «force de frappe», connue et reconnue, elle reste fidèle à ses principes fondateurs, apportant un soutien indéfectible aux peuples en lutte pour leur indépendance, et à sa doctrine en faveur de la paix, de la réconciliation et de la stabilité dans la région et dans le monde, sans aucune ingérence dans les affaires d’autrui. Elle s’interdit, en conséquence, l’envoi de troupes au Sahel, contrairement aux rumeurs diffusées en France et en Espagne par les 89 sites de nos voisins.

    La campagne de déstabilisation tous azimuts, connue du président français, Emmanuel Macron, est le fait de ces milieux revanchards et des lobbies mobilisés pour saper les «bonnes relations» décomplexées et bénéfiques entre la nouvelle Algérie et la France engagée dans la voie du rapprochement et de l’apaisement. «Nous ne renoncerons jamais à notre mémoire qui ne peut faire l’objet de marchandage», a affirmé le président de la République, acquis à une démarche intelligente et sereine.

    Horizons, 2 mars 2021

    Tags : Algérie, France, Abdelmajid Tebboune, colonisation, mémoire,

  • Algérie : De luxueux yachts pour transporter les harragas

    Plusieurs centaines de jeunes Algériens candidats à l’émigration tentent quotidiennement de rejoindre l’Europe par bateau, via une route particulièrement risquée.

    A leur arrivée en Europe, plusieurs sorts les attendent, la prison suivie par une expulsion ou une misère qui n’a pas de fin.

    Mais ces derniers ont eu recours à une nouvelle façon pour passer inaperçus. Il s’agit des bateaux luxueux, en l’occurrence des Hors-bord de plusieurs mètres de long.

    Il s’agit d’une nouvelle astuce pour faire passer les émigrés clandestins pour des touristes.

    Le Journal espagnol Murcia Today, depuis plusieurs années, des barons ont acheté des embarcations et se sont lancés dans l’organisation des traversées illégales entre l’Algérie et l’Espagne.

    Echorouk a appris de sources bien informées, que les autorités de sécurité de la wilaya d’Oran aient émis des mandats d’arrêts à l’encontre de 5 organisateurs de passages illicites vers l’Europe.

    Cette bande d’organisateurs de harga avaient organisé une opération d’émigration clandestine de plusieurs dizaines dont des africains en partance des côtes maritimes oranaises.

    Echourouk, 3 mars 2021

    Tags : Algérie, Migration, harragas, yachts de luxe,

  • Selon François Soudan, il y a risque d’affrontement entre le Maroc et l’Algérie

    Maroc – Algérie: le conflit du Sahara occidental montre des signes d’escalade

    Par François Soudan

    Les tensions entre l’Algérie et le Maroc n’ont jamais été aussi tendues depuis 45 ans. Novembre 2020 a déclenché la boîte de pandore suite à l’intervention militaire à Guerguerat et à la reconnaissance par Washington de la souveraineté de Rabat sur le Sahara occidental.

    Ceci est la partie 1 d’une série en 5 parties.

    Depuis le 13 novembre 2020, jour où l’armée marocaine a «sécurisé» plusieurs centaines de mètres de la route goudronnée reliant le petit village de Guerguerat et la Mauritanie, l’ancien protectorat espagnol du Sahara occidental est aux en proie à une histoire alternative.

    Ce genre littéraire et cinématographique – actuellement à la mode, comme en témoigne le récent succès de la série dramatique de la période Netflix Bridgerton – consiste à ré-imaginer des événements historiques passés dans des histoires fictives, créant une sorte de réalité alternative et contrefactuelle.

    Un exemple concret: les hauts gradés du Front Polisario envoient des rapports quotidiens triomphants que le service de presse officiel algérien, Algérie Presse Service, reprend régulièrement.

    À en croire les rapports de cet univers parallèle, le 13 novembre 2020 a été le point de départ d’une guerre qui fait rage le long du mur de défense du Maroc, qui s’étend sur quelque 2 500 kilomètres et que le peuple sahraoui appelle le «mur de la honte».

