Catégorie : Maghreb

  • Algérie-Maroc : risque de guerre des drones

    Tags : Maroc, Algérie, drones, Sahara Occidental, Front Polisario, camionneurs algériens,

    Jeune Afrique – Deux jours après avoir accusé le Maroc d’avoir « bombardé » un convoi de camions civils algériens, les autorités algériennes évoquent un « armement sophistiqué meurtrier », comprendre un drone. Les deux voisins se sont dotés ces dernières années de nombreux appareils sans pilote.

    Dernier rebondissement dans l’affaire des trois routiers algériens tués, selon la présidence algérienne, le 1er novembre, lors d’un bombardement marocain dans une zone contrôlée par le Polisario : le ministère algérien des Affaires étrangères annonce avoir saisi plusieurs instances internationales (ONU, UA, Ligue arabe et OCI) pour les informer de « la gravité extrême de l’acte de terrorisme d’État en question » et leur faire part de la volonté et de la capacité de l’Algérie « d’assumer ses responsabilités en matière de protection de ses ressortissants et de leurs biens en toutes circonstances ».

    Le communiqué du département de Ramtane Lamamra évoque l’usage d’un « armement sophistiqué meurtrier » sans pour autant fournir de précisions sur sa nature.

    Le site algérien menadefense, qui a le premier fait état de l’attaque, estime dans un billet publié le 5 novembre que celle-ci aurait été menée par un drone, plus précisément un Bayraktar TB2 acquis auprès de la Turquie.

    Si aucune source officielle marocaine n’a confirmé l’attaque rapportée par menadefense, l’affaire relance le débat sur la multiplication dans la région de ces appareils sans pilote. La course à l’armement entre les deux voisins a ainsi connu une forte accélération depuis le début des années 2000.

    Armement sophistiqué meurtrier

    Dans la région, l’Algérie a été pionnière dans le domaine des drones et de la surveillance aérienne. Grâce une coopération accrue avec l’Afrique du Sud, elle a acquis et déployé dès le début des années 2000 des drones de surveillance Seeker I, puis Seeker II.

    Face au succès des drones d’attaque américains au Pakistan et au Yémen, les autorités algériennes ont ensuite décidé de miser sur des drones de combat à long rayon d’action.

    Aujourd’hui, l’armée aligne une vingtaine de drones d’attaque El-Djazaïr 54 et 55, de conception émiratie et reconstruits localement, une douzaine de drones CH-4 et au moins cinq drones de reconnaissance CH-3, de fabrication chinoise. Elle maintient également un régiment d’une douzaine de drones tactiques Seeker sud-africains destinés à la surveillance.

    Le succès commercial et militaire du drone de combat turc Bayraktar TB-2 et son efficacité en Syrie, en Libye et dans le conflit du Nagorno-Karabakh suscitent l’intérêt de l’institution militaire.

    Des négociations sont engagées en 2020 avec le fabricant turc pour renforcer rapidement la flotte de drones d’attaque algériens. Mais celles-ci ont été abandonnées en raison des sanctions canadiennes sur certains équipements utilisés à bord du Bayraktar. L’Algérie se résignera en 2021 à commander 24 drones d’attaques chinois Wing Loong II, qui entreront en service en fin d’année.

    Allié majeur non-membre de l’OTAN depuis 2004, le Maroc a dû attendre 2020 pour que l’administration Trump allège le régime d’exportation permettant ainsi au royaume de commander quatre drones MQ-9B Reaper, qui seront livrés dans les mois ou années à venir.

    Rabat a également bénéficié du redéploiement américain après les attaques terroristes du 11-Septembre pour accéder à quelques drones GNAT utilisés pour la surveillance. Ils ont été vus pour la première fois lors des événements de Gdeim Izik, à Laayoune, en novembre 2010.

    En 2019, le Maroc se tourne vers la Turquie pour acquérir 12 drones d’attaque Bayraktar TB2, capables de porter des missiles. Le Royaume a réceptionné une première livraison des drones trucs en septembre, les autres unités devant arriver courant 2022.

    La normalisation des relations entre le Maroc et Israël en décembre 2020 se manifeste également dans le domaine des avions sans pilote. L’armée marocaine a ainsi acquis 5 drones Hermes 900 auprès du constructeur israélien Elbit Systems. Elle possède également 2 à 3 drones Hermes 450 acquis en décembre 2020 auprès de la même entreprise.

    Tentation du drone

    Ce drone est utilisé pour des missions de reconnaissance, de surveillance et de relais de communications. En janvier 2020, trois drones Harfang, conçu par Airbus Group et Israël Aerospace Industries (IAI), ont été réceptionnés par Rabat.

    Le drone Harfang, développé sur la base du drone israélien Heron, est un système destiné au renseignement, à la surveillance et la reconnaissance de cible.

    Selon des sources militaires marocaines, ces drones sont uniquement utilisés pour les écoutes, la surveillance et les repérages, et non pour des attaques. Mais certains drones d’observation achetés par le Maroc auprès d’entreprises israéliennes disposent d’une option pour porter de petites charges explosives.

    Mohamed Shkeir, expert militaire marocain, évoque dans la presse la livraison de 4 drones Hermes 900 « kamikaze » ou « suicide » dans le courant de l’année 2021. Il s’agit de drones capables de s’écraser sur les cibles visées.

    Dans le contexte d’intensification des tensions entre les deux voisins, que la perspective d’un conflit ouvert coûteux en vies humaines n’enchante guère, un recours accru aux drones pourrait être tentant. Surtout si l’Algérie décide de faire bénéficier le Polisario de son expertise en la matière, comme l’a fait l’Iran avec les rebelles yéménites Houthis face à l’Arabie saoudite.

