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  • Opération Sirli: La source s’exprime pour la première fois

    Opération Sirli: La source s’exprime pour la première fois

    France, Egypte, Al Sissi, DRM, DGSE, Disclose – Opération Sirli: La source s’exprime pour la première fois

    « Le silence n’est plus une option »

    La source à l’origine des révélations de Disclose sur l’opération militaire Sirli, en Egypte, s’exprime longuement sur les raisons qui l’ont amenée à briser le secret de la défense nationale.

    « Les mémos de la terreur » démontrent la responsabilité de la France dans des exécutions arbitraires perpétrées par la dictature du maréchal Abdel Fattah al Sissi, en Egypte. De possibles crimes contre l’humanité dissimulés depuis 2016 derrière le « secret-défense » et « la lutte contre le terrorisme ».

    Témoin de ce scandale d’Etat, la source de Disclose ne pouvait rester silencieuse.  « Tout cela décrédibilise l’action française et la République, soutient la logique mortifère et le mal qu’on prétend combattre. Les patriotes aveugles voudront bien nous excuser, mais nous ne pouvons pas TOUJOURS nous taire », a-t-elle écrit en préambule d’une série de questions que nous lui avons adressées au début de notre enquête.

    Avec son accord, nous publions l’intégralité du texte qu’elle nous a fait parvenir pour motiver son acte, suivi de ses réponses à nos questions.


    « Ni moi, ni ceux et celles que je connais qui ont pu contribuer à cette diffusion d’information, ne sont opposants politiques, militants anti républicains ou anti France, ou au service d’une puissance étrangère. C’est même tout le contraire. Ce qui fait rompre le silence, ce sont les dérives de l’action politico-militaire française qui entaillent profondément ce pour quoi des hommes et des femmes sont au service de la France.

    Il n’y a pas de naïveté non plus. Évidemment, où qu’ils soient, les pouvoirs publics justifient certains agissements par « les intérêts supérieurs de l’Etat », qualifiés de tels sans en référer à leur peuple, sans explication, sans débat. C’est pourquoi le contrôle de l’action de l’exécutif est si précieux et qu’il est inexistant dans les régimes autocratiques. Chez nous, dans le domaine de la défense et de l’armement, il est quasi absent et surtout les maigres tentatives n’ont aucun effet réel. Si le Parlement pouvait véritablement jouer son rôle, nous n’en serions pas là. En somme, ce sont les dysfonctionnements de notre système qui conduisent des groupes d’individus comme nous à transgresser les règles établies pour le maintenir, parce que précisément, il ne devrait pas l’être.

    Il n’y a pas non plus de pacifisme béat, « hors sol » comme on dit. A titre personnel, et je crois que c’est partagé par tous ceux que je connais, j’estime que la France a besoin d’une armée forte. S’armer ou exporter de l’armement n’est pas une « honte française » en soi. Cela le devient en revanche lorsque nos dirigeants utilisent nos armées sans tirer les leçons de l’histoire ; cela le devient lorsqu’ils violent les traités internationaux, les engagements de la France et son Histoire ; cela le devient lorsqu’ils se moquent des conséquences de leurs actes ; cela le devient lorsqu’ils détournent les prérogatives que leur octroie la constitution pour décider seuls, sans consultation ni contrôle ; cela le devient lorsque l’intérêt des Français, l’intérêt général, vient après celui de prétendus objectifs stratégiques ou sécuritaires. Certaines décisions politiques dévoient « le combat pour la France » ; elles mènent nos soldats, engagés pour la France, à mourir pour parfaire le dévoiement, et elles détruisent des populations, des enfants, tués par les armes que nous avons vendues.

    Dire à celles et ceux qui sont au service de la France que ces questions les dépassent ou qu’ils doivent faire confiance aux dirigeants n’opère plus, et de plus en plus de fonctionnaires et militaires ressentent ce malaise. Ceux qui parlent, qui agissent, ne le font pas dans un élan de supériorité, d’idéologie ou de détention de la vérité, mais au nom d’une conscience personnelle qui refuse la complicité et au nom d’une responsabilité collective puisque si nous ne le faisons pas, personne ne peut le faire. Quand les notes internes d’analyses diplomatiques et militaires sont ignorées, quand les dirigeants politiques sont sourds aux appels bienveillants, le silence n’est plus une option.

    Alors évidemment la France a besoin de partenaires stratégiques. Mais voilà, l’Egypte n’en est pas un, il ne l’a jamais été et, en l’état actuel, ne le sera jamais. Les militaires le disent, l’écrivent, mais cela n’empêche pas nos dirigeants de dire le contraire à tue-tête. Ce n’est pas parce que nos navires de guerre ont besoin de traverser le canal de Suez, que nos avions de chasse survolent le Sinaï, que des entreprises françaises font du business en Egypte, que cela fait du Caire un allié stratégique. Pendant des années, l’Egypte était un partenaire mineur : peu d’échange, peu de visite de haut rang, pas de partenariat économique ni de défense sérieux – toujours pas d’ailleurs.

    Mais voilà, Sissi a pris le pouvoir et a acheté des Rafale à Le Drian. A partir de là, on a promu l’Egypte au rang de pays stratégique. Cela n’avait pas été le cas au début des années 1980 lorsque l’Egypte avait acheté massivement d’autres matériels de guerre. Sauf qu’aujourd’hui, il faut un « narratif » comme on dit, il faut faire passer ce genre de décision. Les prétextes de la guerre contre le terrorisme ou de la stabilité régionale fournissent le parfait scénario pour justifier notre action mercantile et « souveraine ». Qui peut croire que le régime autoritaire actuel de Sissi stabilise la région ? Qui peut croire que nos Rafale et frégates participent à la lutte contre le terrorisme ? Mais peu importe, il faut vendre pour maintenir notre industrie, tenir notre « format d’armée », sans que les Français ou leurs représentants aient leur mot à dire sur ce format et ses ambitions, et cela, « quoi qu’il en coûte ». La formule s’applique à l’armement bien avant la crise sanitaire.

    Tout cela décrédibilise l’action française et la République, soutient la logique mortifère et le mal qu’on prétend combattre. Les patriotes aveugles voudront bien nous excuser, mais nous ne pouvons pas TOUJOURS nous taire.

    De Gaulle a dit « La défense, c’est la première raison d’être de l’État. Il n’y peut manquer sans se détruire lui-même ». Il faudrait ajouter qu’à justifier toutes ses actions par la défense et la sécurité, il peut aussi détruire son identité démocratique. »


    Pourquoi voulez rendre publique l’existence de l’opération Sirli ?

