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  • Allemagne : « L’UE ne doit pas se soumettre au chantage » du Maroc

    MICHAEL ROTH : SECRÉTAIRE D’ÉTAT ALLEMAND AUX AFFAIRES EUROPÉENNES
    Le secrétaire d’État allemand aux affaires européennes, Michael Roth, regrette que le Maroc utilise ses jeunes sans perspectives comme monnaie d’échange politique.

    Le secrétaire d’État allemand aux affaires européennes, Michael Roth (Heringen, Allemagne, 50 ans), répond à la fois de sa position au sein de la grande coalition gouvernementale d’Angela Merkel et de son militantisme social-démocrate. Comme Olaf Scholz, le candidat de son parti pour les élections générales en Allemagne en septembre, il est favorable à l’avancement de la réforme économique de l’UE et à l’émission d’euro-obligations, ce que les conservateurs rejettent. Après la crise migratoire de Ceuta et les arrivées incessantes à Lampedusa, il estime qu’un pacte européen sur les migrations et l’asile est plus urgent que jamais. Dans un entretien virtuel avec EL PAÍS et deux autres correspondants de l’alliance de journaux européens LENA, M. Roth se félicite de la réponse rapide de l’UE au « terrorisme d’État » du président biélorusse Aleksandr Lukashenko, qui a détourné un avion dimanche dernier pour détenir un militant.

    Question : Comment Lukashenko peut-il être tenu personnellement responsable s’il ne libère pas le blogueur dissident Roman Protasevich ?

    Réponse. Des sanctions personnelles ont déjà été imposées à des individus biélorusses. Ceci en réponse au refus des dirigeants d’autoriser des élections libres et à leur pratique de persécution et d’emprisonnement des opposants. M. Lukashenko peut être assuré que nous le surveillons de près. Nous devons nous concentrer, avant tout, sur le réseau financier qui approvisionne le régime de Minsk.

    P. On ne sait pas encore si la Russie a participé à l’opération, mais le Kremlin ne l’a pas condamnée et certains politiciens de haut niveau à Moscou l’ont applaudie. Quelles en sont les conséquences ?

    R. Tout d’abord, ce qui s’est passé doit être éclairci rapidement et complètement. Nous ne pouvons pas laisser passer ça. Tout le monde sait que les relations entre l’Europe et la Russie sont dans un moment compliqué. En effet, la Russie mène une politique destructrice qui viole le droit international et vise à désinformer l’Europe, et l’Allemagne en particulier. Toutefois, je suis encouragé par les derniers signaux en provenance des États-Unis. Le président Biden a accepté une rencontre à haut niveau avec Poutine en juin. Il serait très inquiétant que la Russie n’accepte pas cette main tendue pour engager enfin des pourparlers.

    P. Malgré tout, l’Allemagne poursuit la construction du gazoduc Nord Stream 2 en provenance de Russie, même après les protestations des partenaires européens. Comment les deux s’articulent-ils ?

    R. Nous sommes préoccupés par la sécurité de l’approvisionnement énergétique de l’ensemble de l’Europe. Des dizaines d’entreprises de 12 États membres de l’UE participent au projet Nord Stream 2. La chancelière allemande, Mme Merkel, a convenu avec le président Poutine que l’Ukraine bénéficierait également du transit de gaz. La clé de l’indépendance vis-à-vis de la Russie à moyen et à long terme réside dans la diversification de l’énergie et dans l’amélioration de sa durabilité et de son efficacité.

    P. Récemment, les États-Unis ont annoncé par surprise qu’ils n’avaient pas l’intention d’imposer de nouvelles sanctions à Nord Stream 2. L’Allemagne a-t-elle fait des concessions, par exemple en achetant le gaz que les États-Unis obtiennent par fracturation ?

    R. Il n’y a pas d’engagement de ce type. On aurait pu s’attendre à de telles exigences de la part de l’administration précédente, mais pas de l’actuelle. Le projet est presque terminé et ne doit pas être utilisé comme un jouet dans les relations transatlantiques. La politique européenne et allemande doit assurer l’approvisionnement de tous les pays partenaires. L’objectif premier est le passage structurel aux énergies renouvelables, mais nous avons également besoin d’un approvisionnement fiable pour cette transition.

    P. Les crises de Ceuta et Lampedusa montrent que la question des migrations n’est toujours pas résolue dans l’UE. L’Allemagne est-elle prête à accueillir des migrants en provenance d’Italie ?

    R. Ce dont nous avons besoin de toute urgence, c’est d’une politique européenne commune en matière de migration et d’asile. Nous devons maintenir cette question en tête des priorités. Et nous ne devons pas permettre à certains États membres de fermer les yeux ou de refuser catégoriquement de trouver une solution. Mais si un pacte commun sur les migrations échoue, il ne restera qu’une seule chose : une coalition fiable, solidaire et humaine de quelques États qui se défendront mutuellement et veilleront à ce que les règles soient respectées et que plus personne n’ait à craindre pour sa vie en Méditerranée.

    Q. Est-il juste de donner de l’argent à certains pays pour qu’ils accueillent des migrants alors que d’autres refusent ?

    R. Je dis cela du point de vue d’un social-démocrate : on discute de points avec lesquels il est difficile d’être d’accord. Mais la question est maintenant de savoir si l’UE peut obtenir un pacte qui puisse aller de l’avant. Nous avons eu la même chose pendant des années. Les solutions ad hoc qui ont été trouvées, dans lesquelles l’Allemagne est toujours impliquée, sont laborieuses, prennent du temps et sont tout sauf durables. Nous ne pouvons pas continuer comme ça. Certains peuvent avoir du mal à accepter que certains États membres ne veulent pas accueillir un seul immigrant. La proposition de la Commission n’est pas idéale, mais elle tente de rassembler différents intérêts de manière pragmatique.

    P. L’UE verse des millions au Maroc et, tout à coup, le pays ouvre sa frontière. Pensez-vous que ce qui s’est passé à Ceuta relève du chantage et peut se répéter avec d’autres pays ?

    R. L’UE aide des pays comme le Maroc à donner une perspective à leurs jeunes, à créer des emplois. Mais j’ai l’impression que les jeunes sans perspectives deviennent une monnaie d’échange politique pour ceux qui sont au pouvoir. C’est cynique. L’UE ne doit pas se laisser aller au chantage. A cet égard, je suis très choqué par les images de Ceuta.

    P. Lampedusa a une fois de plus donné un haut-parleur aux populistes de droite en Italie, comme Matteo Salvini. Le parti d’extrême droite Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni a dépassé le Parti démocratique dans les sondages. En Espagne, Vox tente de tirer parti de la crise de Ceuta. Craignez-vous que la question de la migration ne donne à nouveau des ailes à la droite en Europe ?

