Catégorie : Marocleaks

  • Hacker Coleman: Complots du Maroc pour déstabiliser l’Algérie

    Hacker Coleman: Complots du Maroc pour déstabiliser l’Algérie

    Hacker Coleman: Complots du Maroc pour déstabiliser l’Algérie – diplomatie marocaine, Sahara Occidental, DGED, lobbying, Front Polisario,

    Des documents officiels le révèlent – Comment le Maroc a engagé journalistes et personnalités étrangères pour déstabiliser l’Algérie

    Parce qu’il considère que l’Algérie est le seul obstacle, le Maroc, déterminé à poursuivre la colonisation du Sahara Occidental, ne lésine pas sur les moyens et fait une entorse aux principes pour organiser des complots contre le pays du million et demi de martyrs, coupable de défendre le principe de l’indépendance des pays. Cette machination marocaine passe par l’organisation également de propagandes médiatiques ayant pour but de dénigrer une Algérie restée attachée à ses principes de respect à l’autodétermination des peuples. Une machination qui passe par « l’achat » de consciences de certains, prêts à sacrifier tout un peuple pour gagner des dizaines de milliers d’euros offerts gracieusement par le Makhzen.

    Un « Edouard Snowden » marocain dévoile une partie de cette machination. Il se fait appeler Chris Coleman et a révélé des documents confidentiels mettant à nu les activités anti-Algérie menées par la Direction Générale des études et de la documentation (DGED) qui est un service de renseignements et de contre-espionnage au Maroc. Ce hacker a dévoilé de nombreuses informations sensibles sur le royaume chérifien, mais, ordres de virement, diverses correspondances concernant en particulier les activités de la DGED.

    Ce service est rattaché directement au Palais royal. Les documents dévoilés par ce Snowden portent sur des virements de grosses sommes d’argent en dollars au profit d’un patron de presse au Think Tank Républican Center for the National Interest. Dix mille dollars pour une insertion publicitaire au profit d’une ONG spécialisée dans la résolution pacifiques des conflit, 25000 pour le think tank FPRI et des sommes aussi importantes au profit de titres de presse américains et britanniques. Chris Coleman a en outre posté un avis de virement de 60,000 dollars au profit du journalistes Richard Miniter du New York Post, accusé d’écrire des articles anti-algériens et de faire un supposé un lien entre le Front Polisario et Al Qaïda.

    Il dévoile les méthodes de la DGED pour corrompre les journalistes internationaux. Leur mission est de dénigrer l’Algérie, de l’accuser de tous les torts en contrepartie de fortes sommes d’argent en devises . Chris Coleman décrit avec détails et documents à l’appui comment des personnalités dans le monde, dont des journalistes occidentaux, sont payés par le Maroc pour mener une campagne médiatique contre l’Algérie. Il révèle également des documents sur des activités d’espionnage menées par certains responsables de missions onusiennes.

    Dans un document attribué à la mission permanente du Maroc à Genève, daté du 18 ocotbre 2012 et portant la référence HB2626, et adressé au ministre marocain des affaires étrangères et de la coopération, révélant, également, un complot contre Christopher Ross, envoyé personnel du Secrétaire Général de l’ONU pour le Sahara Occidental, car attaché à une solution juste pour le dossier sahraoui.

    Dans ce document, l’ancien ambassadeur à Genève et représentant actuel du Maroc auprès des Nations Unies, Omar Hilale révèle dans cette missive que « M. Athar Sultan Khan, chef du cabinet du Haut Commissaire pour les réfugiés, mène une campagne discrète pour promouvoir sa candidature potentielle pour succéder à M. Ross ». Le palais royal marocain tient à se débarrasser de Ross qui refuse de cautionner l’occupation du Sahara Occidental par le Maroc.

    Miniter demande de ne pas oublier son « cadeau » de 20.000 dollars

    Dans ce même document, Omar Hilale ajoute que « la candidature de M. Khan, au cas où elle se formaliserait, serait important pour notre pays ».

    Source: Marocleaks, 22/12/2021

    #Algérie #Maroc #Marocleaks #Richard_Miniter #Christopher_ross #Athar_Khan

  • Sahara: Lobbying, normalisation, feuilleton sioniste du Maroc

    Algérie, Maroc, Sahara Occidental, – Sahara: Lobbying, normalisation, feuilleton sioniste du Maroc

    Dénoncé par les ONG marocaines : l’axe rabat-tel aviv et ses menaces pour l’algérie
    La collaboration étroite entre la monarchie marocaine, son makhzen, et notamment les services de renseignement marocains alaouites est un secret de polichinelle. Elle remone, d’ailleurs, au règne de Hassan II, qui n’avait pas hésité à trahir les secrets d’un sommet arabe décisif, celui de Rabat précisément, pour la protection de l’ennemi sioniste. Cette étroite coopération s’est consolidée avec Mohammed VI qui s’en remet de plus, y compris, à Israël, son «savoir-faire» pour déstabiliser l’Algérie et lui faire payer son soutien, inconditionnel, au peuple sahraoui.

    Ce sont les lobbies sionistes, à Washington et Paris, qui volent au secours de Rabat, lors des grands rendez-vous diplomatiques internationaux, et face aux désastres de la diplomatie marocaine qui ne fonctionne que par la corruption et la subornation. Ce qui est intéressant et nouveau, c’est que ce son les ONG marocaines qui dénoncent la collusion entre la monarchie alaouite et Israël. Ils n’hésitent pas à parler de Maroc-Israël connexion, en évoquant les relations qu’entretient le Maroc avec l’entité sioniste, tellement elles sont étroites. Le président américain, Barack Obama, ne s’est pas trompé de destinataire en s’adressant au roi de Maroc pour lui demander d’agir pour rompre l’isolement d’Israël au sein de monde arabe et faire accepter l’entité sioniste, comme partenaire à part entière, au détriment, naturellement, des droits de peuple palestinien victime quotidiennement d’actes criminels de la part de le soldatesque israélienne.

    Le fait que le gouvernement marocain soit dirigé par l’islamiste Benkirane (du PJD, Parti de la Justice et du Développement), n’a rien changé à la colleboration entre le Makhzen et l’entité sioniste. Les ministres islamistes du gouvernement Benkirane font bon ménage avec les représentants officiels de l’entité sioniste, à l’occasion de renconres internationales. Fin mai, Abdelileh Benkirane, lui-même, a participé à un forum économique, en Jordanie, en s’affichant non loin de l’ex-président israélien, Shimon Pérès. Peu après, lors d’une réunion internationale dans le capitale française sur le transport, c’est le ministre délégué, chargé les transports, Mohamed-Najib Boulif, qui a côtoyé une délégation israélienne, conduite par Moshe Kamhi, haut cadre du ministère des affaires étrangères du gouvernement Netanyahou.

    Les analystes on toutes les raisons de continuer à présenter le royaume marocain comme un exécutant de la politique israélienne, dans le monde arabe et musulman. Le Makhzen n’a pu opposer aucun argument sérieux à cette accusation. En paroles, le gouvernement marocain affirme n’avoir aucune relation commerciale officielle avec l’entité sioniste, mais, dans la réalité, c’est autre chose : les affaires vont bon train et le Maroc est classé parmi les premiers partenaires économiques d’Israël en Afrique, à travers une société israélienne ZIM.

    Dans la population marocaine, il y a un fort courant, dans l’opinion, hostile à cette normalisation des relations du Maroc avec Israël. En mai dernier, l’annonce d’une visite de l’ex-président israélien, Shimon Pérès, au Maroc pour participer à la conférence de la Fondation Clinton, qui s’est tenue à Marrakech, a entraîné la mobilisation d’’ONG locales, syndicats et associations professionnelles regroupés au sein d’une «coalition marocaine pour chasser la société de transport maritime sioniste, ZIM, de notre pays», qui se sont opposés à cette visite. Les associations marocaines, qui ont qualifié Shimon Pérès de «criminel de guerre» et de «tueur d’enfants» et appelé à lui interdire l’entrée au Maroc, ont finalement réussi à conraindre le dirigeant sioniste à renoncer à sa visite.

    En même temps, ces ONG on dénoncé le commerce qui se déroule dans le plus grand secret entre le Maroc et Israël. Dans sa politique étrangère, et particulièrement dans le dossier du Sahara Occidental, le maroc est fortement lié au lobby sioniste aux Etats-Unis, dans le but de tenter d’influencer les dirigeants américains sur cette question. Les documents confidentiels, publiés par le hacker Chris Coleman, ont établi ces relations concrétisées par les visites régulières, faites au Maroc, de responsables de l’American Jewish Committee, un lobby juif américain parmi les plus influents outre-atlentique, et par les renconres avec le chef du gouvernement marocain et d’autres organisations politiques du royaume.

    La compromission avec Israël, directement ou à travers le lobby sioniste aux Etats-Unis, n’est pas étrangère à la voloné du Maroc d’empêcher l’aboutissement normal de la lutte du peuple sahraoui pour son droit à l’autodétermination et à l’indépendance. C’est ce combat, perdu d’avance, qui pousse également le Makhzen à s’aventurer dans les opérations d’espionnage des institutions de l’onu, comme le révèlent de nombreux documents confidentiels, et notamment le contrat passé avec une société italienne -Hacking Team- pour espionner et harponner les correspondances officielles des responsables onusiens. Dans le même temps, et grâce à la société française Amesys, le Maroc surveille étroitement toutes les communications sur son territoire et ses propres citoyens.
    M. B.

    Algérie 360, 02/07/2015

    – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – –

    Pour l’Algérie, le cyberespionnage marocain est-il la goutte qui a fait déborder le vase?

    Quelques jours après la dernière flambée entre l’Algérie et le Maroc sur l’épineuse question du Sahara occidental , le scandale Pégase tend encore plus les relations entre les deux voisins nord-africains.

    Pour de nombreux observateurs, le cyber-espionnage à grande échelle par le Makhzen marocain,  ou État profond, ciblant des responsables algériens et des militants de la société civile à l’aide du logiciel espion Pegasus de fabrication israélienne  n’a pas été une surprise.

    « Les autorités marocaines ont infiltré les communications à travers le monde, n’épargnant ni leurs rivaux, comme l’Algérie, ni leurs alliés, comme la France »

    L’enquête menée par Forbidden Stories , un réseau de journalistes dédié à la protection des journalistes et à la lutte contre la censure, a révélé comment les autorités marocaines ont largement utilisé Pegasus.

