Catégorie : Maghreb

  • La stabilité du Maghreb, un impératif pour l’Europe (Institut Montaigne)

    Hakim El Karoui*

    La Méditerranée n’est pas une frontière : les flux d’hommes, d’idées, de marchandises, d’argent en ont fait depuis longtemps une interface beaucoup plus qu’une barrière. Les six millions de Français originaires du Maghreb font aujourd’hui que le destin de la France est lié à cette région du monde. C’est aussi le cas pour l’Espagne, avec le Maroc, et l’Italie, avec la Tunisie et la Libye. Le Sud de l’Europe est arrimé au Nord de l’Afrique, pour le meilleur – les échanges culturels, les services comme le tourisme, l’économie du care, la coopération industrielle – comme pour le pire, avec l’islamisme radical européen qui prend ses racines au Maghreb.

    L’Europe – et particulièrement la France – n’a pas nécessairement su prendre la mesure des transformations sociales qui ont provoqué les révoltes du printemps arabe il y a une décennie. Ce rendez-vous manqué ne doit pas se reproduire à l’occasion de la crise sanitaire et de ses conséquences économiques.

    Depuis de nombreuses années, les pays européens ont le sentiment de voir se rétrécir leur sphère d’influence en Afrique du Nord. D’autres pays, notamment des économies émergentes, ont su trouver leur place auprès des nouvelles élites économiques et formuler des propositions de partenariat concurrentes à celles des Européens.

    Les dés ne sont pourtant pas jetés. Il n’y a aucune fatalité à ce que les liens entre les deux rives de la Méditerranée s’estompent au profit d’une présence turque, qatarie, chinoise ou russe renforcée. Nous avons de nombreux atouts et au-delà nous partageons une histoire et un destin communs avec ces pays.

    Cette note dresse un état des lieux complet du Maroc, de la Tunisie et de l’Algérie, avant la crise du Covid-19 et depuis. L’Institut Montaigne y plaide pour que les Européens octroient un soutien massif au Maghreb, notamment à la Tunisie, sans contrepartie trop brutale, pour éviter un choc social et politique qui y menacerait le fragile édifice démocratique.

    Avant le Covid-19 et depuis : quel état des lieux économique ?

    La Tunisie, une démocratie au modèle économique à réinventer
    Symbole politique unique dans le monde arabe, la Tunisie a réussi sa transition démocratique. Ses indices de transparence sont au niveau des grandes démocraties émergentes, à l’instar de l’Inde ou du Brésil. Mais, longtemps considérée comme l’un des pays les plus compétitifs du continent africain, la Tunisie voit sa situation économique et financière se dégrader depuis les années 2010 pour atteindre -7 % de croissance en 2020.

    Le pays est désormais caractérisé par un potentiel de croissance trop peu exploité, un manque de productivité et une certaine stagnation économique. Le secteur primaire (près de 13 % des emplois tunisiens), trop orienté vers la sécurité alimentaire nationale, est insuffisamment tourné vers le commerce extérieur. La Tunisie ne dispose d’aucune rente naturelle. C’est donc sur les exportations liées aux services (principalement le tourisme) et sur les flux d’investissements étrangers (IDE), notamment dans le textile et la micro-électronique, que repose l’économie tunisienne. Malgré une forte diversification de son économie et de réels atouts comme le faible coût du travail associé à un système de formation relativement efficace, la Tunisie peine à valoriser pleinement ses atouts.

    La Tunisie connaît un fort taux de chômage, environ 15 % de la population active. Sa croissance démographique rapide, d’environ 1 % par an, ralentit la capacité d’absorption du marché du travail de sorte que les taux de chômage des 15-24 ans comme celui des diplômés s’élèvent à environ 35 % et 30 % respectivement.

    Afin de calmer la colère sociale, les autorités ont massivement eu recours à l’augmentation de l’emploi public, en titularisant notamment des personnes en contrats à durée déterminée et en recrutant massivement dans la fonction publique dans les zones les plus pauvres. Dès la fin de l’année 2016, on dénombrait déjà près de 600 000 emplois publics, contre un peu moins de 450 000 à la fin de l’année 2010. Aujourd’hui, la masse salariale représente environ la moitié de la dépense publique tunisienne. L’emploi public culmine à près de 18 % du total – un record mondial.

    Ce modèle économique a fortement été ébranlé par la crise de 2020 et le « Grand confinement ». La réponse des autorités tunisiennes a été cohérente sur le plan sanitaire mais limitée financièrement. Par exemple, le gouvernement a versé deux tiers du SMIC aux familles les plus pauvres, soit 140 euros.

    Avec un total d’environ 2 points de PIB, le plan de relance lié aux mesures d’urgence demeure modeste, comparé à la moyenne mondiale et à celle des pays émergents (respectivement, près de 3,5 et 3 points de PIB).

    Le Maroc, un modèle de croissance expansif malgré de fortes inégalités

    Le Maroc et la Tunisie partagent certaines caractéristiques de développement :

    -un modèle de croissance « ouvert » (taux d’ouverture avant-crise proche de 90 %) qui repose sur les exportations touristiques et sur la consommation ;
    -un secteur primaire important, qui représente 12,5 % du PIB et concerne un tiers de la population active.

    Le « printemps arabe » et la recrudescence de l’instabilité régionale ont largement bénéficié au Maroc. Le pays se situe une vingtaine de places devant la Tunisie dans les classements Doing Business et Global Competitive Index. Les flux touristiques le démontrent : le Maroc a enregistré une croissance nettement plus importante que la Tunisie ou même l’Égypte – où les arrivées se sont effondrées lors des manifestations de 2011 et des vagues d’attentats de 2015 et 2016.

    Mais de fortes inégalités persistent. Le Maroc souffre, comme la Tunisie, d’un taux de chômage important, principalement chez les jeunes de 15-24 ans (21,9 %). La participation des femmes au marché du travail (19,9 % in 2020) est près de deux fois inférieure à la moyenne des pays en voie de développement (45 %). Le taux d’alphabétisation des femmes est inférieur d’environ 20 points à celui des hommes. Par conséquent, les femmes marocaines sont plus nombreuses qu’ailleurs dans le secteur informel.

    Plus largement, les principaux indicateurs sociaux sont inférieurs au reste des pays du Maghreb. Mais si le Maroc peine à réduire les inégalités structurelles, le pays a rapidement mobilisé un grand nombre d’outils de financement pour gérer l’urgence sanitaire de 2020 et soutenir les populations fragiles. Dès le début de la crise de Covid-19, les autorités marocaines ont effectivement mobilisé 3 milliards de dollars, soit 3 % du PIB. Mais ce montant ne suffit pas à contenir l’accroissement rapide du ratio d’endettement et le creusement des déficits courants.

    L’Algérie, des fondamentaux économiques dépendants du cours des hydrocarbures

    Le modèle de croissance algérien est fondé sur un triptyque :

    -production et exportation des ressources, notamment en hydrocarbures qui représentent entre 20 et 25 % du PIB national et plus de 90 % des exportations ;
    -faible tertiarisation de l’activité, notamment en ce qui concerne le tourisme et les services à la personne ;
    forte présence de l’État dans l’économie.
    -La pérennité de ce modèle de croissance dépend donc fortement des cours des hydrocarbures. Or, depuis 2014, on observe une baisse tendancielle des rentes pétrolières, ce qui impacte réellement le PIB algérien.

    La baisse des recettes pétrolières a conduit à un accroissement du déficit budgétaire depuis cinq ans. En 2015, il atteignait -16 % du PIB. L’endettement public intérieur a continué à se creuser, passant à 46,3 % du PIB en 2019. Le double choc pétrolier et sanitaire du premier semestre 2020 a abouti à une contraction du secteur des hydrocarbures, une baisse de la consommation et une chute de l’investissement. La crise est financière mais aussi sociopolitique. La stabilité sociale et politique de l’Algérie repose depuis la fin des années 1990 sur ses dépenses sociales.

