Catégorie : Monde

  • « Omar m’a tuer »: en France, l’inlassable combat d’un jardinier marocain pour prouver son innocence

    30 ans après le meurtre de Ghislaine Marchal pour lequel il a été condamné, Omar Raddad, un jardinier marocain compte sur les progrès vertigineux de la preuve ADN pour obtenir une révision de son procès, après un premier refus cuisant de la justice en 2002.

    La défense du jardinier, désigné comme coupable par la fameuse inscription « Omar m’a tuer » tracée avec le sang de la victime, va déposer jeudi une requête en ce sens, ramenant en pleine lumière une des plus retentissantes affaires criminelles françaises depuis trois décennies, à l’origine de nombreux livres et d’un film.

    Un élément central, la faute de grammaire dans la phrase « Omar m’a tuer », est pratiquement entrée dans le langage courant. Elle a été reprise dans d’autres contextes et est régulièrement détournée. Par exemple dans un livre sur l’ancien président Nicolas Sarkozy intitulé « Sarko m’a tuer » ou lorsque fait florès le mot-dièse #homardmatuer lors d’un polémique politicienne en 2019.

    Le recours, rarement couronné de succès en matière criminelle, s’appuie sur un nouveau rapport où il est fait une découverte majeure.

    Quatre empreintes génétiques correspondant à quatre hommes non-identifiés – deux ADN parfaitement exploitables et deux autres partiellement – ont été trouvées sur deux portes et un chevron de la scène du crime. Sur ces deux portes avait été écrit « Omar m’a tuer » (sic) et « Omar m’a t ».

    – 35 traces –

    Dans ce rapport rendu en 2019, l’expert Laurent Breniaux, relevant 35 traces de cet ADN dans l’inscription « Omar m’a t », concluait en faveur de l’hypothèse d’un dépôt de ces empreintes au moment des faits, et non d’une « pollution » ultérieure, notamment par les enquêteurs.

    En d’autre termes, selon la défense d’Omar Raddad, il est plausible que ces traces génétiques aient été déposées par l’auteur de l’inscription. Celle-ci n’aurait donc pas été écrite par Mme Marchal agonisante mais par un homme, potentiellement le meurtrier, cherchant à désigner un bouc émissaire.

    Pour Me Sylvie Noachovitch, qui a succédé au célèbre pénaliste Jacques Vergès dans la défense du jardinier, il s’agit bien d’ »éléments nouveaux susceptibles de faire naître un doute sur la culpabilité » du condamné, condition requise pour obtenir de la Cour de révision qu’elle ordonne un nouveau procès.

    Ce n’est pas la première fois qu’Omar Raddad tente cette demande. En janvier 1999, de nouvelles expertises graphologiques et génétiques avaient été ordonnées.

    Elles avaient écarté la graphologie comme élément déterminant de l’enquête et avaient mis au jour un ADN masculin « en très faible proportion », différent de celui de M. Raddad.

    De quoi faire naître un doute sur sa culpabilité, justifiant de saisir la Cour de révision.

    Mais le 20 novembre 2002, la Cour rejettait la demande d’un nouveau procès estimant qu’ »il est impossible de déterminer à quel moment, antérieur, concomitant ou postérieur au meurtre, ces traces ont été laissées ».

    Pour la défense du jardinier, le rapport de 2019, profitant des avancées scientifiques, balaye cette conclusion rendue à l’époque des balbutiements de la preuve ADN.

    « La révision en 2002 ne tenait qu’à un fil et ce fil ne tient plus aujourd’hui: c’est historique », s’enthousiasme Me Noachovitch.

    Agé de 58 ans, Omar Raddad, qui vit désormais à Toulon, « est toujours très handicapé par cette histoire qui l’a laissé dépressif » et en arrêt maladie longue durée, « mais il a repris espoir », confie-t-elle.

    Condamné en 1994 à 18 ans de réclusion, sans possibilité de faire appel à l’époque, Omar Raddad avait bénéficié d’une grâce partielle du président Jacques Chirac, puis d’une libération conditionnelle en 1998.

    « Pour moi malheureusement, sept ans, deux mois et huit jours derrière les barreaux, il est trop tard pour me les rendre », avait déclaré Omar Raddad en 2008, après une rencontre avec la ministre de la Justice pour plaider sa cause.

    « Mais pour la vérité, il n’est jamais trop tard. Le combat continue. Je combattrai jusqu’au dernier jour de ma vie », avait-il ajouté.

    Les révisions de condamnations pénales restent rares en France dans les affaires criminelles: depuis 1945, une dizaine d’accusés seulement ont bénéficié de leur vivant d’une révision et d’un acquittement après un nouveau procès.

    LE JV2 AVEC AFP

    Etiquettes : France, Omar Raddad, Ghilaine Marchal,

  • Espagne : Le triste sort d’une jeune femme Algérienne

    Portée disparue en Espagne

    En Espagne, et plus précisément dans la région de Valence, le corps d’une jeune femme a été retrouvé dans un état de dégradation très avancé, dissimulé à l’intérieur d’un puits. Il s’agit d’une jeune femme d’origine algérienne, Wafaa Sebbah, âgée de 19 ans seulement.

    La jeune femme était portée disparue depuis 2019. Cela fait plus de 19 mois qu’aucune trace de la jeune Wafaa n’a été retrouvée, au grand dam de sa mère qui n’a cependant jamais perdu espoir de revoir un jour sa fille vivante. « Je rêve d’elle chaque nuit. Je rêve qu’elle va revenir pour me prendre dans ses bras », a confié la maman deWafaa au journal espagnol Nius Diario qui rapporté l’information.

    Victime d’un barbare psychopathe

    C’est suite à son arrestation que l’assassin de Wafaa, appelé El Tuvi, a conduit les enquêteurs de la police à l’emplacement du puits où le cadavre de la jeune fille étai dissimulé. Arrivés sur les lieux, les éléments de l’Unité centrale opérationnelle (UCO) de la Guardia Civil découvrent avec horreur le corps d’une femme avec un sac en plastique sur la tête.

    Le mis en cause avoue qu’il avait tué la jeune femme en l’asphyxiant. Mais le corps de la victime livre bien plus que cela. Le criminel l’aurait attaché afin de l’immobiliser, et en plus de lui avoir tiré dessus avec un pistolet à plombs, il l’aurait également violé sans qu’elle puisse se défendre.

    El Tuvi, selon la même source, serait âgé de 30 ans, et Wafaa n’est peut-être pas sa première victime. Le mis en cause possède déjà un casier judiciaire bien noirci par des atteintes faites aux femmes. Le trentenaire a été en effet déjà condamné pour plusieurs graves délits concernant des agressions sur ses ex-compagnes. En 2018 par exemple, il a été arrêté pour avoir brûlé la voiture de sa copine et pour avoir saccagé son domicile, deux ans après, il récidive en s’en prenant directement à elle, et en l’agressant physiquement.

    Le Midi Libre, 23 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Espagne, Wafaa, El Tuvi, crime, assassinat,

  • Le Liban mérite mieux

    22/06/2021 – HR/VP Blog – Le Liban s’enfonce toujours plus dans une crise très grave. Il est urgent que le pays se dote d’un gouvernement qui enraye la spirale de l’effondrement et engage les réformes indispensables. Je me suis rendu au Liban le 19 et 20 Juin pour en discuter avec les leaders du pays et des personnalités de la société libanaise.