    Ils ont infiltré les communications à travers le monde, n’épargnant ni leurs rivaux, comme l’Algérie, ni leurs alliés, comme la France. Même le président français Emmanuel Macron a été visé . 

    Dans un communiqué, le gouvernement marocain a déclaré qu’il « rejette et condamne catégoriquement ces allégations infondées et fausses », et poursuivra à la fois Amnesty International et Forbidden Stories pour diffamation.

    Qui utilise le logiciel espion Pegasus ?

    Pegasus est un logiciel espion développé en 2013 par une société israélienne, NSO Group , en collaboration avec le ministère israélien de la Défense.

    Quant aux « utilisateurs/clients » du groupe NSO et d’Israël, il existe un modèle de régimes d’extrême droite qui divisent, comme la Hongrie et l’Inde, et des gouvernements autoritaires dans le monde musulman, comme le Maroc, l’Arabie saoudite et l’Azerbaïdjan, en en plus des dizaines de dictateurs d’Afrique subsaharienne.

    Le dénominateur commun de tous ces régimes est leur volonté d’espionner leurs propres citoyens.

    L’utilisation du Pégasus par le Maroc en Algérie

    Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères , les autorités algériennes ont dénoncé l’espionnage à grande échelle des citoyens et des fonctionnaires algériens, qualifiant la pratique d’ »illégale, importune et dangereuse ».

    Forbidden Stories et Amnesty International ont révélé que 6 000 téléphones algériens ont été identifiés comme cibles du logiciel espion Pegasus. Certaines de ces cibles sont des hauts fonctionnaires, des officiers militaires de haut rang, des militants politiques, des universitaires, des journalistes, ainsi que des membres de divers services de renseignement. 

    Le Maroc a réussi à mettre sur écoute un large éventail d’opérateurs politiques, dont la famille proche de l’ancien président Bouteflika, divers ministres des Affaires étrangères, l’ambassadeur d’Algérie en France et son attaché militaire, l’ancien Premier ministre Nourreddine Bedoui, l’avocat et président du parti UCP Mme Zoubida Assoul , anciens chefs des services secrets, l’actuel chef d’état-major le général Saïd Chengriha, l’ancien chef d’état-major Gaïd Salah, son fils, et son secrétaire particulier.

    « Le Maroc a réussi à mettre sur écoute un large éventail d’opérateurs politiques, dont la famille proche de l’ancien président Bouteflika, divers ministres des Affaires étrangères, l’ambassadeur d’Algérie en France et son attaché militaire »

    Tensions Maroc-Algérie

    Malgré un conflit frontalier de 1963, appelé la guerre des sables, qui a coûté la vie à des centaines de personnes et a finalement défini les relations acrimonieuses des deux pays frères, l’Algérie et le Maroc partagent un héritage historique et culturel commun.

    Pourtant, les régimes post-indépendance des deux pays n’ont pas réussi à traduire cette solidarité en politiques efficaces et constructives.

    Certains se demandent, avec des relations déjà tendues entre les deux pays, quelles seront les conséquences des opérations d’espionnage de grande envergure sur les relations entre l’Algérie et le Maroc ?

    Leur dernière bagarre s’est produite il y a deux semaines à New York lorsque l’ambassadeur du Maroc aux Nations Unies a remis une note aux pays membres du Mouvement des non-alignés, les exhortant à soutenir « l’autodétermination du peuple kabyle » en Algérie.

    Le séparatisme kabyle est une ligne rouge pour le gouvernement algérien et, à la suite de cette décision, Alger a immédiatement rappelé son ambassadeur au Maroc et a fait allusion à d’éventuelles mesures supplémentaires. 

    En réponse aux allégations d’espionnage marocain, le gouvernement algérien s’est dit « profondément préoccupé », et l’ Agence de presse algérienne a indiqué que le procureur de la République avait ordonné une enquête préliminaire concernant ce qu’il a qualifié de « violation manifeste des communications ».

    Selon Tewfik Hamel, chercheur en histoire militaire et de défense, cet espionnage expansif va au-delà des hostilités verbales habituelles du Maroc. « Les deux pays pourraient être au bord de la guerre », a-t-il déclaré au New Arab .

    « Le gouvernement algérien a opté pour une riposte sobre, car les opérations Pegasus révèlent les limites de son propre système de surveillance »

    Alors pourquoi le gouvernement marocain s’est-il lancé dans une opération aussi intensive contre l’Algérie ? Le différend de plusieurs décennies sur la souveraineté marocaine concernant le territoire du Sahara occidental semble être un motif.

    Le roi Mohammed IV n’a jusqu’à présent pas réussi à vendre son projet d’autonomie de la région annexée du Sahara occidental. L’Algérie, quant à elle, a soutenu le Front Polisario qui se bat pour établir un État indépendant depuis le retrait de l’Espagne en 1975 – l’ancienne puissance coloniale -, le Maroc considérant Alger comme un acteur actif du conflit.

    Le deuxième motif est vraisemblablement la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël. L’accord, négocié par l’administration Trump, qui a accepté de reconnaître la domination marocaine sur le Sahara occidental, et que l’administration Biden a approuvé, a exacerbé les frictions avec l’Algérie.

    Comment le régime algérien va-t-il réagir ?  

    Lorsque les révélations ont été portées à la connaissance du public, le gouvernement algérien a opté pour une réponse modérée. Il a essayé de minimiser l’impact du « Pegasus Project », car le scandale a révélé les limites de son propre système de surveillance. 

    L’Algérie avait déjà reconnu la détérioration de ses relations avec le Maroc, alors que les pays penchent vers des puissances mondiales opposées. En 2019, la Russie représentait 66% des importations d’armes algériennes, faisant du pays son premier client africain . De l’autre côté de la frontière, le Maroc a opté pour des jets américains de pointe et un satellite espion de construction française de 700 millions de dollars.

    Bien que l’inimitié vieille de près de 50 ans entre les deux pays ait atteint son paroxysme avec le scandale Pégase, il est peu probable que l’Algérie et le Maroc s’engagent dans un conflit à part entière, car les opérations de cyber-espionnage de Rabat sont révélatrices d’un changement dans la guerre moderne.

    La cyberguerre ne consiste pas à détruire des forces militaires sur un champ de bataille, mais à dicter sa volonté à un rival déjoué. Et c’est exactement ce que les autorités marocaines ont tenté de réaliser en Algérie en utilisant la technologie israélienne de pointe.

    Dr Abdelkader Cheref, universitaire algérien et un journaliste indépendant basé aux États-Unis. Il est titulaire d’un doctorat de l’Université d’Exeter, Institut d’études arabes et islamiques. Ses intérêts de recherche sont principalement la politique dans la région MENA, les processus de démocratisation, l’islam et l’islamisme, et la violence politique avec un accent particulier sur le Maghreb (Afrique du Nord).


    The News Arab, 29/11/2021

    #Maroc #Algérie #Marocleaks #Israël #Pegasus #Espionnage

  • Sur la liste: 10 premiers ministres, 3 présidents et 1 roi

    Parmi 50 000 numéros de téléphone, le Pegasus Project a trouvé ceux de centaines de responsables publics

    Depuis des siècles, les espions ont jeté leur dévolu sur ceux qui façonnent le destin des nations : présidents, premiers ministres, rois.

    Et au XXIe siècle, la plupart d’entre eux sont équipés de smartphones.

    Telle est la logique sous-jacente à certaines des découvertes les plus alléchantes d’une enquête internationale qui, ces derniers mois, a passé au crible une liste de plus de 50 000 numéros de téléphone comprenant – selon les analyses médico-légales de dizaines d’iPhones – au moins certaines personnes ciblées par le logiciel espion Pegasus dont les gouvernements du monde entier ont obtenu la licence.

    La liste contenait les numéros de politiciens et de fonctionnaires par centaines. Mais qu’en est-il des chefs d’État et de gouvernement, sans doute la cible la plus convoitée ?

    Quatorze. Ou plus précisément : trois présidents, dix premiers ministres et un roi.

    Aucun d’entre eux n’a offert ses iPhones ou ses appareils Android au Washington Post et aux 16 autres organes de presse qui ont examiné la liste des numéros de téléphone. Cela signifie que les tests médico-légaux qui auraient pu révéler une infection par le logiciel espion caractéristique de NSO, Pegasus, n’ont pas été possibles. Il n’a pas non plus été possible de déterminer si un client de NSO a tenté d’installer Pegasus sur les téléphones de ces dirigeants nationaux, et encore moins si l’un d’entre eux a réussi à transformer ces appareils très personnels en espions de poche capables de suivre les moindres mouvements, communications et relations personnelles d’un dirigeant national.

    Mais voici qui figure sur la liste : Trois présidents en exercice, Emmanuel Macron en France, Barham Salih en Irak et Cyril Ramaphosa en Afrique du Sud. Trois premiers ministres actuels, le Pakistanais Imran Khan, l’Égyptien Mostafa Madbouly et le Marocain Saad-Eddine El Othmani.

    Sept anciens premiers ministres, qui, selon les horodatages figurant sur la liste, ont été placés là alors qu’ils étaient encore en fonction : Ahmed Obeid bin Daghr (Yémen), Saad Hariri (Liban), Ruhakana Rugunda (Ouganda), Édouard Philippe (France), Bakitzhan Sagintayev (Kazakhstan), Noureddine Bedoui (Algérie) et Charles Michel (Belgique).

    Et un roi : Mohammed VI du Maroc.

    Le Post et ses agences de presse partenaires dans 10 pays ont confirmé la propriété de ces numéros et d’autres cités dans cet article grâce à des archives publiques, aux carnets de contacts des journalistes et à des demandes de renseignements auprès de responsables gouvernementaux ou d’autres proches des cibles potentielles – bien que dans certains cas, il n’ait pas été possible de déterminer si les numéros de téléphone étaient actifs ou anciens. Le Post a confirmé lui-même cinq de ces numéros. Les autres ont été confirmés par ses partenaires.

    Les appels passés à la quasi-totalité des numéros de téléphone lundi et mardi se sont soldés par des annulations ou des changements de numéros. Une poignée de personnes ont répondu au téléphone. D’autres ont répondu à des SMS.