    Les dépenses sociales au sens large représentent environ 25 % du PIB, soit 5 points de plus que la moyenne de l’OCDE – un montant considérable. La soutenabilité de ce système de redistribution massive via les transferts sociaux en Algérie est conditionnée à un prix élevé du baril de pétrole. L’effondrement des prix du pétrole au début de l’année 2020 a ainsi mis en péril un système de transferts sociaux essentiels pour la stabilité politique du pays.

    Cette politique de transferts sociaux permet de compenser un taux d’emploi très faible, avec un taux d’activité parmi les plus bas au monde (42 % en moyenne).

    L’Algérie doit donc trouver d’autres sources de financement pour assurer la pérennité de son système.

    Avant la pandémie, les pays du Maghreb étaient porteurs de fragilités économiques et sociales. Ces dernières se sont accentuées avec la crise. Pour y faire face, cette note projette des scénarios macroéconomiques par lesquels l’Institut Montaigne évalue clairement et précisément les besoins de financement des trois pays maghrébins.

    Sortir de la crise : quels scénarios ?

    Le cas tunisien

    La Tunisie a bénéficié d’un prêt d’urgence d’environ 753 millions de dollars de la part du FMI en avril 2020. Cette somme ne suffira pas à couvrir l’entièreté du besoin de financement public du pays en 2021. 1 milliard de dollars supplémentaires pourraient lui être accordés, mais ils sont conditionnés à la mise en place de réformes structurelles négociées avec le précédent gouvernement.

    Selon les scénarios les plus optimistes, les besoins de financement tunisiens seraient compris entre 3 et 5 milliards de dollars, et entre 5 et 9 milliards de dollars pour les scénarios pessimistes. La Tunisie a besoin de trouver en urgence des financements complémentaires.

    Le cas marocain

    Le Maroc a levé environ 3 milliards de dollars en décembre 2020. Le FMI soulignait début 2021 que la dette marocaine semblait soutenable à court terme.

    Le pays doit néanmoins financer un grand plan de développement à moyen terme : renforcement de son capital humain (déficiences structurelles pour l’éducation par exemple), financement en infrastructures et industries de réseaux (notamment le réseau routier), transition énergétique et modernisation du système de protection sociale et de santé.

    Selon les scénarios optimistes, les besoins de financement par le Maroc se situeraient entre 3,5 et 6,5 milliards de dollars. Entre 6 et 11 milliards de dollars seront nécessaires selon les scénarios pessimistes, s’il ne dispose pas d’aide des bailleurs internationaux.

    Le cas algérien

    Des trois pays du Maghreb, c’est l’Algérie qui détient le déficit budgétaire le plus important : il devrait atteindre 13,5 % du PIB en 2021. L’Algérie maîtrise cependant son taux d’endettement (46,3 % de son PIB en 2019). Déclinant un soutien multilatéral (en particulier du FMI), le gouvernement finance ses transferts sociaux sans difficulté grâce à la richesse de ses ressources en hydrocarbures. Néanmoins, la pérennité de ce système social dépend fortement du paramètre très évolutif du prix des hydrocarbures.

    Soutenir le Maghreb, un impératif pour l’Europe

    Relancer le partenariat euro-méditerranéen

    Le bilan est clair : les pays du Maghreb, et particulièrement la Tunisie, ont besoin d’être soutenus financièrement dans le contexte de la crise sanitaire. Les économies de la région et la stabilité de ces pays sont sous tension. L’Europe doit pouvoir inclure le Maghreb dans son plan européen de 750 milliards d’euros. Faire bénéficier la capacité d’emprunt européenne aux trois pays du Maghreb leur permettrait d’acquérir les liquidités nécessaires à la transformation de leurs modèles de développement. À cette condition, la crise pourra constituer une opportunité à saisir pour se relancer durablement.

    Le Maghreb, nouvel enjeu stratégique

    Le Maghreb n’est plus un pré-carré européen. Les trois pays du Maghreb font l’objet d’un intérêt de la part des grands acteurs régionaux et mondiaux. L’influence de l’Europe – et particulièrement celle de la France – recule progressivement.

    Seule démocratie du monde arabe, proche de l’Europe par ses échanges commerciaux, la Tunisie représente un fort symbole politique. La France demeure un partenaire majeur de la Tunisie : environ 14 % des importations tunisiennes en 2019 (contre 21 % en 2009). Mais l’analyse des flux d’investissements directs montre que d’autres puissances s’intéressent à la Tunisie. 39 % du stock d’IDE en 2019 provenaient des pays du Golfe, dont 11 % pour le Qatar. La Turquie est également très implantée sur le marché tunisien, notamment dans le domaine des travaux publics et des infrastructures.

    Le Maroc, passerelle entre l’Europe et l’Afrique, plateforme commerciale et financière importante, économie ouverte aux échanges et insérée dans les principaux flux économiques et financiers, est au cœur des intérêts régionaux et internationaux. Le Maroc intéresse de plus en plus la Chine, dont la diaspora est assez importante sur le littoral marocain. La Chine regarde de près les implantations logistiques, notamment à Tanger, et exporte beaucoup de biens manufacturés et de matériel au Maroc. Elle a aussi construit un partenariat avec le Royaume pendant la crise du Covid-19 : envois de masques, test avancé de vaccins, distribution massive de vaccins chinois, etc. La Chine est en bonne position sur le plan des importations marocaines : elle représente 10 % du total en 2019, même si elle demeure derrière l’Espagne (15 %) et la France (12 %).

    Fondamentalement souverainiste mais très ouverte sur l’international par ses échanges commerciaux, l’Algérie se caractérise par son paradoxe. Riche en hydrocarbures et très attentive aux choix de ses partenaires économiques, l’Algérie détient les clients et les fournisseurs les plus diversifiés de la région. La Russie et la Chine sont devenues des partenaires importants de l’Algérie (17 % des importations algériennes provenaient de Chine en 2019). Longtemps concentrées sur le secteur de la défense, les relations entre Moscou et Alger ont récemment évolué avec la crise du Covid-19 vers le domaine de la santé (utilisation du vaccin russe en Algérie).

    C’est pourquoi l’Europe doit rester très attentive à la situation du Maghreb et trouver des solutions, pas seulement d’ordre financier, pour contribuer à la stabilité de ces pays. Celles-ci dépendent du bien-être des populations, davantage que le seul soutien aux régimes. Agissons tant qu’il est encore temps.

    *Normalien, agrégé de géographie, Hakim El Karoui a enseigné à l’université Lyon II avant de rejoindre le cabinet du Premier ministre en 2002. Après un passage à Bercy, il rejoint, en 2006, la banque Rothschild. Depuis le mois d’avril 2021, il dirige le bureau parisien de Brunswick. Il est également essayiste et entrepreneur social et a créé le club du XXIe siècle et les Young Mediterranean Leaders. Hakim El Karoui est senior fellow de l’Institut Montaigne et auteur de plusieurs rapports, dont Nouveau monde arabe, nouvelle « politique arabe » pour la France (2017).

    Institut Montaigne, mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Algérie, Tunisie, Mauritanie, Libye, Maghreb, Migration, Méditerranée,

  • L’Algérie et la Libye cherchent à dynamiser leurs relations commerciales

    Alger, 30 mai (Prensa Latina) Des responsables et hommes d’affaires algériens et libyens ont organisé un Forum économique pour renforcer les relations commerciales bilatérales, a fait savoir dimanche le ministère du Commerce dans cette capitale.

    L’institution a révélé que, lors du forum, les deux parties ont appelé à faciliter les procédures et la logistique afin d’augmenter les échanges de plus de 3 milliards de dollars, en évaluant le grand potentiel commercial entre les deux pays maghrébins voisins.

    Le succès de cette alliance dépend du soutien tangible et pragmatique des hommes d’affaires algériens et libyens pour réactiver le Conseil conjoint des affaires à travers le rôle institutionnel de la Chambre de commerce et d’industrie dans les deux pays, a déclaré le ministre algérien du Commerce, Kamel Rezig. De son côté, le ministre libyen de l’Économie et du Commerce, Mohamed Al Hawij, a appelé à la création d’une zone franche entre les deux pays, et à l’ouverture du point de passage frontalier Debdeb-Ghadamès pour renforcer les échanges bilatéraux.

