Catégorie : Maghreb

  • Gaz : L’Algérie coupe l’herbe sous les pieds du Maroc

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    En inaugurant un nouveau gazoduc entre l’Algérie et l’Espagne : L’Algérie coupe l’herbe sous les pieds du Makhzen

    Dossier du gaz : Le Maroc mène une campagne de «chantage» contre l’Algérie et l’Espagne

    Le Maroc, qui mène une campagne de chantage contre l’Algérie et l’Espagne sur le dossier du gaz, ne va pas remporter de grands gains, d’autant plus que l’Algérie a précédé toute manœuvre possible de sa part en lançant un gazoduc directement avec l’Espagne en échange à celui traversant le territoire marocain.

    Le journal espagnol El Mundo a écrit à propos de la décision marocaine en disant que « le roi Mohammed VI a suspendu les négociations pour renouveler le gazoduc avec l’Espagne, qui se termine cette année  », et s’est demandé si le Maroc transférerait l’escalade entre lui, l’Espagne et l’Algérie sur le plan économique.

    « D’autre part, l’Algérie a précipité le Maroc, et elle a inauguré en mois de mai 2021 un gazoduc reliant directement l’Algérie et l’Espagne d’une longueur de 197 km et d’un coût d’environ 32 milliards de dinars pour renforcer la capacité d’exportation du gaz algérien via le gazoduc Medgaz reliant les deux pays. Il s’agit de la deuxième ligne, après le gazoduc, dont le Maroc a cessé de négocier le renouvellement, et qui sera achevé au cours de l’année en cours » a écrit le quotidien espagnol El Mundo.

    Le site espagnol El Confidential, citant des sources gouvernementales, a rapporté que « la crise entre Madrid et Rabat concernant les migrants dans la ville de Ceuta a compliqué le renouvellement du contrat pour l’exploitation du gazoduc maghrébin “Pedro Duran”, qui transporte le gaz algérien vers l’Espagne via le Maroc ».

    La démarche espagnole pour assurer l’approvisionnement en gaz algérien en cas d’escalade de la tension avec le Maroc a été lancée en début d’année et a abouti à l’inauguration du gazoduc Media Gas, qui relie directement Beni Saf à la wilaya d’Ain Temouchent à la ville espagnole Almería

    L’inauguration d’un nouveau gazoduc entre l’Algérie et l’Espagne

    L’Algérie a lancé, le 6 mai 2021, un gazoduc direct le reliant au continent européen. C’est le deuxième après la ligne passant par le Maroc, dont le contrat arrive à échéance cette année. L’Algérie va-t-elle maintenir les deux gazoducs ensemble et quel sort attend le gazoduc marocain à la lumière des récentes tensions entre les deux pays ?

    Jeudi 6 mai 2021, le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, a inauguré le gazoduc reliant l’Algérie et l’Espagne à travers la station d’Ain Temouchent.

    Le projet, d’une longueur de 197 km et d’un coût d’environ 32 milliards de dinars, vise à soutenir la capacité d’exportation du gaz algérien à travers le gazoduc Medgaz reliant les deux pays.

    Il s’agit du deuxième gazoduc, après le gazoduc traversant le Maroc, qui devrait être achevé au cours de l’année en cours.

    Le journal marocain Hespress s’attendait à ce qu’un nouvel accord soit négocié pour continuer à travailler entre l’Algérie et la partie européenne.

    En outre, Le Maroc s’apprête à renouveler les contrats d’importation de gaz algérien via le gazoduc «Arabe Maghreb Europe» qui passe par l’Espagne, via un accord préliminaire avec l’Algérie à partir de cette année 2021, et ce, compte tenu de l’absence d’options pour le Marocain gouvernement étant donné le manque de production locale qui répond à la demande croissante de l’économie marocaine en gaz.

    Y.H.

    Maghreb Info, 15 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Maroc, Gazoduc, gaz, Espagne, crise de Ceuta,

  • «C’est le Maroc qui a un problème avec l’Algérie» (Tebboune)

    Le président Tebboune à la chaîne Al Jazeera : «C’est le Maroc qui a un problème avec l’Algérie»

    par Nawal Imès

    Indésirable depuis plus de vingt ans, la chaîne qatarie El Jazeera revient en Algérie par la grande porte. Le président de la République lui a accordé un entretien d’une trentaine de minutes, au cours duquel il a évoqué l’avenir immédiat de l’Algérie, les risques que lui ont fait courir tant la «îssaba», que les auteurs de «complots» visant sa stabilité. Les questions d’intérêt international ont également été évoquées à l’image des relations avec le voisin marocain et les enjeux des tensions que connaît régulièrement la région du Sahel.

    Nawal Imés – Alger (Le Soir) – Après l’interview au journal Le Point, c’était, hier mardi, au tour de la chaîne qatarie El Jazeera d’interviewer Abdelmadjid Tebboune qui signe ainsi la première prestation du genre d’un Président algérien. Il a été beaucoup question de politique interne, puisque le président de la République est longuement revenu sur les circonstances dans lesquelles il avait été amené à prendre les rênes du pays, affirmant que «le pays avait atteint un seuil de déliquescence inimaginable avec non plus un pouvoir, mais une véritable bande».