    Une organisation française de journalisme à but non lucratif, Histoires interdites, et le groupe de défense des droits de l’homme Amnesty International ont eu accès à la liste de plus de 50 000 numéros. Ils ont partagé cette liste avec le Post et les autres organisations de presse.

    L’objectif de la liste est inconnu, et NSO conteste qu’il s’agisse d’une liste de cibles de surveillance. « Les données ont de nombreuses utilisations légitimes et tout à fait correctes qui n’ont rien à voir avec la surveillance ou avec NSO », a écrit à Forbidden Stories un avocat de Virginie représentant la société, Tom Clare.

    Rapports postaux : Le logiciel espion qui pirate secrètement les smartphones

    Cependant, l’examen médico-légal effectué par le laboratoire de sécurité d’Amnesty sur 67 smartphones affiliés à des numéros figurant sur la liste a révélé que 37 d’entre eux avaient été pénétrés avec succès par Pegasus ou présentaient des signes de tentative de pénétration. Les analyses d’Amnesty ont également révélé que de nombreux téléphones présentaient des signes d’infection ou de tentative d’infection quelques minutes, voire quelques secondes, après les horodatages qui figuraient pour leurs numéros sur la liste.

    NSO – l’un des nombreux acteurs majeurs de ce marché – affirme avoir 60 agences gouvernementales clientes dans 40 pays. Dans tous les cas, dit l’entreprise, les cibles sont censées être des terroristes et des criminels, tels que des pédophiles, des barons de la drogue et des trafiquants d’êtres humains. La société affirme qu’il est spécifiquement interdit de cibler les citoyens respectueux de la loi, y compris les fonctionnaires du gouvernement dans le cadre de leurs activités ordinaires.

    Le directeur général de NSO, Shalev Hulio, a déclaré que sa société avait mis en place des politiques pour se prémunir contre les abus lors d’un entretien téléphonique avec le Post dimanche, après qu’une première série d’articles sur la société soit apparue dans des reportages du monde entier, sous le titre du projet Pegasus.

    « Chaque allégation d’utilisation abusive du système me concerne. Cela viole la confiance que nous accordons aux clients », a déclaré Hulio. « Je crois que nous devons vérifier chaque allégation. Et si nous vérifions chaque allégation, nous pourrions découvrir que certaines d’entre elles sont vraies. Et si nous constatons que c’est vrai, nous prendrons des mesures énergiques. »

    Aussi courant que soit l’espionnage des dirigeants nationaux en général, les révélations publiques à ce sujet suscitent souvent la controverse. Lorsque l’ancien contractant de la National Security Agency Edward Snowden a révélé en 2013 que les États-Unis avaient mis sur écoute un téléphone utilisé par la chancelière allemande Angela Merkel, cela a provoqué des mois de tumulte dans ce pays et a mis à mal des relations par ailleurs étroites entre les deux nations.

    En réponse aux questions détaillées du consortium d’enquête, NSO a déclaré qu’elle surveillait la façon dont ses logiciels d’espionnage étaient utilisés et annulait l’accès au système pour tout client qui en faisait un mauvais usage. Mais elle affirme également que ses clients, et non la société elle-même, sont responsables de son utilisation.

    « NSO Group continuera à enquêter sur toutes les plaintes crédibles d’utilisation abusive et prendra les mesures appropriées en fonction des résultats de ces enquêtes », indique la déclaration. « Cela inclut la fermeture du système d’un client, ce que NSO a prouvé sa capacité et sa volonté de faire, en raison d’une utilisation abusive confirmée, l’a fait plusieurs fois dans le passé, et n’hésitera pas à le faire à nouveau si une situation le justifie. »

    Dans une lettre séparée mardi, il a également déclaré « nous pouvons confirmer qu’au moins trois noms dans votre enquête Emmanuel Macron, le roi Mohammed VI, et [le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé] Tedros Ghebreyesus – ne sont pas, et n’ont jamais été, des cibles ou sélectionnés comme cibles des clients du groupe NSO. »

    « Tous les responsables gouvernementaux ou diplomates français et belges mentionnés dans la liste, ne sont pas et n’ont jamais été, des cibles de Pegasus », a ajouté la société dans une lettre ultérieure.

    « La liste de 50 000 numéros qui a fait l’objet d’une fuite n’est pas une liste de numéros sélectionnés pour être surveillés par Pegasus », a écrit mardi un avocat de NSO, Thomas Clare, à un partenaire du projet Pegasus. « Il s’agit d’une liste de numéros que n’importe qui peut rechercher sur un système open-source pour des raisons autres que la surveillance à l’aide de Pegasus. Le fait qu’un numéro apparaisse sur cette liste ne permet en aucun cas de savoir si ce numéro a été sélectionné pour être surveillé à l’aide de Pegasus. »

    Une personne familière avec les opérations de NSO, qui a parlé plus tôt sous le couvert de l’anonymat pour discuter de questions internes, a déclaré au Post que parmi les clients que la société avait suspendus ces dernières années figuraient des agences au Mexique. La personne a refusé de préciser quelles agences avaient été suspendues.

    Mais les rapports sur les abus de Pegasus ont été nombreux au Mexique, et plus de 15 000 numéros de téléphone mexicains figurent sur la liste, dont celui de l’ancien président Felipe Calderón. L’enquête a révélé qu’il avait été ajouté à la liste après la fin de son mandat en 2012.

    Le premier ministre du Burundi, Alain-Guillaume Bunyoni, a été ajouté à la liste en 2018, avant qu’il ne prenne ses fonctions, montrent les dossiers. Tout comme les numéros du futur président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokayev, et de son futur premier ministre, Askar Mamin.

    Les personnalités clés des grandes organisations internationales n’étaient pas exemptes de figurer sur la liste. La liste contenait les numéros de plusieurs ambassadeurs et autres diplomates des Nations Unies. Elle contenait également le numéro de téléphone d’un ancien collaborateur de Tedros de l’OMS.

    Au total, la liste contenait les numéros de téléphone de plus de 600 responsables gouvernementaux et politiques de 34 pays. Outre les pays où figuraient les numéros de téléphone de hauts dirigeants, on trouvait les numéros de fonctionnaires des pays suivants : Afghanistan, Arabie saoudite, Azerbaïdjan, Bahreïn, Bhoutan, Chine, Congo, Égypte, Émirats arabes unis, Hongrie, Inde, Iran, Kazakhstan, Koweït, Mali, Mexique, Népal, Qatar, Royaume-Uni, Rwanda, Togo, Turquie et États-Unis.

    Selon les documents marketing de NSO et les chercheurs en sécurité, Pegasus est conçu pour collecter des fichiers, des photos, des journaux d’appels, des enregistrements de localisation, des communications et d’autres données privées à partir de smartphones, et peut également activer des caméras et des microphones pour une surveillance en temps réel à des moments clés. Souvent, ces attaques peuvent se produire sans que les cibles ne reçoivent la moindre alerte ou ne prennent la moindre mesure. Pegasus peut simplement se glisser dans les iPhones et les appareils Android et prendre le contrôle des smartphones dans ce que l’industrie de la surveillance appelle des attaques « zéro-clic ».

    Indices géographiques

    Un examen de la liste a montré que les téléphones de certains dirigeants ont été saisis plus d’une fois, tout comme les numéros de téléphone de leurs amis, de leurs parents et de leurs assistants. Les numéros de téléphone des associés du président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador ont été ajoutés à la liste pendant la période précédant l’élection de 2018, qu’il a finalement remportée, détrônant le parti au pouvoir. Parmi ceux qui figuraient sur la liste, il y avait des smartphones appartenant à sa femme, ses fils, ses aides, des dizaines de ses alliés politiques, et même son chauffeur personnel et son cardiologue. Rien n’indique que le téléphone de M. Lopez Obrador figurait sur la liste ; ses collaborateurs affirment qu’il l’utilise avec parcimonie.

    Les dossiers n’ont pas permis de déterminer avec certitude quel client de l’ONS a pu ajouter les chiffres. Mais les numéros de Calderón et des nombreux associés de López Obrador faisaient partie d’une partie des dossiers de 2016 et 2017 dominés par des cibles mexicaines. Des dizaines de gouverneurs en exercice, de législateurs fédéraux et d’autres politiciens figuraient également sur la liste.

    « Nous apprenons maintenant qu’ils ont également espionné ma femme, mes fils, et même mon médecin, un cardiologue », a déclaré Lopez Obrador aux journalistes mardi. « En dehors de la question de cet espionnage, imaginez le coût ! Combien d’argent a été consacré à cet espionnage ? »

    Les numéros appartenant à Michel, Macron et des dizaines de fonctionnaires français sont apparus au milieu d’un groupe de plus de 10 000 numéros dominés par les cibles marocaines et celles de l’Algérie voisine, rivale du Maroc. Les numéros de Mohammed VI et du collaborateur de Tedros se trouvaient également dans ce groupe. Tout comme le numéro de Romano Prodi, ancien premier ministre italien.

    « Nous étions conscients des menaces et des mesures ont été prises pour limiter les risques », a déclaré Michel à un journaliste du quotidien belge Le Soir, partenaire du projet Pegasus. Michel a quitté son poste de premier ministre belge en 2019 pour devenir le président du Conseil européen, l’un des postes les plus élevés de l’Union européenne.

    Prodi a décroché mardi au numéro de téléphone qui figurait sur la liste, mais il a refusé de commenter.

    Le Pakistanais Khan est apparu parmi un groupe dominé par des numéros en Inde. L’Irakien Salih et le Libanais Hariri étaient regroupés parmi des numéros dominés par les Émirats arabes unis et un autre groupe dominé par des numéros saoudiens.

    Le Sud-Africain Ramaphosa, l’Ougandais Rugunda et le Burundais Bunyoni faisaient partie d’un groupe dominé par des numéros rwandais.

    Le Rwanda, le Maroc et l’Inde ont tous publié des déclarations officielles niant toute implication dans l’espionnage de journalistes et d’hommes politiques.