    R. Je suis très reconnaissant au Premier ministre italien, Mario Draghi, d’avoir voulu inscrire la question des migrations à l’ordre du jour d’un des prochains sommets européens. Nous sommes en retard sur les réformes fondamentales de la politique de migration et d’asile. Et il n’est pas dans notre intérêt que l’échec d’une politique commune en matière de migration et d’asile incite les nationalistes et les populistes à se renforcer et à mettre davantage la démocratie sous pression. Ce ne sont plus des questions domestiques. Nous sommes tous étroitement interconnectés dans l’Union européenne. Nous devons construire un pare-feu contre la propagande et contre les campagnes de peur et les mensonges des nationalistes et des populistes dans toute l’Union européenne.

    P. Le ministre allemand des affaires étrangères, Heiko Maas, a récemment prévenu que les candidats à l’adhésion à l’UE dans les Balkans occidentaux deviennent financièrement dépendants de Pékin. Que peut-on faire à ce sujet ?

    R. Cela montre déjà le problème : la Chine parvient à créer la fausse impression que ses investissements dans les Balkans occidentaux sont indispensables. Mais il n’y a aucune base pour cela. En réalité, l’UE est de loin le plus gros investisseur dans la région. Nous devons être plus agressifs dans la lutte contre les campagnes de désinformation de la Chine.

    Q. Quelles concessions l’UE doit-elle faire dans les Balkans ?

    R. Je serais heureux si tous les membres de l’UE reconnaissaient le grand danger d’un retrait stratégique de l’Europe. Le vide serait immédiatement comblé par des pays qui ne partagent pas nos valeurs. Nous devons nous en tenir à notre calendrier, par exemple en ce qui concerne la libéralisation des visas avec le Kosovo. Je ne m’engage pas sur des dates, mais l’Albanie et la Macédoine du Nord remplissent depuis longtemps les conditions d’ouverture des négociations d’adhésion. S’y opposer est politiquement peu clairvoyant. Les Balkans occidentaux sont les voisins de l’Europe ; si la réconciliation, la paix, la stabilité, la liberté et la démocratie y sont menacées, nous avons un énorme problème.

    P. Dans certains pays de l’UE, comme la Bulgarie ou la Roumanie, par exemple, l’État de droit est un problème majeur. Comment l’UE entend-elle éviter que cela ne se reproduise avec les nouveaux candidats ?

    R. Lors des précédents élargissements, l’accent a souvent été mis sur les détails techniques du marché intérieur. Passons maintenant aux choses sérieuses : qu’en est-il de l’indépendance du pouvoir judiciaire ? Qu’en est-il de la diversité des médias ? L’objectif n’est pas seulement le progrès économique et la politique de cohésion. Si nous éclaircissons ce point une fois pour toutes maintenant, nous gagnerons beaucoup de temps par la suite.

    P. La Chine a également beaucoup d’influence dans des pays de l’UE comme la Hongrie, le Portugal et la Grèce. Ils peuvent devenir la porte d’entrée de Pékin en Europe.

    R. Je n’ai pas l’impression que des pays comme la Hongrie veulent se passer des milliards qu’ils reçoivent de l’UE pour construire des infrastructures. Mais en fin de compte, ces pays doivent aussi décider eux-mêmes dans quelle mesure ils veulent être des membres de l’UE respectueux des traités et, en même temps, prendre des engagements envers la Chine. Il n’y a rien contre le commerce avec la Chine, comme l’Allemagne le fait aussi. Mais il doit toujours être clair que nous ne nous laisserons pas faire du chantage ; il ne doit jamais y avoir de concessions sur les droits de l’homme, par exemple.

    P. Il a été difficile d’introduire un mécanisme de sanctions financières pour les violations de l’État de droit. Toutefois, la Cour constitutionnelle de Varsovie pourrait bientôt décider que le droit communautaire n’est pas contraignant en Pologne, et il existe une opposition similaire en Hongrie. Il existe une opposition similaire en Hongrie. Quelle est la crédibilité de ce mécanisme ?

    R. Le mécanisme doit encore recevoir le feu vert de la Cour de justice européenne. Mais je n’ai aucun doute à ce sujet. Au final, personne ne pourra s’en sortir. C’est ce que tous les États membres devraient comprendre. Nous ne pouvons défendre de manière crédible la démocratie et l’État de droit au niveau international que si nous ne laissons aucune place au doute au sein de l’UE quant au renforcement et à la défense de nos valeurs fondamentales.

    « LA PROSPÉRITÉ DE L’ALLEMAGNE DÉPEND DE NOS VOISINS ».

    Le secrétaire d’État allemand aux affaires européennes, Michael Roth, souligne l’ambition du fonds de relance de l’UE et plaide pour une plus grande intégration européenne.

    P. Olaf Scholz, candidat de votre parti aux élections allemandes, considère le fonds de reconstruction de l’UE comme une sorte de « moment Hamilton », c’est-à-dire qu’il compare le financement commun de la dette à la fondation des États-Unis. Y aura-t-il bientôt une dette commune sous forme d’euro-obligations ?

    R. Je suis très reconnaissant qu’avec Next Generation EU, nous ayons réussi à créer un paquet de solidarité vraiment ambitieux. En tant que social-démocrate, je soutiens naturellement la politique de notre candidat Olaf Scholz. Le SPD souhaite une intégration européenne plus poussée vers des États-Unis d’Europe. Nous avons besoin de plus de coordination sociale, économique et aussi fiscale. Et avec un caractère contraignant.

    P. Les conservateurs considèrent la dette commune comme une « rupture du barrage ». Comment expliquez-vous au contribuable allemand que vous allez être responsable des dettes d’autres pays ?

    R. La prospérité, la stabilité sociale et l’emploi en Allemagne dépendent dans une large mesure de la situation de nos voisins. Plus de 60 % de nos exportations sont destinées à l’UE. Le chômage élevé, la faiblesse économique et les troubles sociaux dans d’autres pays de l’UE sont très dangereux pour nous. Nous sommes tous dans le même bateau.

    El Pais, 28 mi 2021

    Etiquettes : Allemagne, Michael Roth, Espagne, Maroc, ñigration, chantage, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali, marocain, sahraoui, espagnol, Ceuta, Melilla, enclave,

  • Plus de 200 corps retrouvés dans une école indigène au Canada

    Plus de 200 corps retrouvés dans une école indigène au Canada

    KAMLOOPS, Colombie-Britannique (AP) – Les restes de 215 enfants, dont certains n’avaient que trois ans, ont été retrouvés enterrés sur le site de ce qui était autrefois le plus grand pensionnat autochtone du Canada, l’une des institutions qui accueillait les enfants enlevés à leurs familles dans tout le pays.

