Catégorie : Monde

  • France. Le nœud gordien

    Tags : France, retraites, pensions, Emmanuel Macron,

    par Abdou BENABBOU


    Le dilemme dans lequel est empêtrée la société française, à l’instar d’une pléthore de sociétés humaines, tout en étant clair n’est pas simple. Le feu mis à la poudre du projet de réforme des retraites imposé par le gouvernement français contre lequel se sont soulevés des millions de travailleurs ne fait que souligner cette complexité avec une acuité tonitruante.

    Augmenter les impôts et aller à la tétée de subsides financiers dans la bourse des consortiums ou rogner sur les retraites pour réguler son économie n’est pas un choix simple pour les dirigeants français. Le problème incontournable est ainsi posé. L’inadéquation des salaires, l’enfer du coût de la vie, l’inflation, la crise ne sont que des effets d’une situation compliquée qui est à placer au haut niveau d’une véritable guerre économique mondiale. Les conflits armés et l’indocilité de la nature se joignent aux pires agrégats sciemment fabriqués pour que la terre soit empêchée de se garantir une normalité.

    Le gouvernement ne tient pas à contrarier les magnats du CAC 40 par crainte d’affaiblir des acteurs engagés dans un bras de fer économique planétaire où tous les coups sont permis. Dans sa stratégie, décrié et accusé de ménager les riches, il est convaincu que se rabattre sur ce qu’il considère comme des fers de lance de la production française affaiblira la consommation, amoindrira l’investissement et multipliera la délocalisation. De fait, le calcul des autorités françaises se plie aux règles implacables de l’économie libérale desquelles surviennent toutes les tares et les profondes déconvenues sociales que vit aujourd’hui le monde entier.

    En conséquence, l’ensemble des données du problème sont alambiquées pour que le lot des lourdes vicissitudes engendrées soit hérité par le bas de l’échelle sociale que constitue le monde du travail. Le nœud gordien est au centre d’une économie mondiale à la limite de la sauvagerie qui fait de l’espèce humaine de simples outils corvéables à merci.

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    #France #Retraite #Pension

  • L’Iran et l’Arabie Saoudite enterrent la hache de guerre

    Tags : Arabie Saoudite, Iran, Chine, Russie, Yémen,

    -L’Arabie saoudite a blâmé l’Iran pour les attaques, ce que l’Iran nie
    -La Chine salue l’accord comme une victoire du dialogue
    -Accord annoncé après quatre jours de pourparlers à Pékin

    DUBAÏ, 10 mars (Reuters) – L’Iran et l’Arabie saoudite ont convenu vendredi de rétablir leurs relations après sept années d’hostilité qui avaient menacé la stabilité et la sécurité dans le Golfe et contribué à alimenter les conflits au Moyen-Orient, du Yémen à la Syrie.

    L’accord a été annoncé après quatre jours de pourparlers jusque-là non divulgués à Pékin entre les hauts responsables de la sécurité des deux puissances rivales du Moyen-Orient.

    Téhéran et Riyad ont convenu de reprendre leurs relations diplomatiques et de rouvrir leurs ambassades dans un délai de deux mois, selon un communiqué publié par l’Iran, l’Arabie saoudite et la Chine. « L’accord comprend leur affirmation du respect de la souveraineté des États et de la non-ingérence dans les affaires intérieures », a-t-il déclaré.

    Ces dernières années, l’Arabie saoudite a accusé l’Iran d’avoir lancé des attaques de missiles et de drones contre les installations pétrolières du royaume en 2019, ainsi que des attaques contre des pétroliers dans les eaux du Golfe. L’Iran a nié les accusations.

    Le mouvement Houthi du Yémen aligné sur l’Iran a également mené des attaques transfrontalières de missiles et de drones contre l’Arabie saoudite, qui dirige une coalition combattant les Houthis, et en 2022 a étendu les frappes aux Émirats arabes unis.

    L’accord de vendredi, signé par le haut responsable iranien de la sécurité, Ali Shamkhani, et le conseiller saoudien à la sécurité nationale Musaed bin Mohammed Al-Aiban, a convenu de réactiver un accord de coopération en matière de sécurité de 2001, ainsi qu’un autre pacte antérieur sur le commerce, l’économie et l’investissement.

    Le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi a décrit l’accord comme une victoire pour le dialogue et la paix, ajoutant que Pékin continuerait à jouer un rôle constructif dans la résolution des problèmes mondiaux difficiles.

    Un porte-parole de la sécurité nationale de la Maison Blanche a déclaré que les États-Unis étaient au courant des informations faisant état de l’accord et saluaient tous les efforts visant à mettre fin à la guerre au Yémen et à désamorcer les tensions au Moyen-Orient.

    Les liens stratégiques de longue date entre l’Arabie saoudite et les États-Unis ont été tendus sous l’administration du président Joe Biden en raison du bilan du royaume en matière de droits de l’homme, de la guerre au Yémen et, plus récemment, des liens avec la Russie et la production pétrolière de l’OPEP+.

    En revanche, les liens croissants de l’Arabie saoudite avec la Chine ont été mis en évidence par la visite très médiatisée du président Xi Jinping il y a trois mois.

    « ALLER DANS LA BONNE DIRECTION »
    L’Iran et l’Arabie saoudite, respectivement les deux principales puissances musulmanes chiites et sunnites au Moyen-Orient, sont en désaccord depuis des années et ont soutenu des camps opposés dans des guerres par procuration du Yémen à la Syrie et ailleurs.

    L’Arabie saoudite a rompu ses relations avec l’Iran en 2016 après que son ambassade à Téhéran a été prise d’assaut lors d’un différend entre les deux pays au sujet de l’exécution par Riyad d’un religieux musulman chiite.

    La normalisation des relations offre de grandes perspectives pour les deux pays et pour le Moyen-Orient, a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amirabdollahian, faisant allusion à de nouvelles étapes.

    « La politique de voisinage, en tant qu’axe clé de la politique étrangère du gouvernement iranien, évolue fortement dans la bonne direction et l’appareil diplomatique est activement derrière la préparation de mesures plus régionales », a tweeté Amirabdollahian.

    Un haut responsable iranien a déclaré que la résolution des tensions avec l’Arabie saoudite était devenue une priorité absolue pour Téhéran ces derniers mois et aiderait à résoudre les pourparlers de longue date sur le programme nucléaire iranien.

    « Cela encouragera l’Occident à conclure un accord nucléaire avec l’Iran », a déclaré le responsable à Reuters.

    L’Arabie saoudite et ses alliés ont longtemps pressé les puissances mondiales de répondre à leurs craintes concernant les programmes de missiles et de drones de l’Iran dans leurs efforts pour relancer un accord nucléaire de 2015 avec Téhéran.

    Cinzia Bianco, chercheuse au Conseil européen des relations étrangères, a déclaré que Riyad cherchait des garanties de sécurité auprès des Iraniens, ce qui pourrait avoir été résolu par la réactivation de l’accord de sécurité de 2001.

    L’Iran a peut-être également répondu positivement aux appels de Riyad pour qu’il « pousse activement les Houthis à signer un accord de paix avec l’Arabie saoudite qui libère les Saoudiens de la guerre au Yémen qui est devenue un bourbier », a déclaré Bianco.

    « Si ces deux (problèmes) sont en place, je suis confiant et positif quant à l’accord. »

    Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan Al Saud, a déclaré en janvier que des progrès étaient réalisés pour mettre fin au conflit au Yémen.

    En réponse à l’annonce de vendredi, le ministre des Affaires étrangères d’Oman, Badr Albusaidi, a déclaré sur Twitter que la reprise des relations diplomatiques saoudo-iraniennes était « gagnant-gagnant pour tout le monde et bénéficiera à la sécurité régionale et mondiale ».

    Oman et l’Irak ont ​​accueilli des pourparlers entre l’Iran et l’Arabie saoudite en 2021 et 2022.

    Reuters

    #Iran #Arabie_Saoudite #Chine #Russie #Yémen

  • Scandal in the EP: why were friendship groups abolished?

    Tags : European Parliament, corruption, Antonio Panzeri, Eva Kaili, Francesco Giorgi, Morocco, DGED, Moroccan secret services, Mohamed Bellahrach,

    By Benoît Collombat, Investigation Unit of Radio France, Pauline Hofmann, Le Soir

    The corruption scandal rocking the European Parliament has highlighted the ambiguous role played by friendship groups. With the Belgian newspaper Le soir, the investigation unit of Radio France examined the actions carried out by one of them.

    One of the first concrete effects of Qatar-Moroccogate was the abolition of friendship groups within the European Parliament . MEP (socialist passed to La République en Marche) from 2009 to 2019, Gilles Pargneaux chaired the European Union-Morocco friendship group during his two terms. His name resurfaced in the press , on the sidelines of this corruption scandal.  » He was not ashamed to present himself as personal adviser to His Majesty the King « , affirms the former Portuguese deputy Ana Gomès who rubbed shoulders with him within the socialist group.  » He was almost ambassador – without the title – of Morocco, and he was very proud of it « , confirms an elected French socialist.

