Catégorie : Algérie

  • Le virus

    par El Yazid Dib

    La situation s’empire et va devenir de plus en plus dangereuse. Si au début, la chose n’était pour certains qu’un subterfuge pour déjouer la détermination du Hirak, maintenant la prise de conscience a gagné presque tous les cœurs y compris ceux des plus récalcitrants. Le danger est à la porte.

    Le mardi, ils ont marché…vers les autres pour favoriser l’expansion. Malgré l’appel au report des habitués ou des détenteurs de leadership virtuel ; les rassemblements ont eu lieu, quoique en moindre densité. Ce « hirakicide » va non seulement disjoindre le noble Hirak originel et accentuer son essoufflement mais créera inutilement de la répréhension envers ceux qui le soutiennent. L’espoir pour le vendredi, sera dans l’établissement d’une interdiction ordonnée par le président et à imposée a tout rassemblement ou marche. Un mort n’a plus besoin de liberté et cette dernière n’est faite que dans la dignité de ceux qui aspirent à vivre heureux en laissant les autres le faire également.

    Le monde est en guerre. L’ennemi, n’a aucun arsenal militaire ni domination économique. Il est là. Invisible, invincible, apatride. Il a brisé tous les accords d’union, violé toutes les frontières. Sans drones, sans agent-espions, sans nulle stratégie juste une sournoiserie biologique ; il a mis en échec toute les sciences humaines, les grands trusts et les puissantes nations, leurs divers modes protectionnistes, leurs murs défensifs, leurs réseaux d’intelligence. Rien ne semble lui résister. Peut-être une gousse d’ail, un peu de savon de Marseille ou quelques goûtes d’eau de javel. Du tout-venant. La panique au recours à du n’importe quoi. Devant le sauve-qui-peut, toutes les directions deviennent de bonnes destinations.

    Le devoir humanitaire de décréter le confinement devient un impératif patriotique. Le président attend, le cas échéant la phase 3. Il ne s’agit plus de simple ordre public ou de quiétude ordinaire. Il y va de la vie de tout le monde. La constitution en son article 105 permet au président de la république, le haut conseil de sécurité réuni de déclarer l’état de siège ou d’urgence en cas de grave situation. Etat d’urgence, de siège ou d’exception nous ne sommes plus à quelques différences de définition théorique de concepts constitutionnels, mais à un infime micron d’un suicide collectif. Une tragédie nationale. Il y a péril imminent, nécessite impérieuse. Eh bien s’en est là, un cas. Ils tergiversent mais Ils finiront par le faire et ca sera un peu trop tard. A quoi rime, la sortie en vacances des écoliers et des étudiants tout en édictant des mesures de fermeture de tout établissement d’éducation public ou rivé. Certains walis ont pris des mesures similaires en procédant à la fermeture de certains endroits excessivement fréquentés tels que les centres commerciaux, les jardins publics, les salles des fêtes, avec la suspension de toute activité culturelle, sportive ou autres. Le wali de Sétif, devrait à son tour fermer le Park-Mall et le parc d’attraction, deux pôles vraiment attractifs de foules et encore de par d’autres wilayas.

    Le monde s’isole. Chacun se renferme en ses frontières. Pire il emprisonne ses résidents pour leur bienfait, chez-eux. Seule tactique de pouvoir en attendant mieux, de contrecarrer la propagation de ce virus qui n’épargne personne, ne fait pas de différences de classes, de rang, de race, de religions ou d’ethnie. La rue, les cafés, les espaces publics enfin tout l’extérieur sont plus qu’une menace, ce sont des pièges mortels. Le président de la république hésite à annoncer sa décision de déclarer l’état d’urgence sanitaire et par la force de la loi et l’intérêt de tout un chacun contraindre les uns et les autres à se fixer bien chez-eux. Si tout le monde restait chez soi, obligeant ainsi l’Etat à décréter le confinement, le pays gagnerait toutefois à freiner le péril qui est déjà en la demeure. C’est un geste de citoyenneté que de ne pas sortir et de refuser d’aller travailler. Une espèce de grève forcée pour l’intérêt général. Ah quoi ! Procédures d’abandon de poste ? Ils ne pourront jamais les entamer. Bien au contraire, ce sera à ce pouvoir d’endosser la responsabilité d’abandon de peuple

    Voilà un cri de cœur responsable qui m’est parvenu d’une amie outre-méditerranée « il n’y a pas d’autre solution que le confinement, Il ne faut pas attendre. C’est la guerre, la moitié des personnes contagieuses n’ont pas de symptômes et contaminent les autres. Tant pis, on ne voit pas ses enfants ni ses petits enfants ni ses amis, mais on ne peut faire autrement ». oui ; c’est une guerre menée autrement, sans escadrons armés, seule une infanterie virale.