    Le président de la République explique que l’étendue des dégâts causés à l’économie n’est pas encore totalement connue, puisque, dit-il : «On est encore en train de découvrir que des milliards de dollars ont été détournés vers l’étranger, certains sont visibles, d’autres pas : l’État a investi 1 000 milliards de dollars dont 30% de surfacturations.» Avant d’ajouter que «les opérations d’importation étaient frauduleuses et entre les mains d’une cinquantaine de personnes qui avaient le pouvoir de décider qui peut investir ou pas. Plus qu’une oligarchie, c’était une kleptocratie». Et d’ajouter encore que «la justice a décidé de confisquer les biens de tous ceux-là. On espère que les amis en Europe et ailleurs nous aident à recouvrer les sommes détournées dans un contexte où la corruption était à tous les niveaux : c’est devenu une culture d’État. Et pour lutter contre tout cela, c’est difficile, mais le peuple en est conscient et soutient aujourd’hui ma démarche et les 54 engagements de mon programme électoral». Transition toute faite pour évoquer le mouvement populaire du 22 février qu’il préfère qualifier de «Hirak béni», lequel, dit-il, «a sauvé le pays» avec pas moins de 13 millions d’Algériens dans les rues pour dire non au cinquième mandat et à la prolongation du quatrième. «On a failli aller vers un cinquième mandat, avec un Président qui ne pouvait presque plus parler, mais le Hirak originel a refusé. Des millions d’Algériens sont sortis le dire et après, ils ont majoritairement accepté les élections avec 10 millions d’électeurs.» C’est à ce moment que le Président évoque les manifestations qui sont depuis peu interdites, en affirmant que «les gens sont alors rentrés chez eux, ils avaient réussi. Ce qui reste, c’est des centaines de personnes à l’identité inconnue, sans unité de slogans ni revendications communes. Dans 51 wilayas, personne ne sort plus. Dans les autres, seul des centaines de personnes le font». Le président de la République affirme qu’au regard de la conjoncture «cela aurait pu se terminer dans la violence. Mais aujourd’hui la situation est autre, et le danger est passé, puisque le peuple sait que le changement ne vient pas à travers la violence et le sang, mais de l’intérieur même des institutions».

    «L’Algérie, seule République debout après le Printemps arabe»

    Avec l’imminence de la tenue des législatives, ne craint-il pas que les islamistes n’emportent la majorité ? Visiblement pas, puisque Tebboune répond que «les islamistes, version algérienne, ne sont pas ceux qui existent en Égypte par exemple. L’islam idéologique n’existe plus, et les risques de dérapage non plus».

    Interrogé au sujet de ses relations avec l’armée, il les qualifiera de tellement «naturelles» que la question en elle-même l’étonne. Une armée «professionnelle», assure Tebboune, et qui ne s’ingère plus dans la politique et grâce à laquelle le pays a gagné en stabilité en dépit des «complots» qui la visent. Pourquoi est-elle visée ? Le président de la République répond que «l’Algérie est visée depuis longtemps parce qu’elle n’accepte pas les complots contre le monde arabe. L’Algérie est aux côtés des pays opprimés, et on veut faire taire sa voix ce qui est impossible : l’Algérie n’a aujourd’hui aucune dette et peut être souveraine dans ses décisions. Même le caractère social de l’État est constitutionalisé. Nous sommes la seule République à être restée debout après le Printemps arabe, que l’Algérie a connu en Octobre 1988». Qu’en est-il des rapports avec le voisin marocain ? «Nous n’avons pas de problèmes avec le Maroc. C’est ce dernier qui a des problèmes avec nous». Au sujet de la question sahraouie, Tebboune dira que cette dernière est «depuis quatre décennies entre les mains de la commission onusienne de décolonisation. Les Nations Unies considèrent le Sahara Occidental comme une colonie. Nous entretenions par le passé de bonnes relations avec le Maroc et les frontières étaient ouvertes, malgré le dossier du Sahara Occidental. Nous n’acceptons pas le fait accompli, quelles que soient les circonstances».

    La crise libyenne a également été évoquée. La sécurité de ce pays, dit-il, constitue «une ligne rouge» et l’Algérie refuse que sa capitale ne soit entre les mains de mercenaires et qu’elle «était prête à intervenir d’une façon ou d’une autre, pour empêcher sa chute. Nous allions empêcher les mercenaires de prendre Tripoli». Pour Tebboune, le message de l’Algérie a été entendu, et le dossier libyen a signé le retour de la diplomatie algérienne sur la scène internationale.

    Le Mali a été également au centre des questions posées et au sujet duquel le président de la République dira que «depuis 1962, on prend en charge les problèmes du Mali en toute bonne volonté et sans demander de contrepartie». Cela, dans une partie du monde où circulent «des caravanes chargées d’armes lourdes et légères, repérées par satellites, en direction de la région du Sahel sans être interceptées». Inévitablement, les relations avec la France ont été évoquées. Tebboune évoque l’existence, en France, de trois lobbies antialgériens. Il s’agit, dit-il, «des anciens colons qui ont quitté l’Algérie après l’indépendance et transmis leur rancœur à leur descendance. Le deuxième est le prolongement de l’Armée secrète française, et le troisième comprend des Algériens qui ont choisi de soutenir la France». Commentant enfin, le dernier éditorialiste du journal Le Monde, Tebboune s’est dit étonné qu’une publication qu’il a «réintroduite» en Algérie morde la main qui lui a été tendue, expliquant que le journal en question avait «dévié depuis le décès de son fondateur».
    N. I.

    Le Soir d’Algérie, 09 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Abdelmadjid Tebboune, Maroc, Palestine, Sahara Occidental, Hirak, Libye, argent détourné, biens mal acquis,

  • L’Institut Montaigne conseille l’Europe d’intégrer le Maghreb dans ses projections post-Covid-19

    Paris (© 2021 Afriquinfos) – L’Institut Montaigne a attiré l’attention de l’Union Européenne sur un manquement dans son plan de relance évalué à 750 milliards d’euros. L’omission du Maghreb dans ce plan (au regard de l’imbrication économique entre les deux rives de la Méditerranée) est si importante que cette non-intégration des pays du Maghreb pourrait avoir des conséquences non négligeables, met en garde l’Institut Montaigne.