    “ I never presented myself as His Majesty’s adviser ,” replies Gilles Pargneaux, who explains himself publicly for the first time since the affair broke out. “ I have never seen His Majesty King Mohamed VI. I never met him personally. I did not defend the interests of Morocco. I was the president of the European Union – Morocco friendship group… which was not an enmity group .”

    Links with a Moroccan lobbyist

    When we meet him in an opulent hotel in Lille, the man does not hide the personal link that unites him to Morocco: married to a Franco-Moroccan, he received in February 2013 the equivalent of the Moroccan Legion of Honor “ on the high instruction of His Majesty Mohammed VI ”. “ Morocco must have an increased presence ” in the European Parliament, he explained at the time . Leaked Moroccan diplomatic documents indicate that the Moroccan authorities appreciated his action and his positions. “ I’m delighted , replies Gilles Pargneaux.This means that, in the eyes of the Moroccans, we were doing a facilitator’s job which seemed efficient to them. This role was also highlighted by representatives of the European Union (EU) .”

    In 2017, Gilles Pargneaux also took part in a debate in the European Parliament, in the presence of Kaoutar Fall, the general manager of a Moroccan lobbying agency expelled seven months later by the Belgian authorities who consider her “ actively involved in activities of intelligence for the benefit of Morocco ”. “ I was taken in, in good faith ,” explains Gilles Pargneaux. “ She had asked me to sponsor her. I contacted the ambassador of the Kingdom of Morocco to the European institutions. He told me that there was no problem with her and that he himself would participate in her conference .

    A foundation and a lobbying firm at the same address

    In 2018, Gilles Pargneaux created the Euromeda Foundation , with the Moroccan Mohamed Cheikh Biadillah (elected to the House of Councilors in Morocco and president of the Morocco-European Union parliamentary friendship group) and the Frenchman Alain Berger from the lobbying firm Hill & Knowlton . “ We were recognized as being of public utility by royal decree in August 2018 and simply organized two meetings that year in connection with the Moroccan think tank Policy center for the New South ”, explains Gilles Pargneaux. “ I made an administrative error by putting Euromeda’s head office at the same address as Hill & Knowlton » , explains Alain Berger.  » I changed it after three months. We said to ourselves that there was a need for a foundation to improve the relationship between Africa and Europe with a particular Moroccan pivot. The purpose of this foundation was not to influence European politics, but to find aid projects in Africa with training programs, twinning, exchange of materials and the training of women imams. ”

    For the NGO Western Sahara Resource Watch (WSRW) based in Brussels, on the other hand, Euromeda is similar to a lobbying structure in favor of Morocco . “ The concept was supported by a number of Moroccan personalities ,” replies Alain Berger. “ But it was never encouraged by the Moroccan government .”  » It had nothing to do with the desire to be Morocco’s lobbyists « , also affirms Gilles Pargneaux, who specifies that  » since 2019, the Foundation has been put on hold  » for lack of financial partnerships.

    At the end of 2018, the Foundation was splashed by the forced resignation of French MEP Patricia Lalonde , author of a report on the trade agreement between the EU and Morocco. She had been criticized for her work deemed biased in favor of Rabat, after traveling to Morocco and Western Sahara in September 2018 with two other MEPs. “ The program for this mission was quite dubious” , testifies the Finnish MEP Heidi Hautala who was present on the spot.Morocco clearly wanted to show that the local population derives great benefits from trade agreements with the European Union. We were treated to a totally one-sided presentation of things. There was absolutely no question in our program of meeting the independent human rights organizations representing the Sahrawi people. When I wanted to meet some, the Moroccan police blocked it .”

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=cgEEurQA4ds&w=560&h=315]

    But above all, the press will reveal that while being a MEP, Patricia Lalonde was part of the board of directors of Euromeda.  » I did not know at the time that she had left with a delegation of deputies for the Sahara « , explains Gilles Pargneaux, specifying that the European Parliament’s ethics committee concluded that there was no violation of the code of conduct. “ Her report was good, but faced with pressure from members of the Sahrawi intergroup, she resigned. As president of the foundation, I was the victim of a cabal ,” laments the Renaissance MEP.

    Trips to luxury hotels

    Beyond the case of Patricia Lalonde, the former Portuguese socialist MEP Ana Gomès believes that certain trips at the time were also problematic. “ It seemed clear that they were not paid by Parliament ,” said Ana Gomès. “ These were trips that suited Morocco and included going to fantastic hotels. Several times, Gilles Pargneaux asked me why I didn’t come .

    “ I never proposed to Ms. Gomès to come as part of a friendship group trip. And I have always respected the rules laid down by the European Parliament ”, replies Gilles Pargneaux who says he wants to sue the former MEP. “ The trips were funded from our allowances and publicly reported. These were professional and political trips. No personal trips .” He adds: “ Of course, we were welcomed by the Moroccan authorities for accommodation. But we weren’t in five-star hotels . »

    This question of the financing of MEPs’ travel remains unresolved in Parliament since travel financed by third parties is always authorised… Provided it is declared. Speaker of Parliament Roberta Metsola, herself pinned down for an undeclared trip to Israel , is not yet proposing to fundamentally change the system, after denouncing ‘ an attack on European democracy ‘ when the scandal came to light of corruption concerning its vice-president, Eva Kaili. As for any gifts received by the Moroccan authorities, Gilles Pargneaux assures that he has in all and for all received “ four or five courtesy presents, less than 150 euros”, which is the legal limit set by the European Parliament.

    The former MEP now works for a consultancy firm in France (P&B Partners) and as a senior advisor at Hill & Knowlton which he says worked for Morocco twice ‘in 2011 and 2016 ‘ . . “ It is perhaps a token of recognition of my professional activity ”, comments the former MEP. “ The context of our mission was to redress the disastrous image of Morocco, after the attacks, with European and Belgian institutions. Our contract was made with the Moroccan ambassador to the EU. Then the Moroccan authorities decided to work with another agency ,” explains a source within Hill & Knowlton.

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    Qatargate #Maroc #Marocgate #Parlement_Européen #Antonio_Panzeri #Francesco_Giorgi #EuromedA #Gilles_Pargneaux #Fight_Impunity #No_peace_no_Justice

  • Derrière le Qatargate, le Marocgate

    Tags : Parlement Européen, Antonio Panzeri, Eva Kaili, Francesco Giorgi, DGED, Mohamed Bellahrach, Maroc,

    Soupçons de corruption au parlement européen : derrière le Qatar, le Maroc

    Le Qatar et le Maroc ont-ils réussi à acheter la bienveillance de plusieurs parlementaires européens ? La cellule investigation de Radio France et le journal belge Le Soir dévoilent les coulisses de ce scandale qui ébranle la démocratie européenne.

    “Tout s’est bien passé. On nous a fait passer comme des VIP !”

    “Vous avez vu les boîtes ?”

    “Oui, on les a vues. Il a ajouté/mis quelques produits dans les sacs avant de partir.”
    Ce 4 juin 2022, les agents du renseignement belge ne perdent pas une miette de la conversation très codée qu’ils interceptent entre l’ancien eurodéputé socialiste italien Pier Antonio Panzeri et son épouse alors en déplacement au Maroc. Elle vient d’y rencontrer Abderrahim Atmoun, aujourd’hui ambassadeur du Maroc en Pologne. Et pour les enquêteurs, les “produits” évoqués par l’épouse Panzeri seraient de l’argent remis par le diplomate marocain. Plus tard, ils retrouveront 600.000 euros en liquide au domicile bruxellois de Pier Antonio Panzeri et 17.000 euros chez lui en Italie. “L’argent gagné pour le compte du Maroc est transféré presque certainement par des enveloppes d’argent liquide transmises par [Abderrahim, ndlr] Atmoun”, écrivent dans une note les services secrets belges.

    “Monsieur Atmoun ramenait de temps à autre de l’argent, mais pas de manière régulière”, expliquera de son côté sur procès-verbal un ancien collaborateur de Pier Antonio Panzeri, Francesco Giorgi, en décembre 2022. “Monsieur Atmoun venait à Bruxelles ou on se déplaçait chez lui, dans son appartement, à Paris. Quand on allait chercher de l’argent, on disait qu’on allait chercher des cravates ou des costumes”, précise Francesco Giorgi.

    Le contre-espionnage marocain suspecté

    Les services de sécurité belges ont été alertés en 2021 par cinq services de renseignement européens. Depuis, ils soupçonnent l’ex-eurodéputé Pier Antonio Panzeri d’être la cheville ouvrière d’un vaste réseau d’ingérence et de corruption œuvrant au sein des institutions européennes. En juillet 2022, ils transmettent le résultat de leurs investigations au procureur fédéral belge. Ce dernier ouvre une enquête pour corruption et blanchiment d’argent en bande organisée qu’il confie au juge Michel Claise.

    Pour les services de renseignement belges, “il existe au sein des institutions européennes, un réseau impliquant un lobbyiste, plusieurs parlementaires européens et des assistants parlementaires [qui] travaillent de manière clandestine afin d’influencer les décisions des institutions de l’Union européenne en faveur du Maroc d’une part et du Qatar d’autre part.” C’est ce qu’ils écrivent dans une note déclassifiée. Ils précisent : “Des sommes considérables (plusieurs millions d’euros) sont payées clandestinement, en liquide, par le Maroc et le Qatar.”