    Le ministre rwandais des affaires étrangères, Vincent Biruta, a déclaré que son pays « ne possède pas cette capacité technique sous quelque forme que ce soit ». Dans une déclaration, le Maroc a exprimé son « grand étonnement » face à la publication d’ »allégations erronées … selon lesquelles le Maroc aurait infiltré les téléphones de plusieurs personnalités publiques nationales et étrangères et de responsables d’organisations internationales ». Le communiqué ajoute : « Le Maroc est un État de droit qui garantit le secret des communications personnelles par la force de la Constitution. »

    En Inde, le ministre de l’Intérieur a qualifié les suggestions selon lesquelles elle a espionné des journalistes et des hommes politiques de l’œuvre de « perturbateurs », qu’il a définis comme « des organisations mondiales qui n’aiment pas que l’Inde progresse. » Dans une déclaration séparée, le gouvernement a déclaré : « Les allégations concernant la surveillance du gouvernement sur des personnes spécifiques n’ont aucune base concrète ni aucune vérité associée. »

    Le Mexique, l’Arabie saoudite, le Kazakhstan et les Émirats arabes unis n’ont pas répondu aux demandes de commentaires.

    Violation injustifiable

    Le numéro de téléphone de Macron a été ajouté à la liste alors qu’il était sur le point d’entamer une tournée en Afrique, avec des arrêts au Kenya et en Éthiopie. Ont été ajoutés à peu près au même moment les téléphones de 14 ministres français et du Belge Michel.

    « Si les faits sont avérés, ils sont évidemment très graves », a déclaré l’Élysée dans un communiqué. « Toute la lumière sera faite sur ces révélations de presse ».

    À l’époque, l’Algérie, voisine du Maroc, était en pleine tourmente. Son dirigeant autoritaire de longue date, Abdelaziz Bouteflika, venait d’annoncer qu’il ne comptait pas se représenter aux élections. L’Algérie a mené une guerre d’indépendance sanglante contre la France dans les années 1950, et de nombreux citoyens français sont d’origine algérienne ; les deux pays conservent des liens étroits et des relations en matière de renseignement.

    Les nations de l’Union africaine étaient également en train de ratifier un important accord de libre-échange à l’époque. Le commerce et les autres négociations internationales ont toujours été des cibles importantes pour la collecte de renseignements gouvernementaux, car toutes les parties cherchent à connaître la pensée de leurs partenaires de négociation.

    Les hauts fonctionnaires du gouvernement français ont généralement accès à des appareils sécurisés pour les communications officielles, mais les initiés de la politique française affirment que certaines affaires sont également traitées sur des iPhones et des appareils Android moins sécurisés.

    En plus de son iPhone personnel, M. Macron utilise deux téléphones portables spéciaux hautement sécurisés pour les conversations plus sensibles, selon ses collaborateurs. Son iPhone personnel est le moins sécurisé des appareils qu’il utilise régulièrement, et il partageait régulièrement son numéro avec des journalistes, dont un journaliste du Post, et d’autres associés avant d’être élu au pouvoir. Le numéro de l’un de ses téléphones portables personnels a également été publié en ligne en 2017 après que quelqu’un a volé le téléphone d’un journaliste qui avait les coordonnées de Macron.

    Mais les fonctionnaires qui connaissent ses habitudes disent qu’il n’utilise généralement aucun de ces téléphones pour discuter d’informations classifiées, de peur d’être espionné. Pour cela, il s’en tient à des lignes fixes cryptées et à d’autres outils, ont déclaré les responsables, sous couvert d’anonymat pour discuter de sujets sensibles.

    M. Calderón, du Mexique, a déclaré au Post que ces intrusions constituaient « une violation injustifiable des droits les plus élémentaires de la liberté et de la vie privée, ainsi que d’autres droits qui constituent des garanties élémentaires de la dignité humaine ».

    Il a ajouté qu’il n’était pas surpris que son numéro de téléphone figure sur la liste. « Ce n’est pas la première fois, et je crains que ce ne soit pas la dernière, que je souffre d’espionnage », a-t-il déclaré. « À une autre occasion, le soi-disant WikiLeaks a révélé que j’avais fait l’objet d’une surveillance par les États-Unis. »

    Une enquête menée par un consortium d’organisations médiatiques a révélé que des logiciels espions de qualité militaire sous licence d’une entreprise israélienne ont été utilisés pour pirater des smartphones. (Jon Gerberg/The Washington Post)

    Les reportages de Timberg et Harwell ont été réalisés à Washington. Birnbaum a fait un reportage à Bruxelles. Sabbagh est un reporter pour le Guardian. Reed Albergotti à San Francisco ; Karen DeYoung, John Hudson et Dana Priest à Washington ; Niha Masih et Joanna Slater à New Delhi ; Mary Beth Sheridan à Mexico ; Sarah Dadouch à Beyrouth ; Sam Sole de l’organisation d’investigation à but non lucratif amaBhungane en Afrique du Sud ; Damien Leloup et Martin Untersinger du Monde ; Michael Safi et David Pegg du Guardian ; Bastian Obermayer et Frederik Obermaier du Süddeutsche Zeitung ; Kristof Clerix de Knack ; Joël Matriche du Soir ; Hala Nasreddine, Alia Ibrahim et Hazem Amine de Daraj ; Miranda Patrucic, Vyacheslav Abramov et Peter Jones du Organized Crime and Corruption Reporting Project ; Holger Stark de Die Zeit ; Jacques Monin de Radio France ; et Sandrine Rigaud de Forbidden Stories ont contribué à ce rapport.

    Le projet Pegasus est une enquête collaborative impliquant plus de 80 journalistes de 17 organismes de presse, coordonnée par Forbidden Stories avec le soutien technique du Security Lab d’Amnesty International. Pour en savoir plus sur ce projet.

    The Washington Post, 20/07/2021

    Etiquettes : Pegasus, Maroc, Mohammed VI, Rwanda, Algérie, espionnage, logiciels espions,

  • Maroc : L’Algérie passe à l’offensive

    Maroc, Algérie, Kabylie, Omar Hilale,

    SILENCE RADIO DU ROYAUME DU MAROC SUR L’INCIDENT EXTREMEMENT GRAVE DE SON AMBASSADEUR : L’Algérie passe à l’offensive

    Non seulement il est coupable d’un incident diplomatique d’une extrême gravité qu’il soutient un invraisemblable « droit à l’autodétermination du peuple kabyle », le royaume du Maroc entretient un silence assourdissant alors que l’Algérie attend officiellement à ce qu’il clarifie sa position sur la dérive dangereuse de son ambassadeur à New-York.

    Si cela nous rappelle les propos grossiers, hostiles et provocateurs, du consul de Rabat à Oran, lequel avait qualifié en juin 2020 notre pays d’ « ennemi », ce qui lui avait valu alors une expulsion du sol algérien, en 2021 nous assistons à une attaque encore plus féroce, de façon officielle et assumée devant la communauté internationale.

    En osant saisir les pays membres du Mouvement des non-alignés, lors de leur rencontre la semaine dernière, d’une note officielle portant soutien et défense à un « peuple Kabyle » qui « aspire à l’autodétermination » et qui subirait « la plus longue occupation étrangère », l’ambassadeur Omar Hilale s’est jeté en plein dans la gueule du loup. S’il est bien maintenant que le royaume marocain a été officiellement interpellé par l’Algérie pour clarifier sa position sur cette dérive inacceptable est contraire aux mœurs diplomatiques régissant les relations entre pays, voire même rectifier probablement ce qui serait « un mauvais tir » de la part de son diplomate, il s’est imposé jusque-là un silence inexplicable que l’on pourrait assimiler à une attitude assumée en haut lieu dans le palais de Rabat.

    En conséquence de quoi, l’Algérie, qui est dans son droit absolu de passer à un autre stade, venait de rappeler immédiatement son ambassadeur de Rabat pour le besoin de consultations sur la question. Mais ce n’est là qu’une première mesure de la part de la diplomatie algérienne qui a pris cette mesure faute d’avoir une réponse de la part de son homologue de l’Ouest. Pas que, la procédure d’usage n’exclut pas en effet pour Alger de procéder à la convocation de l’ambassadeur marocain en vue de s’expliquer sur l’incident à l’origine des propos de Omar Hilale.
    Isolé sur les plans régional et international depuis qu’il a violé le cessez-le-feu avec le Front Polisario, en sus d’une répression féroce des Sahraouis dans leurs territoires occupés, le tout « couronné » du fameux deal triangulaire conclu avec Trump et l’État sioniste, le Maroc croit, depuis lors, pouvoir tout se permettre jusqu’à fourrer son nez dans les affaires internes à l’Algérie.

    Un pays auquel il voue toute l’hostilité et la haine du monde non seulement parce qu’il soutient le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination pour une question d’occupation-la dernière en Afrique-reconnue comme telle par la communauté internationale, mais aussi parce que le grand retour de la diplomatie algérienne aux devants de la scène remet de facto le Makhzen à sa place.

    Ainsi, en exhibant ce qu’il croit pouvoir passer pour « la question kabyle », histoire de prétendre tenir tête à la diplomatie algérienne, le royaume du Maroc a tenté, dans son entreprise désespérée, le tout pour le tout. Mais l’offensive diplomatique de l’Algérie ne fait que commencer d’autant plus que notre voisin de l’Ouest s’est imposé le black-out !
    Farid Guellil

    L’Algérie rappelle immédiatement son ambassadeur à Rabat pour consultations

    L’Algérie a décidé de rappeler son ambassadeur à Rabat pour consultation avec effet immédiat, suite à la dérive de la représentation diplomatique marocaine à New York qui a distribué une note officielle aux pays membres du mouvement Non-alignés dans laquelle le Maroc « soutient publiquement et explicitement un prétendu droit à l’autodétermination du peuple kabyle », a indiqué, hier, un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, repris par l’APS, dont le texte intégral suivant :« Dans la déclaration du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, rendue publique le 16 juillet 2021, il a été indiqué que l’Algérie attendait du royaume du Maroc qu’il clarifie sa position définitive sur la situation d’une extrême gravité créée par les propos inadmissibles de son ambassadeur à New York. Depuis lors, et en l’absence de tout écho positif et approprié de la partie marocaine, il a été décidé aujourd’hui, le rappel, avec effet immédiat, pour consultations, de l’Ambassadeur d’Algérie à Rabat, sans préjudice d’autres mesures éventuelles en fonction de l’évolution de cette affaire ».
    R. N.