    La chef Rosanne Casimir de la Première nation Tk’emlups te Secwépemc a déclaré dans un communiqué de presse que les restes ont été confirmés le week-end dernier à l’aide d’un radar pénétrant dans le sol.

    Il est possible que d’autres corps soient découverts car il y a plus de zones à fouiller sur le terrain de l’école, a déclaré Mme Casimir vendredi.

    Dans un communiqué précédent, elle a qualifié la découverte de « perte impensable dont on parlait mais qui n’a jamais été documentée au pensionnat indien de Kamloops ».

    Du 19e siècle aux années 1970, plus de 150 000 enfants des Premières Nations ont dû fréquenter des écoles chrétiennes financées par l’État dans le cadre d’un programme visant à les assimiler à la société canadienne. Ils étaient forcés de se convertir au christianisme et n’avaient pas le droit de parler leur langue maternelle. Nombre d’entre eux ont été battus et victimes d’agressions verbales, et près de 6 000 d’entre eux seraient morts.

    Le gouvernement canadien a présenté ses excuses au Parlement en 2008 et a admis que les abus physiques et sexuels étaient monnaie courante dans les écoles. De nombreux élèves se souviennent avoir été battus pour avoir parlé leur langue maternelle ; ils ont également perdu le contact avec leurs parents et leurs coutumes.

    Selon les dirigeants autochtones, cet héritage d’abus et d’isolement est à l’origine des taux épidémiques d’alcoolisme et de toxicomanie dans les réserves.

    Il y a plus de cinq ans, un rapport de la Commission de la vérité et de la réconciliation a déclaré qu’au moins 3 200 enfants étaient morts des suites de mauvais traitements et de négligence et qu’il avait été fait état d’au moins 51 décès dans la seule école de Kamloops entre 1915 et 1963.

    « Cela fait vraiment resurgir la question des pensionnats et les blessures de cet héritage de génocide envers les peuples autochtones », a déclaré vendredi Terry Teegee, chef régional de l’Assemblée des Premières Nations pour la Colombie britannique.

    Le premier ministre de la Colombie-Britannique, John Horgan, s’est dit « horrifié et le cœur brisé » d’apprendre cette découverte, la qualifiant de tragédie aux « proportions inimaginables » qui met en lumière la violence et les conséquences du système des pensionnats.

    L’école de Kamloops a fonctionné de 1890 à 1969, date à laquelle le gouvernement fédéral a pris le relais de l’Église catholique et l’a exploitée comme externat jusqu’à sa fermeture en 1978.

    Casimir a déclaré que l’on pense que les décès ne sont pas documentés, bien qu’un archiviste du musée local travaille avec le Royal British Columbia Museum pour voir si l’on peut trouver des enregistrements de ces décès.

    « Compte tenu de la taille de l’école, qui compte jusqu’à 500 élèves inscrits et présents à tout moment, nous comprenons que cette perte confirmée affecte les communautés des Premières nations de la Colombie-Britannique et d’ailleurs », a déclaré M. Casimir dans le communiqué initial publié jeudi dernier.

    Les dirigeants de la communauté Tk’emlups « reconnaissent leur responsabilité de prendre soin de ces enfants perdus », a déclaré M. Casimir.

    L’accès à la technologie la plus récente permet une véritable comptabilité des enfants disparus et, espérons-le, apportera un peu de paix et de fermeture à ces vies perdues, a-t-elle ajouté dans le communiqué.

    Mme Casimir a déclaré que les responsables de la bande informaient les membres de la communauté et les communautés environnantes qui avaient des enfants qui fréquentaient l’école.

    L’Autorité sanitaire des Premières nations a qualifié la découverte des restes d’ »extrêmement douloureuse » et a déclaré dans un message sur son site Web qu’elle « aura un impact important sur la communauté de Tk’emlúps et sur les communautés desservies par ce pensionnat ».

    Le directeur général de l’autorité, Richard Jock, a déclaré que la découverte « illustre les effets néfastes et durables que le système des pensionnats continue d’avoir sur les membres des Premières nations, leurs familles et leurs communautés ».

    Nicole Schabus, professeur de droit à l’Université Thompson Rivers, a déclaré que chacun de ses étudiants en première année de droit à l’université de Kamloops passe au moins une journée dans l’ancien pensionnat pour parler avec les survivants des conditions qu’ils ont endurées.

    Elle dit qu’elle n’a pas entendu les survivants parler d’une zone de tombes non marquées, « mais ils parlent tous des enfants qui ne s’en sont pas sortis. »

    Associated Press, 29 mai 2021

    Etiquettes : Canada, école indigène, Rosanne Casimir, Première Nation Tk’emlups te Secwépemc, Colombie-Britannique, Kamloops, First Nations Health Authority, découverte des restes,

  • En temps d’été, l’Europe connaît une chute spectaculaire des cas de virus

    ROME (AP) – Lorsque l’Italie a remporté le concours de l’Eurovision de la chanson avec une performance glam-rock exagérée, cette victoire a été plus qu’un simple coup de pouce psychologique pour l’un des pays les plus durement touchés par le COVID-19 : Organisée devant un public de 3 500 personnes, la fête annuelle du kitsch a confirmé que l’Europe retrouvait un semblant de normalité qui était impensable il y a quelques semaines encore.

    Les infections, les hospitalisations et les décès dus au coronavirus sont en chute libre sur tout le continent, après que l’Europe a été la première région du monde à enregistrer de nouveaux cas à l’automne et à l’hiver derniers, lors de vagues qui ont coûté la vie à des centaines de milliers de personnes, forcé un plus grand nombre de fermetures temporaires et submergé les unités de soins intensifs.

    Aujourd’hui, les taux de vaccination s’accélèrent dans toute l’Europe, et avec eux, la promesse de vacances d’été à Ibiza, en Crète ou en Corse. On espère la renaissance d’une industrie touristique qui, en Espagne et en Italie, représente à elle seule 13 % du produit intérieur brut, mais qui a été anéantie par la pandémie.

    « Nous ne parlons pas de 2020. Nous parlons d’aujourd’hui à partir d’aujourd’hui », a déclaré Guglielmo Miani, président du quartier des boutiques de luxe de Milan, Montenapoleone, où les touristes européens et américains ont commencé à revenir au compte-gouttes, séduits en partie par des rencontres en personne avec des équipes de designers et des petits-déjeuners gratuits dans des cafés emblématiques. L’espoir est que les touristes asiatiques suivent l’année prochaine.