    Au cœur de ce réseau, “une équipe de trois Italiens” aurait été particulièrement active. Elle se compose d’abord de Pier Antonio Panzeri. Ce personnage incontournable du Parlement européen a présidé la délégation pour les relations avec les pays du Maghreb ainsi que la sous-commission aux droits de l’Homme. Il a également co-présidé la commission parlementaire mixte Maroc-Union européenne. Dans ce petit groupe, on trouve aussi l’eurodéputé italien Andrea Cozzolino, et l’attaché parlementaire Francesco Giorgi (compagnon de la vice-présidente grecque du parlement Eva Kaili), qui a travaillé successivement pour l’un et pour l’autre.

    “Cette équipe est pilotée par un officier de la DGED [le contre-espionnage marocain] basé à Rabat, Mohammed B., estime le renseignement belge. Connu (…) depuis 2008 pour des activités d’ingérence en Belgique, il a aussi été actif en France, où il est poursuivi pour corruption d’agents publics à cause du recrutement d’un fonctionnaire de la police des frontières.” Comme l’avait révélé le journal Libération en 2017, Mohammed B. avait effectivement été soupçonné d’avoir corrompu un policier français (avec de l’argent et des voyages) afin d’obtenir l’identité de personnes “fichées S” pour le compte du Maroc.

    Une infiltration des travaux parlementaires ?

    Mais il ne se serait pas arrêté là. “Mohammed B a aussi obtenu des renseignements sur les déplacements en France de ministres algériens, l’Algérie étant la puissance voisine et rivale de Rabat, explique le journaliste Pierre Alonso, coauteur de l’enquête pour Libération. Il a également pu découvrir grâce à sa taupe au sein de la police ce que les services français savaient sur lui. On est plus proche d’une opération d’espionnage visant la France que d’une action de lutte contre le terrorisme.”

    Cinq ans plus tard, le même agent marocain se retrouverait donc au cœur des soupçons d’ingérence visant les institutions européennes. Pour les enquêteurs belges, “la coopération entre Cozzolino, Panzeri et Giorgi avec les services de renseignements marocains ne fait aucun doute. Tous prennent leurs ordres le plus souvent d’Atmoun. Ils sont aussi en contact direct avec (…) le directeur général de la DGED [le renseignement marocain, ndlr]. (…) L’équipe (…) fonctionne avec une discrétion qui dépasse la simple prudence, évitant de paraitre trop ouvertement pro-marocain au sein du Parlement européen, utilisant un langage codé et cachant l’argent liquide dans leur appartement.” Toujours selon le renseignement belge, l’accord avec la DGED aurait formellement été conclu en 2019.

    Les enquêteurs s’interrogent aussi sur une possible infiltration de travaux parlementaires susceptibles d’intéresser le Maroc, notamment ceux qui concernent l’utilisation du logiciel Pegasus. “Nous avons relevé que [Andrea] Cozzolino aurait été nommé à la Commission parlementaire spéciale sur le programme Pegasus en janvier 2022 et [Eva] Kaili à la vice-présidence suite au soutien de Pier Antonio Panzeri, notent les policiers belges le 20 juillet 2022. (…) Monsieur Panzeri étant soupçonné de travailler pour le compte du Maroc, ces nominations semblent suspectes.”

    Le Maroc, lui, a toujours fermement démenti avoir le moindre lien avec ce scandale de corruption autour du Parlement européen. Contactés, l’avocat français du Maroc et l’ambassadeur du Maroc à Bruxelles n’ont pas répondu à nos sollicitations.

    Le Sahara occidental, un enjeu crucial

    Pourquoi un tel réseau aurait-il été mis en place auprès des institutions européennes par les services marocains ?

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    #Qatargate #Maroc #Marocgate #Parlement_Européen #Antonio_Panzeri #Francesco_Giorgi

  • Pays Bas : le suspect de Marengo pourrait être extradé vers le Maroc

    Tags : Maroc, Pays Bas, Achraf B., Marengo,

    Un Néerlandais de 29 ans pourrait être extradé vers le Maroc. C’est ce qu’a décidé jeudi le tribunal du centre des Pays-Bas. Le Maroc a demandé l’extradition du Néerlandais. Le ministre de la Sécurité Dilan Yesilgöz (VVD) doit finalement prendre une décision.

    L’homme est un suspect aux Pays-Bas dans le soi-disant procès Marengo. Le ministère public a requis une peine d’emprisonnement à perpétuité contre lui l’année dernière. Au Maroc, il est soupçonné d’être impliqué dans un « affreux meurtre », entre autres.

    Le Néerlandais dit qu’il est innocent. Selon lui, la persécution par le Maroc est basée sur des motifs politiques. Il dit qu’il y a « une violation manifeste du droit à un procès équitable » dans ce pays. Le juge voit les choses différemment et déclare que le Maroc justifie la demande d’extradition « avec les bons documents ».

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    #Maroc #Pays_Bas #Marengo

  • Affaire BFMTV: M’Barki devant une enquête parlementaire

    Tags : France, BFMTV, Rachid M’Barki, lobbying, Maroc, Team Jorge, désinformation,

    Licencié récemment pour avoir utilisé la chaîne au profit du Maroc, l’ex-journaliste de BFM TV, Rachid M’Barki, sera entendu prochainement par une Commission d’enquête parlementaire française.

    « Le journaliste Rachid M’Barki, licencié pour faute grave par la direction de la chaîne BFM TV le 22 février dernier, sera bientôt entendu par la Commission d’enquête relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères », a rapporté le site d’information « Puremedias ».

    Le même média précise que ladite commission est présidée par le député RN Jean-Philippe Tanguy.

    « En auditionnant le journaliste, les députés souhaitent étudier les potentielles ingérences étrangères qui pourraient infiltrer les médias français », a ajouté le même média.

    Il s’agit, également, a ajouté ce même média, « de déterminer si des acteurs étrangers influencent de quelque manière que ce soit la vie politique et économique nationale ».

    Le président de la commission parlementaire a, toutefois, affirmé à « Puremedias », que « l’assemblée nationale avait tenté de joindre Rachid M’Barki une première fois, sans succès », et que « pour l’heure aucune date d’audition n’a donc été convenu avec l’ex présentateur ».

    La direction de BFMTV reprochait à Rachid M’Barki particulièrement la diffusion d’un sujet relatif à un forum économique entre le Maroc et l’Espagne organisé en juin 2022, et dans lequel le présentateur franco-marocain de 54 ans défend les thèses du Makhzen concernant le Sahara occidental.

    #France #BFMTV #Maroc #Rachid_Mbarki #Team_Jorge #Ingérence #Lobbying #Médias #Désinformation

  • Qatargate: Il y avait trop d’argent, une partie jetée -Panzeri-

    Tags : Qatargate, Maroc, Parlement Européen, Antonio Panzeri, Francesco Giorgi, corruption,

    Les révélations qu’Andrea Panzeri a faites aux enquêteurs du parquet fédéral belge lors des deux interrogatoires auxquels il a été soumis commencent à filtrer dans la presse internationale. La télévision allemande Deutsche Welle a visionné le procès-verbal de l’enquête du Qatargate et rendu publiques diverses informations divulguées par l’ancien député européen Article 1, qui a conclu un accord avec les autorités belges pour une réduction de peine de cinq à un an en échange d’une une confession.

    Panzeri a pratiquement tout dit sur le réseau de corruption mis en place par le Qatar pour orienter les jugements du Parlement européen sur la question des droits de l’homme. La ronde des pots-de-vin avait même commencé en 2014, avec le Maroc comme protagoniste, mais elle est devenue plus « sérieuse » avec l’entrée du Qatar, qui a passé un accord très lourd avec Panzeri et son adjoint Francesco Giorgi : c’était un million d’euros chacun pour 2018 et 2019.

    Panzeri a déclaré que la majeure partie de l’argent provenait d’un homme d’affaires turc et de son avocat à Londres. Même à un certain moment, les pots-de-vin devinrent « ennuyeux » car ils étaient trop nombreux : Panzeri ne savait plus quoi faire de tant d’argent, décidant un jour d’ en jeter dans une poubelle en rentrant chez lui. Il y a aussi une autre anecdote curieuse révélée par Panzeri : une fois 15 000 euros en espèces ont été volés dans sa valise alors qu’il se trouvait dans un train Paris-Bruxelles.

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    #Qatargate #Maroc #Parlement_Européen #Eva_Kaili #Antonio_Panzeri #Francesco_Giorgi #Qatar #Marocleaks #Mohamed_Belahrach #Moroccogate

  • Les commis-voyageurs pro-israéliens du Parlement européen

    Tags : Maroc_Qatargate, Israël, Lobbying, Parlement Européen, corruption,

    Qatargate et Marocgate ont mis à jour les douteuses stratégies d’influence de ces pays au Parlement européen. Qu’en est-il d’Israël ? Plusieurs discrets lobbys sont à l’œuvre à Bruxelles pour inviter en Israël des élus et faire passer des messages contradictoires avec la politique officielle de l’Union européenne, notamment sur les colonies. Et ça marche : Israël est, avec l’Inde, en tête des destinations favorites des eurodéputés.