    Pour les chercheurs de l’Institut Montaigne, il est impensable que l’Europe ait pu élaborer son plan de relance en omettant le Maghreb. «Quand on voit l’imbrication économique qu’il y a entre les pays du Maghreb et les pays européens, notamment les trois du Sud, Espagne, Italie et France, on ne comprend pas que le plan de relance européen – 750 milliards d’euros, la moitié en dons et la moitié en prêts – ne concerne pas ces pays. Parce qu’ils sont liés économiquement à l’activité européenne, et en même temps leur stabilité économique, sociale, mais du coup, politique, peut avoir un impact immédiat sur ce qui se passe en Europe», explique le chercheur Hakim El Karoui.

    Ce dernier a notamment produit un rapport sur les situations financières de trois pays Maroc, Algérie, Tunisie, dans lequel il indique qu’une déstabilisation des économies maghrébines en raison de la crise entraînerait des risques politiques, migratoires et in fine pour l’Europe des risques sécuritaires. Il fait ensuite savoir que ces trois pays n’ont besoin que d’une vingtaine de milliards d’euros pour redresser la barre de leurs économies actuellement mises à mal par la pandémie.

    «Il faudrait que les européens, à la fois poursuivent leur soutien à la zone (qui existe), mais comprennent qu’il y a là un phénomène conjoncturel et qu’il faut aider ces pays à passer ce phénomène conjoncturel avec des dons», précise Hakim El Karoui. La politique de dons qu’il préconise n’est pas insurmontable pour les riches économies européennes. Il s’agit aussi pour le Vieux continent de gagner des points dans une région où la Chine et la Turquie font d’importantes percées.

    S. B.

    Afriquinfos, 07 juin 2021

    Etiquettes : Union Européenne, UE, Maghreb, relance économique, plans post-covid,

  • Les Algériens qui voyagent au Maroc soumis à un confinement de 10 jours

    Les ressortissants algériens qui voyageront au Maroc seront soumis à un isolement sanitaire de 10 jours au même titre qu’une quarantaine de nationalités selon des mesures prises par les autorités de Rabat à quelques jours de l’ouverture des frontières aériennes. C’est qu’ont annoncé ce mardi les autorités marocaines qui s’apprêtent à rouvrir les frontières à compter du 15 juin sous des conditions d’accès sélectives.

    Deux listes de pays ont été établies avec des règles différentes d’accès : la liste A comprend «tous les pays ayant des indicateurs positifs» dont ceux de l’Union européenne tandis que la liste B concerne 74 pays avec «une propagation des variants ou l’absence de statistiques précises sur la situation épidémiologique», parmi lesquels figure bizarrement l’Algérie.

    Les voyageurs de nationalité algérienne devront présenter un test PCR négatif de moins de 48 heures mais également se soumettre à un isolement sanitaire de 10 jours une fois arrivés sur le territoire marocain. L’Algérie qui enregistre une moyenne de 300 cas par jour est l’un des pays qui s’en sort le mieux face à la pandémie du Covid-19, contrairement à la majorité des pays de la liste «A» ou le virus circule encore à grande échelle.

    Plus étonnant, l’Algérie est le seul pays du Maghreb à figurer dans la liste «B». La Tunisie, la Libye et la Mauritanie des pays qui enregistrent une très forte circulation du virus sont inscrits sur la liste «A». Tout porte à croire que la décision d’obliger les voyageurs Algériens de se soumettre à un isolement de 10 jours est purement politique au vu des tensions entre les deux pays .

    Les voyageurs en provenance de pays figurant sur la liste «A», doivent présenter un certificat de vaccination et/ou un résultat négatif d’un test PCR de moins de 48 heures. Pour les ressortissants des pays figurant sur la liste «B», ils doivent disposer d’autorisations exceptionnelles, mais également présenter un test PCR négatif de moins de 48 heures et enfin se soumettre à une quarantaine d’une durée de 10 jours une fois au Maroc.

    Ces derniers jours, le royaume a assoupli plusieurs restrictions liées au Covid-19 : mise en place d’un pass vaccinal permettant de voyager à l’étranger, de se déplacer sans restrictions au niveau national et au-delà du couvre-feu nocturne passé de 20 heures à 23 heures ou encore ouverture plus tardive des restaurants (23 heures). Les autorités ont également autorisé la reprise des prières collectives. Les cinémas et les théâtres, tout comme les piscines publiques ont à nouveau rouvert, après près de quinze mois de fermeture. Le Maroc a recensé officiellement 521 426 cas de contamination, dont 9 178 décès depuis le début de la pandémie. Plus de 9 millions de personnes ont été vaccinées, dont 5,8 millions avec deux injections, selon le dernier bilan.

    Le Jeune Indépendant, 08 juin 2021

    Etiquettes : Maroc, Algérie, confinement, frontières, covid 19, pandémie, quarantaine,

  • Déclarations de Tebboune sur le Maroc : Le Makhzen dans tous ses états

    LES DÉCLARATIONS DU PRÉSIDENT TEBBOUNE SUR LE MAROC ONT FAIT JASER SES MÉDIAS : Le Makhzen dans tous ses états

    Les déclarations du président Tebboune au magazine hebdomadaire français, Le Point, à propos de l’attitude du Maroc vis-à-vis du Sahara occidental, la question des frontières entre les deux pays ainsi que les tensions dans la région, ont fait mouche chez notre voisin immédiat. Preuve en est, l’emballement médiatique de la presse du Makhzen, qui s’est lâchée à son corps défendant contre l’Algérie et son Président. comme si les deux derniers affronts infligés à Rabat, à travers le non-lieu prononcé par la justice espagnole à l’égard du président Ghali et l’exclusion, par l’armée US, d’opérer les manœuvres « African Lion 2021 » dans une partie du territoire sahraoui occupé, n’ont pas suffi, il n’en fallait pas plus à ce propos pour provoquer un séisme dans la maison alaouite. Sinon comment expliquer le déchaînement violent de la presse du Makhzen contre le président de la République, dont le « seul tort » est d’avoir qualifié la monarchie -qu’ il distingue du peuple marocain frère- d’agresseur à l’égard de l’Algérie ?