    Cette calamité imprévue que véhicule un fléau mondial croissant crescendo ne se combat pas avec des discours lénifiants ou de mesures inappropriées pour dire que l’on est là. Sans fouiller dans le passé qui nous fait encore miroiter la gabegie et l’incompétence par lesquelles toute notre pédagogie sociopolitique a été gérée ; le pays vit cet échec de gouvernance. Cet insalubre ministre de la santé qui nous disait que nous avons le meilleur système de santé au monde. L’autre qui déresponsabilisait le scorpion inoffensif en vantant sa gentillesse et louant sa légitime-défense. On n’a rien fait pour de tels cas, ni encore pour bien d’autres. Ils étaient, les membres de la « issaba » pris en charge par le budget de l’Etat et les impôts des citoyens bien soignés ailleurs, préférant l’hôtellerie hospitalière étrangère aux mouroirs hospitaliers universitaires nationaux. La justice vient, sur un autre propos condamner certains avec l’infliction d’amendes et de confiscations de biens. Il serait judicieux que toutes ces confiscations de biens immobiliers et financiers prononcées aillent alimenter un compte spécial « hôpitaux » et ouvrir ainsi à d’autres « bienfaiteurs généreux » habitués à l’édification des mosquées , l’appétit du devoir moral de s’en atteler. Un hôpital pour chaque wilaya selon sa dimension démographique équivaudrait à quelques dinars pour chaque résident et une contribution conséquente de ses nantis. C’est là, le sens de la solidarité sur terre.

    Les décideurs et gouverneurs d’hier ne se sont jamais mis dans la tête qu’un sort funeste pourra les guetter en fin de vie professionnelle pour aggraver leur fin de vie biologique. Avec ce « meurtrier soldat » qui rode librement en l’air, éjecte silencieusement des salves et répand criminellement ses germes ; l’égalité dans la mort est garantie.

    La santé n’était qu’un département ministériel que l’on coiffait pour plus de crédibilité et le plus souvent par des profils scientifiques ou des personnalités professorales. Ce n’est pas, parce que l’on est un imminent chirurgien que l’on peut aisément faire un bon ministre de la santé. Ou un excellent architecte, ministre de l’habitat. Ou tout récemment un bon professeur d’université, ministre de l’enseignement supérieur. Il y a la technique, la technicité et la technocratie. Là, seule la capacité managériale, la gestion rationnelle des aptitudes existantes peut en tenir lieu.

    Tous ces responsables pourront dire leur calvaire, leurs obstacles, leurs contraintes, mais jamais leur échec. Personne parmi les ministres de Bouteflika n’a eu cette hardiesse, voire cet honneur de jeter l’éponge devant les embuches qu’il aurait eu à rencontrer. Il se tait, se complait et persévère.

    A-t-on pris beaucoup de retard pour décider de certaines urgences ? Oui et énormément. La fermeture des mosquées n’était pas l’une des principales décisions par rapport à celles qui devraient être prises sur les transports publics et les grands rassemblements occasionnels. Nous avions signalé en son temps, qu’à défaut de pouvoir les fermer, il fallait au moins fermer les salles d’ablutions, enlever les fontaines réfrigérantes, officier la prière sine-die dès la fin de l’adhan en l’abrégeant, respecter la séparation des rangs en espaçant l’un de l’autre, se munir de son tapis de sol. Bon, l’affaire au lieu de rester dans son domaine originel de traitement s’agissant de santé publique, s’est transformée en une affaire religieuse, voire d’imams. Oui, la concertation est admissible, mais pas monopolistique ou es-qualité. Voilà que la raison vient de primer et le « gouvernement » décide de suspendre leur fonctionnement. Autre retard se confine dans ces transports en commun. J’ai vu des bus bondés à Alger. Des taxis collectifs inter wilaya à 6 places parcourant en promiscuité, en espace réduit parfois plus de 400 kilomètres. Un autre retard, l’un des plus déterminants, était cette absence d’arrêter le flux des voyageurs venant notamment de Chine, puis d’Europe particulièrement de France et d’Italie. Le malheur avait déjà pris possession des territoires encore vierges. C’est ce jour 19 mars que devra entrer en vigueur la suspension des navettes aériennes et maritimes.

