Catégorie : Monde

  • Attentats de Bruxelles : 10 inculpés dont Salah Abdeslam renvoyés aux assises

    Le Français Salah Abdeslam et neuf autres inculpés du dossier des attentats jihadistes de 2016 à Bruxelles ont été renvoyés hier devant une cour d’assises, près de cinq ans après cette double attaque suicide qui avait fait 32 morts, a annoncé la justice belge.

    Dans une ordonnance rendue à huis clos, la chambre du conseil du tribunal de Bruxelles est allée au-delà des réquisitions du parquet fédéral, qui réclamait la comparution aux assises de huit suspects (dont Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos du 13-Novembre), et non dix. Par ailleurs, trois des 13 inculpés de ce dossier tentaculaire bénéficient d’un non-lieu, faute de charges suffisantes, a confirmé un porte-parole du parquet fédéral, Eric Van Duyse, qui a refusé de préciser les identités.

    Le procès ne devrait pas se tenir avant le second semestre 2022 à Bruxelles. La décision de la chambre du conseil est susceptible d’appel. Et concernant les suspects renvoyés aux assises, un ultime feu vert devra être donné par une autre juridiction, la chambre des mises en accusation. Le 22 mars 2016 au matin, une double attaque suicide à l’explosif, à l’aéroport puis dans une rame du métro de Bruxelles, avait fait 32 morts et plus de 340 blessés. Perpétrée par la même cellule jihadiste franco-belge à l’origine des attentats parisiens du 13 novembre 2015 (130 morts), elle avait été revendiquée par l’organisation Etat islamique.

    Après quatre ans d’enquête, treize inculpations ont été prononcées par les juges d’instruction, dont celle de Salah Abdeslam, convoyeur présumé de plusieurs membres de la cellule des attentats ayant frappé Paris et la ville limitrophe de Saint-Denis. Le jihadiste de 31 ans, actuellement détenu en France, a été inculpé notamment d’«assassinats dans un contexte terroriste» et risque la prison à vie.

    Parmi les neuf autres suspects renvoyés aux assises devant un jury populaire, Oussama Atar, soupçonné d’avoir planifié les attentats, probablement mort en Syrie, pourrait être jugé en son absence, comme dans la procédure 13-Novembre où son nom figure aussi en première place. Sont également passibles de la prison à vie Mohamed Abrini, «l’homme au chapeau» qui a renoncé à se faire exploser à l’aéroport, et Osama Krayem, qui, lui, a rebroussé chemin après avoir accompagné le kamikaze du métro. Aucun d’eux n’était présent en décembre lors des trois jours d’audience devant la chambre du conseil qui ont permis aux avocats des suspects comme des parties civiles d’émettre un dernier avis. Les demandes du parquet n’avaient alors globalement pas été contestées par les avocats.

    Parmi les 13 inculpés, des hommes âgés de 27 à 42 ans, le parquet fédéral souhaitait que trois puissent bénéficier d’un non-lieu et que deux autres soient jugés devant un tribunal correctionnel pour répondre uniquement du chef de «participation aux activités d’un groupe terroriste». Il n’a été que partiellement suivi. La chambre du conseil a estimé que les frères Smail et Ibrahim Farisi, soupçonnés d’avoir apporté une aide logistique aux kamikazes, devait être jugés aux assises et non en correctionnelle, a indiqué une source judiciaire.

    Ce procès de la pire attaque survenue sur le sol belge depuis la guerre 1939-45 ne devrait pas se tenir avant 18 mois. La France doit d’abord mener celui des attentats du 13 novembre, prévu à Paris du 8 septembre 2021 à fin mars 2022. L’ancien siège bruxellois de l’Otan, un grand espace ultra-sécurisé, a été réaménagé pour héberger le millier de personnes concernées par ce procès hors normes. Pour Abdeslam, le procès à venir sera son deuxième en Belgique. Ce Français d’origine marocaine, qui a grandi dans la commune bruxelloise de Molenbeek, a été condamné en 2018 à 20 ans de prison pour avoir tiré sur des policiers, trois jours avant son interpellation le 18 mars 2016 dans la capitale belge.

    Tags : Maroc, Belgique, terrorisme, attentats de Bruxelles, Salah Abdeslam,

  • Les accords d’Abraham ont sapé la paix indispensable avec les Palestiniens


    Par Ghassan Michel Rubeiz

    Depuis de nombreuses décennies, je préconise la paix entre Israël et les Palestiniens. ( Justice et Intifada: les Palestiniens et les Israéliens parlent de la paix, Friendship Press, 1991; Unified in Hope: les Arabes et les Juifs parlent de la paix , publications du COE, 1987). Malheureusement, j’ai vu le «processus de paix» être exploité, maintes et maintes fois, avec des tactiques évolutives pour adoucir les attitudes envers l’injustice.

    Il est difficile d’imaginer que quelque chose de bon puisse sortir d’un projet politique dirigé par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, gardien du statu quo, le président américain le plus unilatéraliste Donald Trump et certains dirigeants imprudents du Golfe arabe. Pourtant, le dernier produit de «paix» au Moyen-Orient récemment sorti de Tel-Aviv, de Washington et du Golfe a reçu une réaction plutôt favorable dans les médias occidentaux.

    Je parle des soi-disant accords d’Abraham, une récente vague d’accords de «normalisation» entre Israël et les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc. Ces accords ont été intelligemment conçus pour influencer l’opinion publique. Ils sont présentés comme des initiatives de paix, de réconciliation (entre les communautés religieuses) et de mesures de défense justifiables contre un adversaire «belligérant» commun, à savoir l’Iran.

