Catégorie : Maghreb

  • La beurette : un fantasme made in France

    La beurette : un fantasme made in France

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    En 2014, un site pornographique rend un rapport annuel faisant part des tags les plus recherchés par les internautes en fonction des pays. Résultat, la France est le seul pays dont le tag le plus recherché fait référence à un critère ethnique : « beurette ». En 2016, le compte rendu est le même, « beurette » est toujours n°1 des recherches.

    Ce fantasme de la beurette est très empreint d’orientalisme et de colonialisme. En effet, on retrouve son origine dans la colonisation française du Maghreb, et dans la conception que l’Occident a pu avoir —voire a encore— de ce qu’ils considèrent comme étant l’« Orient ».

    Des origines du fantasme

    Pendant la colonisation, et notamment à cause du concept qu’ont les français de l’Orient (cf. l’Orientalisme comme l’a été expliqué par Edward Said), ces-derniers se chargent d’une mission civilisatrice pris comme prétexte pour imposer leur souveraineté. Ils s’attaquent donc aux femmes, celles-ci étant perçues comme un moyen d’inférioriser un peuple et d’établir la domination. Ainsi, des affiches de propagande destinées aux femmes algériennes commencèrent à circuler, les sommant de se dévoiler.

    Frantz Fanon pose un regard très concret en dénonçant la frustration colonialiste que les français pouvaient avoir face au voile intégral traditionnel algérien, à savoir le hayek, dans son essai « La Bataille du Voile ».

    On peut, outre cela, citer comme exemple les portraits du photographe Marc Garanger pris en 1960. Le photographe a été commandé d’aller photographier des femmes dévoilées de force en Kabylie, prétextant des photos d’identité. (Par respect, je ne posterai pas ces photos, mais pour les avoir vues, on peut très bien remarquer l’humiliation que ces femmes ont subi, et la haine qui se dégage de leur regard, seule arme contre l’énième injustice dont elles faisaient l’objet).

    Cette frustration française des femmes maghrébines « qui pouvaient les voir, mais qu’eux ne pouvaient pas voir », a très vite suscité un fantasme, une obsession. Celui d’accéder à l’inaccessible. Mais aussi celui de la femme maghrébine qu’on veut délivrer de ce voile, de cette culture, de cette religion, vus comme des chaînes l’emprisonnant et la soumettant. Le fantasme de la beurette.

    Ce fantasme orientaliste, cette sexualisation de la maghrébine démarre très tôt, c’est-à-dire dès la colonisation. Citons l’exemple des maisons closes en Algérie, catégorisées par critère ethnique : la kabyle claire, la mauresque plus foncée, etc. (cf. La prostitution coloniale de Christelle Taraud et Les chambres closes de Germaine Aziz). Cette sexualisation demeure encore aujourd’hui. On se rappelera d’une certaine personnalité évoquant la femme « arabe » (en référence à la femme maghrébine) en faisant un méli-mélo de toutes les cultures vues comme « orientales » : une femme basanée, aux longs cheveux bouclés parfumés au jasmin, et rappelant la princesse des contes des Mille et Une Nuits.

    Non seulement cet orientalisme est déshumanisant pour les femmes (qu’elles soient maghrébines, arabes, perses, indiennes ou autre), mais il homogénéise des cultures et des ethnies qui n’ont rien à voir pour le simple plaisir des Occidentaux et pour satisfaire leurs conception imaginaire et fantaisiste de «l’Orient». On peut également évoquer la manière dont les occidentaux ont travesti et sexualisé le harem comme un lieu de désir, de prostitution voire de perversion sexuelle, alors que ce n’était.. Qu’un lieu de vie réservé aux femmes.

    En outre, ce fantasme se développe énormément en France dans les années 80, années où l’immigration maghrébine est en hausse.

    La maghrébine dans le cinéma français d’aujourd’hui

    Le fantasme de la beurette s’est ainsi développé dans les mentalités, et dans le cinéma français. Notons la place des maghrébines dans ce dernier. Souvent, le schéma est le même : une maghrébine de cité, victime de sa culture et de sa religion, dont le seul souhait est de fuir son quartier pour échapper à une figure paternelle qui la tyrannise et l’empêche de se libérer et s’épanouir. Rajoutez un jeune homme dont elle tombe amoureuse —blanc bien évident— qui aura le rôle du sauveur et l’aidera dans sa quête de libération et de civilisation. Au demeurant, cette libération se fait très souvent sexuellement, et sera accompagné d’un rejet total de la vision de sexualité et de chasteté dans la culture maghrébine (imprégnée de l’Islam) par la protagoniste, voire ouvertement tournée au ridicule (cf. Des Poupées et des Anges, scène où la jeune fille, après avoir couché, se moque de l’importance de la chasteté qui lui a été inculquée).

    C’est en quelque sorte l’infantilisation de la femme maghrébine corroborée par un paternalisme de la part de l’Occident. Schéma très colonialiste n’est-ce pas ? À croire que la libération de la femme maghrébine doit necéssairement se faire sur le plan sexuel, ou par le biais du libertinage.

    Ne viendrait-il pas à l’esprit de certains que les jeunes femmes maghrébines puissent être attachées à leur religion et leur culture de manière rationnelle, et non pas du fait d’une pression patriarcale qui serait exercées sur elles ? Que nous avons un cerveau pour réfléchir ? Nos choix n’ont pas à convenir à vos fantasmes pseudo-libérateurs.

    Le plus dramatique aujourd’hui reste la reprise et l’internalisation par les maghrébins eux-mêmes de ces idées, notamment par la jeunesse, mais plus inquiétant encore la reprise dans le cinéma par des réalisateurs maghrébins du schéma que nous avons présenté plus haut : Des poupées et des anges, Aïcha, Divines… Je consacrerai sûrement un article à part entière sur cette question, donc je ne développe pas plus.