    Le 22 février 2021, alors que la République arabe sahraouie démocratique (RASD) célébrait le 45e anniversaire de son indépendance en exil dans les camps de réfugiés de la Hamada de Tindouf, l’Armée de libération du peuple sahraoui (SPLA) en était à sa 102e parte de guerra, ou rapport de guerre.

    Selon ces informations, presque toutes les positions militaires marocaines à l’ouest de la berme, d’Al Mahbes à Bir Gandus, et même certaines garnisons frontalières de la province de Guelmim et de la région de Souss-Massa, en dehors du Sahara occidental, ont subi trois mois de «bombardements intenses raids » et « attaques violentes », entraînant des dommages aussi importants que« la destruction de pans entiers du mur » et d’une base de commandement. Les rapports décrivent également les Forces armées royales marocaines (FAR) comme ayant subi des pertes «dévastatrices», alors que le Polisario n’a enregistré aucun décès.

    Ces mises à jour sur le conflit, si consciencieusement reprises par les médias d’État algériens mais ignorées ailleurs, ne reflétaient avec précision qu’un seul événement du monde réel. Le 13 novembre 2020, le Polisario a lancé une attaque à la roquette sur Guerguerat, mais il n’a pas coupé la route ni fait des morts.

    Une source de l’état-major des FAR l’a décrit comme «une tentative d’intimidation» qui était «sans incident» et la situation comme «sous contrôle et assez calme», avant d’ajouter: «Les dirigeants du Polisario savent que leurs milices ne peuvent pas faire de différence sur le terrain, de sorte que ces rapports ne sont rien d’autre qu’une propagande de masse visant leurs partisans ».

    Assauts sanglants
    Hormis le fait qu’aucun expert ou rapport indépendant n’a été en mesure de confirmer la réalité sur le terrain dans ce dernier chapitre de la guerre des sables, il est hautement improbable que les séparatistes sahraouis aient les capacités de mener une telle guerre.

    Le Polisario est loin de ce qu’il était dans les années 1980 et qui a conduit à l’établissement du cessez-le-feu il y a près de 30 ans, lorsque ses katibas [unités] ont utilisé un canon de 106 mm pour lancer des assauts sanglants sur les flancs de l’armée marocaine, ses missiles SAM-7 ont abattu des avions de combat Mirage F1 en l’air et ses 2000 prisonniers de guerre languissaient dans les prisons des camps de Tindouf.

    Les dirigeants sahraouis ne sont plus à leur apogée, à commencer par le secrétaire général du Polisario, Brahim Ghali, âgé de 71 ans, et on peut en dire autant de l’arsenal du mouvement rebelle. Une grande partie du matériel fourni par la Libye (sous le règne de Mouammar Kadhafi), la Corée du Nord et l’Algérie, en plus des véhicules blindés pris à l’armée marocaine au début du conflit, n’est plus en état de marche.

    La liste des fournitures du Polisario en baisse comprend une flotte de véhicules Toyota 4 × 4 équipés de mitrailleuses de 14 mm, de lance-roquettes multiples de fabrication russe, de mortiers de 120 mm et de chars T-62 de fabrication soviétique.

    Face à une ligne de défense flanquée de champs de mines, parsemée de systèmes de détection, surveillés par des drones et protégés par des forces d’intervention rapide, les séparatistes, qui comptent au plus entre 3000 et 5000 hommes, n’ont d’autre choix que d’utiliser des frappes et des balles et exécuter des tactiques qui infligent peu de dégâts.

    Selon toute vraisemblance, c’est ce qui passe pour «guerre» au Sahara Occidental depuis le 13 novembre 2020, loin d’être la mère de toutes les batailles qui se déroulent chaque soir sur RASD TV, la chaîne de télévision d’Etat sahraouie.

