Catégorie : Monde

  • Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 23 octobre 2020

    (La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)

    Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:

    Libye

    Ce matin, le Secrétaire général s’est félicité de la signature d’un accord de cessez-le-feu par les parties libyennes, à Genève, sous les auspices de l’ONU. C’est une étape fondamentale vers la paix et la stabilité en Libye, a-t-il déclaré, et il a félicité les parties d’avoir fait passer l’intérêt de leur nation avant leurs différences.

    Plus tôt dans la journée, à Genève, la Représentante spéciale par intérim, Stephanie Williams, avait déclaré que les parties avaient convenu que toutes les unités militaires et les groupes armés en première ligne retourneraient dans leurs camps. Ce mouvement s’accompagnera du départ de tous les mercenaires et combattants étrangers de tous les territoires libyens -terrestre, aérien et maritime- dans un délai maximum de trois mois à compter de ce jour.

    Journée des Nations Unies

    Demain sera célébrée la Journée des Nations Unies. Notre soixante-quinzième journée de l’ONU, en fait, qui marque l’entrée en vigueur de la Charte des Nations Unies en 1945. Dans son message, António Guterres note que le soixante-quinzième anniversaire de l’ONU tombe au milieu d’une pandémie mondiale et que notre mission fondatrice est plus critique que jamais. Il souligne que lorsque la pandémie a frappé, il a appelé à un cessez-le-feu mondial. Il ajoute que dans notre monde d’aujourd’hui, nous avons un ennemi commun: la COVID-19.

    M. Guterres souligne que nous devons également faire la paix avec notre planète et que l’urgence climatique menace la vie elle-même, ajoutant que partout dans le monde, nous devons faire davantage pour mettre fin aux souffrances humaines de la pauvreté, des inégalités, de la faim, de la haine, et pour lutter contre les discriminations basées sur la race, la religion, le sexe ou toute autre distinction.

    À l’occasion de cet anniversaire de l’ONU, il a demandé aux gens partout dans le monde de s’unir et a souligné que l’ONU n’était « pas seulement à vos côtés, elle vous appartient et « nous les peuples », c’est vous ».

    75 ans de concert d’amour

    Demain, à midi, la Société de musique de chambre des Nations Unies donnera la première du concert virtuel « 75 ans d’amour ». Le programme sera musicalement représentatif au niveau régional, tandis que le répertoire des cinq groupes régionaux officiels de l’ONU sera présenté. Les chansons choisies seront liées au message du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU.

    L’allocution d’ouverture sera prononcée par Fabrizio Hochschild, qui a dirigé nos efforts pour marquer le soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, ainsi que Filippo Grandi, Haut-Commissaire pour les réfugiés; et Melissa Fleming, responsable de la communication mondiale.

    Le concert sera lancé sur la chaîne YouTube officielle de ONU75, ainsi que sur d’autres plateformes des Nations Unies et du HCR.

    Soudan

    Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, se joindra au Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, Smaїl Chergui, pour une visite au Soudan à partir de demain.

    Leur visite de trois jours visera à renforcer le partenariat important entre l’ONU et l’Union africaine et se concentrera sur l’opération conjointe Union africaine-ONU au Darfour -la MINUAD- et son retrait.

    Au Soudan, M. Lacroix et M. Chergui rencontreront notamment le Président du Conseil souverain et le Premier Ministre pour discuter de la situation d’ensemble au Darfour et du mandat de la MINUAD. Ils participeront également à la vingt-huitième réunion du Mécanisme tripartite de coordination de la MINUAD le 25 octobre.

    Ils se rendront également à El-Fasher, au Darfour, pour rencontrer des représentants des autorités locales. Ils tiendront une assemblée publique virtuelle avec le personnel de la MINUAD pour les remercier de leur travail de protection des civils, notamment à la lumière des défis supplémentaires posés par la pandémie de COVID-19, et pour soutenir l’Accord de paix de Djouba récemment signé.

    Soudan – Inondations

    À la suite de pluies et d’inondations sans précédent qui touchent 875 000 personnes, une urgence sanitaire secondaire se profile avec plus de 4,5 millions de personnes exposées au risque de maladies à transmission vectorielle, a annoncé le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

    Des mares d’eau stagnante offrent des sites de reproduction pour les moustiques, vecteurs de la fièvre hémorragique virale, du chikungunya et du paludisme.

    Le paludisme, par exemple, a atteint des niveaux épidémiques dans 15 des 18 États à la fin septembre, avec plus d’un million de cas signalés.