    H.B

    Nord Africaines le blog, 17/07/2017

  • Israël flirte avec le Maghreb

    Israël flirte avec le Maghreb

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    Après l’obtention d’un siège à l’union Africaine et divers traités avec la monarchie alaouite au Maghreb, voici que les responsables de l’espionnage israélien cherchent à soutenir un candidat à la présidentielle libyenne.

    Des responsables du renseignement israélien ont rencontré en privé ce mois-ci le fils du plus haut chef de guerre libyen pour discuter de sa candidature à la présidence de 2021, signe qu’Israël soutient sa candidature, a déclaré une source proche de la réunion au Washington Free Beacon.

    Saddam Haftar recherche discrètement le soutien de l’Occident pour sa campagne, qui devrait l’opposer à Saif al-Islam Kadhafi, le fils de l’ancien homme fort Mouammar Kadhafi. Haftar est considéré comme un mandataire de son père Khalifa Haftar, un double citoyen américano-libyen et commandant de l’armée nationale libyenne.

    Une victoire de Haftar pourrait conduire à des relations plus étroites entre Israël et la Libye, qui ne reconnaît pas l’Etat juif. L’année dernière, le Maroc, le Soudan, Bahreïn et les Émirats arabes unis ont tous accepté de normaliser leurs relations avec Israël.

    Lors de la rencontre avec des responsables du renseignement israélien, qui a eu lieu au début du mois, le jeune Haftar a discuté de « la situation dans la région » et de « son aspiration à la stabilité de son pays », ainsi que de son soutien déclaré à « la démocratie dans son pays, l’ordre public”, selon la source proche de la rencontre. « Les Israéliens le soutiennent.

    L’ambassade d’Israël n’a pas répondu à une demande de commentaire. On pense depuis longtemps que les agences de renseignement israéliennes soutiennent le père de Haftar, mais le gouvernement israélien ne l’a pas déclaré publiquement.

    Les élections générales libyennes sont prévues pour le 24 décembre 2021, les premières depuis 2014. Les tentatives de programmation des élections en 2018 et 2019 ont été retardées en raison de la guerre civile dans le pays. Plus tôt ce mois-ci, le parlement libyen a confirmé un gouvernement intérimaire avec un Premier ministre temporaire et un conseil présidentiel.

    Des sources du renseignement israélien s’attendent à ce que l’élection soit une bataille entre Haftar et Saif Al-Islam Kadhafi, selon un rapport d’Israël Hayom. La candidature de Kadhafi serait soutenue par l’administration de Vladimir Poutine, qui aurait rencontré le candidat à Moscou en septembre, selon le journal italien Corriere della Sera. Kadhafi, qui a servi comme « Premier ministre de facto » à la fin du régime de son père, est en cavale de la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité.

    Un porte-parole du département d’État a déclaré que les États-Unis ne prenaient pas position sur les candidats libyens potentiels, mais a ajouté que Kadhafi restait toujours sur la liste des sanctions américaines.

    “Bien que nous ne prenons aucune position sur les candidats, nous voudrions noter que Saif al-Islam Kadhafi est désigné sous les sanctions de l’ONU et des États-Unis, et reste également soumis à un mandat d’arrêt en suspens émis par la Cour pénale internationale”, a déclaré le porte-parole.

    Haftar, capitaine de l’armée nationale libyenne, affirme avoir une vision laïque et pro-démocratique de la Libye, dans la lignée de son père. Mais il s’est également attiré les critiques des Nations Unies et d’activistes libyens pour avoir dirigé un bataillon qui aurait fait une descente de près d’un demi-milliard de dollars auprès de la Banque centrale de Libye en 2017.

    Le père de Haftar, Khalifa Haftar, était un ancien chef militaire de confiance sous Mouammar Kadhafi avant de faire défection et de devenir un atout de la CIA dans les années 1990. Il a passé près de 20 ans à vivre dans le nord de la Virginie et est retourné en Libye en 2011.

    En tant que chef de l’armée nationale libyenne, l’aîné Haftar bénéficie du soutien occidental depuis des années. Mais ces alliances ont été compromises après qu’il a lancé un siège militaire en 2019 contre le gouvernement intérimaire soutenu par les Nations Unies à Tripoli.

    Mounir M.

    Aldjazair, 16/09/2021

  • Algérie: La fermeture de son espace aérien avec le Maroc affectera la Tunisie

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    Royal Air Maroc a annoncé, hier 22 septembre 2021, que la fermeture de l’Algérie de son espace aérien devant les avions marocains affectera 15 de ses vols par semaine.

    La compagnie aérienne marocaine a indiqué que les vols qui seront affectés par la décision se dirigent vers la Tunisie, la Turquie et l’Egypte.

    Universenews, 23/09/2021

  • Bouteflika: La contrebande rapporte 3 milliards d’euros au Maroc

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    Wikileaks : pour Bouteflika, la contrebande rapporte « trois milliards d’euros » au Maroc

    En août 2005, en marge d’une entrevue à Alger avec Richard Lugar, président de la commission des affaires étrangères du Sénat américain, Abdelaziz Bouteflika a déclaré que le Maroc gagne « trois milliards d’euros par an » grâce à la contrebande qui se pratique tout au long de la frontière Algérienne, révèle un câble diplomatique obtenu par Wikileaks.