    Cette semaine, l’Europe a enregistré la plus forte baisse des nouvelles infections et des décès dus au COVID-19 par rapport à toute autre région, tout en signalant qu’environ 44 % des adultes avaient reçu au moins une dose de vaccin, selon l’Organisation mondiale de la santé et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies.

    La moyenne mobile sur sept jours des nouveaux cas pour 100 000 personnes en Europe a été supérieure à celle de toutes les autres régions de la mi-octobre au début du mois de décembre, avant de céder la première place aux Amériques au cours de la nouvelle année, puis de la reprendre de début février à avril, selon une analyse par l’Associated Press des données de l’Université Johns Hopkins.

    Aujourd’hui, aucun pays européen ne figure parmi les dix premiers pays pour le nombre de nouveaux cas pour 100 000 habitants. Et seules la Géorgie, la Lituanie et la Suède figurent parmi les 20 premiers.

    Mais le virus connaît un pic en Asie du Sud-Est et dans une grande partie de l’Amérique latine, et a frappé particulièrement fort cette semaine aux Maldives et aux Seychelles. Le Dr Michael Ryan, chef des urgences à l’OMS, a prévenu que la situation mondiale étant toujours « fragile et volatile », l’Europe est loin d’être sortie d’affaire.

    « L’assouplissement prématuré des mesures a contribué à la flambée que nous avons observée tout au long de 2020 et au cours du premier trimestre de 2021 », a-t-il prévenu. « Nous devons maintenir le cap tout en nous efforçant d’augmenter la couverture vaccinale. »

    La plus grande préoccupation pour l’Europe est la variante hautement contagieuse détectée pour la première fois en Inde, qui a mis ce pays à genoux et a trouvé un pied croissant en Grande-Bretagne. Le gouvernement britannique a prévenu jeudi que la variante indienne représente 50 à 75 % de toutes les nouvelles infections et pourrait retarder son projet de lever les dernières restrictions sociales le 21 juin.

    « Si nous avons appris quelque chose sur ce virus, c’est qu’une fois qu’il commence à se propager au-delà de quelques cas, il devient très difficile à contenir », a déclaré Lawrence Young, virologue à l’Université de Warwick. « Seuls des confinements locaux extrêmement stricts peu après la détection de quelques cas empêcheront le virus de se propager. »

    La multiplication des cas britanniques liés à la variante a incité l’Allemagne et la France à demander cette semaine aux passagers britanniques de se mettre en quarantaine.

    Les vaccins semblent encore très efficaces contre la variante détectée en Inde, mais il est important que les personnes reçoivent les deux doses pour garantir une immunité complète, a déclaré Ravindra Gupta, professeur de microbiologie clinique à l’Université de Cambridge.

    « Dans les populations où l’immunité est partielle, que ce soit en raison d’une infection antérieure ou d’un faible taux d’anticorps (suite à une seule injection), le virus aura l’avantage d’une évasion immunitaire et d’une plus grande transmission », a-t-il déclaré.

    Mais cela n’a pas empêché les pays de tenter de faire revenir les touristes, même britanniques.

    Au moins 12 000 Britanniques ont commencé à se rendre vendredi à Porto, au Portugal, pour assister à la finale de la Ligue des champions entre Manchester City et Chelsea. Les visiteurs doivent présenter un test COVID-19 négatif pour entrer dans le stade pour le match de samedi, mais aucune quarantaine n’est requise à chaque extrémité du voyage.

    « Heureusement, j’ai eu deux vaccins », a déclaré Casper Glyn, un avocat londonien de 51 ans venu à Porto pour encourager Chelsea avec ses deux jeunes fils. « Ils sont jeunes et en bonne santé, donc je me sens bien ».

    Lundi, l’Espagne a levé les conditions d’entrée – y compris la nécessité d’un test de dépistage du virus négatif – pour les visiteurs de 10 pays, dont le Royaume-Uni. Les voyageurs britanniques sont très recherchés dans les stations balnéaires espagnoles car ils ont tendance à dépenser le plus.

    L’Espagne a levé ces mesures après que son taux de contagion sur deux semaines soit passé sous la barre des 130 nouvelles infections pour 100 000 personnes, contre un record de 900 à la fin du mois de janvier.

    Fernando Simón, chef du centre de coordination des urgences sanitaires d’Espagne, a déclaré qu’il préférerait que les autorités « crient que l’Espagne est ouverte au tourisme dans 20 jours, et non maintenant, alors que nous devons encore être prudents ».

    « Je pense que nous devrions baisser un peu le ton de l’euphorie », a-t-il dit.

    La Grèce a également fait part de sa prudence, même après avoir récemment autorisé les voyages intérieurs et rouvert la plupart des activités économiques. Environ un tiers de la population grecque a reçu au moins une dose de vaccin, mais les nouvelles infections et les décès restent élevés.

    Couverture complète : Pandémie de coronavirus

    « Oui, les hospitalisations sont en baisse, oui, les décès et les intubations sont en baisse, (mais) il y a encore des personnes qui entrent à l’hôpital qui auraient pu être vaccinées et ne l’ont pas été », a déclaré le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, encourageant les Grecs à se faire vacciner.

    « Et certains, malheureusement, perdent la vie. C’est une tragédie », a-t-il ajouté.

    Mais ailleurs, l’euphorie est réelle. Un sentiment de soulagement et d’espoir est palpable à l’approche de l’été en Pologne, où le nombre de nouvelles infections quotidiennes a chuté de plus de 35 000 fin mars et début avril à quelques centaines. Plus de 19 millions de doses de vaccin ont été administrées dans ce pays de 38 millions d’habitants.

    Cette semaine, la Macédoine du Nord a fermé tous ses centres de traitement COVID-19 et ses hôpitaux de campagne, sauf un, à la suite d’une baisse spectaculaire de 90 % des cas confirmés. L’Italie et Chypre devraient permettre la réouverture des restaurants à l’intérieur mardi, et les discothèques, qui rapportent beaucoup aux stations balnéaires du sud de l’Europe en été, sont prévues peu après.

    La fête était déjà en cours dans la ville néerlandaise de Rotterdam le week-end dernier lorsque Maneskin – un groupe de rock italien qui a fait ses débuts en chantant dans la rue commerçante centrale de Rome – a remporté le concours Eurovision de la chanson.

    « Tout cet événement a été un soulagement », a déclaré le chanteur Damiano David. « Cette Eurovision signifie beaucoup, je pense, pour toute l’Europe. Ce sera un phare. »

    Jordans a fait un reportage à Berlin et Barry à Milan. Les journalistes de l’Associated Press Aritz Parra à Madrid, Helena Alves à Porto, Portugal, Nicky Forster à New York et des reporters de toute l’Europe y ont contribué.

