Catégorie : Monde

  • Maghreb : La région a besoin de paix

    La sortie de crise dans le dossier libyen semble enregistrer d’importantes avancées qui coulent dans le sens d’une sortie de crise négociée et loin de la tension qui a marquée ce pays il y a quelques mois. De plus en plus, l’ONU semble avoir bien repris les choses en main et mène une politique de rapprochement entre les différents acteurs libyens qui se plient au jeu de la négociation et des pourparlers.

    Comme préconisé par l’Algérie, la sortie de crise ne peut se faire que par les Libyens eux-mêmes, et loin des différentes ingérences de certains pays qui n’ont d’autres soucis, dans leur agenda, que de servir leurs intérêts, quitte à sacrifier ceux des Libyens. Mais la tendance a bien changé aujourd’hui, et les Libyens se parlent directement et semblent tous privilégier une sortie de crise venant de l’intérieur du pays.

    Et le dernier développement notable dans ce dossier a été l’annonce faite ce vendredi par l’ONU sur l’accord trouvé par les négociateurs libyens sur la date des élections qui a été fixée au 24 décembre 2021. Une avancée majeure quand on sait que jusque là, chacune des parties en conflit ne pensait régler la crise qu’à travers la supériorité militaire et l’appui des forces étrangères.

    Et il faut convenir que ce sont les meilleures nouvelles que l’on enregistre dans ce pays depuis un peu plus de neuf longues années. Une bonne nouvelle pour la Libye, mais aussi pour toute la région sahélo-maghrebine qui a été gravement impactée par ce conflit, qui a vu l’implantation de plusieurs groupes terroristes qui menaçaient sérieusement la paix dans la région.

    Mais en face de ces importantes évolutions dans le dossier libyen, il reste regrettable que dans la même région, des apprentis sorciers à l’image du Maroc font tout pour maintenir la région dans un état d’instabilité et de dangers permanents, avec leur politique aventurière et guerrière qui posent plusieurs questions, sur le jeu malsain que joue Rabat dans la région.

    Le Maroc se place clairement comme un acteur déstabilisateur du Maghreb et doit de ce fait être condamné avec la plus grande vigueur par la communauté internationale qui doit mettre fin à la politique guerrière et déstabilisatrice de ce pays qui veut détourner l’attention sur ses multiples problèmes internes, quitte à menacer sérieusement la paix dans la région.
    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 16 nov 2020

    Tags : Afrique du Nord, Algérie, Maroc, Libye,

  • Vers un «Guantanamo» européen ?

    par Abdelkrim Zerzouri


    L’Europe peine à trouver une réponse commune à la menace terroriste. A la recherche, depuis 2015, d’un mode d’emploi «européen» de la lutte contre le terrorisme, la France est revenue à la charge en 2020, en organisant mardi dernier un mini sommet européen, pour tenter de convaincre ses voisins de se pencher sérieusement sur la recherche d’une réponse «coordonnée et rapide» pour asseoir une politique commune visant le renforcement de la sécurité des citoyens européens. C’est toujours aux lendemains d’attentats terroristes meurtriers sur le sol européen que la question de la sécurité commune revient hanter les esprits, sans pour autant dégager des mesures prépondérantes qui engageraient la communauté européenne, dans son ensemble, contre la menace terroriste.

    Après les attaques de janvier 2015 à Paris, mars 2016 à Bruxelles et à Berlin à la fin de la même année, une dynamique d’intégration européenne en matière de sécurité a connu une certaine accélération au nom de la lutte contre le terrorisme, se traduisant par la création du mandat d’arrêt européen ou encore par la création de l’unité européenne de coordination judiciaire (Eurojust), la création du Centre européen de lutte contre le terrorisme d’Europol, la modification de la législation européenne sur les armes à feu, l’actualisation du texte instaurant le «casier judiciaire européen» pour y inscrire les ressortissants extracommunautaires, mais toutes ces mesures se sont avérées impuissantes face à la menace terroriste. Preuve en est le récent attentat perpétré à Vienne, après celui de Nice et la décapitation de Samuel Paty en France en octobre. Sans parler de la vingtaine ou plus de projets d’attentats terroristes déjoués, selon les services de sécurité.

    La grande faille de sécurité est bien connue, elle se situe aux frontières internes de l’Europe, de «véritables passoires», selon certains partis extrémistes, en cela qu’elles ouvrent la voie à l’immigration clandestine et offrent une circulation facile aux terroristes d’un pays à un autre pour commettre des attaques difficiles à contrer par les seuls outils sécuritaires internes adoptés par les pays membres de l’Union. Le défi véritable relève, ainsi, d’une réforme du code «frontières Schengen», bien en vue sur la table du mini sommet consacré à la menace terroriste et des moyens à mettre en œuvre pour la contrer. Comment toucher à ce principe de l’invisibilité des frontières internes (Schengen) sans remettre en cause la sacro-sainte libre circulation entre les pays membres de l’UE ?

    Répugnant depuis longtemps à prendre des mesures qui touchent aux libertés en général, la France, en premier lieu, et les autres pays membres de l’UE, semblent se résigner à déclarer la guerre totale aux terroristes quitte à malmener les droits de l’homme, dont les fondements sont exploités par les terroristes pour fomenter leurs attaques. De fervents défenseurs de ce socle des valeurs humaines consentent désormais à «prendre des libertés avec la liberté» dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. L’Europe n’est pas loin en 2020 de marcher sur les pas de l’Amérique aux lendemains des attentats du 11 septembre 2001, à l’enseigne de cet appel pour la création d’un «Guantanamo» européen !

    Le Quotidien d’Oran, 12 nov 2020

    Tags : UE, Guantanamo, migration,

  • Avec la fermeture du passage de Guerguerate, le Polisario apporte un soutien indéniable au Mali et à la Mauritanie

    Au Mali, les terroristes ont deux méthodes pour fincancer leurs opérations: l’argent des rançons payé par la France et la collusion avec les réseaux criminels transnationaux occupés, dans un premier temps dans la contrebande de Marlboro, ensuite, dans le trafic de cocaïne et du cannabis provenant d’Afrique subsaharienne et du Maroc. Au Mali, les armes utilisées pour terroriser la population ont été financées par le trafic de cannabis.

    Du passage d’El Guerguerat sortaient le cannabis cultivé au Maroc et la cocaïne qui débarque dans des bateaux marocains dans le port de Dakhla, au sud du Sahara Occidental. Une information corroborée par le rapport des experts de l’ONU sur la situation au Mali.

    Par conséquent, l’initiative de la société civile sahraouie contribuera à fermer un des principaux robinets qui alimentaient le terrorisme au Mali et dans toute la région sahélo-saharienne.

    Tags : Mali, Maroc, Sahara Occidental, El Guerguerate, cannabis, cocaïne, terrorisme, drogue, contrebande, finance,

  • Corona peut-elle guérir notre complexe de supériorité?

    Par Sven Biscop

    UE et partenaires stratégiques, stratégie de l’UE et politique étrangère
    Un complexe de supériorité est difficile à guérir. Personne en Europe n’aspire à un retour à l’empire (enfin, personne en Europe continentale, du moins). La plupart des Américains prétendent encore qu’ils n’ont même jamais eu d’empire. Mais les Européens et les Américains estiment toujours que nous avons le droit de dominer la politique internationale et qu’il est parfaitement naturel que l’UE et les États-Unis soient les pays les plus riches de la planète. Au fond, nous pensons que nous l’avons mérité, grâce à notre travail acharné – l’implication étant que si d’autres personnes sont moins bien nanties, elles l’ont également mérité. La réalité est, bien entendu, que nous avons créé l’ordre international à notre avantage économique. Si le dollar américain est la monnaie de réserve du monde, et si la Banque mondiale est toujours dirigée par un Américain et le Fonds monétaire international par un Européen, ce n’est pas une loi de la nature, mais le résultat d’une stratégie clairvoyante quE les États-Unis et leurs alliés européens ont mis en œuvre à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

    De toute évidence, personne en dehors de l’UE et des États-Unis ne pense que nous avons droit à une prééminence permanente. L’Europe et l’Amérique ont déjà perdu une grande partie de leurs plumes par leur incapacité à prévenir, puis à gérer résolument, la crise financière de 2008. C’est notre propre échec qui a laissé un vide que la Chine a profondément comblé; nous avons permis la percée finale de Pékin. La Chine a senti l’opportunité d’utiliser ses énormes ressources pour obtenir un gain d’influence massif et s’est fermement établie en tant que grande puissance au même niveau que les États-Unis et l’UE.