    Le Maroc se remplit bien les poches grâce à la fermeture des frontières Algériennes. Et ce n’est pas un expert en économie qui l’affirme, mais bel et bien le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika. En août 2005, Richard Lugar, président de la commission des affaires étrangères du Sénat, a conduit une importante délégation américaine à Alger qui comprenait, notamment, le général John Johnes, commandant en chef des forces américaines en Europe et commandant suprême des forces alliées en Europe.

    Et lors de ses discussions avec Richard Lugar à Alger, A. Bouteflika n’a pas hésité à critiquer le Makhzen et sa politique vis-à-vis de l’Algérie, rapporte un mémo confidentiel de l’ambassade US à Alger. Datant du 19-08-2005, ce câble nous apprend que Abdelaziz Bouteflika s’est engagé auprès de ses interlocuteurs américains à « respecter les résultats d’un référendum au Sahara Occidental ».

    « Bouteflika a dit qu’il était prêt à signer maintenant un document qui engage l’Algérie à accepter les issues d’un référendum quel que soit son résultat. Il a dit qu’un référendum était comme une « boîte de Pandore », mais l’Algérie accepterait le résultat », rapporte dans ce mémo l’ex ambassadeur américain en poste en 2005 à Alger, Richard Erdman.

    Selon ce mémo, Bouteflika a fait également savoir au sénateur américain Richard Lugar que des 1999, il avait pris une décision qui a contrarié « l’armée et les services de renseignement », indique-t-on. Cette décision concerne l’engagement de l’Algérie à ne jamais déclarer la guerre contre le Maroc si le Polisario décide de reprendre les armes dans sa lutte pour l’indépendance contre le Makhzen.

    « Le Polisario n’impliquera pas l’Algérie dans une guerre », aurait déclaré Bouteflika en faisant savoir aux diplomates américains qu’il interdira aux sahraouis de se servir de l’Algérie comme « une base arrière ».

    Cependant, en dépit de ses engagements, Richard Lugar a relevé que le président Algérien ne s’est guère montré pour autant amical avec Mohamed VI et ses « manières infantiles » à gérer les graves problèmes de la région. Ainsi, pour Bouteflika, aucune normalisation n’est possible avec Rabat tant que « le Maroc ne revient pas à l’ONU » pour régler la question Sahraouie.

    L’ Algérie reste toujours très attachée au droit des peuples à l’autodétermination et ce « même si elle était le dernier membre de l’ONU au monde à le défendre », rapporte encore ce câble diplomatique américain.

    Face aux pressions américains sur la question de la réouverture des frontières avec le Maroc, Abdelaziz Bouteflika a refusé également de céder. Il est allé même jusqu’à déclarer que le Maroc profite bien de cette fermeture car « il gagne chaque année trois milliards d’euros » de la contrebande à la frontière algéro-marocaine.

    Pour Alger, le Sahara Occidental n’est pas « une simple question tribale » et les relations avec Rabat s’amélioreront le jour où le Maroc acceptera « les résolutions du Conseil de Sécurité et du droit international ».

    Source: El Watan, 21 decembre 2010

  • Bouteflika : Je ne serrerai jamais la main du roi du Maroc

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    Bouteflika méprise Mohamed VI à qui il ne serrera jamais la main

    Abdelaziz Bouteflika méprise le roi Mohamed VI. Et il l’a fait savoir aux Américains au cours d’entretiens au Palais d’El Mouradia, selon des documents du site WikiLeaks révélés vendredi 3 novembre dans la soirée par le quotidien espagnol El Pais.

    Mais le président algérien a assuré à ses interlocuteurs que l’Algérie ne fera pas la guerre au Maroc à cause du Sahara occidental et ne permettra pas au Front Polisario de combattre depuis le territoire algérien. Toutefois, la frontière restera fermée jusqu’à la résolution du conflit au Saharaoccidental, a expliqué le président Bouteflika.    

    « Je ne serrerai pas la main du roi  ». Le président Bouteflika a fait cette déclaration en juin 2006 à l’assistante du président américain George Bush pour la sécurité intérieure et l’antiterrorisme, Frances Fragos Townsend, en visite à Alger.

    Avant de décrire le monarque marocain comme « pas ouvert  » et « sans expérience  », selon la même source. Selon Abdelaziz Bouteflika, feu Hassan II et Moulay Rachid, frère de l’actuel roi, sont plus ouverts.

    Le président Bouteflika évoque une rencontre avec Moulay Rachid lors d’un match à Séville, en Espagne. « Nous avons bavardé et plaisanté avec bonheur, mais je ne peux pas faire la même chose avec le roi, car nous n’avons pas le même sens de l’humour  », a-t-il déploré.  

    Selon un document daté du 1er juillet 2006, le président Boutelika a avoué, d’après l’ambassadeur américain à Alger, qu’il croyait au dialogue pour résoudre les problèmes avec le Maroc. Mais il ne croit pas à un dialogue avec le roi Mohamed VI.

    Les présidents Bush et Chirac ont essayé de rendre le président Bouteflika plus clément à l’égard du roi. Le président algérien a rappelé que le roi était encore un enfant quand lui-même était déjà un vétéran de la diplomatie. Mais le roi a fait subir un affront au président Bouteflika en annulant à la dernière minute une visite du Premier ministre à Rabat. « Je ne suis pas Jésus, je ne vais pas tendre l’autre joue », avait alors déclaré Bouteflika.  

    samir allam

    Kabyles.net, 21/12/2010

  • ARTE/ Tunisie, Maroc, Algérie : nouvelle donne au Maghreb

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    Point sur l’actualité du Maghreb : les élections législatives au Maroc, les tensions diplomatiques accrues entre le Maroc et l’Algérie, et la Tunisie où l’on parle de tournant autoritaire.  Émilie Aubry rencontre  Khadija Mohsen-Finan, chercheure et professeure de sciences politiques à l’université Paris 1, spécialiste du Maghreb et des questions méditerranéennes.

