Catégorie : Maroc – France

  • Maroc : Il y a 62 ans disparassait Ben Barka

    Maroc : Il y a 62 ans disparassait Ben Barka

    Tags : Maroc, Mehdi Ben Barka, UNFP, Tricontinental, Hassan II, Ahmed Dlimi, Oufkir,

    Le 29 octobre 1965, à 12 h 30, Ben Barka est interpellé par deux hommes qui présentent des cartes de police et le font monter dans une 403 banalisée qui disparaît dans la circulation. À partir de cet instant Medhi Ben Barka ne sera plus jamais revu et son corps ne sera jamais retrouvé.

    Les circonstances de l’enlèvement sont liées à un projet de film consacré à la décolonisation que voulait réaliser le journaliste Michel Barnier et pour lequel il a contacté Ben Barka. Les deux hommes sont mis en contact avec Georges Figon. Georges Figon est un fils de bonne famille qui a passé trois ans en hôpital psychiatrique et onze ans derrière les barreaux : en 1950, à l’occasion d’une tentative d’escroquerie il a tiré sur un policier. Il est sorti de prison en 1961 et entretient des amitiés avec l’intelligentsia parisienne. Il convainc le metteur en scène Franju de réaliser le film (qui devait s’intituler Basta !). Après divers contacts un contrat est signé avec Ben Barka, et un rendez-vous de travail est prévu à Paris, le 29 octobre 1965, sur la terrasse de la brasserie Lipp, 151 boulevard Saint-Germain.

    A l’heure dite Bernier, Franju et Ben Barka se retrouvent à la brasserie. Le 29 octobre 1965, à 12 h 30, Ben Barka est interpellé par deux hommes qui présentent des cartes de police et le font monter dans une 403 banalisée qui disparaît dans la circulation. À partir de cet instant Medhi Ben Barka ne sera plus jamais revu et son corps ne sera jamais retrouvé.

    Le début de l’enquête

    Les vérifications ont permis de constater que Ben Barka ne se trouve pas dans une prison française. Les premiers témoignages de Franju et Bernier sont recueillis le 1er novembre ; c’est Franju qui a communiqué les coordonnées de Bernier et de Figon aux enquêteurs. Le nom de Figon a été préalablement cité au commissaire Marchand (responsable de l’enquête) par le commissaire Jean Caille, des Renseignements généraux. Selon lui, l’intéressé se vante d’avoir participé à l’enlèvement de M. Ben Barka et ce renseignement, donné par un informateur, paraît sérieux. Un avis de recherche concernant Figon est lancé le jour même par la police judiciaire.

    Le 2 novembre, une instruction est ouverte par le juge Louis Zollinger. L’enquête est confiée à la brigade criminelle dirigée par le commissaire Bouvier, qui prend connaissance des informations déjà recueillies. Il apprend en particulier le rôle de Figon et d’un certain Antoine Lopez.

    Lopez est inspecteur principal d’Air France à Orly et un informateur du SDECE et de la Brigade mondaine de la Préfecture de police. Il entretient des relations suivies avec de hauts dignitaires marocains, dont le général Oufkir, ministre de la défense marocain. Plusieurs truands parisiens comptent parmi ses amis. Se sachant recherché Lopez se présente à la police le 3 novembre et donne sa version de l’enlèvement de Medhi Ben Barka : Il reconnaît avoir organisé l’enlèvement à la demande d’un certain Larbi Chtouki, qui s’avère être un émissaire des services spéciaux marocains. Il pensait ainsi organiser un entretien privé et pacifique entre Oufkir et Ben Barka. En récompense de ce service, les Marocains lui auraient fait miroiter un poste important à la compagnie Royal Air Maroc. C’est Lopez qui a sollicité l’intervention de deux policiers, avec lesquels il entretenait des contacts professionnels. Il dit avoir informé au préalable son supérieur au sein du SDECE le colonel Marcel Le Roy-Finville.

    Antoine Lopez était à bord de la 403 banalisée où sont montés Ben Barka et les deux policiers.

    Le déroulement des faits

    Le rôle des protagonistes et le déroulement des faits se précisent. Quatre personnes étaient dans la 403 lors de l’enlèvement de Ben Barka : Lopez, deux policiers français, dont on saura quelques jours plus tard qu’il s’agit de l’inspecteur principal Louis Souchon (chef du groupe des stupéfiants à la Brigade mondaine) et de son adjoint Roger Voitot, et enfin un certain Julien Le Ny, repris de justice.

    Deux autres personnes, également des repris de justice plusieurs fois condamnés, ont supervisé l’enlèvement : Jean Palisse et Pierre Dubail et ont ensuite précédé la 403 jusqu’à sa destination finale.
    Lopez guide la voiture jusqu’à une villa de Fontenay-le-Vicomte appartenant à un certain Georges Boucheseiche, qui fait partie de ses relations et pour qui travaillent Le Ny, Jean Palisse et Pierre Dubail.

    Georges Boucheseiche est un ancien gangster. Il a fait partie de la Gestapo française et a rejoint en 1946 le Gang des Tractions avant, en compagnie notamment de Pierre Loutrel (dit Pierrot-le-fou) et Jo Attia. Il a été condamné pour le recel du cadavre de Loutrel, puis a fait plusieurs années de prison pour avoir racketté un diamantaire pendant l’occupation. Dans les années 1950, il s’est converti dans les hôtels de passe et les maisons closes, à Paris et au Maroc. Il est réputé avoir rendu des services à la DGER puis au SDECE lors de l’indépendance du Maroc et la guerre d’Algérie.

    Lopez informe Oufkir que Ben Barka est sequestré à Fontenay-le-Vicomte. Il va le chercher à Orly le lendemain et l’amène auprès de Ben Barka vers 17h. Lopez indique en outre la présence à Orly d’un étudiant marocain nommé El Mahi. Le commandant Dlimi, directeur de la sûreté marocaine était arrivé peu de temps auparavant en compagnie d’un policier marocain nommé El Houssaini. Le lendemain à 5 heures du matin, Lopez raccompagnera Oufkir, Dlimi et El Houssaini à Orly.

    Les policiers apprennent que Bouchesèche a pris l’avion pour Casablanca le 1er novembre. Boucheseiche et ses complices Le Ny, Jean Palisse et Pierre Dubail ne seront plus jamais revus sur le territoire français.

    Les suites judiciaires

    Les policiers Souchon et Voitot sont inculpés le 14 novembre et écroués à la Santé.

    Boucheseiche et ses acolytes se sont enfuis au Maroc. Un mandat d’arrêt international est lancé contre eux, qui restera sans effet : on ne les reverra plus jamais en France. Selon un témoignage tardif ils auraient été enfermés au bagne de Tazmamart, puis exécutés et enterrés en secret. Des fouilles demandées par le juge Patrick Ramaël ont été refusées par le gouvernement marocain.

    Le 12 novembre le juge Zollinger lance des commissions rogatoires internationales afin d’entendre le général Oufkir et le commandant Dlimi. Le roi Hassan II s’oppose à leur exécution.

    Le 22 janvier, le juge Zollinger délivre trois mandats d’arrêt internationaux contre le général Oufkir, le commandant Dlimi et Larbi Chtouki. Le 24 janvier Robert Gillet, ambassadeur de France à Rabat, remet une note d’explication à M. Benhima, ministre marocain des affaires étrangères : « L’instruction menée par la justice française au sujet de l’affaire Ben Barka a conduit le juge à la conviction que le ministre marocain de l’intérieur a organisé l’enlèvement et que le ministre marocain de l’intérieur et plusieurs de ses collaborateurs directs ont participé personnellement aux dernières phases de l’opération ».