    Aujourd’hui, la crise corona a définitivement lavé le dernier glas des réputations européennes et américaines. Nous ne réalisons pas la perte de crédibilité accablante que nous avons subie dans les autres régions du monde, notamment en Asie. Il était déjà difficile de comprendre pour les personnes en Asie pourquoi nos États supposés bien organisés, avec leurs systèmes de santé complets, ont réagi si tard à l’épidémie en Chine. Mais alors notre manque d’expérience avec le virus du SRAS, qui a frappé durement l’Asie en 2003, pourrait servir d’excuse. Bien que cela indique également notre complexe de supériorité: n’avons-nous pas vu le COVID-19 comme un simple virus «extraterrestre» qui nous passerait? Cela pourrait frapper la Chine, mais certainement pas nous – jusqu’à ce que ce soit le cas. Ce qui est vraiment incompréhensible en Asie, cependant, c’est que l’UE et les États-Unis se laissent à nouveau submerger par la deuxième vague de la pandémie. Du coup, il semble que le coronavirus soit devenu «le fardeau de l’homme blanc»… Après cet échec gigantesque de la part des États les plus riches et les plus forts du monde, il sera très difficile de faire le tour du monde en agitant les doigts, en faisant semblant que nous savons mieux que d’autres comment gérer les choses.

    Ne répétez pas nos erreurs

    Si la pandémie peut guérir définitivement l’Occident de son complexe de supériorité, elle aura au moins eu un effet secondaire positif. Dans sa stratégie globale de 2016, l’UE a inscrit un ordre international fondé sur des règles comme l’un de ses intérêts vitaux. Ces règles ne peuvent plus être simplement imposées par l’Occident aux autres. Cela ne signifie pas que nous devons abandonner notre programme stratégique. Mais nous devrons convaincre activement les autres États de la validité de ce que nous considérons comme les règles fondamentales: ne pas faire la guerre, ne pas clôturer les sphères d’intérêt exclusives, respecter les droits de l’homme et respecter les règles que vous voulez que les autres suivent. Nous devrons négocier avec d’autres États sur un pied d’égalité et être prêts à partager le pouvoir afin de créer un ordre fondé sur des règles auquel tous les États adhèrent. Cela nécessite que nous formulions un projet positif pour l’ordre international. «Nous ne sommes pas la Chine» ne suffit pas; nous devons annoncer quels biens publics mondiaux nous cherchons à créer pour le bénéfice de tous.

    Malheureusement, de nombreux régimes autoritaires présentent l’échec de l’Occident comme un échec de la démocratie et sapent ainsi la crédibilité de notre vision des règles fondamentales. Il suffit de se pencher sur Taiwan démocratique, qui a probablement traité le coronavirus mieux que quiconque, pour savoir que le problème n’est pas la démocratie. Sans un leadership résolu et un appareil d’État fort, les régimes démocratiques, populistes et dictatoriaux échouent tous. Mais la crise corona représente un échec du sens du collectif en Occident. Les États-Unis démontrent que le patriotisme et même le nationalisme peuvent aller de pair avec l’absence de responsabilité collective. De nombreux patriotes fervents voient les États-Unis d’Amérique comme un ensemble d’individus qui se débrouillent seuls plutôt que comme une communauté de citoyens qui se soucient les uns des autres grâce à des institutions solides. Dans l’UE, vice versa, les États providence forts incarnent le sens de la responsabilité collective, mais ils sont victimes de leur propre succès. De nombreuses personnes n’ont plus le sentiment d’avoir une responsabilité personnelle à assumer. C’est probablement pourquoi le Japon, la Corée du Sud et Taïwan réussissent tellement mieux que nous à contrôler l’épidémie.

    Néanmoins, il ne sert à rien que l’Occident ne conquiert son complexe de supériorité que pour que d’autres en assument un, notamment la Chine. De nos jours, les responsables américains ne parlent plus de la Chine; ils parlent tous du Parti communiste chinois. De toute évidence, le PCC a tout le pouvoir dans un État à parti unique, mais si les États-Unis appliquaient ce principe de manière cohérente, ils devraient également parler de la Maison d’Al-Saud plutôt que de l’Arabie saoudite. Plus important encore, ce trope rhétorique rate le défi principal, qui est le nationalisme chinois. La propagande du PCC a été très efficace, non pas pour promouvoir le communisme, mais pour créer le nationalisme. Le patriotisme est une force pour le bien, et le peuple chinois peut être fier à juste titre de nombre des réalisations économiques de la Chine. Le nationalisme, cependant, est une force négative, et s’il n’est pas maîtrisé, il risque de mettre la Chine sur une voie qui ne peut que contrarier d’autres États, au détriment des intérêts de la Chine.

    Au lieu de cela, une pandémie mondiale appelle à une coopération mondiale. Les dirigeants mondiaux ont raté la première occasion: lorsque l’épidémie a frappé pour la première fois, beaucoup l’ont instrumentalisée pour poursuivre leur rivalité avec d’autres puissances. Mais nous avons une seconde chance: si et quand un vaccin devient disponible, il ne doit pas devenir un instrument de compétition, mais une raison de coopérer et d’assurer sa disponibilité à tous. Prouvons que nous sommes supérieurs à nos pires pulsions.

    Le professeur Sven Biscop, membre honoraire du Collège européen de sécurité et de défense, est directeur du programme Europe dans le monde à l’Egmont – Institut royal des relations internationales à Bruxelles, et professeur à l’Université de Gand.

    Source : Egmont Institute, 9 nov 2020

    Tags : Coronavirus, impérialisme, économie, coopération,

  • TRUMP, ENFANT de la TV se perd dans les miroirs télévisuels de lui-même en abyme

    Le Président atypique semble le futur perdant des élections. Mais à quelques grammes prêts. Les résultats hyper serrés ne correspondent pas à la vague bleue annoncée!

    Il a marqué les esprits par sa gouvernance particulière: lit peu les dossiers, tire ses infos des médias télévisuels surtout, qui tournent en boucle. Il twitte et regarde l’impact médiatique que cela engendre, retwitte en retour.

    En résumé, Donald Trump tourne en boucle avec lui-même, mettant en scène des colères, ses insultes, ses enthousiasmes. En parfait narcissique pathologique.

    Sa nièce Mary Trump psychologue clinicienne va en ce sens dans un ouvrage bien informé car issu de l’intérieur de la structure familiale.

    Le journal suisse Le Temps va plus loin en évoquant un Trump « drogué par lui-même » au sortir de l’hôpital récemment «Un président multi-médicamenté (sous stéroïdes), sorti de sa bulle hospitalière VIP pour mettre en scène un retour bizarre et trompeur à la Maison-Blanche, qui enlève son masque dans un geste irresponsable et qui déclare qu’il n’y a rien à craindre du Covid-19, quand 210 000 Américains en sont déjà morts.» La consternation le dispute à la colère dans le récit que propose CNN de la scène surréaliste hier soir à la Maison-Blanche, au retour de Donald Trump »

    Les observateurs notent d’étranges frénésies de tweets en rafale.

    Donald Trump, enfermé dans son mental comme il a enfermé le pays à coup de murs, physiques ou symboliques, tourne en vase clos. Il se bouc-émissairise, se pose en victime: « tous responsables »…sauf lui!

    L’ancien animateur de show a entaché l’image de son pays dans le monde dont les relations avec les propres alliés – qu’il insulte! -sont explosées, à reconstruire.

    Sa propre opinion non structurée est poussée en règle de gouvernance. L’eau de javel est un puissant bactéricide externe? Allez va, Trump propose sans vergogne, publiquement lors d’une conférence de presse de l’injecter pour lutter contre covid-19. Juste insensé.