    Ces dernières semaines nous avons dû faire face à plusieurs crises ouvertes : les inquiétantes manœuvres russes aux frontières de l’Ukraine, les violents affrontements entre Israël et le Hamas ou encore le détournement scandaleux d’un avion européen en Biélorussie… Nous devons bien entendu réagir en permanence à ce type d’urgence.

    « Il est essentiel de se préoccuper des crises qui ne font pas la une de l’actualité en Europe mais qui, si on les laisse s’envenimer, risquent de se muer à leur tour en crises ouvertes. »

    Il est essentiel cependant de se préoccuper aussi des crises qui ne font pas la une de l’actualité en Europe mais qui, si on les laisse s’envenimer, risquent de se muer à leur tour en crises ouvertes. C’est le cas en particulier de la profonde crise que traverse le Liban depuis plus d’un an. Elle crée d’ores et déjà une situation dramatique pour les populations directement concernées tout en menaçant de déstabiliser la région et de toucher l’UE. Je me suis rendu dans ce pays les 19 et 20 juin pour essayer de contribuer à la désamorcer. Nous en avons ensuite discuté lundi dernier lors du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’UE.

    Le 4 aout dernier, la catastrophe de Beyrouth

    Chacun s’en souvient : le 4 aout dernier la ville de Beyrouth avait été en bonne partie détruite par une énorme explosion qui s’était produite sur son port. Cette catastrophe intervenait déjà dans un contexte de crise économique, sociale et politique prolongée du fait de graves dysfonctionnements de l’Etat libanais. Ces difficultés anciennes ont été accrues par les conséquences de la crise syrienne : les quelques 1,5 millions de réfugiés venus depuis 2011 du pays voisin forment aujourd’hui quasiment un quart de la population du Liban (et au total 40% des habitants du pays ne sont pas citoyens libanais). En 2020 l’épidémie de COVID-19 a encore envenimé la situation.

    Depuis dix ans, l’UE a cependant beaucoup soutenu le Liban. Entre 2011 et 2020, nous avons mobilisé dans ce but plus de 2,4 milliards d’euros, dont 340 millions d’euros en réponse à l’épidémie de COVID-19 auxquels sont venus s’ajouter 170 millions d’euros suite à l’explosion du Port de Beyrouth. Suite à cette explosion, nous avons construit avec l’ONU et la Banque mondiale, un cadre de travail, le Lebanon Reform, Recovery and Reconstruction Framework (3RF), qui nous permet d’aider directement le peuple libanais.

    Le Liban a poursuivi sur la voie de l’effondrement économique et financier

    Pourtant le Liban a poursuivi sur la voie de l’effondrement économique et financier. Malgré les appels incessants de l’UE et de la communauté internationale, les négociations engagées depuis plusieurs mois maintenant pour la formation d’un gouvernement sont dans l’impasse. Le système confessionnel qui est à la base de la répartition des pouvoirs au Liban a manifestement atteint ses limites, mais il reste très difficile à remplacer.

    « On n’a enregistré aucun progrès tangible ni sur les mesures d’urgence nécessaires pour obtenir une aide du FMI, indispensable pour stopper la spirale de l’effondrement, ni sur les réformes plus structurelles afin de lutter contre la corruption. »

    Depuis dix mois, le pays est donc dirigé par un gouvernement intérimaire. Ce gouvernement se préoccupe sérieusement des difficultés du pays et a proposé des solutions. Mais il n’a pas le soutien du Parlement ni de mandat pour entreprendre des réformes. De ce fait, on n’a enregistré aucun progrès tangible ni sur les mesures d’urgence nécessaires pour obtenir une aide du Fonds Monétaire International (FMI), indispensable pour stopper la spirale de l’effondrement, ni sur les réformes plus structurelles afin de lutter contre la corruption, accroître l’indépendance de la justice, clarifier les règles de passation des marchés publics, encadrer le fonctionnement de la Banque centrale ou encore réguler des secteurs clés comme l’électricité. Suite à ses échanges avec les dirigeants du pays, le président français Emmanuel Macron avait proposé en septembre dernier un programme de réformes assorti de délais courts de mise en œuvre. Celui-ci reste d’actualité et devrait constituer la feuille de route de tout nouveau gouvernement.

    La population libanaise subit le contrecoup de cet échec

    La population libanaise subit durement le contrecoup de cette échec : 55% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Selon le FMI, le Liban devrait être la seule économie de la région à se contracter encore cette année alors qu’il estimait déjà le taux de chômage à 39% fin 2020. Au cours des derniers mois, la livre libanaise s’est dépréciée de 90% vis à vis du dollar américain. De nombreux Libanais instruits quittent le pays et la pauvreté se répand. Dans ce contexte, les tensions sociales s’accentuent. Des manifestations contre la dévaluation de la livre libanaise et la détérioration des conditions de vie éclatent régulièrement à travers le pays.

    « L’aggravation de la situation socio-économique pourrait avoir de graves répercussions sur la stabilité et la sécurité du pays. »

    L’aggravation de la situation socio-économique pourrait avoir de graves répercussions sur la stabilité et la sécurité dans un pays qui a été le théâtre d’une guerre civile prolongée entre 1975 et 1990 et reste régulièrement frappé par la violence. Le 4 février dernier, l’éminent intellectuel et critique du Hezbollah libanais, Lokman Slim, a été retrouvé mort, faisant craindre un retour à la période des assassinats politiques au Liban. Et en mars dernier, le commandant en chef des Forces Armées Libanaises avait averti que l’armée ne devait pas se laisser entraîner dans l’impasse politique. Le risque de conflits internes est pour lui une plus grande préoccupation pour la sécurité du Liban que celui d’un conflit avec Israël ou la Syrie.

    Je me suis donc rendu au Liban samedi et dimanche derniers et j’ai rencontré le Président Aoun, le Président du Parlement Berri, le Premier Ministre par intérim Diab, le Premier Ministre désigné Hariri, le Premier Ministre adjoint, Ministre de la Défense et Ministre des Affaires Étrangères par intérim Akar, le chef de la Sûreté Générale Ibrahim, le commandant en chef de l’Armée Aoun ainsi que des personnalités et des experts indépendants.

    « J’ai rappelé aux dirigeants libanais l’important soutien que nous apportons déjà au pays et je leur ai indiqué que nous étions prêts à intensifier ce soutien, si le Liban se dote d’un gouvernement qui passe un accord avec le FMI et réforme le pays. »

    Je leur ai fait part de notre inquiétude. Face à la crise actuelle, il n’y aura pas cette fois de sauvetage financier par les pays du Golfe ou la diaspora libanaise. J’ai rappelé aux dirigeants libanais l’important soutien que nous apportons déjà au pays et je leur ai indiqué que nous étions prêts à intensifier ce soutien, mais que pour cela, le Liban avait besoin d’un gouvernement qui passe un accord avec le FMI et réforme le pays.

