Catégorie : Monde

  • L’UE est optimiste quant à la croissance économique, mais préoccupée par l’inflation

    BRUXELLES (AP) – Les économies de l’Union européenne devraient connaître leur plus fort taux de croissance depuis des décennies grâce à l’assouplissement des restrictions liées au coronavirus, mais elles restent confrontées aux risques posés par les variantes du COVID-19 et aux inquiétudes liées à l’inflation, a déclaré mercredi l’exécutif de l’UE.

    Selon les prévisions de l’été 2021 de la Commission européenne, les économies des 27 pays de l’UE, et des 19 pays utilisant la monnaie unique européenne, devraient connaître une croissance de 4,8 % cette année, soit environ un demi-point de pourcentage de plus que prévu dans les prévisions précédentes.

    Le produit intérieur brut réel devrait retrouver son niveau d’avant la crise du coronavirus au dernier trimestre de cette année. En 2022, la croissance devrait atteindre 4,5 %.

    La commission explique son optimisme croissant par le fait que l’activité économique du début de l’année a dépassé les attentes, et par l’impact de la stratégie de vaccination contre le coronavirus, qui a entraîné une baisse du nombre de nouvelles infections et d’admissions à l’hôpital.

    « L’économie de l’UE devrait connaître cette année sa croissance la plus rapide depuis des décennies, grâce à une forte demande tant au niveau national qu’international et à une réouverture plus rapide que prévu des secteurs des services depuis le printemps », a déclaré le commissaire à l’économie, Paolo Gentiloni.

    Il a toutefois prévenu que l’UE « doit redoubler ses efforts de vaccination, en s’appuyant sur les progrès impressionnants réalisés ces derniers mois : la propagation de la variante delta nous rappelle brutalement que nous ne sommes pas encore sortis de l’ombre de la pandémie. »

    La commission a déclaré que les risques économiques dépendent de la manière dont les ménages et les entreprises réagissent à tout nouveau durcissement des restrictions visant à stopper la propagation des variantes. Elle a également averti que l’inflation pourrait augmenter si les restrictions de l’offre durent et que les pressions sur les prix sont répercutées sur les prix à la consommation.

    Pour l’heure, l’inflation dans l’UE devrait s’établir à 2,2 % en moyenne cette année, soit 0,3 point de pourcentage de plus que les prévisions de mai, et à 1,6 % en 2022. Dans la zone euro, elle devrait s’établir à 1,9 % en 2021, soit une hausse de 0,2 point de pourcentage, et à 1,4 % l’année prochaine.

    Associated Press, 07/07/2021

    Etiquettes : UE, inflation, croissance, économie,

  • France : 11 personnes condamnées pour avoir cyberintimidé un adolescent qui critiquait l’islam

    PARIS (AP) – Un tribunal français a condamné mercredi 11 des 13 personnes accusées d’avoir harcelé et menacé une adolescente qui a sévèrement critiqué l’Islam dans des messages en ligne et a fini par changer d’école et recevoir une protection policière pour préserver sa sécurité.

    Ce verdict est le premier du genre depuis que la France a créé en janvier un nouveau tribunal à Paris chargé de poursuivre les délits en ligne, notamment le harcèlement et la discrimination.

    Le tribunal a condamné les prévenus à des peines de prison avec sursis de quatre à six mois et leur a infligé une amende d’environ 1 770 dollars chacun.

    L’adolescente au centre de cette affaire historique de cyberintimidation, qui n’a été identifiée publiquement que par son prénom, Mila, a déclaré le mois dernier qu’elle avait l’impression d’avoir été « condamnée à mort ».

    S’exprimant après le verdict, elle a déclaré que toutes les victimes devraient se joindre à la lutte contre les abus en ligne et que les harceleurs devraient se voir refuser l’accès aux réseaux de médias sociaux.

    « Je m’attendais à pire et, honnêtement, nous avons gagné et nous gagnerons encore parce que ce que je veux, c’est que, unis, nous n’abandonnerons jamais. Nous continuerons à nous battre », a déclaré Mila.

    Mila, qui se décrit comme athée, avait 16 ans lorsqu’elle a commencé à publier des vidéos sur Instagram, puis sur TikTok, critiquant sévèrement l’islam et le Coran. Aujourd’hui âgée de 18 ans, elle a témoigné que « je n’aime aucune religion, pas seulement l’islam ».

    « Ce que je veux, c’est que ceux (qui harcèlent) soient considérés comme un fléau et qu’on leur interdise l’accès aux réseaux sociaux(,)… ceux qui font de la cyberintimidation, qui menacent de mort, qui privent de liberté et qui incitent au suicide », a-t-elle déclaré. « Et je ne veux plus jamais que les victimes soient blâmées ».

    Son avocat, Richard Malka, a déclaré que Mila avait reçu quelque 100 000 messages de menaces, notamment des menaces de mort, des menaces de viol, des messages misogynes et des messages haineux sur son orientation sexuelle.

    Mila a quitté un lycée, puis un autre. Elle est désormais surveillée quotidiennement par la police pour sa sécurité.

    « Les réseaux sociaux, c’est la rue. Quand on croise quelqu’un dans la rue, on ne l’insulte pas, on ne le menace pas, on ne se moque pas de lui », a déclaré le président du tribunal, Michel Humbert. « Ce que vous ne faites pas dans la rue, ne le faites pas sur les réseaux sociaux ».

    Le procès a soulevé des questions inconfortables sur la liberté d’expression, la liberté de critiquer une religion et le respect des millions de musulmans de France. Mais l’affaire judiciaire était centrée sur la cyberintimidation.

    Les 13 accusés, originaires de toute la France, venaient d’horizons et de religions différents et ne représentaient qu’une poignée de toutes les personnes qui s’en sont pris à Mila par des commentaires en ligne. Les autres n’ont pas pu être retrouvés.

    Juan Branco, l’avocat de l’un des accusés, a dénoncé les prémisses du procès.

    « Les procès symboliques dans lesquels on essaie d’utiliser une personne pour envoyer un message au reste de la société sont très dangereux », a déclaré M. Branco. Il a déclaré que son client, identifié seulement comme Jordan L., « n’est pas un fanatique, est quelqu’un qui respecte les croyances, (mais) qui n’aime pas ce climat où une partie de la population française est systématiquement attaquée ».

    Selon lui, son client « se révolte contre cela sans participer à quelque chose de plus important et sans même envoyer un message direct à Mila en particulier. »

    Le harcèlement, les menaces et les discours de haine en ligne sont en augmentation depuis la création en 2018 d’une loi criminalisant ces actes. La police a recensé 2 128 infractions de ce type en 2019 et 2 848 l’année dernière, selon la ministre française de la Citoyenneté, Marlene Schiappa.

    « Le pays tout entier doit condamner les agresseurs et cesser de blâmer les victimes », a déclaré Mme Schiappa dans un communiqué après le verdict de mercredi.

    L’un des 13 prévenus a été acquitté car son message – « Blow it up » – visait le compte Twitter de Mila, et non la jeune femme. Le tribunal a abandonné les poursuites à l’encontre d’un autre accusé en raison de procédures défectueuses.

    Dans le cadre des efforts croissants déployés par la France pour poursuivre et prévenir les abus en ligne, un autre tribunal français a ordonné mardi à Twitter de fournir, dans un délai de deux mois, des informations détaillées sur ses procédures visant à empêcher les utilisateurs d’inciter à la violence ou à la haine raciale ou de commettre d’autres infractions.

    Cette décision fait suite à une action civile intentée par des groupes de lutte contre le racisme et la discrimination à l’égard des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres. Les groupes ont fait valoir que Twitter ne faisait pas assez pour modérer et supprimer les contenus qui violent les lois françaises sur les discours de haine ou d’autres lois. L’avocat du réseau social dans cette affaire, Karim Beylouni, a déclaré mercredi que l’entreprise décidait de faire appel ou non.