    Du populisme au ras des pâquerettes, une pensée destructurée, infantile (expliquée par le grave trouble de la personnalité narcissique qui l’anime selon un collectif de psychiatres américains en 2017).

    Il ment assez souvent car dans un tel état mental malade, la réalité doit se plier à ses exigences, quitte à passer par le mensonge.

    La fake news en fait le concerne en premier chef ! Les journaux listent la quantité impressionnante de mensonges issus de l’actuel Président des USA .

    Avec des tweets projetés en boucle sur les écrans mondiaux pour la plus grande satisfaction de Trump qui se visualise en action virtuelle et par image interposée en permanence, l’Histoire retiendra un président twitteur agressif, menteur et compulsif « déjanté ».

    Qui au passage a fait procéder à la séparation parents/enfants. 524 enfants orphelins de fait en attente de retrouver leurs proches.

    Source : le blog de Sylvie Neidinger

    Tags : Etats-Unis, Donald Trump, narcissisme, narcissique,

  • Italie : Le haschich du Maroc finance Cosa Nostra

    Trafic de drogue avec le Maroc, un procès à Marsala est en cours

    Le procès de six des 19 suspects de l’opération «Eden 3» accusés de trafic international de drogue sous l’égide du patron de la mafia en fuite Matteo Messina Denaro a débuté hier après-midi devant le tribunal de Marsala. Angelo Greco, 51 ans, de Mazara del Vallo, a choisi le processus avec un rite ordinaire, qui le 11 novembre 2019 a été condamné à 8 ans de prison, en forme abrégée, par le gup de Palermo Cristina Lo Bue dans le cadre de la Procédure mafieuse « Year Zero », Nicolò Mistretta, 65 ans, de Campobello di Mazara, Sebastiano Botto, 63 ans, de Palagonia, Gaspare Bono, 30 ans, de Mazara del Vallo, Vincenzo Lo Voi, 46 ans, de Palerme, et Vincenzo Stefanelli, de 61 ans, d’Oppido Mamertina (Rc).

    Les treize autres accusés seront jugés selon une procédure abrégée devant le juge de Palerme. Le procureur du DDA Alessia Sinatra soutient l’accusation. Trois ont été arrêtés lors de l’opération «Eden 3», tandis que les autres n’ont été que dénoncés.

    Nicolò Mistretta s’est retrouvé en prison, qui a bénéficié à partir du mois d’avril d’un revenu de citoyenneté, malgré deux condamnations subies en 1998 et 2001, et Giacomo Tamburello, 60 ans, de Campobello di Mazara, tandis que, pour des raisons d’âge, l’assignation à domicile a été accordée à l’ancien avocat Antonio Messina, 74 ans, également du même centre de Belicino, mais résidant à Bologne.

    L’enquête a été menée par les carabiniers du Ros du commandement provincial de Trapani et par les financiers du Gico de l’unité de police économique et financière de Palerme, selon lesquels l’association criminelle aurait géré un trafic international de stupéfiants sous la supervision de Cosa Nostra . De 2013 à 2018, en particulier, de grandes quantités de haschich auraient été importées sur la route Maroc-Espagne-Italie.

    Source : Giornale di Sicilia, 5 nov 2020

    Tags : Italie, Cosa Nostra, Maroc, Haschich, cannabis, drogue, stupéfiants,

  • Adieu à la démocratie faillie US



    Pepe Escobar

    Quelles que soient les conséquences géopolitiques et géoéconomiques de la spectaculaire dystopie américaine, le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine, dans leurs propres registres légèrement différents, a déjà voté sur la voie à suivre.

    Voici comment j’ai encadré ce qui est au cœur du plan quinquennal chinois 2021-2025 approuvé lors du plénum de Pékin la semaine dernière.

    Voici l’interprétation standard d’un groupe de réflexion chinois.

    Et voici un contexte particulièrement pertinent qui montre à quel point la sinophobie est omniprésente face à un modèle de gouvernance made in China extrêmement efficace. Cette étude montre comment l’histoire, la culture et les axiomes civilisationnels complexes de la Chine ne peuvent tout simplement pas s’inscrire dans la vision du monde hégémonique occidentale et chrétienne.

    Le « secret » pas si caché du plan quinquennal 2021-2025 de la Chine – que le Global Times a décrit comme « l’autonomie économique » – est de baser le poids géopolitique croissant de l’État civilisationnel sur les percées technologiques.

    Il est essentiel que la Chine soit sur une voie « autonome », c’est-à-dire qu’elle ne dépende que très peu, voire pas du tout, de l’apport étranger. Même un horizon clair – « pragmatique » – a été fixé : 2035, à mi-chemin entre aujourd’hui et 2049. D’ici là, la Chine devrait être à égalité, voire dépasser les États-Unis en termes de puissance géopolitique, géoéconomique et technologique.

    C’est la raison pour laquelle les dirigeants chinois étudient activement la convergence de la physique quantique et des sciences de l’information – qui est considérée comme l’épine dorsale de la poussée « Made in China » vers la Quatrième Révolution Industrielle.

    Le plan quinquennal indique clairement que les deux vecteurs clés sont l’intelligence artificielle et la robotique, domaines dans lesquels la recherche chinoise est déjà très avancée. Les innovations dans ces domaines donneront lieu à une matrice d’applications dans tous les domaines, des transports à la médecine, en passant par l’armement.

    Huawei est essentiel dans ce processus continu, car il ne s’agit pas d’un simple mastodonte de données, mais d’un fournisseur de matériel informatique, créant des plates-formes et l’infrastructure physique nécessaire à une multitude d’entreprises pour développer leurs propres versions de villes intelligentes, de villes sûres – ou de médicaments.

    Les grandes capitales – de l’Est et de l’Ouest – sont très en phase avec la direction que tout cela prend, un processus qui implique également les principaux centres des Nouvelles Routes de la Soie. En accord avec le scénario de « terre d’opportunité » du XXIe siècle, le Grand Capital se déplacera de plus en plus vers l’Asie de l’Est, la Chine et ces nouveaux pôles de la soie.

    Cette nouvelle matrice géoéconomique s’appuiera principalement sur les retombées de la stratégie « Made in China 2025 ». Un choix clair sera présenté pour la plus grande partie de la planète : « gagnant-gagnant » ou « somme nulle ».

    Les échecs du néolibéralisme

    Après avoir observé le puissant affrontement, renforcé par la Covid-19, entre le paradigme néolibéral et le « socialisme à caractéristiques chinoises », le Sud Global commence seulement à tirer les conclusions qui s’imposent.

    Aucun tsunami de propagande occidentale ne peut tourner favorablement ce qui est en fait un effondrement idéologique dévastateur, en une ou deux étapes.

    L’échec abject du néolibéralisme dans le traitement de la Covid-19 est manifestement évident dans tout l’Occident.

    La dystopie électorale américaine est en train de sceller l’échec abject de la « démocratie » libérale occidentale : quel genre de « choix » offre Trump-Biden ?

    Cela se produit au moment même où le Parti Communiste Chinois, ultra-efficace et implacablement diabolisé, déploie sa feuille de route pour les cinq prochaines années. Washington ne peut même pas planifier ce qui se passera le jour suivant.

    L’objectif initial de Trump, suggéré par Henry Kissinger avant l’inauguration de janvier 2017, était de jouer – quoi d’autre – à « diviser pour régner », en séduisant la Russie contre la Chine.

    C’était l’anathème absolu pour l’État Profond et ses sbires Dem. D’où la diabolisation impitoyable de Trump qui s’en est suivie, avec le Russiagate en tête du classement. Et puis Trump a unilatéralement choisi de sanctionner et de diaboliser la Chine quand même.

    Dans l’hypothèse d’une victoire des Démocrates, le scénario se tournera vers la diabolisation renforcée de la Russie, alors même que la guerre hybride hystérique contre la Chine persistera sur tous les fronts – Ouïgours, Tibet, Hong Kong, Mer de Chine Méridionale, Taïwan.

    Comparons maintenant tout ce qui précède avec la feuille de route russe.