    « Il n’y a pas d’autre moyen qu’un accord avec le FMI pour éviter l’effondrement du pays. Nous devons donc insister sur ce point, mais aussi être prêts à aider davantage le Liban une fois que cet accord aura été conclu. »

    Tous ceux avec lesquels je m’en suis entretenu m’ont dit être favorable à un tel accord ainsi qu’à une enquête judiciaire sur le fonctionnement de la Banque centrale. Aussi urgent soit-il cet accord avec le FMI reste cependant difficile à finaliser, car les réformes demandées vont nécessairement remettre en cause la répartition des pouvoirs et des avantages économiques au Liban. Il n’y a cependant pas d’autre moyen d’éviter l’effondrement du pays. Nous devons donc insister sur ce point, mais aussi être prêts à aider davantage le Liban une fois qu’un accord aura été conclu avec le FMI.

    La question des éventuelles sanctions ciblées

    J’ai également indiqué à mes interlocuteurs que si les dirigeants libanais ne prennent pas leurs responsabilités, nous devrons envisager d’autres mesures. Certains Etats membres ont proposé que nous adoptions éventuellement des sanctions ciblées. Aucun des dirigeants avec lesquels j’ai échangé ne s’est opposé à cette idée. Certains ont même déclaré qu’ils y étaient favorables, à condition bien sûr qu’elles soient imposées aux véritables « coupables ». Les personnalités de la société civile avec lesquelles je me suis entretenues m’ont toutes dit que le recours éventuel à de telles sanctions était essentiel pour pouvoir faire pression sur les dirigeants politiques.

    Nous avons fait le point sur ma visite lors du Conseil des ministres des affaires étrangères du 21 juin et nous allons poursuivre le travail sur les critères qui pourraient nous amener à déclencher d’éventuelles sanctions ciblées. La menace de sanctions ne sera toutefois pas suffisante si nous voulons éviter l’effondrement du pays et aider à un réel changement au Liban.

    « J’ai insisté pour que les élections locales, parlementaires et présidentielles prévues l’an prochain aient bien lieu aux échéances prévues. Elles offrent en effet une véritable opportunité de changement, mais il faut que le jeu soit équitable. »

    Nous devons aussi suivre de plus près les flux financiers illicites sortant du pays, et mettre en œuvre les instruments dont nous disposons pour lutter plus efficacement contre le blanchiment d’argent en provenance du Liban. Nous devons également commencer à aider les Libanais à préparer les élections locales, parlementaires et présidentielles de l’an prochain. J’ai insisté pour qu’elles aient bien lieu en 2022, aux échéances prévues. Elles offrent en effet une véritable opportunité de changement, mais il faut que le jeu soit équitable. Nous devons envisager en particulier la possibilité d’envoyer des observateurs de l’UE.

    Le véritable changement prendra du temps

    Au Liban, le véritable changement prendra du temps. Notre engagement et notre aide doivent l’encourager. Dans l’immédiat, nous devons en priorité maintenir la pression pour que les dirigeants libanais prennent leurs responsabilités. L’UE a été et reste pleinement solidaire du peuple libanais en ces temps difficiles mais pour maintenir cette pression, nous ne devrons apporter de l’aide au gouvernement qu’une fois les réformes engagées. Au cours des prochains mois, le Liban va demeurer une des principales priorités de la politique extérieure de l’Union.

    European External Action Service, 22 juin 2021

    Etiquettes : Liban, crise politique, crise économique,

  • Biden peut-il inverser les dégâts causés par Trump au département d’État ?

    Sous le coup du leadership de Rex Tillerson et Mike Pompeo, les fonctionnaires de carrière se demandent si le secrétaire d’État Antony Blinken peut revitaliser la diplomatie américaine.

    Par Ronan Farrow

    L’année dernière, aux premières heures du 27 octobre, Philip Walton, un citoyen américain vivant et travaillant comme agriculteur dans le sud du Niger, a été enlevé devant sa famille par des mercenaires armés. Les militants ont exigé une rançon d’un million de dollars de la famille de Walton et ont menacé de vendre l’Américain à des groupes extrémistes locaux. Alors que les ravisseurs de Walton lui faisaient passer clandestinement la frontière vers le nord du Nigeria, les phoques de la marine ont planifié une opération de sauvetage. Plusieurs jours plus tard, alors que les phoques se tenaient prêts à mener le raid, le secrétaire d’État de l’époque, Mike Pompeo, se trouvait dans un avion du gouvernement, rentrant aux États-Unis après un voyage en Asie. Un membre du personnel du département d’État est entré dans la cabine de M. Pompeo et l’a informé du cas de M. Walton. L’employé a décrit les mesures que Pompeo devait prendre pour faciliter l’exfiltration, notamment un appel au président du Niger.

    À la surprise de ses assistants, Pompeo a repoussé les demandes du collaborateur. Pompeo s’est visiblement énervé lorsqu’on lui a demandé de passer les appels téléphoniques, et a fini par répondre : « Quand est-ce que je vais dormir ? ». Le collaborateur a dit à Pompeo que le citoyen américain détenu ne dormirait probablement pas beaucoup. À la fin de la discussion, Pompeo a accepté de passer les appels nécessaires. Le matin du 31 octobre, les phoques ont sauté en parachute d’un avion du Commandement des opérations spéciales de l’armée de l’air et ont sauvé Walton, tuant six de ses ravisseurs. Donald Trump et Pompeo se sont ensuite vantés de l’opération sur Twitter, où Pompeo l’a qualifiée de « remarquable ». Des membres du personnel ont déclaré que le tweet était l’un des nombreux cas où Pompeo semblait utiliser sa position pour améliorer son sort politique ou celui de Trump.

    Les assistants qui ont travaillé sous les ordres de M. Pompeo ont déclaré que l’échange concernant le raid était caractéristique d’un style de direction qui incluait un traitement brusque du personnel et une concentration intense sur la politique partisane qui entravait parfois les activités quotidiennes du département d’État. Dans des interviews, des dizaines d’autres employés du département ont affirmé que le mandat chaotique de M. Pompeo, et celui de son prédécesseur, Rex Tillerson, ont laissé de profondes cicatrices institutionnelles et culturelles qui continuent d’entraver les efforts diplomatiques américains dans le monde.

    Sous l’administration Trump, un gel des embauches, des propositions radicales de réduction du budget du département d’État et un nombre sans précédent de postes vacants dans des rôles pivots ont sapé la capacité de l’institution à mener des actions diplomatiques. Dans une interview avant de prendre ses fonctions en tant qu’actuel secrétaire d’État, Antony Blinken a prévenu que le départ de tant de diplomates de carrière avait profondément endommagé le département. Cela « vous pénalise de toutes sortes de façons qui se poursuivront pendant des générations, pas seulement pendant quelques années », m’a dit Blinken. En l’absence d’un département plus robuste, a-t-il ajouté, « nous allons nous retrouver dans toutes sortes de conflits que nous aurions pu éviter par le développement, par la diplomatie. »

    Des fonctionnaires du département d’État m’ont dit que l’administration Biden agit trop lentement pour inverser les effets de la purge. Certains ont dit qu’ils craignaient que Blinken et d’autres responsables de l’administration, désireux de se distancer des décisions irréfléchies de l’ère Trump, aient hésité à prendre des décisions politiques audacieuses. « Les choses n’avancent pas », m’a dit un diplomate de carrière, qui travaille avec Blinken et a demandé à ne pas être nommé. « Il commence à y avoir des discussions autour du bâtiment sur, vous savez, faisons le travail difficile. Et je ne suis pas sûr que ces gens soient prêts à ce stade à le faire. »