    Tout en critiquant surtout le président Trump, les médias occidentaux ont été indulgents envers le président américain en ce qui concerne sa politique sur Israël. Et pour les accords d’Abraham, les commentateurs américains ont donné un soutien inhabituel; le message de «paix» a été efficace. Pour illustrer, dans le numéro du 1er janvier du Washington Post, Marc A. Thiessen met en évidence les 10 meilleures choses que Trump a faites en 2020. Le chroniqueur affirme que Trump a «transformé le Moyen-Orient» avec les accords d’Abraham: le président américain a «négocié» quatre Les accords de paix israéliens. Une telle réalisation «digne d’un prix Nobel» a démontré qu’il pouvait y avoir «une paix séparée sans les Palestiniens». Le parti pris de Thiessen devient clair quand on regarde le reste ses 10 «meilleures choses»; la réalisation la plus étonnante répertoriée est «l’amélioration de la vie d’une majorité d’Américains ».Comme le reste des analystes qui trouvent des signes d ‘«espoir» dans ces accords, Thiessen n’explique pas comment Israël fait progresser la paix dans la région. En ignorant le fait qui donne à réfléchir que la population palestinienne sous la sphère de contrôle d’Israël – c’est-à-dire ceux qui vivent entre le Jourdain et la mer Méditerranée – a déjà dépassé la population juive israélienne? L’apartheid doit-il être ignoré à jamais? Comment parvenir à la paix en élargissant constamment les colonies, en élargissant les annexions, en promulguant deux poids deux mesures et en violant les accords internationaux établis sur la guerre et la gouvernance? Cliquez ici .

    On se demande comment Abraham-ic (œcuménique) sont ces accords. Le nom biblique Abraham est généralement utilisé pour mettre en évidence les points communs entre les trois religions monothéistes enracinées au Moyen-Orient: le judaïsme, le christianisme et l’islam. Les accords qui lient Israël fort à quatre pays arabes sunnites peu sûrs, censés affronter la République islamique (chiite) d’Iran, ne sont pas en harmonie avec l’esprit du patriarche de l’Ancien Testament. Abraham des temps modernes parle d’œcuménisme, pas d’accords politiques.
     
    Et dans quelle mesure ces actes de normalisation sont-ils «normaux»? Les accords d’Abraham ne constituent pas un véritable mouvement de réconciliation entre Arabes et Juifs, comme ses auteurs le prétendent. Il n’y a absolument aucun remède contre les tensions régionales, ce que font ces accords. Depuis que ces accords ont émergé, les observateurs internationaux ont regardé si Trump et / ou Netanyahu lanceraient une attaque aérienne sur les sites nucléaires iraniens. Washington et Tel Aviv poussent de plus en plus Téhéran à riposter, peut-être pour préparer le terrain à une contre-attaque collective contre la République islamique. Regardez les nouvelles quotidiennes au cours des prochaines semaines alors que Trump et Netanyahu cherchent des moyens de maintenir la légitimité, le pouvoir et l’influence.  Cliquez ici .

    Chacun des cinq États impliqués dans les accords d’Abraham a ses propres raisons de normalisation. Israël parvient à détourner l’attention du monde de son occupation en concluant des «accords» de paix avec des «Arabes modérés», c’est-à-dire des sunnites non palestiniens. Bahreïn cherche à s’abriter de l’Iran et de la montée des troubles intérieurs; à Manama, la royauté sunnite règne sur une population majoritairement chiite. Le Maroc se normalise avec Israël, en partie, afin de recevoir la reconnaissance par le président Trump de sa prétendue souveraineté sur le territoire du Sahara occidental. Washington récompense le Soudan pour sa normalisation en le retirant de la liste des États terroristes. Et Washington récompense la conformité des Émirats arabes unis en vendant à Abu Dhabi des armes lourdes et meurtrières que les émirats fragiles ont utilisé imprudemment dans la guerre désastreuse au Yémen. Cliquez ici .

    En résumé, les accords de normalisation entre Israël et les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc sont en fait des actes de normalisation de l’injustice.

    Le printemps arabe sert de toile de fond aux accords d’Abraham. Les accords ressemblent à des mesures désespérées de la part de régimes arabes du Golfe très peu sûrs qui cherchent la protection d’un État colonial puissant. Et Israël, ironiquement l’agence de l’abri et du confort, légitime son occupation tout en se mobilisant avec les nations arabes sunnites contre l’Iran chiite.

    Marc A. Thiessen rêve-t-il d’un prix Nobel pour les accords d’Abraham?

    The Arab Daily News, 3 jan 2021

    Tags : Proche Orient, Palestine, Israël, normalisation, Maroc, Soudan, Emirats Arabes Unis, EAU, UAE, Sahara Occidental, Iran, sunnistes, chiites,

  • Un enregistrement audio de Trump fait scandale aux Etats-unis

    Le président américain Donald Trump a fait pression sur un responsable électoral de l’État de Géorgie pour tenter d’obtenir une modification du résultat local du scrutin présidentiel du 3 novembre, selon un enregistrement audio que s’est procuré le Washington Post.

    « Tout ce que je veux, c’est trouver 11 780 bulletins ». C’est la voix du président Trump qui prononce cette requête aux allures de coup de pression lors d’un coup de téléphone avec Brad Raffensperger, l’élu républicain en charge des élections dans l’État de Géorgie.

    L’enregistrement audio publié par le Washington Post, dimanche 3 janvier, montre comment le président américain, qui refuse toujours de concéder sa défaite à la présidentielle du 3 novembre, alterne pressions et cajoleries pour convaincre son interlocuteur de modifier les résultats du scrutin présidentiel dans l’État de Géorgie.

    « Il n’y a pas de mal à dire que vous avez recalculé », lui a-t-il notamment déclaré, selon un enregistrement de la discussion réalisé à son insu et rendu public par le Washington Post, puis d’autres médias.

    « Tout ce que je veux, c’est trouver 11 780 bulletins (…) parce que nous avons gagné cet État », a-t-il justifié, alors que la victoire du démocrate Joe Biden en Géorgie avec environ 12.000 voix d’écart a été confirmée par un recomptage et des audits.

    Invoquant des « rumeurs » de fraudes, Donald Trump a jugé, d’une voix étranglée par l’émotion, « injuste que l’élection (lui) ait été volée ».
    « Vous savez ce qu’ils ont fait et vous n’en parlez pas: c’est un délit, vous ne pouvez pas laisser ça avoir lieu, c’est un gros risque pour vous », a-t-il ajouté, menaçant.

    Brad Raffensberger, qui était accompagné d’un avocat de l’État, n’a pas cédé. « Nous pensons que nos chiffres sont bons », a-t-il sobrement rétorqué.

    Onde de choc à Washington

    La diffusion de cet enregistrement, que la Maison Blanche n’a pas souhaité commenter, a immédiatement suscité une onde de choc à Washington.

    « Le mépris de Trump pour la démocratie est mis à nu », a notamment commenté l’élu démocrate Adam Schiff, en jugeant ses pressions « potentiellement répréhensibles ». Sa consoeur Debbie Wasserman Schultz a dénoncé l’acte d’un « président désespéré et corrompu ».