    Par Jeune Afrique

    CRIDEM, 06/11/2021

  • Le Silence des loups

    Le Silence des loups – Un texte de Mohamed Talbi dédié à l’escalade entre l’Algérie et le Maroc

    Il me semble avoir ouï braire, ces derniers temps, des deux côtés des frontières,
    Des zélateurs ignares qui pour noyer le poisson dans l’eau, cherchent toujours à monter l’un contre l’autre deux peuples frères,
    Alors d’emblée, au nom d’une grande majorité toujours obligée à se taire, tirons avec discernement cette affaire au clair,
    Au lieu de prêter foi aux bobards et aux chimères, de continuer à se jeter des pierres, au lieu d’indignes ou chauvins ou candides se laisser aller aux chamailleries des vieilles mégères ;
    Je n’ai jamais rien eu contre aucun frère algérien, et je le jure, aucun algérien n’a jamais rien eu contre moi, son frère marocain,

    Bien au contraire ! Il frissonne à mes peurs, je m’exalte à ses joies, nous portons le même deuil, partageons les mêmes chagrins, et lors des fêtes, à l’unisson, claquons ensemble des mains,
    Quand bien même il arrive que nous ne soyons pas d’accord sur une question, sur un point, nous savons qu’il fera meilleur temps demain,
    Que les manipulateurs qui de haine et de vindicte se nourrissent aux yeux des peuples frères apparaîtront toujours comme des nains ;

    Partout dans le monde, j’ai beaucoup d’amis blancs, qui m’aiment et que j’aime autant,
    J’en suis sûr, ils ne me diront pas le contraire, ni à ces assertions cuisantes de franchise n’opposeront aucun non,
    Leurs pays reçoivent les meilleures laines, les meilleures étoffes, les meilleurs fruits, les meilleurs légumes, du globe entier tous les meilleurs produits et toutes les meilleures richesses depuis longtemps,
    Quand le reste de l’humanité subit la famine, croule sous la misère, s’entre-tue avec les armes fournies par ces mêmes blancs, qui pourtant, juste hier, des droits de l’homme dressaient une édifiante déclaration ;
    Plutôt que de continuellement se chercher noise, de rester à échanger des phrases creuses qui puent le mensonge et l’emphase,

    Nos gouvernements ne feraient-ils pas mieux de se tourner vers nous, de se pencher sur nos vrais problèmes, le chômage qui nos jeunes détruit, la cherté de la vie qui nous écrase ?
    Ici, comme à côté, depuis belle lurette, à cor sur tous les toits on crie :  » C’est le plus beau pays du monde ! « , et chacun de nous sait que dans l’esprit des gens, c’est seulement une belle antiphrase ;
    Car les problèmes que connaît la jeunesse maghrébine défraient tous les sondages, à tous les âges l’ignorance fait des ravages,

    L’endoctrinement, le maintien et l’entretien de l’esprit superstitieux, l’injustice sociale, le favoritisme, la corruption, la censure, la crise de l’éducation, sont de la réalité de nos pays voisins le vrai visage,

    Et si de ce clivage nous espérons un jour sortir, il nous faut désormais retrousser nos manches, cultiver notre jardin, car qui sème le vent récolte la tempête, comme dit l’adage ;
    L’heure est venue d’asseoir des relations bi-latérales, jusqu’à quand des puissances occidentales allons-nous rester les vestales ?

    Nos pays regorgent de tout, et entre frères, nous voulons jouir du droit d’aller à la rencontre de l’autre, de circuler, de travailler, d’habiter, de cohabiter,
    D’échanger des compétences, d’assurer la complémentarité à nos économies conjointes en multipliant les transactions commerciales,

    Et si nos parlements respectifs préfèrent roupiller, nos responsables faire la sourde oreille, il est de notre devoir, nous les peuples, de rétablir la parité ;
    Il me semble avoir ouï des loups hurler, ces derniers temps, des deux côtés des frontières,

    Ils revendiquaient des écoles, des hôpitaux, du travail, un peu plus d’équité sociale,
    Qu’ils vivent dans les steppes marocaines, que solitaires ils errent dans le désert algérien, ils sont sur la même terre,
    Celle des hommes libres, qui sont fiers et humbles, humbles mais qui n’ont rien perdu de la bravoure ancestrale…
    Mohammed Talbi

    Source : Facebook, 07/11/2021

    #Algérie #Maroc #Maghreb

  • Maroc-Algérie : Le Conseil Arabe appelle au calme

    Maroc-Algérie : Le Conseil Arabe appelle au calme – Il a appelé à faire preuve de retenue et à éteindre la mèche de conflits qui menace d’allumer le feu de la guerre et de saboter la stabilité dans la région et d’accroître le niveau de haine.

    Le Conseil arabe a appelé l’Algérie et le Maroc à se calmer, à faire preuve de retenue et à éteindre la mèche de conflits qui menace d’allumer le feu de la guerre et de saboter la stabilité dans la région et d’accroître le niveau de haine.

    Dans un communiqué signé par son président actuel, Moncef Marzouki, le conseil a exprimé sa « grave inquiétude » en raison de ce qu’il a appelé « des mesures d’escalade successives » entre les deux pays voisins, l’Algérie et le Maroc, d’une manière qui « menaçait une nouvelle crise et la possibilité de collision ».

    Le Conseil a souligné la nécessité pour les deux peuples frères d’Algérie et du Maroc et leurs forces vives de parlementaires, partis, organisations, organisations de jeunesse et autres de travailler pour contenir le différend entre leurs pays et empêcher la propagation des conflits et de l’hostilité entre les deux sociétés. .

    Le communiqué indique : « Le Conseil arabe appelle les gens sains d’esprit de la nation à intervenir avec gentillesse et calme les choses pour éviter l’interdit, et souligne l’importance d’organiser des événements populaires et médiatiques dans de nombreux pays arabes afin d’encourager la compréhension et l’harmonie. entre les élites des deux peuples frères pour assiéger l’escalade des conflits et faire pression pour le dialogue comme le seul moyen de surmonter les différences ».

  • Algérie-Maroc : Cheb Khaled au cœur d’une nouvelle polémique

    Algérie-Maroc : Cheb Khaled au cœur d’une nouvelle polémique – Le « king du raï » est une nouvelle fois au cœur d’une vive polémique en Algérie et au Maroc dans un contexte de tensions inédites entre les deux pays

    Le chanteur algérien Cheb Khaled fait encore parler de lui sur les réseaux sociaux. Le « king du raï » est une nouvelle fois au cœur d’une vive polémique en Algérie et au Maroc dans un contexte de tensions inédites entre les deux pays.

    Cheb Khaled qui se trouve actuellement au Maroc, dans le cadre de sa nouvelle tournée, a été vivement critiqué par les internautes algériens. La raison, des photos de chanteur algérien posant avec l’actuel ministre marocain de la justice, Abdeletif Wahbi, et Mohamed Ben Aissa, ex-ministre des affaires étrangères et actuel maire de la commune d’Assil.

    Les photos prises par un journaliste marocain et partagées sur Facebook ont déclenché une grosse polémique. Nombreux sont les internautes qui ont jugé cette sortie de « scandaleuse », puisqu’elle intervient en plein milieu d’une crise diplomatique entre les deux pays et quelques jours seulement après l’assassinant abject de trois camionneurs algériens dans une attaque marocaine.