    Associated Press, 29 mai 2021

    Etiquettes : Europe, coronavirus, covid 19, pandémie, contaminations, chute,

  • France-Afrique : Comment obtenir le pardon ?

    par Abdelkrim Zerzouri

    Donnant une nouvelle orientation à son histoire commune avec des pays africains anciennement colonisés, avec une dimension philosophique de ce passé qu’on ne peut effacer, la France continue son bonhomme de chemin sur la voie de la « reconnaissance de sa responsabilité » dans les crimes perpétrés contre les populations locales.

    Il est clair que cette nouvelle orientation a été initiée depuis l’accession au pouvoir du président français Emmanuel Macron. C’est lui qui a fait bouger des lignes figées dans le temps dans les relations de la France avec le Rwanda et l’Algérie, en attendant plus encore, peut-être.

    Mais en faveur de qui ou de quoi tous ces concerts historico-diplomatiques ? Après « les actes symboliques » engagés face aux crimes commis en Algérie durant la colonisation, qui s’illustrent à travers la reconnaissance officielle d’assassinats impliquant les autorités coloniales, dont l’exécution de Maurice Audin et l’assassinat de l’avocat Ali Boumendjel, en sus de la restitution de crânes des chouhada algériens, en attendant d’autres pas dans ce sens, la France porte un nouveau regard sur le génocide commis au Rwanda en 1994 et qui a fait 800.000 morts parmi la minorité tutsi. Là également, dans le même couloir emprunté face à l’histoire commune entre l’Algérie et la France, le président Macron a confié le travail d’investigation historique à une commission qui lui a remis ses conclusions sur les lourdes responsabilités du pouvoir français dans ce génocide, tout en excluant toute notion de complicité ou d’autres considérations qui entraîneraient fatalement des dispositions pénales contre les coupables du génocide et les indemnisations des victimes qui en découleraient. Le tout, sans présenter, donc, les excuses officielles de la France, à propos desquels le président Marcon dira récemment, lors d’une visite à Kigali, que le terme d’excuses n’était « pas approprié », préférant « donner » la reconnaissance de la responsabilité de la France.

    Comme ce fut le cas dans la gestion du dossier mémoriel relatif à la colonisation de l’Algérie, où le rapport remis au président de la République juge que « l’excuse n’est pas la question centrale, ce qui compte ce sont les actes concrets, comme la reconnaissance officielle des crimes ou la déclassification d’archives », selon les propos de l’historien Benjamin Stora, concepteur du rapport lié au dossier.

    Peut-on reconnaître la responsabilité de la France dans le génocide au Rwanda et les crimes commis contre le peuple algérien durant la colonisation sans présenter des excuses aux victimes ou d’Etat à Etat ? Si l’Algérie accompagne la politique des « petits pas » du président français, sans abandonner, par la voix du gouvernement et d’autres voix de la société civile, l’exigence d’excuses officielles de la France, le président rwandais s’en passe, estimant que les propos du président français ont plus de valeurs que des excuses. Un exercice délicat que ce nouveau regard porté par le président français sur l’histoire, qui semble satisfaire toutes les ambitions politiques, la France renouant ses relations bilatérales avec les pays africains, de partenariats surtout, sur de nouvelles bases de franchise, et les autorités des pays concernés gagnant en estime et en popularité sur le plan interne, en attendant de voir ce que sera la réaction des victimes tutsi. Mais, chercher le pardon sans présenter les excuses et sans couvrir le préjudice causé aux victimes, est-ce possible ?

    Le Quotidien d’Oran, 29 mai 2021

    Etiquettes : France, Afrique, crimes coloniaux, Rwanda, Algérie, colonialisme, colonisation, France CFA, FCFA, Françafrique,

  • Turquie : « Avec la Tour, nous mettons fin à la pollution visuelle sur la colline de Çamlica » (Erdogan)

    – « Avec une hauteur de 587 mètres par rapport au niveau du Bosphore, la Tour de Çamlica a acquis le statut de construction la plus haute d’Istanbul. Elle a une vue imprenable sur le Bosphore », s’est félicité le Président turc

    AA / Istanbul

    Le Président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a procédé samedi à l’inauguration de la Tour de Çamlica, une gigantesque tour regroupant des dizaines d’émetteurs TV et radio.

    Le Chef de l’État turc s’est félicité, dans son allocution, de la disparition « de la pollution visuelle » qui surplombait la colline de Çamlica, dans la partie asiatique d’Istanbul.

    En effet, de nombreuses antennes TV et radios étaient installées sur ses hauteurs de la métropole turque.

    Erdogan a d’abord souhaité que cette nouvelle tour de télécommunications soient bénéfiques pour les sociétés du secteur.

    « Nous avons terminé avec succès ce projet qui est un modèle pour notre pays mais aussi pour le monde entier », s’est-il félicité.

    Pour le président turc, cette réalisation est essentielle en matière de protection de l’environnement.

    « Avec la Tour de Çamlica, nous sommes passés au modèle d’unique transmetteur en termes de communication et de diffusion, tout en mettant fin à la pollution visuelle sur la colline de Çamlica », a-t-il argumenté.

    Il en a profité pour ceux qui accusent son gouvernement de ne pas donner d’importance à l’environnement, donnant ainsi de nombreux exemples qui prouvent le contraire : « L’écologie ne se fait pas par la parole, mais par les actes », a-t-il lancé.

    Le président a ensuite donné quelques informations concernant la Tour de Çamlica.

    « Avec une hauteur de 587 mètres par rapport au niveau du Bosphore, la Tour de Çamlica a acquis le statut de construction la plus haute d’Istanbul. Elle a une vue imprenable sur le Bosphore », a-t-il indiqué.

    Cette caractéristique est essentielle du point de vue du potentiel touristique qu’elle représente, d’autant plus que plusieurs activités sociales sont proposées à divers étages de la Tour.

    Avant de conclure, le Chef de l’État a fait allusion à un autre grand projet qui concerne la métropole Istanbul.

    « Fin juin nous entamerons le lancement des travaux pour la construction du Canal Istanbul », a-t-il rappelé. Ce projet, en proposant une nouvelle voie de navigation alternative, vise à sécuriser le Bosphore, ce canal naturel qui relie la Mer Marmara à la Mer Noire, et qui divise en deux Istanbul avec les parties européenne et asiatique.

    Pour Erdogan, avec le Canal, le statut géographique et stratégique d’Istanbul sera renforcé.

    Il a terminé en indiquant que « deux nouvelles villes » vont être construites autour de ce futur canal.