    Le Courrier d’Algérie, 19/07/2021

    Etiquettes : Algérie, Maroc, Kabylie, Omar Hilale,

  • Ali Lmrabet révèle la contrebande dans les ambassades du Maroc à l’étranger

    Après les révélations du hacker Chris Coleman, le journaliste Ali Lmrabet vient de déclencher un nouveau Marocleaks avec une série de vidéos postés sur youtube sur son expérience professionnelle.

    Dans une première vidéo, Lmrabet parle de son parcours en tant que chargé des affaires politiques et deuxième responsable de l’Ambassade du Maroc en Argentine dans la période 1992-1994.

    Près de six mois après son arrivée, il a reçu la visite de deux responsables argentins qui se sont présentés comme étant des « représentants de l’Etat» pour prévenir que l’ambassadeur, Abdelmalek Cherkaoui, se rend dans « des endroits suspects ». Ils ont déclaré craindre que l’ambassadeur marocain et d’autres ambassadeurs soient surpris dans ces endroits dans le cas d’une opération policière.

    Quelque temps après, l’ambassade reçoit la visite d’officiers des Douanes Argentines pour informer que des conteneurs contenant des électrodomestiques sont arrivés au nom de l’ambassade du Maroc. Quelqu’un introduit de la contrebande au nom de l’ambassade du Maroc pour éviter les frais des douanes.

    Peu après, le Conseiller à la Culture de l’Ambassade, Abdallah Drouri, exprime son étonnement suite à la réception d’un document sur l’achat d’une voiture qu’il n’a jamais effectué. Le document portait le cachet de l’ambassadeur.

    Lmrabet en informe l’ambassadeur qu’il y a quelqu’un qu’utilise le cachet de l’Ambassade pour acheter des voitures exonérés d’impôts pour les revendre ensuite au marché local. La réponse de l’Ambassadeur était qu’il allait faire une enquête.

    « J’ai fait ma propre enquête en questionnant quelques employés de l’ambassade qui m’ont révélé que l’intermédiaire dans ce trafic illégal n’était autre que le secrétaire de l’ambassadeur, un argentin d’origine allemande », affirme Ali Lmrabet. Il en parle à l’ambassadeur. Ce dernier, au lieu de porter plainte, il s’est limité au licenciement du secrétaire accompagné d’un bon cadeau de départ en métallique.

    M. Lmrabet rappelle que cette affaire de trafic de voitures diplomatiques a été révélée par la presse espagnole et argentine en 2008. Dix-neuf ambassades étrangères y étaient impliquées dont l’ambassade marocaine.

    Ali Lmrabet a aussi révélé les origines de la secrétaire de l’ambassadeur. Selon des confidences de ses collègues de l’Ambassade de France à Buenos Aires, ses parents étaient membres de l’organisation terroristes OAS, coupable d’assassinats et d’attentats en Algérie et en France.

    Etiquettes : Maroc, Ali Lmrabet, diplomatie, ambassades, trafic illégal, contrebande,

  • Wikileaks : L’Algérie ne fera pas pression sur les sahraouis

    Sahara Occidental, Maroc, Algérie, Front Polisario,

    03 DIC 2010 – 21:30 UTC
    ID: 159651
    Date: 2008-06-25 17:52:00
    Origin: 08ALGIERS733
    Source: Embassy Algiers
    Classification: CONFIDENTIAL
    Dunno: 08ALGIERS261
    Destination: VZCZCXYZ0001
    PP RUEHWEB

    DE RUEHAS #0733 1771752
    ZNY CCCCC ZZH
    P 251752Z JUN 08
    FM AMEMBASSY ALGIERS
    TO RUEHC/SECSTATE WASHDC PRIORITY 6042
    INFO RUEHBP/AMEMBASSY BAMAKO 0618
    RUEHMD/AMEMBASSY MADRID 8983
    RUEHNK/AMEMBASSY NOUAKCHOTT 6437
    RUEHFR/AMEMBASSY PARIS 2784
    RUEHRB/AMEMBASSY RABAT 2416
    RUEHTU/AMEMBASSY TUNIS 7270
    RUCNDT/USMISSION USUN NEW YORK 0508

    C O N F I D E N T I A L ALGIERS 000733

    SIPDIS

    E.O. 12958: DECL: 06/25/2028
    TAGS: PREL, MO, WI, AG
    SUBJECT: BOUTEFLIKA ON WESTERN SAHARA: OUR BACKS ARE
    AGAINST THE WALL – HELP US

    REF: ALGIERS 261

    Classified By: Ambassador Robert S. Ford,
    reasons 1.4 (b) and (d).

    1. (C) Le président Bouteflika a plaidé pour l’aide des Etats-Unis afin de trouver une issue à l’impasse du Sahara Occidental lors de l’appel d’adieu de l’ambassadeur le 24 juin. M. Bouteflika a déclaré que les États-Unis ont toujours soutenu l’autodétermination, et que le changement de politique en faveur de la position du Maroc est douloureux et déroutant pour les Algériens. Il a ajouté qu’il a été très prudent de ne pas laisser les relations bilatérales souffrir du changement de politique des États-Unis sur le Sahara occidental, mais avec les États-Unis et la France soutenant le Maroc, « nous sommes dos au mur. »

    2. (C) L’ambassadeur a dit à Bouteflika que les États-Unis ont toujours soutenu l’idée d’autonomie comme un moyen d’aller de l’avant d’une manière pragmatique. Il a déclaré que si les deux parties n’adoptaient pas une position réaliste, l’impasse actuelle pourrait durer encore 30 ans, voire plus. L’ambassadeur a déclaré qu’il serait mieux pour les réfugiés sahraouis de vivre sous un bon plan d’autonomie plutôt que de continuer à vivre dans des camps de réfugiés. Il a ajouté que les États-Unis n’ont pas demandé au Polisario d’accepter le plan du Maroc, mais d’accepter la négociation sur l’autonomie et de mettre leur propre proposition sur la table. L’ambassadeur a poursuivi en disant que les Etats-Unis soutiendraient une large mesure d’autonomie. Il a cité l’exemple des Kurdes en Irak qui jouissent d’une large autonomie au sein d’un État irakien uni.

    3. (C) M. Bouteflika a répondu que l’Algérie ne compromettra pas sa position sur le droit des Sahraouis à choisir l’indépendance, ajoutant que les Algériens considèrent cela comme une question de principe. Les Etats puissants ne devraient pas être autorisés à écraser les faibles. M. Bouteflika a déclaré que les États-Unis avaient soutenu l’indépendance du Timor oriental et devraient donc également soutenir les Sahraouis. Le Polisario a sa propre influence diplomatique sur le continent africain, a-t-il ajouté, ce que l’Algérie ne peut tout simplement pas ignorer. M. Bouteflika a déclaré que les Marocains avaient commis une erreur en liant la sécurité du trône au Sahara occidental. L’Algérie ne cherche pas à déstabiliser le Maroc. La stabilité marocaine, a-t-il insisté, est vitale pour la stabilité algérienne.

    4. (C) M. Bouteflika a déclaré à l’ambassadeur qu’il devrait appartenir aux Sahraouis de décider s’ils veulent l’indépendance, même si la solution finale se fait par étapes sur plusieurs années. Il a ajouté que c’était la raison pour laquelle l’Algérie aimait tant le plan Baker. Après que l’ambassadeur ait souligné que le plan Baker n’avait pas généré de mouvement vers une solution, Bouteflika n’a pas voulu s’engager et a de nouveau demandé l’aide des États-Unis pour sortir de l’impasse actuelle.

    5. (C) Commentaire : Il est clair que Bouteflika n’insistera pas beaucoup auprès des Sahraouis pour qu’ils s’assoient avec les Marocains afin de discuter uniquement de l’autonomie ; les Algériens nous l’ont répété tout au long des neuf derniers mois. Cela dit, comme il l’a fait avec le secrétaire adjoint de l’AEN, M. Welch (réf.), M. Bouteflika a indiqué qu’il voulait trouver un moyen de sortir de l’impasse. Il n’y a tout simplement pas de pensée créative ici sur la façon de le faire.

    Wikileaks, 25 juin 2008

    Etiquettes : Sahara Occidental, Maroc, Algérie, Front Polisario, Etats-Unis, autonomie, ONU, Wikileaks,

  • Mohammed VI intervient pour faire barrage au PJD -Wikileaks-

    Maroc, Mohammed VI, Wikileaks, PJD, #Maroc, #MohammedVI, #Wikileaks, #PJD, islamistes,

    Le roi du Maroc a agi en 2009 lors de la nomination des maires pour écarter le parti islamique et aider le parti de son ami Fouad Ali el Himma, selon les États-Unis.

    Le roi du Maroc, Mohamed VI, intervient dans le processus électoral, parfois même de manière abrupte (un aspirant maire s’est retrouvé dans le coma) avec un objectif : freiner les islamistes qui bénéficient d’un statut légal. Si le Parti de la justice et du développement (PJD), islamiste modéré, n’a pas aujourd’hui de maires à la tête des grandes villes, c’est en grande partie grâce aux manœuvres du monarque et de son ami intime Fouad Ali el Himma, selon des rapports de l’ambassade américaine à Rabat et du consulat à Casablanca.

    Himma, 48 ans, a surpris tout le monde en démissionnant de son poste de vice-ministre de l’intérieur en août 2007, alors qu’il était en fait le véritable chef du département ministériel le plus puissant du Maroc. Auparavant, ce proche du souverain alaouite, avec qui il a étudié au collège royal de Rabat, était son directeur de cabinet lorsqu’il était prince héritier. « Il est souvent considéré comme la personne la plus influente au Maroc après le monarque », a noté l’ambassadeur américain à Rabat, Thomas Riley, dans un rapport rédigé en février 2008.

    Peu après sa démission, Himma a fondé une organisation, le Mouvement de tous les démocrates (MTD). « La principale raison de sa création est l’inquiétude du palais royal face à la montée en puissance de l’islamisme à travers le PJD », notait Riley en août 2008. Il a prédit que le mouvement deviendrait une formation politique et il avait raison. « Si cette technique s’est avérée efficace pour réprimer les menaces, les partis du palais ont également échoué » au Maroc à « réaliser les réformes politiques promises », a-t-il averti.