    Le 4 novembre, un mandat d’arrêt avait été lancé contre Georges Figon qui est en fuite. Le 10 janvier 1966 l’hebdomadaire L’Express, dirigé par Jean-Jacques Servan-Schreiber, publie son témoignage recueilli par Jacques Derogy et Jean-François Kahn. Figon explique que Medhi Ben Barka a été séquestré dans la villa de Georges Boucheseiche et confronté au général Oufkir et au colonel Ahmed Dlimi qui lui ont fait subir des sévices. Son récit est cohérent avec les aveux de Lopez (cf. cet article ici). Le 17 janvier, Figon est localisé par la police dans un studio du XVIIe arrondissement à Paris. Il y est retrouvé mort par les policiers, qui concluent à un suicide. Le Canard enchaîné titrera : « Georges Figon suicidé de trois balles mortelles dans la tête ».

    Le procès s’ouvre le 5 septembre 1966 devant la cour d’assise de la Seine. Antoine Lopez, Philippe Bernier (le journaliste qui projetait de réaliser un film documentaire avec Ben Barka), Louis Souchon, Roger Voitot et El Ghali El Mahi comparaissent détenus. Marcel Leroy-Finville comparait libre (le colonel Le Roy-Finville est un ancien membre du SDECE). Les autres inculpés sont en fuite : Boucheseiche, Palisse, Le Ny, Dubail, « Chtouki », Dlimi et Oufkir. Les parties civiles sont représentées par Abdelkader Ben Barka, frère de la victime, ainsi que par cinq avocats pour l’épouse de Ben Barka et un pour sa mère. Lopez est défendu par Me Jean-Louis Tixier-Vignancour.

    Coup de théatre : le colonel Ahmed Dlimi décide de se présenter au procès ! Il produit un témoin chauffeur de taxi qui affirme l’avoir ramené à Orly le 31 octobre, contrairement à ce qu’a dit Lopez.

    Le verdict tombe : Antoine Lopez est condamné à 8 ans de réclusion criminelle et Souchon à 6 ans pour arrestation illégale. Les autres inculpés sont acquittés. Oufkir, Chtouki, Boucheseiche, Palisse, Le Ny et Dubail sont condamnés par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité.

    Le roi Hassan II refusera toujours d’appliquer les condamnations ou d’extrader les condamnés. Le général Oufkir sera exécuté cependant quelques années plus tard après un coup d’État manqué contre le roi du Maroc.

    D’une famille de petits fonctionnaires, Mehdi Ben Barka a fait des études de mathématique à Rabat et devient professeur de lycée. Proche du Palais, il enseigne aussi au Collège royal. Il a le futur roi Hassan II parmi ses élèves. Parallèlement, il s’engage en politique contre le « protectorat » français sur le Maroc. Dès 1943, il participe à la création du Parti de l’Istiqlal, un parti qui joue un grand rôle dans l’indépendance du Maroc. En 1955, il participe aux négociations qui aboutiront au retour du roi Mohammed V que les autorités françaises avaient exilé à Madagascar. De 1956 à 1959, Mehdi Ben Barka est président de l’assemblée consultative du Maroc.

    Représentant de l’aile gauche d’un parti qu’il juge trop conservateur, il fonde, en septembre 1959, l’Union nationale des forces populaires (UNFP), principal parti de gauche opposé au régime royal. À la mort de Mohammed V en 1961, Hassan II monte sur le trône et annonce vouloir faire la paix avec son principal opposant. Il rentre au Maroc en mai 1962. Le 16 novembre 1962, il échappe à un attentat fomenté par les services du général Oufkir et du colonel Ahmed Dlimi. En juin 1963, il s’exile à nouveau, après être accusé de complot contre la monarchie, Hassan II souhaitant dissoudre l’UNFP. Le 14 mars 1964, il est condamné à mort par contumace pour complot et tentative d’assassinat contre le roi.

    Mehdi Ben Barka s’exile alors. Il part d’abord pour Alger, où il rencontre Che Guevara, Amílcar Cabral et Malcolm X. Il s’en va ensuite pour Le Caire, Rome, Genève (où il échappe à plusieurs tentatives d’assassinat) et pour La Havane, tentant de fédérer les mouvements révolutionnaires du tiers-monde en vue de la Conférence tricontinentale devant se tenir en janvier 1966 à Cuba.

    En avril 1965, Ben Barka bénéficie de l’amnistie générale accordée par le roi à tous les prisonniers politiques.

    #Maroc #Ben_Barka

  • Bertrand Buchwalter, pièce maîtresse du Maroc au Quai d’Orsay

    Bertrand Buchwalter, pièce maîtresse du Maroc au Quai d’Orsay

    Tags : Maroc, Union Européenne, UE, Conseil de l’Europe, Bertrand Buchwalter, Printemps Arabe, Ministère français des Affaires Etrangères, Quai d’Orsay,

    Cette anecdote remonte au mois de février 2011. A l’époque, le dénommé Printemps Arabe faisait des ravages en Libye. Le Conseil de l’Europe s’est réuni dans le but de discuter des événements en Libye et au Maghreb en général et de la position à adopter à ce sujet. La France est intervenu en vue de soutenir le pouvoir marocain. A ce sujet, Bertrand Buchwalter se félicite du paragraphe citant le Maroc. « À cet égard, le Conseil européen se félicite vivement de l’annonce par le roi du Maroc de la création d’un comité consultatif chargé de préparer une révision de la constitution qui sera soumise à l’approbation du peuple marocain. Les progrès réalisés par les partenaires sur la voie de la transformation seront le moteur du soutien de l’UE. Le développement d’institutions démocratiques fortes étant l’un des objectifs clés, le renforcement des liens parlementaires entre l’Europe et la région revêt une importance capitale », dixit le paragraphe. « Finalement, le PR a pu faire ajouter qqch au § 3 », commente Buchwalter dans un mail confidentiel contenant le texte de la déclaration du Conseil de l’Europe. Buchwalter est un ancien conseiller des affaires étrangères au Quai d’Orsay et actuel directeur de l’Institut français du Royaume-Uni et conseiller culturel de l’Ambassade de France.

    DÉCLARATION DU CONSEIL EUROPÉEN

    1. Le Conseil européen s’est réuni aujourd’hui en session extraordinaire pour débattre de l’évolution de la situation en Libye et dans la région du voisinage méridional et définir l’orientation politique et les priorités de la politique et de l’action futures de l’UE.

    2. Les soulèvements démocratiques entraînent des changements spectaculaires dans le voisinage méridional, créant un nouvel espoir et une nouvelle opportunité de construire un avenir fondé sur la démocratie, le pluralisme, l’état de droit, les droits de l’homme et la justice sociale. Progrès et démocratie vont de pair. Le Conseil européen salue le courage dont ont fait preuve les populations de la région et réaffirme qu’il leur appartient de décider de leur avenir par des moyens pacifiques et démocratiques.

    4. En ce qui concerne la Tunisie, le Conseil européen se félicite de l’annonce de la tenue d’élections pour une assemblée constituante le 24 juillet 2011. En étroite consultation avec les autorités tunisiennes, l’UE est prête à apporter le soutien nécessaire à cet égard, notamment par le biais du statut avancé pour la Tunisie. Dès que les autorités tunisiennes seront prêtes, l’UE est disposée à offrir son soutien pour relever les défis économiques et sociaux auxquels la Tunisie est confrontée. L’Union européenne restera engagée sur le long terme, dans le but de promouvoir le développement économique et social. La solidarité manifestée par le peuple tunisien envers les personnes fuyant la Libye mérite les plus grands éloges et le plus grand soutien.

    5. Le Conseil européen soutient la transition démocratique en Égypte. Il se félicite de la remise en temps voulu des premières propositions d’amendement de la constitution et encourage les autorités égyptiennes à poursuivre leur engagement en faveur de la réforme politique et à créer un environnement propice à une transition démocratique approfondie, notamment en levant l’état d’urgence. L’Union européenne est prête à mobiliser tout son soutien conformément aux priorités du peuple égyptien et a entamé un dialogue avec le gouvernement égyptien récemment nommé.