    Actuellement, les échanges commerciaux entre les deux pays s’élèvent à 65 millions de dollars, dont 59 millions d’exportations algériennes vers la Libye.

    Etiquettes : Algérie, Libye, commerce, échange, exportations,

  • La stabilité du Maghreb, un impératif pour l’Europe

    Hakim El Karoui Senior Fellow – Monde arabe, Islam

    Normalien, agrégé de géographie, Hakim El Karoui a enseigné à l’université Lyon II avant de rejoindre le cabinet du Premier ministre en 2002. Après un passage à Bercy, il rejoint, en 2006, la banque Rothschild. Depuis le mois d’avril 2021, il dirige le bureau parisien de Brunswick. Il est également essayiste et entrepreneur social et a créé le club du XXIe siècle et les Young Mediterranean Leaders. Hakim El Karoui est senior fellow de l’Institut Montaigne et auteur de plusieurs rapports, dont Nouveau monde arabe, nouvelle « politique arabe » pour la France (2017).

    La Méditerranée n’est pas une frontière : les flux d’hommes, d’idées, de marchandises, d’argent en ont fait depuis longtemps une interface beaucoup plus qu’une barrière. Les six millions de Français originaires du Maghreb font aujourd’hui que le destin de la France est lié à cette région du monde. C’est aussi le cas pour l’Espagne, avec le Maroc, et l’Italie, avec la Tunisie et la Libye. Le Sud de l’Europe est arrimé au Nord de l’Afrique, pour le meilleur – les échanges culturels, les services comme le tourisme, l’économie du care, la coopération industrielle – comme pour le pire, avec l’islamisme radical européen qui prend ses racines au Maghreb.

    L’Europe – et particulièrement la France – n’a pas nécessairement su prendre la mesure des transformations sociales qui ont provoqué les révoltes du printemps arabe il y a une décennie. Ce rendez-vous manqué ne doit pas se reproduire à l’occasion de la crise sanitaire et de ses conséquences économiques.

    Depuis de nombreuses années, les pays européens ont le sentiment de voir se rétrécir leur sphère d’influence en Afrique du Nord. D’autres pays, notamment des économies émergentes, ont su trouver leur place auprès des nouvelles élites économiques et formuler des propositions de partenariat concurrentes à celles des Européens.

    Les dés ne sont pourtant pas jetés. Il n’y a aucune fatalité à ce que les liens entre les deux rives de la Méditerranée s’estompent au profit d’une présence turque, qatarie, chinoise ou russe renforcée. Nous avons de nombreux atouts et au-delà nous partageons une histoire et un destin communs avec ces pays.

    Cette note dresse un état des lieux complet du Maroc, de la Tunisie et de l’Algérie, avant la crise du Covid-19 et depuis. L’Institut Montaigne y plaide pour que les Européens octroient un soutien massif au Maghreb, notamment à la Tunisie, sans contrepartie trop brutale, pour éviter un choc social et politique qui y menacerait le fragile édifice démocratique.

    Avant le Covid-19 et depuis : quel état des lieux économique ?

    La Tunisie, une démocratie au modèle économique à réinventer

    Symbole politique unique dans le monde arabe, la Tunisie a réussi sa transition démocratique. Ses indices de transparence sont au niveau des grandes démocraties émergentes, à l’instar de l’Inde ou du Brésil. Mais, longtemps considérée comme l’un des pays les plus compétitifs du continent africain, la Tunisie voit sa situation économique et financière se dégrader depuis les années 2010 pour atteindre -7 % de croissance en 2020.

    Le pays est désormais caractérisé par un potentiel de croissance trop peu exploité, un manque de productivité et une certaine stagnation économique. Le secteur primaire (près de 13 % des emplois tunisiens), trop orienté vers la sécurité alimentaire nationale, est insuffisamment tourné vers le commerce extérieur. La Tunisie ne dispose d’aucune rente naturelle. C’est donc sur les exportations liées aux services (principalement le tourisme) et sur les flux d’investissements étrangers (IDE), notamment dans le textile et la micro-électronique, que repose l’économie tunisienne. Malgré une forte diversification de son économie et de réels atouts comme le faible coût du travail associé à un système de formation relativement efficace, la Tunisie peine à valoriser pleinement ses atouts.

    La Tunisie connaît un fort taux de chômage, environ 15 % de la population active. Sa croissance démographique rapide, d’environ 1 % par an, ralentit la capacité d’absorption du marché du travail de sorte que les taux de chômage des 15-24 ans comme celui des diplômés s’élèvent à environ 35 % et 30 % respectivement.

    Afin de calmer la colère sociale, les autorités ont massivement eu recours à l’augmentation de l’emploi public, en titularisant notamment des personnes en contrats à durée déterminée et en recrutant massivement dans la fonction publique dans les zones les plus pauvres. Dès la fin de l’année 2016, on dénombrait déjà près de 600 000 emplois publics, contre un peu moins de 450 000 à la fin de l’année 2010. Aujourd’hui, la masse salariale représente environ la moitié de la dépense publique tunisienne. L’emploi public culmine à près de 18 % du total – un record mondial.

    Ce modèle économique a fortement été ébranlé par la crise de 2020 et le « Grand confinement ». La réponse des autorités tunisiennes a été cohérente sur le plan sanitaire mais limitée financièrement. Par exemple, le gouvernement a versé deux tiers du SMIC aux familles les plus pauvres, soit 140 euros.

    Avec un total d’environ 2 points de PIB, le plan de relance lié aux mesures d’urgence demeure modeste, comparé à la moyenne mondiale et à celle des pays émergents (respectivement, près de 3,5 et 3 points de PIB).

    Le Maroc, un modèle de croissance expansif malgré de fortes inégalités

    Le Maroc et la Tunisie partagent certaines caractéristiques de développement :

    un modèle de croissance « ouvert » (taux d’ouverture avant-crise proche de 90 %) qui repose sur les exportations touristiques et sur la consommation ;
    un secteur primaire important, qui représente 12,5 % du PIB et concerne un tiers de la population active.
    Le « printemps arabe » et la recrudescence de l’instabilité régionale ont largement bénéficié au Maroc. Le pays se situe une vingtaine de places devant la Tunisie dans les classements Doing Business et Global Competitive Index. Les flux touristiques le démontrent : le Maroc a enregistré une croissance nettement plus importante que la Tunisie ou même l’Égypte – où les arrivées se sont effondrées lors des manifestations de 2011 et des vagues d’attentats de 2015 et 2016.

    Mais de fortes inégalités persistent. Le Maroc souffre, comme la Tunisie, d’un taux de chômage important, principalement chez les jeunes de 15-24 ans (21,9 %). La participation des femmes au marché du travail (19,9 % in 2020) est près de deux fois inférieure à la moyenne des pays en voie de développement (45 %). Le taux d’alphabétisation des femmes est inférieur d’environ 20 points à celui des hommes. Par conséquent, les femmes marocaines sont plus nombreuses qu’ailleurs dans le secteur informel.

    Plus largement, les principaux indicateurs sociaux sont inférieurs au reste des pays du Maghreb. Mais si le Maroc peine à réduire les inégalités structurelles, le pays a rapidement mobilisé un grand nombre d’outils de financement pour gérer l’urgence sanitaire de 2020 et soutenir les populations fragiles. Dès le début de la crise de Covid-19, les autorités marocaines ont effectivement mobilisé 3 milliards de dollars, soit 3 % du PIB. Mais ce montant ne suffit pas à contenir l’accroissement rapide du ratio d’endettement et le creusement des déficits courants.

    L’Algérie, des fondamentaux économiques dépendants du cours des hydrocarbures

    Le modèle de croissance algérien est fondé sur un triptyque :

    production et exportation des ressources, notamment en hydrocarbures qui représentent entre 20 et 25 % du PIB national et plus de 90 % des exportations ;
    faible tertiarisation de l’activité, notamment en ce qui concerne le tourisme et les services à la personne ;
    forte présence de l’État dans l’économie.
    La pérennité de ce modèle de croissance dépend donc fortement des cours des hydrocarbures. Or, depuis 2014, on observe une baisse tendancielle des rentes pétrolières, ce qui impacte réellement le PIB algérien.