    Ce serait une erreur, cependant, de conclure sur la base de cette description de ce qui semble théâtral pour les forces militaires que toute cette action sert à maintenir le statu quo au Sahara.

    Si le Polisario n’a pas été, à proprement parler, créé par le gouvernement algérien – il s’agit plutôt d’une initiative conjointe algéro-libyenne datant des années 1970, alors que le nationalisme sahraoui était en plein essor – Alger est depuis un certain temps l’un de ses moteurs.

    Toute décision prise dans les camps de Tindouf est soumise à l’approbation des dirigeants algériens, et à moins que vous ne pensiez que ces derniers ont renoncé à leur souveraineté sur une partie de leur territoire, cela est parfaitement logique.

    La réalité alternative est donc un écran de fumée qui occulte une réalité bien plus inquiétante: les tensions entre l’Algérie et le Maroc ont atteint un niveau jamais vu depuis la fin des années 1970.

    Outre les gouvernements d’Europe (en particulier la France et l’Espagne), les États-Unis et la Russie, la partie la plus concernée est probablement le secrétaire général de l’ONU, António Guterres. L’ONU a maintenu une mission de maintien de la paix de 462 personnes (dont 245 militaires) au Sahara occidental – la Mission pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO) – au cours des trois dernières décennies. Actuellement dirigée par un diplomate canadien et un commandant des forces pakistanaises, la mission coûte 62 millions de dollars par an.

    Cette petite force de bérets bleus est chargée de patrouiller dans une zone s’étendant du no man’s land à l’est du mur jusqu’à la frontière avec la Mauritanie, représentant 20% du territoire de l’ancien protectorat espagnol – une zone interdite à part entière. Le Polisario considère comme «libéré», un pays qui regorge de mines terrestres et souvent parcouru par des migrants se dirigeant vers le nord, des mineurs d’or illégaux et des trafiquants de drogue. En d’autres termes, les troupes de l’ONU sont en première ligne.

    Admission d’impuissance
    Sentant une escalade du conflit, Guterres a noté dans son dernier rapport, daté d’octobre 2020, au Conseil de sécurité de l’ONU que les milices du Polisario étaient «beaucoup moins coopératives que par le passé», refusant au personnel de la MINURSO l’accès à leurs sites, augmentant ainsi la fréquence d’incursions dans la zone tampon et de la mise en place d’unités militaires dans plusieurs localités proches du mur de défense marocain, sous couvert de la mise en place de centres d’isolement pour les personnes infectées par le Covid-19.

    L’inquiétude de Guterres est aussi un aveu d’impuissance, car l’ancien envoyé de l’ONU au Sahara occidental, Horst Köhler de l’Allemagne, qui a démissionné en mai 2019 «pour des raisons de santé», n’a pas encore été remplacé en raison de l’absence d’un candidat convenant aux deux côtés. Cela signifie qu’il n’y a plus de médiateur entre l’Algérie et le Maroc.

    Ajoutez à cette poudrière l’annonce faite le 10 décembre 2020 par Donald Trump que les États-Unis reconnaîtraient la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental – l’une de ses dernières initiatives de politique étrangère – et soudain la situation est sur le point d’exploser.

    Au risque d’écarter le fantasme diplomatique selon lequel l’Algérie n’est qu’une «partie intéressée», et non une «partie au conflit» en ce qui concerne la question du Sahara occidental, Alger est immédiatement parvenue à la conclusion que les États-Unis visaient son gouvernement en prenant une telle décision et en normalisant simultanément les relations israélo-marocaines.

    Et lorsque les pages d’El Djeich, la publication très influente de l’Armée nationale populaire (ANP), évoquent «les menaces imminentes que certaines parties ennemies font peser sur la sécurité de la région», elles font allusion à ces récentes décisions.

    Qu’ils y adhèrent ou non, le récit des dirigeants algériens est clair: le royaume marocain a fait en sorte que «l’entité sioniste» se profile désormais aux frontières du pays. Ceci explique la double réponse d’Alger.