    AA

    Etiquettes : Turquie, Tayyip Erdogan, pollution, climat, réchaffement climatique, Tour de Çamlica, antennes TV et radios, télécommunications,

  • Coronavirus : Accuser la Chine entrave la coopération mondiale anti-épidémique

    L’allégation concernant la « fuite de laboratoire » du nouveau coronavirus entrave la coopération mondiale anti-épidémique et alimente l’intimidation sur internet (Nature)

    LONDRES, 29 mai (Xinhua) — Des allégations non fondées de certains politiciens américains selon lesquelles le nouveau coronavirus se serait échappé d’un laboratoire chinois compliquent la collaboration des nations visant à mettre fin à la pandémie et alimentent l’intimidation sur internet, selon un article récent paru dans la revue scientifique britannique Nature.

    « Même sans preuves solides à l’appui », les appels à enquêter sur les laboratoires chinois ont atteint leur paroxysme aux Etats-Unis, indique l’article, qui ajoute que pour de nombreux chercheurs, le ton des demandes croissantes est troublant, ce qui pourrait contrecarrer les efforts pour étudier les origines du virus.

    Alors que certains politiciens américains affirment sans fondement que le nouveau coronavirus à l’origine de la pandémie s’est échappé d’un laboratoire chinois, les scientifiques affirment que l’hypothèse nécessite une enquête approfondie et indépendante, selon Nature.

    Citant certains scientifiques, l’article indique que « la rhétorique autour d’une fuite présumée d’un laboratoire est devenue si toxique qu’elle alimente l’intimidation sur internet des scientifiques et le harcèlement anti-asiatique aux Etats-Unis, ainsi que des chercheurs et autorités chinois dont la coopération est nécessaire. »

    Afin de freiner la pandémie et préparer le monde aux futures épidémies, des actions, notamment l’expansion de la distribution de vaccins et la réforme des règles de biosécurité, sont nécessaires, relève l’article.

    « Mais de telles mesures nécessitent un large consensus parmi les pays puissants », a déclaré Amanda Glassman, spécialiste de la santé mondiale au Center for Global Development à Washington, cité dans l’article.

    « Nous devons adopter une vue d’ensemble et nous concentrer sur les incitations qui nous mènent là où nous voulons aller », a-t-elle déclaré. « Une approche conflictuelle aggravera les choses ».

    L’escalade des demandes et des allégations contribue à une fracture géopolitique à un moment où la solidarité est nécessaire, a estimé David Fidler, chercheur en santé mondiale au Council on Foreign Relations, un groupe de réflexion américain.

  • L’homme qui a attaqué une policière dans l’ouest de la France s’est radicalisé en prison

    L’homme qui a poignardé et grièvement blessé une policière vendredi dans la ville de La Chapelle-sur-Erdre, dans l’ouest de la France, a été signalé par le personnel pénitentiaire comme ayant été radicalisé en prison, a déclaré une source proche de l’enquête.

    La source a également déclaré que l’homme, qui a été libéré de prison en mars après une condamnation pour violence, souffrait de troubles psychologiques.

    Reuters, 29 mai 2021

    Etiquettes : France, attentat, terrorisme, policière agressée, La Chapelle-sur-Erdre, radicalisme, prison, violence, troubles psychologiques,

  • Maghreb Connection, un livre sur le trafic de cannabis marocain

    Stéphane Sellami co-signe Maghreb Connection aux éditions Robert Laffont. Il est l’invité du 23h de franceinfo jeudi 27 mai.

    Stéphane Sellami co-signe Maghreb Connection aux éditions Robert Laffont. Il est l’invité du 23h de franceinfo jeudi 27 mai. Il revient sur ce phénomène du narco-banditisme né dans les cités qui s’appuie sur le trafic de drogues, principalement cannabis et d’herbe, et qu’on peut situer au carrefour des années 2000 en Île de France et du côté de Marseille. Ca a vraiment son essort de ce côté-là, notament à la mort d’un parrain d’une nouvelle génération qui s’appelait Farid Berama en 2006 à Marseille.

    Au début, le grand banditisme était le braquage et la nouvelle génération s’est emparé du narco-trafic parce que c’est ce qui rapporte de l’argent aujourd’hui. Dans les années 1980-1990, on avait un milieu qui était centré sur les braquages des banques, des fourgons blindés. Puis, ce milieu a évolué. Une nouvelle génération a émergé qui s’appuie, elle, sur ce trafic de drogue.

    Cette nouvelle génération s’est appuyé aussi sur de l’argent provenant des braquanges pour pouvoir financer ces trafics.

    Le trafic qui repose sur la résine de cannabis ou d’herbe, vous avez un producteur qui aujourd’hui c’est le riche marocain. Ce sont des traficants qui s’appuient sur des membres de leurs familles ou des proches qui sont qui, aujourd’hui, sont domiciliés au Maroc. Ce sont surtout des liens familiaux ou claniques.

    C’est une réalité dans ces quartiers gangrénés par le trafic de drogue. C’est un quotidien qui devient très difficile.
    Il y a une difficulté en termes d’emploi, de revenues. Par exemple, Porte de Clignancourt, Michelet, Saint-Ouen, il y a des points de deal qui rapportent, en termes de chiffres d’affaires, entre 45000 et 50000 euros par jour. Ce qui équivaut à 1 million d’euros par mois.

    Stéphane Sellami est co-auteur de l’ouvrage Maghreb Connection. Il est l’invité du 23h de franceinfo jeudi 27 mai. Il documente les quartiers gangrénés par les trafiquants, « on revient sur le phénomène de narcobanditisme qui naît dans les cités et s’appuie sur le trafic de drogue, principalement de cannabis et d’herbe, qui a émergé au carrefour des années 2000 en Ile-de-France et du côté de Marseille ». Petites et moyennes ville de province touchées « On avait un milieu dans les années 1980, 1990 centré sur les attaques de banques, de fourgons blindés et ce milieu a évolué. Une nouvelle génération a émergé s’appuie sur le trafic de drogues », explique l’auteur. La nouvelle génération s’est appuyée sur l’argent provenant des braquages pour favoriser le trafic. « Ce sont aussi des petites villes ou des moyennes villes de province qui sont aujourd’hui atteintes. Ce problème existe depuis plusieurs années », explique l’auteur.

    Etiquettes : France, Maroc, trafic de drogues, cannabis, haschich, kif, banditisme, gangs, crime organisé, braquage, enrichissement illicite, chômage, emploi, discrimination,

  • Ceuta : Le calin qui a secoué la toile

    Est-ce un moment de sympathie ou une menace pour votre existence ?
    La catégorie Imagerie examine comment une image détermine notre perception de la réalité. Cette semaine : L’étreinte d’une bénévole qui est venue la soutenir lors d’attaques racistes.