    NATHALIE JANNE D’OTHÉE

    Eurodéputé néerlandais conservateur, (membre du groupe des Conservateurs et réformistes européens – CRE), Bert-Jan Ruissen, 51 ans, est un partisan engagé d’Israël, prompt à afficher bruyamment son soutien sans réserve sur les réseaux sociaux. Vice-président de la délégation des relations avec Israël au Parlement européen (D-IL), il défend sans nuances la colonisation israélienne et reprend systématiquement les éléments de langage sur les « terroristes » palestiniens. Ce que l’on ne sait pas, c’est qu’une organisation très discrète basée à Washington, l’Israel Allies Foundation, qui n’est pas répertoriée dans le registre de transparence du Parlement européen et n’a pas de bureaux à Bruxelles, a pris en charge deux voyages en Israël de cet eurodéputé, en décembre 2019 et mars 2022.

    En 2019, le député s’est même rendu dans les colonies, pourtant non reconnues par l’Union européenne. Présidée par Dave Weldon, un ancien représentant de Floride au Congrès, L’Israel Allies Foundation est une organisation de chrétiens évangélistes qui « considèrent l’État moderne d’Israël comme l’accomplissement des promesses prophétiques de Dieu concernant la terre d’Israël pour le peuple juif » et qui se donne pour mission « d’éduquer et de responsabiliser les législateurs pro-israéliens ». Tout un programme…

    « L’IMPORTANCE DE RELATIONS ÉTROITES ENTRE L’EUROPE ET ISRAËL »

    Si l’Israel Allies Foundation n’est pas représentée à Bruxelles, trois autres organisations le sont, et financent régulièrement des voyages en Israël pour les eurodéputés : l’European Leadership Network (Elnet), très active également en France, le Transantlantic Institute et le B’nai B’rith Europe. Si ces trois organisations sont officiellement indépendantes du gouvernement israélien, elles en défendent invariablement les politiques, suivant un agenda clairement nationaliste. Les objectifs affichés sur leurs sites web respectifs le confirment. L’European Leadership Network (Elnet) est un réseau qui « réunit des dirigeants qui croient en l’importance de relations étroites entre l’Europe et Israël, fondées sur des valeurs démocratiques partagées et des intérêts communs ».

    Le Transatlantic Institute est l’émanation européenne du très connu American Jewish Committee (AJC) qui se présente comme « la principale organisation mondiale de défense des droits des Juifs » et dont l’objectif est de « combattre l’antisémitisme et toutes les formes de haine, renforcer la place d’Israël dans le monde et défendre les valeurs démocratiques ». La branche AJC Project Interchange a la charge de l’organisation des voyages, notamment le Transatlantic Institute.

    Enfin, le B’nai B’rith est la plus vieille organisation juive connue et dit « lutter contre l’antisémitisme, le BDS et la négation de l’Holocauste » tout en « défendant les intérêts d’Israël ». Pour rappel, le mouvement Boycott, désinvestissement sanctions (BDS) a été lancé en 2005 par une grande majorité de la société civile palestinienne et a pour objectif de pousser Israël à se conformer au droit international par l’utilisation de méthodes non violentes. Il s’inspire directement des campagnes pacifiques ayant soutenu la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud. Le mettre sur le même pied que la lutte contre l’antisémitisme et la négation de l’Holocauste en dit long sur le programme de l’organisation.

    EN TÊTE DES DESTINATIONS PRÉFÉRÉES DES EURODÉPUTÉS

    Selon les informations trouvées dans les déclarations des eurodéputés, il semblerait que ces trois organisations aient organisé six voyages en Israël pour des eurodéputés depuis octobre 2019 : trois par Elnet, deux par l’AJC Project interchange et un par le B’nai B’rith. Une performance remarquable, car la période a été marquée par une impossibilité de voyager pendant tout 2020 et une partie de 2021 en raison de la pandémie de Covid-19. Enquêtant sur les suites du Qatargate et du Marocgate au Parlement européen, le journal belge Le Soir publiait lundi 13 février 2023 une enquête approfondie sur les voyages des eurodéputés payés par des tiers. Un article signé par Pauline Hoffman mettait le focus sur Israël, destination préférée des eurodéputés avec l’Inde. Il est rare que l’influence d’Israël au Parlement européen soit abordée dans la presse dans le cadre du Qatargate. Or cette influence est bien réelle, comme l’avait déjà montré un article de Grégory Mauzé publié par Orient XXI en janvier 2019, qui analysait l’activisme à Bruxelles des groupements favorables à Israël.

    Pour réaliser son enquête, Le Soir a épluché toutes les déclarations de voyages financés par des tiers déposées par les eurodéputés. Sur les 328 déclarations de voyages analysées, 30 avaient pour destination Israël. Cent quinze nuits ont été offertes à des eurodéputés dans des hôtels de luxe en Israël.

    Infographie Le Soir, 13 février 2023

    Liste des eurodéputés ayant voyagé en Israël entre le dernier trimestre 2019, 2021 et 2022

    Date du voyageNomGroupePays
    octobre 2019Niclas HerbstPPEAllemagne
    Dietmar KösterS&DAllemagne
    David LegaPPESuède
    décembre 2019Bert-Jan RuissenCREPays-Bas
    novembre 2021Jens GiesekePPEAllemagne
    Andreas SchwabPPEAllemagne
    Assita KankoCREBelgique
    Elena YonchevaS&DBulgarie
    Isabel Benjumea BenjumeaPPEEspagne
    Juan Ignacio Zoido ÁlvarezPPEEspagne
    Andrus AnsipRenewEstonie
    Manolis KefalogiannisPPEGrèce
    David LegaPPESuède
    Ljudmila NovakPPESlovénie
    mars 2022Bert-Jan RuissenCREPays-Bas
    mai 2022Antonio López-Isturíz WhitePPEEspagne
    octobre 2022Javier ZarzalejosPPEEspagne
    Sven MikserS&DEstonie
    Lorant VinczePPERoumanie
    Asger ChristensenRenewDanemark
    José Ramon Bauza DiazRenewEspagne
    Anna-Michelle AsimakopoulouPPEGrèce
    Edina TóthNon inscritsHongrie
    Isabel Wiseler-LimaPPELuxembourg
    novembre 2022David LegaPPESuède
    Antonio López-Isturíz WhitePPEEspagne
    décembre 2022Karlo ResslerPPECroatie
    Leopoldo López GilPPEEspagne
    Inese VaiderePPELettonie
    Romana TomcPPESlovénie

    LES COLONIES AU PROGRAMME DES VISITES
    Au-delà d’entretiens variés avec des interlocuteurs gouvernementaux et politiques israéliens, la sécurité d’Israël est centrale dans tous les programmes de voyage. Les eurodéputés ont ainsi l’occasion de visiter les tunnels construits par le Hezbollah à la frontière nord avec le Liban ou encore de visiter la région qui borde la bande de Gaza. Ils font des tours en hélicoptère vers la frontière israélo-libanaise ou au-dessus de Jérusalem. Ils reçoivent également des briefings sur la menace iranienne ou sur le financement du terrorisme. Il n’est étonnamment jamais question de la sécurité des populations palestiniennes, dont la responsabilité selon le droit international revient pourtant à la puissance occupante, donc à Israël.

    Plus problématiques sont les parties de programmes qui font découvrir aux parlementaires européens les réalités sécuritaires ou économiques des colonies israéliennes illégalement construites dans le territoire palestinien occupé. Pour rappel, les colonies sont reconnues comme étant une violation grave du droit international, et considérées comme un crime de guerre par le Statut de Rome. Or les deux voyages organisés par l’AJC comprenaient des visites dans des colonies de Cisjordanie, celle de P’duel en octobre 2019 et celle d’Efrat en novembre 2022.

    Et si l’Israel Allies Foundation invite avec l’eurodéputé Bert-Jan Ruissen 24 autres parlementaires internationaux en décembre 2019, c’est parce qu’ils défendent « la lutte contre le mouvement BDS et l’étiquetage antisémite des produits israéliens de Judée-et-Samarie ». La Judée-et-Samarie est le nom donné par Israël à la Cisjordanie. La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) vient alors de confirmer, le 12 novembre précédent, que l’étiquetage des produits des colonies est obligatoire pour respecter le droit européen. La fondation chrétienne évangéliste semble vouloir outiller les participants pour qu’ils puissent décrédibiliser toute initiative politique qui porterait préjudice aux intérêts des colons israéliens.

    Elle les emmène ainsi à un diner dans la colonie Psagot, magistralement décrite par l’écrivain Yonathan Berg dans Quitter Psagot, (éditions L’Antilope, 2021), qui exporte du vin notamment vers l’Union européenne. Les participants ont également l’occasion de se rendre dans la colonie industrielle de Barkan située dans le nord de la Cisjordanie, dont l’essor économique dépend en partie de sa capacité à exporter vers les marchés européen et américain. Ils ont par ailleurs eu l’opportunité de rencontrer Yossi Dagan, leader du Shomron Regional Council, un conseil regroupant une trentaine de colonies du nord de la Cisjordanie. Les participants ont enfin pu rencontrer le juriste Eugène Kontorovich, dont les théories remettent en cause le fait même que les territoires palestiniens puissent être considérés comme occupés.