    Pendant ce temps, les procureurs de Paris enquêtent sur des posts racistes visant le joueur de football Kylian Mbappé après un coup de pied raté qui a éliminé la France, qui a remporté la Coupe du monde en 2018, du championnat d’Europe de football la semaine dernière.

    Associated Press, 07/07/2021

    Etiquettes : France, Islam, cyberharcèlement,

  • L’attaque armée contre un journaliste néerlandais vedette suscite l’inquiétude de l’Europe

    AMSTERDAM (AP) – Les dirigeants européens ont exprimé leur consternation, les défenseurs des droits des médias ont demandé que justice soit faite et les Pays-Bas ont été choqués par la mort d’un journaliste néerlandais chevronné, abattu d’une balle dans la tête dans le centre d’Amsterdam après une apparition à la télévision.

    Peter R. de Vries, célèbre pour ses reportages courageux sur la pègre néerlandaise, luttait pour sa vie dans un hôpital d’Amsterdam après la fusillade de mardi soir.

    Deux suspects restaient en détention mercredi, un citoyen polonais de 35 ans vivant aux Pays-Bas et un Néerlandais de 21 ans, tandis qu’une troisième personne détenue mardi soir a été relâchée, selon un communiqué de la police néerlandaise. Leur première comparution devant le tribunal était prévue pour vendredi.

    Le motif de l’attaque n’a pas été révélé.

    La fusillade a été considérée comme une tragédie nationale aux Pays-Bas, et des dizaines de personnes ont apporté des fleurs sur le lieu de l’attaque, à moins d’un pâté de maisons du célèbre Rijksmuseum de la capitale. Certains ont déclaré que l’attentat avait ébranlé leur sentiment de sécurité et suscité des inquiétudes quant au respect de l’État de droit.

    Le roi des Pays-Bas, Willem Alexander, a qualifié la fusillade d’ »attaque contre le journalisme, pierre angulaire de notre État de droit, et donc aussi d’attaque contre l’État de droit ».

    Elle a également touché une corde sensible ailleurs en Europe, où des attaques aussi brutales contre des reporters sont rares et où les meurtres de journalistes en Slovaquie et à Malte ces dernières années ont suscité des inquiétudes quant à la sécurité des reporters dans les sociétés développées et démocratiques.

    « Nous pouvons être en désaccord avec beaucoup de choses que nous voyons dans nos médias, mais nous devons convenir que les journalistes qui enquêtent sur les abus de pouvoir potentiels ne sont pas une menace mais un atout pour nos démocraties et nos sociétés », a déclaré mercredi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, devant les législateurs du Parlement européen.

    M. De Vries, 64 ans, est le journaliste le plus célèbre des Pays-Bas. Il a accédé à la notoriété après avoir couvert l’enlèvement d’un héritier de Heineken en 1983. Il est un habitué des journaux télévisés du soir et a continué à publier des articles sur le monde criminel néerlandais. Il a remporté un Emmy international en 2008 pour une émission de télévision consacrée à la disparition de l’adolescente américaine Natalee Holloway alors qu’elle était en vacances sur l’île néerlandaise d’Aruba, dans les Caraïbes, en 2005.

    « Hier, notre pire cauchemar est devenu réalité », a tweeté Royce, le fils de de Vries, au nom de la famille. « En tant que famille, nous entourons Peter d’amour et d’espoir pendant cette phase difficile. Beaucoup de choses sont encore incertaines, mais ce qui est certain, c’est que toutes les expressions de soutien provenant de tout le pays offrent désormais un énorme soutien. »

    De Vries était depuis longtemps considéré comme une cible possible des criminels dont il rendait compte avec acharnement. La police et les procureurs n’ont pas voulu dire s’il bénéficiait d’une protection policière.

    De Vries avait récemment agi en tant que conseiller et confident d’un témoin dans un important procès du chef présumé d’un gang criminel, Ridouan Taghi, qui a été extradé aux Pays-Bas depuis Dubaï en 2019. Taghi est actuellement en prison alors qu’il est jugé avec 16 autres suspects.

    Liam Bakker, un habitant d’Amsterdam qui vit près du site où de Vries a été attaqué, a décrit avoir entendu trois ou quatre coups de feu, puis s’être précipité pour voir ce qui s’était passé.

    « Nous sommes sortis et l’avons vu allongé sur le sol… en train de saigner », a déclaré Bakker, encore sous le choc le lendemain.

    Il était parmi ceux qui rendaient hommage au site commémoratif improvisé mercredi dans une rue calme bordée de briques. Un étudiant de l’université voisine d’Amsterdam a qualifié l’événement d’ »horrible ». Une autre femme, de deux générations plus âgée, a déposé un bouquet de tournesols en disant : « C’est une honte, c’est terrible ». Un homme à vélo a déclaré être venu simplement parce qu’il « voulait faire quelque chose ».

    L’organisation de surveillance des médias Reporters sans frontières a exprimé mercredi sa « pleine solidarité » avec la famille de Vries et tous les journalistes néerlandais, et a demandé que les responsables de la fusillade soient traduits en justice.

    Des législateurs et des responsables d’autres pays de l’Union européenne se sont également exprimés. Le président du Conseil européen, Charles Michel, a qualifié la fusillade de « crime contre notre valeur fondamentale qu’est la liberté de la presse ».

    Le commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatović, a tweeté : « Tout doit être fait pour traduire en justice le ou les auteurs et le ou les cerveaux de ce crime horrible et garantir la #Sécuritédesjournalistes en #Europe. »

    Associated Press, 07/07/2021

    Etiquettes : Peter R. de Vries, Pays Bas, journalisme, presse,

  • GB: Le boom immobilier risque de briser les rêves commerciaux post-Brexit

    LONDRES, 7 juillet (Reuters) – L’histoire suggère que la flambée des prix de l’immobilier en Grande-Bretagne pourrait menacer les espoirs d’une croissance alimentée par les exportations après le Brexit, si le ministre des Finances Rishi Sunak utilise le marché immobilier pour alimenter l’économie comme l’ont fait ses prédécesseurs.

    Selon le prêteur Nationwide, les prix de l’immobilier augmentent au rythme annuel le plus rapide depuis 2004 (13,4 % en juin), grâce à l’allègement fiscal accordé aux acheteurs de biens immobiliers et à la ruée vers des maisons plus grandes en raison de l’augmentation du nombre de personnes travaillant à domicile.

    Le marché immobilier revêt une importance totémique en Grande-Bretagne en tant que moteur de la richesse. Selon la Banque d’Angleterre, les prix de l’immobilier en Grande-Bretagne, corrigés de l’inflation, ont augmenté depuis 1980 plus que dans presque toutes les autres économies avancées.

    Bien que le lien entre le marché immobilier national et le commerce international puisse ne pas sembler évident, au cours des 50 dernières années, il y a eu une relation inverse fiable entre les prix de l’immobilier et la contribution du commerce à la croissance économique, selon les calculs de Reuters.

    D’une part, un marché immobilier florissant contribue à renforcer la confiance des consommateurs et les dépenses des ménages, ce qui stimule la demande d’importations et accroît le poids du commerce net sur l’économie.

    Cela accroît la dépendance de la Grande-Bretagne vis-à-vis des investisseurs étrangers pour financer le déficit de sa balance des paiements.

    Mais ce que l’on sait moins, c’est qu’il peut évincer l’industrie manufacturière, qui ne représente qu’environ 10 % de la production économique globale du pays, mais qui est cruciale pour les exportations.