    La « menace » était le PJD, le parti le plus voté aux élections législatives de 2007, mais pas celui qui a remporté le plus de sièges car la conception des circonscriptions le désavantage. Les islamistes modérés sont la principale force d’opposition au Parlement, mais peut-être pas dans la rue. Riley a rencontré Himma en février 2008. Il le surprend en lui disant qu’il a démissionné du ministère de l’intérieur, « non pas pour devenir député, mais pour retourner dans la petite ville poussiéreuse et rurale où il est né [Benguerir, près de Marrakech] et passer plus de temps avec sa famille ».

    Une fois sur place, il décide cependant « de ne pas se reposer et de travailler dur pour améliorer le sort de sa communauté. » « Il a conclu que la meilleure chose qu’il pouvait faire était de représenter la province [de Kelaat Es-Sraghna] au Parlement ». L’ambassadeur n’a pas cru à ce changement d’avis. Peu après, Himma a fondé le Parti authenticité et modernité (PAM) et, après une courte période de candidature, a remporté le plus grand nombre de sièges au conseil municipal lors des élections municipales de juin 2009. Il est susceptible de remporter une majorité relative lors des élections législatives de 2013. Les élections municipales ont été « relativement transparentes », a expliqué le chargé d’affaires Robert Jackson dans une note datée du 15 juillet 2009, mais « l’élection ultérieure des maires par les conseillers peut représenter un recul de la démocratie marocaine ».

    Contrôle des mairies

    Un ancien ministre, l’ambassade de France à Rabat et deux autres sources ont informé Jackson que « le roi Mohamed VI a ordonné que le PJD ne soit pas autorisé à prendre le contrôle des conseils municipaux de plusieurs villes marocaines telles que Tanger, Oujda », Casablanca et Salé où il a obtenu une majorité relative. « L’intervention du palais royal était plus flagrante à Oujda » qu’ailleurs. Dans cette ville d’un demi-million d’habitants de l’est du Maroc, « le gouverneur nommé par le ministère de l’Intérieur a empêché, le 25 juin 2009, un vote qui aurait porté au pouvoir une coalition menée par le PJD. « … la police et les agents des services de renseignement ont intimidé les partisans de la coalition du PJD et ont battu le leader local du PJD jusqu’au coma.

    Le candidat islamiste à la mairie d’Oujda a été battu par les « agents de sécurité » et a subi une hémorragie cérébrale, tandis que nombre de ses partisans étaient retenus en otage par les forces de sécurité pour les empêcher de voter. Le PAM, le parti de l’ami du roi, a également joué son rôle pour bloquer la montée en puissance de ses opposants islamistes. Il l’a fait avec l’approbation du palais. « Non satisfait du résultat admirable et propre des élections, le PAM de Fouad Ali el-Himma a eu recours à des pressions extra-politiques (il a même invoqué le nom du roi) pour contraindre les autres partis à entrer dans des coalitions » dirigées par lui après les avoir dissuadés de participer à celles dirigées par les islamistes.

    Selon M. Jackson, le parti d’Himma « a terni sa réputation de parti réformateur et renforcé la critique selon laquelle il est un outil du palais royal ». Quant aux islamistes modérés, ce qui s’est passé, dit l’ambassadeur par intérim, « les frustrera, mais ne sera probablement pas suffisant pour les chasser du jeu politique ». Ils peuvent se consoler d’avoir pris le contrôle des conseils municipaux des villes de second rang comme Tétouan et Kenitra. « Le résultat de tout cela peut être d’éroder davantage le soutien populaire au processus démocratique au Maroc (…) », prévient Jackson.

    La marche triomphale d’Himma déplaît aux formations politiques traditionnelles. Driss Lachgar, l’un des principaux dirigeants socialistes marocains, a avoué en janvier 2008 au conseiller politique de l’ambassade des États-Unis à Rabat que la création du nouveau « parti d’État officiel (…) représente une menace sérieuse pour la démocratie au Maroc ». « Nous y résisterons avec tous les moyens à notre disposition ». Curieusement, la principale personne à avoir été blessée par l’entrée en politique d’Himma, Abdelillah Benkiran, leader du PJD islamiste, s’est montrée plus prudente lors de sa rencontre avec l’ambassadeur Riley en août 2008. « Le roi a décidé d’introduire un parti de palais pour combler le vide que les autres partis sont apparemment incapables de remplir », a déclaré Benkiran. Le faible taux de participation (37%) aux élections législatives de 2007 a montré, selon lui, qu’il y avait un vide.

    « Malgré les bonnes intentions qui ont présidé à la création » du parti d’Himma, « Benkiran était d’avis qu’il manque de racines et ne pourra pas gagner l’appréciation de l’homme de la rue. » Benkiran « a été très dédaigneux de la menace que [Himma] représentait pour le PJD (…) ». Le chef du parti islamiste a fait ces commentaires à l’ambassadeur avant les élections municipales de 2009, que le « parti du roi » a remportées. Il n’est pas certain qu’il les ait répétées par la suite. Dans son bilan, peu après les élections municipales, des dix premières années du règne de Mohammed VI (1999-2009), le chargé d’affaires américain, Robert Jackson, est néanmoins bienveillant : le roi « a fait des progrès fructueux en matière de réformes sociales et économiques (…) mais a peu fait pour promouvoir des changements démocratiques structurels », écrit-il le 17 août 2009. Pourtant, conclut M. Jackson, « nous pensons que la plupart des Marocains conviennent que le roi est sincère dans son désir exprimé de voir le Maroc devenir un État démocratique ».

    A côté des islamistes modérés et légaux du PJD, première force d’opposition parlementaire, il existe un autre courant islamiste au Maroc, Justice et Charité, qui a la plus grande capacité de mobilisation dans la rue, selon l’universitaire américain John Entelis. Justice and Charity est illégale, mais Rabat « tolère ses activités tant qu’elle ne met pas en avant la question de la légitimité du roi ou n’essaie pas de mobiliser ses partisans contre le régime », a écrit le conseiller politique du consulat américain à Casablanca en décembre 2008 après avoir rencontré deux responsables de cette organisation. Elle est illégale parce qu’elle ne reconnaît pas le roi Mohammed VI comme le Commandeur des croyants, c’est-à-dire le chef spirituel des musulmans marocains. C’est le principal obstacle à sa légalisation.

    « L’incorporation de Justice et Charité dans le système [politique] pourrait avoir un effet majeur sur la stabilité du Maroc à un moment où il est sous pression en raison de la récession économique mondiale », a déclaré le conseiller politique. Dans son rapport, il déclare que « toutes les preuves tendent à soutenir l’engagement de Justice et Charité à éviter la violence ». « Le gouvernement marocain prétend régulièrement qu’il est impliqué dans des activités terroristes, comme il l’a apparemment été en Italie, mais il n’a produit aucune preuve », conclut-il. Faut-il craindre que le ministère de l’Intérieur légalise cette grande force islamiste fondée par le cheikh Abdessalam Yassin ? « Cela augmentera l’influence de l’islamisme sur la politique, le poids de Justice et Charité s’ajoutant à celui du PJD », note le rapport. « Mais même si le PJD et Justice et Charité unissent leurs forces, les islamistes resteront une minorité » dans le spectre politique marocain.

    Etiquettes : Wikileaks, Maroc, Mohammed VI, islamistes, PJD, élections,

  • France 24 supprime l’interview avec le chef de la diplomatie sahraouie

    Vendredi dernier, France24 a publié une interview avec le ministre sahraouis des affaires étrangères.

    L’articlé oublié sous le titre de « Mohamed Salem Ould Salek, chef de la diplomatie sahraouie : Il y a une guerre avec le Maroc » a été surrpimé 24 heures après. Un incident qui dit long sur les affinités de la chaîne française avec le régime despotique du Maroc. Affinité dévoilé par Le Canard Enachîné lorsqu’il a publié en juin 2011 les noms de plusieurs patrons de médias importants, invités à passer des vacances gratuites au soleil en échange d’articles complaisants envers la monarchie marocaine. C’était à l’époque où l’ancien ministre Luc Ferry a révélé sur les antennes de Canal Plus l’existence d’un «  »d’un ancien ministre qui s’était fait poisser à Marrakech dans une partouze avec des petits garçons ». A l’époque comme aujourd’hui, la mise à jour de ces liaisons coupables n’avait guère suscité d’émotion.

    En 2014, le mystérieux hacker connu sous le pseudonyme de « Chris Coleman » a apporté des détails sur la manipulation de plusieurs journalistes français par les services secrets marocains dans cette affaire connue sous le nom de Marocleaks.

    Trois ans plus tard, le magazine Marianne apportait une plongée dans les eaux troubles des relations diplomatiques franco-marocaines, à travers une enquête sur les réseaux d’influences marocains dans l’Hexagone. « Sur fond d’intérêts économiques et stratégiques, de droits de l’homme et de guerre contre le terrorisme, le Maroc n’a cessé d’étendre ses réseaux d’influence en France. L’élection d’Emmanuel Macron n’a pas changé la donne et de nouvelles figures incarnent désormais une diplomatia parallèle », écrivait Marianne dans son numéro du 24 janvier 2017.

    A force de manger dans le ratelier du Makhzen, les journalistes français sont contraints d’obéïr sous peine de voir ses frasques à Marrakech révélés au grand jour. Avec des preuves graphiques à l’appui!

    Vidéo de l’interview suppprimé


    Etiquettes : Maroc, France, Sahara Occidental, Front Polisario, lobbying, Marocleaks, réseaux d’influence, France24,

  • Wikileaks : Pour le roi du Maroc, l’armée est la plus grande menace pour le trône.

    Maroc, #Maroc, Sahara Occidental, #SaharaOccidental, Wikilieaks,

    Les forces armées marocaines « restent minées par la corruption, l’inefficacité bureaucratique, les faibles niveaux d’éducation, certains de ses soldats risquent de tomber dans le radicalisme, ils sont politiquement marginalisés, et le gros de leurs troupes est déployé au Sahara occidental. » « Elles se modernisent, mais elles restent lestées par des problèmes de longue date ».

    L’ambassadeur américain au Maroc, Thomas Riley, a rédigé en août 2008, avec la collaboration de ses conseillers en matière de défense et de sécurité, un rapport confidentiel exhaustif de neuf pages sur les armées marocaines. Au total, les trois armées comptent 218 000 hommes – 10 000 de moins que celles de l’Espagne – dont 50 à 70 % se trouvent au Sahara. Seuls 40 %, un faible pourcentage, des unités déployées dans cette ancienne colonie espagnole sont opérationnelles.