    « C’est accablant », a pour sa part tweeté l’élu républicain Adam Kinzinger, en appelant les membres de son parti à ne pas suivre le président dans sa contestation des résultats. « Vous ne pouvez pas faire ça en ayant la conscience tranquille », leur a-t-il lancé.

    Donald Trump s’est lancé dès novembre dans une croisade pour nier la victoire de Joe Biden mais a essuyé des échecs systématiques devant la justice et auprès des élus locaux, y compris républicains, qui ont tenu face à ses pressions.

    Le collège électoral a déclaré le 14 décembre la victoire au démocrate avec 306 grands électeurs contre 232 au président sortant, un score qui doit être certifié mercredi au Congrès en vue de la prestation de serment du 46e président des Etats-Unis le 20 janvier.

    Avec AFP et Reuters

    Source : La Nation, 4 jan 2021

    Tags : Etats-Unis, Donald Trump, élections,

  • Iran : La guerre inévitable ?

    par Abdelkrim Zerzouri


    Le président américain sortant irait-il jusqu’au bout de la logique de guerre contre l’Iran ? Le temps lui est compté avec moins de trois semaines à la Maison Blanche, mais une attaque contre les installations nucléaires iraniennes reste du domaine du possible, car tout l’arsenal de guerre est déployé dans la région, y compris l’envoi mercredi dernier d’un marin nucléaire dans le Golfe arabique. Sans parler de l’armée israélienne qui devrait se mettre entièrement au service d’un tel scénario en faveur duquel elle plaide depuis quelques années. Ce que les observateurs qualifient de dernier coup de baroud du président américain sortant sert surtout les intérêts des Israéliens avant les supposées menaces que fait peser l’Iran sur les intérêts américains dans la région dans ces moments de célébration par les Iraniens du premier anniversaire de la mort du général Qacem Souleimani, décédé le 3 janvier 2020, près de l’aéroport de Baghdad, lors d’une attaque de drone ordonnée par le président Trump.

    C’est vrai que les Iraniens ont multiplié ces derniers jours les menaces contres les responsables de l’assassinat du général Souleimani, affirmant qu’ils ne seront nulle part en sécurité, y compris le président américain sortant, mais cela n’est pas nouveau, car les Iraniens n’ont jamais cessé de réitérer leurs menaces dans ce sens sans que cela ne fasse monter aussi haut la pression entre les deux pays. Les raisons de la tension actuelle sont ailleurs. Trump va bientôt quitter la Maison Blanche et son successeur va revenir à l’accord nucléaire avec l’Iran, du moins revenir à la table des négociations, chose qui n’est du goût ni d’Israël ni des pays du Golfe. Et le grand ami Trump n’hésiterait pas de leur rendre un dernier grand service en menant des attaques contre les installations nucléaires avant que son successeur ne renoue avec l’accord sur le nucléaire iranien.

    N’a-t-il pas sondé au mois de novembre dernier ses conseillers sur une frappe préventive contre un site nucléaire iranien ? Ses conseillers l’en ont découragé, faisant valoir le risque assez grand de déclencher un vaste conflit régional, mais cela ne l’empêchera pas de vendre des armes de pointe aux voisins ennemis de Téhéran. Mais, comme aucun de ces voisins ne pourrait prendre l’initiative d’attaquer l’Iran, on revient vers Trump pour accomplir leur souhait et mettre «hors service» pour longtemps les installations nucléaires iraniennes, avant la date fatidique du 20 janvier, qui verra son successeur Joe Biden prendre les commandes à la Maison Blanche. Selon la logique Trump, une frappe contre un site nucléaire iranien serait inéluctable, reste seulement à savoir de quelle marge de manœuvre il disposera sur le plan intérieur.

    Le Congrès, qui a déjà montré sa désapprobation lors de l’attaque contre le général Qacem Souleimani, menée en solo par Trump, refuserait certainement que le pays soit entraîné dans un conflit dont on ne verrait pas le bout, surtout à quelques jours de la fin de mission du président sortant. Mais, Trump pourrait bien mettre le feu à la poudrière du Moyen-Orient en se passant de l’aval du Congrès en trouvant moyen d’agir dans l’urgence d’une riposte contre l’ennemi iranien.

    Le Quotidien d’Oran, 3 jan 2021

    Tags : #Iran #DonaldTrump #EtatsUnis

  • Quatrième tour des élections en Israël: fin d’exercice pour Netanyahu?

    Jérusalem – Vous devez toujours faire attention aux prédictions de la politique israélienne inconstante. Une chose, cependant, est incassable: à la suite de la chute du «gouvernement d’unité» de courte durée des ennemis politiques Netanyahu et Gantz, l’avenir politique du Premier ministre israélien le plus ancien est devenu très incertain. Parce que pour la première fois, il y a de puissants corsaires de droite sur la côte.

    Les élections auront lieu pour la quatrième fois en deux ans le 23 mars. Netanyahu devra mener trois campagnes à la fois: une contre la couronne, une pour sa survie politique et une pour ne pas finir en prison. Après tout, à partir de février, il devra régulièrement prendre place sur le banc des accusés pour répondre de ses trois affaires de corruption.

    En avril 2019, le carrousel électoral a commencé à tourner. Il ne s’est pas arrêté depuis. Les enjeux étaient toujours les mêmes: Netanyahu parviendra-t-il à rester au pouvoir et à voir ses processus annulés ou gelés? Les deux premières fois qui ont échoué, et la troisième fois seulement la moitié. Netanyahu a proposé une alliance monstre à l’ancien chef de l’armée Gantz. Gantz a répondu, bien qu’il ait juré de ne jamais traiter avec le puissant suspect. Avec cela, il a brisé l’espoir de changement et a donné à son propre parti Kakhol lavan le coup de grâce.

    Le gouvernement Netanyahu-Gantz, formé en mai, est devenu une moquerie et une agonie pour Gantz. Gantz était Premier ministre par intérim et secrétaire à la Défense, son collègue Gabi Ashkenazi, ministre des Affaires étrangères, mais Netanyahu ne leur a rien dit sur l’établissement de relations avec Bahreïn et les Émirats et sur ses voyages secrets au Soudan et en Arabie saoudite. Ils ont dû entendre la Maison Blanche parler de la restauration organisée par Trump des relations d’Israël avec le Maroc.