    Balazs Egert, économiste principal de l’Organisation de coordination et de développement économiques, a déclaré que ce lien était similaire au « syndrome hollandais », lorsqu’un secteur en plein essor, souvent lié à la découverte d’une matière première comme le pétrole, draine les ressources d’autres secteurs au détriment de l’économie globale.

    « Si vous avez un boom immobilier, cela va (mettre) un frein à la performance des exportations dans un pays moyen dans lequel nous avons observé ce type de boom dans le passé », a déclaré Egert.

    « Si l’on regarde les années 1990 et 2000, alors il est probablement juste de dire que si vous avez un secteur de la construction et un secteur immobilier en plein essor, alors ils ne sont certainement pas très utiles pour … le secteur manufacturier. »

    Egert a appliqué ses recherches à un panel de pays de l’OCDE, dont le Royaume-Uni, les États-Unis, la France, le Canada et l’Australie, et a constaté que, dans l’ensemble de ces pays, la forte croissance des prix de l’immobilier était préjudiciable aux exportations.

    Le raisonnement est le suivant : la hausse des prix de l’immobilier accroît la rentabilité des secteurs de la construction et de l’immobilier, ce qui attire la main-d’œuvre et le capital des industries à plus forte productivité telles que l’industrie manufacturière.

    Pour garder les talents, les usines procèdent à des augmentations de salaires qui ne sont pas soutenues par des gains de productivité, ce qui les rend moins compétitives.

    Les données le confirment.

    L’évolution de la part des travailleurs de la construction dans la main-d’œuvre britannique a suivi de près la croissance des prix de l’immobilier. La fin des années 1980 et le milieu des années 2000 ont connu la croissance la plus rapide pour les deux.

    En revanche, le déclin à long terme de la part des emplois manufacturiers s’est fortement accéléré pendant les périodes de forte croissance des prix de l’immobilier. Le déclin des emplois dans l’industrie manufacturière s’est surtout atténué pendant les périodes où la croissance des prix de l’immobilier était la plus faible, au milieu des années 1990 et après la crise financière mondiale.

    Certes, l’industrie manufacturière britannique a décliné au fil des décennies avec la perte de l’industrie lourde au profit des marchés émergents à croissance rapide, mais elle s’est stabilisée ces dernières années autour de 10 % de la production économique globale.

    Une flambée des prix de l’immobilier a également tendance à attirer les investissements étrangers, ce qui fait grimper la monnaie nationale et rend les exportations coûteuses – comme cela s’est produit au début des années 2000.

    DEVENIR HOLLANDAIS

    La réapparition de cette dynamique « doublement hollandaise » en Grande-Bretagne dépend de ce qu’il adviendra du marché immobilier après la pandémie.

    Un flot d’argent bon marché a fait grimper les prix de l’immobilier dans de nombreuses économies avancées, ce qui pourrait signifier que les producteurs britanniques ne souffriront pas d’un désavantage comparatif.

    Un sondage réalisé par Reuters auprès d’économistes et d’analystes du marché immobilier en mai a montré que le marché britannique devrait ralentir considérablement l’année prochaine.

    Toutefois, au cours des 20 dernières années, les prévisionnistes ont sous-estimé à plusieurs reprises la hausse des prix des logements, deux tiers des projections depuis 1999 s’étant révélées trop faibles.

    Certains signes indiquent que les prix de l’immobilier pourraient à nouveau augmenter plus que prévu, même après l’expiration, fin septembre, des réductions temporaires de la taxe sur les achats immobiliers, appelée droit de timbre.

    « Même si le marché du travail s’affaiblit, il est possible que l’évolution des préférences en matière de logement, suite à la pandémie, continue de soutenir l’activité pendant un certain temps encore », a déclaré Robert Gardner, économiste en chef chez Nationwide.

    Le ministère des finances s’est refusé à tout commentaire. Il a précédemment déclaré que la réduction des taxes sur les achats immobiliers avait contribué à protéger des centaines de milliers d’emplois liés au marché immobilier en stimulant l’activité économique.

    C’EST REPARTI ?

    Les responsables politiques aspirent depuis longtemps à un rééquilibrage de l’économie britannique vers une croissance davantage axée sur les exportations. Le gouvernement du Premier ministre Boris Johnson cherche à conclure des accords commerciaux post-Brexit dans le monde entier à cette fin.

    Mais à mesure que l’économie se remet de son effondrement COVID-19, la tentation de stimuler à nouveau le marché immobilier peut se faire sentir.

    Il faut résister à cette tentation, a déclaré Andrew Sentance, un responsable politique de la Banque d’Angleterre qui est maintenant conseiller principal de Cambridge Econometrics, une société de conseil.

    « Je ne suis pas convaincu que le fait de gonfler le marché du logement soit un bon moyen de stimuler la consommation, car l’inflation des prix des logements procure des avantages économiques ou financiers aux personnes qui possèdent déjà des maisons », a déclaré M. Sentance.

    Le risque de mécontenter les propriétaires, le bloc d’électeurs le plus puissant de Grande-Bretagne, a par le passé contrecarré les appels à construire plus de logements sans essayer d’abord de stimuler la demande.

    Il reste à voir si M. Sunak, qui s’est empressé de lancer son plan de relance du logement l’année dernière pour aider l’économie à traverser son ralentissement historique, permettra au marché de se remettre sur ses pieds.

    Si ce n’est pas le cas, la poursuite de la hausse des prix de l’immobilier pourrait saper les efforts déployés pour aider les secteurs plus productifs.

    M. Sunak a tenté de stimuler les investissements des fabricants avec une politique de « super déduction » qui permet aux entreprises de réduire leur facture fiscale jusqu’à 25 pence pour chaque livre investie jusqu’en mars 2023.

    La Confederation of British Industry affirme qu’il doit fournir plus d’aide pour surmonter les problèmes de la chaîne d’approvisionnement mondiale et les pénuries de main-d’œuvre qui ont été exacerbées par le Brexit.

    Sunak espérera qu’il pourra éviter les schémas du passé lorsqu’il s’agit de rééquilibrer l’économie britannique.

    En 2013, lorsque le gouvernement a lancé ses subventions « Help to Buy » pour les acheteurs de maisons et qu’il visait 1 000 milliards de livres (1 400 milliards de dollars) d’exportations d’ici 2020, les risques de surgonflement du marché étaient évidents. Les prix de l’immobilier ont grimpé en flèche et les exportations n’ont pas atteint l’objectif fixé (283 milliards de livres), malgré la forte baisse de la valeur de la livre après le vote du Brexit.

    « Nous continuons à répéter les mêmes erreurs », avait alors averti l’ancien ministre des finances Alistair Darling.

    Reuters, 07/07/2021

    Etiquettes : Royaume Uni, boom immobilier, Brexit, Grande-Bretagne,

  • Selon la Lituanie, le Belarus fait entrer des migrants

    La Lituanie affirme que le Belarus fait entrer des migrants par avion et prévoit une barrière frontalière

    KARVIAI, Lituanie, 7 juillet (Reuters) – La Lituanie a accusé mercredi le Bélarus de faire venir par avion des migrants de l’étranger pour les envoyer dans l’Union européenne et a déclaré qu’elle construirait une barrière à la frontière et déploierait des troupes pour les empêcher de passer illégalement sur son territoire.

    Le Belarus a décidé d’autoriser les migrants à passer en Lituanie, membre de l’Union européenne, en réponse aux sanctions imposées par l’UE après que Minsk a forcé un vol Ryanair à atterrir sur son territoire et arrêté un blogueur dissident qui se trouvait à bord.

    Des centaines de personnes ont effectué la traversée ces derniers jours.

    La première ministre lituanienne, Ingrida Simonyte, a déclaré que la Biélorussie proposait aux migrants des vols à destination de Minsk, citant des preuves trouvées sur au moins un migrant ayant atteint la Lituanie.