    Tous les gens qui ne peuvent s’auto-confinés, brandissent l’obligation de présence qui sur un lieu de travail, qui sur un magasin. N’est-il pas possible, c’est déjà fait au Canada ; de concevoir un système d’indemnisation, d’aide et d’assurances sociales ? Libérer les fonctionnaires dans les administrations en ne gardant qu’un noyau indispensable, mettre au chômage technique les unités industrielles importantes à grand personnel, les chantiers en jouant sur le fonds ou la caisse des calamites et catastrophes naturelles, des intempéries. Ayez de la conscience et adaptez les textes à la contrainte de la circonstance.

    Nous convenons qu’à l’évidence, gérer une telle crise est tache complexe et difficile. Les plus grands de ce monde s’en démêlent encore. Néanmoins une communication franche, directe et immédiate aurait à modérer la panique et réduire les folles rumeurs. Le fait de s’inspirer des situations d’autres pays notamment la Chine et l’Italie nous aurait amplement aidés. Le président dans son allocution à la nation essayait de produire de la confiance et semer de la sérénité. On l’attendait ordonner le confinement. Rien. Rabi youster ! Cependant la stricte discipline citoyenne reste la meilleure des protections de ce dangereux virus.

    Le Quotidien d’Oran, 19 mars 2020

    Tags : Algérie, coronavirus, confinement, alerte,

  • Algérie : La gestion démocratique des…fourbes

    En vrac par Madjid Khelassi

    Corona ou pas corona…Le passage devant la justice des ex-membres du système Boutef ne connaît ni pause ni ajournement. Et depuis quelques jours, c’est une grosse pointure de l’ancien régime qui défraie la chronique.

    Abdelghani Hamel, ex-premier flic du pays, ou plus prosaïquement Directeur général de la sûreté nationale- DGSN, comme on dit dans les commissariats.

    Il est poursuivi avec l’ensemble de sa famille dans plusieurs affaires dont entre autres, enrichissement illicite, blanchiment d’argent, trafic d’influence, abus de fonction, obtention de foncier par des moyens illégaux.

    Ce n’est pas un procès mais une saga judiciaire digne d’un époustouflant thriller. Cela pourrait s’intituler : gestion démocratique des fourbes…tant les protagonistes de cette affaire se sont alignés comme des oignons pour « rendre service » à Si El Hamel et sa famille.

    Terrains agricoles et assiettes touristiques en milliers d’hectares, appartements, villas, locaux commerciaux, ports secs.

    Walis serviles, chefs de sûreté de wilaya religieusement obéissants, ministres indignes, directeurs des domaines marrons, banquiers-entremetteurs peu regardant sur le fric du peuple.

    Des entreprises labyrinthiques, des comptes bancaires à foison, milliards sur milliards à donner le tournis au plus matheux des juges.

    Un des rejetons qui gagne 130 milliards en 3 ans, la fille qui s’égare jusqu’à ignorer où commencent et où finissent ses affaires, la mère perdue dans ce magma de monstruosités. L’inventaire ne rechignerait Prévert himself !

    L’affaire El Hamel ou la face trompeuse des mondes gigognes de l’exercice du pouvoir, qui mêlent mission de service public et rapine. Éthique et malversations, abus de fonction et enrichissement sans gène.

    L’affaire El Hamel, qui loin d’être sans pareille est la chronique d’un pillage programmé.

    Les poursuivis dans cette affaire nient en bloc, affirment que les Hamel ont obtenu ces avantages comme le reste des citoyens !!! Argent et bakchich, prévarication et fourberie…gigantesques entrelacs du crime en col blanc. Et galerie de personnages qui ne sont pas moins que les enfants dégénérés d’un système qui ne l’est pas moins.

    Zoukh a donné instruction pour ne pas inquiéter Chahinez Hamel, dit l’un des prévenus…La consanguinité du poste et des méfaits fut un mariage programmé dans la gestion démocratique des…fourbes.