    Les jeunes hommes qui s’engagent comme soldats sont payés environ 2 000 dirhams par mois (180 euros), tandis que les officiers qui commencent leur carrière gagnent environ 6 000 dirhams (540 euros). A cela s’ajoute le logement gratuit, qui les place dans une « situation raisonnablement confortable dans le contexte marocain ».

    Forte surveillance

    Protagonistes de deux coups d’État ratés dans les années 1970, les forces armées sont toujours étroitement surveillées. « Nous pensons que la monarchie continue de considérer les militaires comme la plus grande menace potentielle pour la Couronne. » « Par conséquent, ses officiers continuent d’être tenus à l’écart de la prise de décision politique et leur participation aux discussions sur la force militaire du Maroc est limitée », tout comme leurs relations avec les officiers des armées étrangères, y compris les attachés militaires américains. En conséquence, la qualité de l’information sur les forces armées est parfois « défaillante ».

    En raison de cette méfiance, « il n’y a pas de mouvements de troupes, de manœuvres ou même de voyages d’officiers à l’intérieur ou à l’extérieur du pays sans l’approbation du roi ». Au Maroc, il n’y a pas de ministère de la défense mais une petite administration civile qui rend compte au premier ministre. La participation du Maroc aux opérations de maintien de la paix est gérée par le ministère des affaires étrangères. « Toutes les autres questions liées à la défense sont décidées au Palais royal ».

    M. Riley estime toutefois que « certains signes montrent que la confiance du roi dans les forces armées s’accroît ». Preuve en est l’ »augmentation significative des dépenses militaires » avec l’achat, par exemple, de 24 chasseurs-bombardiers F-16 aux États-Unis. « Récemment, le roi a autorisé les vols militaires au nord de Ben Guerir [la plus grande base militaire du Maroc, à environ 200 kilomètres au sud de Rabat], ce qui n’était pas autorisé par le passé parce que le monarque voulait tenir les militaires éloignés du palais de Rabat. »

    Corruption et infiltration des islamistes

    Le principal défi auquel sont confrontées les forces armées est la corruption, selon M. Riley. Elle touche surtout les plus hauts niveaux de la hiérarchie militaire. Elle a des origines historiques car après les deux tentatives ratées, Hassan II a dit aux militaires : « Soyez loyaux et vous pourrez en profiter. » « Des rapports crédibles indiquent que le lieutenant-général Benanni profite de sa position de commandant en chef du secteur sud pour soutirer de l’argent des contrats militaires et influencer les décisions commerciales. » « Une rumeur répandue indique qu’il possède une bonne partie des pêcheries du Sahara occidental. » « Comme beaucoup d’autres officiers vétérans, Benanni a une somptueuse maison familiale qui a probablement été construite avec l’argent provenant de pots-de-vin. »

    « Une position de leader dans une région est une source importante de revenus non légaux pour la hiérarchie militaire », argumente l’ambassadeur. « On rapporte même que des étudiants de l’académie militaire marocaine paient pour améliorer le classement de leur école afin d’obtenir des postes militaires lucratifs. » « Les commandements dans le secteur sud, c’est-à-dire au Sahara occidental, sont considérés comme les plus lucratifs étant donné la concentration de l’activité militaire dans cette région (…) ». « Le gouvernement marocain semble chercher des moyens de mettre fin à la corruption dans les rangs des militaires qui sont formés à partir du colonel (…) ».

    Un problème mineur, comparé à la corruption, est la pénétration islamiste de l’armée. Certains rapports « suggèrent qu’un petit nombre de soldats sont sensibles à l’islamisme radical ». Après les attentats de 2003 à Casablanca, qui ont fait 45 morts, les enquêteurs ont « identifié des militaires » parmi les conspirateurs. Par la suite, « plusieurs militaires et gendarmes appartenant à d’autres cellules terroristes, dont l’une a volé des armes dans une base d’activités terroristes » ont été arrêtés.

    Parmi les mesures préventives prises pour éviter la propagation de l’islamisme radical dans les armées figurent « la suppression de toutes les mosquées sur les bases (…) et le déploiement du contre-espionnage militaire, le fameux Cinquième Bureau, avec des agents secrets pour surveiller les activités radicales dans les mosquées » près des casernes.

    Etiquettes : Wikileaks, Maroc, armée, Mohammed VI, palais royal, mafia immobilière, islamistes, Sahara Occidental,

    Source : Marocleaks, 06 juin 2021

    Etiquettes : Maroc, Wikileaks, corruption, armée, immobilier, Palais royal, Mohammed VI, Hassan II, FAR, Forces Armées Royales,

  • Texte intégral de la proposition du PE sur le Maroc

    PROPOSITION DE RÉSOLUTION COMMUNE
    déposée conformément à l’article 144, paragraphe 5, et à l’article 132, paragraphe 4, du règlement intérieur
    en remplacement des propositions de résolution suivantes:
    B9-0349/2021 (Verts/ALE)

    B9-0350/2021 (S&D)

    B9-0359/2021 (PPE)

    B9-0362/2021 (Renew)
    sur la violation de la convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant et l’instrumentalisation des mineurs par les autorités marocaines dans la crise migratoire à Ceuta
    (2021/2747(RSP))
    Željana Zovko, Andrey Kovatchev, Juan Ignacio Zoido Álvarez, Michael Gahler, Isabel Wiseler-Lima, Paulo Rangel, Miriam Lexmann, Gabriel Mato, Loránt Vincze, Vladimír Bilčík, Elżbieta Katarzyna Łukacijewska, Ivan Štefanec, Inese Vaidere, Tomáš Zdechovský, Magdalena Adamowicz, Peter Pollák, Christian Sagartz, José Manuel Fernandes, Stanislav Polčák, Loucas Fourlas, Eva Maydell, Michaela Šojdrová, Luděk Niedermayer, Jiří Pospíšil, Maria Walsh
    au nom du groupe PPE
    Pedro Marques, Andrea Cozzolino, Nacho Sánchez Amor
    au nom du groupe S&D
    Jordi Cañas, Luis Garicano, Vlad Gheorghe, Klemen Grošelj, Moritz Körner, Karen Melchior, Javier Nart, Maite Pagazaurtundúa, María Soraya Rodríguez Ramos, Nicolae Ştefănuță, Dragoş Tudorache
    au nom du groupe Renew
    Salima Yenbou, Ernest Urtasun, Hannah Neumann
    au nom du groupe Verts/ALE

    Résolution du Parlement européen sur la violation de la convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant et l’instrumentalisation des mineurs par les autorités marocaines dans la crise migratoire à Ceuta

    (2021/2747(RSP))

    Le Parlement européen,

    – vu ses résolutions antérieures sur le Maroc, en particulier celle du 19 janvier 2019 sur l’accord UE-Maroc[1], et sa résolution du 26 novembre 2019 sur les droits de l’enfant à l’occasion du 30e anniversaire de la convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant[2],

    – vu la convention du 20 novembre 1989 des Nations unies relative aux droits de l’enfant, en particulier le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant (articles 3 et 18),

    – vu les observations générales du Comité des droits de l’enfant des Nations unies, et en particulier l’observation générale n° 14

    – vu la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne,

    – vu la déclaration du 1er juin 2021 du Maroc sur la question des mineurs marocains non accompagnés en situation illégale dans certains pays européens,

    – vu les deux déclarations du 31 mai 2021 du ministère marocain des affaires étrangères, de la coopération africaine et des expatriés marocains sur la crise hispano-marocaine,

    – vu l’accord euro-méditerranéen établissant une association entre les Communautés européennes et leurs États membres, d’une part, et le Royaume du Maroc, d’autre part[3], entré en vigueur en 2000, et vu le partenariat 2013 pour la mobilité,

    – vu la déclaration à la presse du haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité à l’issue du Conseil des affaires étrangères le 18 mai 2021,

    – vu la communication conjointe du 9 février 2021 de la Commission et du haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité intitulée «Un partenariat renouvelé avec le voisinage méridional – Un nouveau programme pour la Méditerranée», notamment le quatrième chapitre sur la migration et la mobilité (JOIN(2021)0002),

    – vu l’accord entre le Royaume d’Espagne et le Royaume du Maroc relatif à la coopération dans le domaine de la prévention de l’émigration illégale des mineurs non accompagnés, de leur protection et de leur retour concerté, signé à Rabat le 6 mars 2007 et entré en vigueur le 2 octobre 2012,

    – vu la déclaration du 27 mars 2021 de l’Organisation internationale pour les migrations sur les arrivées récentes à Ceuta (Espagne),

    – vu l’article 144, paragraphe 5, et l’article 132, paragraphe 4, de son règlement intérieur,

    A. considérant que les relations entre l’Union européenne et le Royaume du Maroc ont pour fondement juridique l’accord d’association de 2000; qu’en tant que voisin proche, le Maroc est un partenaire privilégié de l’Union en matière de coopération politique, économique, commerciale et technique, ainsi que de coopération au développement, comme en témoignent les instruments parmi que sont, entre autres, les programmes d’action annuels, le fonds fiduciaire d’urgence de l’Union pour l’Afrique, l’instrument européen de voisinage et le programme «L’Europe dans le monde», ainsi que la participation du Maroc à Erasmus+, ainsi que le «statut avancé» accordé en 2008 dans le cadre de la politique européenne de voisinage; que le Maroc figure au 3e rang des bénéficiaires de fonds alloués par l’Union dans le cadre de sa politique européenne de voisinage;

    B. considérant que la crise actuelle a donné lieu à des tensions diplomatiques sans précédent entre le Maroc, d’une part, et l’Espagne et l’Union européenne, d’autre part; que, quels que soient les motifs qui ont présidé à l’apparition de la situation actuelle à Ceuta, c’est un incident injustifiable, qui ne correspond pas à la coopération établie de longue date et à la relation de confiance qui prévaut entre les deux parties, en particulier dans le domaine de la migration; que les relations de voisinage doivent être préservées et redevenir ce qu’elles étaient avant la crise, afin de contribuer à promouvoir des relations mutuellement bénéfiques en mettant en œuvre le nouvel agenda méditerranéen récemment présenté dans le cadre d’un partenariat renouvelé avec le voisinage sud, au titre duquel le Maroc est invité à approfondir son partenariat avec l’UE dans différents domaines;