    Si cette coopération avait un sens, si elle répondait à des objectifs précis, si elle apportait quelque chose à la France, personne ne la remettrait en question. Or ce n’est pas le cas. Plusieurs échelons de l’armée l’ont remise en cause d’abord parce que nos forces sont extrêmement sollicitées et n’ont pas le temps d’en perdre. Elles n’en retirent rien, aucune information sur la lutte antiterrorisme, c’est écrit noir sur blanc dans plusieurs rapports. Ensuite, alors qu’elles sont censées aider à lutter contre le terrorisme et à surveiller le chaos de la frontière libyenne, elles se retrouvent complices dans une chasse aux trafiquants civils du désert et à des bombardements non discriminés, au service d’un régime brutal.

    Avez-vous pris la mesure des risques encourus par la diffusion de documents classifiés ?

    J’aurais préféré qu’ils ne le soient pas évidemment. Tout comme je préférerais que les représentants du peuple aient accès à des informations qui engagent la France et donc les Français et les Françaises. Mais le système actuel est construit de telle manière qu’il se protège d’abord lui-même. Il n’y a pas d’autre option que d’enfreindre les règles qu’il établit si l’on souhaite espérer qu’il évolue.

    En France, la loi ne protège pas les lanceurs d’alerte contre la « compromission de la défense nationale », en êtes-vous conscient.e ?

    J’ai évidemment conscience des risques juridiques si mon identité était découverte. Mais j’ai aussi ma conscience personnelle et ma responsabilité qui m’obligent. J’espère simplement que le fond sera pris en compte, plus que la forme.

    Parce qu’il faut tout de même remettre les choses dans le bon ordre : il est plus grave de participer au meurtre d’hommes, même des trafiquants, que de dévoiler une note estampillée « confidentiel-défense ».

    Un élément en particulier a-t-il motivé votre décision ?

    Ma décision a été prise après avoir acquis la certitude qu’il n’y avait pas d’autres alternatives pour que soit remise en question notre action avec l’Egypte. Cette opération est symptomatique d’un système sans contre-pouvoir, capable de devenir complice d’assassinats dans le plus grand secret, pendant des années. Il est temps que cela cesse.

    La diffusion de ces informations fait-elle courir un risque, selon vous, aux militaires français déployés en Egypte ? 

    Les militaires français assistent l’armée égyptienne depuis 2016 et n’ont jamais subi la moindre menace par ailleurs. C’est la seule raison qui aurait pu m’empêcher de parler et empêcher ceux qui m’ont transmis certains documents à ne pas le faire. J’ai exigé qu’aucun nom de militaires déployés ne soit rendu public.

    L’opération Sirli, n’a pas d’existence officielle, comment l’expliquez-vous ?

    Les opérations de la direction du renseignement militaire (DRM) ne sont pas publiques. Mais avec celle-ci, il y a une double gêne : elle est critiquée en interne parce qu’elle ne sert pas les intérêts de la France et parce qu’elle participe à du ciblage qui ne contribue pas à la lutte antiterroriste. Il est difficile de s’en vanter. Et puis, il faut souligner qu’aucun ministre n’aime annoncer une mauvaise nouvelle comme l’arrêt d’une mission de coopération, lesdits ministres peuvent ainsi continuer à mettre ce geste français dans la balance lors de leurs discussions bilatérales.

    A votre connaissance, l’opération Sirli a-t-elle contribué au meurtre de civils par l’armée égyptienne ?

    Il n’y a que des civils qui sont tués. Vous voulez dire des civils qui ne sont pas de terroristes ? La réponse est oui, puisque comme l’attestent les comptes rendus de la DRM, les terroristes ne couraient pas cette partie de désert.

    Existe-t-il un accord écrit encadrant la mission ?

    La DRM a tenté au début de l’opération de faire signer un accord encadrant cette coopération, et donc cette opération, à la partie égyptienne. Mais elle n’a jamais accepté de signer et in fine la France a abandonné l’idée. Cet accord aurait obligé les deux parties à décrire noir sur blanc le cadre de la coopération, le type de mission et surtout ses limites.

    Ce qui est le plus dérangeant, c’est l’utilisation par les autorités françaises d’une coopération qu’ils savent meurtrière pour tenter d’obtenir des informations qu’ils n’obtiennent pas. Par ailleurs, ce type de complicité empêche tout discours français véritablement critique et crédible sur la répression ou les droits humains.

    Comment expliquez-vous qu’une fois élu Emmanuel Macron a poursuivi cette opération débutée un an plus tôt par son prédécesseur ?

    En 2017, au moment de son élection, la France a encore beaucoup d’espoir de vendre davantage d’armement à l’Egypte : des Rafale supplémentaires, un satellite supplémentaire, des ravitailleurs. Donc évidemment, dans ces conditions, la relation bilatérale ne pouvait pas changer. Tant que le coût politique de vendre des armes reste maîtrisables, il n’y a aucune raison de croire au changement de cap.

    Source : Disclose, 26/11/2021

    #DGSE #DRM #Opération_Sirli #Egypte_Leaks #Macron

  • Egypte Leaks: L’Elysée porte plainte

    Egypte Leaks: L’Elysée porte plainte

    France, Opération Sirli, Disclose – Egypte Leaks: L’Elysée porte plainte

    Fuite de l’opération en Egypte : la France intente une action en justice pour violation du secret de la défense
    Cette décision intervient après les révélations d’un site Web d’enquête selon lesquelles la France a facilité les meurtres parrainés par l’État dans le désert occidental égyptien

    Le ministère français de la Défense a déposé mercredi une plainte pour « violation du secret national », après des révélations suggérant qu’une opération antiterroriste française en Egypte était utilisée à des fins de répression interne, a annoncé jeudi le ministère.

    L’enquête menée par Disclose, un site d’investigation français, a indiqué que la France avait fourni des renseignements aux autorités égyptiennes, qui ont été utilisés par Le Caire pour « tuer des civils » soupçonnés de faire passer la frontière avec la Libye en contrebande, plutôt que des terroristes, comme convenu.

    Le gouvernement français n’a pas démenti les révélations.

    Selon un rapport publié dimanche par Disclose – basé sur des documents divulgués – les pays ont coopéré dans une mission nommée Opération Sirli, qui visait à l’origine à fournir des renseignements sur les menaces militantes le long de la frontière ouest de l’ Égypte .