    Netanyahu avait construit une faille dans l’accord de coalition: si le budget n’est pas adopté, de nouvelles élections auront lieu, annulant l’accord selon lequel Gantz deviendra Premier ministre en novembre 2021. En effet, le budget ne s’est pas concrétisé. Pour Gantz, c’est probablement la fin de l’exercice. Mais le vent a aussi tourné pour Netanyahu: deux concurrents se sont avancés sur son flanc d’extrême droite. Le plus redoutable est l’ancien ministre Gideon Saar, qui était jusqu’à récemment le parti Likoud de Netanyahu. Avec une attaque dévastatrice contre Netanyahu, Saar a quitté le parti. Son nouveau parti Nieuwe Hoop est grand ouvert aux autres «traîtres» du Likoud.

    De Groene Amsterdammer, 29 déc 2020

    Tags : Israël, Benjamin Netanyahou, Likoud,

  • Guerre des nerfs entre l’Iran et l’administration Trump

    Mohamed Habili

    L’Iran s’est saisi de l’occasion offerte par le premier anniversaire de l’assassinat par les Américains du général Qassem Soleimani, commandant de la Force el-Qods du corps des Gardiens de la Révolution, survenu le 3 janvier 2020 à Baghdad, à la fois pour annoncer son intention d’enrichir l’uranium à 20 %, en violation de l’accord de Vienne de 2015, et pour réitérer sa détermination à venger son héros national. Rien de vraiment nouveau ni dans la première annonce ni dans la seconde. Pour autant, leur conjonction n’est pas sans revêtir une certaine signification, a fortiori dans le contexte actuel d’un regain de tension dans le Golfe coïncidant avec la toute fin du mandat de Donald Trump. A celui-ci a été prêté ces derniers jours l’intention de faire mener une opération militaire contre une installation nucléaire iranienne, dont il aurait été dissuadé par le conseil de guerre réuni spécialement pour en décider. Pourtant, c’est dans ce même climat d’exaspération renouvelée que l’administration américaine sortante a pour la première fois autorisé l’Iran à transférer des fonds en vue de se procurer des vaccins contre le coronavirus. Comme quoi dans la réalité, les choses ne sont jamais ou tout à fait noires ou tout à fait blanches.

    Autre détail à prendre en considération donnant à penser que la tension n’est peut-être pas aussi vive qu’il y paraît entre les deux pays. En effet, dans sa lettre à l’Agence Internationale de l’Energie atomique, dans laquelle il fait état de son intention de porter l’enrichissement à un niveau nettement supérieur à celui auquel il a droit conformément à l’accord de 2015, l’Iran s’est bien gardé de donner ne serait-ce qu’une indication sur le moment où il compte joindre l’acte à la parole. Pas plus que par ailleurs il n’a donné le sentiment de vouloir venger le général Soleimani dans le quart d’heure qui suit.

    Du côté américain aussi, le ton de la menace est peut-être plus destiné à empêcher l’Iran de commettre un acte inconsidéré, nécessitant en tant que tel des représailles concrètes, que l’indice d’une attaque réellement, sérieusement envisagée, et qui aurait été annulée à la dernière minute. Encore que des deux bords, ce soit l’administration Trump qui pourrait sembler plus disposée à créer l’incident, moins d’ailleurs en haine de l’Iran que sur des motifs de politique interne. Si Donald Trump avait réussi à obtenir un deuxième mandat, l’éventualité d’un nouvel embrasement du Golfe ne serait pas à écarter d’un revers de main. En revanche, on voit mal l’intérêt qu’il aurait à déclencher une guerre avec l’Iran à quelques jours de son départ de la Maison-Blanche, pour en faire cadeau à son successeur. Cette intention lui a été prêtée pourtant par bien des gens aux Etats-Unis. L’explication à l’acrimonie qui s’exprime aujourd’hui entre les deux bords est peut-être plus simple.

    L’administration Trump quitte la scène sans avoir obtenu de l’Iran qu’il retourne à la table des négociations en vue d’un accord se substituant à celui de 2015. Elle part donc sur un échec, ce qui ne dispose à l’amitié à l’égard de l’autre. Cet échec, l’Iran y voit une victoire remportée de haute lutte sur elle. C’est un peu comme s’il retournait le couteau dans la plaie en faisant part de son intention d’augmenter le taux d’enrichissement de l’uranium produit par lui. Mais une chose est de jouer à ce jeu consistant à mettre à rude épreuve les nerfs de l’adversaire, autre chose de se mettre réellement à dos les grandes puissances en passant outre une des limites au respect desquelles elles tiennent le plus.

    Le Jour d’Algérie, 2 jan 2021

    Tags : Ira, Etats-Unis, Donald trump,

  • The Jerusalem Post : Des Israéliens font passer de la drogue à Dubaï pour les célébrations du Nouvel An – rapport

    Ce qui a commencé comme une tentative d’échapper au confinement en Israël et de s’amuser sans danger pourrait mal finir pour de nombreux Israéliens.

    Des dizaines d’Israéliens qui se sont récemment rendus à Dubaï pour célébrer le Nouvel An auraient fait passer du haschich et de la marijuana dans un pays aux lois très strictes en matière de drogue, a rapporté N12 . 

    Alors qu’Israël entrait dimanche dans son troisième confinement général, obligeant de nombreux Israéliens à retarder leurs projets de célébrations du Nouvel An , d’autres en ont profité pour se rendre à Dubaï et tuer deux oiseaux d’un coup: profiter de la nouvelle destination récemment mise à la disposition des Israéliens et célébrer le réveillon avec des soirées glamour sur les toits de la ville. 

    Selon N12, quelque 8000 Israéliens se sont rendus à Dubaï pour leurs célébrations du Nouvel An, mais ce qui a commencé comme une tentative d’échapper au confinement en Israël et de s’amuser innocemment peut très mal finir pour de nombreux Israéliens qui ont apparemment décidé de faire passer de la drogue dans le pays. 

    Les jeunes Israéliens n’étaient prétendument pas au courant des lois strictes et des sanctions très sévères auxquelles on peut faire face si on est pris avec de la drogue aux EAU. Être arrêté par les forces de l’ordre aux EAU avec une petite quantité de drogue peut entraîner entre 20 ans de prison et une condamnation à mort. 

    L’un des Israéliens qui a fait passer de la drogue légère à Dubaï a déclaré à N12 qu’il ne craignait pas d’être arrêté. 