    Au-delà de l’agression des Sahraouis dans leur territoire occupé, à laquelle avait assisté la communauté internationale le 13 novembre 2020, avec toutes les implications de la violation du cessez-le-feu sur le droit international et la stabilité dans la région, le Maroc n’était pas moins agressif vis-à-vis de l’Algérie. À la traditionnelle « guerre du kif », dont des tonnes de cannabis sont déversées au travers des confins de l’ouest, ô combien périlleux à la société juvénile nationale, le Makhzen opère une nouvelle stratégie consistant à inonder l’Algérie en fausse monnaie dans le but de porter préjudice à son économie. C’est sans compter la campagne médiatique hostile, comme celle que venaient d’enclencher les médias du Makhzen, contre le pays qui reste intraitable sur les questions de décolonisation. Peut-on, dans ses conditions, aspirer à une réouverture des frontières- fermées depuis 1994 sur décision de l’Algérie après les accusations marocaines de terrorisme ? L’Algérie dit « non ! » C’est ainsi qu’à la question de savoir s’il y a à craindre « un conflit armé dans la région » et sur « l’avenir pour l’UMA avec des générations d’Algériens et de Marocains qui ne se connaissent pas », le Président ne pense pas moins que la balle est dans le camp marocain, et que dans cette relation, « le rôle honorable revient à l’Algérie ». En sus, le chef de l’État dit clairement que cette rupture des frontières concerne le régime royal et non pas le peuple marocain, dont l’estime auprès de son frère algérien n’est plus à démontrer.

    Quant à l’Algérie, de par la longue histoire dont la plus récente est la Guerre de libération nationale, qui a forgé sa politique étrangère, elle ne peut en aucun cas attenter à l’intégrité territoriale de ses voisins, le Maroc y compris. Dans ses propos, et à vrai dire, ce n’est pas le fait pour le chef de l’État de dire que l’Algérie « n’agressera jamais son voisin », mais seulement de « riposter » si elle est attaquée, qui dérange tant le Makhzen. Par contre, le fait de considérer les rapports de force dans la région en faveur de l’Algérie fait grincer des dents le palais de Rabat. Autre déclaration qui n’en a pas moins fait mal au Makhzen, le fait de rétablir certaines vérités au sujet du dossier sahraoui. Interrogé à ce sujet, le président Tebboune a, là encore, remis les pendules à l’heure. Car, depuis la violation marocaine du cessez-le-feu suivie par l’épisode d’officialisation des relations Rabat-Tel-Aviv, « certains croient qu’avec l’ouverture de consulats [à Laâyoune et Dakhla, NDLR], le dossier du Sahara occidental est clos », estime le chef de l’État. Or, « ils se trompent », a-t-il affirmé, appelant le Maroc, directement visé, à « revenir rapidement » à la solution édictée par le droit international et des résolutions onusiennes.

    Que vaux la reconnaissance de Trump ?

    S’il est maintenant vrai qu’entre les deux pays, le Sahara occidental « a toujours été une pomme de discorde », les tensions ne peuvent déborder audelà de leur cadre diplomatique. Sur ce d’ailleurs, le chef de l’État invite le voisin immédiat à opter pour la raison. Autrement dit, accepter le fait que le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique qu’il est question de libérer. À ce moment là, le Maroc finira peut-être par croire que l’Algérie n’est pas son ennemi. En revanche, l’ennemi « c’est le sous-développement », et l’Algérie « est en train de se construire avec ou sans le Maroc. », conclu t-il.

    Concernant la supposée reconnaissance de la marocanité du Sahara, le chef de l’Etat a porté un coup de grâce au régime qui a pactisé avec les sionistes en contre-partie du deal avec l’ancien président américain Trump. Ceci, après la levée de bouclier mondiale contre la décision du prédécesseur de Joe Biden. « Comment peut-on penser offrir à un monarque un territoire entier, avec toute sa population ? », ou encore « Où est le respect des peuples ? », s’interroge le président Tebboune, avant d’asséner qu’une telle reconnaissance « ne veut rien dire » face au droit international et des résolutions onusiennes sur le conflit. Mais, derrière ce refus marocain obstiné quant à céder à l’autodétermination des Sahraouis, un « changement ethnique », révèle le chef de l’État. En conséquence de quoi, les Sahraouis à l’intérieur de leur territoire occupé, sont aujourd’hui minoritaires par rapport aux Marocains ainsi fixés par le Makhzen. Dans ce cas, pour le scrutin d’autodétermination, les Marocains installés sur le territoire occupé vont voter pour l’indépendance parce qu’ils ne voudront plus être les sujets du roi ».
    Farid Guellil

    Le Courrier d’Algérie, 05 juin 2021

    Etiquettes : Maroc, Algérie, Abdelmadjid Tebboune, Makhzen, Le Point, Sahara Occidental,

  • Eléments d’histoire sur l’agriculture algérienne

    Par: Mohamed Khiati

    Partout l’histoire avance. Elle laisse de lourds héritages, mais les Hommes s’arrêtent, de temps en temps, pour marquer une halte rétrospective, pour se situer par rapport à leur histoire ; par rapport à leur passé glorieux ou lugubre, en vue d’en établir les acquis qui, du reste, constituent les références et les référents pour l’amorce du présent et l’affront du futur.

    Espace physique sur lequel, se sont entrecroisés, depuis la nuit des temps, des flux Humains, l’Algérie fut l’objet de toutes les convoitises, car terre d’attraction et de légende, le pays, tant par sa position stratégique que par sa diversité et ses richesses naturelles multiples et diverses, offre d’immenses garanties de prospérité.