    La baisse des recettes pétrolières a conduit à un accroissement du déficit budgétaire depuis cinq ans. En 2015, il atteignait -16 % du PIB. L’endettement public intérieur a continué à se creuser, passant à 46,3 % du PIB en 2019. Le double choc pétrolier et sanitaire du premier semestre 2020 a abouti à une contraction du secteur des hydrocarbures, une baisse de la consommation et une chute de l’investissement. La crise est financière mais aussi sociopolitique. La stabilité sociale et politique de l’Algérie repose depuis la fin des années 1990 sur ses dépenses sociales.

    Les dépenses sociales au sens large représentent environ 25 % du PIB, soit 5 points de plus que la moyenne de l’OCDE – un montant considérable. La soutenabilité de ce système de redistribution massive via les transferts sociaux en Algérie est conditionnée à un prix élevé du baril de pétrole. L’effondrement des prix du pétrole au début de l’année 2020 a ainsi mis en péril un système de transferts sociaux essentiels pour la stabilité politique du pays.

    Cette politique de transferts sociaux permet de compenser un taux d’emploi très faible, avec un taux d’activité parmi les plus bas au monde (42 % en moyenne).

    L’Algérie doit donc trouver d’autres sources de financement pour assurer la pérennité de son système.

    Avant la pandémie, les pays du Maghreb étaient porteurs de fragilités économiques et sociales. Ces dernières se sont accentuées avec la crise. Pour y faire face, cette note projette des scénarios macroéconomiques par lesquels l’Institut Montaigne évalue clairement et précisément les besoins de financement des trois pays maghrébins.

    Sortir de la crise : quels scénarios ?

    Le cas tunisien

    La Tunisie a bénéficié d’un prêt d’urgence d’environ 753 millions de dollars de la part du FMI en avril 2020. Cette somme ne suffira pas à couvrir l’entièreté du besoin de financement public du pays en 2021. 1 milliard de dollars supplémentaires pourraient lui être accordés, mais ils sont conditionnés à la mise en place de réformes structurelles négociées avec le précédent gouvernement.

    Selon les scénarios les plus optimistes, les besoins de financement tunisiens seraient compris entre 3 et 5 milliards de dollars, et entre 5 et 9 milliards de dollars pour les scénarios pessimistes. La Tunisie a besoin de trouver en urgence des financements complémentaires.

    Le cas marocain

    Le Maroc a levé environ 3 milliards de dollars en décembre 2020. Le FMI soulignait début 2021 que la dette marocaine semblait soutenable à court terme.

    Le pays doit néanmoins financer un grand plan de développement à moyen terme : renforcement de son capital humain (déficiences structurelles pour l’éducation par exemple), financement en infrastructures et industries de réseaux (notamment le réseau routier), transition énergétique et modernisation du système de protection sociale et de santé.

    Selon les scénarios optimistes, les besoins de financement par le Maroc se situeraient entre 3,5 et 6,5 milliards de dollars. Entre 6 et 11 milliards de dollars seront nécessaires selon les scénarios pessimistes, s’il ne dispose pas d’aide des bailleurs internationaux.

    Le cas algérien

    Des trois pays du Maghreb, c’est l’Algérie qui détient le déficit budgétaire le plus important : il devrait atteindre 13,5 % du PIB en 2021. L’Algérie maîtrise cependant son taux d’endettement (46,3 % de son PIB en 2019). Déclinant un soutien multilatéral (en particulier du FMI), le gouvernement finance ses transferts sociaux sans difficulté grâce à la richesse de ses ressources en hydrocarbures. Néanmoins, la pérennité de ce système social dépend fortement du paramètre très évolutif du prix des hydrocarbures.

    Soutenir le Maghreb, un impératif pour l’Europe

    Relancer le partenariat euro-méditerranéen

    Le bilan est clair : les pays du Maghreb, et particulièrement la Tunisie, ont besoin d’être soutenus financièrement dans le contexte de la crise sanitaire. Les économies de la région et la stabilité de ces pays sont sous tension. L’Europe doit pouvoir inclure le Maghreb dans son plan européen de 750 milliards d’euros. Faire bénéficier la capacité d’emprunt européenne aux trois pays du Maghreb leur permettrait d’acquérir les liquidités nécessaires à la transformation de leurs modèles de développement. À cette condition, la crise pourra constituer une opportunité à saisir pour se relancer durablement.

    Le Maghreb, nouvel enjeu stratégique

    Le Maghreb n’est plus un pré-carré européen. Les trois pays du Maghreb font l’objet d’un intérêt de la part des grands acteurs régionaux et mondiaux. L’influence de l’Europe – et particulièrement celle de la France – recule progressivement.

    Seule démocratie du monde arabe, proche de l’Europe par ses échanges commerciaux, la Tunisie représente un fort symbole politique. La France demeure un partenaire majeur de la Tunisie : environ 14 % des importations tunisiennes en 2019 (contre 21 % en 2009). Mais l’analyse des flux d’investissements directs montre que d’autres puissances s’intéressent à la Tunisie. 39 % du stock d’IDE en 2019 provenaient des pays du Golfe, dont 11 % pour le Qatar. La Turquie est également très implantée sur le marché tunisien, notamment dans le domaine des travaux publics et des infrastructures.

    Le Maroc, passerelle entre l’Europe et l’Afrique, plateforme commerciale et financière importante, économie ouverte aux échanges et insérée dans les principaux flux économiques et financiers, est au cœur des intérêts régionaux et internationaux. Le Maroc intéresse de plus en plus la Chine, dont la diaspora est assez importante sur le littoral marocain. La Chine regarde de près les implantations logistiques, notamment à Tanger, et exporte beaucoup de biens manufacturés et de matériel au Maroc. Elle a aussi construit un partenariat avec le Royaume pendant la crise du Covid-19 : envois de masques, test avancé de vaccins, distribution massive de vaccins chinois, etc. La Chine est en bonne position sur le plan des importations marocaines : elle représente 10 % du total en 2019, même si elle demeure derrière l’Espagne (15 %) et la France (12 %).

    Fondamentalement souverainiste mais très ouverte sur l’international par ses échanges commerciaux, l’Algérie se caractérise par son paradoxe. Riche en hydrocarbures et très attentive aux choix de ses partenaires économiques, l’Algérie détient les clients et les fournisseurs les plus diversifiés de la région. La Russie et la Chine sont devenues des partenaires importants de l’Algérie (17 % des importations algériennes provenaient de Chine en 2019). Longtemps concentrées sur le secteur de la défense, les relations entre Moscou et Alger ont récemment évolué avec la crise du Covid-19 vers le domaine de la santé (utilisation du vaccin russe en Algérie).

    C’est pourquoi l’Europe doit rester très attentive à la situation du Maghreb et trouver des solutions, pas seulement d’ordre financier, pour contribuer à la stabilité de ces pays. Celles-ci dépendent du bien-être des populations, davantage que le seul soutien aux régimes. Agissons tant qu’il est encore temps.

    Institut Montaigne, mai 2021

    Etiquettes : Maghreb, Printemps arabe,

  • Algérie : La nouvelle guerre que nous mène le Maroc

    Après la drogue et les psychotropes, c’est la fausse monnaie – La nouvelle guerre que nous mène le Maroc

    Tout comme la stratégie du kif, la manoeuvre du faux-monnayage est inspirée de laboratoires du Makhzen. C’est un crime aux conséquences socio-économiques difficiles à appréhender, tant il touche directement au coeur de l’Etat.