    La Nation, 16 mars 2020

    Tags : Algérie, justice, corruption, Hamel, tribunal,

  • Algérie : Il faut maintenant concrétiser l’essai

    Le plan d’action du gouvernement est aujourd’hui connu. Peut être pas dans ses plus petits détails, mais on sait grandement les grandes lignes de travail du premier gouvernement Tebboune, dirigé par le Premier ministre Abdelaziz Djerad. Au-delà des questions purement techniques, il faut d’abord et surtout retenir que tout est fait pour répondre aux attentes et doléances du citoyen dans sa vie de tous les jours.

    Ce qui semble guider l’action de ce gouvernement et sur laquelle repose toute la stratégie de cette nouvelle pédagogie de gestion de la chose publique, c’est de mettre le citoyen au centre de toute l’action de la machine gouvernementale. D’ailleurs, dans le premier communiqué repris par l’Aps, juste après le fin du conseil des ministres de ce jeudi, il est clairement et explicitement stipulé que « le Plan d’action du Gouvernement, qui puise sa référence des engagements du président de la République, met en avant l’urgence de procéder à une révision profonde des modes de gouvernance et de concevoir de nouvelles règles afin de mener à bien les politiques de développement et d’insuffler une dynamique interactive ».

    Autrement dit, les bases d’une rupture manifeste avec le mode de gestion qu’a connu le pays durant ces vingt dernières années, est clairement assumée et revendiquée par la nouvelle équipe dirigeante du pays. En économie par exemple, le gouvernement se basera sur « la triptyque d’un renouvellement économique basé sur la sécurité alimentaire, la transition énergétique et l’économie numérique ». Une approche nouvelle que l’on met pour la première fois sur la table et qu’on voudrait mener jusqu’au bout, à côté de « l’opérationnalisation de mécanismes innovants de réforme financière et fiscale et l’assurance des opérateurs économiques les plus affectés par les choix inappropriés en matière de gestion des affaires économiques ».

    Beaucoup de points nouveaux et innovants dans divers domaines ont été traités lors de ce Conseil des ministres qui signe de manière effective le début de la concrétisation des promesses du candidat Tebboune, et qu’on aura plus loisirs de connaitre avec plus de détails lors des débats qui auront lieu au sein des deux chambres du Parlement. Les questions des députés et les réponses qu’apporteront les ministres finiront par définir clairement la politique que compte mettre en musique l’équipe du Premier ministre Abdelaziz Djerad. Il faudra après, pour reprendre un terme propre au rugby, concrétiser alors l’essai.

    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 7 fév 2020

    Tags : Algérie, gouvernement, Abdelmajid Tebboune, Hirak,

  • Maroc-Algérie : infantilisme du Makhzen

    Le Maroc veut-il nous faire prendre des vessies pour des lanternes ? Ne parlons pas des couacs de la propagande marocaine qui coûte les yeux de la tête au Makhzen et qui se retourne souvent contre lui .

    Comme ces «scoops» qui fleurissent çà et là sur les sites électroniques marocains, pour annoncer le «retour» du Maroc à L’UA , alors qu’il n’y a jamais adhéré, ou cette «pétition» qu’aurait fait circuler l’un des piliers de la France-Afrique, le chef de l’État sénégalais Macky Sall, qui n’a rien à refuser au Palais royal, dont il est un habitué, et qui a la prétention de réunir suffisamment de «signatures» pour demander pas moins «le gel» de la Rasd –Membre fondateur de L’UA– pour dérouler le tapis rouge, ou plutôt de gros tapis marocains, à M6 qui allait faire une visite surprise à Kigali, alors qu’il n’y était pas invité. Point de souverain marocain et point de pétition pas plus de notification officielle d’une demande d’adhésion longue et complexe.

    Si ce n’est un message au ton arrogant et de mépris à peine voilé d’un souverain par trop gâté qui pense qu’il suffit d’ordonner, de faire tinter les dinars de roitelets du golfe pour se faire obéir et mettre à ses pieds des chefs D’états africains qui ne cessent pourtant de stigmatiser son régime féodal et colonial. Il est vrai que tout comme son chef de la diplomatie Mézouar, doublé par le conseiller omnipotent de l’ombre Taieb Fassi Filiri et l’ami intime et néanmoins tout puissant patron des services des renseignement , qui s’exerçât d’abord à la MAP, le roi du Maroc n’est pas à une mystification près.