    Il existe des agences de voyage, des vols directs qui relient Minsk à Bagdad, par exemple, et des agences, tant en Biélorussie que dans d’autres pays, qui opèrent et attirent des « touristes » à Minsk », a déclaré Simonyte à Reuters à Vilnius.

    Elle a déclaré que le principal aéroport d’où les gens se rendaient en Biélorussie était Bagdad, mais qu’elle n’excluait pas que des personnes puissent également s’y rendre depuis Istanbul.

    Les documents cités comme preuves, dont des copies ont été envoyées à Reuters par un fonctionnaire du gouvernement lituanien, comprennent des demandes d’agences basées à Minsk, appelées UmnoTury et Tsentrkurort, datées du 27 mai et du 7 juin, demandant au ministère biélorusse des affaires étrangères des visas pour trois citoyens irakiens.

    Le fonctionnaire a également envoyé des copies de quatre cartes d’embarquement pour un vol de la compagnie nationale biélorusse Belavia d’Istanbul à Minsk le 27 mai, trouvées sur un migrant.

    Le ministère turc des Affaires étrangères n’a pas immédiatement commenté les affirmations de la Lituanie.

    BARRIERE

    Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a déclaré le 26 mai que son pays n’empêcherait plus les migrants de franchir sa frontière occidentale vers l’UE.

    La Lituanie travaille à l’organisation d’une visite de son ministre des affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, à Bagdad la semaine prochaine pour discuter des migrations, a déclaré un porte-parole du ministère des affaires étrangères.

    M. Simonyte a déclaré que la Lituanie prendrait des mesures pour empêcher les migrants de franchir la frontière en augmentant les patrouilles et en construisant une barrière, et qu’elle commencerait également à construire un camp pour accueillir ceux qui ont déjà atteint le pays.

    « Nous allons commencer à construire une barrière physique supplémentaire, qui sépare la Lituanie et le Belarus, ce qui constituerait un certain signe et une certaine dissuasion pour les organisateurs des flux migratoires illégaux », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse.

    Elle a également déclaré que le pays, membre de l’espace de libre circulation Schengen, envisageait d’imposer des contrôles aux frontières avec les pays voisins de l’UE afin d’empêcher les migrants de se rendre dans les pays occidentaux de l’Union.

    GARDES-FRONTIÈRES

    Plus tôt dans la journée de mercredi, trois gardes-frontières lituaniens avaient eu du mal à communiquer avec quatre personnes visiblement fatiguées et vêtues de pulls, abritées à l’arrêt de bus d’un village situé à 2 km de la frontière. Aucun ne parlait anglais.

    Identifiées comme étant des Irakiens sans passeport, elles ont été emmenées pour interrogatoire, toujours sans traducteur, dans le hall d’entrée du quartier général des gardes-frontières.

    « Nous avions l’habitude de nous occuper principalement de la contrebande de cigarettes en provenance de Biélorussie. Tout cela est nouveau pour nous », a déclaré Povilas Vitkus, un garde-frontière.

    Moins d’une douzaine d’agents patrouillent sur le tronçon de 64 km assigné au poste frontière de Vitkus – principalement des forêts et des marais – et ils comptent sur les villageois pour signaler les passages de migrants illégaux.

    779 migrants illégaux ont franchi la frontière entre le Belarus et la Lituanie au cours des sept jours du mois de juillet, contre 636 migrants au cours des six premiers mois de l’année, selon le bureau des gardes-frontières. Le pays n’a pas reçu plus de 104 migrants par an au cours de la période 2018-2020.

    « Si les gens continuent à venir en si grand nombre, par centaines par jour, la situation deviendra sérieuse, c’est certain – il sera difficile de trouver un hébergement approprié, d’assurer les besoins humanitaires et les services adéquats pour ces personnes », a déclaré à Reuters Egle Samuchovaite de la Croix-Rouge lituanienne.

    L’autorité lituanienne chargée des migrations déclare avoir un arriéré croissant de demandes d’asile, et le tribunal qui examine ses décisions s’attend à être bientôt débordé.

    Dans le village de Kalviai, à la frontière biélorusse, de grands groupes de migrants traversant les champs voisins ou les rues du village sont devenus un spectacle quotidien cette semaine.

    « Je leur ai donné de l’eau sur leur passage », a déclaré un villageois, Valentinas Margevicius, 54 ans. « Ils doivent être vraiment mal en point, s’ils ont décidé de tout laisser tomber et de voyager vers une terre inconnue ».

    Reuters, 07/07/2021

    Etiquettes : Lituanie, Bélarus, migration, UE,

  • Maroc : Version d’un témoin clé cité dans l’affaire Omar Radi

    Informations complémentaires relatives au procès du journaliste Omar Radi suite au refus de mon audition comme témoin de la défense