    Selon ces documents, l’armée française a été impliquée dans au moins 19 frappes aériennes contre des civils entre 2016 et 2018.

    Un document note qu’au cours de l’opération le « problème terroriste n’a jamais été soulevé ».

    La France accusée d’avoir aidé l’armée égyptienne à tuer des passeurs présumés
    En savoir plus « 
    L’opération Sirli a débuté en février 2016 sous la présidence de François Hollande.

    Elle s’est poursuivie malgré les réserves exprimées à la fois par le renseignement militaire français (DRM) et l’armée de l’air sur la manière dont l’Égypte utilisait le renseignement, a déclaré Disclose.

    L’une de ces notes a été adressée à la ministre française de la Défense Florence Parly le 22 janvier 2019, avant la visite officielle du président français Emmanuel Macron en Égypte.

    En réponse aux révélations, Hervé Grandjean, porte-parole du ministère de la Défense, a déclaré qu’il « a intenté une action en justice après cette fuite massive de documents classifiés », sans préciser qui était visé par la plainte.

    « Il y a eu une fuite de documents couverts par le secret de la défense nationale. Cette fuite est une violation de la loi… extrêmement grave, car ce qui peut être révélé peut dire des choses sur les méthodes de fonctionnement de l’armée, peut mettre en danger la sécurité des personnes impliquées », a-t-il déclaré.

    Contacté par l’AFP, le média Disclose a indiqué jeudi à la mi-journée n’avoir reçu aucune notification de la justice.

    Le site Internet reconnaît que les révélations sont couvertes par le « secret de la défense nationale » mais affirme avoir publié les rapports « au nom d’un principe fondamental de la démocratie : le droit à l’information ».

    Le ministère a également lancé une « enquête interne pour vérifier que les règles ont été appliquées » par leurs homologues égyptiens.

    « Les contours de cette mission de renseignement répondent à des exigences extrêmement strictes : il s’agit de la lutte contre le terrorisme, à l’exclusion des questions intérieures », a déclaré Grandjean.

    « Nous attendons les résultats de l’enquête pour en tirer les conséquences », a-t-il conclu sans plus de précisions.

    Disclose cite des notes transmises en 2017 par le renseignement militaire et l’armée de l’air, qui s’inquiètent de la dérive de l’opération de renseignement, que les Égyptiens utiliseraient pour cibler des civils soupçonnés de trafic.

    Malgré les efforts de Paris pour déplacer ses exportations d’armes vers l’Europe, l’Egypte reste l’un des principaux destinataires des équipements militaires français.

    Middle East Eye, 25/11/2021

    #France #Opération_Sirli #Egypte #Secret_défense #Crimes_Etat

  • Zemmour fait un doigt d’honneur à une passante

    France, Eric Zemmour, extrême droite – Zemmour fait un doigt d’honneur à une passante

    Celui qui prétend faire la leçon aux Français, les ramener vers le « droit chemin », se comporte en somme comme le dernier des roturiers. Une scène surréaliste s’est en effet produite à Marseille où Eric Zemmour était en campagne sous le fallacieux couvert de promotion de son dernier livre intitulé « La France n’a pas dit son dernier mot ». cette scène a été fort heureusement immortalisée par un journaliste de l’AFP au moment des (mé)faits. si la France n’a peut-être pas dit on dernier mot en effet, force est de relever que Zemmour, lui, s’est livré à son « dernier » geste. Au niveau de la ville phocéenne, où il a été gratifié d’un accueil très froid, Zemmour, au sortir d’un restaurant, a commis son geste fatal.

    Une passante marseillaise s’est en effet approchée de sa voiture. En descendant sa vitre, elle le piège en lui faisant un doigt d’honneur. Mais, au lieu de se comporter en homme d’Etat, ou même en écrivain-journaliste, qui veut réapprendre à vivre aux Français, c’est par un autre doigt d’honneur qu’il réplique à cette passante « ébaudie », le tout assorti de cette réplique bien sentie : « et bien profond ».

    Et pour ne pas s’égarer à penser que Zemmour se serait laisser emporter par un geste spontané qu’il aurait regretté immédiatement après, le photographe de presse raconte que Zemmour et sa « compagne et future  directrice de campagne qui l’accompagnait ans son déplacement, se sont laissés aller à de fous éclats de rire. Ah ! cet amour qui procure à tous un indicible bain de jouvence ! car, même pas relevé de cette polémique du doigt d’honneur, que Zemmour vient de se jeter au cœur d’une autre polémique.

    Le magazine people Closer lui a réservé ce vendredi une Une qui l’attaque au cœur de sa  vie privée. Le concerné a eu beau affirmer s’attendre à des attaques de ce genre depuis qu’il occupe la tête des médias, chamboule les sondages et menace carrément de pousser du coude le président Macron afin de prendre sa place, le coup n’en est pas moins dur, terrible, à supporter.

    Carrément mortel pour la carrière et l’avenir politique d’Eric Zemmour. Que l’on en juge : lui qui se taguait de moraliser la vie politique de sa « chère et douce France », le voilà pris la main de le sac, pour ne pas dire autre chose. Le mec, marié et père de famille, entretiendrait une liaison amoureuse avec sa conseillère spéciale, très spéciale, en com et future directrice de campagne, la belle et sulfureuse Sarah Knafo.

    L’homme, effectivement entier dans ses entreprises, aurait même engrossé la malheureuse Knafo. L’avocat de ce couple improbable, invité le même jour de BFMTV, Olivier Pardo, a opté pour une adroite stratégie de défense : jouer les indignés, en refusant de démentir ou de s’expliquer. Mal lui en prit après l’incident marseillais. Du coup, un simple doigt d’honneur aurait suffit à cet avocat, contraint ma foi de défendre l’indéfendable…

    Ali Oussi

    La patrie news, 27/11/2021

    #France #Eric_Zemmour #Extreme_droite #Doigt_honneur

  • Le spectre de l’extrême-droite armée

    Le spectre de l’extrême-droite armée

    France, extrême droite, Recolonisation, Eric Zemmour – Le spectre de l’extrême-droite armée

    Ils sont treize. Treize militants appartenant au mouvement d’extrême-droite « Recolonisation » qui ont été interpellés et placés en garde à vue mardi dans toute la France par les gendarmes de l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre (OCLCH). Douze hommes et une femme « de profils divers », tous suspectés, selon un communiqué du Parquet de Marseille, « d’avoir accès à des armes et de présenter une menace à l’ordre public par leur participation ou leur projet de participation à des actions violentes. » Tout un programme… Durant les perquisitions, des armes et de l’argent liquide ont été découverts.