    6. La situation en Libye demeure une source de grave préoccupation. Nous exprimons notre ferme solidarité avec le peuple libyen et les victimes. Nous condamnons fermement la répression violente que le régime libyen applique contre ses citoyens et la violation flagrante et systématique des droits de l’homme. Nous saluons la résolution 1970 du Conseil de sécurité des Nations unies et le renvoi de la situation en Libye à la Cour pénale internationale. L’usage de la force, en particulier avec des moyens militaires, contre des civils est inacceptable et doit cesser immédiatement. La sécurité des personnes doit être assurée par tous les moyens nécessaires. Le Conseil européen exprime sa profonde préoccupation face aux attaques contre des civils, y compris depuis les airs. Afin de protéger la population civile, les États membres examineront toutes les options nécessaires, à condition qu’il existe un besoin démontrable, une base juridique claire et un soutien de la région. Les responsables seront tenus responsables et feront face à de graves conséquences. Nous travaillerons avec les Nations Unies, la Ligue arabe, l’Union africaine et nos partenaires internationaux pour répondre à la crise. Nous appelons à la tenue rapide d’un sommet entre la Ligue arabe, l’Union africaine et l’Union européenne.

    7. Le colonel Khadafi doit quitter le pouvoir immédiatement. Son régime a perdu toute légitimité et n’est plus un interlocuteur pour l’UE. L’Union européenne a adopté des mesures restrictives à l’encontre des dirigeants du pays et des entités détenant des actifs importants contrôlés par le régime et se tient prête à adopter de nouvelles sanctions.

    8. L’objectif est que la Libye s’engage rapidement dans une transition ordonnée vers la démocratie grâce à un large dialogue. L’Union européenne salue et encourage le Conseil national de transition intérimaire basé à Benghazi qu’elle considère comme un interlocuteur politique. L’Union européenne est prête à aider la Libye à construire un État de droit et à développer l’État de droit. Elle est prête à répondre aux demandes du peuple libyen pour aider au redémarrage de l’économie libyenne.

    9. L’urgence humanitaire en Libye et à ses frontières atteint des proportions inquiétantes, aggravées par les mouvements migratoires massifs résultant des événements. Assurer l’évacuation en toute sécurité des citoyens de l’UE et des autres ressortissants souhaitant fuir les combats reste une priorité. L’Union européenne et les États membres ont mobilisé l’aide humanitaire et se sont engagés à continuer d’aider les personnes en Libye et les personnes traversant ses frontières, en étroite coopération avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, l’Organisation internationale pour la migration, le Comité international de la Croix-Rouge / Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et des organisations non gouvernementales. L’Union européenne appelle toutes les parties concernées à autoriser l’accès des agences et opérateurs humanitaires à toute zone où une aide est nécessaire et se tient prête à soutenir leur action. À cette fin, l’Union européenne renforcera sa coordination afin d’assurer une utilisation cohérente et efficace des moyens et capacités, conformément aux principes humanitaires.

    10. Les États membres les plus directement concernés par les mouvements migratoires ont besoin de notre solidarité concrète. L’UE et les États membres sont prêts à apporter le soutien nécessaire à mesure que la situation évolue. L’UE, notamment par le biais de l’opération Frontex Hermes 2011, continuera de suivre de près l’impact des événements sur les mouvements migratoires tant à l’intérieur qu’à partir de la région. En particulier, les États membres sont instamment priés de fournir des ressources humaines et techniques supplémentaires à Frontex, selon les besoins. La Commission est invitée à mettre à disposition des ressources supplémentaires. Le Conseil européen appelle à parvenir rapidement à un accord sur le règlement renforçant les capacités de l’agence.

    11. L’Union européenne consultera les pays de la région concernée sur un soutien financier et technique pour améliorer le contrôle et la gestion des frontières et des mesures pour faciliter le retour des migrants dans leur pays d’origine. Le Conseil européen invite le Conseil JAI à se réunir sans délai. En outre, le Conseil, en coopération avec la Commission, est invité à présenter avant le Conseil européen de juin un plan de développement des capacités de gestion des migrations et des flux de réfugiés.

    12. Une approche globale de la migration devrait être encouragée, conformément à l’approche globale de l’UE. Dans ce contexte, l’Union européenne doit également relever le défi de la mobilité et promouvoir les contacts entre les personnes, en utilisant des instruments tels que les partenariats pour la mobilité avec tous les partenaires suffisamment avancés dans leurs processus de réforme et en coopérant dans la lutte contre la traite des êtres humains et l’immigration irrégulière . La Commission est invitée à faire des propositions pour encourager les échanges entre la jeunesse européenne et sud-méditerranéenne.

    13. De manière plus générale, les programmes de partenariat et d’assistance existants seront rapidement revus, en étroite collaboration avec nos partenaires de la région, afin de mieux cibler les besoins actuels. Dans ce contexte, la Commission et le haut représentant devraient accorder la priorité aux approches axées sur les pays et fondées sur les performances.

    14. S’agissant du moyen terme, le Conseil européen appelle à un nouveau partenariat avec la région, conformément à sa déclaration du 4 février 2011. À cet égard, il se félicite globalement de la communication conjointe de la Commission et de la haute représentante proposant un partenariat pour la démocratie et la prospérité partagée avec le sud de la Méditerranée, fondée sur une approche différenciée et incitative rassemblant tous les instruments de l’UE. Un tel partenariat devrait également être fondé sur une intégration économique plus profonde, un accès plus large au marché et une coopération politique. Il invite le Conseil à examiner rapidement les propositions contenues dans la communication et notamment les conditions dans lesquelles le soutien de l’UE à ses partenaires pourrait être renforcé. Elle attend avec intérêt leur prochaine communication sur la politique européenne de voisinage.

    15. Il sera également crucial de donner aux pays les moyens de reconstruire et de moderniser leurs économies. Le développement économique et les perspectives d’emploi, en particulier pour les jeunes, sont d’une importance capitale pour stabiliser la démocratie. Le Conseil devrait approuver d’urgence les propositions en suspens sur les règles d’origine paneuroméditerranéennes et la Commission est invitée à présenter des propositions sur de nouveaux moyens de renforcer le commerce et l’investissement direct étranger dans la région à court, moyen et long terme. Il est également urgent de redynamiser le secteur du tourisme dans la région. Le Conseil devrait examiner rapidement les propositions de la Commission sur les remboursements de la Banque européenne d’investissement et étudier d’autres possibilités d’accroître la capacité globale de soutien financier de la BEI. La coordination avec les autres institutions financières internationales est importante.

    16. Tirant les leçons de ce qui s’est passé, l’Union européenne se tient également prête à revoir les missions de l’Union pour la Méditerranée, dans le but de promouvoir la démocratie et de favoriser la stabilité dans la région. Une nouvelle impulsion doit être donnée à des mesures et des projets concrets afin de renforcer les institutions démocratiques, la liberté d’expression, y compris l’accès sans entrave à Internet, de renforcer les sociétés civiles, de soutenir l’économie, de réduire la pauvreté et de lutter contre l’injustice sociale.

    17. L’Union européenne est consciente de l’impact politique et économique plus large de ces événements sur l’ensemble de la région et appelle à réactiver le processus de paix au Moyen-Orient.


    #Maroc #Union_Européenne #UE #Printemps_Arabe #France #Sahara_Occidental

  • Entretien avec le Conseiller de l’Ambassadede France à Washington

    Entretien avec le Conseiller de l’Ambassadede France à Washington

    Tags : Maroc, France, Sahara Occidental, Christopher Ross, ONU,


    L’Ambassadeur Rachad Bouhlal a eu jeudi un entretien avec M. David Cvach, Conseiller à l’Ambassade de France à Washington.

    M. Cvach m’a informé qu’il partage tout à fait les préoccupations du Maroc quant à l’évolution de la question du Sahara et comprend parfaitement la position de notre pays au sujet du retrait de la confiance à M. Ross. Il m’a assuré, à cet égard, du soutien de la France pour traverser cette période délicate.

    M. Cvach m’a signalé qu’il y a deux tendances au Département d’Etat, une tendance que représente la branche qui suit les relations bilatérales et une deuxième qui assure le suivi des relations multilatérales et particulièrement les Nations Unies. Généralement la branche des relations bilatérales prend le dessus et met les tendances des multilatéralistes au diapason avec le niveau des relations bilatérales et avec les orientations globales du Département d’Etat.