    Le 8 septembre 2021, lors des élections législatives marocaines, le parti islamiste de la justice et du développement (PJD) a connu une véritable déroute alors qu’il était à la tête de l’exécutif depuis 2011.

    Pendant ce temps, en Tunisie, le parti islamiste Ennahda est également en difficulté. En effet, par son coup de force du 25 juillet, le président Kaïs Saïed a marginalisé ce parti qui avait pourtant dominé la vie politique tunisienne pendant les années 2010.

    En Algérie, les graves tensions diplomatiques avec le Maroc posent question, dans la foulée du rapprochement Rabat-Tel Aviv de fin 2020 auquel certains observateurs opposent un axe Alger-Téhéran.
    Dès lors, faut-il parler d’un Maghreb en pleine recomposition, dix ans après les printemps arabes ? 

    La Tunisie

    Le 25 janvier, Kaïs Saïed s’est octroyé l’essentiel des pouvoirs. Il a eu recours à l’article 80 de la Constitution, qui correspond en France à ce qu’on appelle le « pouvoir exceptionnel ». C’est un coup d’Etat au regard de la loi sans de suites juridiques parce qu’il est arrivé à sortir le pays de l’immobilisme politique.

    Il affirme qu’il annoncera prochainement un nouveau gouvernement, une réforme de la Constitution.

    La loi lui donne 20 jours renouvelables. Or, sans s’adresser à la population et par un simple communiqué il a annoncé qu’il reconduisait cette période, mais pour une période indéterminée. Sur les question de la révision de la Constitution, les choses restent très opaques. On a le sentiment qu’il a envie de réformer la Constitution en profondeur, mais probablement des pressions faites par les Etats-Unis, la France, tentent de le dissuader en lui demandant de revenir aux institutions.

    Il y a eu en 2011 une vraie révolution, c’est à dire un soulèvement populaire spontané qui a consacré la victoire aux termes d’élections des islamistes d’Ennahdha. Depuis 10 ans, le pays a été extrêmement mal gouverné. Cette mauvaise gouvernance n’est pas dû uniquement aux islamistes d’Ennahdha alors qu’ils sont vraiment stigmatisés aujourd’hui. Elle est dû à tous les acteurs et aux 9 ou 10 gouvernement qui se sont succédé. On est dans l’apprentissage de la démocratie, devant des acteurs qui ne savent pas exactement comment passer de l’opposition à un parti de gouvernement.

    D’un autre côté, le citoyen s’est affirmé de manière protestataire en 2011, mais il n’a pas de culture politique lui permettant d’aller plus loin dans son exigence, dans sa négociation avec le pouvoir. Or, c’est cela qui n’a pas fonctionné. Ce n’est pas la démocratie qui n’a pas fonctionné. Donc, par une espèce de raccourci, on jette le bébé avec l’eau du bas et on dit que tout ce qui a dysfonctionné est la faute de la révolution et de la démocratie.

    Un président très populaire

    Kaïs Saïed est très populaire et les sondages l’ont encore confirmé. Quand il s’est présenté aux élections, il l’a fait d’une manière très populiste comme un anti-système. Or, aujourd’hui, les gens sont dans le rejet du politique, du système. Cela montre pour beaucoup de tunisiens que les questions économiques et sociales sont au-dessus de la démocratie. Les tunisiens préfèrent garder l’espoir d’un homme qui va transformer leur vie, qui va mettre en place un modèle politique alternatif même si aujourd’hui les signaux donnés ne correspondent pas du tout à cela.

    Le Maroc

    En 2011, face à cette contestation, le Maroc a répondu à sa manière en révisant la Constitution et à la faveur de cette réforme les islamistes du PJD sont passés d’un parti présent dans la vie politique au Parlement au gouvernement. Ils étaient à la tête du gouvernement mais ils avaient une marge de manœuvre extrêmement limitée et ils ne sont pas du tout appréciés par le roi qui, malgré la réforme constitutionnelle, détient l’essentiel des pouvoirs et jouit d’une double légitimité à la fois religieuse et politique.

    Ils ont beaucoup perdu parce qu’ils se sont alliés à un pouvoir qui ne leur a pas laissé de marge de manœuvre et, par cette alliance, ils ont perdu une partie de leur identité. C’est vrai qu’ils ont avalé des couleuvres quand le palais royal a décidé, par exemple, une normalisation de ses relations avec Israël.

    Ils ont perdu de leur identité sans pouvoir répondre aux gens qui attendait d’eux un changement. Donc, il y a un phénomène auquel ça participe et qui est la perte d’influence des Frères Musulmans puisque c’est leur matrice et de l’Islam politique de manière plus globale.

    Les tensions entre l’Algérie et le Maroc

    ces tentions ont toujours été présentes. Elles sont récurrentes entre le Maroc et l’Algérie et elles datent du lendemain de l’indépendance de l’Algérie en 1962. Tensions territoriales d’abord mais qui cachent qui, elle va demeurer et qui est une rivalité entre les deux pouvoirs que tout oppose. Au Maroc, un régime monarchique tourné vers l’Occident et un régime socialiste qui a été aidé par l’Union Soviétique, d’abord, et par la Russie par la suite, qui est celui de Boumediène. Et puis, vont suivre des tensions vraiment très grandes qui vont se cristalliser sur la question du Sahara Occidental qui est une ancienne colonie espagnole et où les marocains se sont installés au terme d’une marche verte et qui ont considéré qu’au nom du droit historique il leur revenait de se réapproprier le Sahara Occidental.