    Cela a été clairement énoncé dans les interventions cruciales du Ministre des Affaires Étrangères Sergueï Lavrov et du Président Poutine lors des récentes discussions du Club Valdaï.

    Poutine a fait une affirmation clé sur le rôle du Capital, en soulignant la nécessité « d’abandonner la pratique de la consommation effrénée et illimitée – la surconsommation – en faveur d’une suffisance judicieuse et raisonnable, lorsque vous ne vivez pas seulement pour aujourd’hui mais pensez aussi à demain ».

    Poutine a de nouveau souligné l’importance du rôle de l’État : « L’État est un élément nécessaire, il n’y a pas moyen […] de se passer du soutien de l’État ».

    Et, de concert avec l’expérimentation chinoise sans fin, il a ajouté qu’en fait, il n’y a pas de règles économiques gravées dans le marbre : « Aucun modèle n’est pur ou rigide, ni l’économie de marché ni l’économie planifiée aujourd’hui, mais nous devons simplement déterminer le niveau d’implication de l’État dans l’économie. Sur quoi nous basons-nous pour prendre cette décision ? L’opportunité. Nous devons éviter d’utiliser des modèles, et jusqu’à présent, nous avons réussi à éviter cela ».

    Poutine, pragmatique, a défini la manière de réglementer le rôle de l’État comme « une forme d’art ».

    Et il a donné l’exemple suivant : « En maintenant l’inflation un peu plus élevée, il sera plus facile pour les consommateurs et les entreprises russes de rembourser leurs emprunts. C’est économiquement plus sain que les politiques déflationnistes des sociétés occidentales ».

    Conséquence directe des politiques pragmatiques de Poutine – qui comprennent des programmes sociaux de grande envergure et de vastes projets nationaux – l’Occident ignore que la Russie pourrait bien être sur le point de dépasser l’Allemagne en tant que cinquième économie mondiale.

    Le résultat est que, combiné, le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine offre, en particulier au Sud Global, deux approches radicalement différentes du dogme néolibéral occidental standard. Et pour l’ensemble de l’establishment américain, c’est un anathème.

    Ainsi, quel que soit le résultat du « choix » de Trump-Biden, le conflit entre l’Hégémon et les deux principaux souverains ne peut devenir que plus incandescent.

    Source : Tlaxcala



  • Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 4 novembre 2020

    (La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)

    Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:

    Éthiopie

    Le Secrétaire général exprime ses plus vives inquiétudes face aux affrontements armés signalés dans la région du Tigré en Éthiopie et appelle à prendre des mesures immédiates pour apaiser les tensions et assurer un règlement pacifique du différend.  Il souligne l’importance de la stabilité de l’Éthiopie pour la région de la Corne de l’Afrique.   

    Le Secrétaire général renouvelle l’engagement de l’Organisation des Nations Unies, avec ses partenaires de la région, à appuyer le Gouvernement éthiopien dans ses efforts de réforme visant à bâtir un avenir pacifique et sûr pour tous ses peuples.  

    Côte d’Ivoire

    Dans une déclaration publiée hier, le Secrétaire général a pris note de l’annonce par la Commission électorale indépendante des résultats provisoires de l’élection présidentielle qui a eu lieu en Côte d’Ivoire le 31 octobre. 

    Le Secrétaire général condamne fermement les violences qui ont eu lieu avant, pendant et après l’élection.  Il est attristé par les nombreuses pertes en vies humaines et exprime ses profondes condoléances aux familles endeuillées. 

    Le Secrétaire général appelle tous les acteurs politiques à respecter l’ordre constitutionnel du pays et à se conformer aux principes de l’état de droit.  Il exhorte le Président et les principaux dirigeants de l’opposition à s’engager dans un dialogue constructif et inclusif afin de trouver une issue à la crise actuelle et à œuvrer ensemble à dégager un consensus en faveur de la cohésion nationale. 

    Le Secrétaire général réitère la disponibilité des Nations Unies à appuyer un tel dialogue dans le but de préserver la stabilité et de promouvoir la réconciliation nationale à travers le pays. 

    Police des Nations Unies

    La Semaine de la police des Nations Unies est célébrée cette semaine.

    Ce matin, le Conseil de sécurité a été informé par le Sous-Secrétaire général à l’état de droit et aux institutions chargées de la sécurité, M. Alexander Zouev, ainsi que par les commissaires de police des Nations Unies en poste en République centrafricaine, en Haïti, au Mali et au Soudan du Sud. S’exprimant au nom de M. Jean-Pierre Lacroix, M. Zouev a souligné le rôle vital que joue la police des Nations Unies dans tout le spectre de la prévention des conflits, du maintien et de la consolidation de la paix.

    S’agissant de la protection des civils, il a donné des exemples de la République centrafricaine où la police des Nations Unies a contribué à favoriser un environnement protecteur grâce au renforcement des capacités de la police. Il a également indiqué que la police des Nations Unies avait aussi contribué aux efforts de sensibilisation à la COVID-19.

    M. Zouev a réaffirmé que des services de police sensibles au genre sont une priorité essentielle pour garantir la satisfaction des besoins des hommes, des femmes, des garçons et des filles en matière de sécurité.

    Libye

    La Représentante spéciale par intérim pour la Libye, Mme Stephanie Williams, s’est adressée à la presse à l’issue de la réunion de deux jours de la Commission militaire mixte qui s’est tenue à Ghadamès, en Libye. Elle a pris note de l’ouverture des installations pétrolières, des travaux sur la reprise des vols et de la poursuite des échanges de détenus.

    Mme Williams a dit que ceci est le début d’un processus qui exigera de la détermination, du courage, de la confiance et beaucoup de travail. Maintenant, a-t-elle dit, nous allons travailler, à Tunis, avec les 75 participants sur la feuille de route politique pour aller de l’avant, un des objectifs clefs étant la planification des élections nationales.

    Elle a exprimé l’espoir que l’esprit et le sens des responsabilités de la Commission militaire mixte sera reflété dans le dialogue politique.

    Liban

    Aujourd’hui marque trois mois depuis les explosions qui ont frappé le port de Beyrouth, touchant des milliers de personnes et causant des dégâts considérables.

    L’ONU et ses partenaires humanitaires continuent d’aider ceux qui en ont le plus besoin. Au moins 180 000 personnes ont reçu une aide humanitaire depuis le mois d’août.

    De nouvelles réparations d’abris, une aide alimentaire et des services médicaux sont les principales priorités signalées par les personnes touchées par les explosions.

    Pendant ce temps, une situation économique instable et en détérioration, les mesures de confinement liées à la COVID-19 et d’autres facteurs ont aggravé la pauvreté des familles libanaises et réfugiées vulnérables.

    La COVID-19 demeure une préoccupation sérieuse. À compter de lundi, plus de 83 000 cas ont été diagnostiqués et 672 décès enregistrés. Les hôpitaux continuent d’être sollicités au-delà de leurs capacités.

    À ce jour, la réponse coordonnée de l’ONU suite aux explosions qui cherche à lever 354,9 millions de dollars pour répondre aux besoins vitaux immédiats pendant trois mois, n’a reçu que 25% de son financement. Des fonds supplémentaires sont nécessaires pour augmenter les secours destinés aux plus vulnérables et éviter que la situation ne s’aggrave.

    Nicaragua

    Le Nicaragua a été frappé par l’ouragan Eta, tôt hier matin. L’UNICEF et ses partenaires ont prépositionné des fournitures d’urgence et élaboré un plan d’intervention conjoint pour répondre aux besoins des enfants et des familles, dont 10 000 personnes évacuées de la côte nord. L’UNICEF a prépositionné 3 000 kits d’hygiène familiale, 3 000 conteneurs d’eau, 87 boîtes de comprimés de désinfection de l’eau et 50 kits de test de chlore pour le contrôle de la qualité de l’eau capables de réaliser 12 000 tests. Ces fournitures, qui peuvent répondre aux besoins de 15 000 personnes, dont 6 000 enfants, sont en attente de livraison au Gouvernement. L’UNICEF travaille aussi en étroite coordination avec les autorités pour veiller à ce que les abris soient adaptés, sûrs et équipés avec des articles nécessaires pour les enfants.