    Brahim TAKHEROUBT

    D’une stratégie de la tension permanente, le voisin de l’ouest passe à une autre manoeuvre qu’il veut machiavélique et sournoise. La nouvelle guerre que nous mène le Maroc se veut destructrice jusqu’aux fondements même de l’économie nationale. Après avoir inondé le pays de drogue et de psychotropes, voilà qu’il s’adonne à un autre type de trafic encore plus dangereux: la fausse monnaie. Un réseau criminel composé de six individus a été démantelé, avant-hier, au niveau de la zone frontalière de Oued Bounaïm, commune de Bab El Assa, daïra de Maghnia (Tlemcen) par les services de la Gendarmerie nationale et les gardes-frontières, a annoncé, hier, le ministère de la Défense nationale (MDN).

    Selon la même source, les individus arrêtés avaient en leur possession d’ «énormes sommes d’argent en monnaie nationale (billets de 1000 et 2000 dinars algériens) s’élevant à quatre milliards et 108,5 millions de centimes, dont une partie en faux billets estimée à trois milliards et 93 millions de centimes, qu’ils ont tenté d’introduire et faire circuler avec la complicité des réseaux criminels marocains. «Cette opération s’inscrit dans la dynamique des efforts visant à mettre en échec toute tentative de financement et de soutien aux mouvements subversifs», a souligné le communiqué du MDN, ajoutant que ces mêmes mouvements ont pour objectifs «de porter atteinte à la sécurité et à la stabilité du pays, et à semer la confusion et la discorde parmi les fils du même peuple, ainsi qu’à commettre des actes de sabotage et à épuiser les ressources de l’économie nationale, notamment en inondant le marché national de faux billets». Avec de pareilles sommes, il est clair qu’il ne s’agit pas d’un acte isolé commis par un trafiquant voulant arrondir ses fins de mois, mais d’une action concertée, étudiée et bien calculée. D’incubateurs de fake news après une série de cybernétiques, le Makhzen s’est transformé en laboratoire de théories économiques criminelles.

    Il y a deux armes de choix pour détruire un pays: la drogue et la fausse monnaie. Le Maroc excelle en la matière. Les chiffres de saisies opérées par les services de sécurité aux frontières sont éloquents et traduisent à eux seuls l’ampleur de cette guerre en sourdine que nous mène le Maroc. Plus de 2000 quintaux de kif traité ont été introduits via les frontières avec le Maroc, ainsi que plus de 6 millions de comprimés psychotropes ont été saisis par des détachements de l’ANP qui ont arrêté également 3183 narcotrafiquants depuis ces quatre dernières années, selon des chiffres révélés par les services de sécurité. La première cible de cette drogue est évidemment la jeunesse. Comment espérer un bien-être social, un développement économique dans un pays où la jeunesse est transformée en zombies? Il s’agit d’une industrie destructrice pour l’Algérie mais qui fait gagner des millions de dollars pour les cartels de la drogue marocaine qui vient de légaliser officiellement le commerce et la consommation du haschich.

    Tout comme la stratégie du kif, la manoeuvre du faux-monnayage est inspirée de laboratoires du Makhzen. C’est un très dangereux procédé, utilisé à travers l’histoire comme arme politique de destruction massive envers les Nations. Il s’agit de casser la confiance du citoyen envers son pays. C’est un crime aux conséquences socio-économiques difficiles à appréhender, tant il touche directement au coeur de l’Etat. C’est cette guerre que nous mène le Maroc.

    L’Expression, 26 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, Maroc, cannabis, kif, haschich, faux billets, faussaires, crime organisé, Maghnia,

  • L’Algérie s’engage à garantir le gaz à l’Espagne

    Des sources gouvernementales espagnoles ont déclaré que l’Algérie s’était engagée avec Madrid pour compenser toute pénurie d’approvisionnement en gaz par le gazoduc qui traverse le Maroc, connu sous le nom de « gazoduc Maghreb-Europe-Pedro Doran Farral ».

    Au cas où la crise entre Madrid et Rabat s’intensifierait en raison de l’affaire d’immigration clandestine dans la ville de Sebta, le Maroc aurait eu recours à des «mesures de rétention». Dans ce contexte, le site Web espagnol « El Confidencial Digital », citant des sources gouvernementales anonymes, a rapporté que la crise entre Madrid et Rabat, concernant les migrants dans la ville de Sebta, a compliqué le processus de renouvellement du contrat d’exploitation du gazoduc du Maghreb « Pedro Varane Duran », qui achemine le gaz algérien vers l’Espagne via le Maroc. A noter que ces conditions contractuelles expirent dans quatre mois.

    La même source a souligné que cette situation a contraint le gouvernement espagnol à agir pour assurer la poursuite des approvisionnements en provenance d’Algérie, via le gazoduc « Medgaz », qui relie Beni Saf, wilaya d’Aïn Témouchent, directement dans l’Almiriya au sud du Royaume, en prévision d’une nouvelle aggravation de la situation avec Rabat. Le même site a confirmé que «le gouvernement espagnol a réussi à obtenir un sauvetage de ses approvisionnements en gaz en cas d’escalade avec Rabat dans le contexte de la crise des migrants irréguliers, et du Maroc prenant des mesures de représailles contre l’Espagne», étant donné que les Espagnols de « Natergie », partenaire de la Sonatrach algérienne, peut transférer 10 milliards de mètres cubes de gaz par an via le gazoduc « Medgaz », c’est-à-dire directement de l’Algérie vers l’Espagne sans avoir besoin du gazoduc passant par le Maroc, malgré l’importance du gazoduc passant à travers le territoire marocain pour assurer la sécurité gazière de l’Espagne, ajoute le même site.

    Le gouvernement espagnol a justifié ces efforts auprès de l’Algérie, pour assurer sa sécurité gazière et éviter une hausse folle des prix du gaz en cas d’escalade avec le Maroc et couper les approvisionnements via le gazoduc « Pedro Duran Farral », notant que Madrid « cette fois a trouvé l’Algérie comme alliée fiable contre les menaces marocaines ». Selon « El Confidencial Digital », dans l’hypothèse où l’Algérie ne serait pas prête à renouveler le contrat du gazoduc maghrébin « Pedro Duran Faral », le Maroc se trouverait confronté à des difficultés et il devra acheter près de la moitié de ses besoins de consommation de gaz sur un marché lié au prix du pétrole brut, qui connaît une augmentation continue. Et sans aucune aide de l’Espagne, qui assurera son approvisionnement complet depuis l’Algérie via le gazoduc « Medgaz ».

    Sur le terrain, les données disponibles indiquent que Sonatrach s’appuie davantage sur le gazoduc «Medgaz», reliant Beni Saf et Almeria, afin d’assurer l’approvisionnement de l’Espagne et l’Europe en gaz, par rapport au gazoduc traversant le territoire marocain. Le 6 mai dernier, le ministre de l’Énergie, Mohamed Arkab, a inauguré un gazoduc en soutien au gazoduc «Medgaz» qui transportera le gaz par le gazoduc qui passe par le Maroc, notamment depuis la zone frontalière d’Arisha, via une liaison qui y a été créée, et pompé dans «Medgaz» pour passer directement en Espagne, et s’étend sur 197 kilomètres d’Arisha jusqu’à Béni Saf.

    Mehdi Zerrouki

    Maghreb Info, 23 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, Espagne, Gaz, Medgaz, Maroc,

  • En attendant la levée des brevets, le Maghreb veut produire ses propres vaccins contre le Covid-19

    A l’instar de la Tunisie, où l’on fabrique déjà le vaccin contre le BCG, plusieurs pays africains possèdent des dispositifs industriels pour fabriquer des doses contre le Covid-19. Mais la “recette” ne suffit pas, un accompagnement des labos maîtrisant cette technologie apparaît primordiale pour produire rapidement les vaccins nécessaires.