    Ce qui va changer fondamentalement la donne, c’est la normalisation des relations entre le Maroc et Israël. Au terme de ces accords, on apprend que le Maroc reconnaît Israël et qu’en contrepartie les Etats-Unis reconnaissent la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental. L’Algérie se sent véritablement déstabilisée. Elle ne pensait pas que le conflit du Sahara Occidental dont l’issue était confiée aux Nations Unies, prendrait cette tournure. Elle ne pensant aussi que son rival et son ennemi marocain bénéficierait de l’aide stratégique à la fois des Etats-Unis et d’Israël et qu’un axe Washington-Tel Aviv-Rabat se mettrait en place à ses portes.

    Du côté algérien, la recherche d’alliance se pourrait se faire parce que la Russie et la Chine veulent être présentes en Méditerranée Occidentale. La Russie veut être présente en Afrique, ce qui est nouveau. La Chine l’est déjà. Donc, il pourrait y avoir une rencontre d’intérêts et il n’est pas exclu que cet axe se forme (axe Alger-Moscou-Pékin-Téheran, ndlr) mais ce n’est pas encore d’actualité.

    Chercheur, enseignante à l’Université de Paris, spécialiste du Maghreb

  • La Tunisie et la Libye vont rouvrir leurs frontières

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    La Tunisie et la Libye parviennent à un accord de principe sur la réouverture de leurs frontières

    TUNIS, 9 septembre (Xinhua) — Le président tunisien Kaïs Saïed et le chef du gouvernement d’union nationale libyen Abdel Hamid Dbeibah sont parvenus jeudi à un accord de principe sur la mise en place d’un protocole commun pour reprendre le trafic terrestre et aérien aussi rapidement que possible, a déclaré jeudi la présidence tunisienne dans un communiqué.

    Accompagné des ministres de la Santé, de l’Intérieur et d’autres membres de haut niveau de son gouvernement, M. Dbeibah, qui est arrivé jeudi à Tunis, a été reçu par M. Saïed au palais présidentiel de Carthage.

    Les deux parties sont convenues de renforcer la coordination bilatérale entre les ministères de la Santé et de l’Intérieur des deux pays afin de mettre en place d’un protocole commun pour reprendre le trafic terrestre et aérien aussi rapidement que possible, a indiqué la présidence tunisienne dans le communiqué.

    Selon le communiqué, cette rencontre a été l’occasion de « passer en revue les liens forts de fraternité et les relations fructueuses de coopération entre la Tunisie et la Libye dans divers domaines », et de « réaffirmer l’unité de destin et la cohérence du développement, de la stabilité et de la sécurité dans les deux pays ».

    Le chef de l’Etat tunisien a également évoqué avec le Premier ministre libyen les efforts consentis par les autorités tunisiennes pour mieux contribuer à la reconstruction de la Libye, ainsi que la nécessité d’intensifier la coordination et les échanges d’informations pour sécuriser les frontières et lutter contre le terrorisme et la criminalité organisée.

  • Maroc: L’achat de gaz algérien via l’Espagne n’est pas possible

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    Source Sonatrach : « L’achat par le Maroc de gaz algérien via l’Espagne n’est pas possible »

    Un haut responsable de la société nationale des hydrocarbures « Sonatrach » a exclu l’achat par le Maroc de gaz algérien via l’Espagne pour plusieurs raisons et complications, certaines techniques et d’autres financières, à un moment où les prix du gaz naturel en Europe atteignaient des niveaux records, dépassant les 15 dollars par jour. millions d’unités thermiques britanniques.

    Un haut responsable de la Sonatrach a déclaré à « Echorouk » que le discours d’experts espagnols il y a quelques jours sur la possibilité que le Maroc achète du gaz algérien via l’Espagne, en inversant le mouvement du gaz dans le gazoduc Maghreb-Europe, est loin de la réalité et très improbable. , étant donné que le mouvement du gaz se faisait du Sud (Algérie) vers le Nord (Maroc et Espagne) par des moteurs de propulsion spéciaux (Turbo-compresseurs).

    La source de haut rang de la Sonatrach précise que l’inversion du mouvement du gaz du nord (Espagne) vers le sud (Maroc), nécessite des investissements de l’Espagne ou du Maroc, pour alimenter le gazoduc en turbocompresseurs, qui transportent le gaz de l’Espagne vers le Maroc via le Gazoduc maghrébin.

    Selon la même source, cet investissement demande de l’argent et beaucoup de temps, ce qui signifie que sa préparation ne sera pas avant le printemps prochain si des investissements y sont réalisés lorsque le contrat Maghreb-Europe expire au mieux le 31 octobre, tandis que le Royaume de Le Maroc a besoin de gaz pour produire de l’électricité au niveau de deux centrales électriques.

    Dans le même contexte, l’expert algérien en affaires énergétiques à la Bourse de Stockholm, Noureddine Ghelil, a déclaré dans un communiqué à « Echorouk » que le Maroc même s’il a conclu un accord avec l’Espagne pour acheter du gaz algérien en inversant le mouvement du Maghreb Europe pipeline, cette affaire nécessitera des investissements, de l’argent et beaucoup de temps.

    Noureddine Ghelil a ajouté que l’Espagne, si elle décidait de vendre du gaz naturel algérien au Maroc, ce serait à un coût très élevé, expliquant que le prix d’un million d’unités thermiques britanniques (MMBTU), a atteint 15 $ sur le marché européen à la fin. de la semaine dernière, alors que le prix de l’année dernière était de l’ordre de 4 $ seulement, a-t-il soutenu, le Maroc ne pourra donc acheter du gaz qu’à un prix supérieur à celui appliqué en Espagne, car l’Espagne le vendra avec intérêt.