    Dans le cas spécifique du Maroc, après la décision du retrait de la confiance à M. Ross, mon interlocuteur m’a informé que cette configuration s’est inversée et que la branche multilatérale, sous l’impulsion de New York, semble reprendre le dessus et mettre les bilatéralistes de côté.

    Les causes de cette situation peuvent être expliquées, selon mon interlocuteur, par la nature purement multilatérale de la question et l’effet de surprise qu’a eu la décision du Maroc au Département d’Etat. Cet effet de surprise n’a pas laissé assez de temps à la branche bilatérale pour ramener les choses à la normale et recadrer le processus d’appréciation de la décision marocaine, selon une approche exclusivement bilatérale.

    M. Cvach m’a également signalé que le Maroc ne doit pas changer d’avis sur cette question et qu’il faut absolument qu’il intensifie ses efforts dans le renforcement des relations bilatérales.

    A cet effet, il me parait opportun de confirmer les termes de ma note cryptée n° C-158-12 du 31 mai 2012, dans laquelle cette Mission propose de saisir l’opportunité de la rencontre prévue la semaine prochaine à Istanbul, entre Monsieur le Ministre et la Secrétaire d’Etat, Mme Hillary Clinton pour évoquer également la dynamique insufflée par la Secrétaire d’Etat aux relations bilatérales entre les deux pays et l’esprit de partenariat et de coopération qui anime ces relations.

    L’Ambassadeur Rachad Bouhlal

    #Maroc #France #Sahara_Occidental #Christopher_Ross

  • Cybersécurité: Cadre de coopération entre le Maroc et la France

    Cybersécurité: Cadre de coopération entre le Maroc et la France

    France, Maroc, cybersécurité, coopération,

    ROYAUME DU MAROC Rabat, le 15 Février 2012
    ADMINISTRATION
    DE LA DEFENSE NATIONALE


    CADRE DE COOPERATION ENTRE LE MAROC ET LA FRANCE DANS LE DOMAINE DE LA CYBESECURITE

    Basé sur le constat que la France et le Maroc sont susceptibles de faire face aux mêmes menaces et aux mêmes crises, il est préconisé de saisir l’opportunité offerte par la visite de M. Le Ministre français de la défense pour discuter d’une éventuelle coopération dans l’objectif de formaliser, entre les deux parties, le partage d’information et d’expérience entre leurs autorités de cybersécurité respectives.

    Cet accord traitera des aspects suivants :

    -Assistance et accompagnement de la partie marocaine dans l’élaboration de la PSSI au niveau national ;

    -Echange d’expertise entre le centre marocain de veille, de détection et de réponse aux attaques informatiques (ma-CERT) et les organismes français similaires de la défense nationale ;

    -Transfert de compétence notamment dans les domaines :

    -D’analyse des attaques informatiques ;

    -d’infrastructure à clé publique et cryptographie ;

    -d’octroi des labels aux produits de sécurité ;

    -de la certification électronique ;

    -de l’audit des systèmes d’information.

    -Parrainage du ma-CERT pour adhérer au « Forum of Incident Response and Security Team » (FIRST) ;

    -Participation aux stages et aux programmes de formation dispensés par l’ANSSI ;

    -Participation aux exercices de réponse à des crises majeures d’origine informatique (exercices de simulation pratique).

    #Maroc #France #Cybersécurité #Informatique

  • Qui finance les publications de Jeune Afrique ?

    Jeune Afrique, Maroc, Makhzen, François Soudan, France, Françafrique, Béchir Ben Yahmed,

    Les documents que le Journal Hebdomadaire s’est procuré attestent d’une relation plus catholique. Les accusations n’ont jamais manqué. Voyons plutôt. Selon les données figurant sur l’échéancier de paiement que le Journal s’est procuré, le Maroc s’est engagé à verser 994.000 euros à DIFCOM, agence de communication et régie publicitaire appartenant au Groupe Jeune Afrique.

    Obtenue par Maroc Leaks, une facture prouve que le Makhzen a payé, pour la période 2010-2011, le montant de 700.000 euros au magazine de la Françafrique.
    En 2005, le Journal Hebdomadaire a enquêté sur les liens occultes existant entre le Makhzen et Jeune Afrique. Voici le texte intégral de leur enquête :

    Le Makhzen finance le Groupe Jeune Afrique
    Le Journal Hebdo, 04-10-2005

    Comment le régime « finance » le Groupe de Béchir Ben Yahmed pour soigner son image.

    Quelle est la vraie nature des liens que tisse le Maroc avec le Groupe Jeune Afrique ? Un coin du voile est désormais levé sur la face cachée des relations, entre le royaume et le groupe de presse Jeune Afrique.

    Les documents que le Journal Hebdomadaire s’est procuré attestent d’une relation plus catholique. Les accusations n’ont jamais manqué. Voyons plutôt. Selon les données figurant sur l’échéancier de paiement que le Journal s’est procuré, le Maroc s’est engagé à verser 994.000 euros à DIFCOM, agence de communication et régie publicitaire appartenant au Groupe Jeune Afrique.

    Cet échéancier d’encaissement stipule que le Maroc doit s’acquitter de ce montant en trois tranches ou versements, étalés sur un an. Toutefois, les modes de règlement n’ont pas été précisés…

    Qu’a obtenu le Makhzen en contrepartie de ces 994.000 euros ? DIFCOM s’est-elle engagée à assurer la publication d’une série d’articles positifs sur le Maroc ? La constellation Jeune Afrique mettait-elle à la disposition du royaume son réseau « France-Afrique » ? Pourquoi payer autant d’argent à ce Groupe pour qu’il soigne l’image du Roi du Maroc ?.

    Les échéanciers de DIFCOM attestent qu’en 2002 et 2003, les présidents de pays comme la Mauritanie, le Gabon, le Cameroun, la Guinée équatoriale, le Togo, ou le Rwanda ont assuré au Groupe Jeune Afrique une manne de plusieurs millions d’euros.

    Pourquoi le Maroc recourrait-il à ce qui semble bien être des stratagèmes de républiques bananières pour soigner son image ? A noter que l’Algérie passe aussi à la caisse pour un montant quasi égal à celui versé par le Maroc (950.000 euros). Preuve, sans doute, des talents de négociateurs des dirigeants de Jeune Afrique qui savent tirer le maximum des rivalités régionales sur le continent africain.

    Les visites du « Grand blond »

    Les articles de JAI consacrés au royaume et au roi du Maroc, en 2003 par exemple, se passent de tout commentaire. Les visites de François Soudan, le directeur de la rédaction de Jeune Afrique, au Maroc se suivent et se ressemblent. Elles sont régulières.

    Le « grand blond normand », comme l’appellent familièrement ses amis, est royalement accueilli. Logé dans les meilleurs palaces. François Soudan dispose, pendant tout son séjour au Maroc, d’une voiture et d’un chauffeur 24h/24. Ce traitement VIP dont bénéficie le Directeur de la rédaction de Jeune Afrique au royaume fait vraisemblablement partie de ce fameux « contrat de communication ». En tout cas, François Soudan multiplie les « missions spéciales » au Maroc. Il est reçu et briefé par tous les hommes forts du pouvoir comme Fouad Ali El Himma, Hamidou Laânigri, Meziane Belfkih et André Azoulay.

    Au Maroc et ailleurs, les accusations pointent constamment du doigt le Groupe Jeune Afrique. Un article du Canard Enchaîné, daté du 8 juin 1994 considère Jeune Afrique, comme le « spécialiste des dossiers de pub politique». Et enchaîne, à propos d’une commande encensant l’ex-dictateur du Togo : « A croire que cirer les pompes du général Eyadema, un peu massacreur sur les bords, ne gêne en rien les dirigeants de Jeune Afrique. Des récidivistes, d’ailleurs ».