    Sur le plan diplomatique, l’Algérie a envoyé des messages à Moscou pour confirmer que la Russie, en tant que fournisseur de longue date d’armes à l’ANP, aurait son soutien, si nécessaire, et a intensifié ses efforts pour faire pression sur la nouvelle administration américaine afin qu’elle annule l’ordre de Trump reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.

    C’est dans cet esprit que des représentants de tous les groupes parlementaires à l’Assemblée nationale algérienne et à la chambre haute de la législature, le Conseil de la Nation, ont adressé le 2 février 2021 une lettre à Joe Biden dans laquelle ils le pressent de renverser la décisionde son prédécesseur.

    Biden écoutera-t-il leur plaidoyer? Si un tel renversement est techniquement possible, il est peu probable, car les deux côtés de l’accord (Sahara occidental et Israël) sont étroitement liés.

    Sur le front militaire, la réponse de l’Algérie se veut ouvertement menaçante. Les 17 et 18 janvier derniers, l’ANP a attiré l’attention des médias en procédant à des exercices militaires à grande échelle dans la région de Tindouf, à quelques dizaines de kilomètres de la frontière avec le Maroc.

    Mené par le chef d’état-major de l’ANP, le général Saïd Chengriha, l’exercice «Al-Hazm 2021» a été une démonstration de force et une occasion de mettre en valeur les équipements russes de nouvelle génération de l’armée (y compris les chasseurs Sukhoi Su-30, T- 72 chars, hélicoptères Mi-35 et missiles Iskander), ces biens précieux qui ont coûté un précieux prix à l’Algérie: 100 milliards de dollars entre 2010 et 2020, soit plus du double du montant des dépenses militaires du Maroc sur la même période.

    Une dépendance coûteuse
    Certes, l’Algérie a 6 700 kilomètres de frontières à protéger, contre 3 600 kilomètres au Maroc, mais tous les experts s’accordent à dire que la frénésie de magasinage dans le pays qui a commencé en 2006 dépasse de loin ses besoins en matière de sécurité dans son pays et à l’étranger.

    La volonté affichée de l’Algérie de devenir la première puissance militaire de la région n’explique que partiellement la frénésie des dépenses, qui est désormais encore plus coûteuse depuis l’effondrement des revenus pétroliers. Également en jeu, comme l’écrivait fin 2013 le chercheur Laurent Touchard dans son blog de défense, c’est «le souci de l’Algérie de mettre la mainmise financière sur son rival marocain, qui sera contraint d’augmenter son budget militaire alors même que sa marge de manœuvre financière est loin d’être proche de l’Algérie » et « la négociation opaque d’un haut commandement militaire activement impliqué dans la finalisation de gros contrats ».

    Sept ans plus tard, et l’évaluation de Touchard sonne toujours vraie aujourd’hui, tout comme la rupture des communications de chaque côté de la frontière, qui a été fermée en 1994 et n’a jamais été rouverte, a été étanche pendant des décennies.

    Au Maroc, le Sahara occidental est une cause nationale qui rallie tout le monde sauf une frange ultra-minoritaire à l’extrême gauche. En Algérie, c’est une cause politico-militaire, mais pas précisément populaire, et il est extrêmement rare que des voix de premier plan se hasardent à exprimer un point de vue contraire. Ceux qui ont osé s’exprimer – Ferhat Abbas, Benyoucef Benkhedda, Mohamed Boudiaf et, plus récemment, Khaled Nezzar – ont été farouchement maîtrisés.

    L’histoire des affrontements armés directs entre les armées algérienne et marocaine nous en apprend peu sur ce qui se passerait si le conflit s’intensifiait. Gagnée sur le front militaire par le Maroc sous le roi Hassan II et sur le front diplomatique par l’Algérie sous Ahmed Ben Bella, la guerre du sable d’octobre 1963 est une série d’escarmouches le long d’une zone peu peuplée entre les villes de Tindouf et Figuig.