    Ainsi va l’actualité hexagonale. Chaque semaine ou presque, on apprend que de tels énergumènes ont été arrêtés. Il y a dix jours, deux hommes qui appelaient à des « actions violentes » via la messagerie cryptée Telegram ont été interpellées. Ils postaient aussi des messages antisémites et islamophobes et se disaient admirateurs de BrentonTarrent, le terroriste auteur de l’attentat de Christchurch en Nouvelle-Zélande (51 morts dans une mosquée en 2019). La même semaine, le gouvernement décidait la dissolution d’une association xénophobe basée dans la ville d’Angers. A cela s’ajoutent des informations concernant tel ou tel groupuscule qui organise des séances d’entraînement de tirs à l’arme automatique dans les forêts ou qui appelle à des actions musclées contre les migrants.

    Cela fait quelques années que la même information inquiétante circule dans les rédactions françaises. Plusieurs factions de l’extrême-droite s’arment et se préparent à passer à l’action contre des musulmans mais aussi des juifs, des personnalités de gauche, des artistes et des acteurs de l’humanitaire. Toutes les tendances sont recensées dans les rangs de ces extrémistes y compris les « accélérationnistes », autrement dit ceux qui pensent que déclencher la violence entre les communautés aboutira rapidement à une guerre civile dont ils sortiront vainqueurs. Tous sont convaincus par la théorie fumeuse du « grand remplacement » que défend Eric Zemmour, le presque-candidat à l’élection présidentielle française. Tous ou presque rêvent de « remigration », c’est-à-dire une grande expulsion d’arabes, de musulmans ou d’autres étrangers « non-blancs », un peu à l’image de ce qui s’est passé au moment de la fin de l’Andalousie musulmane.

    On pense qu’ils sont entre 3 000 et 4 000 hommes prêts à agir. Au regard d’une population de plus de 60 millions d’habitants, c’est négligeable mais c’est suffisant pour créer le choc et semer chaos et dévastation. C’est d’autant plus inquiétant que nombre de responsables politiques mais aussi de journalistes nient cette réalité ou tentent de la minimiser. A ce sujet, tout est d’abord affaire de sémantique. A l’expression « extrême-droite », la majorité des observateurs préfèrent celle d’ « ultra-droite » comme s’ils voulaient amoindrir la gravité de la situation et relativiser la menace. D’autres, on pense aux « journalistes » et autres bonimenteurs des chaînes dites d’information, ne sont pas loin de partager les mêmes idées extrémistes des mis en cause et ne veulent pas, pour le moment, du label d’ « extrême-droite ».

    Les attentats du 11 septembre 2001 puis les différentes attaques terroristes en Europe depuis cette date offrent à ces groupuscules des arguments de poids pour recruter. Mais il serait erroné de penser que ceci explique cela. La violence islamiste n’a pas fait naître ces extrémistes, elle leur a juste donné des prétextes d’agir et plus de vigueur. A cela s’ajoute la lente dérive des élites françaises, notamment médiatiques, devenues indulgentes avec une extrême-droite hier abhorrée pour ce qu’elle a commis comme crimes durant la première partie du siècle dernier. La banalisation du Front national, la propagation de ses idées dans la société ont ouvert un espace à la droite de l’extrême-droite traditionnelle. Ajoutez à cela des réseaux sociaux qui favorisent l’entre-soi et la surenchère idéologique et l’on comprendra pourquoi Internet est le meilleur allié de ces groupes.

    A ce stade, le silence désinvolte des autorités est surprenant. Promptes à mettre en cause le « wokisme » des jeunes, à dénoncer la « cancel culture » qui sévirait chez ces mêmes jeunes et dans certaines institutions universitaires, à pousser des cris d’orfraies à propos du pseudo-danger de « l’islamo-gauchisme », à critiquer l’usage du pronom non-genré « iel » ou les repas végétariens à la cantine, elles ne pipent mot face à cette menace armée qui se précise de jour en jour. L’un des plus discret à ce sujet est le ministre de l’intérieur Gérald Moussa Darmanin dont on sait qu’il a eu quelques sympathies à l’égard de « Renaissance nationale », mouvement apparu en 1955 et héritier de l’Action française qui s’était compromise avec le régime de Vichy durant l’occupation allemande.

    La question n’est pas de savoir si ces groupes passeront à l’action mais quand. En attendant, les chaines d’information se passionnent pour des débats tels que « l’armée doit-elle intervenir dans les quartiers populaires ? » ou encore « faut-il tirer sur les réfugiés à la frontière polonaise. » On en est là.

    Akram Belkaïd

    Le Quotidien d’Oran, 27/11/2021

    #France #Extreme_droite #Eric_zemmour #Recolonisation

  • Enormes pressions sur l’Opep+

    Pétrole, Etats-Unis, Chine – Enormes pressions sur l’Opep+

    par Abdelkrim Zerzouri

    Une organisation structurée capable de faire contrepoids à l’Opep+ est-elle en voie de se constituer par les pays consommateurs de pétrole ? A voir les derniers développements sur la scène énergétique mondiale, on croirait fortement à cette thèse. Les Etats-Unis sont les premiers à lancer l’initiative, en décidant de puiser dans leurs réserves stratégiques pour peser sur le prix du baril de pétrole, avant d’être rejoint par la Chine, qui a surpris tout le monde en adhérant à la décision. Selon le porte parole de la maison Blanche, d’autres pays, comme l’Inde, le Japon, la Corée du Sud ou encore le Royaume-Uni, sont parties prenantes de cette volonté qui vise à faire baisser le prix du baril. Cette union des pays consommateurs de pétrole qui se met en place est-elle conjoncturelle, liée à l’actualité de la hausse des prix de l’essence à la pompe, ou sera-t-elle durable, afin de se faire entendre par les pays exportateurs de pétrole quand il s’agit d’équilibrer les prix du baril de pétrole ? En tout cas, dans l’immédiat, l’effet psychologique, sur un marché très frileux, a déjà eu son impact. Quand les Etats-Unis et d’autres pays, annoncent qu’ils vont puiser des quantités très importantes de leurs réserves pour inonder le marché, et prendre d’autres mesures nécessaires pour stabiliser les prix du baril, l’effet psychologique recherché est presque instantané. Hier, vendredi 26 novembre, à peine quelques jours après ce mouvement autour de l’initiative américaine, les prix du baril ont chuté sur les marchés, descendant en dessous de la barre des 80 dollars pour le Brent (prix de référence du pétrole algérien), et perdant jusqu’à 5% pour le WTI (West Texas Intermediate), un type de pétrole léger utilisé comme standard dans la fixation du prix du brut et comme matière première pour les contrats à terme sur le pétrole auprès du New York Mercantile Exchange.