    La première vague de dégâts de l’ère Trump a été causée par Rex Tillerson, qui s’est fait le champion de coupes budgétaires d’une ampleur jamais vue depuis la première administration Clinton, qui a plaidé pour une réduction des effectifs du ministère au nom d’une concentration de l’après-guerre froide sur les priorités intérieures. M. Pompeo, un républicain qui a été membre du Congrès du Kansas et directeur de la C.I.A. pour Trump, a promis de redonner à l’institution son « panache ». Il n’avait que peu d’expérience diplomatique, mais il était politiquement plus avisé que Tillerson et, en fin de compte, plus apte à survivre sous un président imprévisible. Chrétien évangélique originaire d’Orange, en Californie, M. Pompeo est sorti premier de sa classe à West Point et a servi dans la 4e division d’infanterie de l’armée américaine. Après avoir obtenu son diplôme de droit à Harvard, il s’est installé au Kansas pour créer une entreprise aérospatiale, avec l’aide du fonds de capital-risque des Koch. Il s’est présenté avec succès au Congrès en 2010, au milieu de la vague du Tea Party, toujours avec le soutien des Kochs. Le mandat de Pompeo en tant que directeur de la C.I.A. a été bref, à peine quinze mois, mais il a acquis la réputation d’avoir des coudées franches dans ce domaine également, écartant le précédent qui consistait à servir en tant que directeur apolitique et cultivant au contraire des liens inhabituellement étroits avec Trump, allant parfois jusqu’à accompagner le président à des réunions sans rapport avec le renseignement. M. Pompeo s’est fait l’écho de certains des points de vue les plus durs de M. Trump en matière de politique étrangère. Lorsque le président a lancé des appels pugnaces pour démanteler l’accord sur le nucléaire iranien, Pompeo l’a fait aussi. Et il a semblé intérioriser certaines des leçons citées par les responsables de la Maison Blanche sur la façon de jouer avec l’ego de Trump. Le président, a déclaré M. Pompeo pendant son mandat de directeur de la CIA, « pose de bonnes et dures questions ».

    Après son arrivée au département d’État, Pompeo a levé le gel des embauches décrété par Tillerson, mais s’est ensuite isolé du personnel, dans ce qui est apparu à certains agents comme une démonstration délibérée de méfiance. « Le problème de Tillerson était fonctionnel, celui de Pompeo était délibéré », m’a confié un agent du Foreign Service qui a travaillé étroitement avec Pompeo.  » Il n’y a jamais vraiment eu de contribution du terrain. Il y avait moins d’apport du bâtiment.  » Le nouveau secrétaire d’État, selon plusieurs membres du personnel, les traitait durement. « Il a beaucoup crié en privé », a ajouté l’agent du Foreign Service. « Pompeo était un con, ça je suis d’accord, m’a dit un autre haut fonctionnaire qui a travaillé étroitement avec Pompeo. Parfois, ses emportements s’adressaient à des interlocuteurs étrangers, dont un éminent ministre européen des affaires étrangères.

    À la fin de l’administration Trump, le moral du ministère s’était effondré. Pompeo avait perdu la confiance de son personnel, dont certains pensaient qu’il était préoccupé par une éventuelle course à la présidence et qu’il jouait sur sa base politique conservatrice. Plusieurs ont cité ses refus répétés de signer des engagements, même superficiels, en faveur de la diversité, à une époque où les diplomates noirs et hispaniques ne représentaient chacun que 8 % des agents du service extérieur. Des allégations de corruption l’ont également entouré. La commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants a demandé à ce que M. Pompeo soit accusé d’outrage pour avoir refusé de se conformer à de multiples citations à comparaître. Le bureau de l’inspecteur général du département d’État a révélé l’existence de cinq enquêtes différentes sur les activités du département d’État, dont deux au moins concernaient directement M. Pompeo.

    L’une d’entre elles portait sur le fait qu’il utilisait des subordonnés pour faire des courses personnelles pour lui et sa femme, comme aller chercher le linge au pressing ou promener leur chien. Après que Steve Linick, l’inspecteur général du ministère, a commencé à examiner la conduite du secrétaire, un allié de Pompeo l’a démis de ses fonctions. Linick, un fonctionnaire de carrière, a été brusquement mis en congé administratif et enfermé hors de son bureau. Il a déclaré plus tard à une commission du Congrès qu’il n’avait reçu aucune explication pour ce renvoi. (En avril, le bureau de l’inspecteur général du département d’État a conclu que Pompeo avait violé les règles d’éthique du département, mais a noté qu’il n’était plus passible de sanctions parce qu’il avait quitté le gouvernement).

    Après la défaite de Trump, en novembre dernier, les préoccupations des membres du personnel concernant les activités politiques de Pompeo ont augmenté. Alors que Trump rejetait les résultats des élections, le département d’État de Pompeo a entravé le processus de transition. Les messages des dirigeants étrangers au président élu Joe Biden se sont accumulés, Pompeo refusant de respecter le protocole et de les diffuser. Dans la salle de presse du département, M. Pompeo a déclaré aux journalistes : « La transition vers une deuxième administration Trump se fera en douceur. » Personne ne savait s’il plaisantait. Pompeo a semblé irrité par les questions de suivi, disant que « chaque vote légal » devait être compté, un adage utilisé par les alliés de Trump affirmant, à tort, que les résultats des élections étaient frauduleux.

    Alors que M. Pompeo entamait un voyage international post-électoral en novembre dernier, son refus de reconnaître les résultats du scrutin a jeté une ombre sur sa diplomatie. Les responsables de l’Union européenne ont refusé de le rencontrer, ce qui a poussé M. Pompeo à annuler certains arrêts. Alors qu’il visitait la Turquie, les Émirats arabes unis et la Géorgie, où les États-Unis ont encouragé la transparence électorale, les agents du service extérieur de carrière se sont demandé quelle autorité morale leur pays avait encore sur le sujet. Après avoir appris que les plans d’une réunion de transition de routine avec son successeur, M. Blinken, avaient été divulgués à la presse, M. Pompeo l’a annulée. Bien que la réunion ait eu lieu par la suite, les agents du Foreign Service qui ont travaillé avec Pompeo ont été consternés par l’apparente priorité donnée à la politique sur une transition ordonnée. « Il ne voulait pas être considéré comme faisant son travail », m’a dit l’un d’eux.

    Au cours de la même période, Pompeo a publié des messages politiques sur Twitter. Ces messages ont été transférés sur un compte au nom de Pompeo, avec plus de cent mille adeptes, sur Telegram, où un public d’extrême droite, évité par certaines plateformes grand public, s’est rassemblé. (Un porte-parole de Pompeo a déclaré que ce dernier n’était pas au courant du compte Telegram). Ses messages portaient souvent sur des questions d’ordre national, notamment des critiques à l’encontre de médias, et comportaient des slogans politiques tels que « #AmericansFirst » et « #SoMuchWinning ». Dans un message, datant de janvier, Pompeo a déclaré à ses followers : « L’Amérique est une terre de nombreuses libertés – c’est ce qui fait de nous le meilleur pays du monde. Même après avoir quitté mes fonctions, je continuerai à faire tout ce que je peux pour garantir ces libertés ». Suivez-moi @mikepompeo et rejoignez-moi ».