    L’expert de la Bourse de Stockholm a présenté d’autres facteurs liés au manque d’installations de stockage de gaz naturel liquéfié au Maroc s’il décidait d’acheter cette substance vitale sur le marché international, et que le gaz liquéfié nécessite de convertir le gaz naturel en liquide, puis de le remplir dans des pétroliers, puis de transporter puis le stocker, puis le procédé suivant consiste à le remettre à son état gazeux, et ces opérations sont très coûteuses d’un point de vue financier.

    Des experts énergétiques en Espagne, dont le directeur du programme Énergie et climat de l’Institut royal espagnol « Elcano », Gonzalo Escripano, avaient évoqué il y a quelques jours la possibilité pour le Maroc d’acheter du gaz algérien au marché espagnol via le gazoduc Maghreb-Europe. , en inversant le mouvement du gaz, mais les prix seront les mêmes que ceux appliqués en Espagne ou plus.

    Echourouk online, 12/09/2021

  • L’Algérie, le Maroc et le contexte de la guerre du Golfe

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    Algérie-Maroc: «Il est utile de rappeler le contexte et les causes du déclenchement de la première guerre du Golfe»

    Par Kamal Louadj

    Dans un entretien à Sputnik, Abdelhamid Larbi Chérif, ex-colonel des renseignements algériens, analyse le contexte et les probables conséquences de la rupture des relations entre le Maroc et l’Algérie. Évoquant comme exemple la première guerre du Golfe en 1991, il s’interroge si les autorités des deux pays ne se sont pas laissé piéger.

    Le 24 août, l’Algérie a annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec le Maroc, après plusieurs décennies de tensions, notamment depuis 1994. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, réputé pour être un diplomate chevronné, a justifié la décision de son pays en avançant plusieurs griefs, remontant jusqu’à la guerre des Sables de 1963. Lors d’une conférence de presse tenue le même jour à Alger, il a également évoqué les désaccords sur la résolution du conflit au Sahara occidental, l’affaire d’espionnage par le logiciel Pegasus de la société israélienne NSO, la normalisation avec Israël et enfin le soutien apporté en juillet au mouvement séparatiste kabyle MAK (Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie). Outre ces motifs, nombreux sont les analystes qui évoquent une lutte larvée entre les deux pays pour le leadership régional et continental.

    Bien que le bruit court déjà depuis plusieurs mois, la prochaine victime de la rupture des relations entre les deux pays est l’accord gazier bilatéral qui permet l’acheminement du gaz algérien vers l’Espagne, via le gazoduc traversant le territoire marocain Gazoduc Maghreb Europe (GME).

    Dans ce contexte, le chef de la diplomatie a annoncé jeudi 9 septembre l’annulation de la dette de 14 pays africains, signant le début d’une campagne pour redonner à l’Algérie toute sa place au Maghreb, au Sahel et sur tout le continent africain, après plusieurs années d’absence, notamment depuis 2014.

    Cette lutte est-elle bénéfique pour les deux pays? Quel est le contexte international et régional sur lequel intervient cette bataille pour le leadership? Comment comprendre ses enjeux et ses probables aboutissements? Une politique inverse et une collaboration seraient-elles plus judicieuses pour les deux frères ennemis, les pays sahélo-sahariens et africains?

    Pour répondre à ces questions, Sputnik a sollicité l’ex-colonel des services de renseignement algériens Abdelhamid Larbi Chérif, expert en sécurité et politiques de défense. Pour lui, «il semble bien que les décideurs dans les deux pays ne prennent pas toute la mesure de l’essentiel des enjeux politiques, économiques et géostratégiques mondiaux sur fond desquels la rupture de leurs relations est intervenue. En effet, au vu de ces enjeux, il est clair que les deux pays se sont engagés dans une logique de « destruction mutuelle assurée » qui ne profite qu’aux acteurs internationaux qui en tirent les ficelles. Je m’explique!».

    «Un contexte international des plus dangereux»

    «Depuis la décision du 15 août 1971 du Président américain Richard Nixon de découpler l’or du dollar, mettant ainsi fin au système de Bretton Woods qui a permis la reconstruction d’après-guerre avec toutes ses insuffisances, l’économie mondiale est entrée dans une phase de déstructuration physique au profit de la finance internationale. En effet, depuis cette date, l’économie mondiale, notamment occidentale, a entamé une phase d’endettement exponentielle, qui arrive actuellement à des proportions la rendant absolument irremboursable. Toutes les crises financières ayant frappé le monde sont les excroissances de cette dynamique de financiarisation contrôlée par les grandes banques et bourses mondiales [la City de Londres et Wall Street en tête, ndlr], au détriment des États et des populations. Il faut bien voir que tous les conflits lancés dans plusieurs régions du monde, notamment au Moyen-Orient, en Asie centrale et dernièrement en Afrique du Nord, continuent de sévir sur fond d’un contexte international des plus dangereux, qui rappelle à bien des égards la situation du monde à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Outre les raisons biologiques, même la pandémie de Covid-19 est l’une des manifestations de la désintégration économique du monde qui prive les populations de moyens de prise en charge médicale», affirme l’ex-haut gradé.