    C’est un bilan d’étape que livre le site d’information ONU Info en cette mi-mai 2021 : le continent africain n’a reçu entre février et mai “qu’un quart des 66 millions de doses prévues par le dispositif Covax”, soit 18,2 millions. Rappelons que ce programme co-dirigé par l’OMS permet aux 92 pays les plus pauvres d’obtenir des vaccins grâce à des fonds réunis par des donateurs. Mais les partages déjà effectifs depuis les pays riches vers les plus démunis se font à un tout petit débit par rapport aux besoins attendus. S’ajoutent à cela les problèmes de formation et de communication qui entravent les campagnes de vaccination. Bref, l’Afrique est dépendante d’une production vaccinale qui se fait ailleurs. Pourtant, dans le continent, certains pays paraissent capables de fabriquer des vaccins anti-Covid…

    Selon le magazine Jeune Afrique, 7 pays du continent conçoivent déjà des vaccins humains et 11 des vaccins animaux. C’est le cas du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie, de l’Afrique du sud et de l’Egypte. Il pourrait être envisagé que plusieurs d’entre eux, maîtrisant ces compétences, se partagent la fabrication des composants nécessaires à un vaccin anti-Covid. Dont l’une des étapes cruciales consiste en le très délicat de fill/finish. Soit dans la terminologie de l’industrie pharmaceutique, le conditionnement des liquides dans des contenants aseptiques, leur fermeture, leur étiquetage et enfin leur emballage. Un processus qui est maîtrisé par l’Egypte avec ses 18 groupes pharmaceutiques, explique Jeune Afrique. Les opérations de fill/finish s’avèrent plus lentes que la production elle-même du composé vaccinal. Souvent, c’est cette phase finale qui se transforme en un goulet d’étranglement et retarde les campagnes vaccinales.

    Le débat quant à une levée des brevets sur les vaccins contre le Covid-19 a connu de nouveaux rebondissements quand le président américain Joe Biden a déclaré y être favorable au début du mois de mai. Si des pays déjà dotés d’unités de production de vaccins comme la Tunisie ou le Maroc avaient accès à la recette du vaccin, pourraient-ils le produire en nombre suffisant pour leur population, voire même fournir les précieuses doses à leurs voisins africains ?

    *”Transfert des technologioes”

    En Tunisie, cela ne serait pas si évident, selon le Dr Nizar Laabidi, chef de production de l’Institut Pasteur de Tunis, interrogé par la correspondante du quotidien émirati The National. Le scientifique dirige l’une des rares filières de fabrication de vaccin BCG au monde, où travaillent une cinquantaine de chercheurs et de techniciens. “C’est bien connu, le BCG est l’un des vaccins les plus compliquée à produire”, explique au National le Dr Laabidi, fin connaisseur du transfert technologique puisqu’il a aidé les Sud-Coréens à monter leur propre unité de production de BCG. Là où le bas blesse, c’est que la “recette” d’un vaccin ne suffit pas. Il y a d’abord le problème de l’argent, un vrai obstacle pour se procurer les composants – et l’Institut Pasteur de Tunis en manque. Mais au-delà du manque en matériels et de personnels, c’est le savoir-faire qui est impossible à acquérir en si peu de temps. La rétro-ingénierie peut fonctionner pour reproduire un médicament à partir de l’étude du produit fini, mais elle ne fonctionnerait pas pour élaborer un vaccin, estime Nizar Laabidi : pour lui, seul un transfert des technologies des vaccins contre le Covid-19 permettrait à son pays de se libérer de la dépendance extérieure.

    Du côté du Maroc, ce pays est un “candidat crédible” pour se lancer dans la fabrication à grande échelle de vaccins selon le quotidien national L’Opinion. Mais selon les spécialistes interrogés par ce média – un épidémiologiste, un virologue et un industriel -, les technologie de vaccins à ARN messager demeurent trop complexes. Le pays devraient miser sur la fabrication locale de vaccins traditionnels, c’est-à-dire les vaccins atténués ou à vecteur viral, tels que le Spoutnik-V, l’AstraZeneca ou le Sinopharm. Le quotidien rappelle d’ailleurs que le Maroc a misé sur une collaboration avec la Chine et plus particulièrement avec l’entreprise Sinopharm. Un échange de bons procédés a été mis en place : le Maroc fournit des cohortes pour les essais cliniques du vaccin chinois contre le savoir-faire de l’entreprise chinoises pour reproduire son vaccin. Mais il semblerait selon Ali Sedrati, le président de l’Association marocaine de l’industrie pharmaceutique, que l’”on assiste à un retard dans l’exécution des engagements qui ont été pris, dont on ignore les raisons”.

    Sciences et Avenir via Réalités Online

    Etiquettes : Maghreb, Algérie, Maroc, Tunisie, coronavirus, covid 19, pandémie,


  • Les ratés de la diplomatie marocaine et la disgrâce de l’effronté Nasser Bourita

    Les ratés de la diplomatie marocaine et la disgrâce de l’effronté Nasser Bourita

    Par Amar Belani(*)

    Le plus algérophobe des ministres marocains des Affaires étrangères, qualification justifiée dont je l’avais affublée dans de précédents écrits, vient de se prendre magistralement les pieds dans le tapis, entraînant lourdement dans sa chute la politique étrangère marocaine et les hautes autorités qui sont censées l’arrêter et la conduire.

    Partisan irréductible de la stratégie permanente de la tension, et ne répugnant guère à recourir à l’arme, peu glorieuse, du chantage le plus vil, le sieur Bourita, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a cru pouvoir faire plier l’Allemagne, puis l’Espagne et enfin l’Union européenne pour les amener à suivre aveuglément la reconnaissance illégitime et illégale de la prétendue marocanité du Sahara Occidental octroyée charitablement par l’administration de l’ex-président insensé américain Donald Trump en guise de remerciements au régime du Makhzen pour sa lâche collusion avec Israël, où sévit un régime expansionniste et colonialiste du même acabit, massacrant des civils innocents et spoliant leurs terres.

    Le même déchaînement de la violence cyclique et à huis clos, les mêmes pratiques qui foulent aux pieds le droit international et, enfin, les mêmes atteintes systématiques et de grande ampleur aux droits de l’Homme ont libre cours au Sahara Occidental. Rien d’étonnant donc à cette alliance naturelle et objective entre puissances occupantes.

    Cette complicité odieuse avec le régime sioniste restera une tache indélébile au front de celui qui se proclame défenseur d’Al-Qods Ech-Charif et dont le silence assourdissant à propos du déluge meurtrier de feu et d’acier qui s’est abattu dernièrement sur Gaza et sur la Cisjordanie renseigne sur le degré extrême de vassalisation et de reniement, quoi qu’en dise un appareil médiatique aux ordres, chauffé à blanc par la MAP (Maghreb arabe propagande) et son rejeton adultérin (le 360.ma, incubateur de fake news, animé par de piètres barbouzes aux ordres du secrétaire particulier du souverain qui cultive, avec une rare virulence, la haine de l’Algérie et de ses institutions) qui multiplient et amplifient les déclarations creuses et mensongères concernant son présumé soutien à la cause palestinienne au sein des instances bureaucratiques islamiques et arabes où l’hypocrisie des uns le dispute à l’imposture et à la fourberie des autres.

    Pour revenir à l’inénarrable Bourita, ce ministre hâbleur et prétentieux, dont le seul fait d’armes est de pouvoir compter sur l’influence du lobby juif (à Washington tout comme au Parlement européen), il n’a pas compris une chose élémentaire qui imprègne les relations internationales : à force de recourir aux rodomontades, aux gesticulations grand guignolesques et aux mouvements de menton alors qu’on représente un «pays sous-développé», perfusé par l’aide européenne (dixit les médias espagnols), et dont les sujets désespérés rêvent de fuir durablement la misère qui submerge le «royaume enchanté», on finit par perdre toute crédibilité et par démonétiser les quelques leviers de nuisance dont le Makhzen se sert sans état d’âme (prétendue expertise sur des cellules terroristes dormantes composées d’ailleurs majoritairement de ressortissants marocains, utilisation sans vergogne de l’arme de la migration et, enfin, submersion de l’Europe du Sud par le cannabis et les drogues de synthèse produits au Maroc.)