    LES ABONNÉS DE LA LIGNE BRUXELLES-TEL AVIV

    La journaliste Pauline Hoffman le souligne, les 30 déclarations de voyage en Israël épluchées par Le Soir ne recouvrent pas l’entièreté des voyages offerts à des eurodéputés dans le pays. Elle note ainsi que sur les onze participants du voyage organisé par Elnet en novembre 2021, cinq seulement l’avaient déclaré. Cette révélation semble en avoir fait réagir certains. C’est le cas de l’Estonien Andrus Ansip (Renew, centre), de la Slovène Ljudmila Novak (Parti populaire européen, PPE, droite), de la Bulgare Elena Yoncheva (S&D, social-démocratie) et de l’Espagnole Isabel Benjumea Benjumea (PPE) qui ont tous modifié leur déclaration dans les jours qui ont suivi la parution de l’article du Soir. Seuls l’Espagnol Juan Ignacio Zoido Álvarez (PPE) et le Suédois David Lega (PPE) n’ont pas encore à ce jour déclaré ce voyage.

    Au côté du pro-colon Bert-Jan Ruissen, le Suédois David Lega est par ailleurs le député ayant réalisé le plus de voyages en Israël, un avec chaque organisation : en octobre 2019 avec l’AJC Project Interchange, en novembre 2021 avec Elnet — le seul qu’il n’ait pas déclaré — et en décembre 2022 avec le B’nai Brith. Ses voyages successifs semblent lui avoir donné accès à des contacts privilégiés avec les dirigeants israéliens. L’eurodéputé s’affiche ainsi avec le président israélien Isaac Herzog en visite fin janvier 2023 au Parlement européen.

    Autre grand voyageur, Antonio López-Isturíz White (PPE) a aussi effectué trois voyages en Israël en une année (novembre 2021, mai et novembre 2022) à chaque fois invité par Elnet (en coordination avec l’AJC en novembre 2022). Un vrai abonnement ! Son rôle de président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec Israël pourrait le justifier. Mais le rôle de président d’une délégation avec un pays tiers n’inclut cependant pas d’en être le un fervent défenseur. C’est pourtant ce qu’est Antonio López-Isturíz White (PPE) qui, tout comme l’ancien président de la délégation (2014-19) Fluvio Martusciello (PPE), prend systématiquement des positions pro-israéliennes dans son travail au Parlement.

    En témoigne la prise de parole de López-Isturíz White lors d’un débat sur la stabilité et la sécurité au Proche-Orient en novembre 2022 où l’eurodéputé fustige « l’obsession malsaine (du Parlement européen) pour le seul pays démocratique de la région, Israël ». Quant à Fulvio Martusciello, son commentaire dans un interview en octobre 2018 sur l’opposition de l’UE à la démolition prévue du village palestinien de Khan al Ahmar est éloquent : « Il ne serait pas correct, de la part des dirigeants occidentaux, de porter un jugement sur une question interne à Israël et nous devons respecter pleinement la souveraineté de l’État d’Israël ». Rappelons que le transfert forcé de populations occupées par un occupant représente une violation grave du droit international.

    UN PARLEMENT EUROPÉEN SOUS INFLUENCE

    Les voyages semblent une occasion de nourrir les eurodéputés déjà convaincus, mais aussi de progressivement en engager d’autres. S’ils se montrent intéressés et réceptifs, il leur sera ensuite peut-être proposé de faire partie d’un groupe d’amitié. Fondé en 2006, le réseau des European Friends of Israel prétendait rassembler tous les groupes d’amitié avec Israël, qu’ils soient des parlements nationaux ou du Parlement européen. Mais il semble avoir cessé de fonctionner depuis. Il est remplacé depuis juillet 2019 par le réseau Transatlantic Friends of Israel que l’AJC se vante d’avoir mis en place et qui regroupe 32 eurodéputés. L’Autrichien Lukas Mandl (PPE) en assure la présidence.

    On y retrouve également les grands voyageurs, Ruissen (CRE) et Lega (PPE), ainsi que les présidents de D-IL, ancien et nouveau, Fluvio Martusciello (PPE) et López-Isturíz White (PPE). On y retrouve aussi deux vice-présidentes du Parlement européen, Nicola Beer (Renew) et Pina Picierno (S&D). Le Transatlantic Institute se vante de l’influence de son réseau au Parlement, notamment dans ce tweet où il loue l’initiative de Bert-Jan Ruissen de demander le conditionnement d’une partie de l’aide européenne à l’Autorité palestinienne à la suppression « de manuels scolaires antisémites ». La proposition de Ruissen prend place dans le débat général sur le budget de l’Union, alors que la question des livres scolaires a déjà contribué à retenir l’aide européenne à l’Autorité palestinienne entre septembre 2021 et juin 2022. Une étude commandée par la Commission européenne à l’Institut Georg Eckert avait pourtant réfuté les allégations d’incitation généralisée à la haine et à la violence dans les manuels scolaires palestiniens, et estimé que ceux-ci respectaient les standards de l’Unesco. Alors que la colonisation du territoire palestinien avance à grands pas, que la violence des colons ne fait qu’augmenter et que 2022 a été l’année la plus meurtrière pour les civils palestiniens en Cisjordanie, la focalisation de nombreux eurodéputés sur cette question représente sans aucun doute la quintessence de ce que l’influence pro-israélienne peut avoir comme impact au Parlement européen.

    LA DÉFENSE OUVERTE DES INTÉRÊTS DES COLONS

    Durant la précédente législature (2014-2019), un groupe des Amis de la Judée-et-Samarie avait été fondé par l’ancien eurodéputé tchèque Petr Mach, en collaboration avec le leader du Shomron Regional Council, Yossi Dagan. Le groupe était ainsi autorisé à défendre de manière ouverte les intérêts des colons israéliens au sein du Parlement européen. Si le groupe d’amis a cessé d’exister à la fin de la précédente législature, Dagan est encore invité au Parlement européen par des eurodéputés amis. Le 11 janvier 2023, les fidèles partisans d’Israël que sont le Néerlandais Bert-Jan Ruissen (CRE) et le Tchèque Tomas Zdechovský (PPE) coorganisaient ainsi une conférence au Parlement européen avec le Shomron Régional Council de Dagan, qui faisait ainsi un retour remarqué à Bruxelles.

    Sur l’affiche de l’événement (ci-contre) apparaît le logo du Golden Gate Public Affairs. L’organisation, fondée par Jenny Aharon qui se présente sur Twitter comme conseillère sur les relations UE-Israël, a récemment fait l’objet d’une enquête du site d’info belge Apache. L’article soulignait la capacité d’influence de l’organisation au sein du Parlement européen ainsi que du Parlement belge. Jenny Aharon est actuellement financée par le Shomron Regional Council de Dagan, et elle l’était auparavant par le puissant think tank israélien Kohelet Policy forum. Les informations trouvées en janvier dernier à propos de Golden Gate dans le registre de transparence du Parlement européen ne s’y trouvent désormais plus. Difficile de dire si cette disparition est due à l’article d’Apache ou simplement à une attitude plus discrète des lobbies à l’heure du Qatargate et du Marocgate.

    UN RÉSEAU POUR DÉFENDRE LES ACCORDS D’ABRAHAM
    Les programmes des derniers voyages organisés pour des eurodéputés en Israël, que ce soit par Elnet, AJC ou B’nai Brith, présentent une particularité commune : l’organisation de briefings sur les Accords d’Abraham, accords de normalisation conclus par Israël avec les Émirats arabes unis et Bahrain en août 2020. Ils étaient complétés quelques mois plus tard par un accord de normalisation entre Israël et le Maroc, consenti par le Royaume chérifien en échange d’une reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Ces accords font partie d’une offensive diplomatique israélienne visant à normaliser ses relations avec ses voisins arabes, tout en mettant sous le tapis la question du droit à l’autodétermination des peuples.

    Et cette offensive semble soutenue par certains eurodéputés. Lors d’un débat sur les implications géopolitiques des Accords d’Abraham au Parlement européen en novembre 2020, Antonio López-Istúriz White se disait reconnaissant du soutien marqué par Josep Borrell à ces accords, mais déplorait par ailleurs que 80 % du discours du haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères « fasse référence aux colonies et aux conflits entre Israël et la Palestine ». Lors du même débat, Bert-Jan Ruissen estimait que les Accords d’Abraham mettaient en lumière le fait que « l’Europe ne joue pour l’instant aucun rôle important dans le processus de paix » et cela parce qu’elle « continue à critiquer unilatéralement Israël ».

    Et les voyages en Israël semblent en avoir inspiré d’autres. Un récent article du journaliste David Cronin, spécialiste du lobby pro-israélien à Bruxelles, sur Electronic Intifada révèle ainsi le malaise autour de la création au sein du Parlement européen du réseau des accords d’Abraham. Il serait présidé par l’eurodéputé voyageur suédois David Lega. Cronin indique que la création de ce réseau a été « inspirée » à Lega lors d’un de ses voyages en Israël. Mais l’ambiance post-Qatargate ne semble pas favorable aux réseaux d’influence étrangers. Annoncé depuis décembre, le lancement du réseau des accords d’Abraham tarde. Interrogé par Cronin, le bureau de Roberta Metsola semble avoir effacé l’événement de l’agenda de la présidente du Parlement européen, pourtant prévue au programme. Il est vrai qu’assister au lancement d’un tel réseau alors qu’on prétend lutter contre les influences étrangères au sein de l’hémicycle pourrait sembler incohérent.