    « Tout ce que nous avons fait était de faire passer du haschich et de la marijuana pour célébrer Silvester (le réveillon du Nouvel An) et planer. Ce n’est pas de la cocaïne, ce sont des drogues légères. Je ne crois pas que nous aurons des ennuis. Une condamnation à mort pour quelques centaines de grammes dans nos valises? Nous ne fumons que dans notre chambre d’hôtel », dit-il. 

    Un autre Israélien a déclaré à N12 qu’il avait seulement réalisé qu’il pouvait passer une longue période en prison s’il était pris avec de la drogue après son atterrissage. « Ce n’est qu’à notre arrivée que nous avons réalisé que nous prenions un risque, alors nous avons décidé de ne fumer que dans nos chambres. Nous ne marcherons pas avec du haschich, nous ferons la fête dans notre chambre et finirons tout ce que nous avons apporté avec nous. », a-t-il déclaré, ajoutant:« Nous avons pris un risque, mais nous sommes venus ici pour célébrer, et c’est ce que nous allons faire. 

    Un Israélien résidant à Dubaï a déclaré que Dubaï offrait des soirées et des lieux sans fin pour célébrer le Nouvel An. « Il y a des soirées VIP insensées sur les toits des hôtels. Et la demande des touristes israéliens est élevée. Ils veulent les fêtes les plus glamour et n’écoutent pas les directives », a-t-il déclaré à N12. « Ils pensent qu’ils sont chez eux et peuvent faire ce qu’ils veulent », a-t-il ajouté, notant que la plupart des touristes israéliens à Dubaï « ne portent pas de masques, ne gardent pas leurs distances sociales et risquent de recevoir des amendes très élevées ». 

    Les autorités de Dubaï ont souligné la semaine dernière que les citoyens et les touristes qui enfreindraient les directives lors des célébrations du Nouvel An se verront imposer de lourdes amendes. Selon les restrictions, les rassemblements de plus de 30 personnes ne sont pas autorisés.  
    « Des centaines de policiers locaux feront des raids sur tous les lieux publics et les fêtes. Ceux qui violent les restrictions paieront un lourd tribut », a déclaré un Israélien résidant à Dubaï en guise d’avertissement aux touristes israéliens. 

    « Ils ne font pas la différence entre les citoyens et les touristes. Je conseille aux Israéliens de ne rien faire de stupide. C’est déjà assez grave que nous nous sommes fait une mauvaise réputation ces derniers temps, et nous devrions éviter d’arriver à un point où nous ne sommes pas les bienvenus dans ce magnifique pays », a-t-il ajouté. 

    À la mi-décembre, il a été rapporté que plus de 50000 Israéliens se sont déjà rendus aux EAU depuis le récent accord de normalisation entre Israël et les EAU, et que de plus en plus de touristes israéliens continuent d’affluer à Dubaï, malgré les alertes de sécurité et les fuites d’informations sensibles de touristes israéliens réservant des vacances dans l’État du Golfe.

    Comme les prix de location à Dubaï sont relativement moins chers que Tel Aviv, de nombreux jeunes Israéliens ont même profité de l’occasion pour déménager à Dubaï et poursuivre des carrières dans les industries du tourisme et de l’alimentation.

    The Jerusalem Post, 2 jan 202

    Tags : Israël, Dubai, EAU, UAE, drogue, marijuana,

  • Brexit: Le Royaume-Uni ouvre une nouvelle page de son histoire

    Après avoir parachevé sa rupture avec l’Union européenne, le Royaume-Uni a ouvert vendredi dernier une nouvelle page de son histoire pleine d’inconnues pour un pays profondément divisé et durement touché par la pandémie de coronavirus.

    A 23H00 locales et GMT jeudi (minuit à Bruxelles), sans la moindre effusion au sein d’une population massivement confinée, le pays a cessé d’appliquer les règles de l’UE, quittant le marché unique et l’union douanière. Après 47 ans d’orageuse intégration européenne et après quatre ans et demi de rebondissements suivant le référendum de 2016, c’est l’aboutissement du Brexit, officiel depuis le 31 janvier, mais aux effets repoussés par une période transitoire destinée à amortir le choc.

    Dans un éditorial publié dans le Daily Telegraph, le Premier ministre, Boris Johnson, grand artisan du Brexit, assure que 2021 sera «une année de changement et d’espoir», vantant l’accord de libre échange conclu avant Noël avec Bruxelles. «Pour nous, cela signifie la fin des querelles rancunières sur l’Europe qui ont empoisonné notre politique depuis si longtemps», plaide-t-il. «Pour nos amis, cela ne veut certainement pas dire qu’ils nous ont perdu, et encore moins notre appétit pour leurs Maseratis ou leur Gewurtztraminer».

    L’accord de libre échange, sans quota ni droit de douane, conclu in extremis avec Bruxelles, évite une rupture trop abrupte, dévastatrice économiquement. Toutefois le bouleversement est réel: la libre circulation permettant aux marchandises comme aux personnes de passer sans entrave la frontière a pris fin – sauf entre l’Espagne et l’enclave britannique de Gibraltar, ainsi qu’entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande. Il faut désormais remplir des déclarations de douanes et subir des inspections sanitaires pour exporter à travers la Manche, un titre de séjour pour s’installer de l’autre côté, et un certificat sanitaire pour les chiens et chats britanniques voyageant vers l’UE. Par contre, les ambitions mondiales du Royaume-Uni risquent de se heurter au départ de Donald Trump, Brexiter convaincu contrairement à son successeur à la Maison- Blanche, Joe Biden.

    Dans son pays, Boris Johnson doit tourner la page d’une saga qui l’a emmené au plus haut de l’échelle politique, mais a profondément divisé les Britanniques. L’unité du Royaume est fissurée, en particulier du côté de l’Ecosse, qui a voté à une large majorité pour rester dans l’UE. «L’Ecosse sera bientôt de retour, Europe», a tweeté la Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, déterminée à organiser un nouveau référendum sur l’indépendance. A court terme, des perturbations sont redoutées dans le sud de l’Angleterre sur les routes menant vers les ports transmanches, si les nouvelles formalités ralentissent la circulation et allongent les files de camions, surtout la semaine prochaine.