    De son côté, le Programme alimentaire mondial (PAM) a positionné 80 tonnes d’aide alimentaire dans la région. Le PAM a également fourni un appui en matière de télécommunications et de logistique, notamment des entrepôts mobiles, des bureaux préfabriqués, des générateurs, ainsi que des systèmes radio et par satellite pour soutenir les centres opérationnels locaux.

    Typhon Goni

    Aux Philippines, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) indique que plus de 2 millions de personnes ont été touchées par le super typhon Goni, le typhon le plus violent de cette année.

    Les agences onusiennes, la Croix-Rouge et les partenaires humanitaires mènent des évaluations et fournissent de la nourriture, des abris et des services psychosociaux, entre autres, tout en soutenant les efforts de recherche et de sauvetage du Gouvernement.

    Après avoir balayé les Philippines, le typhon a été rétrogradé en tempête tropicale et devrait toucher terre au Viet Nam demain après-midi.

    Le Viet Nam se remet à peine du typhon Molave, qui a touché terre fin octobre. L’ONU et ses partenaires ont lancé un plan de réponse de six mois nécessitant un apport de 40 millions de dollars pour aider 177 000 personnes parmi les plus vulnérables et les plus affectées par les inondations.

    Inondations au Cambodge

    À la date d´hier, plus de 800 000 personnes ont été touchées par les inondations au Cambodge. Près de la moitié d’entre elles sont pauvres et vulnérables, et ont besoin d’une aide humanitaire. L’ONU travaille sur un plan de réponse humanitaire.

    COVID-19 / République du Congo

    L’équipe de pays de l’ONU, dirigée par le Coordonnateur résident, M. Chris Mburu, s’est associée aux autorités et aux organisations de la société civile pour évaluer les impacts socioéconomiques de la pandémie. Ces résultats ont été cruciaux pour développer la réponse du pays au virus.

    L’équipe de pays de l’ONU a également renforcé la riposte sanitaire, tandis que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’UNICEF, le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) se sont occupés de la vaccination de près de 70 000 enfants, ainsi que de la santé sexuelle et reproductive de près de 80 000 femmes. Ils ont aussi fourni un soutien nutritionnel à plus de 4 000 enfants.

    Afin de faire face aux défis posés par la fermeture des écoles, l’UNICEF a proposé un programme d’enseignement à distance à près de 240 000 élèves, le PAM assurant pour sa part la poursuite de l’approvisionnement alimentaire de 83 000 enfants.

    Le PAM et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ont par ailleurs aidé 53 000 personnes, dont plus de la moitié étaient des femmes, avec des liquidités et des vivres immédiats pour préserver leurs moyens de subsistance face aux effets économiques de la pandémie.

    Contributions financières

    La République populaire démocratique de Corée a payé l’intégralité de ses contributions au budget ordinaire, pour cette année et l’an dernier. Cela porte à 132 le nombre des pays à jour de leur contribution cette année.

    Source : UN presse release, 4 nov 2020

    Tags : SANTÉ, AFFAIRES HUMANITAIRES, ENVIRONNEMENT, DÉVELOPPEMENT DURABLE, ASIE PACIFIQUE, ÉTHIOPIE, CÔTE D’IVOIRE, LIBYE, LIBAN, NICARAGUA, CAMBODGE, CONGO, PHILIPPINES, COVID-19,

  • Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 3 novembre 2020

    (La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)

    Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:

    Attentats de Vienne

    Aujourd’hui, la Directrice générale du Bureau des Nations Unies à Vienne, Ghada Waly, a déclaré que le personnel de l’ONU à Vienne se joint à leur ville d’accueil et au pays en deuil à la suite des attaques terroristes de la nuit dernière, qui ont tué plusieurs personnes et blessé de nombreuses autres. Elle a ajouté que son bureau rejette totalement la haine et la terreur et qu’il est solidaire du peuple et du Gouvernement autrichiens.

    Mme Waly a ordonné la mise en berne des drapeaux du Centre international de Vienne, qui accueille les Nations Unies à Vienne, alors que le personnel pleure avec l’Autriche pendant cette période de deuil national.

    Par ailleurs, aujourd’hui, le Haut-Représentant de l’Alliance des civilisations des Nations Unies, Miguel Ángel Moratinos, a exprimé sa consternation et son choc face aux attaques et a souligné que de tels actes de terreur sont intolérables et totalement injustifiables quels qu’en soient les auteurs, les lieux et le moment où ils sont commis.

    Et dans une déclaration que nous avons publiée hier soir, le Secrétaire général lui-même a fermement condamné les attaques et réaffirmé la solidarité de l’ONU avec le peuple et le Gouvernement autrichiens. Il a également présenté ses sincères condoléances aux familles des victimes et souhaité aux blessés un prompt rétablissement.

    Afghanistan

    Hier après-midi, nous avons également publié une déclaration sur l’Afghanistan, dans laquelle le Secrétaire général a fermement condamné l’horrible attaque de l’Université de Kaboul. Le Secrétaire général a déclaré que cette attaque épouvantable, la deuxième en 10 jours contre un établissement d’enseignement à Kaboul, est également une attaque contre le droit de l’homme à l’éducation.

    Le Secrétaire général a réaffirmé que les auteurs doivent être tenus responsables. Il a ajouté que les Nations Unies restent aux côtés du peuple et du Gouvernement afghans et soutiennent leurs aspirations de longue date à la paix.

    Soudan du Sud

    Plusieurs tristes nouvelles à rapporter: hier, Farhan Haq vous a parlé d’un travailleur humanitaire qui a été tué, et aujourd’hui nos collègues humanitaires nous disent qu’un autre travailleur humanitaire a été tué. Le Coordonnateur humanitaire, Alain Noudéhou, a condamné le meurtre, soulignant qu’il est consterné par les actes de violence répétés contre les humanitaires. Il a demandé que les auteurs soient identifiés et traduits en cause.

    M. Noudéhou a indiqué que les travailleurs humanitaires sud-soudanais fournissent une aide vitale à leurs concitoyens et estimé qu’ils devraient être protégés. Les deux travailleurs humanitaires tués la semaine dernière étaient sud-soudanais. Ils fournissaient des services nutritionnels essentiels aux personnes vulnérables touchées par les conflits et les inondations. Ce dernier incident porte à neuf le nombre total de travailleurs humanitaires tués au Soudan du Sud cette année, soit trois fois plus que le nombre total d’humanitaires qui ont perdu la vie l’an dernier dans le pays. Depuis le début du conflit fin 2013, 124 travailleurs humanitaires, pour la plupart sud-soudanais, ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions.

    Toujours à propos du Soudan du Sud, la Représentante spéciale pour la violence sexuelle dans les conflits, Pramila Patten, s’est déclarée aujourd’hui encouragée par les mesures positives prises par les Forces de défense du Soudan du Sud pour traduire en justice les auteurs de violences sexuelles.

    Ces procès ont entraîné la condamnation de 26 soldats pour des infractions commises cette année et l’an dernier. Mme Patten s’est également félicitée des récentes condamnations prononcées devant plusieurs tribunaux civils pour viol et viol collectif. Elle a déclaré que ces verdicts envoient non seulement un message aux auteurs que leurs actes ont des conséquences, mais réaffirment également l’engagement du Gouvernement en faveur d’une politique de tolérance zéro pour les violences sexuelles liées aux conflits. Mme Patten a également félicité les courageux survivants qui se sont présentés pour témoigner et demander justice et a reconnu le rôle crucial que la société civile a joué dans leur défense et leur soutien.

    Amérique centrale

    En Amérique centrale, où l’ouragan Eta est sur le point de toucher terre au-dessus du Nicaragua près de la frontière avec le Honduras, nos équipes des Nations Unies sur le terrain au Nicaragua, au Honduras, à El Salvador et au Guatemala surveillent activement l’évolution de la situation et sont en contact avec les autorités nationales et les partenaires régionaux. En collaboration avec les autorités du Honduras et du Nicaragua, les équipes techniques d’urgence des Nations Unies s’efforcent d’identifier les ressources disponibles pour appuyer la riposte, à la demande des deux gouvernements.