    Même s’il n’est pas question de valises de billets, Qatargate et Marocgate semblent avoir rendu les méthodes d’influence pro-israéliennes un peu moins acceptables. D’autant moins acceptables que les violations israéliennes du droit international et des droits humains sont de plus en plus nombreuses et apparentes, au point d’être aujourd’hui qualifiées par de nombreuses organisations de défense des droits humains de crime d’apartheid. Voyages, lobbies et groupes d’amitié pro-israéliens résisteront-ils aux efforts dans lesquels s’engage aujourd’hui le Parlement européen pour renforcer son indépendance et la transparence de ses travaux ? Mais surtout, le Parlement européen aura-t-il un jour le courage de traiter l’influence israélienne en son sein de la même manière qu’il traite aujourd’hui les influences qataries et marocaines ? Espérons-le.

    Orient XXI, 9 MARS 2023

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  • Le Qatargate n’est que la pointe de l’iceberg -eurodéputé grec-

    Tags : Maroc-Qatargate, Moroccogate, Parlement Européen, corruption, Dimitrios Papadimoulis, Antonio Panzeri, Eva Kaili, Francesco Giorgi,

    « Pointe de l’iceberg »: le Qatargate n’est qu’un symptôme d’une corruption plus profonde, selon un haut responsable de l’UE

    Thomas Moller-Nielsen

    Un haut responsable européen a suggéré que le soi-disant scandale du Qatargate n’est « que la pointe de l’iceberg » d’une corruption européenne plus profondément enracinée, et a affirmé que les fonds illicites découverts jusqu’à présent par les enquêteurs belges dans le cadre de l’affaire étaient probablement utilisés « uniquement pour les pourboires ».

    Dans une large interview accordée au Brussels Times, le vice-président grec du Parlement européen et chef de la délégation de Syriza, Dimitrios Papadimoulis, a également déclaré qu’il avait de profondes « préoccupations morales » au sujet de l’eurodéputée grecque Eva Kaili (S&D) – l’une des personnalités au cœur même du scandale — avant son élection comme vice-présidente du Parlement européen.

    En décembre dernier, Le Soir et Knack rapportaient que des enquêteurs belges avaient trouvé 150 000 € dans l’appartement de Kaili, tandis que son père avait également été surpris en train de quitter un hôtel de luxe du centre-ville de Bruxelles avec une valise remplie d’un montant similaire en espèces.

    « Je pense que nous ne voyons que la pointe de l’iceberg », a déclaré Papadimoulis. « Nous ne savons pas encore combien d’argent a été utilisé pour acheter de l’influence de manière plus moderne. L’argent dans les valises n’a probablement été utilisé que pour les pourboires, pour acheter de l’influence supplémentaire. »

    Il a ajouté : « Je ne suis pas un détective et je ne suis pas un juge, mais je pense qu’il n’y a aucune chance – absolument aucune chance – que les Qataris, les Marocains et les Mauritaniens décident d’acheter de l’influence en essayant seulement d’investir dans le deuxième plus grand parti [les socialistes et démocrates] au Parlement européen, qui est l’institution européenne la plus faible. Basé sur le bon sens, il reste encore beaucoup de travail à faire par les autorités belges.

    Sentir la corruption

    En tant que politicien vétéran de l’UE qui a été élu pour la première fois au Parlement européen il y a près de deux décennies et qui occupe le poste de vice-président depuis 2014, Papadimoulis a noté qu’il avait développé une capacité aiguë à « sentir » quand un fonctionnaire européen – que ce soit Kaili ou n’importe qui d’autre — a été indûment influencé par l’un des nombreux groupes de pression bruxellois .

    « Parfois, je vois des phénomènes comme un collègue qui est, disons, pas si actif, pas si bien préparé aux réunions de leurs comités respectifs », a raconté Papadimoulis. « Cependant, quand il est temps d’avoir un rapport important lié à l’avenir des voitures ou des produits pharmaceutiques ou de l’industrie de la cryptographie ou autre, ils ont une présentation parfaite, avec un excellent discours et des amendements bien préparés. »

    « Cela pourrait être un miracle, ou cela pourrait être autre chose », a-t-il ajouté.

    Cependant, Papadimoulis a expliqué qu’il avait des raisons particulières d’être préoccupé par Kaili et ses liens avec divers groupes de pression et d’intérêts privés. « J’avais beaucoup de doutes sur son comportement moral – pour le dire d’une manière politiquement correcte », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il avait même tenté de mettre en garde le groupe S&D contre sa nomination au poste de vice-présidente.

    « Je ne savais rien du Qatargate et je n’ai pas vu de valises, mais je savais beaucoup de choses sur ses relations avec les oligarques grecs », a-t-il déclaré.

    « Beaucoup de peurs »

    Néanmoins, Papadimoulis était catégorique sur le fait qu’il ne prenait aucun plaisir à voir ses soupçons sur le comportement néfaste de Kaili confirmés.

    « Ce scandale a des conséquences négatives pour mon propre travail en tant que vice-président du Bureau du Parlement européen, pour le Parlement européen lui-même et pour mon pays », a-t-il déclaré. « Cela m’a mis en colère et triste. Et c’est particulièrement mauvais pour tous les Grecs qui essaient d’améliorer notre image contre les stéréotypes, qui travaillent dur, gagnent le respect. Je ne me suis certainement pas félicité. »

    Source

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  • Conseil informel des affaires étrangères (Défense): remarques à la presse du haut représentant Josep Borrell lors de la conférence de presse

    Tags : Union Européenne, UE, Suède, Ukraine, Russie, OTAN,

    Bon après-midi à tous,

    Tout d’abord, encore une fois, cher ministre [de la défense de la Suède], cher Pål [Jonson], je vous remercie d’avoir organisé cette réunion informelle des ministres de la défense.

    Les ministres de la Défense étaient dévoués à l’Ukraine – principalement. Il ne pouvait en être autrement.

    Nous avons eu le ministre ukrainien de la Défense, notre collègue [Oleksii] Reznikov, qui nous a informés de la situation militaire sur le terrain et nous a expliqué quels sont les besoins militaires de l’Ukraine. Et nous savons après avoir écouté le ministre Reznikov, que les prochaines semaines et mois – mais surtout des semaines, on parle de semaines – seront critiques car la situation militaire sur le terrain reste très difficile, notamment à Bakhmut, où la lutte acharnée se poursuit .

    Ensuite, nous sommes allés analyser ce que nous faisons pour soutenir l’Ukraine et ce que nous pouvons faire de plus.

    D’ici la fin de ce mois, notre mission d’assistance militaire [de l’UE] [EUMAM Ukraine] aura formé plus de 11 000 soldats ukrainiens – et d’ici la fin de l’année, nous prévoyons d’avoir formé 30 000 soldats. Et tous les États membres ont exprimé leur satisfaction quant aux résultats obtenus par cette mission de formation et se sont engagés à faire plus, en particulier lorsque les chars de combat arrivent en Ukraine et que les équipages de ces chars de combat doivent être formés. Non seulement individuellement pour chaque char, mais pour qu’ils puissent tous se battre ensemble. Cela rendra notre mission de formation très chargée. Ils sont déjà occupés.

    Cette mission de formation est une nouvelle preuve de notre soutien inébranlable et déterminé à continuer avec l’Ukraine. C’est un message clé que je voudrais vous adresser, à adresser à l’opinion publique, après cette rencontre.

    Après avoir écouté le ministre Reznikov, je pense qu’il y a un message clair : pour que l’Ukraine gagne la paix, il faut qu’elle gagne la guerre. Et c’est pourquoi nous devons continuer à soutenir l’Ukraine : pour gagner la paix, l’Ukraine doit gagner la guerre. Et les forces armées ukrainiennes ont besoin de notre soutien continu, en particulier – et c’était au cœur de ce qui a été discuté aujourd’hui – pour les munitions d’artillerie. C’est également le message que nous avons entendu il y a quelques jours du président [de l’Ukraine, Volodymyr] Zelensky lors du Conseil européen.

    Et là-dessus, le temps presse. Nous devons livrer plus, mais nous devons livrer plus vite. Et pour cela, je propose une approche qui s’appuie sur trois pistes complémentaires. L’un va avec les autres. Ils ne peuvent être considérés comme isolés. Ce n’est pas « un oui, mais les autres non ». Les trois pistes vont ensemble.

    Premièrement, nous avons besoin d’un nouveau programme de soutien par le biais de la Facilité européenne pour la paix (EPF). Nous avons besoin d’un nouveau paquet de soutien pour le remboursement de la livraison immédiate de munitions qui doivent provenir des stocks nationaux – commandes déjà existantes ou en attente, travaux en cours. Tout type : standard OTAN ou standard soviétique ; 155 millimètres ou 152 millimètres. Et pour ce paquet de soutien, j’ai proposé aux ministres [de mobiliser] 1 milliard d’euros de la Facilité européenne pour la paix.