    À la suite d’un conflit diplomatique entre l’Espagne et le Maroc, au début de la semaine dernière, neuf mille personnes sont arrivées en l’espace de 36 heures à Ceuta, une enclave espagnole qui borde le Maroc. Ils sont venus à la nage, à pied àa travers un gué dans l’eau ou dans des bateaux en caoutchouc, ils se sont échoués épuisés sur la plage de Tarajal. Cela a dû être accablant, une sorte de pièce de théâtre chaotique avec différents groupes de personnes : les migrants, venant du Maroc et d’Afrique subsaharienne, les policiers, les gardes-frontières, les soldats dans leurs véhicules blindés, les photographes, les journalistes, les travailleurs humanitaires. Rétrospectivement, Luna Reyes dira aux journalistes : « Nous n’avons pas été formés pour voir une telle chose ».

    Elle n’était pas préparée à ce qu’elle a vu. Néanmoins, la volontaire de 20 ans de la Croix-Rouge espagnole – queue de cheval haute, élastiques au poignet, petit tatouage sur le bras – a fait ce qu’on attendait d’elle. Elle a aidé les adolescents qui pleuraient sur les derniers mètres à travers la haute marée, elle s’est assurée que les mères avec leurs enfants étaient en sécurité, elle a distribué de l’eau. Elle a posé sa main sur le cou d’un jeune homme blasé, en maillot de bain rouge, originaire du Sénégal. Il a entouré sa taille de ses bras, a posé sa tête contre son épaule et s’est accroché à elle comme si elle était une bouée de sauvetage.

    Le scène n’est pas passé inaperçue. Elle a été filmée par le photographe espagnol de l’AP, Bernat Armangué (42 ans) qui, provenant de Barcelone, était arrivé sur la plage vers midi. Il s’y promène un moment avant de se concentrer sur le groupe de migrants auquel appartient Abdou du Sénégal. Ce dernier s’est effondré, écrit Armangué, lorsqu’il a cru qu’un de ses amis (qui se révélera plus tard être son frère) était en train de mourir, ce à quoi Luna Reyes a tenté de le réconforter. J’ai réalisé que c’était un moment important : la connexion était authentique, un bref moment d’empathie entre deux personnes qui ne se connaissaient pas ».

    Déchets racistes

    Beaucoup de gens pensaient le contraire. Alors que la photo s’est répandue comme une traînée de poudre sur Internet, Luna Reyes (20 ans, volontaire – je le répète) a été bombardée d’insultes racistes, provenant du coté nationaliste de la droite espagnole et de personnes qui étaient « simplement » contrariées par l’arrivée de tant de migrants. Sous le hashtag #GraciasLuna, un contre-mouvement encore plus important a rapidement émergé, présentant Reyes comme la personnification de tout ce qui est bon en Espagne, mais entre-temps, l’étudiante elle-même avait déjà dû mettre ses comptes de médias sociaux en mode privé. Lorsque la télévision espagnole a rendu visite à Abdou, qui avait entre-temps été renvoyé au Maroc, et l’a réuni avec Reyes par vidéoconférence, celle-ci n’a pas voulu être reconnue à l’écran.

    Le photographe Armangué ne s’attendait pas à ce que sa photo déclenche tout cela. Il se trouvait à Ceuta pour faire un reportage sur une crise humanitaire en cours, dit-il par courriel. Les journalistes doivent informer et les citoyens peuvent ensuite décider s’ils veulent être informés. Les photographies, dit Armangué, peuvent déclencher des sentiments intenses. La façon dont vous réagissez dépend de qui vous êtes, de ce que vous croyez et de l’endroit où vous vous trouvez dans votre vie à ce moment-là.

    Vous n’avez pas votre mot à dire sur ce que les gens voient dans les images – même si, en tant que photographe, vous fournissez des légendes aussi précises et journalistiques. Là où l’un voit dans cette étreinte un moment symbolique de l’humanité, un autre y voit une menace personnelle pour son existence. On ne peut rien y faire. Cette petite phrase de Luna Reyes me hante toujours.

    Nous n’avons pas été formés pour voir quelque chose comme ça. Les photos sont tellement omniprésentes que nous oublions parfois que les regarder n’est pas aussi facile que nous le pensons. Regarder, lire, regarder à nouveau et seulement ensuite ouvrir éventuellement en parler – c’est un métier. Il faut s’entraîner à cela.

    De Volkskrant, 28 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, migration, pression migratoire, détresse, empathie, sympathie, migrants, subsahariens, solidarité, bénévolat, Luna Reyes, racisme, extrême droite, xénophobie,

  • L’Espagne refuse de participer aux manœuvres américaines pour éviter de légitimer l’occupation du Sahara

    La défense invoque des raisons budgétaires pour refuser de participer aux exercices du Commandement des États-Unis pour l’Afrique (Africom) dans l’ancienne colonie espagnole.

    L’Espagne a refusé de participer à African Lion 2021, les plus importants exercices militaires jamais organisés en Afrique, qui se dérouleront du 7 au 18 juin au Maroc, en Tunisie et au Sénégal. La Défense a décliné l’invitation du Commandement des États-Unis pour l’Afrique (Africom) en invoquant des raisons budgétaires, mais des sources gouvernementales admettent que la raison sous-jacente est qu’une grande partie de ces exercices, auxquels l’Espagne a participé chaque année, auront lieu pour la première fois au Sahara occidental. L’envoi de soldats espagnols sur place légitimerait l’occupation de l’ancienne colonie par le Maroc.

    Les manœuvres organisées par le Commandement des États-Unis pour l’Afrique (Africom), en coopération avec le Maroc, impliqueront 7 800 soldats de neuf pays, 67 avions (21 de combat et 46 de soutien) et deux composantes navales. Il coûtera 28 millions de dollars.

    Les forces armées espagnoles ont participé chaque année à ces exercices (qui ont été suspendus en 2020 en raison de la pandémie), dont l’objectif est d’améliorer l’interopérabilité des troupes occidentales avec les troupes africaines dans la lutte contre la menace djihadiste, une question qui intéresse au plus haut point l’Espagne. Cependant, cette année, la Défense a décliné l’invitation, affirmant que les ajustements budgétaires l’obligent à donner la priorité aux exercices auxquels elle participe. Et elle n’a même pas envoyé d’observateurs, comme l’ont fait 20 autres pays.