    Cette tendance baissière est due, selon les analyses des experts, aux inquiétudes sur le nouveau variant en Afrique du Sud, potentiellement très transmissible, et sur les hausses des cas de coronavirus en Europe, sans faire aucun lien avec l’initiative américaine.

    Pourtant, la baisse en question a forcément un lien avec l’annonce de la mise sur le marché de millions de barils, ou que les deux raisons (crise sanitaire accentuée et l’effet psychologique de l’initiative en question), sont derrière cette baisse du cours du pétrole.

    A une semaine de la réunion Opep+, qui se tiendra jeudi prochain, les spéculations vont bon train autour d’un nouveau tour de vis en matière de limitation des quotas de production, et de division à ce propos entre les gros exportateurs de brut.

    La prochaine réunion Opep+ ne sera-t-elle pas aussi expéditive que les précédentes rencontres ? Sans compter le lobbying qui sera mené par ces mêmes pays consommateurs sur certains membres de l’Opep, en premier la pression que ne manquerait pas d’exercer l’initiateur de la décision d’inonder le marché pétrolier en puisant dans ses réserves stratégiques, en l’occurrence les Etats-Unis, qui ont de très bonnes relations avec ses plus puissants producteurs/exportateurs d’or noir.

    Le Quotidien d’Oran, 27/11/2021

    #OPEP+ #Petrole #EtatsUnis #Chine


  • Le déclin français

    Le déclin français

    France, Sahel, Mali, Barkhane, AUKUS, – Le déclin français

    Le thème du «déclin français» et son corollaire «le retour de la grandeur de la France» est devenu, directement ou indirectement, de la droite à la gauche des forces politiques françaises, le sujet majeur de la vie politique française.

    Ce «déclin français», avec ses composantes de peur, d’amertume, ces interrogations sur l’avenir, domine,sans le dire, depuis des années le climat politique et la vie intellectuelle française. Il a nourri au fur et à mesure un nationalisme d’autant plus malsain qu’il est fait de dépit, de peur de l’autre, de xénophobie, de perte de confiance en soi.

    Avec la crise du Corona, ce sentiment de déclin s’est accentué: on y retrouve, pèlemêle jetés, le scandale des masques, le paracétamol et les autres pénuries de médicaments de base, les difficultés de production de l’oxygène, l’échec de la France», la seule parmi les «grandes puissances», à ne pas produire un vaccin anticovid», mais aussi les déboires militaires au Sahel décidément trop grand pour les capacités françaises,»l’irrespect»manifesté par l’Algérie comme le dénoncent des hommes politiques français, l’arrogance du Royaume Uni sur l’affaire des zones de pêche, l’affaire du contrat de vente de sous-marins avec l’Australie etc.. etc.. Si on n’a pas en vue ce sentiment de déclin, on ne peut comprendre, par exemple, la réaction extrême française à cette dernière affaire. La désinvolture, voire l’indifférence aux intérêts français manifestée par ses alliés, ont vexé la France. Encore plus, lorsque ce manque de considération s’est confirmé dans l’annonce d’un traité d’alliance Indopacifique entre les États Unis, le Royaume Uni et l’Australie, conclu sans que la France ne le sache et d’où elle est exclue . Cela ne pouvait mieux confirmer ce sentiment de déclin.

    C’est comme si la France était obligée, désormais clairement, de prendre conscience de sa place dans les rapports stratégiques mondiaux.

    Mais qu’y a-t-il en réalité derrière cette question du déclin

    En effet, si on considère la question de plus près, on pourra s’apercevoir, vite alors,que le mot «déclin» est inapproprié. Il sert à masquer, en fait, une nouvelle réalité qui détermine et qui déterminera probablement la place de la France, comme celle d’autres pays naguère dominants, dans les rapports entre nations. Le mot déclin remplit alors une fonction: celle du déni de cette réalité ; cette angle d’approche, cette lecture de la situation française par le déclin, va s’imposer à toutes les forces politiques, de gauche comme de droite, aussi bien dans la dénonciation de ce déclin, que dans la recherche de ses responsables, ainsi que dans la nécessité de le refuser et de redonner à la France, «la place qui est la sienne». Le président Macron parle de» redonner sa grandeur à la France». Éric Zemmour clame que «la France n’est pas la France si elle n’est pas hégémonique». Jean Luc Mélenchon tonne que La France est  » le 2eme domaine maritime du monde avec 10 millions de km2 , qu’en 2050 cinq cent millions de personnes parleront le français dans le monde » grâce à la présence de la France en Afrique, et que «la France ne ressemble pas aux autres puissances car sa mission est universelle» . Le nationalisme fait rage. De façon générale, tout le discours politique reflète ce souci, cette obsession de redonner sa puissance à la France que ce soit dans les approches économiques de réindustrialisation de la France, culturelle à travers la francophonie, ou militaire à travers l’attachement à une présence à l’extérieur, même si les moyens ne le permettent plus.

    Car tout cela n’est d’évidence plus possible. La place de la France, et aussi de l’Europe, dans le PIB mondial a été pendant deux siècles une sorte d’exception historique, liée à la révolution industrielle européenne. Celle-ci a fait que des pays relativement petits, du point de vue de leur étendue géographique et du nombre de leurs habitants, ont pu dominer d’immenses pays grâce à la fois à leur puissance technologique et militaire et à leur unité nationale . Qu’on regarde la carte du monde, ceci saute aux yeux et laisse songeur. Avant la révolution industrielle, des pays comme la Chine et l’Inde représentaient 50% de la production mondiale. On sait que le facteur démographique est, en dernière instance, le facteur déterminant des rapports entre groupes humains. Aujourd’hui avec leurs trois milliards d’habitants, ils reprennent progressivement leur place mondiale. C’est aussi simple que cela. C’est aussi le cas progressivement d’autres régions du monde. Il ne s’agit donc pas d’un «déclin», mais d’une évolution historique en quelque sorte normale, d’un retour à l’ordre des choses.