    C. considérant que, depuis le 17 mai 2021, une augmentation sans précédent du nombre de passages vers le territoire espagnol a été constatée, et que quelque 9 000 personnes ont pénétré, par terre ou par mer, dans la ville autonome espagnole de Ceuta, après que la police marocaine a assoupli temporairement les contrôles aux frontières, ouvert les barrières et négligé de prendre des mesures pour arrêter les entrées illégales; que l’intervention humanitaire des forces armées et de sécurité espagnoles, des ONG et des citoyens de Ceuta a empêché que ne se produise une véritable tragédie; que la plupart des personnes ayant traversé illégalement la frontière étaient des ressortissants marocains; qu’un flux aussi important peut difficilement être considéré comme spontané; que parmi ces personnes, au moins 1 200 étaient des mineurs non accompagnés, et qu’il y avait également de nombreuses familles entières; que certains enfants venaient directement de l’école et n’avaient donc pas leurs papiers sur eux au moment de leur passage;

    D. considérant que, le 1er juin 2021, les autorités marocaines ont décidé de faciliter la réadmission de tous les enfants marocains non accompagnés mais identifiés se trouvant illégalement sur le territoire de l’Union; que, selon l’Organisation internationale pour les migrations, nombre d’entre eux ont déjà été rapatriés grâce à l’aide à la réunification et à la recherche des familles; que les autorités espagnoles ont ouvert une ligne d’urgence à Ceuta dans le but de ramener les enfants et les mineurs non accompagnés à leurs familles; que, toutefois, de nombreux enfants se trouvent encore dans des locaux espagnols, comme dans l’entrepôt de Tarajal et dans les centres d’accueil des migrants de Pinier et Santa Amelia, sous la tutelle de la ville autonome de Ceuta, dans l’objectif de pouvoir les identifier, d’évaluer leur situation personnelle, leurs vulnérabilités et les risques de persécution et de préjudice irréparable qu’ils courent; que les familles recherchent désespérément ces enfants; que cela fait peser des risques supplémentaires sur le développement physique, mental, moral, spirituel et social des enfants, comme l’indique la déclaration des droits de l’enfant des Nations unies;

    E. considérant que la plupart des enfants ont cru qu’ils participaient à une simple sortie scolaire à Ceuta et qu’ils pourraient assister gratuitement à un match de football avec des joueurs célèbres;

    F. considérant que l’intérêt supérieur de l’enfant doit être l’une des premières considérations dans tous les actes et décisions qui concernent les mineurs non accompagnés et leur bien-être physique et mental; qu’il est donc nécessaire, conformément au droit international, que ces enfants bénéficient de la reconnaissance et du soutien de toutes les autorités concernées et que, grâce à une coopération appropriée et renforcée, ils retrouvent leurs parents ou leurs proches et soient rendus en toute sécurité à leur famille qu’ils n’ont jamais eu l’intention de quitter; que, dans la stratégie de l’UE sur les droits de l’enfant, la Commission a recommandé aux États membres de renforcer leurs systèmes de tutelle pour les mineurs non accompagnés, notamment en participant aux activités du réseau européen en la matière; qu’en vertu de la convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, les pays d’accueil doivent garantir tous les droits des enfants migrants, y compris pour ce qui concerne le contrôle aux frontières et le retour;

    G. considérant que la crise a été déclenchée par le Maroc en raison d’une crise politique et diplomatique après que le chef du Front Polisario, Brahim Ghali, atteint par le coronavirus, a été admis dans un hôpital espagnol pour raisons humanitaires; que le 2 juin 2021, il est arrivé en Algérie;

    H. considérant que, selon les déclarations officielles du Maroc du 31 mai 2021, la crise bilatérale ne serait pas liée à la question migratoire; que le ministre marocain des affaires étrangères a d’abord reconnu que l’entrée massive de milliers de personnes, dont des enfants, découlait directement di fait que le chef du Front Polisario avait été accueilli en Espagne; que, dans une déclaration officielle publiée ultérieurement, les autorités marocaines ont indiqué comme raison réelle la position jugée ambiguë de l’Espagne sur le Sahara occidental;

    I. considérant que, lors de la réunion extraordinaire du Conseil européen des 24 et 25 mai 2021, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union ont réaffirmé leur soutien sans réserve à l’Espagne et souligné que les frontières espagnoles faisaient partie des frontières extérieures de l’Union; que la situation à Ceuta a également été examinée lors du Conseil des affaires étrangères du 18 mai 2021, au cours duquel le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a exprimé sa pleine solidarité et son soutien à l’Espagne au nom de l’Union; que le droit international et le principe de souveraineté, d’intégrité territoriale et d’inviolabilité des frontières nationales doivent être respectés;

    J. considérant qu’un mandat de négociation en vue de la conclusion d’un accord de réadmission avec le Maroc a été accordé par le Conseil à la Commission en 2000; qu’à ce jour, aucun accord de ce type n’a été finalisé ou adopté;

    K. considérant que les autorités marocaines devraient faciliter le retour, dans les semaines à venir, de près de 13 000 travailleurs saisonniers bloqués dans le sud de l’Espagne;

    1. rejette l’utilisation par le Maroc des contrôles aux frontières et de la migration, notamment des mineurs non accompagnés, comme moyen de pression politique sur un État membre de l’Union; déplore en particulier que des enfants, des mineurs non accompagnés et des familles aient franchi massivement la frontière entre le Maroc et la ville espagnole de Ceuta, mettant ainsi leur vie et leur sécurité clairement en péril; regrette l’aggravation de la crise politique et diplomatique, et espère qu’elle ne portera atteinte ni aux relations stratégiques, multidimensionnelles et privilégiées de voisinage entre le Royaume du Maroc et l’Union européenne et ses États membres, ni à la coopération de longue date fondée sur la confiance dans les domaines de la lutte contre le terrorisme, la traite des êtres humains et le trafic de drogue, de la migration et des politiques commerciales; estime que les différends bilatéraux entre partenaires proches devraient être réglés dans le cadre d’un dialogue diplomatique; appelle à un apaisement des tensions et au retour à un partenariat constructif et fiable entre l’Union et le Maroc; appelle à poursuivre le développement de cette relation fondée sur la confiance et le respect mutuels; invite instamment le Maroc, à cet égard, à respecter son engagement de longue date en faveur d’une coopération renforcée en matière de gestion des frontières et de mobilité migratoire dans un esprit de coopération et de dialogue; souligne l’importance de renforcer le partenariat UE-Maroc, qui devrait tenir compte des besoins des deux partenaires de manière équilibrée et sur un pied d’égalité;

    2. se félicite de la démarche adoptée par les autorités marocaines le 1er juin 2021 pour faciliter le retour de tous les mineurs non accompagnés identifiés qui se trouvent illégalement sur le territoire de l’Union européenne; demande à l’Espagne et au Maroc de travailler en étroite collaboration pour ramener les enfants à leurs familles, dans le respect de l’intérêt supérieur de l’enfant et du droit national et international, en particulier de la convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, dont le Maroc est signataire depuis 1990 et qu’il a ratifié à deux reprises (en juin et en juillet 1993), ainsi que des accords pertinents entre l’Union européenne et ses États membres et le Maroc, en particulier l’accord entre le Royaume d’Espagne et le Royaume du Maroc sur la coopération dans le domaine de la prévention de la migration illégale des mineurs non accompagnés, de leur protection et de leur retour concerté; rappelle que le principe de l’unité familiale et le droit au regroupement familial doivent toujours être sauvegardés; souligne qu’une coopération étroite sur les défis migratoires est dans l’intérêt mutuel de l’Union européenne et du Maroc; invite le Royaume du Maroc à tenir ses engagements car il est essentiel d’assurer le retour en toute sécurité des enfants dans leur famille et de respecter les droits que leur confère le droit international;

    3. rappelle que la protection et la sécurité de Ceuta concernent l’ensemble de l’Union européenne car la ville autonome fait partie de ses frontières extérieures; se félicite de la réaction rapide de l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex) qui a mis ses ressources au service du gouvernement espagnol afin de l’aider à résoudre les problèmes migratoires liés à cette crise; invite la Commission à fournir des fonds d’urgence pour faire face à la situation à Ceuta, notamment en finançant des capacités d’hébergement supplémentaires pour les mineurs non accompagnés;

    4. s’affirme pleinement solidaire des citoyens de Ceuta et salue la réponse efficace et professionnelle de l’armée et des organes de sécurité espagnols dans la ville autonome, ainsi que celle des ONG et des habitants, qui ont su gérer la crise et sauver de nombreuses vies; se félicite de la protection accordée aux mineurs non accompagnés par les autorités espagnoles, conformément au droit de l’Union et à la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant;

    5. réaffirme la position consolidée de l’Union sur le Sahara occidental, fondée sur le plein respect du droit international, des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et du processus politique conduit par les Nations unies pour parvenir à une solution négociée juste, durable, pacifique et acceptable par les deux parties;

    6. réaffirme l’inviolabilité des frontières nationales des États membres de l’Union et insiste sur le fait que le respect de leur intégrité territoriale est non négociable en tant que principe fondamental du droit international et principe de solidarité européenne; rappelle que l’atteinte à la souveraineté territoriale des États membres ne saurait être tolérée;

    7. invite instamment la Commission et le Royaume du Maroc à coopérer et à conclure formellement, dans les meilleurs délais, un accord de réadmission UE-Maroc assorti des garanties juridiques nécessaires; est convaincu que la coopération future de l’Union avec les pays du sud de la Méditerranée devrait se fonder sur l’objectif à long terme qui consiste à s’attaquer aux causes profondes de la migration illégale en renforçant le développement économique et les investissements, en créant de nouvelles possibilités d’emploi et en promouvant une éducation de qualité pour tous les enfants de la région;

    8. charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, au vice-président de la Commission / haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, aux gouvernements et aux parlements des États membres, ainsi qu’au gouvernement et au parlement du Maroc.

    ———————————————-

    [1] JO C 411, 27.11.2020, p. 292.

    [2] Textes adoptés de cette date, P9_TA(2019)0066.

    [3] JO L 70 du 18.3.2000, p. 2.

    Source : Parlement Européen, 09 juin 2021