    Contrairement à l’UE, le gouvernement britannique a décidé de mettre en œuvre graduellement les contrôles douaniers, qui ne concerneront pas toutes les marchandises qu’à partir de juillet. Dans un accord de 1.246 pages, l’UE offre au Royaume-Uni un accès sans droits de douane ni quotas à son marché de 450 millions de consommateurs, mais il prévoit, pour éviter toute concurrence déloyale, des sanctions et des mesures compensatoires en cas de non respect de ses règles en matière d’aides d’Etat, d’environnement, de droit du travail et de fiscalité. Les entreprises de la finance, secteur majeur à Londres, perdront, elles, leur droit automatique d’offrir leurs services dans l’UE, tandis que les pêcheurs britanniques sont déçus de devoir encore partager une grande partie de leurs eaux avec les Européens.

    Sud Horizons, 1 jan 2021

    Tags : Brexit, Royaume Uni, Union Européenne, UE, UK,

  • Introduction à l’histoire du Chiisme (1)

    Le chiisme a vu le jour au cours du premier siècle de l’Hégire et plus exactement suite à « La Grande Discorde » qui opposa les musulmans du Cham (la Syrie aujourd’hui) partisans de Mouaouia aux musulmans de Basra et de Koufa (en Irak) partisans du 4ème Calife ‘‘bien guidé’’ Ali (cousin et gendre du Prophète).

    L’origine de ce mouvement fut politique et sa transformation en un mouvement politico-religieux ne s’effectuera que plus tardivement comme nous le verrons dans le cadre de cette introduction à l’histoire du Chiisme et des Chiites.

    J’attire votre attention dès maintenant sur le fait que le travail que vous allez lire n’est pas l’œuvre d’un historien et qu’il ne prétend pas dire la Vérité absolue sur ce mouvement d’autant plus que les sources écrites qui existent aujourd’hui et qui on servit à élaborer l’histoire du chiisme n’ont vus le jour qu’au 2ème siècle de l’Hégire, c’est à dire après plus de cent ans de l’existence effective de ce mouvement.

    Je ne rentrerai pas dans plus de détails quant aux conditions historiques de l’élaboration de l’histoire des Chiites mais j’ai simplement voulu attiré votre attention sur la relativité de certaines informations que vous pouvez lire dans cette introduction et ce malgré le fait que j’ai essayé de ne prendre en considération que les éléments les plus vraisemblables en érigeant la neutralité comme ma première référence.

    Après la mort de Uthman en 35 de l’Hégire (656), Ali prendra sa place en tend que Calife des musulmans. Seulement, son règne ne durera pas longtemps car il sera très vite contesté par Mouaouia contre lequel il mènera la bataille de Ciffin en 37 de l’Hégire.

    En l’an 40 de l’Hégire, Ali est assassiné par un Kharijite du nom d’Ibn Moljem et ce parce que les Kharijites considèrent que les deux parties qui ont provoqués la grande discorde des musulmans (Ali et Mouaouia) ainsi que leur partisans sont tous dans l’erreur, qu’ils étaient de grands pécheurs et qu’ils méritaient la mort et l’enfer.

    La constitution du chiisme en tant que mouvement politique réclamant le Califat pour Ali ne s’arrêtera pas pour autant avec la mort de ce dernier. Très vite, les Chiites prêteront allégeance à l’aîné de ses fils, Al Hassan pour succéder à son père. Et de la réclamation du Califat pour Ali, nous passerons à la réclamation du Califat pour Ahl Al Bayt (La famille du Prophète).

    Les historiens, relèvent qu’a part ces revendications, il n’y avait, à ce moment, entre les Chiites et le reste des musulmans aucune divergence doctrinal.

    Al Hassan qui estimait ne pas avoir les moyens pour combattre Mouaouia préféra lui prêter, en compagnie de ses partisans, allégeance, puis se réfugie, accompagné de son frère Al Hussein et de son demi frère Ibn al Hanafya, à Médine.

    Damas, ou le nouveau Calife compte le plus de partisans est devenue la capitale du Califat et les deux villes saintes de l’islam : La Mecque et Médine, céderont leur rôle politique à la nouvelle capitale et ne garderont qu’un rôle religieux.

    Suite à la victoire incontestée de Mouaouia -et même auparavant- une très grave pratique a vue le jour dans les mosquées : l’injure de Ali dans les prêches du vendredi. Une pratique qui renforcera davantage la haine que porte désormais les Chiites pour les Omeyyades (partisans de Mouaouia).

    En plus, l’allégeance de Al Hassan et de ses partisans ainsi que son ‘‘isolement’’ à

    Médine n’ont, semble-il, pas suffit à tranquilliser Mouaouia sur le sort du fils de son rival. Il donnera alors ses ordres pour la mise à mort du petit fils du Prophète.

    C’est ainsi que les agents de Mouaouia s’approchèrent de la femme d’Al Hassan et lui demandèrent de l’empoisonner en contre partie d’une très grande somme d’argent et du mariage avec le fils de Mouaouia Yazid.

    En homme de parole, et suite à l’empoisonnement d’Al Hassan par sa femme en 49 de l’Hégire, Mouaouia lui donnera ce qu’il lui avait promis en argent mais pas… son fils. Il avait très peur que son fils épouse une empoisonneuse !

    Avec la mort d’Al Hassan, c’est au tour d’Al Hussein de réclamer ‘‘l’héritage’’ de son Grand-père (le Prophète) et de son père (Ali).Mais il ne le fera pas aussitôt.

    D’abord, parce qu’à Médine ou il ne comptait que peu de partisans, Al Hussein ne pouvait pas déclarer les hostilités à Mouaouia.

    Ensuite, parce que, comme sot frère, il a jugé que les chiites n’avaient pas assez de moyens pour renverser les Omeyyades.


    Il fallait donc attendre le moment propice…

    C’est ce qui adviendra avec la mort de Mouaouia en l’an 60 de l’Hégire. Seulement, ce dernier avait préparé depuis quelques années son fils Yazid pour lui succéder. Mais ce Yazid passe auprès de beaucoup de musulmans pour un buveur de vin… et on lui impute tous les vices de la terre. C’est ce qui expliquera le fait que la majorité des fils des compagnons du Prophète refuseront de lui prêter allégeance.