    Deuxièmement, nous avons besoin d’une demande coordonnée afin de nous procurer à nouveau des munitions de 155 millimètres par l’intermédiaire de l’Agence européenne de défense. J’ai insisté sur l’idée que nous devons agir de manière coordonnée, pour adresser à l’industrie un ensemble global de demandes, en ajoutant les demandes des États membres de reconstituer leurs stocks et également de fournir davantage à l’Ukraine.

    L’Agence européenne de défense (AED), qui a été créée par le traité de Lisbonne et est en charge de l’approvisionnement de ce genre de choses – l’approvisionnement commun – a défini un projet à cet effet et ils peuvent utiliser une procédure accélérée pour le faire plus rapidement . Si nous allons ensemble, nous pouvons réduire non seulement les prix unitaires, mais nous pouvons également réduire le délai de livraison. Et la Facilité européenne pour la paix peut soutenir ces efforts au profit de l’Ukraine, et je propose de mobiliser 1 milliard d’euros supplémentaires pour cette deuxième voie.

    Et la troisième piste – comme je l’ai dit, c’est complémentaire – nous devons augmenter la capacité de l’industrie européenne de défense à répondre à une demande massive pour nos armées. [Ce n’est] pas seulement pour l’Ukraine, c’est [aussi] pour nos armées. [Lorsque] nos armées fournissent une partie de leur stock à l’Ukraine, c’est parce qu’elles s’attendent à pouvoir reconstituer ces stocks, grâce à une capacité plus grande et plus forte de notre industrie de défense. Et pour cela, nous devons accompagner une montée en puissance de nos capacités de fabrication et réduire les délais de production. Nous sommes en temps de guerre et nous devons avoir – [je suis] désolé de le dire – une mentalité de guerre. Je préférerais parler de paix. Je préférerais de beaucoup parler de négociations de paix. Mais malheureusement, je dois parler de munitions car la guerre continue de faire rage, et c’est ce que nous devons faire aujourd’hui.

    Ces trois pistes se renforcent mutuellement et doivent être menées en parallèle. Il y a une continuité entre ces trois pistes.

    Les États membres de l’UE sont encouragés à puiser davantage dans leurs stocks s’ils reçoivent la garantie qu’ils peuvent reconstituer leurs stocks, car l’industrie de défense européenne augmentera ses capacités, alors ils seront plus prêts à soutenir l’Ukraine.

    Nous en avons discuté. Je pense pouvoir dire qu’il y a eu un accord général sur cette procédure, mais il reste des questions en suspens. Tout doit être discuté en détail. Tout le monde s’accorde sur l’urgence d’avancer car tout le monde s’accorde sur l’objectif qui est de soutenir l’Ukraine, le plus possible et le plus vite possible.

    Et avec le soutien de la présidence suédoise [du Conseil de l’Union européenne], nous continuerons [à travailler afin de parvenir à] un accord sur un accord global lors de la prochaine réunion Jumbo qui est [aura lieu] dès que Le 20 mars, date à laquelle les ministres des affaires étrangères et les ministres de la défense parviendront – je l’espère – à une décision concrète et formelle à ce sujet.

    Pour résumer : [une] [approche] à trois volets et] 2 milliards d’euros pour fournir plus rapidement plus de munitions à l’Ukraine pour soutenir les [forces armées] et résister à l’invasion russe.

    Ensuite, nous avons eu un déjeuner de travail avec le secrétaire général de l’OTAN, [Jens] Stoltenberg, et le sous-secrétaire général des Nations Unies pour les opérations [de paix], Jean-Pierre Lacroix, et nous avons discuté de la manipulation et de l’ingérence étrangères.

    Nous avons rassemblé des preuves claires de la manipulation d’informations par la Russie dans le rapport Threat sur la manipulation d’informations étrangères et l’ingérence que nous avons publié le 8 février. Et notre coopération dans ce domaine avec les Nations unies et l’OTAN doit s’intensifier pour lutter [contre] ces nouvelles menaces. Parce que le combat n’est pas seulement sur le terrain aujourd’hui, en conquérant des terres, c’est aussi en conquérant l’esprit des gens. L’opinion publique compte et l’opinion publique fait l’objet de beaucoup de désinformation dans bon nombre de nos pays partenaires.

    Dernier mot, car c’est aujourd’hui la journée internationale de la femme. Les femmes sont essentielles à la résilience et à la stabilité des sociétés. Leurs efforts sont rarement reconnus, mais c’est le jour pour le faire. C’est le jour de reconnaître à quel point les femmes sont importantes pour le bien-être de nos sociétés, ainsi que pour notre résilience et notre stabilité.

    En Ukraine et partout dans le monde, les femmes sont aussi des soldats. Les femmes sont des gardiennes de la paix. Les femmes sont des artisans de la paix, des juges et des défenseurs des droits humains.

    Les femmes continuent de voir leurs droits contestés. L’Union européenne et ses États membres luttent contre cela. Hier, nous avons adopté un paquet de sanctions contre neuf individus et trois entités pour leur rôle dans la commission de graves violations et atteintes aux droits humains, en particulier les violences sexuelles et sexistes.

    Cela représente une approche large de ce qui se passe dans le monde. Il couvre deux ministres talibans. Il couvre la police de Moscou. Il couvre les milices au Soudan du Sud, au Myanmar, [et] en Iran. Partout où des violations des droits de l’homme, et des [droits] des femmes en particulier, ont été affectées, nous avons pris une liste de sanctions.

    Je le répète, [cela inclut] les ministres talibans (le ministre de l’Enseignement [supérieur] et le ministre chargé de la Propagation de la vertu et de la Prévention du vice). Le poste de police de Moscou responsable des arrestations arbitraires. Membres de haut rang des forces armées russes dont les unités ont systématiquement participé à des actes de violence sexuelle et sexiste en Ukraine. Les commandants des milices sud-soudanaises responsables de l’utilisation généralisée et systématique de la violence sexuelle et sexiste comme tactique de guerre dans le pays. Le vice-ministre de l’intérieur du Myanmar/Birmanie. La prison de Qarchak en Iran. Les gardes de la République syrienne et le bureau du chef des affaires de sécurité militaire au Myanmar/en Birmanie.

    Tous sont sanctionnés en raison de leur rôle dans les violations [et] atteintes aux droits humains [sexuelles et] sexistes.

    Je pense que c’est tout.

    Merci.

    Questions et réponses

    Q. Si j’ai bien compris, tant l’Agence européenne de défense (AED) que les pays sont censés essayer d’augmenter la production d’artilleries, les grenades. N’y a-t-il pas un risque, si l’EDA et les pays essaient simultanément d’augmenter la production d’artillerie, qu’au lieu de se coordonner, il y a un risque que les deux essaient d’exploiter les mêmes sources – pour ainsi dire – quand ils vont tous les deux dans le système ? Vous proposez que l’AED coordonne cela. Si des pays essaient simultanément d’augmenter leur production, n’y a-t-il pas un risque qu’ils se rapprochent des mêmes industries ? Qu’ils exploitent en quelque sorte les mêmes sources ? Qu’il n’y a pas de coordination alors ?

    Comme je l’ai dit – je ne me suis peut-être pas bien expliqué – il y a trois piliers parce qu’il y a une continuité. Si je demande à un État membre de fournir une partie de ses stocks de munitions à l’Ukraine, les États membres ne seront pas prêts à le faire s’ils ne sont pas convaincus qu’ils pourraient reconstituer leurs stocks. Afin de reconstituer leurs stocks, nous devons rendre notre industrie plus apte à produire.

    La première chose pour que l’industrie soit prête à produire plus est d’avoir un signal clair de la demande. Quel est le niveau de demande ? Le niveau de la demande serait déterminé par des achats communs. Non seulement, mais le deuxième pilier enverra un signal clair à l’industrie que oui, ils doivent augmenter leurs capacités parce qu’il y a – disons – une demande potentielle qui se présente, non seulement pour les États membres mais pour l’Ukraine.

    Et le troisième pilier, qui est à moyen terme, est d’augmenter leur capacité. Donc, je ne vois pas le risque. Au contraire, il s’agit de donner une assurance pour éliminer le risque. Plus les trois piliers vont ensemble, moins il y a de risque pour un État membre d’être privé de son stock de munitions car il sera sûr que l’industrie pourra reconstituer le stock.

    Donc, les trois piliers sont une question de diminution du risque.

    Q. Sur le deuxième pilier, à quelle vitesse cela pourrait-il aller ? Dans quel délai les contrats pourraient-ils être signés – les contrats d’approvisionnement conjoints pourraient-ils être signés ? À quelle vitesse les munitions provenant de ce deuxième pilier pourraient-elles se trouver en Ukraine et être utilisées sur le champ de bataille ? Et une question connexe : si les États membres suivent votre proposition, cela signifierait que 2 milliards d’euros de la facilité européenne pour la paix seraient utilisés uniquement pour les munitions, ce qui signifie que le nouveau plafond que vous avez fixé sera déjà atteint. Cela signifie-t-il que vous demanderez un nouveau complément à la facilité européenne pour la paix?