    Après que Pompeo et Trump ont quitté leurs fonctions, le département d’État a été criblé de postes vacants. Plus d’un tiers de tous les postes de secrétaire adjoint ou de sous-secrétaire – la haute direction de l’organisation – étaient vides ou occupés par des fonctionnaires temporaires, « intérimaires ». Pendant plus de la moitié des années Trump, le poste de haut niveau responsable de la non-prolifération et du contrôle des armements, y compris la lutte contre les menaces nucléaires de la Corée du Nord, était vacant ou occupé par une personne nommée par intérim. La diversité au sein du personnel de direction s’est réduite, et la main-d’œuvre du ministère est en grande majorité blanche, avec seulement treize pour cent des postes de direction occupés par des personnes de couleur. Les préoccupations concernant le manque de diversité au sein de la main-d’œuvre du ministère datent d’avant l’administration Trump, mais des enquêtes récentes auprès des employés ont montré une frustration croissante face à l’incapacité du ministère à résoudre le problème.

    Aujourd’hui, les problèmes de personnel persistent. Cinq mois après son entrée en fonction, l’administration Biden a pourvu de nombreux postes de direction, mais le département d’État emploie toujours un peu moins d’agents du service extérieur qu’à la fin de l’administration Trump. Et la diversité ne s’est toujours pas améliorée, selon des chiffres publiés en mars.

    L’administration Trump a également laissé derrière elle une culture de la suspicion. « Il y a cette méfiance envers les officiers de carrière », m’a dit Blinken, de l’époque de son prédécesseur. Une enquête de l’inspecteur général du département d’État de 2019 a révélé que les personnes nommées par Trump pour des raisons politiques avaient exercé des représailles contre des employés de carrière qui servent généralement sous les administrations des deux partis. Ces employés, qui portent une grande partie de la mémoire institutionnelle du département, ont été mis au pilori comme « déloyaux » ou « traîtres », faisant partie d’un « État profond » ombrageux et prétendument libéral. Pompeo a défendu l’habitude de Trump de faire l’éloge des dirigeants autoritaires – une pratique qui, selon les diplomates, ne fait généralement pas partie d’une stratégie diplomatique plus large. Trump a lancé des invitations à la Maison Blanche à l’autocrate égyptien Abdel Fattah El-Sisi, qui présidait à une répression brutale des droits de l’homme, et au président des Philippines, Rodrigo Duterte, qui a admis avoir assassiné des opposants et avait encouragé ses troupes à violer des femmes. Faisant écho à Trump, Pompeo a fait l’éloge de l’approche de Sisi en matière de liberté religieuse et, selon un porte-parole philippin, a dit à Duterte qu’il était « exactement comme notre président. »

    De nombreux diplomates ont reconnu ce qu’ils ont décrit comme des défis sans précédent pour le Département d’Etat. « Il y a une véritable corrosion du sens du leadership américain dans le monde et des institutions qui rendent ce leadership réel », m’a dit William Burns, l’actuel directeur de la C.I.A. du président Biden et ancien secrétaire d’État adjoint, avant de prendre ses fonctions. « La diplomatie devrait vraiment être l’outil de premier recours au niveau international. Elle permet parfois de réaliser des choses à un coût bien moindre, tant sur le plan financier qu’en termes de vies américaines, que le recours à l’armée. » Plusieurs membres du personnel ont félicité M. Biden pour s’être engagé, lors de la campagne électorale, à donner plus de pouvoir aux diplomates et pour avoir adopté des initiatives en faveur de la diversité que M. Pompeo avait évitées. « Ils disent toutes les bonnes choses sur la diversité, ils font toutes les bonnes choses sur les groupes d’affinité », m’a dit un fonctionnaire. Mais de nombreux diplomates ont déclaré qu’il y avait eu peu de progrès visibles sur ces questions. Ils se sont demandés si Biden, une figure de l’establishment, était le bon président pour les affronter à un moment qui, selon eux, mérite un changement de cap radical.

    Biden a fait campagne en promettant d’inverser l’attitude de son prédécesseur à l’égard des dictateurs. « Plus de chèque en blanc pour le « dictateur préféré » de Trump », a tweeté Biden pendant la campagne 2020, en faisant référence à Sisi, en Égypte. Mais dans sa longue carrière à Washington, Biden a souvent défendu de telles relations. En tant que président de la commission sénatoriale des relations étrangères, il avait présidé à l’approbation de l’aide militaire illimitée à l’homme fort égyptien Hosni Moubarak. En tant que vice-président, il a été l’un des derniers partisans de Moubarak à Washington, déclarant, deux semaines avant que Moubarak ne soit renversé, en 2011, qu’il n’était pas un dictateur et qu’il n’avait pas besoin de quitter le pouvoir. Blinken m’a dit que le sujet avait fait l’objet d’un débat acharné au sein de l’administration Obama. « Certaines personnes voulaient que nous défendions Moubarak avec beaucoup plus de force », a déclaré Blinken. « Et d’autres suggéraient que, comme l’un d’entre eux l’a dit, nous devions être du bon côté de l’histoire ». Le différend était « plus générationnel qu’autre chose », a-t-il ajouté, avec un groupe de jeunes fonctionnaires, y compris l’actuelle administratrice de l’U.S.A.I.D., Samantha Power, s’opposant à « certaines personnes plus âgées, plus expérimentées, qui, après tout, s’occupaient des relations avec l’Égypte depuis des années », notamment « [Robert] Gates, Hillary [Clinton], Biden », qui défendaient Moubarak. Blinken a déclaré que la loyauté envers Moubarak avait été une erreur. « Oui, peut-être avons-nous été pris à contre-pied en Égypte », m’a-t-il dit.

    Plusieurs diplomates ont déclaré que l’administration Biden, dans un effort pour adopter un ton différent de celui de Tillerson, Pompeo et Trump, était trop prudente. « Ces nouvelles personnes font de leur mieux pour ne pas être les dernières », a déclaré le diplomate de carrière qui travaille avec Blinken. « C’est formidable d’une certaine manière, mais d’une autre manière, cela les empêche de trouver leur rythme. Il y a parfois des décisions difficiles à prendre. Et si les derniers ont pris cette décision, ils essaient de ne pas la prendre. » À titre d’exemple, le diplomate a cité les conversations sur l’étendue de la présence continue des États-Unis en Irak, qui, selon plusieurs membres du personnel, sont largement au point mort depuis que Biden a pris ses fonctions. Le diplomate a ajouté : « Nous ne pouvons pas avoir un rythme tant que nous n’arrêtons pas d’essayer d’être les gens anti-Trump, anti-Pompeo. » (Un porte-parole du département d’État m’a dit : « Nous n’allons pas nous excuser de mener un processus qui est inclusif et délibératif de manière appropriée », une référence aux consultations avec les bureaux du département d’État et du gouvernement au sens large. « Vous ne pouvez pas avoir un processus inclusif et vous attendre à des changements spectaculaires, dans tous les domaines, en cent cinquante jours »).