    Avec nos partenaires humanitaires, nous avons acheté et distribué 266 kits de santé d’urgence pour soutenir le traitement du paludisme et d’autres besoins de santé pour aider jusqu’à 2,7 millions de personnes pendant trois mois.

    Pourtant, on note des pénuries importantes de fournitures pour lutter contre le paludisme et faire face aux niveaux actuels d’infection, ainsi que des difficultés de distribution de fournitures dans certaines zones, en raison des inondations.

    La composante du secteur de la santé du Plan d’intervention humanitaire pour le Soudan n’est pour l’instant financée qu’à hauteur de 19% des besoins.

    Soudan du Sud

    Au Soudan du Sud, le Coordonnateur humanitaire, Mohamed Ag Ayoya, a condamné aujourd’hui les intimidations de travailleurs humanitaires à Renk, dans l’État du Haut-Nil.

    Le 12 octobre, un groupe de jeunes a exigé que les organisations humanitaires réattribuent des emplois aux populations locales. Ces demandes n’ayant pas été satisfaites, les jeunes ont alors insisté pour que toutes les activités humanitaires soient suspendues et que les travailleurs humanitaires quittent la région immédiatement.

    Suite à une augmentation des menaces et des attaques, 30 personnes ont été transférées vers la base de l’ONU la plus proche pour leur sécurité.

    M. Ayoya a déclaré que l’intimidation des travailleurs humanitaires retardait la fourniture de l’aide dont les plus vulnérables avaient grand besoin et était inacceptable.

    Somalie

    Alors que la Somalie se prépare à organiser des élections, le Représentant spécial du Secrétaire général, James Swan, a souligné la nécessité de garder l’espace politique ouvert et de permettre à une diversité de voix et de points de vue de s’exprimer dans le cadre du processus démocratique.

    Pour y parvenir, M. Swan a déclaré que la liberté d’expression, d’opinion et de réunion devait être protégée.

    COVID-19 – Kenya

    Au Kenya, l’équipe des Nations Unies, dirigée par le Coordonnateur résident Siddharth Chatterjee, travaille en étroite collaboration avec des partenaires locaux pour lutter contre l’impact disproportionné de la pandémie sur les femmes et les filles.

    ONU-Femmes et le Fonds des Nations Unies pour la population ont contribué à mettre en place une ligne d’assistance téléphonique nationale gratuite pour aider à fournir des soins de santé, de sécurité et une assistance juridique à un nombre croissant de femmes et d’enfants touchés par les mutilations génitales féminines, la violence sexiste, l’abandon des enfants et le mariage des enfants. La ligne d’assistance offre des conseils 24 heures sur 24 en anglais, en swahili et dans d’autres langues locales, traitant plus de 1 000 cas par mois.

    Au Kenya, une femme ou fille sur cinq, âgée de 15 à 49 ans, a subi une mutilation génitale.

    L’équipe de l’ONU sur place est préoccupée par le fait que la pandémie a retardé les progrès pour mettre fin aux mutilations génitales féminines. Les filles sont touchées de manière disproportionnée par les fermetures d’écoles, ce qui provoque une augmentation des mariages d’enfants, des grossesses chez les adolescentes et des violences sexuelles.

    L’équipe des Nations Unies a intensifié ses efforts pour résoudre ces problèmes, notamment pour garantir le financement et l’engagement communautaire.

    Liban

    Un détachement de soldats de la paix des Nations Unies est retourné dans la zone d’opérations de la Mission au sud du Liban après avoir achevé plus de trois semaines de travaux d’ingénierie à Beyrouth, en appui à l’Armée libanaise.

    Près de 150 soldats de la paix issus de 13 contingents de la FINUL ont facilité la reprise des opérations dans le port de Beyrouth en enlevant 11 500 tonnes de débris. Ils ont également effectué des travaux de construction et démantelé quatre des entrepôts endommagés du port.

    En outre, les soldats de la paix de la FINUL ont contribué à la restauration des sites patrimoniaux endommagés en déblayant quelque 500 tonnes de gravats et en séparant et stockant environ 150 tonnes de pierres, de façades et d’ornements en bois pour une utilisation future.

    Traité sur l’interdiction des armes nucléaires

    Aujourd’hui, la Jamaïque et Nauru ont déposé leurs instruments de ratification du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

    À ce jour, 49 États ont ratifié le Traité. Il en faut un de plus pour que le Traité entre en vigueur.

    Nous ne manquerons pas de vous informer dès que cette étape importante sera atteinte.