    Le déni de la réalité

    De la même manière, la France, et d’autres pays européens, vont reprendre historiquement tout simplement leur place naturelle dans le concert des nations du monde. Et c’est une bonne chose, y compris pour la France. Les autres nations dans le monde se trouvent-elles dévalorisées d’être à leur place, de ne pas être hégémoniques. L’Allemagne s’est trouvée bien plus respectée de ne plus l’être, et de consacrer ses forces à son développement , bien que …la tentation hégémonique n’est jamais bien loin.  D’autres pays, fameux par leur qualité de vie, et leur niveau civilisationnel, se trouveraient-ils diminués d’être comme tout le monde , des pays «normaux» . Sont-ils de «petits pays» ou bien au contraire des pays admirés. Mais en attendant, malheur à celui qui dirait en France tout simplement «voilà c’est la réalité de ce que nous sommes actuellement, le monde a évolué». Il n’aurait plus aucune chance politique dans un climat où domine le nationalisme sous sa forme la plus négative, la plus dangereuse, celle de l’amertume, celle d’un sentiment dedéchéance par rapport à un statut désormais dépassé.

    Le déni de la réalité est toujours dangereux, que ce soit pour un individu ou pour un groupe social. Il entraine toujours à des pathologies.La réalité est niée, refusée, insupportable pour bien des forces politiques française, et même, pourrait-on dire par l’opinion publique française en général. D’où ce pourrissement de la situation politique, d’où cette propension à chercher des boucs émissaires à cette situation, émigration, arabes, musulmans, «politiciens- traitres». Cette fausse conscience de déclin pourrait expliquer des phénomènes inquiétants en France comme l’exacerbation du racisme, la généralisation du sentiment de haine, la haine des autres mais aussi la haine de soi. Au contraire, les sociétés optimistes, en plein essor, sont caractérisées par le sentiment de solidarité et l’optimisme pour l’avenir. Ce déni de la réalité peut expliquer aussi, et c’est intéressant à noter, ce refuge vers le passé, vers l’Histoire de France ,chez bien des intellectuels français actuellement Dernièrement, au cours du débat qui les opposait, aussi bien Jean Luc Mélenchon qu’ Éric Zemmour ont fait assaut de références à l’Histoire française, chacun de leur point de vue évidemment, mais ce passéisme est en lui-même significatif. La rencontre de toutes les forces politiques autour de la personnalité du général de Gaulle, représentant prestigieux s’il en est du nationalisme français, et leurs disputes autour de l’appropriation de son héritage est édifiante à ce sujet.

    L’idéologie du déclin et son instrumentalisation

    Comme pour beaucoup de civilisations qui se tournent vers leur grandeur passée pour oublier leur présent, cette relecture de l’histoire française devient alors une sorte d’opium du peuple pour retrouverles vertiges de puissance d’antan. Pendant longtemps «le chauvinisme de grande puissance», pour reprendre une expression chinoise, avait permis de gérer les classes populaires, et de les entrainer, malgré des résistances vite vaincues, dans les aventures impériales. Aujourd’hui la réactivation de ce passé cherche à atteindre exactement les mêmes buts. Une idéologie du déclin et de ses causes est élaborée. Elle va se diffuser, s’enraciner dans l’opinion publique. On va appeler dramatiquement le peuple à se mobiliser contre le danger du déclin. Cette idéologie va servir à la fois à masquer les causes réelles de la situation, c’est-à-dire l’évolution du monde, et à produire un nationalisme exacerbé. Plutôt que s’adapter au monde et à ses nouvelles réalités, tout sera fait pour les refuser.Là réside le danger principal de cette idéologie du déclin aussi bien pour les français que pour leurs amis dans le monde. La France doit faire un aggiornamento, un délicat passage vers l’avenir. Ici, l’entrée dans la modernité, signifie , pour elle, revoir complètement l’image qu’elle a d’elle-même et du reste du monde, ne plus gaspiller ses forces dans des objectifs de domination voués tôt ou tard à l’échec, se libérer de ces forces négatives qui ne cessent de l’entrainer vers le bas, adapter ses objectifs à ses moyens, ne plus avoir des objectifs de domination mais seulement de bien-être et de progrès pour son peuple. Y a-t-il plus belle utopie ?

    par Djamel Labidi

    Le Quotidien d’Oran, 27/11/2021

    #France #Sahel #Mali #Barkhane #Déclin

  • Kajima doit des retombées en Algérie

    Kajima doit des retombées en Algérie

    Route Est-Ouest – Kajima doit des retombées en Algérie 

    L’entrepreneur japonais Kajima a été condamné à verser une restitution de 48 millions de dollars à trois autres sociétés japonaises sur une section inachevée de 400 km de l’autoroute est-ouest algérienne.

    La route, qui devait relier la ville septentrionale de Bordj Bou Arreridj à la frontière tunisienne, a été attribuée en 2006 au consortium Cojaal, qui comprenait Hazama Ando Corporation, Nishimatsu Construction et Taisei

    Selon le site Web de Roadtraffic Technology , les travaux étaient la section la plus longue de la route et comprenaient 190 ponts et viaducs et cinq tunnels.

    Une déclaration de Kajima a déclaré que la décision de 48 millions de dollars de l’Association japonaise d’arbitrage commercial ne confirme qu’une partie des demandes d’indemnisation et représente une distribution des fonds excédentaires plutôt que des « dommages résultant du manquement de Kajima à ses devoirs ».

    Kajima a ajouté que le paiement aurait un impact mineur sur ses finances, il ne modifierait donc pas ses résultats fiscaux 2022 annoncés le 9 novembre.

    Nikkei Asia rapporte que le projet a été suspendu suite à l’échec du développeur à effectuer des paiements.

    Les entreprises japonaises ont conclu un accord avec les autorités algériennes en 2016. 

    GCR, 24/11/2021

    #Kajima, Algérie #Route_Est_Ouest #Nikkei_Asia

  • Pourquoi l’Espagne propose sa médiation entre Alger et Rabat?

    Algérie, Maroc, Espagne, Mauritanie – Pourquoi l’Espagne propose sa médiation entre Alger et Rabat?