    William Taylor, un ambassadeur qui a témoigné lors de la première destitution de Trump, a déclaré que la reconstruction des effectifs malmenés du Département serait difficile. « Ils ont vu des choses qui les ont dérangés, qui les ont perturbés, qui ont ébranlé leur foi dans cette institution dans laquelle ils ont servi. Et un grand nombre de personnes ont quitté le service extérieur », m’a dit Taylor. « C’est une véritable perte. Ils ont laissé un trou, un vide ». Mais Taylor et d’autres vétérans du département d’État ont exprimé leur optimisme quant à la possibilité de revitaliser la diplomatie américaine. « Des dommages ont été causés. Mais il y a des gens intelligents, des gens bien », a déclaré Taylor. « Si nous obtenons un bon leadership et que nous rétablissons la confiance et la transparence, ils reviendront. »

    The New Yorker, 17 juin 2021

    Etiquettes : Etats-Unis, Département d’Etat, politique extérieur, Donald Trump, Mike Pompeo, Joe Biden, Anthony Blinken,

  • Sarkozy risque la prison dans le procès pour le financement de sa campagne électorale

    PARIS (AP) – Le procès de l’ancien président français Nicolas Sarkozy s’achève mardi à Paris, après un mois au cours duquel le tribunal a cherché à déterminer s’il avait enfreint les lois sur le financement des campagnes électorales lors de sa tentative ratée de réélection en 2012.

    Le verdict devrait être rendu à une date ultérieure. Les procureurs ont requis une peine de six mois de prison, ainsi qu’une peine de six mois avec sursis et une amende de 3 750 euros (4 468 dollars).

    M. Sarkozy, président de la République française de 2007 à 2012, nie toute faute. Il est accusé d’avoir dépensé près de deux fois le montant maximum légal de 22,5 millions d’euros (27,5 millions de dollars) pour la campagne de réélection qu’il a perdue face au socialiste François Hollande.

    Ce procès intervient après que M. Sarkozy, 66 ans, a été reconnu coupable le 1er mars de corruption et de trafic d’influence dans une autre affaire. Il a fait appel de ce verdict.

    Dans leurs conclusions de la semaine dernière, les procureurs ont déclaré que M. Sarkozy savait, plusieurs semaines avant l’élection de 2012, que le financement de sa campagne – strictement limité par la loi française – se rapprochait du maximum légal. Ils l’ont accusé d’avoir ignoré deux notes de ses comptables le mettant en garde contre l’accumulation de dépenses supplémentaires.

    Au lieu de cela, il a donné des instructions qui ont conduit à dépenser plus d’argent et n’a pas mis en place de système de supervision, ont déclaré les procureurs.

    « Sarkozy est le signataire et la seule personne responsable du financement de sa campagne. Il est responsable du contrôle des dépenses, ce qu’il n’a pas fait », a déclaré le procureur Vanessa Perree.

    Il a montré « son intention de dépasser (la limite) en continuant à organiser ses meetings », a-t-elle ajouté.

    Les procureurs ont déclaré que le 10 mars 2012, huit semaines avant le second tour de l’élection présidentielle, le budget de la campagne dépassait déjà la limite légale. Le lendemain, Sarkozy a organisé un rassemblement géant à Villepinte, au nord de Paris, qui a coûté à lui seul 6 millions d’euros.

    À l’approche du jour de l’élection, Sarkozy a organisé presque un rassemblement par jour, dont deux grands à Paris, pour un coût de plusieurs millions d’euros.

    Lors de sa comparution d’une journée au tribunal de Paris la semaine dernière, Sarkozy a nié avec véhémence tout acte répréhensible. Il a affirmé que l’argent supplémentaire n’avait pas servi à sa campagne, mais avait plutôt contribué à enrichir d’autres personnes.

    Il a affirmé, la voix souvent haussée par la colère, qu’il avait suivi les recommandations financières de son équipe, y compris l’annulation de deux rassemblements prévus. « Je ne vois pas où j’ai été imprudent, où j’ai été négligent », a-t-il dit.

    Il a affirmé n’avoir « jamais » donné d’instructions directes aux prestataires chargés de l’organisation, car il avait une équipe pour le faire.

    « Nous avons fait des erreurs, probablement […] Mais y avait-il une intention malveillante, une intention frauduleuse ? Non, non », a-t-il déclaré.

    Outre l’ancien président, 13 autres personnes sont jugées, dont des membres de son parti conservateur, les Républicains, des comptables et des responsables du groupe de communication chargé d’organiser les rassemblements, nommé Bygmalion. Ils sont notamment accusés de faux, d’abus de confiance, de fraude et de complicité de financement illégal de campagne.

    Certains ont déjà reconnu leurs torts et détaillé le système de fausses factures destiné à dissimuler les dépenses excessives.

    Les procureurs ont requis pour la plupart des peines de prison avec sursis, et jusqu’à un an de prison pour le cofondateur de Bygmalion.

    Les accusés sont « en désaccord sur tout. Les déclarations ne sont pas crédibles, ce sont peut-être des mensonges », a déclaré M. Perree.

    M. Sarkozy s’est retiré de la politique active en 2017, mais joue toujours un rôle dans les coulisses de son parti, Les Républicains. Les médias français ont rapporté qu’il pourrait finir par soutenir le président centriste Emmanuel Macron, par le biais d’une alliance avec des figures de la droite traditionnelle, lors de l’élection présidentielle de l’année prochaine.

    Associates Press, 22 juin 2021

    Etiquettes : France, Nicolas Sarkozy, finnacement illicite, campagne électorale,

  • La Turquie a besoin d’une aide supplémentaire pour les réfugiés syriens

    BERLIN, 22 juin (Reuters) – L’Union européenne devrait actualiser son pacte migratoire avec la Turquie, a déclaré mardi Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, à la veille d’un sommet de l’UE qui doit discuter du renouvellement de cet accord.

    « Il est important que nous continuions à soutenir la Turquie, avec les 3,7 millions de réfugiés syriens qui y vivent, dont certains depuis 10 ans », a déclaré Mme von der Leyen aux journalistes lors d’une visite à Berlin.

    « Nous n’aurons pas besoin d’une aide humanitaire aiguë aussi importante que par le passé, mais la population doit avoir une perspective », a-t-elle ajouté.

    Etiquettes : Turquie, Réfugies syriens, aide, UE,

  • Loukachenko menace d’utiliser l’immigration contre l’UE

    La migration est le talon d’Achille de l’UE

    L’opinion publique anti-immigration met l’Union européenne à la merci de ses voisins. Aujourd’hui, le régime de Lukashenko abuse de la situation, mais dans le passé, la Turquie et le Maroc ont utilisé les demandeurs d’asile comme un outil de pression.

    Le nombre de demandeurs d’asile entrant irrégulièrement en Lituanie a considérablement augmenté ces dernières semaines, après que les dirigeants de Minsk, qui ont été sanctionnés pour détournement d’avion, ou terrorisme d’État, ont décidé de se venger de l’Union européenne par le biais d’un trafic d’êtres humains au niveau de l’État.

    Le dictateur biélorusse Alexandre Loukachenko a laissé entendre dès la fin du mois de mai qu’il envisageait d’utiliser cette tactique sournoise pour riposter aux mesures punitives de l’UE. « Jusqu’à présent, nous avons arrêté les migrants et la drogue, maintenant il faut les capturer et les consommer », a-t-il déclaré à l’UE dans un discours devant le Parlement. En ce qui concerne la drogue, aucun signe particulier n’indique pour l’instant que Loukachenko a mis sa menace à exécution, mais on constate un changement notable dans le cas des demandeurs d’asile, avec une augmentation sensible du trafic à la frontière verte entre le Belarus et la Lituanie. Cependant, le dictateur a quelque peu embelli son propre rôle, puisqu’il ne s’agit pas de fermer passivement les yeux sur certains processus, mais d’en être l’instigateur. En témoigne le fait que les autorités lituaniennes capturent des ressortissants du Moyen-Orient, principalement des Irakiens, au lieu de dissidents biélorusses fuyant la répression. Selon le gouvernement de Vilnius, c’est l’agence touristique d’État biélorusse CentrKurort qui organise les voyages des mendiants, et des personnes sont également amenées par avion d’Istanbul et de Bagdad. La police des frontières lituanienne affirme que ses homologues biélorusses couvrent les traces de pas des frontaliers, ce qui prouve également que le régime de Minsk est derrière tout cela.