    Les Algériens d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Ceux qui sont d’hier, d’aujourd’hui et de demain ont gardé et garderont toujours le même sentiment d’appartenance à la patrie. Ils sont nourris du sens de fierté. C’est l’histoire qui le confirme, à travers les âges. C’et un fait dont nul ne peut en disconvenir.

    Dans ce modeste essai, nous tenterons de traiter quelques éléments d’histoire sur l’évolution de l’agriculture algérienne avant la colonisation française notamment en ce qui concerne le mode de vie de la société, la paysannerie algérienne contemporaine, l’occupation de l’espace, les vocations naturelles et le foncier agricole.
    Déjà examiné en profondeur, le territoire algérien dans sa globalité apparaît comme écrit par des sociétés successives à tel point que dans cet espace composite, chaque legs du passé se lit avec une étonnante schématisation, font valoir de nombreux historiens et essayistes.

    Dans cet immense espace composite, le territoire agricole, apparaît comme dépendant parfaitement des aléas naturels et notamment climatiques,  » c’est le produit de transformations inséparables d’un contexte historique (mouvements démographiques, histoire politique, évolution des techniques et politiques agricoles et/ou économiques d’ensemble) qui a conditionné l’adaptation des hommes à ces contraintes » (1)

    De tout temps, les sociétés rurales se sont constituées autour de la gestion et de l’exploitation des ressources naturelles : eau, terre, pâturage, selon l’abondance des terres et la densité des populations.  » Les terres étaient réparties, partagées entre terroirs de groupements familiaux et à réserves à usage collectif en fonction des modes d’exploitation des ressources par l’activité agricole intensive et l’arboriculture, l’agriculture et l’élevage extensif.
    Cela dit et en prélude, faut-il dire que du temps de la Numidie antique, les espaces ruraux étaient déjà complémentaires et les populations adaptaient leurs cultures et pratiques agricoles aux éléments naturels offerts par les divers types de territoires de telle manière, affirment les récits historiques, que les montagnes étaient caractérisées par la pratique de l’arboriculture notamment les oliveraies ; les plaines sèches, par l’orge, les blés et les élevages. Les forêts quant à elles étaient utilisées pour le bois, la chasse et la cueillette. Tandis que les terres de cultures étaient réputées pour le maraichage, les vergers et autres cultures vivrières.


    Le retour à l’histoire confirme pour autant, cette tendance d’édification du territoire agricole. Samir AMIN dans son ouvrage  » Le Maghreb Moderne, en parlant de ce bloc indivise à l’époque de la préhistoire, devenu Le Maghreb depuis la conquête musulmane ( les Foutouhate) dont fait partie l’Algérie actuelle, souligne que :  » (le Maghreb) situé à la lisière du monde des agriculteurs méditerranéens et du domaine de parcours des éleveurs … a été depuis la préhistoire disputé entre ces deux modes de vie irréductibles. Depuis des siècles, des millénaires peut être, les nomades berbères – les Gétules des Romains- l’ont emporté sur les paysans, berbères eux aussi, confinés dans de minuscules régions, le plus souvent montagneuses  » (3)

    L’histoire, la plus ancienne, retiendra qu’à coté des berbères, populations autochtones, les Phéniciens s’installèrent pour créer des comptoirs côtiers dont, le plus célèbre, dit-on, fût Carthage. Ces derniers n’ont pas essayé d’entamer inexorablement l’arrière pays. Les phéniciens à vocation mercantiliste ne s’occupèrent pas de l’agriculture au moment où les autochtones pratiquaient une gamme variée de spéculations alliant arboriculture, maraîchages, céréales et élevage. Certains récits d’histoire font état de ce fait que depuis leur installation sur les côtes du Maghreb en général, les phéniciens ont initié la culture de la vigne et introduit les cultivars orientaux, conduisant à cette conclusion que ce sont ces vignes croisées avec les formes sauvages autochtones qui ont donné le fond de l’encépagement maghrébin le plus ancien qui, au cours des siècles a donné naissance à des variétés locales.
    Les montagnards s’occupèrent de l’exploitation du potentiel existant et des ressources disponibles en zones de montagnes de telle sorte que vergers et oliveraies occupaient de larges superficies. Par ailleurs pour des raisons liées à la guerre et à la chasse, les numides élevaient des chevaux.

    Beaucoup de récits historiques et de vestiges attestent qu’à l’époque les céréales (blé et orge de la Numidie) étaient développées avant le 3ème siècle et que Massinissa, le chef berbère, qui tenta d’asseoir la propriété individuelle et familiale des populations des massifs montagneux dans le cadre d’une politique de construction de l’Etat,  » envoya régulièrement des quantités importantes de grains et suppléait à l’insuffisance de la production en Sicile, dans l’Empire romain et en Grèce « (4).

    Mais bien que les céréales furent l’une des principales productions, il n’en demeure pas moins que l’élevage restait l’activité première de l’époque. Les cheptels d’élevage furent si importants que l’historien grec Polybe ayant vécu au 2ème siècle avant .J.C  » ne pensait pas que l’on puisse trouver rien de semblable dans tout le reste de la terre « (5)

    A cette époque même, dans la Numidie antique, les Romains tentèrent de remodeler l’espace et le territoire agricoles. Ils introduisirent la monoculture céréalière en établissant une rupture d’avec les pratiques agricoles complémentaires déjà existantes en ne faisant qu’accroître les superficies de cultures traditionnelles (céréales, vignes et oliviers), sans toutefois introduire de nouvelles spéculations. A titre d’illustration, l’époque romaine, la production viticole de l’Algérie était connue et exportée en Italie. Il s’agissait notamment de raisins de table tardifs à baies résistantes

    Or et cependant, concernant la production céréalière, l’euphémisme  » Algérie grenier de Rome » n’était en fait qu’une mystification et une vue de l’esprit. L’Algérie romaine  » n’a jamais exporté plus de 800.000 quintaux de grains, ce qui, compte tenu des techniques de stockage et de transport, paraît considérable  » fait remarquer Roger Dumont (6)