    Le Programme alimentaire mondial (PAM) dispose également de vivres essentiels prêts à être livrés au Honduras et au Nicaragua par l’intermédiaire de son centre logistique au Panama.

    Il y a également 70 000 personnes dans les zones le long de la piste d’Eta, dans le nord du Nicaragua, qui sont exposées aux vents de l’ouragan. Selon le Centre des catastrophes du Pacifique, plus de 483 000 personnes au Honduras sont également exposées à l’impact de l’ouragan. La trajectoire projetée l’emportera ensuite sur certaines parties du Guatemala, d’El Salvador et du Belize, ce qui pourrait entraîner de fortes pluies.

    COVID-19 / Inde

    Une mise à jour rapide sur ce que font nos équipes de pays pour aider à affronter la pandémie de COVID-19: Aujourd’hui, le point sur nos opérations en Inde, où les cas ont dépassé 8 millions avec plus de 123 000 décès, selon les chiffres de l’ONU.

    L’équipe des Nations Unies, dirigée par la Coordonnatrice résidente Renata Dessallien, soutient les efforts des autorités pour sauver des vies et préserver les moyens de subsistance, ainsi que pour protéger les droits.

    Le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a aidé plus d’un million de personnes vulnérables à bénéficier d’une protection sanitaire et sociale. Elle a distribué des kits sanitaires à 20 000 ménages dirigés par des femmes et dispensé une formation sur la santé sexuelle et reproductive, ainsi que sur la façon de prévenir et de lutter contre la violence à l’égard des femmes.

    Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), pour sa part, travaille avec des groupes de femmes, des conseils de village et des ministères pour assurer la protection sociale des groupes marginalisés dans deux États indiens.

    Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a aidé 420 000 personnes par le biais de programmes de protection sociale visant à rétablir les moyens de subsistance des femmes microentrepreneurs, des agriculteurs et des artisans, ainsi que des jeunes.

    Par l’intermédiaire du Fonds « Recover Better Fund » du Secrétaire général, le Programme alimentaire mondial (PAM) et ses partenaires fournissent également de la nourriture à plus de 20 000 ménages vulnérables, y compris les travailleurs du sexe transgenres, féminins et masculins, ainsi qu’aux migrants et aux personnes handicapées ainsi qu’à ceux qui sont atteints de maladies chroniques.

    Qatar

    Le Secrétaire général est encouragé par l’importante annonce faite par l’émir du Qatar que le pays organisera en octobre prochain des élections pour le Conseil consultatif. Nous comprenons que les préparatifs sont en cours et que le Gouvernement du Qatar prendra toutes les mesures nécessaires pour permettre des élections inclusives et participatives.

    Tags : AMÉRIQUE CENTRALE, AUTRICHE, AFGHANISTAN, SOUDAN DU SUD, INDE, QATAR, #COVID19,

  • La recomposition géo-politique programmée du Moyen Orient

    par Pierre Hillard

    Les tensions et les violences qui secouent le Moyen-Orient depuis l’intervention israélienne au Liban, le 12 juillet 2006, ne sont que la partie visible d’un immense enjeu politique, économique, religieux et philosophique opposant l’Occident aux Etats islamiques de la région. L’occupation américaine de l’Irak en mars 2003 a permis le lancement d’un projet révolutionnaire en vue de remodeler une vaste zone géographique allant du Maroc au Pakistan: le Grand Moyen-Orient. Derrière cette appellation, c’est une recomposition profonde qui attend ces pays musulmans. Beaucoup de théories et de supputations courent sur les ambitions des Etats-Unis et d’Israël au sujet de la politique poursuivie par leurs dirigeants. Cependant, des signes avant-coureurs apparaissent et permettent d’apercevoir concrètement les plans en cours. C’est tout l’enjeu des cartes ci-jointes appelant à recomposer le Moyen-Orient.

    Ces cartes (« before » : situation en 2006 (ci-dessus) et « after » : situation après recomposition (ci-dessous)) sont parues dans une revue militaire américaine, AFJ (Armed Forces Journal), en juin 2006 sous la plume d’un lieutenant-colonel américain à la retraite, Ralph Peters. Ce dernier s’est illustré dans une division d’infanterie mécanisée à partir de 1976 pour, ensuite, poursuivre ses activités dans le renseignement militaire en 1980. Auteur de nombreux ouvrages traitant de la stratégie et des relations internationales, Ralph Peters s’est retiré officiellement de l’armée en 1999. Cependant, ses contacts restent étroits avec ce milieu puisqu’il fait partie de l’équipe dirigeante d’AFJ. Cette revue n’est qu’une partie d’un véritable empire de la presse militaire américaine. Fondé en 1863, ce mensuel s’adresse aux officiers des Etats-Unis traitant de sujets aussi variés comme : la technologie militaire, la logistique, la stratégie, la doctrine ou encore la tactique. En fait, AFJ est coiffé par une maison mère, Army Times Publishing Company, dont les publications s’articulent autour de trois axes :

    The Military Times Media Group qui publie: Army Times, Navy Times, Air Force Times et Marine Corps Times.
    The Defense News Media Group, groupe mondial des revues de défense et qui publie: Defense News, Armed Forces Journal (AFJ), Training § Simulation Journal et C4ISR Journal (renseignement, surveillance et reconnaissance).

    The Federal Times, hebdomadaire d’informations traitant des nouvelles technologies et des sujets financiers.

    Depuis le 1er août 1997, Army Times Publishing Company est une filiale d’un groupe encore plus puissant, la société Gannett. Fondé en 1906 par Frank Gannett, cet empire de presse et des médias publie aux Etats-Unis près de 90 quotidiens dont les plus connus sont USA Today et USA Weekend et contrôle 22 stations de télévision. Ses activités débordent aussi au Royaume-Uni puisque 17 quotidiens sont sous son influence. L’ensemble génère des revenus financiers colossaux estimés à 7,6 milliards de dollars pour 2005.

    Cette présentation permet de mieux saisir dans quel milieu la revue AFJ évolue et la signification des travaux de Ralph Peters. En effet, les propositions de ce dernier et les appels lancés à un changement radical des frontières du Moyen-Orient ne sont évidemment pas le résultat des réflexions d’un seul homme soucieux d’occuper son temps. De nombreuses études ont été lancées au sein des instances militaires américaines comme dans de nombreux think tanks appelant à revoir les limites frontalières de ces Etats. Comme le montre la carte (« after »), les modifications apportées aux frontières sont le fruit d’une lente mais sûre réflexion intellectuelle dont la publication dans une revue militaire américaine de haut rang n’est pas l’effet du hasard. Le but recherché est aussi de tester les réactions en particulier celles des musulmans de la région. Cela dit, il ne faut pas voir ce document comme définitif. En fait, c’est un prototype susceptible de connaître des changements que certains appelleraient des variables d’ajustement. En réalité, l’intérêt majeur de ces travaux est de révéler que les instances militaires et politiques des Etats-Unis se sont résolument engagées dans un domaine en n’hésitant plus à l’officialiser. En même temps, cette entreprise doit se faire en adéquation avec Israël concerné au premier chef par ces bouleversements. A l’égard de ce pays, Ralph Peters se définit comme un ami « de longue date » (New York Post, 22 juillet 2006).

    L’article de ce militaire américain, intitulé « Frontières ethniques, que faire pour améliorer le Moyen-Orient », part du principe qu’il faut lever le tabou de la sacro-sainte frontière inamovible. Pour l’auteur, les nouvelles frontières doivent se modeler en fonction du critère ethnique et confessionnel. Même s’il n’est pas possible de tracer des frontières respectant la totalité des particularismes en tout genre nombreux et numériquement très variables, il faut pour Ralph Peters se rapprocher au maximum de ce concept.

    Comme il le souligne : « Nous parlons de difformités énormes faites par les hommes qui n’arrêteront pas de générer la haine et la violence tant qu’elles n’auront pas été corrigées ». Dans son esprit, il s’agit de remettre radicalement en cause les frontières nées des Accords Sykes-Picot de 1916 préparant le démantèlement de l’Empire ottoman.