    Khaled Hadj Brahim, qui s’autoproclame « ambassadeur de la musique maghrébine », ne s’est pas encore exprimé sur « cette affaire ». Mais selon certains internautes, le chanteur aurait été piégé par le journaliste qui a utilisé les clichés pour les présenter comme un soutien du chanteur pour le Maroc au détriment de l’Algérie.

    Les internautes trouvent par ailleurs, scandaleux le fait que Cheb Khaled chante dans un pays qui normalise ses relations avec Israël. Certains sont allés jusqu’à considérer cette sortie comme la provocation de trop de l’emblématique chanteur du rai.

    Il faut dire que Cheb Khaled est un habitué des polémiques. L’on se rappelle très bien de l’entretien qu’il a accordé au magazine marocain Tel Quel en 2009, lorsqu’il a comparé l’expulsion des Marocains d’Algérie au milieu des années 70 à la « déportation des Juifs » par les nazis.

    « Tout petit, j’ai vu un flic entrer chez mon copain et le refouler au Maroc. À Oran, on a tous des amis qui ont été déportés, des gens qu’on a cachés et d’autres qu’on a mariés de force pour qu’ils puissent rester en Algérie. Avec le recul, ces scènes ressemblent à celles de la Seconde Guerre mondiale où des voisins cachaient leurs amis juifs pour leur éviter les camps nazis. À ce point. Ça me fait mal », avait-il notamment lâché.

    Algérie-expat, 06/11/2021

  • Maroc-Algérie : Guterres appelle au dialogue

    Maroc-Algérie : Guterres appelle au dialogue – La MINURSO a révélé que les deux camions algériens attaqués par le Maroc se trouvaient près de Bir Lehlou, dans le territoire contrôlé par le Front Polisario.

    NATIONS UNIES – Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé au dialogue pour faire baisser la tension au milieu des accusations d’Alger contre le Maroc au sujet d’une attaque présumée contre des camionneurs algériens.

    « Le secrétaire général de l’ONU est conscient de la situation (…). Il appelle au dialogue pour faire en sorte que ces tensions s’apaisent », a déclaré Farhat Haq, porte-parole adjoint de Guterres lors d’un briefing quotidien.

    Répondant à une question sur ce sujet, le porte-parole a ajouté que cet appel avait été communiqué par « divers canaux à différents niveaux ».

    Il a également déclaré qu’il fallait attendre le nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, Staffan de Mistura, pour commencer son travail sur le terrain et voir comment il peut contribuer à améliorer la situation.

    L’Algérie a accusé mercredi le Maroc d’avoir bombardé deux véhicules, tuant trois de ses citoyens dans la zone frontalière entre la Mauritanie et le Sahara marocain et a prévenu qu’il « ne resterait pas impuni ».

    L’incident de lundi souligne les risques d’escalade entre les puissants rivaux nord-africains après des mois de détérioration des relations liées au conflit du Sahara.

    Le porte-parole adjoint de Guterres a déclaré vendredi que l’enquête de la MINURSO avait révélé que les deux véhicules se trouvaient à proximité de Bir Lahlou.

    « Nous avons appris l’incident le 2 novembre, c’est-à-dire il y a trois jours. La MINURSO a alors pu envoyer une première patrouille sur le site de l’incident présumé le jour suivant, le 3 novembre. Et nous pouvons maintenant confirmer que le site se trouve dans la partie orientale du Sahara Occidental, près de Bir Lahlou. La Mission a observé deux camions avec des plaques d’immatriculation algériennes stationnés parallèlement l’un à l’autre. Les deux camions avaient subi des dommages importants et avaient été carbonisés », a-t-il dit.

    Questionné sur les raisons pour lesquelles ces camions « ont pénétré dans une zone d’opération militaire ? », M. haq a déclaré ne pas avoir « aucune explication sur la raison pour laquelle les camions sont là où ils sont ». « C’est une question qui est en cours d’examen, mais je viens de vous faire part des premiers résultats », a-t-il ajouté.

  • Maroc – Algérie : Causes des tensions actuelles (DW)

    Maroc – Algérie : Causes des tensions actuelles – Les tensions entre les deux pays voisins d’Afrique du Nord se sont accrues, et la rhétorique de l’Algérie laisse présager un conflit armé. Les analystes doutent toutefois de l’imminence d’une escalade.

    Les tensions entre les deux pays voisins d’Afrique du Nord se sont accrues, et la rhétorique de l’Algérie laisse présager un conflit armé. Les analystes doutent toutefois de l’imminence d’une escalade.

    Les relations entre les ennemis jurés que sont le Maroc et l’Algérie ont atteint un nouveau point bas après la mort de trois camionneurs algériens lundi.

    Jusqu’à présent, le Maroc a nié toute implication dans les attentats à la bombe qui ont eu lieu dans le Sahara occidental sous contrôle marocain, près de la frontière avec la Mauritanie. Le Maroc contrôle 80 % du Sahara occidental. L’Algérie soutient le mouvement indépendantiste Front Polisario.

    Mais le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a déjà averti le Maroc que « leurs tueries ne resteront pas impunies », comme le rapporte l’agence de presse étatique APS.

    « Pour l’instant, il y a encore beaucoup de points d’interrogation sur les origines de l’attaque ; certaines recherches préliminaires suggèrent que l’endroit où elle a eu lieu est considéré comme marocain par Rabat mais sous le contrôle du Polisario par Alger », a déclaré par téléphone à DW Alice Gower, directrice de la géopolitique et de la sécurité au conseiller politique Azure Strategy, basé à Londres.

    Le meurtre des trois conducteurs sur une route désertique est le dernier sommet d’une série de tensions croissantes entre les deux États du Maghreb qui soutiennent des camps opposés dans le conflit sur le territoire du Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole.

    En novembre dernier, le président américain de l’époque, Donald Trump, avait reconnu les revendications du Maroc sur le Sahara occidental, riche en phosphates, en contrepartie de la normalisation des relations diplomatiques de Rabat avec Israël.

    Cet accord s’est fait au grand dam de l’Algérie, qui a fermement soutenu le Front Polisario local avec le groupe sahraoui qui cherche à obtenir l’indépendance de la région.

    Depuis lors, les relations entre l’Algérie et le Maroc n’ont cessé de se dégrader : rappel des ambassadeurs, fermeture des frontières, accusations d’avoir déclenché des incendies de forêt, blocage des espaces aériens et assassinat de trois camionneurs algériens.

    Cette semaine, la situation difficile s’est encore aggravée, l’Algérie ayant mis fin au contrat portant sur un gazoduc qui passe par le Maroc pour livrer du gaz à l’Espagne.