    Pour développer et rentabiliser ses «marchés » sur le continent noir, Béchir Ben Yahmed profitait de son amitié avec un certain Jacques Foccart, le Monsieur Afrique de la France. Ce dernier, pour mener à bien sa diplomatie parallèle, mettait le patron de Jeune Afrique sur des sujets « porteurs ».

    Cette amitié avec l’homme qui joua un rôle de premier plan dans le maintien de la dépendance des pays africains en dit long sur l’action émancipatrice du groupe Jeune Afrique, véritable machine à sous ! Les sommes versées par le Maroc pour s’adjuger les faveurs éditoriales de Jeune Afrique est une pratique qui ne date pas seulement du nouveau règne. Hassan II a souvent eu du mal à gérer BBY.

    Une vieille histoire

    Tantôt, il profite de ses écrits panégyriques, tantôt, il subit ses foudres «éditoriales ». Cela dépend-il de la générosité du Palais royal ? Il y eut des hauts et des bas. Irrité par la méchanceté de BBY qui n’hésite pas à l’attaquer personnellement dans ses éditos, Hassan II décide d’interdire la diffusion de Jeune Afrique au Maroc pendant toute une décennie, entre 1965 et 1975.

    Mais, pendant toute cette période, Ben Yahmed profite du soutien inconditionnel de l’Algérie de Houari Boumediene. « Béchir a eu tout ce qu’il voulait d’Alger. Jeune Afrique était ouvertement pro-algérien et catégoriquement anti-marocain », explique un ancien journaliste rescapé de la boîte, qui coule sa retraite à Paris.

    « L’anti-marocanisme » de Jeune Afrique est alors essentiellement décliné par des enquêtes accusant l’implication des barbouzes du roi dans l’enlèvement de Medhi Ben Barka, et des articles soutenant les deux putschs avortés contre Hassan II, en 1971 et 1972.

    Des papiers qui portent la signature de Younes Berri, qui n’est autre que l’ancien opposant socialiste exilé à Paris, Hamid Barrada. Toutefois, grâce aux bons offices de Houphouët Boigny, ancien président de la Côte d’Ivoire, et un lobby pro-marocain mené par Serge Guetta, un financier parisien, ami de Ben Yahmed et André Azoulay, alors directeur commercial du groupe français Scoa, les relations entre Rabat et Jeune Afrique reprennent de plus belle.

    Profitant d’un incident avec l’Algérie, Ben Yahmed ferme, sans hésiter, son bureau à Alger en février 1975, tourne le dos à Houari Boumediene et entame une nouvelle page avec le Maroc. Désormais, BBY compte sur ses appuis dans l’entourage du Roi « C’était Mohamed Cherkaoui, alors ambassadeur du roi dans l’Hexagone et son beau-frère qui était l’émissaire de Hassan II auprès de Jeune Afrique », nous révèle cet ancien collaborateur de Jeune Afrique.

    A quelques mois de la Marche verte, Jeune Afrique lâche Alger et épouse, corps et âme, la thèse de Hassan II, conseillé par Ahmed Réda Guédira.

    L’hebdo va d’ailleurs jouer un grand rôle dans la médiatisation de sa version du dossier Sahara auprès d’une grande partie de l’Afrique francophone. A la manière d’un attaché de presse… Boumediene fulmine, il se sent trahi. Lui qui comptait beaucoup sur Ben Yahmed et son canard dans sa campagne de propagande en faveur de la RASD.

    Au sein même de la rédaction de la rue d’Auteuil, trois journalistes défendent, depuis quelques années déjà, la cause marocaine. Il s’agit de l’Algérien Hamza Kaidi, du Tunisien Abdelaziz Dahmani et du Marocain Mohamed Selhami. Ce trio dispose d’un bon carnet d’adresses au royaume. Leurs rapports avec les décideurs marocains sont plus qu’excellents. Ce qui arrange inévitablement les affaires de Ben Yahmed. Ce dernier accueille, les bras ouverts le général Ahmed Dlimi, un de ses contacts marocains les plus privilégiés, à chacun de ses passages à Paris.

    « Avec Dlimi, Ben Yahmed finissait toujours par avoir ce qu’il voulait du Maroc », nous explique-t-on. La lune de miel entre Rabat et Jeune Afrique ne va pas pour autant être affectée par la mort subite de l’ex-patron du CAB1. Et puis, en pleine guerre du Sahara, Hassan II a toujours besoin des « précieux services » du magazine des « présidents africains ».

    Driss Basri, ministre de l’Intérieur et de l’Information, l’a d’ailleurs très bien compris. Il répond favorablement à toutes les sollicitations et les démarches de François Soudan, désormais le journaliste attitré et l’émissaire officiel de Ben Yahmed au Maroc.

    Opération séduction à 1 million

    « Pendant plusieurs années, nous avons financièrement soutenu Jeune Afrique Et l’on n’a pas lésiné sur les moyens pour satisfaire leurs doléances qui étaient récurrentes », reconnaît D.Basri.

    Ce dernier confie ainsi à Othmane Bouabid, son chef de Cabinet, la gestion du « dossier Jeune Afrique ». Le soutien financier auquel fait allusion l’ancien ministre de l’Intérieur se répartit globalement en éditions spéciales et autre manne publicitaire des annonceurs institutionnels publics marocains, voire même privés.

    Après son retrait spectaculaire de l’OUA, en 1984, Hassan II ne peut pas se permettre pour autant le luxe de la politique de la chaise vide. Il a compris que la bataille du Sahara se joue aussi dans les médias. C’est ainsi qu’à l’occasion de l’assemblée générale des Nations Unies à New York, en 1985, le Maroc commande à Jeune Afrique une édition spéciale de cent mille exemplaires consacrée au dossier du Sahara, en trois langues. Mais en raison d’un problème technique, la photo de Hassan II en couverture de cette édition a été déformée. Les Marocains ont demandé et obtenu son ramassage. Trois semaines plus tard, Béchir Ben Yahmed exige et finit tout de même par être payé malgré son édition ratée. L’opération aurait coûté la bagatelle de 1 million de francs français.

    Mais Hassan II en a ras-le-bol. La chute du mur de Berlin, le cessez-le-feu avec le Polisario en 1991 et le plan de référendum proposé par l’ONU, finissent par convaincre Hassan II de la caducité de son « partenariat » avec Jeune Afrique.

    « Nous avons alors décidé d’arrêter notre collaboration pour des considérations mutuelles, en 1993 » (sic !), dira D. Basri. Ce dernier avoue même avoir personnellement donné quelque temps après l’ordre d’interdire la distribution de Jeune Afrique au Maroc, et ce à maintes reprises.

    Malgré ce « divorce », Jeune Afrique a continué à souffler le chaud et le froid sur Hassan II, depuis sa maladie jusqu’à son décès, et même après ! Dans Jeune Afrique n°2012, du 30 juillet au 9 août 1999, qui contient un spécial sur la mort de Hassan II, Béchir Ben Yahmed fait d’une pierre deux coups. Il instruit un procès de Hassan II à titre posthume et envoie des messages codés à son successeur. Messages que son entourage aurait finir par recevoir cinq sur cinq !

    Le trône « Peopolisé »

    Cette évolution est intéressante car elle souligne une régression notable dans la gestion de l’image du nouveau règne. Déjà, Hassan II avait pu se passer des services d’une presse « commerciale » puisque les réformes entamées durant les dernières années de son règne se « vendaient toutes seules ».

    La presse économique internationale a, la première, souligné les réformes économiques du Royaume avec, notamment, un programme de privatisation et de réforme des marchés financiers qui a suscité les commentaires favorables des quotidiens d’affaires les plus crédibles.

    Le Financial Times consacre ainsi, dès 1994, un supplément, à la tonalité positive, sur l’économie marocaine. Avec l’alternance et la nomination d’Abderrahman Youssoufi à la tête du gouvernement, Hassan II réalise une formidable opération de marketing politique. La très anti-monarchiste «l’Huma » titre un de ces articles sur le royaume en avril 1999, c’est-à-dire 4 mois avant le décès de Hassan II : « Le printemps marocain ».