    Seulement, si Yazid ne pouvait craindre l’ensemble des fils des compagnons du Prophète, tel ne pouvait être le cas du fils du rival de son père et qui dispose d’un nombre très important de partisans à Basra et à Koufa. C’est pour cette raison que le gouverneur de Médine, sous l’ordre de Yazid, pressa Al Hussein de prêter allégeance au nouveau Calife.

    Sans tempérer, ce dernier qui avait déjà reçu secrètement plusieurs missives lui demandant de rejoindre ses partisans (80.000 hommes armés) à Koufa et réclamer l’héritage de son père, rassura le gouverneur sur ses intentions et lui demanda qu’il le fasse le lendemain publiquement.

    Mais avant l’aube, Al Hussein quitta Médine avec ses femmes, ses enfants et certains de ses partisans pour rejoindre Koufa …à 1300 Km de Médine.

    Signalons ici que le demi frère d’Al Hussein, Ibn Al Hanafya, ainsi que son entourage à Médine, était opposé au ralliement d’Al Hussein aux opposants Chiites en avançant comme argument le fait que si vraiment insurrection il y avait, pourquoi les Chiites ne s’étaient pas révoltés contre le gouverneur de Koufa ?

    Que dire alors d’une révolte contre l’ensemble du royaume Omeyyade !

    Cette analyse pertinente ne sera pas entendue par Al Hussein.

    Alerté du départ de Al Hussein de Médine, Ibn Zied qui fut entre temps nommé par Yazid gouverneur de Koufa et chargé de mater l’insurrection, se prépara pour recevoir Al Hussein et ses quelques combattants après avoir tué le chef Koufi des Chiites Hani Ibn Arwa (jeté du haut du palais de Ibn Zied).

    L’insurrection était matée, les combattants chiites tués ou emprisonnés et la situation avait déjà tournée au profit des Omeyyades avant même l’arrivé de Al Hussein !

    Ibn Zied envoya à la rencontre de Al Hussein 4000 hommes afin de lui barrer la route de Koufa. Les informations dont nous disposons sont unanimes pour dire que le but n’était pas de tuer le petit fils du Prophète mais de lui faire prêter allégeance à Yazid. Pour cette raison les hommes de Ibn Zied laisseront Al Hussein et ses combattants se diriger vers Kerbala (50 km de Koufa).

    Seulement, après avoir refuser de prêter allégeance, et suite à l’ordre du Calife Yazid, les guerriers de Ibn Zied massacrèrent les combattants d’Al Hussein : tous les mâles, y compris les petits garçons, furent tués et décapités. Quant à Al Hussein, le petit fils du Prophète, en lui trancha la tête et en l’envoya en signe de victoire au Calife Yazid.

    Un seul miraculé a échappé à ce carnage : un jeune enfant d’Al Hussein, Ali, sauvé par sa tente.

    La vengeance des chiites

    Avec la mort d’Al Hussein, fils de Ali et petit-fils du Prophète, en 61 de l’Hégire, le Chiisme en tant que mouvement politico-religieux prendra naissance. Les Chiites ne veulent plus seulement remettre le Califat aux mains de Ahl Al Bayt mais ils incluent dans leur dogme la vengeance d’Al Hussein.

    Mais avec cet événement, le Chiisme connaîtra aussi des difficultés (Absence d’un chef charismatique d’une part et divergence sur le quatrième Imam d’autre part) ainsi que des transformations.

    En effet, pour ce qui est des difficultés, après la mort d’Al Hussein il n’y avait plus qu’un seul mâle dans la famille de Ali et de Fatima (fille du Prophète) susceptible de prétendre à l’Imamat : Ali Zine Al Abidine, qui fut le seul rescapé mâle de la bataille de Kerbala.

    Seulement, à la mort de son père, Ali n’était qu’un petit garçon incapable de conduire la révolte et la vengeance des Chiites. En plus, il n’était pas l’unique mâle dans la (grande) famille du Prophète. Il y avait aussi, Ibn Al Hanfya, qui est le fils de Ali -mais pas de Fatima- et qui prendra la direction spirituelle du mouvement.

    Et là réside l’un des premiers problèmes du Chiisme : en effet, alors que la définition de Ahl Al Bayt, devrait englober toute la famille du Prophète (cousins, oncles, tantes…) les Chiites ne considèrent membres de cette famille -et donc prétendants à l’Imamat- que les descendants mâles de Ali et Fatima.

    Nous verrons plus loin l’explication politique de l’exclusion du reste des membres de la famille (et notamment de Ibn Hanfya) qui ne verra le jour que suite à l’échec d’Ibn Hanfya à reconquérir l’Imamat.

    Car au temps de Ibn Hanafya, les Chiites le considéraient bien comme leur quatrième Imam.

    La preuve : après la mort d’Al Hussein, une délégation de Chiites est envoyée à Ibn Hanfya pour l’informer des préparatifs des Chiites et prendre son avis à propos de Al Mokhtar (duquel nous parlerons plus loin).

    Autrement dit, à cette époque, les Chiites considéraient que tant que Ibn Hanfya, le troisième fils de Ali était en vie, Ali Zine Al Abidine n’avait aucun droit à l’Imamat… une position qui changera par la suite.

    Pour ce qui est des nouveautés dans le Chiisme de cette époque on notera la nouvelle distinction faite entre le chef spirituel et le chef politique -ou guerrier- des Chiites :

    Ibn Hanfya et tous les Imams qui lui succéderont seront des chefs spirituels loin de la politique contrairement à Ali, Al Hassan et Al Hussein.

    ***

    Très vite -dès 62 de l’Hégire- les Chiites s’organisèrent sous l’égide de Soliman fils de Sourad et commencèrent à recruter de nouveaux partisans pour venger Al Hussein.

    En quelques années ils réussirent à rassembler plus de 15.000 combattants.

    Profitant de la mort accidentel du Calife Yazid en l’an 65 de l’Hégire, Ibn Sourad entra en guerre contre l’armée Omeyyade conduite par le gouverneur de Koufa, le sanguinaire, Ibn Zied. Mais des 15.000 combattants, il ne pourra compter que sur 3000 cavaliers. La mission de Ibn Zied fut donc facile et il n’aura pas beaucoup de peine à écraser la rébellion Chiite en tuant son chef politique Ibn Sourad.

    A ce moment précis, une étoile montante du chiisme, Al Mokhtar, prendra sa place dans la direction politique du mouvement. Il ferra allégeance au troisième fils de Ali, Ibn Al Hanfya, et se chargera de venger Al Hussein.