    Les algériens contemporains continuèrent de pratiquer la céréaliculture et l’arboriculture (oliviers et figuier notamment) corrélativement avec les élevages, mais Rome, avec sa frontière bien gardée -les Limes- a permis l’extension de la civilisation agraire que les autochtones, cultivateurs pour la plupart, ont pu adapter et étendre avec une grande capacité de telle sorte que même les nomades refoulés au delà des frontières, au sud des Limes, avec les sédentaires ont imprégné le pays de leur civilisation agraire.  » Dans l’ensemble du domaine méditerranéen, la culture sèche des céréales, les plantations de vigne, d’oliviers, de figuiers et d’amandiers ont donné aux plaines favorisées comme aux montagnes un aspect riant et ordonné » (7)

    Dans une grande partie de la steppe de l’Algérie orientale, ils ont su installer une vie agricole sédentaire en construisant des points d’eau et des réseaux d’irrigation dont les ruines témoignent encore aujourd’hui de leur importance.

    Par contre, les œuvres de civilisation agraire, dans l’Algérie numide occidentale furent beaucoup moins importantes, liées à ce que les Limes suivaient en gros, la limite sud du Tell, c’est à dire celle du domaine méditerranéen, laissant les Hautes Plaines aux nomades gétules. Il en découle que le territoire agricole apparaît très disparate et loin d’être homogène. Les conditions de relief et de climatologie ont par ailleurs agi en tant que facteurs de différenciation.

    L’instauration de cités, de conglomérations urbaines et de réseaux de villae (villes) et d’exploitations agricoles à leurs pourtours a permis aux sédentaires y résidant de s’adonner aux cultures et aux élevages. Les nomades, quant à eux, refoulés vers le sud, continueront à pratiquer l’élevage pastoral sur des territoires échappant à l’emprise de l’Empire romain.

    Toutefois les populations urbaines romanisées et celles ralliées à la cause romaine vont, pour longtemps, avoir une emprise sur le monde rural en s’adonnant à des prélèvements de vivres et de richesses créées. Aux romains se succèdent vandales et Byzantins. La domination vandale s’est traduite dans les faits, par l’expropriation des romains et le partage du butin conquis entre ces nouveaux vainqueurs. Les meilleures terres furent redistribuées et sur l’ensemble de l’espace agricole occupé, l’on reconduit les anciens modes de faire-valoir indirects en vigueur, avec toutefois, cette mention que les terres sont ici, confiées moyennant des redevances aux romains qui, parmi eux, ceux qui n’ont pas été dépossédés, payaient un impôt, mais néanmoins moins lourd que celui des temps du gouvernement impérial.

    A l’époque, on assistait à l’extension de la nomadisation que les conquêtes romaines et vandales n’ont pu freiner et  » les campagnes militaires des Byzantins se trouvent limitées aux couloirs de communication entre les massifs montagneux où l’indépendance des sédentaires berbères se renforce… (Et) jamais elles ne pénètrent sur les Hauts plateaux et dans le désert où les tribus chamelières nomadisent librement  » (8).

    La conquête musulmane à partir du 7ème siècle donne un nouvel essor au territoire; Le nomadisme qui était déjà une pratique ancestrale en Orient, marque une ère florissante dans ce pays du Maghreb associé toutefois, avec l’introduction de nouvelles races animales, des cultivars et des espèces végétales.

    Du mode de vie à l’ère précoloniale

    Les populations algériennes contemporaines peuplèrent les villes anciennes ou nouvelles auxquelles, ils imprimèrent un nouveau mode à la vie, avec cependant cette observation, qu’ils ne sortirent que rarement de leurs cités laissant les campagnes du Tell et particulièrement le Constantinois aux humbles paysans berbères. Les nomades, quant à eux, plus ou moins confinés dans le sud de l’ancien Limes romain, s’associèrent aux tribus arabes venus de l’Orient. Ils s’adonnèrent au pastoralisme dans de vastes zones steppiques dont les systèmes de production restent toutefois, marqués par les mêmes dominantes et les mêmes modes d’organisation commandés par la difficulté à domestiquer un milieu soumis parfaitement à l’aléa climatique.

    Arrêtons-nous ici pour dire que pendant des siècles  » les cultures n’ont dominé que dans des aires particulières et exiguës, oasis, hautes vallées atlasiques, périphérie des villes, et, plus largement, dans l’arrière pays des ports. Les oasis et les vallées de montagne, où des quinteniers (Khammès) et des paysans indépendants pratiquaient une agriculture intensive, pourvoyaient le nord du Maghreb en produits fortement valorisés, dattes, henné, noix et brou, miel…Etapes des caravanes qui convoyaient de nombreuses marchandises à travers le Sahara et jusqu’aux ports atlantiques et méditerranéens  » (9).

    M. KH.

    Le Maghreb, 03 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, agriculture, sociétés rurales, Numidie, Maghreb,

  • L’Algérie de la fierté et de la légalité

    Le Maroc est condamné de père en fils à vivre de ses turpitudes. Malgré les désillusions du défunt Hassan II, contraint sous les armes de la résistance de signer l’accord de cessez-le-feu de septembre 1991, le roi Mohamed VI connaîtra certainement le même sort. Les signes de la déroute sont nettement perceptibles dans la soumission totale au sionisme pour sauver un trône chancelant.

    Ils sont accentués par un isolement international traduit par le gel des relations diplomatiques avec l’Allemagne et l’Espagne, et le désaveu cinglant du Pentagone qui a apporté, par la voix du porte-parole de l’Africom un démenti sur la prétendue participation aux manœuvres marocaines dans les territoires sahraouis. Il a précisé que les exercices se dérouleront dans les frontières internationalement reconnues. Cette position conforte le choix stratégique du retour à la légalité internationale prônée par l’Administration Biden. La boucle est bouclée par l’Union européenne qui se refuse au chantage marocain et entend défendre ses frontières.

