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  • Rapport du thikn tank International Crisis Group sur le Sahara Occidental

    Réengager des efforts internationaux au Sahara occidental
    Après un cessez-le-feu de 30 ans entre le Maroc et le Front Polisario indépendantiste, des affrontements ont éclaté au Sahara occidental. Sans une aide internationale, les combats pourraient s’intensifier. L’ONU devrait nommer un envoyé spécial, et les Etats-Unis devraient prendre la tête des efforts internationaux de diplomatie.

    Que se passe-t-il ? Le conflit latent entre le Maroc et le Front Polisario concernant le territoire disputé du Sahara occidental semble se raviver. Un blocage du Polisario sur une artère principale de la zone tampon sous contrôle onusien a déclenché une réponse militaire du Maroc, le Polisario a lancé de nouvelles attaques, rompant le cessez-le-feu.

    En quoi est-ce significatif ? Les affrontements récents laissent présager une nouvelle escalade, d’autant que les efforts internationaux en faveur de l’apaisement et des négociations font défaut. La reconnaissance par l’administration Trump de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, sur laquelle le nouveau président des Etats-Unis Joe Biden pourrait ne pas revenir, complique encore la situation.

    Comment agir ? Les puissances étrangères devraient prendre deux mesures d’apaisement. Premièrement, l’ONU devrait nommer un nouvel envoyé spécial au Sahara occidental, un poste laissé vacant depuis près de deux ans. Deuxièmement, Washington devrait s’efforcer d’encourager une désescalade et de relancer les pourparlers politiques.

    I. Synthèse
    Après avoir respecté le cessez-le-feu de 1991 pendant près de 30 ans, le Maroc et le Front Polisario ont rouvert les hostilités au Sahara occidental, un territoire disputé dont le Polisario demande l’indépendance. Le 13 novembre, le Maroc a envoyé des troupes dans la zone tampon sous contrôle de l’ONU pour mettre un terme au blocage de la route stratégique de Guerguerat, entamé trois semaines plus tôt. En réponse, le Polisario s’est retiré du cessez-le-feu et a renouvelé ses attaques contre les unités militaires marocaines. Les réactions internationales à cette escalade des tensions ont été, pour la plupart, favorables au Maroc. Le Conseil de sécurité de l’ONU ne s’est pas exprimé. Le 10 décembre, Rabat a remporté une grande victoire diplomatique, lorsque le président des Etats-Unis, Donald Trump, a reconnu sa souveraineté sur le Sahara occidental. Pour éviter que les tensions ne s’exacerbent, les soutiens internationaux de Rabat devraient l’encourager à accepter la nomination d’un nouvel envoyé spécial de l’ONU – un poste resté vacant depuis mai 2019 – sans condition préalable. L’administration Biden, en étroite collaboration avec la France, la Russie et l’Algérie, les principaux acteurs extérieurs du conflit, devraient inciter les deux parties à accepter une trêve et à reprendre les négociations.

    Il y a deux ans à peine, la situation était très différente. La diplomatie semblait faire son chemin, grâce à la nomination en août 2017 de l’ancien président allemand Horst Köhler au poste d’envoyé spécial de l’ONU. En avril 2018, le Conseil de sécurité de l’ONU a réduit le délai de renouvellement du mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) d’un an à six mois ; l’envoyé informait donc plus régulièrement le Conseil de sécurité de la situation, ce qui a renforcé la pression sur les deux parties. Le Maroc, le Front Polisario, l’Algérie et la Mauritanie ont participé à deux réunions au cours desquelles des progrès ont pu être observés. Mais la démission soudaine de Köhler en mai 2019 et le rétablissement par le Conseil de sécurité du renouvellement annuel du mandat de la Minurso ont coupé cet élan. Depuis lors, le Maroc et le Polisario ont tous deux imposé leurs conditions pour la nomination d’un nouvel envoyé chargé de remplacer Köhler et les exigences strictes de Rabat semblent avoir conduit à une impasse.