    Guinée

    Dans une déclaration sur la Guinée, le Secrétaire général a condamné les violences qui ont suivi les élections de dimanche.

    Le Secrétaire général appelle toutes les parties à prendre immédiatement des mesures pour mettre fin à la violence et encourage tous les acteurs à attendre l’annonce des résultats officiels par la Commission électorale nationale indépendante et à résoudre tout différend potentiel par le biais de mécanismes juridiques établis.

    Côte d’Ivoire

    Le Secrétaire général s’est dit préoccupé par la situation tendue en Côte d’Ivoire, qui est sur le point de tenir des élections. Il a condamné les violences, qui ont fait plusieurs morts à Bonoua et Dabou.

    Le Secrétaire général appelle les leaders d’opinion, les dirigeants politiques et chacun à rejeter l’utilisation du discours de haine et l’incitation à la violence selon des lignes ethno-politiques.

    UN PRESS RELEASE, 23 oct 2020

    Tags : ONU, Côte d’Ivoire, Libye, Soudan Soudan du Sud, affaires humanitaires, désarmement, Somalie, Kenya, Guinée, coronavirus, covid 19,

  • Pays Bas : Le Maroc refuse de rapatrier ses ressortissantsdont la demande d’asile a été refusée

    Le nombre de demandes d’asile de ressortissants de pays sûrs augmente en pourcentage, malgré une pandémie corona

    En raison de la pandémie corona, l’afflux de ressortissants étrangers a pratiquement stagné de mars à juillet, mais le nombre de demandes d’asile de soi-disant «pays sûrs» n’a pas diminué en pourcentage. En fait, il y a même une légère augmentation par rapport à 2019. C’est ce que montrent les rapports du Service de l’immigration et de la naturalisation (IND).

    Cela concerne les personnes venant d’Algérie ou du Maroc par exemple. Ces pays sont considérés comme sûrs par le gouvernement néerlandais, car « en général, il n’y a pas de poursuites pour des raisons telles que la race ou la religion, la torture ou les traitements inhumains ».

    En théorie, l’expulsion de ces demandeurs d’asile devrait donc se dérouler sans heurts, mais le Maroc ne veut pas du tout le retour des personnes qui ont quitté leur pays. Le pays a même refusé d’en discuter avec le secrétaire d’État Ankie Broekers-Knol (Justice et Sécurité) depuis près d’un an.

    Vérifier les frontières européennes

    L’expert en radicalisation Keklik Yücel pense qu’il est nécessaire de mieux contrôler les frontières européennes, a-t-elle déclaré au Goedemorgen Nederland. D’une part, vous devez vous assurer que les «vrais réfugiés» sont correctement accueillis et répartis entre les pays européens, tandis que d’autre part, vous devez vous assurer que vous pouvez empêcher les étrangers d’entrer en sécurité.

    «Je pense que c’est incroyablement difficile de toute façon. Mais vous devez faire tout ce que vous pouvez pour y parvenir, et cela doit être au niveau européen », déclare Yücel. Si cela ne fonctionne pas, vous devez le faire sur la base de votre propre leadership politique, dit Yücel. «Nous avons également plusieurs politiciens aux Pays-Bas qui ont un accès plus facile au Maroc. Utilisez Aboutaleb (maire de Rotterdam, éd.) Par exemple pour les contacts diplomatiques bilatéraux. Résolvez-le, car ce n’est pas bon. »

    Source : wnl.tv, 21 oct 2020 (traduction automatique)

    Tags : Maroc, Pays Bas, Algérie, demandeurs d’asile, réfugiés, frontières, clandestins, migration,

  • Campagne de boycott des produits français – Lancée sur les réseaux sociaux

    Des internautes ont lancé sur les réseaux sociaux une campagne d’envergure de boycott des produits fabriqués en France sous le hashtag “#BoycottLes produitsfrançais” en réaction aux déclarations du président français Emmanuel Macron encourageant les caricatures et les dessins offensants le Prophète Mohamed (QSSSL).

    En effet, le hashtag incitant au boycott des produits français s’est placé en tête des sujets les plus discutés dans le monde arabo-musulman et ce en réaction aux propos hostiles à l’Islam et aux musulmans tenus par des officiels français et en soutien au Prophète (QSSSL).

    En Algérie, plusieurs pages sur les réseaux sociaux et des personnalités publiques ont manifesté leur soutien à cette initiative.