    Une déclaration présidentielle confirme que Tebboune avait donné l’ordre de ne pas renouveler le contrat « à la lumière du comportement hostile du royaume (marocain) qui porte atteinte à l’unité nationale. »

    Le levier de l’Algérie
    Depuis 25 ans, l’Algérie utilise le gazoduc Gaz-Maghreb-Europe (GME) pour livrer du gaz naturel à l’Espagne et au Portugal, via le Maroc.

    Le Maroc, à son tour, a reçu environ 10 % de son approvisionnement en gaz à titre de compensation.

    Cependant, le contrat entre la compagnie énergétique publique algérienne Sonatrach et l’Office national marocain de l’énergie et de l’eau potable (ONEE) a pris fin sans être renouvelé à la fin du mois d’octobre de cette année.

    Alors que l’Algérie a promis de répondre à la demande de l’Espagne en utilisant le gazoduc sous-marin Medgaz, plus petit, car il ne passe pas par le Maroc, cette décision a fait craindre une pénurie de gaz et une flambée des prix de l’énergie en Espagne et dans d’autres pays européens.

    Cependant, pour l’Algérie, l’enjeu est également de taille si elle ne peut répondre à la demande.

    « L’Algérie a évidemment dit qu’elle pouvait remplacer les fournitures à l’Espagne par le gazoduc Medgaz. Il y a des plans d’expansion pour cela, mais ils ne devraient pas être achevés avant la fin de cette année au plus tôt », a déclaré Gower, ajoutant « il n’y a pas de plan de secours. Medgaz était le plan de secours. C’est donc une position assez risquée à prendre. »

    L’effet de levier du Maroc
    La réduction de 10 % de l’approvisionnement énergétique est un revers pour le Maroc également, puisque le pays doit importer environ 95 % de son énergie.

    Des initiatives de panneaux solaires sont déjà en cours, mais le Maroc est loin d’être suffisamment autonome en énergie pour couvrir une telle perte.

    Cependant, l’ONEE du Maroc a rapidement assuré dans un communiqué que « la décision annoncée par les autorités algériennes de ne pas renouveler l’accord sur le gazoduc Maghreb-Europe n’aura actuellement qu’un impact minime sur les performances du système électrique national. »

    Le plus important est cependant que « le roi du Maroc Mohammed VI. peut s’appuyer sur un large consensus social et politique sur le fait que le Sahara occidental doit être marocain et il a peu de critiques à craindre de son propre peuple », a déclaré par téléphone à DW Sonja Hegasy, vice-directrice du Leibniz-Zentrum Moderner Orient (Centre Leibniz pour l’Orient Moderne, ZMO), basé à Berlin.

    En outre, le Maroc a tenu à rétablir ses liens avec plusieurs pays européens, dont l’Allemagne, après plusieurs incidents survenus l’année dernière.

    « Le Maroc est dans une position difficile où il doit réparer ses relations avec l’UE en ce moment, et en particulier maintenant, il veut achever ce processus afin de pouvoir concentrer ses efforts diplomatiques sur la situation avec l’Algérie. Il n’a pas la capacité de gérer les deux en même temps », a déclaré Gower.

    Conflit armé en vue ?
    Alors que Tebboune a déclaré sans ambages que son pays entrerait en guerre contre le Maroc, les deux experts estiment qu’il y a en fait peu de raisons de craindre un conflit armé pour le moment.

    « Il est possible que des efforts soient déployés pour susciter un soutien au niveau national et pour tenter de créer un ennemi, ce qui redonnerait du pouvoir à l’élite algérienne et au régime. Mais en l’absence de preuves solides, je pense qu’il leur serait difficile de lancer une attaque militaire en réponse », a déclaré Mme Gower.

    Elle estime qu’aucun des deux camps ne peut se permettre de pousser l’enveloppe trop loin.

    Ce point de vue est partagé par Sonja Hegasy qui est convaincue que « les deux pays n’ont aucun intérêt à mener une guerre sur ce conflit, donc le scénario le plus réaliste est que les relations bilatérales vont continuer à stagner. »

    Deutsche Welle, 05/11/2021


  • Maroc: Un calme tendu attend la réponse algérienne

    Maroc: Un calme tendu attend la réponse algérienne – Aucun pays ne veut entrer dans cette guerre. C’est l’objectif des (autres) forces étrangères qui veulent déstabiliser la région

    Alger, 4 novembre (EFE) – Un calme de guerre tendu enveloppe l’Afrique du Nord dans l’attente de la réponse « punitive » de l’Algérie qu’elle a promise à une attaque présumée de drone marocain contre un convoi de camions sur une route du Sahara, dans laquelle trois civils algériens ont été tués.

    Dans des déclarations à Efe, Akram Kharief, directeur du site spécialisé Menadefense, le premier à avoir rapporté l’incident enregistré lundi alors que l’Algérie commémorait le 67e anniversaire du début de la guerre d’indépendance contre la France, a expliqué aujourd’hui que « les chauffeurs de camion algériens ont été tués entre les villes d’Ain Bentili et de Bir Lahlou, territoire (sahraoui) libéré, une zone totalement isolée » utilisée pour le commerce de marchandises entre l’Algérie et la Mauritanie.

    Cette information a été confirmée par la présidence algérienne mercredi, après 48 heures de rumeurs, dans un communiqué dans lequel elle a accusé le Maroc et promis des « représailles », mais sans fournir de détails tels que le lieu exact de l’attaque, l’arme utilisée ou les raisons de considérer qu’il s’agit d’un acte hostile prémédité par l’armée marocaine, qui occupe illégalement l’ancienne colonie espagnole depuis 1975.

    Les détails fournis par Menadefense, un site web qui affirme que les camions ont été brûlés par un tir de précision télécommandé, effectué en plein jour par un Bayraktar TB2 de fabrication turque ou un drone de classe Hermès 450 de fabrication israélienne, qui avait décollé quelques minutes plus tôt d’une base aérienne dans la ville de Smara, dans les territoires occupés par le Maroc.

    Dans son communiqué, la présidence algérienne s’est contentée d’affirmer que « plusieurs facteurs indiquent que les forces d’occupation marocaines au Sahara occidental ont commis un lâche assassinat avec des armes sophistiquées dans cette nouvelle manifestation d’agressivité brutale caractéristique d’une politique bien connue d’expansion territoriale et de terrorisme ».