    Les tensions sont apparues dans la zone de Guerguerat, où une route qui relie le Maroc à la Mauritanie traverse la zone tampon sous contrôle de l’ONU qui sépare les troupes marocaines des combattants du Polisario. Tirant parti du vide diplomatique laissé par le départ de Köhler, le Maroc a invité plusieurs gouvernements d’Afrique et du Moyen-Orient à ouvrir des consulats au Sahara occidental. En réponse, les responsables et les militants du Polisario ont rapidement considéré qu’il s’agissait d’un acte hostile. Les partisans civils du Polisario (rejoints par des hommes armés) ont bloqué la route principale de la zone de Guerguerat, y établissant un camp à la fin octobre 2020, ce qui a marqué la reprise des hostilités. Le 13 novembre, le Maroc a envoyé des troupes dans la zone tampon pour mettre un terme au blocage. En réponse, le Polisario a entamé un conflit de faible intensité avec le Maroc, bien que Rabat ait réaffirmé sa volonté d’observer le cessez-le-feu.

    La plupart des acteurs internationaux ont prôné un retour au cessez-le-feu ou se sont rangés derrière le Maroc. Parallèlement, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est abstenu de commenter cette flambée de violence, empêchant ainsi le Polisario d’obtenir l’attention internationale qu’il recherchait. Pour Rabat, la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, le 10 décembre, vient appuyer sa stratégie. Cet acte de l’administration Trump n’a fait que durcir la position des Sahraouis indépendantistes, et en particulier de la jeunesse sahraouie, qui a déjà perdu depuis longtemps l’espoir d’une résolution diplomatique du conflit.

    « La faible intensité du conflit ne peut pas justifier l’inaction ».

    La faible intensité du conflit ne peut pas justifier l’inaction. Le risque d’une escalade militaire progressive, limité mais tangible, déstabiliserait encore davantage l’Afrique du Nord et le Sahel. Les combats pourraient s’intensifier au moindre incident militaire, tel qu’une ingérence algérienne – par exemple, des transferts d’armes plus importants entre Alger et le Polisario – ou un changement de tactique militaire au sein du mouvement indépendantiste. Pour limiter les risques, les partenaires internationaux du Maroc – les Etats-Unis et la France – devraient pousser Rabat à accepter, sans condition préalable, un nouvel envoyé chargé de négocier une désescalade qui pourrait amener les deux parties à négocier une trêve.

    Ces mesures n’auraient d’effet que si les Etats-Unis et le Conseil de sécurité adoptaient une approche plus directe. L’administration Biden risque d’être réticente à l’idée de revenir sur la reconnaissance par l’administration Trump de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Malgré cela, elle pourrait envisager d’autres façons de rassurer le Polisario, par exemple en réaffirmant le soutien de Washington au renouvellement semestriel du mandat de la Minurso. Pour éviter de contrarier le Maroc, les résolutions du Conseil de sécurité devraient faire explicitement référence à la nécessité de sécuriser la route de Guerguerat. Ces arbitrages pourraient permettre d’entamer une nouvelle phase diplomatique. L’administration Biden devrait coordonner sa position plus étroitement et de façon plus transparente avec les autres pays pour qui l’issue du conflit représente un enjeu, à savoir la France, la Russie et l’Algérie. Une meilleure coopération à ce niveau pourrait mettre fin aux affrontements et relancer les efforts de paix, actuellement entravés.

    II. Un statuquo de plus en plus instable
    Le conflit a commencé en 1975, lors du retrait de l’Espagne du Sahara occidental, à l’époque la plus importante des colonies qui lui restaient en Afrique. Le Maroc et la Mauritanie ont aussitôt proclamé leur souveraineté sur ce territoire. Le Front Polisario, créé pour obtenir l’indépendance du territoire, a entamé une lutte armée contre l’Espagne en 1973. Le 7 novembre 1975, le roi Hassan II du Maroc a réuni 350 000 citoyens non armés pour entrer dans les zones sous contrôle espagnol et revendiquer ses droits sur ce territoire. La Marche verte, ainsi nommée par le roi, a forcé la main de l’Espagne – et plutôt que d’ordonner à ses soldats de tirer sur les manifestants, Madrid s’est résolue à quitter le territoire.