    Le président français a déclaré, lors d’un hommage rendu au prof d’histoire-géographie tué par un jeune homme d’origine tchétchène, que « Nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins, même si d’autres reculent », martelant que ce dernier a été assassine « parce qu’il incarnait la République ».

    « Samuel Paty fut tué parce que les islamistes veulent notre futur et qu’ils savent qu’avec des héros tranquilles tels que lui, ils ne l’auront jamais», a insisté celui qui a succédé à François Hollande en 2017.

    Imène Boukhatem / Traduit par: Moussa. K.

    Source : Echourouk Online, 23 oct 2020

    Tags : France, Islam, Islamisme, Charlie Hebdo, caricatures, Samuel Paty, boycott, produits français, réseaux sociaux, campagne,

  • Un Emir d’Abu Dhabi accusé de tentative de viol

    Associated Press
    Le président du festival littéraire britannique Hay a déclaré dimanche que l’événement n’aura plus à Abu Dhabi après que l’un des curateurs du festival ait allégué qu’elle avait été agressée sexuellement par le ministre de la tolérance des Émirats arabes unis alors qu’elle travaillait avec lui. Les avocats de la ministre ont par la suite nié son récit.

    Caitlin McNamara a affirmé avoir été agressée en février par le cheikh Nahyan bin Mubarak Al Nahyan, membre de la famille dirigeante d’Abou Dhabi, a rapporté le Sunday Times.

    Le Times a déclaré que McNamara, qui s’était rendue aux Émirats arabes unis pour travailler au lancement du festival littéraire là-bas, a affirmé qu’elle avait été agressée par le cheikh lors de leur rencontre dans une villa isolée de l’île.

    Les avocats britanniques du cheikh Nahyan ont nié le récit de McNamara, affirmant qu’il était «surpris et attristé par cette allégation».

    Le ministère des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, une fédération de sept cheikhs de la péninsule arabique qui abrite également Dubaï, a déclaré qu’il ne commentait pas les questions personnelles. Interrogée sur l’affaire, la police métropolitaine britannique a confirmé qu’une femme avait contacté la force le 3 juillet pour signaler une allégation de viol, et a déclaré qu’une déclaration initiale lui avait été enlevée.

    L’Associated Press ne nomme généralement pas les victimes d’agression sexuelle, mais McNamara a accepté d’être identifiée par le Sunday Times, qui a publié sa photo en première page.

    La présidente du Hay Festival, Caroline Michel, a déclaré que ses collègues étaient déterminés à soutenir McNamara dans la recherche d’une action en justice et a déclaré que le festival ne reviendrait pas à Abu Dhabi tant que le cheikh resterait à son poste.

    « Ce qui est arrivé à notre amie et collègue Caitlin McNamara à Abu Dhabi en février dernier était une violation effroyable et un abus de confiance et de position hideux », a déclaré Michel dans un communiqué.

    «Le cheikh Nahyan bin Moubarak Al Nahyan s’est moqué de ses responsabilités ministérielles et a tragiquement sapé la tentative de son gouvernement de travailler avec Hay Festival pour promouvoir la liberté d’expression et l’autonomisation des femmes», a-t-elle ajouté.

    Le ministère du cheikh a financé le festival de quatre jours à Abu Dhabi, qui a eu lieu fin février et a présenté plusieurs auteurs célèbres.

    Le cheikh Nahyan a reçu une attention internationale alors que les Émirats ont accueilli le pape François et s’orientent vers la normalisation des relations avec Israël tout en accueillant les Juifs dans cette nation gouvernée par les musulmans.

    Tags : Emirats Arabes Unis, Festival de littérature britannique, cheikh Nahyan bin Moubarak Al Nahyan, harcèlement sexuel, viol, Caitlin McNamara,

  • Carte des Berbères au Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Mali

    Les Berbères revendiquent une présence au Maghreb vieille de plus de cinq mille ans. Leur communauté s’étend sur près de cinq millions de kilomètres carrés, de la frontière égypto-libyenne à l’Atlantique et des côtes méditerranéennes au Niger, au Mali et au Burkina.

    Leur culture, leur identité et leurs droits ont longtemps été méprisés, leurs revendications étant assimilées d’abord au « parti colonial », puis plus tard interprétées comme sécessionnistes.

    Mais l’on assiste à une renaissance du mouvement berbère, notamment au Maroc, où un tiers de la population parle le Tamazight, langue berbère.