    « Il n’a pas été établi que l’attaque était particulièrement dirigée contre les Algériens. Il est certain que des drones ont été utilisés, ne laissant aucune place au doute. Il n’y a pas non plus de doute que les Marocains visaient des civils, ils savaient qu’ils allaient bombarder des civils. Je ne sais pas s’ils étaient conscients du fait qu’il s’agissait d’Algériens ou non, mais en tout cas, leur action était dirigée contre des civils », ce qui serait un acte de terrorisme, a déclaré Kharif.

    Le Conseil de sécurité algérien devrait se réunir dans les prochaines heures et recommandera au président le type de réponse à apporter.

    REPRÉSAILLES ATTENDUES

    La présidence a également promis que le meurtre des trois citoyens – identifiés comme étant les camionneurs Hamida Boumediane, Ahmed Belkhir Chtam et Brahim Larbaoui – « ne restera pas impuni », une promesse qui ouvre plusieurs scénarios possibles.

    En ce sens, le journaliste et expert en affaires de sécurité a exclu une réponse militaire directe similaire, mais il existe plusieurs hypothèses selon lesquelles l’armée algérienne pourrait renforcer sa présence aux frontières.

    « Il y a plusieurs options de réponse : la seule certitude est que l’armée algérienne ne bombardera pas les civils marocains, une option totalement exclue. D’autres possibilités sont des déploiements aériens, un renforcement des forces à la frontière et un renforcement de la sécurité militaire qui se trouve dans la zone du côté sahraoui », a déclaré Kharif, avant d’insister sur le fait qu’ »aucun des deux ne veut aller à la guerre ».

    « Jusqu’à présent, il y a une escalade diplomatique et politique et beaucoup de tension militaire, mais je pense que l’attitude algérienne ne prédit pas qu’il y aura une accélération dans cette (dernière) direction. Il est vrai qu’aucun des deux pays ne veut entrer en guerre ou du moins être le premier à la déclencher. La tension militaire restera, mais la volonté des deux pays d’entrer en guerre n’existe pas », a-t-il ajouté.

    Une source de sécurité qui a préféré garder l’anonymat a déclaré à Efe que l’armée algérienne, considérée comme l’une des plus puissantes de la région, « ne consacrera pas son temps ni ses armes puissantes à faire la guerre » et a prédit que la partie marocaine ne le fera pas non plus car « elle sait qu’elle serait perdante ».

    « Aucun pays ne veut entrer dans cette guerre. C’est l’objectif des (autres) forces étrangères qui veulent déstabiliser la région », a-t-il averti. EFE

    Nacera Ouabou

    Swissinfo, 04/11/2021

  • Le conflit maroco-algérien déchire les familles frontalières

    Le conflit maroco-algérien déchire les familles frontalières – Les familles séparées se contentent de se retrouver au poste frontière de Bin Lajraf, à l’extrême nord-est du Maroc.

    Bouarfa, Maroc, 3 novembre (EFE) – Une mère fond en larmes en voyant sa fille la saluer de loin, séparée par la frontière maroco-algérienne, fermée depuis des décennies en raison des tensions entre les pays d’Afrique du Nord.

    Elles font partie des milliers de familles séparées par cette frontière terrestre de 1500 kilomètres, fermée depuis 1994 en raison de tensions bilatérales qui se sont récemment aggravées.

    Latifa, une Algéro-Marocaine de 58 ans, n’a pas pu quitter l’Algérie, où elle vit avec son mari et ses trois enfants depuis 30 ans, pour assister aux funérailles de sa mère au Maroc.

    « Rien ne peut guérir cette blessure de ne pas pouvoir voir ma mère », confie à Efe, trois ans après, une Latifa émue.

    « C’est injuste, je suis proche de mes frères et de mes oncles mais je vis séparément, je ne peux pas aller aux mariages ou aux enterrements, je n’ai que WhatsApp », ajoute-t-elle.

    La dernière fois que Latifa a pu voir sa famille, c’était il y a quatre ans, lorsqu’elle a emprunté de l’argent pour entreprendre un long et coûteux voyage afin de contourner les restrictions de voyage.

    D’autres n’ont pas eu cette chance, notamment Lakhdar, 66 ans, qui n’a pas vu ses sœurs depuis des décennies.

    « Mes parents étaient des Marocains qui ont été expulsés en masse par l’Algérie en 1975, mais mes sœurs sont restées là-bas parce qu’elles étaient mariées à des Algériens », dit-il.

    « Au début, elles traversaient pour nous rendre visite, mais depuis la fermeture de la frontière terrestre en 1994, je ne les ai jamais revues », a-t-il ajouté.

    Les tensions se sont ravivées en août lorsqu’Alger a rompu ses liens diplomatiques avec Rabat et a fermé son espace aérien aux avions marocains, seule possibilité pour les familles vivant de part et d’autre de la frontière de se rendre visite.

    Mohamed, un Marocain de 66 ans, explique à Efe que pour voir ses neveux algériens, qui vivent à environ 180 kilomètres de chez lui, il a dû « parcourir tout le Maroc et l’Algérie » en avion et en bus.

    La fermeture de l’espace aérien algérien aux avions marocains oblige désormais les familles qui souhaitent se rendre visite à faire escale en France ou en Espagne, ce qui alourdit un voyage déjà coûteux.

    Face à ces complications, de nombreuses personnes se tournent vers les passeurs marocains et algériens, mais cette option est devenue de plus en plus dangereuse en raison de l’opération militaire marocaine au Sahara occidental, ont déclaré plusieurs membres de familles à Efe.

    En attendant des jours meilleurs, les familles séparées se contentent de se retrouver au poste frontière de Bin Lajraf, à l’extrême nord-est du Maroc.

    Il s’agit d’une montagne coupée en deux avec une route sur chaque versant. L’une des routes est marocaine et l’autre est algérienne.

    Au fond de la gorge, une clôture métallique sépare les deux pays.

    Là, les familles qui n’ont pas les moyens de se payer un billet d’avion ou qui n’osent pas se lancer dans un voyage clandestin peuvent être momentanément réunies, bien qu’elles soient séparées par 100 mètres. EFE

    Prensa Latina, 03/11/2021

  • Maroc-Algérie. La fermeture du GME dans la presse anglophone

    Maroc-Algérie. La fermeture du GME dans la presse anglophone – Cette décision n’aurait pas d’impact significatif, a indiqué l’ONEE dans un communiqué dimanche soir.

    L’Algérie va cesser ses exportations de gaz vers l’Espagne via le Maroc

    L’Algérie est le principal fournisseur de gaz de l’Espagne, dont elle couvre près de la moitié de la demande de gaz par le biais du gazoduc Maghreb-Europe.

    Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a ordonné à l’entreprise publique d’énergie Sonatrach d’arrêter les exportations de gaz vers l’Espagne via un gazoduc qui traverse le Maroc, en raison des tensions avec Rabat.

    L’Algérie, premier exportateur de gaz naturel d’Afrique, utilise depuis 1996 le gazoduc Gaz-Maghreb-Europe (GME) pour livrer plusieurs milliards de mètres cubes (mmc) par an à l’Espagne et au Portugal.

    Mais le contrat GME doit expirer dimanche à minuit, un peu plus de deux mois après qu’Alger a rompu ses relations diplomatiques avec Rabat en raison d’ »actions hostiles » – des accusations que le Maroc a rejetées.

    « Aucun impact significatif »

    Tebboune a « ordonné la cessation des relations commerciales entre Sonatrach et l’Office national marocain de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), ainsi que le non-renouvellement du contrat, qui expire dimanche à minuit », indique un communiqué de la présidence.

    Cette décision n’aurait pas d’impact significatif, a indiqué l’ONEE dans un communiqué dimanche soir.

    « En prévision de cette décision, les mesures nécessaires ont été prises pour assurer la continuité de l’approvisionnement en électricité du pays », a-t-il ajouté.

    Tebboune a pris cette décision après avoir consulté le Premier ministre et les ministres de l’énergie et des affaires étrangères « à la lumière du comportement hostile du royaume (marocain) qui porte atteinte à l’unité nationale », a-t-il précisé.

    Un gazoduc sous-marin exclusif

    Des responsables algériens et espagnols ont déclaré mercredi qu’Alger livrerait désormais son gaz naturel à l’Espagne exclusivement par un gazoduc sous-marin afin d’éviter le Maroc.

    Mais les experts ont déclaré que la ligne sous-marine alternative, connue sous le nom de Medgaz, a une capacité inférieure à celle du GME, alors que l’Espagne s’inquiète de plus en plus de la pénurie de gaz et de la flambée des prix de l’énergie en Europe.

    La ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, s’est voulue rassurante lors d’une réunion à Alger en début de semaine, parlant des « dispositions prises pour continuer à assurer, de la meilleure façon, les livraisons de gaz par Medgaz selon un calendrier bien déterminé ».

    Medgaz peut transporter huit milliards de m3 par an, et des travaux sont prévus pour augmenter sa capacité et atteindre 10,5 milliards de m3.

    L’Algérie a également proposé d’augmenter les livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) par voie maritime.

    L’expert en géopolitique du Maghreb Geoff Porter a déclaré à l’AFP que l’option du transport maritime n’avait pas de sens sur le plan financier.

    L’Algérie et le Maroc ont connu des mois de tensions, en partie à cause de la normalisation par le Maroc de ses liens avec Israël en échange de la reconnaissance par Washington de la souveraineté de Rabat sur le Sahara occidental contesté.

    Rabat a rejeté les accusations d’actes hostiles lancées par l’Algérie contre son voisin.

    TRT World, 01/11/2021

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    Le Maroc estime que la décision de l’Algérie de mettre fin à son approvisionnement en gaz a « peu d’impact ».

    RABAT – Le Maroc a déclaré dimanche que la décision de l’Algérie de ne pas renouveler un contrat d’approvisionnement en gaz avec le Maroc a « peu d’impact » sur le système national d’électricité, a tweeté la télévision publique 2M, citant un communiqué de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable.

    L’office a également ajouté que les dispositions nécessaires ont été prises pour assurer la continuité de l’approvisionnement en électricité et que d’autres options sont à l’étude pour des alternatives durables à moyen et long terme, a rapporté 2M TV.

    L’Algérie, qui a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc, cessera de fournir du gaz naturel à ce pays par le biais du gazoduc Maghreb-Europe à partir du 1er novembre, ont déclaré à Reuters trois sources ayant une connaissance directe de la question en début de semaine.

    Le gazoduc Maghreb-Europe, d’une capacité de 13,5 milliards de mètres cubes (mmc), relie l’Algérie à l’Espagne. L’Algérie continuera à approvisionner l’Espagne en utilisant le gazoduc sous-marin Medgaz, d’une capacité annuelle de 8 milliards de m3, qui ne passe pas par le Maroc, ont précisé les sources.

    Selon les analystes, les problèmes techniques liés aux projets de l’Algérie d’augmenter la capacité du gazoduc Medgaz pourraient aggraver la crise énergétique en Espagne à un moment où les factures de gaz s’envolent en Europe.

    L’Algérie utilisera des navires pour transporter le gaz naturel liquéfié (GNL) vers l’Espagne.

    Selon les analystes, cela signifierait que Sonatrach devrait affréter davantage de navires, ce qui entraînerait une nouvelle hausse des prix du GNL, les tarifs de transport ayant plus que doublé depuis le début du mois.

    Les prix du GNL se sont envolés ces derniers mois en raison des pénuries structurelles en Europe et des prévisions d’un hiver froid et d’une forte demande.

    Middle East Online, 31/10/2021

    L’Algérie arrête ses exportations de gaz vers l’Espagne via le Maroc

    Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a décidé dimanche d’arrêter les exportations de gaz naturel vers l’Espagne via le Maroc, a rapporté l’agence de presse officielle APS.

    La présidence a annoncé dans un communiqué que Tebboune a ordonné à la compagnie énergétique publique Sonatrach de cesser toute relation commerciale avec le Maroc et de ne pas renouveler le contrat de gazoduc avec le Maroc, qui prend fin à minuit le 31 octobre 2021.

    Le communiqué souligne que le président a pris cette décision en raison des pratiques « hostiles » du Maroc à l’égard de l’Algérie qui affectent l’unité nationale.

    L’Algérie a utilisé le gazoduc Gaz-Maghreb-Europe (GME) via le Maroc pour transférer du gaz naturel vers l’Espagne.

    Le ministre algérien de l’énergie et des mines, Mohamed Arkab, a affirmé le 11 octobre que son pays restera « le fournisseur de gaz fidèle et garanti » de l’Europe.

    Il a indiqué que le gazoduc Medgaz, qui relie l’Algérie et l’Espagne par la mer, garantit un approvisionnement annuel de 8 milliards de mètres cubes de gaz, notant que la capacité du gazoduc doit être portée à 10,6 milliards de mètres cubes d’ici décembre.

    L’Algérie, qui produit 1,2 million de barils de pétrole par jour et 130 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an, est le premier exportateur de gaz naturel d’Afrique. Elle utilise des gazoducs et des navires-citernes pour fournir du gaz naturel aux pays européens.