    Les accords de Madrid de novembre 1975 ont officiellement mis un terme à la souveraineté de l’Espagne sur le Sahara occidental et ont partagé le territoire – les deux tiers revenant au Maroc et le dernier tiers à la Mauritanie. Le Front Polisario indépendantiste et l’Algérie ont rejeté cet accord. La guerre qui s’est ensuivie a permis au Polisario de remporter de rapides victoires militaires, forçant la Mauritanie à se retirer en 1979, même si des milliers de Sahraouis se sont réfugiés près de Tindouf, en Algérie. Au cours des années qui ont suivi, néanmoins, le Maroc a renforcé son contrôle sur le Sahara occidental, notamment grâce à la construction de murs de protection, le « mur de sable ».

    En 1991, alors que l’on pensait être dans une impasse militaire, les deux parties ont accepté un plan de règlement sous l’égide de l’ONU. Cette initiative a introduit un cessez-le-feu qui a divisé le territoire le long du mur de sable et a créé une zone tampon et une zone restreinte pour séparer les deux parties. Ce plan visait également une résolution du conflit qui passerait par un référendum d’autodétermination, qui serait organisé par la Minurso. Néanmoins, à la suite de manœuvres politiques du Maroc et des interprétations divergentes du plan par les deux parties, le référendum n’a jamais eu lieu. De nombreux envoyés de l’ONU ont tenté en vain de ressusciter le référendum, après quoi le Maroc a fait, en 2006, une proposition de compromis sous la forme d’un plan d’autonomie. Selon le Polisario, ce plan d’autonomie bafoue le droit à l’autodétermination de la population sahraouie. Aucun des nombreux cycles de négociation entre Rabat et le Polisario n’a permis de débloquer la situation.


    A. En perte de vitesse
    La nomination en août 2017 de l’ancien président allemand Horst Köhler en tant qu’envoyé spécial de l’ONU au Sahara occidental avait donné un nouvel élan aux efforts diplomatiques. Köhler a mené une série de réunions préliminaires entre fin 2017 et début 2018. Il a ensuite bénéficié de la décision du Conseil de sécurité d’avril 2018 de renouveler le mandat de la Minurso tous les six mois au lieu de tous les ans, comme c’est généralement le cas. Les Etats-Unis, et en particulier John Bolton, alors conseiller national à la sécurité des Etats-Unis et personnellement investi dans la résolution du conflit, ont joué un rôle clé au sein du Conseil. La décision de réduire le délai de renouvellement du mandat visait à renforcer la pression sur les parties, en demandant à l’envoyé spécial de dresser un état des lieux plus régulier auprès du Conseil.

    L’empressement des Etats-Unis s’expliquerait par le fait qu’ils s’agaçaient de la lenteur des progrès et du mandat à durée indéterminée de la Minurso, et souhaitaient, plus globalement, opérer des coupes dans le budget de maintien de la paix de l’ONU. Selon un diplomate américain : « Il est temps d’avancer vers une résolution politique et, après 27 ans, d’arrêter de prolonger le statuquo ». Malgré la résistance d’autres membres du Groupe des amis pour le Sahara occidental, à savoir la France et la Russie, le renouvellement semestriel du mandat s’est poursuivi jusqu’en octobre 2019, en vue de soutenir les efforts de médiation.

    Si le Polisario a salué cette nouvelle approche comme une occasion de rouvrir des négociations, le Maroc s’est montré plus réticent à modifier le statuquo diplomatique. Pour rassurer Rabat, les Etats-Unis et la France ont introduit des formulations reflétant ces réticences dans la résolution du Conseil de sécurité d’avril 2018 ainsi que dans les suivantes. Le texte affirme « qu’il convient de faire des progrès dans la recherche d’une solution politique réaliste, pragmatique et durable à la question du Sahara occidental », ce que le Polisario, à l’instar d’autres observateurs, ont interprété comme une approbation implicite du plan d’autonomie du Maroc de 2006. Cette même résolution comprenait deux paragraphes distincts visant la violation, par le Polisario, de l’accord de cessez-le-feu dans la zone de Guerguerat et sa volonté de déplacer des fonctions administratives de la République arabe sahraouie démocratique à Bir Lahlou, au sein du Sahara occidental.