    Normalement, vous n’hésitez pas à aider vos voisins à désamorcer les tensions pour qu’elles ne vous affectent pas. Cependant, si vous étiez la cause directe ou indirecte d’une telle tension, voudriez-vous vraiment le faire ? Par rapport à la tension entre l’Algérie et le Maroc, l’Espagne peut-elle être un médiateur honnête ? Il faut aussi se demander si l’Algérie acceptera, en principe, toute médiation dans son différend avec le Maroc, ou si elle a posé une condition pour avoir un médiateur spécifique.

    Le langage des responsables algériens ne laisse aucun doute sur le fait qu’ils rejettent totalement l’idée de médiation, mais cela peut être un tour de passe-passe diplomatique pour masquer la préférence d’un médiateur par rapport à un autre. Ils ont bloqué les efforts arabes et du Golfe pour contenir la crise et n’ont prêté aucune attention aux efforts de la Mauritanie à cet égard.

    Alors, qui est le médiateur préféré ? Serait-ce l’Espagne ? L’affaire se complique de jour en jour, compte tenu du nombre de rejets de propositions pour tendre la main aux voisins de l’Algérie. Monter sur un grand cheval est relativement facile ; descendre est plus difficile.

    Si l’Espagne a d’abord fait preuve d’indifférence face aux développements en cours outre-Méditerranée, elle a désormais manifesté son souhait de rapprocher les parties ce week-end lors d’une réunion régionale à Barcelone. Qu’est-ce qui a poussé les Espagnols à frapper à une porte dont ils savent trop bien qu’elle aurait besoin d’un miracle pour s’ouvrir ? Était-ce de bonnes intentions ?

    L’Espagne et la Mauritanie ont peut-être proposé une médiation entre l’Algérie et le Maroc, mais leurs calculs régionaux sont très différents. S’il est possible d’expliquer les déclarations officielles et les suggestions de Nouakchott concernant la volonté d’apaiser la tension entre Alger et Rabat – les Mauritaniens tiennent à ne pas payer le prix d’une escalade supplémentaire en raison de facteurs géographiques et démographiques bien connus – il est difficile pour trouver une justification convaincante aux déclarations similaires de Madrid.

    Des questions subsistent sur ce qui a poussé le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Albares à dire il y a deux semaines à Diario de Sevilla , par exemple, que le Maroc et l’Algérie sont « des pays partenaires essentiels de l’Espagne et de l’Union européenne » et qu’il construisait une relation avec eux dans le Méditerranéen. Il a ensuite déclaré, sur un ton quelque peu festif, comme s’il annonçait un événement extraordinaire, que Barcelone accueillera la réunion de l’Union de la Méditerranée, où ils discuteront de ces questions.

    En apparence, cela reflète l’inquiétude de Madrid concernant la position critique des relations maroco-algériennes au cours des derniers mois, et la crainte de l’Espagne de supporter ne serait-ce que certaines des conséquences d’une nouvelle escalade dans les prochains jours. Dans quelle mesure cet argument est-il logique et plausible ? N’est-il pas dans l’intérêt de l’Espagne que l’hostilité et la brouille entre les deux voisins maghrébins perdurent ? Si Alger et Rabat résolvent leurs différends, que gagnera l’Espagne ? Ne serait-ce pas le perdant si les deux principales puissances d’Afrique du Nord se réunissaient ?

    La logique suppose que le motif principal des déclarations officielles espagnoles est la volonté de repositionner Madrid dans la région, et de prendre les rênes et le leadership dans la région, quitte à donner l’impression que l’Espagne est le petit gendarme régional. La médiation a besoin de plus que des communiqués de presse pour réussir ; cela demande de sérieux efforts et des actions loin des projecteurs. Pour cette raison, il semble que l’empressement de l’Espagne à publier des déclarations officielles reflète, dans une large mesure, une sorte de protestation indirecte de Madrid contre son exclusion du rôle de médiateur entre l’Algérie et le Maroc en raison du manque d’enthousiasme des deux pour que l’Espagne joue un tel rôle.

    Le ministre espagnol des Affaires étrangères est revenu d’Algérie en septembre avec la promesse que le gaz continuerait d’être fourni à l’Espagne, sans que personne ne sache comment cela pourrait être fait, ni si Madrid avait réfléchi à l’impact que cela aurait sur ses relations avec Rabat. A l’époque, les Algériens avaient dit que l’Espagne n’avait rien à voir avec ses différends avec le Maroc, et que la décision de l’Algérie de fermer le gazoduc vers l’Espagne après son passage par le Maroc n’affecterait pas les Espagnols. De plus, même si Rabat acceptait des pourparlers avec l’Algérie, il ne serait pas très enthousiaste à l’idée d’avoir la médiation espagnole.

    Est-ce à dire que nous n’assisterons pas à une poignée de main historique ce week-end entre les ministres des Affaires étrangères marocain et algérien à Barcelone ? S’il a lieu, il n’est pas certain que ce soit le résultat d’une médiation espagnole plutôt que des efforts de qui que ce soit.

    Cependant, la simple indication d’un léger dégel entre les deux voisins peut être considérée en Espagne comme une victoire de la diplomatie ibérique. Celui-ci a subi des revers au Maghreb, cela ne fait aucun doute. L’Espagne a perdu de son influence et de son poids diplomatique, notamment parce qu’elle a autorisé le chef du Front Polisario à entrer dans le pays pour un traitement médical. Pendant ce temps, un cauchemar récurrent pour Madrid est de savoir comment le Maroc et l’Algérie traiteront avec l’Espagne à l’avenir s’ils parviennent à reprendre des relations normales. Cela hante les Espagnols plus que leurs craintes que la tension actuelle ne se poursuive indéfiniment.

    Cet article a été publié pour la première fois en arabe dans Al-Quds Al-Arabi le 23 novembre 2021

    Nizar Boulihya

    Middle East Monitor, 24/11/2021

    #Maroc #Algérie #Espagne #Mauritanie #EAU #Arabie_Saoudite #Médiation #UpM

  • Cheb Khaled en Arabie saoudite

    Cheb Khaled en Arabie saoudite

    Cheb Khaled, Algérie, Arabie Saoudite – Cheb Khaled en Arabie saoudite

    Le coup de bill’art du Soir
    Cheb Khaled se produira le 17 décembre prochain en Arabie saoudite. Le concert du chanteur algérien est prévu à la salle Maraya, un énorme cube miroir en plein désert, située à Al-Ula (province de Médine).