    Depuis janvier 2021 et de manière répétée, j’ai fait savoir à la justice marocaine que je me tenais à sa disposition afin de répondre des accusations me concernant dans le dossier. Cette mise à disposition a été communiquée (1) par le biais d’une lettre ouverte publiée le 8 janvier et largement reprise par la presse et les médias sociaux au Maroc ; (2) par l’intermédiaire des avocats d’Omar Radi peu de temps après à la cour et plus récemment (3) via l’envoi d’un procès-verbal de constat rédigé par un huissier de justice belge, un document ayant force de loi aux yeux de la justice marocaine au vu des accords bilatéraux entre les deux pays.
    A la suite de la publication de cette lettre ouverte en janvier et par respect vis-à-vis de la cour et de la procédure judiciaire, j’ai choisi de réserver toute déclaration ultérieure aux autorités judiciaires marocaines, afin notamment de permettre une étude du dossier qui soit sereine et conforme aux procédures.
    Je prends note de la décision rendue par la cour ce 29 juin de refuser mon audition, tout comme celle de l’ensemble des autres témoins à décharge dans ce volet de la procédure. Cette décision m’empêchant de répondre en audience des accusations d’atteintes à la sûreté de l’État portées à travers moi contre Omar Radi, je juge aujourd’hui opportun, en accord avec la défense, de relayer ici ce que j’aurais déclaré devant le tribunal, si l’opportunité m’en avait été donnée.
    Ce faisant, je réitère à nouveau ma pleine disponibilité à témoigner dans le cadre du procès, que ce soit lors d’une audience au tribunal de Casablanca, sur le territoire belge en présence d’officiels marocains ou au sein de l’ambassade du Royaume du Maroc à Bruxelles.
    Les informations que je souhaite apporter ici sont les suivantes:
    Je confirme en tout point les éléments repris dans la lettre ouverte publiée le 8 janvier dernier et invite toute partie prenante au dossier ou journaliste à sa (re)lecture, les éléments repris ci-dessous ne devant se lire que comme des informations complémentaires à celle-ci.
    En date du mardi 22 juin dernier, en réponse à la demande de la défense de procéder à mon audition, le Procureur du Roi, s’appuyant sur des éléments du dossier provenant de l’instruction, a déclaré (sic): « Arnaud Simons est un alias qui a été utilisé par un agent ayant travaillé pour le compte des services de renseignements néerlandais », avant d’ajouter que cette personne avait ainsi été « l’officier traitant d’Omar Radi ».
    Ces accusations sont sans fondement. Au-delà des éléments factuels mis à la disposition de la justice marocaine depuis six mois et auxquels je souhaite faire ici référence, j’ai depuis le 22 juin fait parvenir aux avocats de la défense des documents complémentaires qui démontrent de manière incontestable le caractère erroné des accusations portées, à savoir:
    (a) un certificat de résidence marocain établi à mon nom le 31/12/2013, avec comme profession la mention “ATTACHE CULTUREL” et sur lequel est apposé le sceau de la préfecture de police de Rabat ;
    (b) une carte d’immatriculation établie à mon nom (n°A046094Y) délivrée par le Royaume du Maroc, valable du 20/01/2014 au 06/08/2018 avec comme motif de séjour la mention “TRAVAIL” ;
    (c) un extrait d’acte de naissance délivré en Belgique en date du 04/10/2013 ;
    (d) le contrat de travail daté du 01/08/2012 qui a été signé lors de mon entrée en fonction au sein de l’ambassade des Pays-Bas à Rabat.
    La version originale de ces quatre documents a été remise aux avocats d’Omar Radi. Je précise que ces documents sont considérés par la défense comme étant d’une importance capitale et de nature à procéder à l’abandon des poursuites, après plus de onze mois de détention préventive.
    Sur les conseils de la défense et afin de fournir à la cour un élément complémentaire à la suite des accusations portées le 22 juin, un procès-verbal de constat a été rédigé par un huissier de justice en ma présence le vendredi 25 juin. Au-delà de constater mon identité et d’attester de l’authenticité des documents repris ci-dessus, le procès-verbal certifie également la lettre ouverte du 8 janvier et son contenu. Le document en question est parvenu à la défense en début de semaine dernière.
    A titre complémentaire, étaient également enregistrés à mon nom au Maroc une voiture (immatriculée 67754 “dāl” 1) ainsi qu’un compte bancaire, ouvert auprès de la Banque Populaire. Celui-ci n’a plus fait l’objet d’opérations depuis 2015 mais est toujours actif et environ 25.000 MAD y sont déposés. Le transfert des devises en question vers un compte étranger n’étant pas possible, mon intention en ne le clôturant pas à mon départ en 2015 était de l’utiliser lors de futures vacances dans le pays. Je n’ai pas encore eu l’occasion de le faire, mais je n’aurais pas laissé une telle somme sur le compte si j’avais eu quoi que ce soit à me reprocher vis-à-vis de la justice marocaine.
    Depuis la mise en détention d’Omar Radi en juillet 2020 et à fortiori depuis la publication de ma lettre ouverte le 8 janvier dernier, je n’ai à aucun moment été contacté par les autorités judiciaires marocaines.
    Lors de la dernière audience ce 29 juin, il est apparu que la raison à cela aurait été que le devoir d’enquête me concernant n’aurait pas abouti, des suites notamment de “l’orthographe incorrecte” utilisée par les enquêteurs de mes nom et prénom, à savoir “Arnauld Simon” au lieu de “Arnaud Simons”… une recherche rapide sur Internet laisse pourtant apparaître que toute déclinaison orthographique du prénom n’est qu’une variante du prénom “Arnaud”. L’orthographe correcte est également utilisée par Omar Radi dans nos échanges SMS, qui font partie du dossier depuis le départ, son téléphone ayant été mis sur écoute.
    A partir de là et sans même utiliser mon nom de famille, n’importe quelle recherche rapide sur Google utilisant les informations communiquées par Omar Radi en juillet 2020 aux enquêteurs et à la justice marocaine (à savoir que je travaillais comme “attaché culturel” au sein de “l’ambassade des Pays-Bas à Rabat”) laissent immédiatement apparaître des articles dans lesquels mes nom et prénom sont correctement orthographiés. En voici notamment deux du journal officiel Le Matin, relatifs à des activités culturelles de l’ambassade pour lesquelles j’avais été interviewé : article#1 / article#2
    Je ne souhaite pas ici attribuer à la malveillance ce qu’une erreur humaine suffirait à expliquer. Lors de la parution en août 2020 d’éléments de l’instruction dans la presse marocaine, mon nom était effectivement mal orthographié et repris comme tel dans l’article: “Arnauld Simon”.
    En l’absence d’informations complémentaires, il n’est ainsi pas exclu d‘imaginer que l’hypothèse d’une “fausse identité”, qui aurait été utilisée “par un officier de renseignement ayant été l’agent traitant d’Omar Radi » ait émergé de la sorte au début de l’enquête.
    Cela étant dit, il est difficile de ne pas se joindre aux avocats de la défense lorsque ceux-ci constatent que la gravité des charges retenues, tout comme celle de la peine encourue, ne sont en rien compatibles avec le manque de substance qui caractérise les éléments d’accusation. Il en va de même du refus d’audition de toute personne appelée à témoigner par la défense, une décision souveraine de la cour mais contre laquelle s’érigent les avocats d’Omar Radi. Ceux-ci en dénoncent le caractère non argumenté et inique, un qualificatif rare de leur part, étant reconnus comme des professionnels rigoureux ayant consacré leur carrière à la justice de leur pays.
    La Constitution marocaine de 2011 garantit les libertés de pensée, d’opinion et d’expression sous toutes leurs formes ainsi que la liberté de la presse.
    Je veux ici espérer que le temps de la réflexion sera pris par les décideurs et que les éléments apportés permettront à la justice de s’imposer.
    Arnaud Simons

  • Arrestation des deux responsables d’une patera partie du Maroc

    Arrestation des deux responsables de la patera dans laquelle une fillette de cinq ans est morte

    Des agents de la police nationale ont arrêté l’organisateur et le responsable de la navigation de la patera dans laquelle voyageait la fillette de cinq ans d’origine subsaharienne décédée le 30 juin après avoir été secourue par un navire marchand à environ 500 kilomètres des îles Canaries.

    Les immigrants, retrouvés 13 jours après leur départ du Maroc, voyageaient dans des conditions déplorables et dangereuses, à la dérive.

    Au total, 29 personnes ont été secourues. Un immigrant est décédé dans le bateau et a dû être transféré par hélicoptère, en plus du mineur qui était initialement dans le coma, deux autres immigrants dans un état grave ont été transférés à l’hôpital de la Candelaria (Tenerife).

    La police estime qu’un nombre approximatif de 52 à 60 personnes seraient parties de la ville de Dakhla, le nombre de morts serait donc supérieur à vingt.

    Après les événements, les agents de l’UCRIF de la brigade provinciale des étrangers et des frontières de Santa Cruz de Tenerife, avec le soutien et la collaboration des agents déployés dans le cadre de l’opération Triton, ont mis en place un dispositif afin de clarifier les circonstances qui ont conduit au dénouement et la localisation des responsables.

    Après les investigations, il a été déterminé que parmi les survivants se trouvaient l’organisateur du voyage et le propriétaire de la patera.

    L’opération a abouti à l’arrestation de ces deux personnes à Tenerife pour les délits de blessures graves, d’homicide par imprudence et d’encouragement à l’immigration clandestine, et le tribunal a ordonné leur emprisonnement.

    En réponse à l’arrivée d’immigrants aux îles Canaries, la Brigade d’Investigation du Réseau (BIR) de l’UCRIF-Central a créé l’Opération Triton, qui vise à renforcer le personnel affecté par ce phénomène migratoire, avec le déploiement d’agents spécialisés dans la lutte contre les organisations criminelles dédiées au trafic de personnes par voie maritime.

    Grâce à la collaboration entre les agents déployés dans le cadre de l’opération Triton et l’UCRIF du commissariat provincial de Tenerife, il a été possible d’identifier et d’arrêter l’organisateur et le responsable de la navigation du bateau intercepté à la dérive le 30 juin.

    Quelques jours auparavant, et grâce au travail conjoint de ces agents spécialisés, cette fois-ci, avec des agents attachés à la Brigade des Étrangers et des Frontières d’Arrecife, ont procédé à l’arrestation de ceux qui ont été identifiés comme les patrons du bateau pneumatique qui est arrivé, le 17 juin dernier, dans la ville d’Órzola sur l’île de Lanzarote.

    À cette occasion, quatre immigrants sont morts, dont un mineur.