    Néanmoins, les négociations semblaient s’accélérer. Köhler en a organisé un premier cycle à Genève en décembre 2018. Un ancien conseiller de Köhler a décrit une atmosphère positive, et des discussions « agréables et amicales ». Le Maroc et le Polisario n’avaient pas mené de pourparlers sous l’égide de l’ONU depuis six ans. Le Maroc a obtenu une concession majeure : le format de la réunion était une table ronde, à laquelle participaient l’Algérie et la Mauritanie. Rabat considère que le Sahara occidental est une question régionale et que le Polisario est un intermédiaire de l’Algérie ; le Maroc voulait réunir l’Algérie et la Mauritanie puisqu’ils avaient précédemment refusé de participer aux négociations, affirmant qu’il s’agissait d’un conflit bilatéral entre le Maroc et le Polisario portant sur des questions de décolonisation. Une deuxième réunion s’est tenue en mars 2019, également à Genève, mais l’atmosphère était nettement moins cordiale. Aucune de ces deux réunions n’a abouti à une sortie de crise, mais elles ont permis de maintenir la communication, comme l’a souligné le communiqué conjoint publié au terme de la deuxième réunion. Cette dynamique encourageante a brutalement pris fin lorsque Köhler a démissionné, le 22 mai 2019, invoquant des raisons de santé.

    Après le départ de Köhler, le Maroc et le Polisario se sont empressés de fixer leurs conditions pour la nomination d’un nouvel envoyé de l’ONU. Selon un diplomate du Polisario, le mouvement n’exigeait qu’une personne « hautement qualifiée, déterminée et neutre ». Officiellement, le Maroc exigeait juste que ce poste revienne à une personnalité reconnue. Selon de nombreuses sources pro-Polisario ou non partisanes, néanmoins, Rabat aurait posé des conditions plus spécifiques, et plus strictes. Le Maroc aurait refusé qu’il s’agisse d’un ou une diplomate issue d’un pays scandinave (du fait d’une prétendue sympathie qu’ils auraient pour la cause sahraouie), d’Allemagne (car Rabat a découvert avec Köhler qu’il était difficile de contrer Berlin) ou d’un Etat membre permanent du Conseil de sécurité (pour éviter que des pressions politiques illégitimes puissent être exercées sur les négociations).

    Ces conditions ont rendu difficile la tâche du secrétaire général de l’ONU, António Guterres, chargé de remplacer Köhler. Les exigences du Maroc ont réduit le vivier de candidats potentiels de façon significative. En outre, la réputation du conflit au Sahara occidental, perçu comme obscur et inextricable, a contribué à dissuader les diplomates internationaux d’accepter le poste. Comme l’a dit un ancien ministre des Affaires étrangères qui avait été approché pour le poste : « Personne ne veut être associé à un échec diplomatique ».

    Parallèlement, le scepticisme croissant concernant la possibilité de résoudre ce conflit a poussé le Conseil de sécurité à revenir à un renouvellement annuel du mandat de la Minurso. Bolton a quitté l’administration Trump en septembre 2019 et, le mois suivant, Washington, désabusé par cette situation, a abandonné l’idée d’un renouvellement semestriel et accepté les demandes répétées de la France de ne renouveler le mandat que tous les ans. Malgré les doléances du Polisario, de la Russie et de l’Afrique du Sud, la formulation évoquant une « solution politique réaliste, pragmatique et durable », rédigée pour rassurer le Maroc par rapport aux mandats plus courts de la Minurso, a été maintenue dans les résolutions d’octobre 2019 et d’octobre 2020 visant à renouveler le mandat de la mission.

    B. Évolutions de la situation sur le terrain
    En parallèle de la démission de Köhler et du retour de l’approche diplomatique habituelle du Conseil de sécurité des Nations unies, le Maroc a accéléré sa politique du fait accompli. La stratégie principale de Rabat était d’inviter des Etats amis d’Afrique et du Moyen-Orient à ouvrir des consulats au Sahara occidental. Le premier pays à le faire fut la Côte d’Ivoire ; elle a inauguré son consulat honoraire à Laâyoune en juin 2019, après quoi les Comores y ont ouvert, en décembre 2019, le premier consulat général étranger. Dans les mois qui ont suivi, une ribambelle de gouvernements africains ont marché dans leurs traces. Le 4 novembre 2020, les Emirats arabes unis sont devenus le premier pays arabe à ouvrir un consulat au Sahara occidental. Pour Rabat, ces représentations diplomatiques sont autant d’éléments qui appuient sa revendication de souveraineté sur le territoire. Le secrétaire général du Polisario, Brahim Ghali, s’est indigné contre l’ouverture des consulats, les qualifiant de « violation du droit international et […] [d’] atteinte au statut juridique du Sahara occidental en tant que territoire non autonome ».