    L’avènement du règne de Mohammed VI est accueilli avec encore plus d’enthousiasme. Le Wall Street Journal se fend d’un article, à la limite du dithyrambe, pour saluer l’arrivée du nouveau roi.

    Time Magazine publie la première interview du successeur de Hassan II avec reportage photo à l’appui. Avec les premiers errements, et notamment les dérapages sécuritaires, l’image du régime s’étiole. Les architectes de la communication de la monarchie réagissent par la «peopolisation » de la famille royale avec l’octroi d’un accès privilégié aux reporters de Paris Match.

    L’autre réaction, nous le savons aujourd’hui, est le retour des bonnes vieilles méthodes avec ce cher Jeune Afrique. L’année 2003 est symptomatique de ce revirement. Pourquoi ? D’abord parce que c’est l’année, avec 2002, où l’existence d’un contrat de communication entre le Maroc et Difcom est prouvée.

    Mais aussi parce que 2003 est l’année où, depuis l’accession de Mohammed VI au trône, le pouvoir a le plus eu besoin de « communiquer » avec la communauté internationale et avec les Marocains. Flash-back. 2003 est sans conteste l’« annus horribilis » pour le Maroc. Tout d’abord avec les attentats de Casablanca le 16 mai qui traumatisent l’opinion et relancent le débat sur la place des islamistes en politique. Mais aussi avec l’encaissement d’un sérieux revers diplomatique lorsque Washington avalise le plan Baker II rejeté par un Maroc sommé de faire une contre-proposition.

    A cela s’ajoutent des éléments de politique intérieure déstabilisants pour le régime : le sempiternel débat sur la sacralité du roi dans une hypothétique réforme de la Constitution, des rumeurs portant sur des irrégularités lors du scrutin de septembre 2002, la montée du PJD et d’Al Adl wal Ihsane… Sans oublier un durcissement à l’encontre de la presse indépendante comme en témoigne l’affaire Ali Lmrabet.

    Dès lors, on devine les tentations du régime : rebondir sur les attentats de Casablanca pour positionner le roi au sein d’une nouvelle donne alors qu’il entre dans sa 4è année de règne et prête le flanc à un vrai premier bilan. Et, pourquoi pas, au passage, en profiter pour affaiblir les islamistes, grand défi à la monarchie pour les années à venir et cette presse dite « indépendante » qui stigmatise chaque faux pas ? Résultat : ballottée au rythme de l’actualité, l’image du royaume se ternit au point que de réelles avancées comme la réforme de la Moudawana ne suffisent plus à redorer son blason. D’où la tentation d’emprunter des chemins de traverse…

    #Maroc #France #Jeune_Afrique #François_Soudan #Françafrique

  • Bertrand Buchwalter, pièce maîtresse du Maroc au Quai d’Orsay

    Bertrand Buchwalter, pièce maîtresse du Maroc au Quai d’Orsay

    Tags : Maroc, Union Européenne, UE, Conseil de l’Europe, Bertrand Buchwalter, Printemps Arabe, Ministère français des Affaires Etrangères, Quai d’Orsay,

    Cette anecdote remonte au mois de février 2011. A l’époque, le dénommé Printemps Arabe faisait des ravages en Libye. Le Conseil de l’Europe s’est réuni dans le but de discuter des événements en Libye et au Maghreb en général et de la position à adopter à ce sujet. La France est intervenu en vue de soutenir le pouvoir marocain. A ce sujet, Bertrand Buchwalter se félicite du paragraphe citant le Maroc. « À cet égard, le Conseil européen se félicite vivement de l’annonce par le roi du Maroc de la création d’un comité consultatif chargé de préparer une révision de la constitution qui sera soumise à l’approbation du peuple marocain. Les progrès réalisés par les partenaires sur la voie de la transformation seront le moteur du soutien de l’UE. Le développement d’institutions démocratiques fortes étant l’un des objectifs clés, le renforcement des liens parlementaires entre l’Europe et la région revêt une importance capitale », dixit le paragraphe. « Finalement, le PR a pu faire ajouter qqch au § 3 », commente Buchwalter dans un mail confidentiel contenant le texte de la déclaration du Conseil de l’Europe. Buchwalter est un ancien conseiller des affaires étrangères au Quai d’Orsay et actuel directeur de l’Institut français du Royaume-Uni et conseiller culturel de l’Ambassade de France.

    DÉCLARATION DU CONSEIL EUROPÉEN

    1. Le Conseil européen s’est réuni aujourd’hui en session extraordinaire pour débattre de l’évolution de la situation en Libye et dans la région du voisinage méridional et définir l’orientation politique et les priorités de la politique et de l’action futures de l’UE.

    2. Les soulèvements démocratiques entraînent des changements spectaculaires dans le voisinage méridional, créant un nouvel espoir et une nouvelle opportunité de construire un avenir fondé sur la démocratie, le pluralisme, l’état de droit, les droits de l’homme et la justice sociale. Progrès et démocratie vont de pair. Le Conseil européen salue le courage dont ont fait preuve les populations de la région et réaffirme qu’il leur appartient de décider de leur avenir par des moyens pacifiques et démocratiques.

    3. Tous les pays de la région doivent entreprendre ou accélérer les réformes politiques et économiques. L’Union européenne soutiendra toutes les étapes vers la transformation démocratique, les systèmes politiques qui permettent un changement pacifique, la croissance et la prospérité, et une répartition plus proportionnée des bénéfices de la performance économique. A cet égard, le Conseil européen se félicite chaleureusement de l’annonce par le Roi du Maroc de la création d’un comité consultatif chargé de préparer une révision de la constitution à soumettre à l’approbation du peuple marocain. Les progrès des partenaires vers la transformation détermineront le soutien de l’UE. Le développement d’institutions démocratiques fortes étant l’un des objectifs clés, le renforcement des liens parlementaires entre l’Europe et la région est d’une importance primordiale.

    4. En ce qui concerne la Tunisie, le Conseil européen se félicite de l’annonce de la tenue d’élections pour une assemblée constituante le 24 juillet 2011. En étroite consultation avec les autorités tunisiennes, l’UE est prête à apporter le soutien nécessaire à cet égard, notamment par le biais du statut avancé pour la Tunisie. Dès que les autorités tunisiennes seront prêtes, l’UE est disposée à offrir son soutien pour relever les défis économiques et sociaux auxquels la Tunisie est confrontée. L’Union européenne restera engagée sur le long terme, dans le but de promouvoir le développement économique et social. La solidarité manifestée par le peuple tunisien envers les personnes fuyant la Libye mérite les plus grands éloges et le plus grand soutien.

    5. Le Conseil européen soutient la transition démocratique en Égypte. Il se félicite de la remise en temps voulu des premières propositions d’amendement de la constitution et encourage les autorités égyptiennes à poursuivre leur engagement en faveur de la réforme politique et à créer un environnement propice à une transition démocratique approfondie, notamment en levant l’état d’urgence. L’Union européenne est prête à mobiliser tout son soutien conformément aux priorités du peuple égyptien et a entamé un dialogue avec le gouvernement égyptien récemment nommé.

    6. La situation en Libye demeure une source de grave préoccupation. Nous exprimons notre ferme solidarité avec le peuple libyen et les victimes. Nous condamnons fermement la répression violente que le régime libyen applique contre ses citoyens et la violation flagrante et systématique des droits de l’homme. Nous saluons la résolution 1970 du Conseil de sécurité des Nations unies et le renvoi de la situation en Libye à la Cour pénale internationale. L’usage de la force, en particulier avec des moyens militaires, contre des civils est inacceptable et doit cesser immédiatement. La sécurité des personnes doit être assurée par tous les moyens nécessaires. Le Conseil européen exprime sa profonde préoccupation face aux attaques contre des civils, y compris depuis les airs. Afin de protéger la population civile, les États membres examineront toutes les options nécessaires, à condition qu’il existe un besoin démontrable, une base juridique claire et un soutien de la région. Les responsables seront tenus responsables et feront face à de graves conséquences. Nous travaillerons avec les Nations Unies, la Ligue arabe, l’Union africaine et nos partenaires internationaux pour répondre à la crise. Nous appelons à la tenue rapide d’un sommet entre la Ligue arabe, l’Union africaine et l’Union européenne.