    Sources : L’Etat du Maghreb, La Découverte, Paris, 1991 ; Abdallah Laraoui,

    L’Histoire du Maghreb, Ed. François Maspéro, Paris, 1970 ;

    Encyclopédie berbère, Edisud, Aix-en-Provence, 1992 ;

    Géographie du Maroc, Hatier, Paris, 1967 ;

    Les Kabyles : éléments pour la compréhension de l’identité berbère en Algérie,

    Groupement pour les droits des minorités, Paris, 1992 ;

    Salem Chaker, Berbères d’aujourd’hui, L’Harmattan, Paris, 1989.

    Source : Le Monde diplomatique

    Tags : Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Mali, touaregs, berbères, amazighs, chleuhs,


  • La peur au ventre

    par Hatem Youcef


    A chaque fois qu’un acte criminel perpétré est relié de près ou de loin à des motivations religieuses pour ne pas dire islamiques surtout quand l’horreur le dispute à la consternation comme ce fut le cas pour la condamnable décapitation de l’enseignant Samuel Paty par un refugié tchétchène, toute la communauté musulmane de France se retrouve dans de beaux draps, contrainte de vivre avec la peur au ventre durant tout le temps que le crime en question occupe les esprits et les médias surtout. Alors, tout ce qui a un lien avec la religion musulmane devient (ir)réellement le point de mire de la nation éplorée, musulman pratiquant ou pas, barbu ou rasé de près, vêtu de qamis ou col blanc, burkini ou bikini, intello ou simple ouvrier d’usine, naturalisé ou simple résident, nouveau débarqué ou beur de l’ultime génération, utile à la France ou pas, baptisé ou arborant son prénom musulman comme un stigmate en l’occurrence, laïc, agoniste, déiste ou athée, tous sont coupables d’appartenir à la confession musulmane même s’ils s’égosillent à longueur d’année à apporter de l’eau au moulin de la République.

    Tous se recroquevillent durant tout le temps que la tension est maintenue au summum, ils rasent les murs, se font tout petits, pestent contre le coreligionnaire qui a réveillé les démons patents du racisme et de l’islamophobie. On veut se renier, se convertir momentanément au christianisme, au judaïsme ou encore au bouddhisme pour être fréquentable, innocent et intégrable. La peur au ventre ne laisse point de place aux délices de la nourriture, aux lumières de Paris ; on étouffe dans ce décor tout à coup redevenu gothique et l’on voit partout des policiers prêts à bondir sur vous pour vous inculper d’homicide de Français. On s’impose un couvre-feu, on s’autocensure et se confine à loisir. Les victimes de Charlie Hebdo refont surface et leur journal redevient prisé, très vendable et les sinistres caricatures par qui l’islamophobie croit triompher sont (re)prises d’assaut et exhibées lors des rassemblements et les hommages subséquents.

    La peur au ventre fait oublier la démocratie et les droits de l’homme, vous donne envie de réécrire l’histoire, replonger dans le passé avant l’affaire de l’éventail et envisager une vie en terre natale sans déchirement ni reniement. Tant que la tension est à son paroxysme, on s’en veut d’être là, on se trouve lâche de s’être expatrié, d’être proie aux caprices du destin. La nostalgie vous happe et en rajoute à la peur au ventre qui est l’unique lot de tous ceux qui sont liés de près ou de loin à l’islam là-bas. Il ne faut surtout pas se montrer dans les rassemblements où l’on rend hommage au défunt, il ne faut pas non plus se joindre aux pétitionnaires et signer ‘je suis prof’ car le nom aux consonances musulmanes est plausiblement rejeté, car en pareilles circonstances il ne fait bon être musulman dans l’hexagone. Même les nouveaux convertis adoptent un profil bas et vivent eux aussi avec la peur au ventre en dépit du bleu qu’ils ont dans les yeux.

    Le Quotidien d’Oran, 22 oct 2020

    Tags : France, Islam, islamisme, Samuel Paty, Charlie Hebdo, caricatures, terrorisme, intégrisme,

  • France : deux femmes voilées d’origine algérienne poignardées sous la tour Eiffel

    Les effets collatéraux de la tension psychologique et politique suscitée par le débat sur l’intégrisme dans l’Islam et l’amalgame créée par ce débat commencent à être visibles dans la rue française.

    La Tour Eiffel a été témoin dimanche soir d’une agression contre deux femmes voilées d’origine algérienne. Même si le mobile religieux n’est pas encore évoquée, l’agression a été précédée d’insultes racistes suite à un différend autour d’un chien non attaché. Le commissariat du 7ème arrondissement est chargé d’interroger deux personnes qui se trouvent en garde-à-vue.