    En perte de vitesse, le Maroc colonial a perdu la bataille de la légitimité et de la reconnaissance internationale, dont la décision de la Cour espagnole de ne pas prononcer une détention provisoire «ni tout autre type de mesures préventives» contre le président sahraoui, Brahim Ghali, à qui ont rendu visite à l’hôpital d’Aïn Naâdja le président de la République, Abdelmadjid Tebboune et le chef d’état-major de l’ANP, Saïd Chanegriha. «Notre visite est un devoir pour un pays qui réclame justice et ne saurait s’y soustraire», a souligné le Président mettant en garde contre les tentations guerrières. Le Maroc a toujours été l’agresseur. Nous n’agressons jamais notre voisin. Nous riposterons si nous sommes attaqués. Mais je doute que le Maroc s’y essaie, les rapports de force étant ce qu’ils sont», a-t-il indiqué dans un entretien accordé à l’hebdomadaire français Le Point.

    En puissance d’équilibre, l’Algérie travaille inlassablement à la restauration de la paix et de la stabilité dans la région. Les acquis fondamentaux de l’Accord d’Alger constituent une base consensuelle revendiquée par tous les partenaires maliens, au moment où la Libye amorce le virage de la légitimité constitutionnelle.

    Horizons, 4 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Maroc, Espagne, Union Européenne, UE, Front Polisario, Brahim Ghali,

  • Maroc-Algérie : La Guerre des Sables

    La Guerre des Sables est un conflit armé peu connu ayant eu lieu peu après l’indépendance algérienne. Sofiane en parle dans cet article.

    25 septembre 1963 – 20 février 1964

    La guerre des sables est un conflit armé engageant le Maroc et l’Algérie ayant obtenu respectivement leurs indépendances en 1956 et 1962. Ce conflit est né d’une rivalité entre les deux pays frontaliers, le Maroc remet en cause la frontière saharienne.

    La colonisation de l’Algérie par la France a créé une délimitation incertaine de la frontière saharienne entre le Maroc et l’Algérie. En effet, dès 1954, la France autorise le Maroc à exploiter cette zone en échange de leurs neutralités sur la guerre d’Algérie. En 1962, l’Algérie est indépendante, le nouvel Etat mené par Ahmed Ben Bella met fin à l’accord établi entre l’Algérie française et le Maroc afin de récupérer l’exploitation légitime de ce territoire. L’exploitation de ce territoire par le Maroc avait un double enjeu stratégique ; économiquement, le sud-ouest de l’Algérie regorge de ressources naturelles (minerais et gaz de schiste), idéologiquement, ce territoire permet d’assouvir l’idéologie expansionniste des nationalistes marocains souhaitant un grand Maroc :

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    En 1963, le Maroc fait face à des révoltes populaires menaçant le régime en place. L’Algérie fragilisée par son nouveau statut d’Etat indépendant constitue une cible facile afin de détourner l’opinion publique et interrompre la révolte populaire. C’est au mois d’octobre 1963 que le conflit prend la forme de guerre. L’armée marocaine lance une offensive à Tinjouf, l’Algerie perd le territoire, l’armée algérienne fragilisée par la guerre d’Algerie ne parvient pas à récupérer le territoire. Une contre-offensive permet à l’Algerie d’annexer le territoire marocain d’ICH, toutefois le Maroc domine la guerre. L’Algérie dispose du soutien international notamment des jeunes Etats sortant de la colonisation qui se reconnaissent dans la situation algérienne. Cuba et l’Egypte mobilisent des forces militaires afin de soulager le jeune Etat.

    En novembre 1963, un cessez-le-feu est mis en place, l’Organisation de l’unité africaine (OUA) est consultée afin d’ouvrir une négociation pour mettre fin à la Guerre des Sables dont le bilan approximatif est de 500 morts (300 Algériens, 200 Marocains). En février 1964 un accord est trouvé entre les deux ambassades, mettant en place une zone démilitarisée le long de la frontière et un échange de prisonniers. La guerre se conclut par un statu quo, les frontières ne sont pas modifiées, la délimitation est désormais claire, la zone appartient totalement à l’Algérie.

    La Guerre des Sables a permis d’affirmer le pouvoir de Ben Bella en Algérie, et au Maroc le roi Hassan II a réussi à dissiper les contestations populaires.

    « L’homme sage est celui qui vient toujours chercher des conseils d’abord, des armes on en trouve partout. » Hassan II, 1993.

    Par Sofiane CHERGUI

    Récits d’Algérie

    Etiquettes : Algérie, Maroc, Guerre des Sables, frontières,

  • Maroc : Algérophobie

    par Brahim Taouchichet

    Depuis quelques années déjà, notre voisin de l’Ouest s’adonne à son sport national favori : casser du sucre sur le dos de son voisin de l’Est. Vent d’est, vent d’ouest qui charrient, chaque jour que Dieu fait, des nouvelles pas trop reluisantes et qui couvrent de tous les maux nos dirigeants et les généraux coupables de ne pas se laisser compter, peu importe les mensonges flagrants et les attaques diffamantes.