    7. Le colonel Khadafi doit quitter le pouvoir immédiatement. Son régime a perdu toute légitimité et n’est plus un interlocuteur pour l’UE. L’Union européenne a adopté des mesures restrictives à l’encontre des dirigeants du pays et des entités détenant des actifs importants contrôlés par le régime et se tient prête à adopter de nouvelles sanctions.

    8. L’objectif est que la Libye s’engage rapidement dans une transition ordonnée vers la démocratie grâce à un large dialogue. L’Union européenne salue et encourage le Conseil national de transition intérimaire basé à Benghazi qu’elle considère comme un interlocuteur politique. L’Union européenne est prête à aider la Libye à construire un État de droit et à développer l’État de droit. Elle est prête à répondre aux demandes du peuple libyen pour aider au redémarrage de l’économie libyenne.

    9. L’urgence humanitaire en Libye et à ses frontières atteint des proportions inquiétantes, aggravées par les mouvements migratoires massifs résultant des événements. Assurer l’évacuation en toute sécurité des citoyens de l’UE et des autres ressortissants souhaitant fuir les combats reste une priorité. L’Union européenne et les États membres ont mobilisé l’aide humanitaire et se sont engagés à continuer d’aider les personnes en Libye et les personnes traversant ses frontières, en étroite coopération avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, l’Organisation internationale pour la migration, le Comité international de la Croix-Rouge / Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et des organisations non gouvernementales. L’Union européenne appelle toutes les parties concernées à autoriser l’accès des agences et opérateurs humanitaires à toute zone où une aide est nécessaire et se tient prête à soutenir leur action. À cette fin, l’Union européenne renforcera sa coordination afin d’assurer une utilisation cohérente et efficace des moyens et capacités, conformément aux principes humanitaires.

    10. Les États membres les plus directement concernés par les mouvements migratoires ont besoin de notre solidarité concrète. L’UE et les États membres sont prêts à apporter le soutien nécessaire à mesure que la situation évolue. L’UE, notamment par le biais de l’opération Frontex Hermes 2011, continuera de suivre de près l’impact des événements sur les mouvements migratoires tant à l’intérieur qu’à partir de la région. En particulier, les États membres sont instamment priés de fournir des ressources humaines et techniques supplémentaires à Frontex, selon les besoins. La Commission est invitée à mettre à disposition des ressources supplémentaires. Le Conseil européen appelle à parvenir rapidement à un accord sur le règlement renforçant les capacités de l’agence.


    11. L’Union européenne consultera les pays de la région concernée sur un soutien financier et technique pour améliorer le contrôle et la gestion des frontières et des mesures pour faciliter le retour des migrants dans leur pays d’origine. Le Conseil européen invite le Conseil JAI à se réunir sans délai. En outre, le Conseil, en coopération avec la Commission, est invité à présenter avant le Conseil européen de juin un plan de développement des capacités de gestion des migrations et des flux de réfugiés.

    12. Une approche globale de la migration devrait être encouragée, conformément à l’approche globale de l’UE. Dans ce contexte, l’Union européenne doit également relever le défi de la mobilité et promouvoir les contacts entre les personnes, en utilisant des instruments tels que les partenariats pour la mobilité avec tous les partenaires suffisamment avancés dans leurs processus de réforme et en coopérant dans la lutte contre la traite des êtres humains et l’immigration irrégulière . La Commission est invitée à faire des propositions pour encourager les échanges entre la jeunesse européenne et sud-méditerranéenne.

    13. De manière plus générale, les programmes de partenariat et d’assistance existants seront rapidement revus, en étroite collaboration avec nos partenaires de la région, afin de mieux cibler les besoins actuels. Dans ce contexte, la Commission et le haut représentant devraient accorder la priorité aux approches axées sur les pays et fondées sur les performances.

    14. S’agissant du moyen terme, le Conseil européen appelle à un nouveau partenariat avec la région, conformément à sa déclaration du 4 février 2011. À cet égard, il se félicite globalement de la communication conjointe de la Commission et de la haute représentante proposant un partenariat pour la démocratie et la prospérité partagée avec le sud de la Méditerranée, fondée sur une approche différenciée et incitative rassemblant tous les instruments de l’UE. Un tel partenariat devrait également être fondé sur une intégration économique plus profonde, un accès plus large au marché et une coopération politique. Il invite le Conseil à examiner rapidement les propositions contenues dans la communication et notamment les conditions dans lesquelles le soutien de l’UE à ses partenaires pourrait être renforcé. Elle attend avec intérêt leur prochaine communication sur la politique européenne de voisinage.

    15. Il sera également crucial de donner aux pays les moyens de reconstruire et de moderniser leurs économies. Le développement économique et les perspectives d’emploi, en particulier pour les jeunes, sont d’une importance capitale pour stabiliser la démocratie. Le Conseil devrait approuver d’urgence les propositions en suspens sur les règles d’origine paneuroméditerranéennes et la Commission est invitée à présenter des propositions sur de nouveaux moyens de renforcer le commerce et l’investissement direct étranger dans la région à court, moyen et long terme. Il est également urgent de redynamiser le secteur du tourisme dans la région. Le Conseil devrait examiner rapidement les propositions de la Commission sur les remboursements de la Banque européenne d’investissement et étudier d’autres possibilités d’accroître la capacité globale de soutien financier de la BEI. La coordination avec les autres institutions financières internationales est importante.

    16. Tirant les leçons de ce qui s’est passé, l’Union européenne se tient également prête à revoir les missions de l’Union pour la Méditerranée, dans le but de promouvoir la démocratie et de favoriser la stabilité dans la région. Une nouvelle impulsion doit être donnée à des mesures et des projets concrets afin de renforcer les institutions démocratiques, la liberté d’expression, y compris l’accès sans entrave à Internet, de renforcer les sociétés civiles, de soutenir l’économie, de réduire la pauvreté et de lutter contre l’injustice sociale.

    17. L’Union européenne est consciente de l’impact politique et économique plus large de ces événements sur l’ensemble de la région et appelle à réactiver le processus de paix au Moyen-Orient.

    Source : Email envoyé par Bertrand Buchwalter à Amghar le 11 mars 2011

    #Maroc #Union_Européenne #UE #Printemps_Arabe #France #Sahara_Occidental

  • La diplomatie française dans le piège de La Mamounia marocaine

    La diplomatie française dans le piège de La Mamounia marocaine

    La diplomatie française dans le piège de La Mamounia marocaine – France, Maroc, lobbying, corruption,

    Par Daniel Schneidermann | Fondateur d’@rrêt sur images | 23/02/2011 (RUE89)

    Védrine, Bianco, Quilès : tous les ténors de la mitterrandie régalienne se bousculaient ce mercredi matin, aux radios, se disputant l’honneur de tirer le coup de grâce sur la moribonde diplomatie sarkozyenne, ses tapis rouges déployés sous les pas des tyrans, ses ambassadeurs à biscoteaux, sa bouffonnerie incessante.

    Ils emboîtent le pas à un collectif anonyme de diplomates atterrés, qui a fait connaître sa désolation dans Le Monde de ce mardi.

    De fait, ce qu’on appelait dans les livres d’Histoire « la diplomatie française » est en coma dépassé. Depuis quand ? Depuis qu’un catastrophique « machin » (Todd) en a pris les commandes ? Depuis la fin de la guerre froide, comme le soutenait ce mercredi Bernard Guetta sur France Inter, en élargissant la perspective ? On peut en disputer sans fin.

    « Sur le Maroc, on est gênés, ils nous tiennent »

    Diplomates, ministres, journalistes, se renvoient la responsabilité de la cécité sur les tyrannies vermoulues du « monde arabe ». Cette cécité a été la chose la mieux partagée des dernières décennies.