    Tout a commencé lorsqu’un chien appartenant à deux jeunes femmes a fait peur aux enfants des deux femmes algériennes. Ces dernières leur ont demandé de tenir le chien en laisse. Et c’est là que la dispute a commencé pour finir avec les deux femmes poignardées.

    Les agresseuses ont proféré des propos racistes tels que « rentre dans ton pays”, « sale arabe », « on est chez nous »…Le voile de l’une des femmes a été arrachée par l’une des femmes coupables d’agression.

    L’une des victimes a déclaré qu’elle n’est pas sûre que l’agression a été intentionnelle, que c’était parce qu’elles portaient un voile. Le parquet de Paris a indiqué qu’il est trop tôt pour se prononcer à ce sujet.

    L’une des deux cousines algériennes a reçu plusieurs coups de couteau et a dû être opérée de la main. L’autre, qui se trouve toujours hospitalisée, a reçu six coups d’arme blanche et subi une perforation du poumon.

    Agences

    Tags : France, Islam, islamisme, Samuel Paty, Charlie Hebdo, caricatures, terrorisme, radicalisation, intégrisme,

  • Erdogan accuse Macron de «régler des comptes avec l’islam et les musulmans»


    Lors d’un discours en visioconférence ce 20 octobre, Recep Tayyip Erdogan a fustigé les propos de son homologue français, tenus le 2 octobre, sur la création d’un «islam des Lumières» en France. Le dirigeant turc considère que ces initiatives visent à «régler des comptes avec l’islam et les musulmans».

    Le Président turc a critiqué la volonté d’Emmanuel Macron de construire un «islam des Lumières» en France, lors de la visioconférence réalisée par l’Organisation de la coopération islamique ce 20 octobre.

    «Ceux qui sont perturbés par la montée de l’islam attaquent notre religion à travers les crises qu’ils provoquent. La rhétorique anti-islam et anti-musulmane est l’outil le plus utile pour les politiciens occidentaux pour dissimuler leurs échecs», a déclaré le Président turc.

    «”L’islam français”, “l’islam européen” et “l’islam autrichien” en sont des exemples récents», a souligné M.Erdogan, ajoutant que le véritable enjeu de ces initiatives menées par le Président Macron est de «régler des comptes avec l’islam et les musulmans». Il a déclaré que celles-ci visaient à créer un profil lâche, peu rassurant et timide pour les musulmans ainsi qu’un système anti-islamique dans lequel les rituels religieux ne peuvent être pratiqués qu’à domicile et où l’utilisation des symboles religieux est interdite.

    «Le nom d’un tel système n’est pas démocratie, mais totalitarisme», a conclu M.Erdogan.

    Loi «contre les séparatismes»

    Lors de son discours prononcé aux Mureaux le 2 octobre, le Président français a dévoilé une partie des mesures du projet de loi «contre les séparatismes», principalement l’islamisme radical, dans son pays. Un texte qui sera présenté le 9 décembre en conseil des ministres.

    Dans le cadre de la lutte contre le «séparatisme islamique», les autorités françaises ont l’intention d’accorder une attention particulière à l’éducation des enfants. Emmanuel Macron a également exprimé l’idée de créer, avec le Conseil français du culte musulman (CFCM), une organisation qui permettra de construire un «islam des Lumières» dans le pays.

    Pour ce faire, M.Macron a annoncé la fin des imams détachés, c’est-à-dire formés dans des pays étrangers (Turquie, Algérie, Maroc). Désormais, en accord avec le CFCM, la formation d’imams sera «labellisée» en France afin d’éviter l’ingérence de pays étrangers dans la pratique du culte sur le sol français, et de renforcer le contrôle du financement des mosquées.

    Un projet vivement critiqué

    «Ce texte sera un coup pour rien», a prédit le député Les Républicains Éric Ciotti. À son tour, Marine Le Pen a déploré que «rien» n’ait été dit sur l’immigration, «terreau du fondamentalisme islamiste», tout en reconnaissant qu’un «certain nombre de ces mesures vont dans le bon sens».

    Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise, a qualifié ce discours de «mise en scène dramatisante absolument inutile», puisque «la loi telle qu’elle est aujourd’hui permet de réprimer les actes délictueux tels que d’éventuels prêches, de quelque religion que ce soit». Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a regretté l’absence d’inflexion de la politique économique et sociale.

    Ecourouk online, 21 oct 2020

    Tags : France, Turquie, Emmanuel Macron, Erdogan, Islam,

  • Les musulmans et la démocratie

    En matière de relation entre l’islam et la démocratie, une grande partie des idées reçues est fausse.