    Lancelot Digital, 07/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Iles Canaries, migration, pateras, Dakhla,

  • Espagne: enquête sur les interférences de la TNT du Maroc

    L’Espagne subit des interférences du signal TNT dans le sud du pays en raison des réseaux TNT marocains.

    Les températures élevées ainsi que les puissantes stations répétitrices de télévision situées dans les montagnes provoquent des interférences qui empêchent les téléspectateurs de regarder des chaînes de télévision telles que Antena 3 TV, La Sexta, Neox et Nova dans la province de Cadix.

    L’effet d’évanouissement dans les zones côtières et les interférences 4G ont également causé des problèmes par le passé dans la même région, ainsi que dans le nord et l’ouest de l’Espagne, en provenance respectivement du Maroc, de la France et du Portugal.

    Dans le nord, l’administration des Asturies a proposé d’augmenter la puissance des signaux, de modifier la polarité et même d’utiliser la diffusion en continu pour des services tels que les chaînes TDT. Maintenant, dans le sud, les autorités locales suggèrent des transmissions en continu et des transmissions IPTV pour résoudre le problème, du moins comme solution temporaire.

    Advanced television, 05/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, TNT, interférences,

  • Josep Borrell: Comment faire face à la désinformation

    Certainement, Madame la Présidente, je salue l’attention que ce parlement donne à la désinformation, à la manipulation de l’information et à l’interférence dans nos processus démocratiques. Certainement aussi les attaques cybernétiques dans nos États membres, les campagnes pour influencer notre espace informationnelle, même la manipulation de l’information sont devenus un élément permanent de notre paysage politique et, nous pourrions dire, plus encore après la pandémie qui a poussé cette bataille – ce que j’ai dit un jour de la bataille des ‘narratives’ [bataille des récits] – mais surtout la propagation d’informations fausses et truquées.

    Il s’agit bien de campagnes bien orchestrées, qui sont une menace pour la démocratie et notre sécurité. C’est un essai de manipuler la conscience des citoyens et de faire en sorte que nos politiques changent. Et c’est aussi une affaire de politique extérieure parce que ça limite l’espace dans lequel l’Union européenne peut être capable d’influencer le monde. Et pour cela il faut travailler au niveau européen mais aussi au niveau de chacun des États membres et avec nos « like-minded » partenaires dans le monde.

    C’est depuis 2015 que nous avons commencé à y travailler, nous avons commencé à créer des structures qui puissent de façon systématique détecter et dénoncer ces manœuvres de désinformation et c’est pour cela qu’a été créée la East StratCom Task Force, par mandat du Conseil qui à ce moment-là était seulement focalisée, comme son nom le dit bien, to the East, aux problèmes qui se posent dans la partie Est de l’Europe. C’est un mandat qui n’était pas adressé à de nouvelles sources de désinformation qui sont apparues plus tard comme c’est le cas de la Chine. Je fais mention de cela car le mandat que nous avons c’est l’East StratCom Task Force, qui est adressé aux problèmes qui sont apparus dans la partie Est de l’Europe.

    Mais nous avons amélioré nos capacités, nous avons agi d’une façon proactive, nous avons augmenté nos capacités pour faire face à des situations encore [plus] à l’Est, l’Ukraine, la Géorgie. Et nous avons créé ce Rapid Alert System, c’est un système d’ « early warning » qui nous permet d’échanger des informations avec les États membres d’une façon, comme son nom l’indique, rapide.

    Nous faisons tout ce que nous pouvons pour faire en sorte que nos sociétés soient conscientes de cette dynamique de désinformation. Nous travaillons avec les médias, les moyens de communication et les chercheurs en sciences sociales. Nous travaillons aussi avec le G7 et l’OTAN. Nous avons établi des partenariats avec la société civile. Nous avons créé un nouveau policy framework, nous l’appelons d’une façon bien explicite the Action Plan Against Disinformation and the European Democracy Action Plan, qui nous permettent de travailler au niveau international.

    Certainement, Monsieur le député [Raphaël Glucksmann], vous avez raison et toujours vous aurez raison pendant encore très longtemps quand vous dîtes qu’il faut faire plus. Vous aurez raison pendant très longtemps parce qu’il faudra faire beaucoup plus et cela va prendre du temps. Certainement, c’est le moment de mettre en place des frameworks, des structures plus élaborées pour faire face à ce problème et nous travaillons à développer une approche européenne qui nous permet de faire face à cette menace au niveau européen.

    Certainement. Nous nous sommes très focalisés sur la désinformation qui vient de la Russie. Il faudra payer plus d’attention à d’autres sources de désinformation mais pour l’instant nous croyons que le but fondamental c’est celui-ci et pour cela nous travaillons à développer nos capacités, sans oublier – je ne voudrais pas que vous croyiez que nous l’oublions – de nouveaux acteurs, de nouvelles tactiques, de nouveaux moyens de manipuler l’information et c’est pour cela que nous sommes en train de demander au conseil de « review and update », revoir et élargir le mandat que nous avons.

    Et il faudra aussi se pencher sur de nouveaux scénarios de la désinformation, certains qui a priori n’en seraient pas, comme l’Afrique subsaharienne. La République centrafricaine c’est un grand scénario de désinformation et nous avons fait appel au gouvernement de la République centrafricaine pour lui montrer que si cela continue comme cela l’Union européenne ne pourra pas continuer à soutenir ce gouvernement, parce que c’est incroyable à quel point dans une société qui n’est pas autant médiatisée que la nôtre la désinformation est devenue une arme de guerre. Donc oui, il faut développer une approche plus coordonnée avec plus de ressources.

    Il faut mieux équiper nos délégations, nos missions militaires et civiles. Nous avons envoyé dans chacune de nos délégations un expert dans la lutte contre la désinformation et aussi dans toutes les missions PSCD [Politique de Sécurité et de Défense Commune] nous allons avoir des spécialistes dans ce domaine.

    Je ne voudrais pas employer de mots vagues, je voudrais vous dire que nous avons obtenu une augmentation de nos ressources, modeste mais qui nous permettra de mieux équiper nos équipes ici, et nos équipes dans les délégations et missions, de faire des partenariats plus efficaces avec des États à l’intérieur de l’union et d’autres pays qui ont la même préoccupation que nous.

    Mais pour cela il faudra avoir l’aide de l’opinion publique. Parce que parfois quand nous disons que l’on fait la bataille contre la désinformation il y a aussi un certain soupçon, une certaine crainte qu’il s’agisse de limiter l’information. Ils disent ‘Ah oui mais vous voulez contrôler l’information.’ Évidemment pour lutter contre la désinformation il faut voir l’information. Il faut savoir ce qui se dit pour déterminer si ce qui se dit est en accord avec les paramètres de la vérité.

    Et parfois il y a une ligne rouge fragile entre la lutte contre la désinformation qui peut être prise comme une excuse pour limiter la capacité à informer. Rien n’est plus loin de notre volonté. Au contraire, la démocratie c’est un système qui fonctionne à l’information, le combustible du moteur de la démocratie, ce qui fait que les citoyens soient capables de choisir, c’est qu’ils soient bien informés. Et c’est pour cela que les ennemis de la démocratie font cet effort pour faire que le combustible de la démocratie soit incapable de la faire fonctionner parce qu’il est truqué, parce que le citoyen ne reçoit pas les informations nécessaires pour se faire une idée de quels sont ses intérêts et qui défend mieux ses intérêts et quels sont ses choix politiques.

    Alors je voudrais bien pendant ce débat que vous, mesdames et messieurs les députés, vous nous encouragiez comme vous le faîtes à demander plus de moyens mais surtout à utiliser mieux ce que nous avons, dans une bataille qui sera cruciale pour le futur de la démocratie. Parce qu’aujourd’hui l’information est partout. Elle se développe à la vitesse de la lumière. Elle se propage comme n’importe quel virus. Et si cette information est tâchée, pas d’inexactitudes, mais de mensonges fabriqués pour être disséminés, qui touchent la fibre sensible des gens pour leur faire croire parfois ce qu’ils voudraient croire, alors le système démocratique ne sera qu’une simple formalité.