    Et d’ajouter que «tout comme les États-Unis, l’Europe et beaucoup de pays asiatiques, le Maghreb, le Sahel et l’Afrique sont également frappés de plein fouet par les répercussions de cette situation. Ces pays sont des plus fragilisés dans le monde. Actuellement commence à se dessiner une autre configuration des rapports de force internationaux entre les grandes puissances: États-Unis, Royaume-Uni, Chine, Russie et Inde, qui vraisemblablement vont mener à une architecture, enterrant définitivement les accords de Sykes-Picot. L’Afghanistan est l’épicentre de cette onde de choc qui ne manquera pas d’atteindre sous peu le Moyen-Orient, le Proche-Orient, le Maghreb, le Sahel et l’Afrique». Ainsi, «étant sur le pont du même Titanique, ayant percuté l’iceberg depuis 1971 et qui s’approche inexorablement du point de rupture, où se trouve l’intérêt de l’Algérie ou du Maroc dans l’état actuel de leurs relations, alors que tout converge vers la nécessité d’une coopération solide entre les deux pays?», s’interroge-t-il.

    La première guerre du Golfe, un cas d’école?

    À ce titre, vu que les intervenants internationaux sont les mêmes au Moyen-Orient, au Proche-Orient, au Maghreb, au Sahel et en Afrique, l’expert estime que «d’un point de vue pédagogique, il est utile de rappeler le contexte et les causes du déclenchement de la première guerre du Golfe « Tempête du désert », début 1991, contre l’Irak qui avait envahi le Koweït en août 1990».

    Et d’expliquer que «les États-Unis, qui ont armé et soutenu Saddam Hussein durant les huit années de guerre contre l’Iran (1980-1988), à la place des monarchies du Golfe et d’Israël, étaient terrifiés à l’idée de voir l’Irak devenir la première puissance régionale au sortir du conflit. Tel que ça a été documenté par beaucoup de spécialistes durant les années 2000, les Américains ont tendu un piège à Saddam pour le mener à détruire l’Irak par ses propres mains. En effet, ils demandèrent au prince du Koweït, Cheikh Jaber al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, d’exploiter le pétrole à la frontière avec l’Irak qui n’a pas tardé à accuser son voisin de pomper ses gisements. Par ailleurs, les Américains ont convaincu le prince koweïtien d’exiger de l’Irak, qui était alors dans une situation délicate, le remboursement de la dette fournie durant la guerre contre l’Iran. Au même moment, lors d’un entretien avec le chef de l’État irakien, l’ambassadrice des États-Unis à Bagdad, April Glaspie, a trompé Saddam Hussein en lui faisant comprendre que son pays n’interviendrait pas entre l’Irak et le Koweït».

    «Inconscient du piège, tout comme le prince koweïtien, Saddam a interprété ça comme un feu vert américain à l’invasion du Koweït. Noyé dans ses problèmes internes, l’Union soviétique n’a pas arrêté la guerre qui allait être lancée par les États-Unis, dans le cadre d’une coalition internationale avec un mandat de l’Onu. La Chine a eu une attitude presque neutre, pensant à ses approvisionnements en pétrole. L’Otan et Israël sont restés à l’écart. Les tentatives de médiation, auxquelles l’ex-Président algérien Ahmed Ben Bella avait participé avec le concourt de la France, auraient été sabotées par François Mitterrand, tel que rapporté par son Premier ministre Michel Rocard dans la postface qu’il a publiée pour le livre de Marc Boureau d’Argonne, un des négociateurs français, « Irak, Guerre ou assassinat programmé? »».

    Le Sahara occidental, pierre d’achoppement ou cheval de Troie?

    Avant son départ de la Maison-Blanche, Donald Trump a reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en contrepartie d’une normalisation des relations entre le royaume chérifien et l’État hébreu. Depuis janvier 2021, Joe Biden et son secrétaire d’État Antony Blinken n’ont ni abandonné la décision de Trump ni affirmé qu’ils la maintenaient.

    «En tenant le bâton par le milieu, l’administration américaine s’est mise dans une situation très confortable à l’égard de l’Algérie, du Maroc et du Front Polisario. En effet, en se laissant une vaste marge de manœuvre, elle peut rassurer le Maroc sur son soutien à son plan d’autonomie, tout comme elle peut également assurer l’Algérie et le Front Polisario de la constance de la position des États-Unis quant à l’autodétermination du peuple sahraoui», analyse l’interlocuteur de Sputnik.

    Et de s’interroger: «Est-ce un hasard que l’appui du Maroc, le 14 juillet, au MAK intervienne trois semaines après la rencontre entre le chef de la diplomatie marocaine et son homologue américain à Rome, avant de récidiver une semaine après à l’Onu? Est-ce un hasard que la rupture des relations entre Rabat et Alger soit proclamée trois semaines après la visite du secrétaire d’État adjoint US par intérim pour le Proche-Orient, Joey Hood, en Algérie et au Maroc? Le Président Biden, connu pour avoir été un fervent soutien de l’administration Bush dans sa guerre contre l’Irak et de sa partition en trois sous-États sur une base ethnique, ne serait-il pas en train de jouer la manipulation et la division entre l’Algérie et le Maroc avec la participation active d’Israël, dont le chef de la diplomatie a violemment attaqué Alger lors de sa dernière visite à Rabat? Finalement, les Algériens et les Marocains ne se seraient-ils pas laissés piégés par les Américains et les Israéliens qui poursuivent des objectifs géostratégiques communs en Afrique, au grand dam de la France?»

    En conclusion

    L’ex-colonel Larbi Chérif souligne que «toutes ces questions restent en suspens, d’autant plus qu’en rompant leurs relations, l’Algérie et le Maroc, habitué à provoquer son voisin, n’ont fait qu’aggraver leur isolement au Maghreb et au Sahel, dont les pays se trouvent malgré eux partagés entre Alger et Rabat».

    «Dans sa célèbre pièce Othello, Shakespeare montre comment ce victorieux général maure, berbéro-arabe et musulman, a été piégé à cause de sa naïveté par son lieutenant Iago, pour le mener à liquider ses alliés les plus fidèles et les plus sincères, dont sa propre épouse. Autant dire qu’au-delà de ce qui se passe sur la scène, il est très important de comprendre les intentions et les visées de celui qui tire les ficelles derrière le rideau. À bon entendeur, bonne lecture!», conclut-il.