    La raison sous-jacente est que, pour la première fois depuis leur inauguration il y a presque trois décennies, une grande partie des exercices se déroulera dans le Sahara occidental occupé par le Maroc. Envoyer des soldats à ces exercices reviendrait à légitimer l’occupation marocaine 45 ans après le départ des dernières troupes espagnoles de l’ancienne colonie. Rabat a choisi les zones de Tan Tan (au sud du Maroc, en face des îles Canaries, où il dispose d’un camp de manœuvre construit par les États-Unis), Mahbes (au nord-est du Sahara occidental, à un peu plus de 100 kilomètres des camps de réfugiés sahraouis de Tindouf, en Algérie) et Dakhla (l’ancienne Villa Cisneros, au sud-ouest de l’ancienne colonie espagnole) comme sites.

    La tenue du Lion d’Afrique au Sahara occidental est une étape supplémentaire dans la reconnaissance de sa marocanité, entérinée le 10 décembre dernier par l’administration Trump et non remise en cause jusqu’à présent par l’administration Biden, bien qu’elle s’inscrive dans une stratégie à plus long terme.

    En octobre dernier, le chef du Pentagone de l’époque, Mark Esper, a signé à Rabat la « feuille de route » pour la coopération en matière de défense entre les États-Unis et le Maroc pour la décennie 2020-2030 ; un accord à long terme qui contraste avec le fait que l’accord entre l’Espagne et les États-Unis a déjà expiré et est automatiquement prolongé pour des périodes d’un an.

    L’accord entre Washington et Rabat a servi de parapluie pour un important paquet de fournitures militaires américaines qui, selon certains experts, vaut environ 20 milliards de dollars. Sans être exhaustive, la liste des armements américains vendus ces dernières années au Maroc comprend 200 chars de combat Abrams, 20 chasseurs F-16 de dernière génération (plus la modernisation de 23 anciens), 24 hélicoptères d’attaque Apache (avec une option pour 12 autres) et quatre drones armés MQ-9 Sea Guardian.

    Bien que le budget de la Défense du pays maghrébin ait augmenté de 29 % depuis 2019 et absorbe 4,3 % de son PIB, la majeure partie de ce budget sert à payer le personnel, surtout après la réintroduction du service militaire, si bien que de sérieux doutes planent sur le financement de ces achats. « Le grand problème est l’opacité, il n’y a pas de données fiables, mais il est clair que les comptes ne s’additionnent pas », déclare Guillem Colom, coauteur du rapport Le Maroc, le détroit de Gibraltar et la menace militaire pour l’Espagne, de l’Institut pour la sécurité et la culture.

    Ce que l’on sait, souligne-t-il, c’est que l’achat des F-16 a été cofinancé par l’Arabie saoudite, soi-disant en remerciement de sa participation à la guerre au Yémen, au cours de laquelle un F-16 marocain a été abattu. D’autres sources désignent les Émirats arabes unis (EAU), l’un des signataires arabes – avec le Bahreïn – des accords d’Abraham, auxquels le royaume alaouite a adhéré en reconnaissant Israël, comme le financier du réarmement marocain.

    En théorie, l’objectif de la course aux armements marocaine est de disputer l’hégémonie régionale à l’Algérie, qui consacre 6,7 % de son PIB à la défense, mais les sources militaires reconnaissent que l’équilibre avec l’Espagne a également été modifié : il existe des capacités pour lesquelles les deux pays sont presque à égalité et d’autres pour lesquelles le Maroc a pris l’avance technologique. Par exemple, soulignent les mêmes sources, Rabat a acheté la dernière version du missile Harpoon (l’AGM-84L Block II) pour le F-16, la même que la variante navale que l’Espagne veut acquérir pour son futur sous-marin S-81.

    Outre les achats aux Etats-Unis, le Maroc a continué à s’équiper en France (qui lui a fourni ses premiers satellites espions) et même en Chine, où il aurait acheté des missiles anti-aériens, en attendant que Washington accepte de lui fournir des batteries anti-missiles Patriot.

    Après une décennie (2008-2018) au cours de laquelle l’Espagne a paralysé les investissements dans la Défense, des sources militaires soutiennent que « l’avantage militaire que l’Espagne avait sur le Maroc s’est réduit et le facteur de dissuasion que cela représentait s’affaiblit ».

    M. Colom, titulaire d’un doctorat en sécurité internationale, estime également que « si l’écart [de puissance militaire entre les deux pays] se réduit, le calcul stratégique pourrait changer ; et la stabilité du détroit, qui reposait précisément sur ce déséquilibre des forces, pourrait s’affaiblir », prévient-il.

    Les commandants espagnols chevronnés préviennent que le fait de disposer d’un armement de pointe peut ne pas être décisif si l’entretien ou la formation échouent, mais sur cet aspect également, l’armée marocaine semble avoir fait des progrès notables ces dernières années, comme en témoigne l’assassinat, à l’aide d’un drone, du chef de la Garde nationale sahraouie, Adaj el Bendir, début avril. Les fréquentes manœuvres avec les États-Unis leur permettent également de mettre à jour leurs procédures.

    Le changement d’attitude de Washington est devenu évident dans la crise de Ceuta, déclenchée par l’entrée irrégulière de plus de 8 000 immigrants. Si en 2002, après la prise de Perejil, les Etats-Unis ont prêté main forte à l’Espagne, tandis que l’UE restait sur la touche, cette fois-ci Madrid a reçu le soutien de ses partenaires européens face à un Washington équidistant, qui s’est contenté d’inviter les deux parties à trouver un accord. Il est probable, prévient Colom, que ce soit la position des Etats-Unis à l’avenir, étant donné le rôle croissant du Maroc dans leur stratégie de sécurité.

    Le contingent espagnol au Mali s’élève à 530 soldats

    L’Espagne a porté son contingent au Mali à 530 soldats, le maximum approuvé en décembre dernier par le Conseil des ministres, contre 278 il y a un an. Le général espagnol Fernando Gracia commande la mission européenne (EUTM Mali), qui est passée d’un entraînement statique sur la base de Kulikoro à des patrouilles mobiles, qui accompagnent les forces maliennes.

    Pour faciliter le déploiement, l’Allemagne a proposé de construire une nouvelle base à Sevare, à plus de 600 kilomètres au nord-est de la capitale, Bamako. L’Espagne a promis d’envoyer deux hélicoptères de transport NH-90.

    La situation reste très dangereuse, de grandes parties du nord et de l’est du pays étant en proie à des violences ethniques alimentées par des djihadistes et des criminels. À cela s’ajoute l’instabilité du gouvernement, qui a connu lundi dernier « un coup d’État dans un coup d’État », selon les termes du président français Emmanuel Macron.

    El Pais, 29 mai 2021

    Etiquettes : Espagne, Sahara Occidental, Maroc, African Lion, Africom, exercices militaires, lutte antiterroriste,