    L’Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en août, invoquant ce qu’elle a décrit comme les politiques « hostiles » de ce dernier.

    Le Maroc a ensuite regretté la décision « totalement injustifiée » de l’Algérie de rompre les liens diplomatiques entre les deux pays.

    Xinhua

    CGTN Africa, 01/11/2021

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    L’Algérie va interrompre ses exportations de gaz vers l’Espagne via le Maroc

    Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a ordonné dimanche à la société publique d’énergie Sonatrach d’interrompre les exportations de gaz vers l’Espagne via un gazoduc traversant le Maroc, en raison de tensions avec Rabat.

    L’Algérie, premier exportateur de gaz naturel d’Afrique, utilise depuis 1996 le gazoduc Gaz-Maghreb-Europe (GME) pour livrer plusieurs milliards de mètres cubes (mmc) par an à l’Espagne et au Portugal.

    Mais le contrat GME doit expirer dimanche à minuit, un peu plus de deux mois après qu’Alger a rompu ses relations diplomatiques avec Rabat en raison d’ »actions hostiles » – des accusations que le Maroc a rejetées.

    Tebboune a « ordonné la cessation des relations commerciales entre Sonatrach et l’Office national marocain de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), ainsi que le non-renouvellement du contrat, qui expire dimanche à minuit », selon un communiqué de la présidence.

    Cette décision n’aurait pas d’impact significatif, a indiqué l’ONEE dans un communiqué dimanche soir.

    « En prévision de cette décision, les mesures nécessaires ont été prises pour assurer la continuité de l’approvisionnement en électricité du pays », a-t-il ajouté.

    Tebboune a pris cette décision après avoir consulté le Premier ministre et les ministres de l’énergie et des affaires étrangères « à la lumière du comportement hostile du royaume (marocain) qui porte atteinte à l’unité nationale », a-t-il ajouté.

    Des responsables algériens et espagnols ont déclaré mercredi qu’Alger livrerait désormais son gaz naturel à l’Espagne exclusivement par un gazoduc sous-marin afin d’éviter le Maroc.

    Mais les experts ont déclaré que la ligne sous-marine alternative, connue sous le nom de Medgaz, a une capacité inférieure à celle du GME, alors que l’Espagne est de plus en plus préoccupée par les pénuries de gaz et la flambée des prix de l’énergie en Europe.

    La ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, s’est voulue rassurante lors d’une réunion à Alger en début de semaine, parlant des « dispositions prises pour continuer à assurer, de la meilleure façon, les livraisons de gaz par Medgaz selon un calendrier bien déterminé ».

    Medgaz peut transporter huit milliards de m3 par an, et des travaux sont prévus pour augmenter sa capacité et atteindre 10,5 milliards de m3.

    L’Algérie a également proposé d’augmenter les livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) par voie maritime.

    L’expert en géopolitique du Maghreb Geoff Porter a déclaré à l’AFP que l’option du transport maritime n’avait pas de sens sur le plan financier.

    L’Algérie et le Maroc ont connu des mois de tensions, en partie à cause de la normalisation par le Maroc de ses liens avec Israël en échange de la reconnaissance par Washington de la souveraineté de Rabat sur le Sahara occidental contesté.

    Rabat a rejeté les accusations d’actes hostiles lancées par l’Algérie contre son voisin.

    AFP

    Macao Business, 01/11/2021

  • L’érosion des côtes du Maghreb

    L’érosion des côtes du Maghreb – Au Maghreb, la santé du littoral et des plages joue un rôle important pour assurer un revenu aux populations

    Les zones côtières du Maghreb revêtent une importance capitale non seulement pour la préservation de la biodiversité — le bassin méditerranéen fait partie des 25 principales zones critiques de biodiversité au monde (a) —, mais aussi pour le développement de l’économie bleue, synonyme de production de richesses, de création d’emplois et de source de revenus. La majorité de la population maghrébine vit sur le littoral ou à proximité, et de nombreux habitants sont tributaires des zones côtières qui pourvoient à leur subsistance. En Tunisie (a), par exemple, le tourisme et les activités en lien avec ce secteur, qui fournissent un emploi à quelque deux millions de personnes, ont contribué à 14,2 % du PIB en 2018 ; au Maroc (a), cette part ressortait à environ 18,6 % du PIB en 2017, assurant 16,4 % des emplois. L’intégrité des zones côtières et maritimes influe également de manière directe ou indirecte sur d’autres secteurs, comme la pêche. Les emplois de l’économie bleue (pêche, tourisme…) sont particulièrement importants pour les ménages à faible revenu ; leur disparition ferait basculer de nombreux pêcheurs et employés du tourisme dans la pauvreté, une situation comparable aux perturbations que la pandémie de COVID-19 a engendrées. Le recul des plages saperait les nombreuses sources de revenus de l’économie bleue ; ce processus lent, déjà enclenché, a fait (à moitié) disparaître des plages et devrait s’accélérer avec les changements climatiques.

    L’érosion du littoral au Maghreb : des preuves tangibles

    L’érosion du littoral constitue une grave menace pour les moyens de subsistance des populations côtières. Dans un rapport récent, notre équipe a mené une évaluation des modifications du paysage côtier, en termes de superficies perdues et gagnées. Elle a constaté qu’entre 1984 et 2016, l’érosion des plages du Maghreb a atteint un rythme moyen de 15 centimètres (cm) par an, soit plus du double de la moyenne mondiale (7 cm) ; seules les côtes d’Asie du Sud reculent à un rythme plus élevé (voir figure 1). La Tunisie subit le taux d’érosion le plus important, avec un retrait annuel de près de 70 cm en moyenne, suivie de la Libye (28 cm). Au Maroc, le littoral sablonneux disparaît au rythme moyen de 12 cm par an sur la façade atlantique et de 14 cm sur la côte méditerranéenne (près de deux fois plus que la moyenne mondiale). Face à l’élévation du niveau de la mer et à la fréquence accrue des phénomènes météorologiques extrêmes, ces phénomènes d’érosion vont s’exacerber à terme (a). En l’absence de mesures d’adaptation, les populations littorales et leurs moyens de subsistance risquent d’être durement frappés par l’intensification de l’érosion, les risques d’inondation et la pollution côtière.

    Figure 1 : Le Maghreb est la deuxième région du monde où l’érosion du littoral est la plus rapide

    Érosion côtière nette par région, taux moyen de 1984 à 2016

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    Note : Les colonnes en orange correspondent aux différents groupes de pays au sein de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord.