    En observant l’ensemble de cette zone en partant de la Péninsule arabique, on constate immédiatement le démantèlement du royaume d’Arabie Saoudite. Les propos de l’auteur sont très clairs à l’égard d’un pays qui a bénéficié de la protection américaine suite aux discussions entre le président Roosevelt et le roi Ibn Saoud, le 14 février 1945, à bord du croiseur USS Quincy. Désormais, le royaume d’Arabie Saoudite passe à la trappe. Deux grandes entités territoriales échappent à l’autorité de Riyad. Sur la côte Ouest, il s’agit de créer un « Etat sacré islamique ». Comme le précise Ralph Peters dans des propos lourds de conséquences : « La cause principale de la large stagnation du monde musulman réside dans le traitement réservé à la Mecque et à Médine considérés comme leur fief par la famille royale saoudienne. Les lieux saints de l’Islam soumis au contrôle de la police d’Etat de la part d’un des plus bigots et oppressifs régimes au monde ont permis au Saoud (ndlr : la famille régnante d’Arabie Saoudite) de projeter leur croyance wahhabite à la fois intolérante et disciplinée au-delà de leurs frontières. (…) Imaginez comme le monde musulman se sentirait mieux si la Mecque et Médine étaient dirigés par un Conseil représentatif tournant issu des principales écoles et mouvements de l’Islam dans le monde au sein d’un Etat sacré islamique – une sorte de super Vatican musulman – où l’avenir de la foi serait débattu au lieu d’être arbitrairement fixé ».

    Ce point est capital puisqu’il révèle la volonté de réformer l’Islam afin de l’adapter aux principes occidentaux. Une sorte « d’Islam des Lumières » élaboré au cœur de cet Etat sacré islamique permettrait de rayonner sur l’ensemble du monde musulman et de remodeler les esprits afin qu’ils épousent pleinement la philosophie mondialiste. Il est vrai que contrôler les esprits a toujours permis de contrôler les hommes. C’est d’ailleurs dans le même ordre d’idée que l’on retrouve ces mesures préconisées par la Fondation Bertelsmann, think tank allemand qui, dans ses travaux débattus dans le cadre des « Discussions de Kronberg » en 2002 et 2003 (Europe, the mediterranean and the Middle East, strengthening responsibility for stability and development et Die Zukunft der europäischen Politik im Nahen Osten nach dem Irak Krieg), relève l’inadéquation de l’Islam à l’évolution du monde moderne et prône une refonte des mentalités et la remise en cause des frontières. Ces recommandations allemandes soulignent aussi la convergence des buts à atteindre de part et d’autre de l’Atlantique pour refondre entièrement le Moyen-Orient. Il est vrai aussi que les concepts ethno-confessionnels développés par Ralph Peters cadrent parfaitement avec la vision ethniciste germanique.

    Sur la côte du Golfe persique, c’est la province de Hassa dont la population est majoritairement chiite qui est détachée de l’Arabie Saoudite et intégrée à un « Etat chiite arabe », vestige d’un Irak littéralement explosé. L’application de cette mesure entraînerait la mort économique du royaume car c’est à cet endroit que se concentre l’essentiel de l’extraction des hydrocarbures autour de la triade Dammam-Dharhan-Al-Khobar. L’Etat chiite arabe verrait ses réserves pétrolières et gazières monter en flèche et deviendrait incontournable car, outre les vastes ressources de Hassa et de la production off-shore, il faudrait ajouter celles de la région de Bassora (ex-Irak) et des provinces arabes iraniennes, détachées de Téhéran, riches en hydrocarbures jouxtant le Chatt el-Arab (Arabes chiites du Khouzistan et Arabes sunnites du Bouchir). De plus, Riyad perdrait ses provinces du Sud (Jizrane, Najran et l’Assir) au profit du Yémen, territoires acquis en 1934 lors du Traité de Taëf, et qui ont conservé leur identité yéménite. Enfin, la curée sera complète avec l’octroi d’une façade maritime à la Jordanie, Etat pro-occidental, en arrachant à l’Arabie Saoudite les provinces de Tabouk et une partie du Jouf.

    La destruction du royaume des Al Saoud affichée par la carte (« after ») de Ralph Peters n’est que la confirmation de projets élaborés au sein de certaines instances américaines. David Rigoulet-Roze, spécialiste du Moyen-Orient, dans son ouvrage « Géopolitique de l’Arabie Saoudite » (Editions Armand Colin) le souligne clairement :

    « Il y eut notamment la publication le 6 août 2002, par le Washington Post, d’un briefing qui a eu lieu le 10 juillet 2002 au Defense Policy Board (DPB, ndlr : organisme de planification stratégique créé en 1985 par Donald Rumsfeld), alors dirigé par le très influent Richard Perle, surnommé le Prince des ténèbres lorsqu’il officiait au Pentagone entre 1981 et 1987 sous l’administration Reagan. Au cours de ce briefing, l’Arabie Saoudite avait été qualifiée par Laurent Murawiec, un analyste du prestigieux centre de recherches stratégiques de la Rand Corporation, de pays ennemi. (…) Pire encore, Murawiec avait évoqué la légitimité de sanctions, dont le gel des avoirs saoudiens, voire… la scission de la province orientale du royaume renfermant ces gisements et ces réserves pétrolières qui font de l’Arabie le maître du quart des réserves d’or noir.

    (…) Quelques temps seulement après l’affaire Murawiec, c’était au tour d’un think tank proche des néo-conservateurs, le Hudson Institute – dont Perle est membre, et où officie désormais Murawiec – de reprendre et de développer les idées avancées par le DPB. Etait alors ouvertement évoqué un plan de démantèlement de l’Arabie Saoudite qui, en réalité, existe depuis la fin des années 70, à l’initiative d’Henry Kissinger, alors Secrétaire d’Etat de l’Administration Nixon. (…) C’est également dans le même ordre d’idées que semble s’inscrire un rapport remontant à la fin de l’année 2002, circulant au plus haut niveau dans les milieux officiels de Washington. Il envisagerait rien moins que le démembrement pur et simple de l’Arabie Saoudite selon le scénario suivant : les Lieux saints de la Mecque et de Médine se verraient confiés aux Hachémites qui, en tant que descendants du Prophète, bénéficient d’une légitimité qui fait largement défaut à la dynastie des Al Saoud et la province du Hassa serait poussée à faire sécession dans le but de se constituer en Emirat pétrolier. »

    Les révélations de ce spécialiste français continuent sur la même lancée puisqu’il affirme la volonté des Etats-Unis de favoriser une « recomposition politique radicale du Moyen-Orient qui passerait notamment en Irak même par une dévolution du pouvoir à la majorité chiite par les grâces d’une démocratie arithmétique ». C’est justement ce que révèle la carte (« after ») de Ralph Peters où l’Etat irakien a disparu au profit d’un Etat chiite arabe et d’un résidu appelé « Irak sunnite » que le militaire américain propose même d’unifier à la Syrie qui, entre-temps, a perdu sa façade maritime au profit d’un Grand Liban. Il est même évoqué sous sa plume la renaissance de l’antique Phénicie (Phoenecia reborn) tandis que l’Etat d’Israël est conservé dans ses frontières d’avant 1967. Il est étonnant de constater, en raison du véritable chambardement des frontières au Moyen-Orient, que Ralph Peters conserve le territoire de la Cisjordanie (West Bank) au rang de statut indéterminé. Peut-être que le statut définitif de Jérusalem, siège de trois grandes religions, nécessite de ne pas révéler tout de suite l’avenir d’une zone éminemment convoitée.