    Au total, 350 hommes ont perdu la vie dans la guerre et le chef d’état-major de l’armée algérienne a connu de première main les limites opérationnelles de la confrontation d’une armée populaire issue de la lutte pour l’indépendance contre une force traditionnelle en terrain découvert.

    Combat mobile
    Quelque 13 ans plus tard, lors des première et deuxième batailles d’Amgala, qui se sont déroulées dans la partie nord du Sahara occidental, les forces des FAR ont repris l’oasis en janvier 1976, mais les Algériens l’ont reprise en février suivant.

    Alors que l’on craignait à l’époque que les combats sanglants ne se transforment en conflit à grande échelle entre les deux voisins, il était limité à une petite zone géographique.

    Serait-ce encore le cas aujourd’hui si la balance basculait vers une guerre totale? Rien de moins sûr puisque, à en juger par la configuration de la dernière série d’exercices méga-militaires de l’armée algérienne, Alger se prépare à mener une guerre conventionnelle de haute intensité.

    Ce conflit – qui pourrait avoir des conséquences économiques et humaines désastreuses – serait avant tout une confrontation entre deux doctrines militaires opposées.

    La partie algérienne a adopté la méthode soviétique, qui est basée sur l’utilisation à grande échelle de véhicules blindés soutenus par l’armée de l’air pour mener des offensives stratégiquement agiles et tactiquement rigides. La partie marocaine, quant à elle, a une approche plus franco-américaine axée sur le combat mobile, les opérations de contre-offensive et l’initiative de manœuvre des commandants.

    Le conflit serait également entre deux armées qui diffèrent considérablement dans toutes les mesures sauf la taille. L’Algérie est de loin la mieux équipée des deux en termes de quantité d’équipements modernes, mais le Maroc a ses propres avantages, notamment une plus grande proportion de soldats professionnels, des normes de gestion plus élevées et une logistique mieux organisée.

    «Bien paraître sur le papier»
    Interrogé sur les raisons pour lesquelles l’armée marocaine se classe 26 places derrière l’Algérie dans le dernier classement des forces militaires de Global Firepower, notre source de l’état-major des FAR a déclaré qu’il n’accordait guère d’importance à «bien paraître sur le papier».

    Il a ajouté: «Le programme de modernisation lancé par Sa Majesté en tant que commandant en chef et chef d’état-major des FAR donne la priorité absolue à l’élément humain. Les armes sont inutiles sans courage, savoir-faire et patriotisme. Notre stratégie n’a jamais été basée sur la compétition militaire. Cela dit, lorsque le Maroc décide de mettre fin aux provocations de l’Algérie, il le fait de manière agressive et définitive. Guerguerat est un excellent exemple de cette approche.

    Comme notre source l’indique, la supériorité quantitative de l’Algérie se heurte à l’avantage qualitatif du Maroc. Si cette évaluation n’est pas sacro-sainte, elle résume assez bien la situation. Lorsque l’auteur de cette histoire a interrogé un général marocain il y a quelques années sur le scénario le plus probable en cas d’éclatement d’une guerre, il a expliqué que le premier agresseur – qui à ses yeux ne pouvait évidemment être que l’Algérie – aurait peu de mal à pénétrer 100 kilomètres en «territoire ennemi», avant de le payer cher par la suite. Un général algérien serait sans doute d’accord avec la version inverse de ce scénario.

    Tout comme les Américains et les Soviétiques au plus fort de la guerre froide, les deux nations nord-africaines éloignées se préparent à une guerre chaude. Ils espèrent qu’ils n’auront pas à subir une telle mission suicide, mais ils n’ont jamais été aussi proches de la guerre depuis les batailles d’Amgala il y a 45 ans. L’adage latin si vis pacem, para bellum («si vous voulez la paix, préparez-vous à la guerre») est dangereux dans cette partie du monde.

    The Africa Report, 2 mars 2021 (traduction non officielle)

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