    Les historiens parlent à son propos d’un homme très intelligent ; rusé et opportuniste alors que les chiites l’élèvent au rang d’un saint à partir du moment ou il a réussit ou tous les autres faillirent : il a vengé Al Hussien.

    Après la mort de Ibn Sourad, en 65 de l’Hégire, Al Mokhtar réussit à réunir autour de lui plus de 24.000 soldats pour combattre Ibn Zied. Ce dernier sera en effet capturé par l’armée de Al Mokhtar, son armée vaincue et lui torturé puis décapité.

    Les narrations de la torture de l’ancien gouverneur de Koufa, Ibn Zied, sont insupportables : on lui enlevait des tranches de chair de sa cuisse qu’on l’obligeait à avaler après les avoir grillait !

    On en fit de même pour tous les responsables de la mort d’Al Hussein qui s’étaient réfugiaient dans l’armée de Ibn Zied.

    La tête d’Ibn Zied ainsi que les têtes de la majorité de ses soldats furent tranchées et envoyées en trophées de guerres à Koufa pour Al Mokhtar.

    Bilan : les sources Chiites parlent de quelques vingt mille têtes !

    Ainsi les Chiites vengèrent la mort d’Al Hussein.

    La consolidation du dogme

    Nous avons déjà vu, comment le Chiisme a commencé à se constituer en tant que mouvement politico-religieux dès l’an 61 de l’Hégire (date de l’assassinat d’Al Hussein) et ce en instaurant comme premiers éléments du dogme chiite : la vengeance d’Al Hussein et la revendication du Califat (devenu Imamat) pour Ahl Al Bayet.

    Avec Ibn Hanafya et Al Mokhtar, la construction se poursuivra et ces deux personnages auront beaucoup d’influence sur l’évolution postérieure du Chiisme.

    ***

    Nous sommes en 67 de l’Hégire lorsque l’armée d’Al Mokhtar livre bataille à celle de Abd Allah Ibn Zoubayr (le Calife du Hijaz qui avait profité de la faiblesse de la dynastie Omeyyade pour proclamer en 60 de l’H. son Califat et qui fut à cette époque militairement plus fort que les Omeyyades) conduite par son frère Mosab.

    Ibn Zoubayr avait peur de la nouvelle ‘‘puissance militaire’’ qui était entrain de se constituer entre les mains des Chiites.

    Seulement, les armées zoubayrites n’ont pas eu beaucoup de mal à écraser Al Mokhtar et son armée.

    ***

    Voila pour les événements politiques de cette époque. Voyant maintenant la situation sur le plan dogmatique.

    Ce qui est perceptible dans la constitution du Chiisme -et vous allez le remarquer- et que chaque fois que les Chiites perdent un Imam ou un dirigeant, leur dogme se radicalise de plus en plus…

    Cela va se vérifier encore après la défaite de Al Mokhtar :

    D’abord, Al Mokhtar qui est considéré par les Sunnites comme un charlatan, est pour les Chiites un saint serviteur du quatrième Imam.

    A coté du rôle politico-militaire qu’il joua (en tant que lieutenant de Ibn Hanafya), cet homme prétendait être capable d’illumination divine.

    Le grand historien Tabari nous raconte même que plusieurs de ses prédictions se révélèrent justes.

    Al Mokhtar sera ainsi derrière la naissance de l’un des principes du Chiisme : le Bida selon lequel Dieu aurait changé le cours des choses initialement prévues parce qu’il il a eu de nouvelles choses qui lui sont apparues.

    Pour les Sunnites, ce genre d’analyse est inadmissible : la science de Dieu ne saurait connaître d’altération ou de changement… et toute personne qui croit à la Bida est hérétique.

    Pour les Chiites par contre, la Bida (le changement) n’a pas lieu dans les sciences divines mais dans l’ordre des choses…

    Ensuite, quelques décennies après la mort d’Al Mokhtar, le Chiisme se radicalisera de plus en plus : les Chiites ne revendiquent plus seulement la vengeance d’Al Hussein et le retour du Califat aux mains de Ahl Al Bayt mais ils élargiront le cercle de leur ennemis : ce ne sont plus les Omeyyades seulement mais aussi et surtout les deux premiers Calife de l’Islam : Abou Bakr et Omar.

    Le pourquoi de cette évolution ?

    A cette époque, le Chiisme développa l’un de ses plus important principes : l’Imamat n’est pas un simple pouvoir politique, mais c’est aussi et surtout une continuation de la Prophétie.

    Sans Imamat, la Prophétie sera incomplète et le dessein de Dieu sur la terre inachevé : L’imamat est une pierre angulaire de l’islam.

    Pour son importance, l’Imamat ne peut pas être hérité et l’imam ne peut être choisi par les croyants. Il doit recevoir explicitement la mission de l’ancien Imam et doit être de la descendance de Ali et de Fatima.

    Poursuivant leur analyse, les Chiites considèrent que le Prophète aurait donc désigné l’Imam qui lui succéderait : Ali.

    Dans ce cas, Abou Bakr et Omar qui n’auraient pas donnés suites aux injonctions du Prophète, auraient commis un péché capital.

    Ainsi, nous remarquons que les premières divergences de taille entre les Sunnites et les Chiites remontent à cette époque (fin du premier siècle de l’Hégire – début du deuxième).

    A suivre…

    Tags : Religion, Islam, Sunnite, chiite, Maroc, Algérie, Tunisie, Arabie Saoudite, Irak, Iran,





  • Mali : Quel sort réservé à l’ancien président malien IBK!

    L’ancien président malien Ibrahim Boubacar Keïta a été de nouveau placé sous résidence surveillée après son retour à Bamako le 21 octobre dernier.

    Selon le journal français “Jeune Afrique”, l’ancien président malien a retrouvé le 21 octobre, Bamako et sa résidence personnelle du quartier de Sébénikoro après un séjour d’un mois et demi à Abu Dhabi (Emirats arabes unis) pour des raisons de santé.

    D’après la même source, Ibrahim Boubacar Keïta y vit sous l’étroite surveillance des hommes de la garde présidentielle aux côtés de sa femme Aminata Maïga.

    Deux ans après sa réélection le 12 août 2018, l’ancien président malien, 75 ans, a été destitué par un coup d’Etat mené par une junte militaire le 18 août dernier.

    Echourouk Online, 6 déc 2020

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