    « C’est l’utilisation de la migration comme une arme, visant directement la Lituanie », a déclaré l’autre jour le ministre lituanien des Affaires étrangères Gabrielius Landsbergis au quotidien économique britannique Financial Times. Le diplomate a déclaré qu’il n’était pas difficile de comprendre pourquoi l’État balte était la cible de M. Loukachenko, car les dirigeants de Vilnius ne mâchent pas leurs mots en matière de droits de l’homme et offrent un refuge aux dirigeants de l’opposition biélorusse, notamment Svetlana Tyhanovskaya. M. Landsbergis a qualifié cette action d’attaque hybride et a déclaré que le régime biélorusse « mettait à l’épreuve » le pays et l’Europe.

    Les autorités lituaniennes ont déjà enregistré quelque 400 coups bas depuis le début de l’année, soit plus qu’au cours des quatre dernières années réunies. Bien que le niveau de la pression migratoire ici soit encore considéré comme négligeable par rapport aux normes européennes, il suffit à créer des tensions sociales en Lituanie, auxquelles certains politiciens contribuent en fomentant une opinion publique anti-immigrés. Le gouvernement de Vilnius tente de remédier à la situation : La Turquie et l’Irak ont été invités à effectuer davantage de contrôles dans les aéroports pour les vols sortants. L’agence européenne de gestion des frontières Frontex, ainsi que l’Estonie, la Finlande et la Lettonie, ont envoyé des gardes-frontières pour aider les autorités lituaniennes. La Commission européenne s’est également engagée à apporter son aide, mais l’organisme basé à Bruxelles a souligné il y a une semaine et demie qu’une réponse systémique était nécessaire. Ce changement structurel est d’autant plus nécessaire que ce n’est pas la première fois, loin s’en faut, que des pays voisins utilisent la migration pour tenter de faire pression sur l’UE.

    Au printemps dernier, la Turquie a provoqué une crise des réfugiés aux frontières terrestres et maritimes de la Grèce pendant quelques jours, et le mois dernier, le Maroc a autorisé 8 000 demandeurs d’asile à entrer dans l’enclave africaine clôturée de Ceuta, en Espagne. Les deux actions avaient un objectif clair ; le gouvernement turc voulait extorquer plus d’argent et une prolongation de l’accord migratoire qu’il a signé avec l’UE en 2016, et il a finalement obtenu les deux en décembre. Et le Maroc aurait libéré des personnes à Ceuta parce que l’Espagne a refusé d’extrader le chef de la milice séparatiste du Sahara occidental, le Front Polisario, Brahim Ghali, qui était traité dans un hôpital espagnol pour un coronavirus. Cependant, les dirigeants de Rabat n’ont pas obtenu ce qu’ils voulaient et Ghali a été autorisé à partir pour l’Algérie au début du mois de juin.

    Certains dirigeants nationaux ont reconnu que la situation était intenable. Le Premier ministre grec Kiriakos Micotakis, par exemple, a déclaré après les événements de Ceuta que l’UE devrait être très stricte avec les pays qui utilisent les demandeurs d’asile comme un outil contre leur communauté. Toutefois, cela pourrait ne pas suffire : tant qu’il y aura un sentiment anti-immigration en Europe, l’UE sera vulnérable à ce type de machinations. Si l’épidémie de coronavirus a temporairement réduit la migration vers l’UE, cette réduction a été de courte durée.

    Les réfugiés sont en grand danger

    La pandémie a eu un impact particulièrement négatif sur les réfugiés, notamment les plus pauvres. Cependant, il est également un fait que de nombreux migrants jouent un rôle important dans des secteurs (tels que la santé) qui ont lutté pour contenir l’épidémie.

    Selon les recherches de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 31 % du total des migrations internationales en mars 2021 étaient destinées aux 20 pays les plus touchés. Dans neuf de ces pays, on peut considérer que sept pour cent de la population a des racines étrangères. Dans les pays les plus touchés par l’épidémie, le nombre de migrants est supérieur à la moyenne mondiale. Le renforcement des contrôles aux frontières a clairement affecté les mouvements migratoires et les opérations des organisations humanitaires. Depuis le 11 mars 2020, date à laquelle la pandémie a été officiellement déclarée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près de 105 000 restrictions au passage des frontières ont été imposées dans le monde en un an. Les flux migratoires vers les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont chuté de 46 % au cours du premier semestre 2020, ce qui a entraîné une croissance démographique nulle dans certains pays. L’Allemagne en est un bon exemple, avec une croissance démographique nulle pour la première fois depuis 2011, en raison d’une baisse de l’immigration. Le phénomène est également évident en Australie, où la croissance démographique est à son plus bas niveau depuis un siècle.

    L’épidémie infecte inexorablement les logements des travailleurs étrangers. En Arabie saoudite, en mai 2020, 75 % des personnes infectées par le coronavirus n’étaient pas des ressortissants saoudiens, tandis qu’à Singapour, en juin dernier, 93 % des personnes infectées étaient malades dans les logements des travailleurs. Ceux-ci présentent un risque très élevé de propagation du virus, ce qui rend plus difficile pour les étrangers qui y vivent de se protéger contre l’infection. Bien entendu, les personnes les plus éloignées de leur continent ne sont pas les seules à courir le risque de propager le virus.

    En Allemagne, en Italie, en Espagne, en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis, des secteurs importants tels que les soins de santé dépendent des travailleurs étrangers. Toutefois, ces secteurs connaissaient déjà des pénuries de main-d’œuvre avant le virus.

    Les restrictions de voyage et la fermeture des frontières ont empêché de nombreux expatriés (travailleurs saisonniers, étudiants) de rentrer chez eux. En juillet 2020, l’OIM estimait qu’au moins 3 millions de ces personnes étaient enregistrées. Dans les cas les plus graves, des étrangers ont perdu leur emploi à cause du virus. Cependant, l’Inde, d’où la plupart des gens émigrent, a réussi à rapatrier 4,5 millions de ressortissants à partir de février 2021. Malgré les restrictions, grâce à des accords bilatéraux, un nombre important de réfugiés ont finalement pu retourner dans leur pays d’origine. L’exode a affecté à la fois les pays qui les avaient précédemment accueillis (le manque de rapatriés a entraîné des pénuries de main-d’œuvre) et le pays d’origine (où certains rapatriés ont eu besoin d’aide pour le logement, le travail et la quarantaine).

    Le déclin des migrations s’est accompagné d’une baisse des flux financiers internationaux. Moins d’argent a circulé des pays à revenu moyen supérieur vers les pays plus pauvres. Au niveau local, cela affecte particulièrement ceux qui dépendent des prestations pour les parents vivant à l’étranger. En outre, les investissements étrangers ont diminué dans les pays à revenu faible et intermédiaire.