    «L’Arabie saoudite est un endroit qui m’est cher depuis mon premier concert dans le royaume en 2017. Je suis ravi de chanter dans la cité historique d’Al-Ula. Je prépare aux fans pas mal de surprises pour faire de ce concert une soirée inoubliable», a déclaré Khaled, cité par les médias du royaume.
    Est-ce le roi du raï qui a changé de «raï» ou plutôt le royaume qui a changé de politique culturelle ?

    par Kader Bakou

    Le Soir d’Algérie, 23/11/2021

    Le roi de la musique raï Cheb Khaled se produira en Arabie saoudite

    Cheb Khaled a révélé qu’il « préparait pas mal de surprises pour en faire une soirée inoubliable à Al Ula » pour les fans.

    RIYAD – Cheb Khaled, connu pour des tubes comme « C’est La Vie » et « Abdelkader ya Bouaalem », devrait monter sur scène à la salle de concert Maraya d’Al Ula le 17 décembre.

    Cheb Khaled, qui a contribué à rendre la musique algérienne populaire dans le monde, est considéré comme l’un des pionniers du raï, un genre musical algérien devenu populaire dans les années 1920 dans la ville portuaire d’Oran.

    Le roi du Rai se produira pour la première fois à Al Ula, ont indiqué les organisateurs, notant qu’il ne s’agissait pas de son premier concert en Arabie saoudite. En 2017, Khaled s’est produit à Djeddah aux côtés de la rappeuse américaine Nelly.

    L’artiste a révélé qu’il « préparait pas mal de surprises pour en faire une soirée inoubliable à Al Ula » pour les fans.

    « J’ai toujours voulu visiter Al Ula et j’espère visiter ses sites monumentaux pendant que j’y suis », a-t-il ajouté.

    Au cours des dernières années, l’Arabie saoudite a accueilli des musiciens internationaux, de Janet Jackson à 50 Cent et au groupe pop coréen BTS, pour des concerts inimaginables dans le pays il y a à peine quatre ans.

    La pandémie, cependant, a mis un frein à la poussée ambitieuse du pays pour réorganiser son image mondiale et attirer les touristes.

    Alors que la situation sanitaire s’améliore à la mi-2021, l’Arabie saoudite a repris l’organisation de performances qui ont vu des artistes tels que la diva syrienne Assala Nasri et le crooner koweïtien Nabeel Shuail se produire dans le Royaume.

    Les aubaines culturelles font suite à la vaste campagne de libéralisation du prince héritier Mohammed bin Salman bin Abdulaziz, qui a ouvert une nouvelle ère d’ouverture parallèlement à ce que les observateurs appellent une désaccentuation de la religion.

    Le jeune prince héritier a assoupli les restrictions sociales dans le royaume, levant les interdictions de plusieurs décennies sur les cinémas et les conductrices tout en autorisant des concerts de musique mixtes et des extravagances sportives.

    Les normes sociales assouplies ont été bien accueillies par de nombreux Saoudiens, dont les deux tiers ont moins de 30 ans, tout en agaçant les archi-conservateurs.

    L’Arabie saoudite a réduit les pouvoirs de sa police religieuse, qui a autrefois suscité une peur généralisée, chassant les hommes et les femmes des centres commerciaux pour prier et réprimandant quiconque se mêle au sexe opposé.

    Le prince Mohammed a promis une Arabie saoudite « modérée » alors qu’il tente de rompre avec son image austère.

    The Arab Weekly, 15/11/2021

    #Cheb_khaled #Algérie #Arabie_saoudite #Concert

  • Les salamalecs de Jack Lang à la monarchie marocaine

    Les salamalecs de Jack Lang à la monarchie marocaine

    Maroc, Sahara Occidental, Algérie – Les salamalecs de Jack Lang à la monarchie marocaine

    Jack Lang, président de l’Institut du monde arabe (IMA), a appelé ce lundi à reconnaître le roi du Maroc Mohammed V « Juste parmi les Nations ». Le responsable français, ancien ministre de la Culture, a fait cette annonce lors de l’inauguration officielle de l’exposition-évènement « Les Juifs d’Orient, une histoire plurimillénaire » à l’IMA, en présence du président Emmanuel Macron et de responsables politiques et religieux.

    Selon les mauvaises langues, le discours mielleux envers le Maroc est en réalité sa manière de remercier le souverain marocain de l’avoir sorti du pétrin de Marrakech. Une histoire qui n’a pas cessé de le poursuivre tel un cauchemar de nuit. Rappelons sa balade dans les rues de Montpellier le 15 juin dernier. Alors qu’il se promenait tranquillement avec sa femme, l’ancien ministre de la Culture Jack Lang a été interpellé par deux femmes et elles l’ont traité de pédophile et de pédo-criminel. La raison? Les casserolles qu’il traîne des riads de Marrakech selon lesquelles il aurait été « poissé » dans les annés 2000 dans une partouze avec des enfants de moins de 15 ans. Il aurait été sortir d’un commissariat de police de la ville ocre par les autorités marocaines. On dit que, depuis lors, il ne sait plus comme rendre l’ascenseur à Mohammed VI.

    A l’instar de ses copains marocains, Jack Lang n’aime pas l’Algérie. Son animosité envers le pays du million et demi de martyrs avait été commenté dans les colonnes du Soir d’Algérie dont voici le texte intégral:

    Chronique du jour : DIGOUTAGE
    Ça va bien, Jack ?
    Par Arris Touffan

    Franchement, je ne reconnais pas le Jack Lang ami zaâma de l’Algérie, qui était à Alger comme chez lui, avec ses potes du gouvernement algérien et les patrons des grandes entreprises d’Etat algériennes. Qu’est-ce qui lui a pris de faire preuve d’une telle véhémence à l’égard de la Franco-Algérienne Leïla Aïchi, investie comme candidate En Marche pour les législatives prochaines ? Il reproche à la candidate ses positions de soutien au Front Polisario. De ce seul fait, Lang s’écrie : «Ces propos sur le Sahara et le Maroc sont inadmissibles. Il faut que son investiture soit retirée et c’est à nos hauts responsables de le faire.» Et il ajoute : «Inadmissible, inconcevable»!
    Et j’en passe des salamalecs à la monarchie marocaine.

    A. T.
    digoutagesoir@yahoo.fr

    Le Soir d’Algérie, 20/05/2021

    #Maroc #Algérie #Sahara_Occidental #Jack_Lang #Marrakech #Partouze #Pédophilie #Pédocriminalité