    D’abord, beaucoup sont ceux qui imaginent que c’est l’islam en tant que religion qui est hostile à la démocratie. Ensuite, il y a ceux qui pensent que se sont les musulmans -à cause de leurs sous-développement- qui sont hostiles à l’idéal démocratique. Et les deux, s’appuyant sur les vérités des sociétés musulmanes actuelles, concluent que les musulmans sont par nature anti-démocratiques.

    Pour répondre à ces malentendus, j’ai choisit d’aborder la question sous deux angles différents. D’abord, sur le plan pratique, les pays musulmans sont-ils des démocraties ? Ensuite -et surtout- sur le plan théorique, quel regard porte les musulmans sur la démocratie ?

    La démocratie dans les pays musulmans :

    Il y a dans le monde aujourd’hui, 47 pays à majorité musulmane dans lesquels vivent entre 1,2 milliard et 1,5 milliard de musulmans constituant ainsi 20 % de la population mondiale.

    Les 47 pays musulmans sont répartits sur tous les continents et le plus grand nombre d’entre eux se trouve au Proche-Orient et en Asie.

    Contrairement à ce que pensent beaucoup, les pays arabes constituent moins de la moitié des pays musulmans et les arabes ne représentent que le 1/4 des musulmans.

    Afin de bien comprendre le phénomène que nous analysons, il faut diviser le monde musulman en plusieurs catégories :

    1- L’Islam asiatique –exclusion faite du Moyen-Orient- est parfaitement démocratique. Le plus grand pays musulman qu’est l’Indonésie est démocratique. Et la plus grande démocratie dans le monde qu’est l’Inde est gouverné par un musulman.

    2- L’Islam Africain –exclusion faite de l’Afrique du Nord- a fait d’énormes pas vers la démocratie. Le Sénégal et le Mali sont aujourd’hui reconnus comme des démocraties.

    3- L’Islam Arabe –comprenant l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient- n’est pas démocratique. Aucun pays des 23 pays arabes n’est incontestablement reconnu comme démocratique. Mais là aussi il y a des nuances à faire :

    Au Maghreb Arabe : 4 des 5 pays du Maghreb (Mauritanie, Maroc, Algérie et Tunisie) sont en transition démocratique.
    Au Machreq Arabe : L’ensemble de ces pays, en raison des régimes monarchiques qui gouvernent la majorité d’entre eux, sont encore loin de la démocratie. Exception faite du Liban (qui peut être considéré comme le pays arabe le plus démocratique) et le Kuweit qui se trouve en transition démocratique.

    Deux conclusions peuvent être tirées de ce tableau :

    1- La majorité des musulmans (950 millions de personnes) vivent dans des régimes démocratique ou en transition vers la démocratie.

    2- C’est dans le monde arabe qu’il y a le moins de démocratie. C’est le monde arabe qui donne de l’Islam une mauvaise image en matière de démocratie.

    On a ainsi clarifié certaines questions à propos de la démocratie dans le monde musulman en général, il importe maintenant de s’interroger sur le pourquoi de l’absence de la démocratie du monde arabe en particulier. Autrement dit, Cette absence s’explique-t-elle, comme le pense certains, par le refus des populations arabo-musulmanes de la démocratie ?

    La démocratie dans l’opinion musulmane :

    Dans les 10 dernières années, deux vagues de sondages ont étés réalisés par World Values Survey à propos de l’opinion des musulmans sur la démocratie.

    Les sondages réalisés en 1995-1996 et en 2002-2003 dans cinq pays arabes (Algérie, Egypte, Jordanie, Arabie saoudite, Maroc) et neuf pays musulmans (Albanie, Azerbaïdjan, Bangladesh, Bosnie, Indonésie, Iran, Kirghizstan, Pakistan, Turquie) nous fournissent de très importantes indications.

    En effet, la démocratie a une image très positive dans tous les pays arabes. Ainsi 61 % des personnes interrogées dans les pays arabes sont d’accords pour dire que « la démocratie peut avoir de nombreux problèmes, mais c’est la meilleure forme de gouvernement » contre 52 % des personnes interrogées dans 16 pays de l’Europe Occidental et … 38 % seulement dans l’ensemble Etats-Unis, Canada, Australie et Nouvelle-Zélande.

    Ainsi, non seulement les arabes sont favorables à la démocratie mais ils sont ceux qui ‘‘l’aiment’’ le plus dans le monde entier.