    Mais revenons sur une autre mystification et sur une grossière entourloupe que les spin doctors du Palais ont voulu nous faire gober en distillant a travers leurs relais médiatiques un refus de visa qui aurait été opposé à celui qu’ils ont formaté et financé abondamment pour déstabiliser l’Algérie et qu’ils ont publiquement soutenu par des déclarations tapageuses aux Nations unies. Alors pour rafraichir la mémoire des médiocres politiques du Makhzen , il faut rappeler les mails qui révèlent le rôle joué par les services marocains et leurs relais français anti-algériens dans l’exacerbation de l’aventurisme de Ferhat Mehenni et de son mouvement qui n’existe que par la grâce des financements marocains et israéliens et la complaisance de certains secteurs en France qui rêvent de l’éclatement de l’Algérie.

    Ces mails- que l’on peut consulter à loisir sur le site Marokleaks- montrent que l’argent a une place centrale dans la «mobilisation» des agents propagandistes et chargés d’entretenir la subversion anti- algérienne autour de ce mouvement.

    Dans un des mails, daté d’avril 2010, on apprend qu’il a fallu payer «le prix fort» pour dénicher des images de «petites manifestations» qui permettent, selon son auteur à un journaliste de TFI, payé au prix fort et qui disserte tous les soirs sur le devenir du monde , de «fabriquer un sujet» à faire passer dans les chaînes de télévision françaises. Les «activistes» qui font ce travail de collecte d’images de propagande mensongère ne sont pas des bénévoles qui travaillent pour «la cause» mais à la façon des mercenaires qui se font chèrement payer comme le prouve, dans un autre mail (22 avril 2010), cette demande d’avance sur salaire de 38 000 euros qui semble être d’ailleurs le véritable objet du mail. Il les recevra, c’est l’assurance que lui a donnée, en guise de réponse, son correspondant : «Je crois qu’on pourra faire le geste.»

    En contrepartie, le «mercenaire» a instamment sollicité une opération de «large médiatisation par le biais de (ses) relais sûrs» de la documentation de propagande concernant «l’annonce par le MAK de la composition du gouvernement provisoire kabyle (GPK), lors d’un rassemblement au Palais des Congrès à Paris le 1er juin 2010». La médiatisation est essentielle dans l’activisme du MAK, tout est bon pour faire croire que ce mouvement a une assise en Kabylie.

    Ainsi, un mail daté de décembre 2010 monte en épingle une prétendue «répression brutale» en Kabylie contre les pseudo-militants du MAK, et est destiné à alimenter le travail de propagande des «mercenaires» qui sont payés pour cela. Le Maroc a de tout temps actionné ses relais en Algérie pour encourager l’agitation provoquée par Ferhat Mehenni et ses fidèles en Kabylie.

    Incidemment, le site du MAK, en s’en prenant au Premier ministre marocain, Abdelilah Benkirane – à cause d’un refus de visa d’entrée opposé à son chef, Ferhat Mehenni – met au grand jour le soutien du Maroc au Mak. Le chef du MAK a pris l’habitude de circuler entre la France, où il a un statut de réfugié politique, et le Maroc où il rencontre et se concerte avec les mouvements berbéristes très actifs dans ce pays mais aussi en Israel.

    Alors qui le Maroc veut-il berner , si ce n’est ses relais en Algérie qui ne cessent de s’agiter tantôt pour vanter les « réussites économiques » d’une monarchie qui a fait main basse sur les richesses essentielles du pays mais qui dans le même temps tend la main aux monarchies du golfe pour boucler son budget .Tantôt pour faire pression à travers des déclarations intempestives à des sites dont la seule vocation semble-t-il est d’être au service d’une monarchie contre les intérêts de leurs propres pays dont ils ne dédaignent pas la manne publicitaire.

    Personne n’est dupe du jeu du Maroc , pas plus en Afrique ou il fut et reste l’ami des dictateurs, des prédateurs et des sanguinaires qu’il a soutenu par l’envoi de contingents militaires tout comme il le fait aujourd’hui au Yémen. Pas plus que l’on ne donnera de crédits à ses « propositions » de rapprochement et de règlement du contentieux bilatéral qu’il a crée a dessein.