    Appels du pied désespérés à l’Espagne

    La dure réalité a fini par rattraper l’impudent ministre dont on dit que les jours sont comptés puisque, contre toute attente, l’Espagne et l’UE ont réagi très fermement à «l’agression» et au «chantage» du Maroc et que le gouvernement de ce dernier a consenti, piteusement, à reprendre 6 500 des migrants clandestins (sur quelque 8 000) dont de très nombreux mineurs, y compris des nourrissons, ont été encouragés à prendre d’assaut l’enclave de Ceuta.

    L’instrumentalisation de cette catégorie d’âge vulnérable est criminelle en soi, et elle renseigne sur le cynisme d’un régime qui ne recule devant aucune contrainte ou considération légale, humaine ou morale.

    En voulant forcer l’Union européenne à «sortir de sa zone de confort» (comprendre violer le droit international et reconnaître la marocanité d’un territoire «séparé et distinct», selon l’arrêt de la Cour de justice européenne), l’infortuné Bourita, responsable d’une bérézina diplomatique, enfile (encore une fois) le costume de la maîtresse éplorée, selon le bon mot de l’ambassadeur Gérard Araud, pour implorer la France à jouer, une énième fois, le rôle de l’avocat et du pompier de service.

    Tout en contorsions, l’ambassadeur de la France au Maroc, passée maîtresse en rouerie diplomatique depuis son fâcheux et condescendant tweet (le président d’une soi-disant commission souveraine marocaine lui avait rendu compte, en avant-première, de l’avancement des travaux pour obtenir l’approbation tutélaire de la France) a cru bon de botter en touche en soutenant crânement, mais le regard fuyant et les yeux dans le vague, que «le Maroc prend très au sérieux la lutte contre la migration clandestine» !

    Grotesque vaudeville puisque cette même diplomate, décidément en mode bisounours candide, a poussé le bouchon jusqu’à expliquer doctement que la France n’ouvre pas de consulat au Sahara Occidental pour des raisons purement techniques (petit nombre d’expatriés français implantés dans ce territoire), en occultant la donnée fondamentale de la question : il s’agit d’un territoire non autonome, séparé et distinct du Maroc, qui échappe totalement à sa souveraineté et dont le statut définitif reste à déterminer sous les auspices des Nations unies.

    De son côté, tapant là où cela fait mal, l’Espagnol Josep Borrel, haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, a révélé que c’est grâce à l’intercession intéressée de l’Espagne que le Maroc a pu empocher 15 000 millions d’euros supplémentaires pour financer ses programmes de développement.

    Cette pique pour dénoncer l’ingratitude d’un voisin irascible, imprévisible et peu fiable, est couplée avec une menace à peine voilée : Ceuta est la frontière de l’Union européenne, et celle-ci ne se laissera pas faire.

    Elle ne se laissera pas intimidée ni par les tentatives misérables de chantage ni par les gesticulations donquichottesques d’un nain géopolitique. Le message est bien passé et le ministre en culotte courte s’emploie désormais à trouver une sortie de crise en faisant des appels du pied désespérés à l’Espagne (qui n’est pas le maillon faible, comme il vient de l’apprendre à ses dépens) car pas moins de cinq membres du collège des commissaires européens ont réagi fermement à la crise migratoire provoquée impudemment par le Maroc à Ceuta.

    Le timing de cette crise diplomatique sévère, qui intervient à quelques semaines d’un jugement important du tribunal de l’UE qui ne manquera pas d’annuler les accords illégaux et scélérats UE-Maroc, signifie que la tête du prodige est sur le billot et que ce n’est pas une poignée d’eurodéputés corrompus et véreux et grassement payés sur la cassette royale (comme Frederique Ries, Olivier Chastel, Ilhan Kyuchyuk, Dominique Riquet, Tomas Zdechovsky) ou les hérauts de l’extrême droite nauséabonde et nostAlgerique (comme Thierry Mariani, Nicolas Bay et Dominique Bilde) qui y changera grand-chose. «La diplomatie est une science mais qui n’a jamais cessé d’être un art», disait Richelieu.

    A. B.

    (*) Ex-ambassadeur d’Algérie à Bruxelles

    Algérie Patriotique, 22 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Algérie, Sahara Occidental, Union Européenne, UE, Migration,

  • Brahim Ghali, Le Maroc et ses Experts en Fake-News !

    Brahim Ghali, Le Makhzen et ses Experts en Fake-News !

    Une fois encore, le torchon numérique affilié au Makhzen, le360.ma, s’est illustré dans un acte grotesque de manipulation de l’information et dans l’abjecte propagation d’un mensonge à l’adresse de ses lecteurs et de l’opinion publique en général.

    En effet, dans une énième tentative désespérée de discréditer l’Algérie, l’auteur de l’article, un certain Khalil Ibrahimi, exerçant au sein du site d’information soumis aux services de renseignements du Royaume du Maroc, vient de publier en ce 20 Mai 2021 un article intitulé : Image du jour. Le faux passeport algérien du chef du Polisario, Brahim Ghali.

    Cet article a ainsi, sans en indiquer la source, reproduit le ‘’fac-similé du faux document de voyage avec lequel Brahim Ghali, alias Mohamed Ben Battouche, a réussi à entrer en territoire espagnol pour se faire soigner du Covid-19’’.

    Sûr de lui par l’impunité que lui confère la ligne éditoriale haineuse et peu professionnelle du pamphlet anti-algérien, Khalil Ibrahimi s’en va même oser écrire : « Les autorités algériennes ont beau se défiler, les faits sont têtus » !

    Pourtant la copie du passeport présenté par cette presse aux ordres des services secrets marocains et tous les détails contenus dans cet article sont totalement faux !

    Persistant dans la mauvaise foi, l’article qui a été depuis honteusement retiré, rapportait que Brahim Ghali, Président de la République Arabe Sahraouie Démocratique, détenait un passeport algérien, ayant pour N° : 142589650, délivré à Oran le 16 avril 2021 et expirant le 16 avril 2026. Il appartiendrait, toujours selon la même source, à ‘Mohammed Ben Battouche’, né à Oran en 1946.

    Des informations grotesques et totalement fausses qui jettent le discrédit une fois encore sur cet organe de presse transformé en fabrique de Fake-News et qui ôte toute crédibilité sur son contenu.

    Le 21 Mai 2021, gouvernement espagnol a vite démenti les allégations mensongères du 360.ma, indiquant que le secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, n’était pas arrivé en Espagne avec un faux passeport !

    Des sources du ministère des Affaires étrangères de la péninsule ibérique ont insisté sur le fait que l’admission de Brahim Ghali dans un hôpital espagnol, depuis le 18 Avril 2021, était liée à des “raisons humanitaires”, car il se trouverait dans un état grave après avoir contracté le coronavirus.

    En effet, Ibrahim Ghali, chef du Polisario seul représentant du peuple Sahraoui, a bien été admis à l’hôpital San Millán-San Pedro de La Rioja à Logroño près de la vielle de Saragosse en Espagne, mais avec un passeport algérien réel et ordinaire dont le N° est 300502551.

    Ce n’est que par mesure de sécurité et de confidentialité, à l’entrée de l’Hôpital espagnol, qu’Ibrahim Ghali avait emprunté l’identité de Benbatouche et non Ben Battouche comme le précisait le 360.ma.

    D’un autre côté, en inspectant le document produit par le 360.ma, on peut aisément remarquer l’amateurisme de l’équipe ayant falsifié le pseudo passeport attribué à Ibrahim Ghali pour produire au final une bien mauvaise contrefaçon. La preuve !

    En plus du fait que la photo d’Ibrahim Ghali ne soit pas sur un fond uni comme l’exige la loi et en dépit du fait que le document publié ne respecte ni l’inscription de l’identité en langue arabe et française, ni la police de caractère uniformisée, la durée de validité de nos passeports biométriques, comme le savent tous les algériens, est de 10 années pour les personnes majeures et non pas 5 années !

    De plus, la date d’expiration du passeport aurait dû être le 15 avril et non pas le 16 Avril !

    Mais l’erreur qui semble la plus flagrante, et qui démontre la Fake-News produite par le journal en ligne marocain, réside, comme vous pouvez le voir ci-après, dans les données de la partie optique en bas de la 2ème page d’identité du passeport, où on remarque la référence MAR, propre aux passeports marocains… Rien que ça !