    La démocratie ce n’est pas des bulletins de vote, ce n’est pas seulement cela. C’est surtout des citoyens bien informés pour qu’ils puissent bien choisir. C’est une bataille à laquelle je tiens, j’en ai souffert personnellement dans mon pays et moi personnellement, de cette bataille de la désinformation. Je suis bien conscient du danger que cela représente pour la démocratie, je suis sensible à vos propositions et à vos critiques constructives et je ne pourrais que demander l’appui de tous les parlementaires pour mener à bien cette bataille.

    Merci.

    Video (à partir de la 6ème minute)

    Remarques finales

    Merci, Madame la Présidente, merci à tous les députés qui ont pris part à ce débat passionnant qui, pour moi en particulier, est plus passionnant qu’intéressant, car je suis d’accord avec ce que beaucoup d’entre vous ont dit sur la menace existentielle que cela représente pour la démocratie. Mais vous aurez également remarqué comment, comme je l’avais prévu, des voix se sont fait entendre ici pour dénoncer un nouveau maccarthysme ou la volonté de contrôler et d’empêcher la libre circulation. Nous l’avons entendu, certains députés ici présents ont dit « non, non, non, il s’agit d’un nouveau maccarthysme, d’une nouvelle chasse aux sorcières, d’une nouvelle volonté de contrôler à partir du pouvoir ».

    Nous avons beaucoup entendu parler de l’ingérence étrangère, de la Russie et de la Chine, mais certains députés ont également souligné, à juste titre, que le problème était également présent en nous. Que la désinformation est également fabriquée au sein de nos sociétés et que de nombreuses décisions politiques ont été prises sur la base d’une intense campagne de désinformation, ce qui est une façon polie de dire mensonge. Dans une intense campagne de mensonges.

    Et quelqu’un a cité le Brexit, et c’est vrai. L’un des grands arguments utilisés par les partisans du Brexit – qui étaient ici récemment – sans lequel, sûrement – et ils l’ont eux-mêmes reconnu – le vote aurait été différent, était l’histoire selon laquelle, en dehors de l’Union européenne, les Britanniques recevraient je ne sais combien de milliards de livres sterling avec lesquels ils pourraient améliorer leur système de santé et, au lieu que les Européens leur prennent de l’argent, ils pourraient améliorer les systèmes publics du Royaume-Uni. Et les mêmes personnes qui ont raconté cette histoire, le jour après le vote sont allées à la télévision avec tout le culot du monde pour dire « non, ce n’était pas vrai, c’était une erreur de calcul », « j’ai fait une erreur, non, non, non, les chiffres n’étaient pas ceux-là ». Et ensuite, que fait-on ? On les sanctionne ? Vous rendez-vous compte qu’une décision capitale – également pour l’Europe – a pu être prise sur la base d’une intense campagne de désinformation, qui n’a pas été menée par [Vladimir] Poutine [président de la Russie] ou Xi [Jinping, président de la Chine], mais par nous, au sein de nos propres sociétés.

    Combien de fois nous a-t-on dit, et dans mon pays – le pays que je connais le mieux, mais je ne veux pas en parler – nous avons récemment connu des cas comme celui-ci, des joueurs de flûte qui racontent des contes de fées. C’est aussi de la désinformation. Ne nous contentons donc pas de regarder ce qui vient de l’extérieur, mais faisons également preuve d’un peu d’autocritique et demandons-nous dans quelle mesure nous utilisons systématiquement la désinformation dans notre propre débat politique. Et cela, bien sûr, nécessite des moyens de contrôle. Mais attention, les moyens de contrôle, quelqu’un a mis en garde contre « le maccarthysme et la volonté de contrôler ». Non, la volonté de contraste, afin que les citoyens puissent savoir si ce qu’on leur dit est vrai ou non. Parce qu’ils peuvent décider s’ils y croient ou pas. Et c’est pourquoi nous devons avoir des systèmes qui opposent ce qui est dit à la réalité. Et quand vous dites cela, on vous accuse de vouloir créer – comme on l’a parfois dit – une sorte de « ministère de la vérité », un organisme public qui décide de ce qui est vrai et de ce qui ne l’est pas. Ce n’est pas cela, mais lutter contre la désinformation, c’est essentiellement décider comment informer les gens sur ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. Et cela nécessite des techniciens spécialisés, un contrôle permanent et continu et un contraste délicat.

    Vous avez parlé de sanctions, oui, sans doute. Il est important de ne pas laisser impunis ceux qui désinforment. La sanction politique du « la prochaine fois, je ne voterai pas pour lui » ne suffit pas, car la prochaine fois, il sera trop tard.

    Que faire ? Comment sanctionner ceux qui racontent des histoires à dormir debout sur la base desquelles les gens prennent des décisions transcendantales et qui, le lendemain, admettent qu’ils ont menti ou qu’ils se sont trompés, ce qui revient au même ? Nous devons imposer des sanctions, nous avons besoin d’un régime de sanctions, mais nous devons être très clairs sur la façon dont nous le mettons en œuvre, sur la façon dont nous définissons la désinformation, sur la façon dont nous la mesurons, sur les lignes rouges en matière de liberté d’information. Et toutes ces questions doivent être soigneusement mesurées pour s’assurer que les instruments que nous mettons en place sont des instruments parfaitement compatibles avec la légalité et avec le système démocratique.

    Oui, nous ne l’avons pas aujourd’hui. Nous en avons besoin, mais nous savons, et je ne voudrais pas que vous pensiez que c’est aussi facile que d’établir un régime de sanctions contre les violateurs des droits de l’homme au Nicaragua, parce que nous devons bien définir conceptuellement ce que nous voulons dire quand nous parlons de désinformation, parce qu’aujourd’hui la manipulation de l’information n’est pas illégale. Il s’agit d’un aspect substantiel, sur la façon dont nous traitons un système de sanctions pour défendre à la fois le droit à la vérité et la liberté d’information.

    Nous y travaillons et ce n’est pas du tout facile, croyez-moi, nous cherchons les moyens de concevoir des instruments, dont nous ne disposons pas, qui nous permettront d’agir de concert avec les États membres – parce qu’au niveau de l’Union européenne, nous ne pourrons pas le faire seuls – pour trouver des définitions juridiques qui nous permettront de définir des systèmes de sanctions qui, j’insiste, défendent à la fois le droit de connaître la vérité et le droit à l’information. Et les frontières ne sont pas faciles à définir.

    Quant au rapport de la Cour des comptes, il n’est pas aussi mauvais que certains d’entre vous l’ont dit. Au contraire, je pense qu’elle soutient fortement le travail que nous faisons. Et il a quelques lacunes, comme par exemple, qu’ils viennent d’analyser le plan d’action contre la désinformation en 2018. Et ils n’ont pas pu prendre en considération les événements ultérieurs, qui sont très riches, comme la communication conjointe contre la désinformation sur COVID-19, que nous avons lancée. Parce qu’il n’y a pas eu de désinformation sur COVID-19. Le public n’a pas été bombardé de fausses informations, qui pouvaient même mettre sa santé en danger, sur ce qu’était le virus et comment il pouvait et devait être combattu. Eh bien, ce plan d’action n’a pas pu être évalué, et je pense qu’il s’agit d’une contribution importante à la lutte contre la désinformation.