    Sputnik, 10/09/2021

  • Le Maroc devant l’embarras du sommet arabe à Alger

    Maroc, Algérie, #Maroc, #Algérie,

    Sommet de la ligue arabe à Alger Rabat dans un grand embarras

    par Tarek Hafid

    L’élection du 8 septembre a provoqué la déroute des islamistes du Parti de la justice et du développement. Le PJD, qui disposait de la majorité parlementaire et qui dirigeait le gouvernement depuis 10 ans, a dû céder sa place au Rassemblement national des indépendants, formation présidée par Aziz Akhannouch, un milliardaire ami de Mohammed VI.

    Tarek Hafid – Alger (Le Soir) – Les 8, 9 et 10 septembre resteront certainement les journées les plus noires de l’histoire du Parti de la justice et du développement, formation islamiste membre de la nébuleuse des Frères musulmans.

    Mercredi 8 septembre, le Palais décide de sanctionner sévèrement le PJD lors des élections générales (Parlement, régions et communes). Le parti dirigé par Saadeddine El Othmani ne remporte que 13 sièges sur les 395 que compte la Chambre des représentants. Une chute vertigineuse comparativement aux scrutins de 2011 et 2016 ,qui avaient permis au PJD de rafler la majorité parlementaire avec 107 puis 125 sièges. Cette année, le gagnant est le Rassemblement national des indépendants (RNI), qui a décroché 102 sièges. Il est suivi par le Parti authenticité et modernité (PAM) avec 87 sièges, et le Parti de l’Istiklal avec 81 sièges.

    Jeudi 9 septembre, Saadeddine El Othmani, qui était également chef du gouvernement, démissionne de son poste de secrétaire général du Parti de la justice et du développement. Il est suivi par les membres du bureau du PJD. Le parti tente cependant de se défendre, en accusant le Makhzen d’avoir organisé une large opération de fraude électorale. «Les résultats ne reflètent pas la réalité de la carte politique de notre pays ni la position du parti sur la scène politique, ses résultats dans la gestion des affaires locales et gouvernementales, et la large réponse des citoyens au parti pendant la campagne électorale .» Fraude ou pas fraude, cette défaite sonne comme une fin de mission pour les islamistes marocains. En fait, El Othmani a tout perdu : son poste de secrétaire général, son statut de chef du gouvernement, et son honneur. Lui qui n’a cessé de répéter son rejet de tout projet de normalisation avec Israël, a finalement paraphé l’acte officiel établissement les relations avec l’État sioniste.

    Vendredi 10 septembre, Mohammed VI nomme Aziz Akhannouch, le secrétaire général du Rassemblement national des indépendants, au poste de chef du gouvernement. Cette nomination surprend les observateurs les plus avertis de la scène politique marocaine. Il est vrai que le RNI est arrivé en tête de l’élection de mercredi, mais tous s’attendaient à la désignation d’une personnalité «neutre» , issue de cette nouvelle coalition RNI-PAM-Istiklal pour prendre la tête de l’exécutif. Mohammed VI a fait son choix, c’est son ami Aziz Akhannouch. Businessman, ministre de l’Agriculture et de la Pêche depuis 2007, personnalité politique.

    À 60 ans, Akhannouch est une des personnalités qui ont marqué le règne du roi du Maroc. Avec cette nomination, Mohammed VI donne l’image d’un monarque qui ne veut plus partager les leviers du pouvoir, même si en réalité pendant les dix dernières années, la marge de manœuvre du PJD était plutôt limitée. Avec une fortune estimée à 2 milliards de dollars, Aziz Akhannouch est présent dans plusieurs secteurs d’activité à travers ses groupes Akwa et Aksal. L’homme est surtout connu pour avoir été mêlé à de multiples scandales, notamment dans le secteur des hydrocarbures. Un rapport parlementaire accable une de ses entreprises spécialisées dans la distribution de carburants, qui est accusée d’appliquer des marges excessives. Durant la campagne électorale, Aziz Akhannouch a même eu droit à une tribune de Manuel Valls dans le Journal du Dimanche. Pour Valls, la victoire du RNI serait un facteur de «stabilité pour l’Europe et l’Afrique». Il est vrai que l’ancien Premier ministre français, qui a tenté de se lancer en politique en Espagne, reste un VRP de l’internationale sioniste.

    Quelles pourraient être les conséquences de l’arrivée de ce gouvernement sur l’Algérie ? À première vue aucune, si ce n’est certainement encore plus d’hostilité de la part de la nouvelle coalition. Outre le RNI, il est important de rappeler que le Parti authenticité et modernité a été créé et est dirigé en coulisse par Fouad Ali El-Himma, le conseiller le plus proche de Mohammed VI. Idem pour le Parti El Istiklal, formation ouvertement anti-algérienne et qui continue de promouvoir le projet du «Grand Maroc» de son fondateur Allal el Fassi.

    Par ailleurs, il est fort probable que Nasser Bourita soit reconduit au poste de ministre des Affaires étrangères. Il faut donc s’attendre à un redoublement des provocations envers l’Algérie. Le gouvernement Akhannouch devra cependant travailler sur deux dossiers importants ces prochaines semaines : trouver une substitution fiable au gaz algérien, dont les livraisons s’arrêteront à la fin du mois d’octobre, et décider si le Maroc participera ou pas au prochain sommet de la Ligue arabe qui se déroulera en novembre prochain à Alger.

    T. H.

    Le Soir d’Algérie, 12/09/2021