    En tout cas, la partition de l’Irak sur la carte (« after ») commence à prendre forme sur le terrain. L’ambassadeur britannique à Bagdad, William Patey, et le général américain John Abizaid ont clairement affiché leurs craintes d’une guerre civile suivie d’une division du pays comme l’a révélé un document confidentiel publié par la BBC (Spiegelonline, 3 août 2006). Leurs affirmations ne font que confirmer les propos du journal d’Istanbul, Vatan, qui évoquait les propos tenus à des représentants turques par des responsables américains, début 2006, au sein des think tanks de Washington : « Arrêtez de vous soucier de l’intégrité territoriale de l’Irak. En réalité, ce pays est déjà divisé ! Vous [les Turcs] feriez mieux de vous préoccuper maintenant de votre Sud-Est [région à majorité kurde]. Essayez d’imaginer quelles seront les répercussions de l’autonomie du Kurdistan irakien dans votre pays » (Courrier International n°805).

    C’est d’ailleurs le même son de cloche de la part des dirigeants européistes de Bruxelles qui susurrent à Ankara que « Si la Turquie se séparait de son Sud-Est, elle entrerait plus facilement dans l’Union européenne » (Courrier International n°805). L’ethno-régionalisme prôné par les instances bruxelloises ne ferait qu’accélérer le phénomène de décomposition de l’Etat turc. Finalement, les propos de Ralph Peters ne font que confirmer ces prises de position puisqu’il ajoute qu’un cinquième de la partie Est de la Turquie est un « territoire occupé » et qu’un « Kurdistan libre, s’étendant de Diyarbakir jusqu’à Tabriz deviendrait l’Etat le plus occidental entre la Bulgarie et le Japon ».

    La création d’un Etat kurde (Free Kurdistan) construit à partir des territoires Sud-Est de la Turquie, du Nord de la Syrie et de l’Irak, et de l’Ouest de l’Iran aboutirait à l’émergence d’un bloc estimé à environ 30 millions d’habitants. Fort des installations pétrolières de Kirkouk, cet Etat kurde pro-américain serait avec l’Etat chiite arabe les deux grands pôles de la production d’hydrocarbures et de gaz du Moyen-Orient. L’importance de cet Etat kurde serait d’autant plus grande que l’oléoduc BTC évacue le pétrole de la Mer Caspienne à partir de Bakou (Azerbaïdjan), passe par Tbilissi (Géorgie) pour, ensuite, traverser tout le Sud-Est de la Turquie et aboutir à Ceyhan en Méditerranée. Les Kurdes seraient donc les grands maîtres de ce corridor énergétique voulu par les Américains en 1994. En plus du pétrole, il faut ajouter l’autre grande richesse, l’eau. Le « Grand projet anatolien » (GAP) poursuit l’objectif, grâce à 22 barrages, de dompter le Tigre et l’Euphrate qui prennent leurs sources dans les montagnes kurdes. L’achèvement de ce projet qui doit avoir lieu vers 2013, permettant l’irrigation de 1,7 million d’hectares et la production d’électricité, sera une arme redoutable aux mains de l’Etat kurde et pèsera lourdement sur la vie des habitants de tout le Moyen-Orient.

    A l’Est des Etats kurdes et chiites, l’Iran est remodelé en fonction des critères ethniques. Après avoir cédé sa partie kurde, la zone turcophone du Nord est octroyée à l’Azerbaïdjan. En revanche, la province iranienne du Khorasân s’agrandit vers l’Est en acquérant le territoire Ouest de l’Afghanistan, la région de Hérat, en conformité avec la volonté de Ralph Peters de reconfigurer la région selon les critères ethno-linguistiques. Comme le confirme Bernard Hourcade, directeur au CNRS (équipe de recherche : monde iranien), dans son ouvrage « Iran, nouvelles identités d’une République » (Editions Belin) : « L’immense province de Khorasân, (…) les limites anciennes incluaient les régions de Hérat dans l’actuel Afghanistan et celles de Samarcande et Boukhara en Ouzbékistan ». Enfin, un « Baloutchistan libre » (Free Baluchistan) est créé à partir des deux entités iraniennes et pakistanaises tandis que l’Afghanistan se voit agrandi au dépens du Pakistan jusqu’au fleuve Indus afin d’y rattacher les populations pachtounes. L’Etat pakistanais réduit de près de la moitié de sa superficie verrait sa puissance économique fortement amoindrie au point d’être incapable de servir d’allié de revers au profit de la Chine face à l’Inde. Sur ce point, les Etats-Unis seraient gagnants. Seuls des Etats comme Oman, le Qatar, les Emirats arabes unis et le Koweït échappent à ces modifications. Cependant, cette carte (« after ») étant un prototype, rien n’interdit à leurs concepteurs de se rattraper. En tout cas, la finalité américaine est de contrôler tout ce Moyen-Orient par la parcellisation ethnique et religieuse selon le bon vieux principe « diviser pour régner ». Les Etats-Unis, cherchant à s’assurer la production d’hydrocarbures à leur profit, seraient en mesure de priver la Chine, puissance montante et rivale, de l’arme énergétique si nécessaire à son accession à la cour des grands.

    L’impression générale qui se dégage du remodelage annoncé par cet auteur comme de la part de nombreux think tanks américains et allemands est celle d’un bouleversement mettant à feu et à sang ces pays du Moyen-Orient. En effet, on ne voit pas ces Etats se laisser charcuter, voire disparaître, sans se laisser faire. Comment réagira, par exemple, le Pakistan qui possède l’arme nucléaire ? En réalité, l’objectif est d’intégrer ces immenses territoires à la sphère d’influence occidentale. Le discours de Joschka Fischer à la 40è Conférence de Munich sur la politique de sécurité dans le cadre de l’OTAN, le 7 février 2004, annonçait la volonté du monde occidental de mettre ces pays du Moyen-Orient aux normes euro-atlantistes. Ces mesures furent confirmées par « l’alliance germano-américaine pour le XXIè siècle » signée, le 27 février 2004, entre le président Bush et le chancelier Schröder à Washington, annonçant la couleur : « Nous devons construire un véritable partenariat qui relie l’Europe et l’Amérique aux Etats du Proche et Moyen-Orient (…) ». Cette immense construction politique et métaphysique doit obligatoirement obéir à des règles communes qui sont politiques, économiques et civilisationnelles.

    Une logique, mais une logique folle, anime les concepteurs de ce projet. C’est le think tank German Marshall Fund (GMF) qui, indirectement, a révélé l’engagement profond des instances atlantistes. En effet, il s’est engagé sous l’égide du très influent Bruce Jackson à développer une nouvelle politique en Mer Noire intitulée « A new euro-atlantic strategy for the Black Sea region ». Il s’agit en liaison avec l’Union européenne de créer une eurorégion de la Mer Noire qui doit voir le jour pour 2007 selon les affirmations de Giovanni di Stasi, président du Congrès des Pouvoirs Locaux et Régionaux d’Europe (CPLRE). Or une « petite » phrase résume tout. Paru en 2004, le rapport du GMF dans sa préface précise que « La Mer Noire est la nouvelle interface entre la communauté euro-atlantique et le Grand Moyen-Orient ». Une « interface » géographique obéit aux lois de la physique. Pour fonctionner et jouer pleinement sa mission de charnière, cette interface doit s’articuler entre deux mondes, le bloc euro-atlantiste d’une part, et le bloc moyen-oriental d’autre part, régis par les mêmes lois et les mêmes concepts édictés par la philosophie mondialiste. Cela suppose nécessairement une refonte généralisée de cet espace arabo/perse musulman pour qu’il y ait adéquation. Pour réussir cette entreprise, les moyens mis en œuvre risquent d’aboutir à un chaos inimaginable dans cette région et, par ricochet, à l’échelle planétaire. Tout compte fait, les adeptes de cette politique ne font qu’appliquer les fameux vers du poème de Goethe, « l’apprenti sorcier », qui rappelaient : « Les esprits que j’ai réveillés ne veulent plus m’écouter ».

    Pierre Hillard

    Pierre Hillard est docteur en sciences politiques, B.I n°113 (*) est professeur d’histoire-géographie. Il a publié différents articles dans Le Figaro, Géostratégiques, Conflits Actuels, Intelligence et Sécurité, Balkans-Infos.

    Emission « Le Dessous Des Cartes »

    Source : Knowledge-TV

    Tags : Moyen Orient, Proche Orient, Palestine, Syrie, Irak, Arabie Saoudite, Liban, Emirats Arabes Unis,