    Avons-nous plus de moyens ? Oui, nous avons plus de moyens. Nous avons commencé à développer des activités en dehors de notre mandat initial, qui, je vous l’ai déjà expliqué, se limitait aux aspects est-européens et russes. Nos équipes ont été renforcées, notamment par des spécialistes de la désinformation en provenance de Chine. Nous avons plus de ressources financières ; nous les avons réparties entre nos délégations. Je ne veux pas vous submerger de chiffres, mais nous allons toucher une quarantaine de personnes et, pour certaines d’entre elles – je vous le dis – spécialisées dans des zones géographiques où nous avions très peu de capacités.

    Mais ne cherchez pas la solution au problème uniquement au niveau européen. Si chaque État membre n’engage pas ses propres capacités, il n’y a aucun moyen de résoudre le problème.

    C’est pourquoi nous avons créé le système d’alerte précoce, un réseau qui nous relie tous. Et c’est pourquoi nous avons besoin, oui, d’une meilleure coordination entre les travaux du pilier intergouvernemental et du pilier communautaire. Entre les activités menées par la Commission visant la désinformation interne et celles menées par le SEAE visant la désinformation externe, sachant que la frontière entre interne et externe dans ce monde de la cybercommunication est parfois impossible à délimiter. « Non, ça vient de l’intérieur », « non, ça vient de l’extérieur ». Écoutez, ça vient d’où ça vient, et souvent, on ne sait pas d’où ça vient.

    Alors oui, j’accepte le défi. Et les questions que vous me posez sont : « Et comment allez-vous faire ? » Eh bien, en le faisant. « Comment allez-vous faire ? » En le faisant. En augmentant notre capacité de traçage et de suivi, pour savoir d’où vient la désinformation et la suivre, pour créer des systèmes plus efficaces et plus résistants dans nos sociétés, pour mieux équiper nos délégations et nos missions, pour accroître notre partenariat international et, bien sûr, pour travailler à la mise en place d’un système qui impose des coûts à ceux qui génèrent la désinformation, aux acteurs de la désinformation. Sachant deux choses : que beaucoup de ces acteurs échappent à notre contrôle, parce qu’ils sont à l’extérieur et que nous ne pourrons jamais les atteindre et les sanctionner, et que d’autres sont à l’intérieur et font partie de notre jeu politique. Et vous verrez que le jour où nous commencerons à dire que nous imposerons des sanctions à ceux qui faussent le débat politique en répandant des mensonges, nous serons confrontés aux réactions que l’on a vues ici aujourd’hui également, disant « attention, attendez une minute, vous êtes un maccarthyste ». Nous nous trouvons donc sur un champ de mines auquel nous devrons consacrer une grande attention politique. Non seulement les ressources matérielles et humaines, mais aussi les ordinateurs qui filtrent les informations, détectent leur provenance, signalent ce qui n’est pas vrai et les diffusent. Parce que, vous savez quoi ? les mensonges circulent mille fois plus vite que la vérité, mille fois plus vite. Lancez un mensonge et vous verrez à quelle vitesse il se répand. Démontez le mensonge le lendemain et vous verrez combien il est difficile de le faire se propager à la même vitesse et d’atteindre le même nombre de personnes qui ont été contaminées par le mensonge.

    Croyez-moi, c’est un problème auquel il faut consacrer plus qu’un débat occasionnel. Il ne s’agit pas seulement d’avoir trois analystes de plus. Il s’agit d’un problème essentiel que l’Union européenne, du seul point de vue de l’Union, ne pourra pas traiter, mais dont l’action est indispensable pour coordonner la réponse des États membres. Je me félicite donc de ce débat. Les ressources dont nous disposons sont plus importantes aujourd’hui qu’elles ne l’étaient l’année dernière. Nous pouvons faire plus, nous ferons plus. Nous travaillerons sur un système qui impose des coûts à ceux qui sont impliqués dans la désinformation et nous tenterons de faire en sorte que nos sociétés soient aussi capables de combattre le virus du mensonge que celui de la maladie biologique. Parce que la survie de notre système politique en dépend.

    Je vous remercie à la fois de votre exigence critique et de votre volonté de soutien.

    Merci beaucoup.

    Vidéo

    EEAS, 06/07/2021

    Etiquettes : Union Européenne, UE, désinformatio, informatique cyberguerre, manipulation de l’information, interférence, Josep Borrell, Russie, Chine, ingérence étrangère,

  • Le drapeau algérien dérange toujours en France

    Le racisme inflexible ?

    par Abdelkrim Zerzouri

    Le drapeau algérien dérange toujours en France où certains parlementaires ne se lassent pas de chercher à faire voter une loi pour que plus personne ne le lève au vent en signe de joie ou de soutien à ses couleurs.

    Bien sûr, la récente proposition de loi d’une députée du parti Les Républicains (LR) vise à interdire les danses traditionnelles lors des fêtes de mariages dans les mairies et tout drapeau étranger, mais cet étranger est surtout algérien, marocain, tunisien ou turc, jamais européen ou américain. La députée a appelé le gouvernement à permettre à l’ensemble des maires s’ils l’estiment nécessaire d’interdire à tout participant à une cérémonie maritale d’afficher des signes d’appartenance nationale autres que celle de la République.

    Après l’interdiction d’afficher les signes religieux, le hidjab notamment, qui semble heurter le politique plus que la conscience religieuse chrétienne, certains députés se tournent vers le drapeau étranger, algérien notamment, le plus visible en France, un drapeau qui suscite énormément d’émoi dans la population, qui insupporte les gens, selon les arguments de la même députée. Et quoi encore ? On ne veut plus voir ce drapeau étranger s’afficher dans les airs de la France. Si ce n’était pas une manifestation de racisme, on aurait admis la liberté de cette députée de voir les lois selon ses convenances. Le drapeau n’est pas un signe religieux, c’est la couleur d’un pays portée par un peuple. Etre indisposé à le voir, reflète un racisme pur et dur, qui avance à visage découvert.

    Heureusement que cette proposition de loi n’a pas été du goût d’une partie de la classe politique et des membres du gouvernement. D’ailleurs, le débat a été largement amplifié sur les réseaux sociaux, avec les avis pour et contre. Le ministre français de la Justice est le premier à « s’inquiéter » d’entendre dire que ses compatriotes réagiraient mal en voyant des gens danser, au moment de leur mariage, sur des rythmes étrangers. Les partis de la gauche ont, pour leur part, estimé que cette proposition est scandaleuse, à la limite du racisme et du séparatisme. Enfin, la majorité des députés partage ces avis, car l’amendement en question a été rejeté par un vote à main levée. C’est bénéfique que cette loi ait été rejetée, prouvant que le peuple français n’est pas raciste dans sa majorité. Mais, peut-on mesurer sérieusement le degré de racisme dans un pays selon le taux d’un vote à l’Assemblée nationale ?

    Evidemment, quand les lois racistes ne trouvent pas terrain favorable au sein des institutions législatives, cela milite pour un pays non raciste, mais la minorité raciste, quand elle existe, pèse lourdement sur cette qualification. En effet, un certain maire de Nice n’a pas attendu que cette loi soit approuvée par l’Assemblée nationale pour passer à l’acte et la mettre à exécution dès 2012. Les époux sont obligés, depuis près d’une décennie, donc, de signer une charte de « bonne conduite », signifiant pas de drapeau ni danses étrangères, s’ils veulent se marier dans une mairie niçoise. En 2014, lors de la Coupe du monde, le maire de cette ville a interdit aux supporters de brandir des drapeaux étrangers dans sa ville.

    Loin du rejet de la proposition de loi en question par l’Assemblée nationale, le racisme circule à visage découvert pour les habitants de cette ville. La majorité est toujours et partout contre le racisme, mais elle n’a jamais réussi à l’apprivoiser.

    Le Quotidien d’Oran, 06/07/2021

    Etiquettes : Algérie, France, racisme, xénophobie, drapeau étranger, danse étrangère,