    Malgré les multiples polémiques qui ont grandement affecté sa crédibilité, le 360.ma persiste et signe dans ses errements en fabriquant de fausses informations afin de s’en prendre à l’Algérie. Tous les moyens semblent bons pour nuire à la réputation d’Alger après la déroute de la diplomatie du Makhzen, quitte à ce que des journalistes sans morale ou déontologie falsifient des documents et manipulent les faits, pour espérer que leurs mensonges masquent la débâcle d’une monarchie vacillante.

    Maghreb TV, 23 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Algérie, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali,

  • Algérie-Maroc: arrestation de 22 marocains à Sidi Belabbès pour faux certificats de nationalité

    Faux certificats de nationalité algérienne: 22 Marocains et un fonctionnaire arrêtés à Sidi Bel Abbès

    par M. Delli

    Le parquet du tribunal de Sidi Bel Abbès a traité avec la collaboration de la police judiciaire, une affaire relative à la falsification de certificats de la nationalité algérienne au profit de ressortissants marocains. Selon le procureur de la République près du tribunal de Sidi Bel Abbès qui a tenu un point de presse précisant que suite à des informations parvenues au parquet du tribunal, une enquête judiciaire a été ouverte ayant abouti, en un temps record, à l’arrestation de 22 personnes, 14 femmes et 8 hommes, tous impliqués dans une affaire de faux usage de faux dans des documents officiels en relation avec des certificats de nationalité ayant servi à des Marocains à jouir de la carte d’identité nationale algérienne.

    Les premiers éléments de l’enquête menée par la police judiciaire ont révélé qu’un agent au niveau du secrétariat du greffe du tribunal chargé du service des nationalités est l’accusé principal dans cette affaire. Le mis en cause s’occupait avec l’aide de deux femmes intermédiaires à établir ces certificats de nationalité en utilisant des données « erronées » dans le réseau informatique avant de procéder au tirage des « faux certificats ». Le procureur de la République a précisé que les « faux certificats de nationalité » n’ont servi qu’à l’établissement de CNI algériennes et non à d’autres usages, apportant ainsi un démenti formel à une information relayée par un organe arabophone et faisant état de l’utilisation de ces nationalités falsifiées pour des dossiers de candidature pour les élections législatives. En vertu des articles du code pénal, les mis en cause ont été présentés devant le magistrat instructeur près du tribunal de Sidi Bel Abbès pour les chefs d’accusation, de crime de falsification de documents officiels, usage de faux documents officiels, complicité dans le crime de falsification de documents officiels et délit d’entrée frauduleuse dans une partie du système de traitement automatique des données officielles, participation dans la fraude, ainsi que l’entrée frauduleuse de données dans le système de traitement automatique des données et la suppression et la correction frauduleuse des données contenues».

    Les suspects sont également poursuivis pour «abus de fonction, ainsi que pour le délit d’obtention de documents délivrés par l’administration publique dans l’intention de prouver un droit, une qualité ou une personnalité à travers la présentation d’informations et de décisions mensongères, des faits énoncés et punis par les articles 42, 44, 215, 218, 223, 394 bis, 394 bis 1, 394 bis 5 des procédures pénales, ainsi que les articles 33 et 48 de la loi contre la corruption.

    Le Quotidien d’Oran, 22 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, Maroc, certificats de nationalité, Sidi Belabbès,

  • Algérie-Maroc: Hirak, Rabat-Madrid et le chantage migratoire

    par Hassan Zerrouky

    Avant d’aborder le Hirak, un mot sur la tension entre Rabat et Madrid. Mohammed VI prend-il exemple sur Erdogan : ce dernier avait menacé l’Union européenne (UE) de laisser passer des dizaines de milliers de migrants, syriens et autres, vers l’Europe si les Européens ne sortaient pas le carnet de chèques.

    Les faits. Dans la nuit de lundi à mardi, Ceuta, l’enclave espagnole située en territoire marocain mais dont Rabat n’a jamais exigé le rattachement au Maroc, a été submergée par quelque 8 000 harragas marocains — dont plus de 1 500 mineurs — à pied et à la nage, que les forces marocaines ont laissé passer.

    La raison de cette passivité marocaine ? L’hospitalisation du dirigeant du Polisario, Brahim Ghali, à Madrid pour cause de Covid-19. Déjà brouillée avec l’Allemagne qui s’est prononcée pour le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, Rabat veut faire pression sur l’UE, via Madrid, afin que cette dernière suive l’exemple des États-Unis qui, sous Donald Trump, ont reconnu la marocanité du Sahara Occidental.

    Mais voilà. Quoique Rabat dispose en la France de Macron d’un solide allié, l’UE ne semble pas disposée, du moins pour le moment, à subir le chantage marocain. Bien qu’il ait normalisé ses relations avec Israël, le Maroc n’est pas la Turquie. Ankara et Rabat ne jouent pas dans la même division. La Turquie, 17e puissance économique au monde, membre du G-20, est aussi la 2e puissance militaire de l’Otan. Ce n’est pas le cas du Maroc. C’est là toute la différence.
    Venons-en rapidement au Hirak. Le mardi des étudiants n’a pas eu lieu. C’est qu’il s’est passé plein de choses depuis que le ministère de l’Intérieur a décidé de soumettre les marches du vendredi à une « autorisation préalable » formulée par ses organisateurs ! Ce qui revient à neutraliser de fait toute manifestation. Premier effet de ce tour de vis, la marche de vendredi passé a été étouffée dans l’œuf, les arrestations et les condamnations ont été plus nombreuses que d’habitude. Reste que manifester un vendredi, 2e jour de l’Aïd, n’était sans doute pas la chose la mieux indiquée. Et pour cause, la mobilisation n’était pas au rendez-vous.

    Certes, des voix se sont élevées pour affirmer que les Algériens n’avaient pas sollicité d’autorisation préalable pour « dégager » Bouteflika ! Mais, rétorque-t-on, c’était une autre époque. Ce temps-là est fini. Place aux élections législatives du 12 juin. Une date à laquelle, à en croire Soufiane Djillali, « aura lieu le début du changement et non le changement » !

    Autre constat : demander une autorisation pour manifester en indiquant ce que les gens vont scander dans la rue est impossible. Les autorités savent que ce qui caractérise le Hirak, c’est son horizontalité. Ce n’est pas un mouvement vertical, structuré et hiérarchisé. Personne ne peut parler en son nom et prétendre le représenter au risque de se faire rabrouer. Il n’a ni chef ni leader en lesquels les manifestants s’identifient. Si tel avait été le cas, un dialogue pour une issue positive à la crise aurait été possible entre le pouvoir et ses représentants supposés.

    Le Hirak, avec ses excès comme il y en a dans toute manifestation populaire dans le monde, reste un courant d’opinion. Au-delà de la question de savoir s’il est représentatif ou non d’un courant d’opinion majoritaire, il n’en reste pas moins qu’il est la manifestation visible d’une vraie fracture entre une partie importante de la société algérienne et les institutions censées la représenter. Le Hirak pose un problème politique. Le nier n’aide pas à faire avancer les choses.

    Un mot pour finir, sur l’image que renvoient de l’Algérie ces interpellations, gardes à vue prolongées, condamnations et placements sous contrôle judiciaire de journalistes connus et de personnalités parmi lesquelles l’astrophysicien de renommée internationale Jamel Mimouni. C’est un mauvais signal donné à l’international et à ces jeunes chercheurs algériens qui ont fait le choix de travailler en Algérie. L’Algérie n’est certes pas la Birmanie, mais quand c’est l’ONU qui interpelle pour la deuxième fois les autorités algériennes sur les droits de l’Homme et la liberté d’expression, la sagesse doit prévaloir. Dans ce registre, Alger doit donner l’exemple comme elle l’avait fait dans les années 70 en matière de soutien aux mouvements de libération.
    H. Z.

    Le Soir d’Algérie, 22 mai 2021

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