    Nous voyons clairement que l’inexistence de démocratie dans le monde arabe n’est pas en elle même imputable aux musulmans.

    Peut–on l’imputer alors à certaines interprétations extrémistes de l’Islam qui ont vu le jour dans le monde arabe et ne se sont pas développées dans le reste du monde musulman ?

    Le débat est ouvert …

    Source : Islamiqua, 18 nov 2006

    Tags : Islam, démocratie, laïcité, religion, foi, culte,

  • L’héritage empoisonné d’Emmanuel Macron

    Valeurs

    En France, un professeur a été lâchement et brutalement assassiné vendredi dernier, provoquant l’effet d’un véritable électrochoc de la classe politique, des médias et d’une large majorité de Français qui s’inquiètent plus que jamais de voir certaines de leurs valeurs et liberté être combattues sur leur sol par des islamistes aux méthodes abominables. Et si Emmanuel Macron avait déjà posé les jalons d’une prochaine réforme de la laïcité pour combattre le communautarisme, l’horrible attentat dont a été victime un professeur de collège pourrait pousser le Président français et ses équipes à se faire encore plus intransigeants contre ceux qui veulent soumettre la France et qui usent une fois encore des réseaux sociaux pour s’organiser, même à la plus petite échelle.

    Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a ainsi souligné dimanche la «responsabilité» de ceux qui ont participé au «lynchage public» de l’enseignant Samuel Paty sur internet avant l’assassinat de l’enseignant, mais aussi celle des réseaux sociaux. «Je suis convaincu que ceux qui ont participé à ce lynchage public de cet enseignant, il y a des vidéos qui ont été postées sur les réseaux, il y a peut-être d’autres mobilisations qu’on n’a pas vues, sont d’une certaine manière responsables de ce qui s’est passé», a-t-il estimé.

    «Je ne suis pas la justice, je ne suis pas la police, mais il faut une réponse absolument exemplaire sur ce sujet-là», a-t-il ajouté. Le porte-parole du gouvernement a en outre estimé que les réseaux sociaux «ont une responsabilité», remarquant que «les choses ont démarré sur les réseaux sociaux et se sont terminées sur les réseaux sociaux». Donc, «on doit arriver à mieux les encadrer».

    Après la censure de la loi Avia par le Conseil constitutionnel au nom de la liberté d’expression, il a indiqué que le gouvernement travaillait à «un dispositif juridique de lutte contre la haine sur les réseaux sociaux». Marlène Schiappa, ministre déléguée en charge de la Citoyenneté, doit recevoir aujourd’hui les patrons de ces réseaux. Y a-t-il eu des ratés de la part de l’Éducation nationale ? L’enquête va permettre de «voir s’il y a eu des angles morts ou pas», a indiqué Gabriel Attal, en remarquant que «la principale du collège, de l’avis de tous, a été absolument exemplaire dans son action». «On en tirera des enseignements, rien ne sera mis sous le tapis», a-t-il promis.

    Gabriel Attal a, par ailleurs, précisé que le gouvernement travaillait avec les enseignants et leurs représentants syndicaux pour que «quelque chose de spécifique et d’historique se passe à la rentrée scolaire» après la Toussaint dans les établissements. Il a jugé «pas acceptable» que des professeurs puissent «s’autocensurer» sur les sujets de laïcité car ils auraient «peur de la réaction de leurs élèves dans les endroits les plus difficiles», ce qui risque d’être «encore plus le cas» après cet assassinat. Reste à voir si les autorités françaises s’appuieront pour corriger cet état de fait sur les lois déjà existantes et qui répondent à de nombreux problèmes rencontrés aujourd’hui par les professeurs, agents administratifs, élus de la République, ou simples citoyens, ou si le gouvernement décidera de muscler encore un peu plus l’appareil législatif en place, qui doit déjà être revu dès le 2 décembre avec la présentation de la nouvelle loi sur la laïcité.

    Quoi qu’il en soit, Emmanuel Macron doit affronter ce dossier de front et traiter ce problème de société que lui ont légué ses prédécesseurs qui ont toujours préféré ignorer et même souvent dénigrer ceux qui tentaient de les alerter sur les dangers de l’islamisme en France et de son emprise de plus en plus menaçante, notamment dans les banlieues des grandes villes.

    Source : Le Jour d’Algérie (Le titre a été modifié)

    Tags : France, Islam, Islamisme, terrorisme, Samuel Paty, Abdelhakim Sefrioui,