    Source : D’après Luijendijk et al., 2018.

    Quelles sont les causes de l’érosion côtière ?

    Le littoral évolue constamment : certaines zones peuvent gagner du terrain (aggradation) et d’autres en perdre (érosion). Les activités humaines telles que l’extraction de sable, le développement d’infrastructures côtières ou la construction de barrages sur les fleuves à l’intérieur des terres peuvent modifier considérablement ces mécanismes naturels, et ce, à des degrés divers (voir figure 2). En Afrique du Nord, les pressions anthropiques constituent les principaux facteurs (a) d’érosion côtière.

    Figure 2 : Les activités humaines influent sur l’érosion du littoral, tout comme la menace imminente des changements climatiques

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    Source : Giardino et al., 2018.

    L’érosion côtière n’est pas un processus homogène sur le littoral. Notre équipe s’est associée au Centre national d’océanographie (NOC) (a) au Royaume-Uni et à l’Agence spatiale européenne (ESA) (a) pour comprendre en détail ce phénomène. Grâce à cette coopération, nous avons pu obtenir un jeu de données maillées très précis, capable de détecter les « points chauds » de l’érosion côtière. La figure 3 ci-dessous montre les résultats de cette analyse pour le littoral méditerranéen marocain : certaines zones se sont érodées en un faible laps de temps (le trait de côte reculant de quelques mètres par an), d’autres n’ont pas beaucoup changé et d’autres endroits montrent un littoral en progression.

    Figure 3 : Évolution du littoral méditerranéen du Maroc

    Points chauds de l’érosion côtière

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    La plage d’Hammamet, au sud de Tunis, offre un exemple éloquent (voir figure 4). En l’espace de 13 ans (2006 à 2019), plus de la moitié de la plage a disparu.
    Figure 4 : Érosion côtière sur la plage d’Hammamet en Tunisie

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    Note : En orange, la plage en 2019 ; en vert clair, sa superficie en 2006.

    L’érosion du littoral au Maghreb : un coût économique et social

    Notre équipe a également évalué les répercussions économiques de l’érosion côtière au Maghreb. Il en ressort que les coûts annuels liés aux pertes de terres et d’infrastructures représentent environ 2,8 % du PIB en Tunisie, 0,7 % en Libye, 0,4 % au Maroc et 0,2 % en Algérie. L’écart important des coûts liés à la destruction des biens s’explique par de nombreux facteurs, comme le taux d’érosion, le degré d’urbanisation et le prix du foncier. Ces coûts sont en outre minorés dans la mesure où ils n’intègrent pas des valeurs comme le manque à gagner dans le tourisme. Or, le rétrécissement des plages pourrait largement peser sur l’économie bleue des pays de la région où le tourisme occupe une place centrale. Les chiffres pour les pays d’Afrique de l’Ouest (a) laissent entendre que chaque année, la part de ces coûts indirects pourrait représenter jusqu’à 45 % des coûts directs.

    Celles et ceux qui vivent de l’économie bleue, dans le secteur de la pêche et du tourisme notamment, sont en majorité employés de manière informelle : ils ne disposent d’aucun filet de sécurité sociale et sont particulièrement exposés aux pertes de revenus dues à l’érosion côtière. Au Maroc, par exemple, les quelque 700 000 personnes employées dans la pêche et la transformation du poisson travaillent souvent dans le secteur informel. L’informalité est moins répandue dans le tourisme, mais malgré tout bien présente. En Tunisie, la contribution du secteur informel à l’économie atteint 30 à 40 % du PIB (a), une grande partie des actifs, surtout les jeunes, étant employée dans le secteur du tourisme. L’érosion côtière ronge lentement, mais sûrement, une part importante de leur travail et les fragilise toujours plus.

    Des politiques pour contrer l’érosion côtière

    Dans les pays du Maghreb, l’adoption d’une trajectoire de développement vert, résilient et inclusif passe par une gestion durable des côtes. Et si certains facteurs d’érosion côtière, comme ceux provoqués par le changement climatique, échappent au contrôle immédiat des pays, ces derniers peuvent toutefois agir sur plusieurs fronts. Il s’agit avant tout de lutter contre l’érosion côtière et de piloter le développement du littoral, en se fondant sur une vision globale des changements dans le paysage côtier et des différents acteurs concernés par ces aménagements. Ce défi nécessite la mise en œuvre de programmes globaux de gestion intégrée des zones côtières (GIZC), comme le tout récent schéma régional du littoral dans la région de Rabat-Salé-Kénitra (nord du Maroc), déployé avec le soutien de la Banque mondiale et de l’Italie. Ces dispositifs peuvent s’accompagner d’incitations fiscales. C’est le cas en France, où les recettes d’une taxe sur les travaux de construction côtière sont redistribuées aux autorités locales, afin d’appuyer les politiques foncières qui contribuent à la conservation des zones côtières.

    Dans le cadre des programmes de GIZC, certaines mesures d’ingénierie concrètes peuvent également lutter contre l’érosion côtière. L’accent devrait être mis sur les solutions fondées sur la nature, pour une plus grande résilience des actifs côtiers, tout en revitalisant les écosystèmes essentiels : stabilisation des dunes par la végétation, plantation d’herbiers marins ou encore réhabilitation des récifs coralliens. Les mesures dites « douces », comme le rechargement des plages ou l’installation de brise-vent qui favorisent l’ensablement, sont également des options viables. La Tunisie a adopté plusieurs mesures douces pour lutter contre l’érosion côtière, avec notamment l’érection de plus de quatre kilomètres de palissades en pin (a) pour stabiliser les dunes. Les initiatives de stabilisation et de rechargement des plages doivent toutefois se doubler de mesures d’interdiction effectives de l’extraction illégale de sable. De même, la suppression ou la rénovation des barrages favorisent le transport des sédiments, permettant ainsi de réduire l’érosion côtière (a) en aval.

    L’érosion côtière grève considérablement le développement de l’économie bleue du Maghreb. Les coûts sont appelés à augmenter, exacerbés par l’élévation du niveau de la mer et des événements climatiques extrêmes. À l’avenir, les États du Maghreb devraient renforcer leur préparation à la lutte contre les effets néfastes de l’érosion côtière. Cela passe par l’adoption et la poursuite de programmes de gestion intégrée des zones côtières, ainsi que par la promotion de solutions de protection naturelles. Le rapport Blue Skies, Blue Seas à paraître formulera des recommandations sur la manière d’aborder le recul des côtes maritimes dans un contexte régional plus large.

    La Banque Mondiale, 29/10/021