    Les médias de sa Majesté ne s’offusquent pas de quolibets, d’accusations gratuites, et cela presque depuis toujours. Dans l’indignité. Notre désolation est grande de voir des officiels marocains, quel que soit leur rang, réclamer l’ouverture des frontières fermées en 1994, comme préalable à tout. Si rien n’y fit, les maîtres du Makhzen n’hésitent pas à battre le rappel de leurs amis – lesquels d’ailleurs ne nous portent pas dans leurs cœurs. Passons sur les avantages que leur procurent les services rendus à sa Majesté. Deux pays si proches mais que sépare un désamour surprenant dans sa continuité. Ah, l’ennemi classique ! Si l’un fait de l’allégeance et de la soumission une règle, a contrario, l’autre est de tout temps sourcilleux pour tout ce qui touche à sa fierté. Mais afin de dépasser le ridicule de l’impasse, l’on a usé d’artifices. Quoi de mieux que d’unir nos ressources et nos intelligences dans un cadre moins étriqué, à l’heure des grands ensembles. Les nationalistes de la première heure s’étaient réunis à Tanger et se sont quittés avec moult promesses et embrassades émues. Elles devaient être concrétisées dans l’Union du Maghreb arabe (UMA) annoncée en grande pompe. C’est ne pas tenir compte des intérêts contradictoires et des tiraillements qui en feront une coquille vide.

    2008, la conférence d’Alger, à l’initiative du RCD, donnera «La déclaration d’Alger» qui restera lettre morte. Etaient présents 4 partis maghrébins. Mais les calculs du voisin de l’Ouest étaient autres, comme vont l’apprendre avec amertume les nationalistes algériens qui ne comprennent pas les revirements de leurs «frères». L’affaire du Sahara Occidental va ainsi mettre au jour tous les non-dits. Le principe de la décolonisation est foulé aux pieds. C’est oublier les désirs du Makhzen d’usurper les terres des autres. La guerre des sables restera un épisode douloureux pour tous ceux qui l’ont vécue dans leur chair, et une totale désillusion de la fraternité tant chantée. La Mauritanie n’échappera pas à ces appétits expansionnistes, jusqu’en 1960, date à laquelle sa souveraineté sera reconnue par l’organisation onusienne. Et l’Algérie.

    Hassan II qui n’en était pas à sa première forfaiture poignardera l’UMA dans le dos et ordonne avec cynisme, la pseudo-marche verte. Son rejeton poursuivra son œuvre jusqu’à franchir le Rubicon avec la reconnaissance de l’État d’Israël. Nos officiels vont-ils enfin comprendre que ce Maroc-là n’a jamais inscrit dans son agenda la grandeur et l’unité de cet ensemble maghrébin rêvé ? Qu’il est plutôt prompte à se tourner vers l’Europe, l’Occident, et être le réceptacle de leurs fantasmes et dont le moindre est d’être pour toujours les maîtres du jeu ?
    B. T.
    taouchichetbrahim@gmail.com

    Le Soir d’Algérie, 02 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Maroc, Makhzen, algérophobie, attaques diffamantes, médias marocains, réclamer l’ouverture des frontières, ennemi classique, l’Union du Maghreb arabe, UMA, La déclaration d’Alger, Sahara Occidental, usurper les terres des autres, Mauritanie, expansionnisme, frontières héritées du colonialisme,  

  • Algérie-Libye: Un Maghreb uni au service des Maghrébins

    La Libye est de retour. Fini donc le drame incommensurable d’un peuple victime d’une intervention militaire occidentale illégitime et injustement dépossédé de ses richesses. La page douloureuse de la guerre par procuration est désormais tournée pour aborder l’ère de la réconciliation, de la stabilité et de la reconstruction nationale. A pas sûr, la nouvelle Libye avance pour se défaire à jamais des séquelles de la printanisation chaotique et sanguinaire. Le cap est résolument mis sur le rétablissement de l’ordre constitutionnel et institutionnel revendiqué, dès le déclenchement de la crise, par l’Algérie au côté de la Libye, en toutes circonstances, et soucieuse de faire taire les armes de la fitna lorsque les armes de la destruction massive ont plongé le peuple libyen dans un enfer inqualifiable.

    «Comment pouvons-nous oublier ce que le peuple frère libyen avait apporté comme soutien matériel et moral à notre Glorieuse guerre de libération nationale. Comment ne pas se remémorer avec fierté «les deux batailles d’Issine», le 3 octobre 1957 et le 25 septembre 1958, où le sang libyen s’est mêlé au sang algérien dans une image des plus suprêmes de sacrifice et dans un sens des plus nobles de la foi en un destin commun», a souligné le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, procédant à l’ouverture du forum économique algéro-libyen, en présence du ministre du Commerce, Kamel Rezig et de son homologue libyen, Mohamed El Hawj.

    Le devoir de solidarité commande aujourd’hui la mobilisation de tous les moyens politique et diplomatique pour permettre le retour en force de la Libye sur la scène internationale et tracer la voie à un avenir commun. Il impose un partenariat maghrébin au service des peuples maghrébins dont les prémices sont perceptibles dans l’intervention prompte de la Sonelgaz pour le rétablissement du courant électrique à Tripoli, la signature d’une convention entre la Sonelgaz et la société libyenne Général Electric Compagny pour la production, le transport et la distribution de l’électricité et du gaz en Libye, et la contribution de la Sonatrach pour la reconstruction et l’entretien des champs et des ports pétroliers.

    Le Maghreb uni et à voix forte n’est pas une lubie. Il est une réalité vivante incarnée par la volonté des deux pays de lancer sans tarder les chantiers d’un partenariat gagnant-gagnant. Les perspectives se déclinent dans la mise en place d’une zone de libre-échange, l’ouverture des lignes maritime, aérienne et terrestre reliant Debdeb à Ghadamès. Les potentialités algéro-libyennes sont énormes. Elles permettent le développement d’un partenariat commercial qui ambitionne de porter les échanges commerciaux à hauteur de 3 milliards de dollars (contre 59 millions de dollars actuellement).

    Ensemble, l’Algérie des réformes économiques et la Libye stable et sûre peuvent relever le défi de l’intégration maghrébine.

    Horizons, 30 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, Libye, Maghreb, coopération économique, échange, commerce, viste d’Abdelhamid Dbeibah en Algérie,