    Les journalistes n’en sont pas exemptés, avec cette réticence persistante à dire et nommer les choses. En face du brûlot des diplomates, Le Monde publiait mardi une page fort instructive de Natalie Nougayrède, intitulée « Etat par état, les révoltes arabes vues par le Quai d’Orsay ».

    Sur le Maroc, on y lit cette confidence (anonyme) d’un « connaisseur issu du Quai » :

    « Combien de ministres français ont séjourné gratuitement dans les palaces marocains depuis des années, au prétexte d’une visite de travail de trois jours qui commençait le vendredi, avec un entretien d’une demi-heure pour tout justifier. »

    Et un autre, « parlant de la masse d’informations collectées à la Mamounia sur les élites françaises » :

    « Sur le Maroc, on est gênés, ils nous tiennent. »

    C’est trop en dire, ou pas assez. Que savent ces diplomates anonymes ? A quelles orgies, à quelles bacchanales font-ils précisément allusion ? Rien n’en a jamais transpiré, à de très rares exceptions près. Que sait l’auteure de l’article elle-même ? Des noms, des dates !

    Ecoliers des révolutions arabes et non stupides professeurs

    Etrangement, on dirait que Le Monde lui-même n’a pas pris la mesure du basculement radical qu’imposent les révolutions arabes, et qui devrait nous faire désormais leurs « écoliers, et non leurs stupides professeurs », comme disait Badiou, dans une formule pénétrante.

    Ecoutons comme Natalie Nougayrède relate l’affaire du déjeuner Boillon, cet ambassadeur piégé « par sa propre brusquerie [Nougayrède ne parle pas d’arrogance] face à l’esprit soixante-huitard qui imprègne la Tunisie de la parole libérée, et ses journalistes branchés Facebook ».

    Si Boillon est seulement « brusque », alors les choses peuvent s’arranger avec un ambassadeur moins brusque. Si l’exigence des confrères tunisiens n’est que du « soixante-huitardisme », alors ces grands ados se calmeront tôt ou tard.

    Vivement que les journalistes français se fassent les écoliers de leurs confrères tunisiens, que se libère leur parole, et qu’ils se branchent Facebook. S’il en est encore temps, ce qui n’est pas certain.

    Le nouvel obs, 15 novembre 2016 

    #Maroc #France #Lobbying #LaMamounia #Corruption

  • Hervouet permettait l’accès de Charaï au serveur du site TF1

    Hervouet permettait l’accès de Charaï au serveur du site TF1 – Maroc, Ahmed Charaï, Vincent Hervouet, corruption, presse française, lobbying, Sahara Occidental, Algérie,

    Entre le journaliste de TF1 et le fonctionnaire de la DGED marocaine régnait la confiance au point de lui donner libre accès au serveur de la chaîne française la plus écoutée et la plus populaire. Voici un email à ce sujet:

    Si Morad- urgent

    —– Message transféré —-
    De : « HERVOUET, Vincent » VHERVOUET@tf1.fr
    À : Ahmed charai ahcharai2005@yahoo.fr
    Envoyé le : Ven 7 janvier 2011, 15h 10min 45s
    Objet : TR: LCI – Récupération « Ainsi va le monde » du 06/01/2011

    Bonjour Ahmed,
    En suivant la procédure indiquée, tu dois y arriver…
    Cordialement, VH

    De : RENARD, Dominique
    Envoyé : vendredi 7 janvier 2011 15:00
    À : HERVOUET, Vincent
    Objet : LCI – Récupération « Ainsi va le monde » du 06/01/2011

    Bonjour,
    Vous pourrez récupérer et visionner l’émission « Ainsi va le monde » du 06/01/2010, en vous connectant sur le site FTP suivant :
    Site : https://echangehttp.tf1.fr
    Identifiant : transfert
    Mot de passe : transfert1
    L’émission se trouve dans le dossier nommé « Ainsi va le monde », en 4 parties.
    Cordialement,
    Dominique RENARD
    Chef de production
    Tel : +331 41 41 35 99
    Gsm : +336 60 33 28 76
    Mail : prodlci@tf1.fr
    drenard@tf1.fr

    Coordination Info
    Direction des Productions Extérieures
    1 Quai du Point du Jour
    92656 Boulogne Cedex

    Cette confiance est, évidemment, gracieusement payée. Hervouet et sa famille passait des vacances de rêve au Maroc dans des hôtels de luxe. Tout au frais de la DGED. Un scandale pour quelqu’un qui présidait l’Association de la Presse diplomatique en France.

    A l’instar de ses copains marocains, Hervouet vouait une haine viscérale aux sahraouis, au Front Polisario et à l’Algérie. Il n’hésitait pas à accuser le mouvement de libération sahraoui de « collision avec le terrorisme au Sahel » et à inviter Ferhat Mehenni dans les studios de TF1 en vue de lui permettre de distiller son venin contre les autorités algériennes et donner un coup de pub au dénommé MAK.

    Chris Coleman, un tweetos aux trousses des journalistes - Algerie-dz.com
    Chris Coleman, un tweetos aux trousses des journalistes - Algerie-dz.com
    Le Président Ferhat Mehenni invité de Vincent Hervouët sur LCI-Radio -  YouTube

    #Maroc #France #Presse_française #Vicent_Hervouet #TF1 #Algérie #SaharaOccidental

  • Maroc : Salaheddine Mezouar piégé par la société Mc Kinsey

    Tags : Maroc, Projet Omega, Mn Kinsey, Laurent Fabius,

    Ces recherches ont permis de mettre en cause le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération, Salaheddine Mezouar, dans un trafic d’influence, cachant probablement une affaire scabreuse.

    Selon les éléments de l’enquête :

    1.- La fille du Ministre a décroché le poste suite à l’intervention du père auprès des responsables de ladite société.

    2.- Le Ministre marocain entretient des relations assidues avec des membres de la société Mc Kinsey, en l’occurrence les nommés Amine Tazi-Riffi et Youssef Tazi Mezalek.

    3.- Récemment, Amine Tazi-Riffi a contacté le Ministre pour lui faire part d’un projet baptisé OMEGA. Ce projet a fait l’objet d’une discussion entre les deux hommes lors d’une rencontre le jeudi 23 septembre 2014.

    4.- Le projet OMEGA porte sur la réañisation d’une étude destinée à relancer l’économie marocaine.

    5.- Le Ministre marocain a usé de son influence pour signer un contrat avec la société Mc Kinsey.

    Tout laisse croire que le Ministre marocain s’est fait piéger par les responsables de la société Mc Kinsey, qui ont utilisé sa fille comme moyen de pression pour décrocher le projet OMEGA.

    Les relations du Ministre marocain avec cette société ne cacheraient-t-elles pas des enjeux financiers liés à des versements de commissions, sachant que cette étude coûtera aux contribuables marocains des millions de dollars.
    La boucle est bouclée…

    Enfin, nous mettons à votre disposition deux documents confidentiels concernant le projet OMEGA, préparés par les responsables de Mc Kinsey à l’attention du Ministre marocain.

    Lettre de Laurent Fabius adressée à Salaheddine Mezouar à propos de l’embauche de la fille de ce dernier:

    #Maroc #McKinsey #Projet_Omega #Laurent_Fabius

  • Lettre de Jean-Marc Ayrault parlant « d’occupation » du Maroc

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Jean-Marc Ayrault,

    En réponse à une lettre envoyée par l’Association des Amis de la RASD, Jean-Marc Ayrault reconnaissait bel et bien que la présence du Maroc au Sahara Occidental est une « occupation ».

    « Les socialistes dans leurs déclarations publiques s’en tiennent depuis l’occupation du territoire par le Maroc à une position privilégiant le respect du droit international et du droit à l’autodétermination des peuples colonisés », a-t-il dans sa réponse envoyée le 31 mars 2011. 

    Il soulignait aussi la position du PS sur le conflit du Sahara Occidenal selon laquelle « tout doitêtre fait pour permettre aux sahraouis d’exprimer librement leur volonté sous le contrôle des organisations internationales ».

    #Maroc #Sahara_Occidental #Ayrault