    D’ailleurs que signifie cette volonté soudaine de rendre les biens spoliés des Algériens au Maroc si ce n’est de renforcer davantage les chefs de file de son Lobby en Algérie qui relèvent la tête, agissant au grand jour comme dans une symphonie bien réglée.

    Mokhtar Bendib

    Le Currier d’Algérie, 19 jui 2016

    Tags : Maroc, Algérie, MAK,

  • Ce que Nelson Mandela a appris auprès de l’Algérie

    18 Mars 1962. A Evian, les négociateurs viennent de signer les accords mettant fin à la guerre d’Algérie. Le jour même, Nelson Mandela prend le train entre Rabat et Oujda. Il voyage clandestinement afin d’avoir des discussion politiques avec les indépendantistes algériens et acquérir une formation militaire.

    Son instructeur militaire n’est autre que Mohamed Lamari, celui qui sera chef-d’état major de l’armée algérienne pendant la guerre civile jusqu’à 2005.

    Au lendemain des accords d’Evian, les cinq leaders historiques du Front de Libération Nationale dont Ahmed Ben Bella sont libérés. Ils se rendent au Maroc pour avoir une vue d’ensemble de la situation alors que des dissensions se font jour entre l’état-major de l’ALN et le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA). En réalité, une lutte acharnée pour le pouvoir avait déjà commencée.

    Malgré les précautions prises, Mandela est surveillé au Maroc par les services secrets occidentaux. Il voyage avec un faux passeport éthiopien sous le nom de David Motsomayi. En avril 1962, il se rend au Mali durant son périple de retour.

    Revenu en Afrique du Sud, il est arrêté le 5 août 1962. Son arrestation a été rendue possible par une aide de la CIA, qui avait transmis des informations à la police sud africaine sur sa fausse identité. Il est accusé d’avoir quitté le pays clandestinement. Mais inspiré par la lutte des indépendantistes algériens, c’est désormais un homme déterminé. Le combat contre l’injustice raciale doit passer par la confrontation armée. A son procès en novembre 1962, il déclare « S’il fallait le refaire, je ferais exactement la même chose. Ainsi aurait fait tout homme digne de ce nom. » Il est alors condamné à cinq ans de prison.

    Deux ans plus tard, il passe de nouveau en justice pour avoir auparavant créé une branche clandestine armée au sein de l’ANC. Accusé de rébellion armée, il est condamné à la prison et aux travaux forcés à perpétuité lors du procès de Rivonia. Au cours de ce procès en 1964, il assume son parcours.

    « En Afrique, le soutien m’a été promis par de tels hommes… Ben Bella, l’actuel président de l’Algérie. C’est Ben Bella qui m’a invité à visiter à Oujda le quartier général de l’armée algérienne de Libération Nationale. »

    L’Algérie n’est pas seule à l’aider. La Tunisie de Bourguiba lui donne une aide financière.

    En décembre 1974, l’Algérie préside l’assemblée générale de l’ONU. Après des débats acharnés, l’Afrique du Sud ségrégationniste est exclue des Nations Unies. Le jeune ministre des affaires étrangères Abdelaziz Bouteflika venait de réaliser un exploit diplomatique. Mais la victoire diplomatique africaine n’était pas totale. Les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne opposent leur veto à toute sanction économique contre Pretoria.

    Soumis à la pression internationale, le régime d’apartheid cherche à obliger Nelson Mandela à renoncer à l’option de la lutte armée. Ce dernier répond en février 1985 « Seuls des hommes libres peuvent négocier ; des prisonniers ne peuvent contracter des accords. »

    Avec le cours des événements, le monde change. Le bloc soviétique s’écroule. Le régime d’apartheid finit par disparaître. Enfin libre, Nelson Mandela deviendra le premier président noir d’Afrique du Sud. Un rêve exprimé dès 1952 se réalise. Et c’est un homme qui a appris des erreurs des autres. Il a étudié l’histoire contemporaine d’autres pays dont l’Algérie et le Zimbabwe.

    Véritable homme d’Etat, il prendra des décisions et suivra une démarche pour réconcilier les sud-africains de toutes races, de toutes ethnies, de toutes classes sociale.

    Tags : Algérie, Maroc, Mandela, Madiba, appartheid, racisme, Pretoria, FLN,