    Malgré toutes les restrictions imposées aux déplacements, de nombreuses personnes continuent de fuir la violence et la pauvreté à la recherche de meilleures conditions de vie. La pandémie a augmenté le risque de ces voyages, les migrants étant confrontés à un plus grand danger et n’étant souvent plus en mesure de trouver un soutien et un abri auprès des organismes d’aide.

    Nepszava, 21 juin 2021

    Etiquettes : Biélorrussie, Union Européenne, UE, immigration, chantage à l’émigration, Maroc, Alexandre Loukachenko,

  • La reine Noor accuse la Jordanie de mener une « campagne de désinformation » contre son fils

    La reine Noor, épouse du défunt roi Hussein de Jordanie, a accusé les autorités de mener une campagne de « désinformation » visant à dénigrer son fils, le prince Hamzah Bin Al-Hussein.

    Commentant un tweet sur les enregistrements de son fils qui viennent d’être divulgués, elle a déclaré qu’il s’agissait d’un « assassinat d’un Hachémite jordanien honorable et patriotique par une campagne de désinformation des médias ».

    La reine a décrit la campagne comme « un visage honteux de la politique dans notre région, mais pas de notre peuple. »

    Son commentaire a accompagné un tweet du journaliste jordanien Ali Younes, qui a écrit : « Aujourd’hui, j’ai entendu les nouveaux enregistrements du prince Hamza et de Bin Zeid qui ont été divulgués. Apparemment divulguée par le #Jordan Mukhabarat. »

    Il a ajouté : « Les enregistrements ont été coupés et assemblés pour montrer la ‘conspiration’. Je ne vois pas comment deux types parlant en termes généraux et sans armée peuvent renverser un régime fort. »

    Auparavant, la reine avait vivement critiqué les autorités jordaniennes pour les accusations portées contre son fils, qui avait franchement critiqué son demi-frère le roi Abdullah II en avril.

    Middle East Monitor, 21 juin 2021

    Etiquettes : Jordanie, Roi Abdallah, hamzah Husein, complot, coup d’Etat, reine Noor,

  • Pourquoi l’UE parle-t-elle de la Russie et de la Chine mais pas d’Israël et du Maroc ?

    Si l’UE impose des sanctions pour des motifs politiques, cela ne servira pas le droit international.

    Ces derniers jours, nous avons lu dans Helsingin Sanomat des articles dignes d’intérêt sur la guerre à Gaza et la ruée des migrants marocains vers la ville espagnole de Ceuta. À Gaza, il s’agit du conflit israélo-palestinien et, dans le cas de l’invasion marocaine, de la politique de répression du Maroc au Sahara occidental, qu’il occupe. Mon objectif ici est de faire la lumière sur la perspective du droit international – avec un accent particulier sur l’attitude de l’UE.

    Au sein de l’Union européenne, les tentatives pour convenir de sanctions contre la Russie et la Chine ont occupé une place importante. La politique récente de la Russie est désagréable à observer. Les dirigeants russes considèrent toute opposition véritable comme une menace majeure qui doit être écrasée immédiatement. Le traitement réservé à Alexei Navalny est tout simplement ridicule.

    Le traitement sévère de la minorité ouïgoure par la Chine a également attiré l’attention de l’UE.

    En Palestine et au Sahara occidental, il s’agit de la suppression du droit à l’autodétermination de deux peuples, anciennement soumis au colonialisme, par un État voisin étranger. Cette répression a entraîné des violations généralisées et flagrantes des droits de l’homme. En Palestine, le problème principal n’est pas la violence entre Israël et les Palestiniens, mais le fait que depuis des années, Israël construit des colonies pour ses citoyens juifs en Palestine.

    Il y a au moins un demi-million de colons en Palestine, et les colonies, ainsi que les zones de sécurité établies par l’armée israélienne, ont transformé la Palestine en un patchwork où il est impossible pour les Palestiniens de créer leur propre État. L’UE n’a pas discuté de sanctions contre Israël pour le pousser à démanteler une partie des colonies et à accepter la création d’un État palestinien.

    Le Maroc a occupé le Sahara Occidental et exploite les ressources de sa côte et territoriale pour son propre bénéfice et au détriment du peuple sahraoui. Les pays de l’Union européenne participent à cette exploitation. Cependant, l’UE ne parle pas de sanctions contre le Maroc pour faire pression sur lui afin qu’il autorise un véritable référendum au Sahara Occidental sur son statut juridique.

    Si l’UE prend des sanctions pour des raisons politiques, elle ne servira pas le droit international. Il est alors préférable de renvoyer le débat sur les sanctions aux Nations unies.

    Lauri Hannikainen

    Professeur émérite de droit international, Helsinki

    Helsingin Sanomat, 23 mai 2021

    Etiquettes : Union Européenne, UE, Chine, Russie, Maroc, Israël, Sahara Occidental, Palestine, colonies israéliennes,

  • Les intérêts avant tout

    Les occidentaux campent encore une fois sur leur position hypocrite et intéressée et versent comme d’habitude quelques larmes sur les peuples « qu’ils soutiennent contre leurs régimes ». Il en est ainsi au lendemain des élections présidentielles en Iran qui ont consacré le conservateur Ebrahim Raissi nouveau président et successeur du réformateur Mohammed Khatami.

    En effet diplomates et presse occidentale expriment au lendemain de ces élections leur inquiétude pour l’avenir des Iraniens, qui à les croire, seront privés de tous leurs droits et libertés. « Ils ne pourront pas avoir accès à une presse libre, ni à vivre dans la dignité ou prétendre à une transparence du pouvoir ». Un tableau bien noir décrit par ces sources françaises, britanniques et américaines.

    A les entendre aujourd’hui, on croirait qu’ils regrettent sérieusement le départ du réformateur Khatami. Le même Khatami qu’ils ont tout fait pour affaiblir face à Israël et dont ils ont nourri les contentieux avec l’Arabie Saoudite dans une manœuvre claire d’affaiblir le monde musulman face au seul allié qui vaille dans la région à savoir l’Etat sioniste.
    L’ingérence occidentale dans les affaires internes des pays, notamment arabes et musulmans, est devenue presque légitime et est même considérée comme un droit, puisque aujourd’hui on parle du « droit d’ingérence ». Une ingérence qui, sous couvert d’humanisme et de défense des droits de l’homme, n’est en réalité qu’un moyen de pression et de sauvegarde des seuls intérêts des puissants de ce monde, qui se soucient très peu des conditions de vie et de liberté des peuples arabes et musulmans. Sinon la situation du peuple palestinien aurait changé il y a bien des années face aux multiples exactions des hordes sauvages israéliennes.

    Nos peuples ne doivent plus se leurrer. Ils se doivent de saisir une bonne fois pour toutes que personne ne peut compatir avec eux, et surtout pas les grandes capitales occidentales, qui ont clairement annoncé la couleur et leurs intentions lors du funeste printemps arabe qui a fait entrer plusieurs pays arabes dans un infernal cycle de violence duquel ils n’en sont pas sortis à ce jour.

    Les Occidentaux ne sont guidés que par leurs seuls intérêts. Et ils sont dans leur droit. Et c’est peut être ce que nous devons méditer nous aussi en plaçant d’abord nos intérêts aux premières de nos préoccupations.

    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 21 juin 2021

    Etiquettes : Occident, Iran, intérêts, hypocrisie,