    Passons à la deuxième partie de votre question, à laquelle je pourrais mieux répondre car je n’ai pas de boule de cristal.

    Certes, nous avons décidé le complément de 2 milliards d’euros. Si nous utilisons ce supplément de 2 milliards d’euros pour l’envoi de munitions à l’Ukraine par le biais de deux procédures – je comprends maintenant que les deux procédures sont claires, les deux lignes de travail – alors certainement, si les États membres veulent continuer à utiliser la facilité européenne pour la paix, ils devra aller pour un autre [top-up]. Mais ce n’était pas la question d’aujourd’hui. Ne mélangez pas les choses car, si vous mettez tout alors à la fin vous ne décidez rien.

    Aujourd’hui, la question était « que fait-on des 2 milliards d’euros que nous avons déjà décidés ? Et vous voulez en faire plus ? Ensuite, vous déciderez pour plus. Certes, si vous voulez en faire plus, vous devrez vous décider pour plus. Mais c’est une décision politique de haut niveau qui appartient aux dirigeants du Conseil européen [qui aura lieu] le 23 mars. Ils doivent décider quel est le niveau d’engagement qu’ils veulent continuer à avoir, non seulement pour l’Ukraine mais pour d’autres conflits dans le monde dans lesquels nous sommes engagés.

    Combien de temps dure la deuxième piste ? Eh bien, je suis désolé de ne pas avoir la boule de cristal, mais je connais la procédure. Les États membres qui souhaitent participer doivent convenir des conditions de la procédure. Une fois que nous avons décidé du montant total, alors c’est une négociation entre les 15 firmes européennes capables de produire ce genre d’armement afin de fixer un prix et un délai de livraison en fonction du montant que nous demandons. Ensuite, une fois l’accord conclu, ils commenceront à produire. Ce ne sera pas court. Mais plus tôt on commence, mieux c’est. Et je ne connais aucune autre procédure qui puisse aller plus vite que celle-ci. J’espère donc que, d’ici la fin du mois, nous pourrons nous mettre d’accord avec les États membres qui souhaitent participer.

    Cette procédure n’est pas la seule possible. Il existe d’autres possibilités, je n’exclus pas que les États membres veuillent suivre les autres par eux-mêmes. Mais si nous voulons aller tous ensemble avec un gros paquet qui inclut non seulement les besoins des États membres, mais aussi les besoins de l’Ukraine, je suis convaincu que c’est la meilleure façon de le faire. Associer l’expertise de l’Agence européenne de défense et l’expertise des agences des armées nationales. Ce sont des objectifs paneuropéens qui doivent être résolus et mis en œuvre dans un esprit paneuropéen. Encore une fois, c’est Team Europe. Mais utilisons ce que nous avons. L’Agence européenne de défense a été créée pour faire ce genre de choses. Ils ont travaillé ces six derniers mois pour préparer ces programmes, mettons-les en pratique.

    Q. Compte tenu de ce que nous avons entendu de l’Ukraine, qu’ils manquent de munitions, ils perdent même du terrain à cause de cela, à quelle vitesse les premières cartouches d’artillerie peuvent-elles être livrées ? Compte tenu de ce que nous avons entendu ici que vous nous avez dit vous-même.

    Premièrement, ne croyez pas que nous n’avons pas fourni de munitions [à l’Ukraine] avant aujourd’hui. Ce n’est pas nouveau. Depuis le début de la guerre, nous fournissons des munitions à l’Ukraine. Je peux vous donner un chiffre: la facilité européenne pour la paix a remboursé aux États membres environ 450 millions d’euros pour des munitions fournies à l’Ukraine. Alors ne croyez pas que tout est nouveau et jusqu’à présent, personne ne fournissait de munitions à l’Ukraine. Oui, nous avons commencé à le faire depuis le début, logiquement.

    Le problème c’est qu’aujourd’hui que la guerre est devenue une guerre de position, avec un combat d’artillerie et c’est très consommant du point de vue du nombre de coups que chacun tire contre l’autre. Avant cela, la guerre était une guerre de mouvement, avec moins de consommation d’artillerie. Aujourd’hui, c’est une guerre de haute intensité, avec beaucoup de tirs, des dizaines de milliers chaque jour. Les besoins sont donc plus importants. Nous avons fourni [des munitions] mais nous devons accélérer le rythme. Chaque jour, des munitions provenant des États membres européens arrivent en Ukraine. Chaque jour, il y a un flux qui se passe. Le problème, c’est qu’il faut l’augmenter. Plus et plus vite – et c’est pourquoi nous essayons d’aller plus loin et plus vite. Mais le flux coule depuis le début. 450 millions d’euros de munitions. Alors, quand je propose 1 milliard d’euros de plus, c’est juste le double de ce que nous avons déjà fait. Ce n’est pas une figure stratosphérique, c’est quelque chose d’assez habituel.

    Q. La première question est de savoir si, après cette réunion, vous avez une meilleure idée de l’endroit où il y a suffisamment de munitions en Europe pour ce milliard d’euros provenant de l’EPF ? Ou si ce milliard d’euros, afin de fournir ces munitions très rapidement à l’Ukraine, devra également être utilisé pour acheter des munitions en dehors de l’Union européenne ? La deuxième question porte sur ces rapports publiés dans le New York Times [sur Nord Stream]. Je comprends que vous disiez « nous attendons l’enquête finale », je comprends cela. Avez-vous peur de l’impact potentiel que ce genre d’histoires pourrait avoir sur l’opinion publique au moment où il y a une véritable poussée ? Ce matin, le commissaire [au marché intérieur, Thierry] Breton parlait de l’économie de guerre, vous avez aussi utilisé un langage similaire. L’Union européenne doit changer de vitesse pour faire encore plus, mais à un moment où il y a ce genre de rapports. Ma deuxième question est de savoir si vous craignez l’impact que ces rapports pourraient avoir dans des pays clés comme l’Allemagne ?

    Il est clair que nous préférerions que l’industrie européenne de la défense produise les munitions dont nous avons besoin. Parce que nous avons besoin d’une industrie de défense européenne. Nous avons besoin de la capacité de produire par nous-mêmes, et nous n’avons pas assez de capacité car nous étions habitués à vivre en paix et la guerre n’était pas dans notre imagination. Mais aujourd’hui, dans notre structure industrielle, l’industrie de la défense doit se développer davantage. Et certainement, nous demanderons à nos firmes de produire et nos firmes produiront si nous leur donnons un horizon clair sur le niveau de la demande – comme tout autre producteur. Si je demande à quelqu’un de produire plus de tomates, il me dira combien et pour combien de temps. Eh bien, combien et combien de temps sont les questions auxquelles nous devons donner des réponses. Donc, priorité à l’industrie, certainement.

    Certains États membres ont été très clairs à ce sujet : « nous voulons que l’argent européen soit utilisé pour créer des emplois dans l’industrie européenne de la défense ». Nous sommes d’accord là-dessus et nous essaierons de le faire autant que possible. Mais si demain, les États membres fournissent des munitions à l’Ukraine, en prenant ces munitions dans leurs stocks, je ne vais pas demander « où les avez-vous achetées ? » Je ne vais pas lui demander « où l’as-tu acheté ? Mais pour le deuxième pilier, la deuxième piste, quand on va sur le marché et qu’on demande aux firmes de produire, on s’adresse aux 15 firmes européennes qui pourraient le faire. Nous n’avons pas besoin d’aller chercher ailleurs.

    Et regardez, à propos du Nord Stream II, ce sont des choses sérieuses, des choses très sérieuses. Tout d’abord, n’ayez jamais peur de la vérité. Je n’ai pas peur de la vérité. N’importe quelle vérité. Mais nous parlons – pour le moment – de spéculations. Des enquêtes sur les circonstances exactes sont toujours en cours en Suède – vous pouvez peut-être en dire quelque chose, cher ministre – au Danemark et en Allemagne. Et soyons sérieux : tant que les enquêtes sont en cours, nous ne pouvons pas tirer de conclusions définitives. Que puis-je dire ? Je dois attendre d’avoir une compréhension claire de ce qui s’est passé. Y a-t-il eu un sabotage du gazoduc Nord Stream ? Oui, il y en a eu, c’est clair. Cela signifie une chose. Nous devons être beaucoup plus vigilants sur la résilience de nos infrastructures critiques, car ce qui s’est passé avec le Nord Stream II peut arriver demain avec un câble de fibre optique ou un câble électrique alimentant en électricité un pays à un autre sous la mer. Et nous avons déjà pris des mesures rapides pour accélérer les travaux et protéger nos infrastructures critiques, la résilience sur les domaines prioritaires, et pour donner une réponse, une réponse aux menaces internationales par la coopération internationale, en particulier avec l’OTAN.

    Mais à propos de ce qui s’est passé avec Nord Stream II, je ne sais pas. Et tant que ceux qui pourraient le savoir, à savoir les autorités suédoises, danoises et allemandes, [n’ont pas terminé leur enquête], je ne prendrai aucune position.

    Lien vers la vidéo :  https://audiovisual.ec.europa.eu/en/video/I-238153

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