    L’ouverture des consulats résulte d’une stratégie marocaine ambitieuse visant à renforcer les liens politiques et économiques avec l’Afrique subsaharienne. Ces dernières années, Rabat a fortement intensifié ses investissements et ses relations commerciales avec le reste du continent, surtout avec l’Afrique de l’Ouest. En 2017, le Maroc a rejoint l’Union africaine (UA). En 1984, le pays avait claqué la porte de l’Organisation de l’unité africaine, prédécesseur de l’UA, après l’admission en son sein de la République arabe sahraouie démocratique, nom que donne le Polisario à son Etat de facto, situé à l’est du mur de sable. Lors de son admission à l’UA, le Maroc a juré d’œuvrer à l’expulsion du proto-Etat du Polisario de l’organisation. Rabat a profité de ses nouvelles relations pour plaider auprès de certains gouvernements africains afin qu’ils reviennent sur leur reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique de facto.

    Parallèlement à son offensive diplomatique, le Maroc a adopté, en janvier 2020, deux lois délimitant ses eaux territoriales et une zone économique exclusive au large du littoral du Sahara occidental. Le ministre des Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita, a indiqué que ces lois avaient notamment pour objectif de réaffirmer la souveraineté du Maroc sur « ses frontières effectives, territoriales et maritimes ». Le Polisario a rejeté cette manœuvre.

    Le Front Polisario, confronté à une impasse à l’ONU et en réponse aux actions prises par le Maroc dans le cadre de sa politique du fait accompli, a dès lors réévalué ses options. Mohamed Wali Akeik, Premier ministre de la République arabe sahraouie démocratique à l’époque et critique notoire de l’impasse diplomatique, a dénoncé à plusieurs reprises le manque d’intérêt de la communauté internationale à l’égard du conflit et a appelé le mouvement à reprendre les hostilités avec le Maroc. Il a également fustigé le cessez-le-feu, suggérant que des négociations devraient se tenir en parallèle des combats.

    De nombreux Sahraouis, en particulier les femmes (administratrices de camps et enseignantes) et les jeunes qui habitent les camps, sont frustrés de l’impasse diplomatique ; ils ne croient plus aux négociations et estiment que la direction du mouvement ne se renouvelle pas assez. Le manque de perspectives professionnelles auquel sont confrontés des jeunes souvent très qualifiés a encore accentué leur déception. La direction du Polisario, qui prend de l’âge, s’est donc sentie contrainte de reprendre les combats.

    Le quinzième congrès du Front Polisario, qui s’est déroulé en décembre 2019 à Tifariti, au cœur du Sahara occidental, a été un moment clé. Pendant plusieurs jours, les débats sur la manière de réagir à la détérioration de la situation politique ont opposé les partisans de l’action militaire aux tenants de la diplomatie. Les premiers insistaient pour arrêter immédiatement une date pour la reprise des hostilités, alors que les seconds affirmaient que le front n’avait pas les moyens de mener une offensive militaire. Le secrétaire général Ghali, réélu lors du congrès, s’est montré habile ; il a réaffirmé l’engagement du mouvement en faveur de la diplomatie, tout en menaçant de « revoir son engagement dans le processus de paix ».

    III. Le retour de la guerre
    A. Fin du cessez-le-feu à Guerguerat
    Les tensions opposant le Front Polisario à Rabat et celles qui secouent le mouvement lui-même ont finalement trouvé un exutoire dans les escarmouches concernant la route de Guerguerat, qui relie le Maroc à la Mauritanie en traversant une zone tampon sous contrôle des Nations unies. Rabat a construit cette route dans le désert en 2016 (et déployé des gendarmes au sein de la zone tampon, ce qui constitue une violation du cessez-le-feu), et depuis lors, celle-ci semble être le point le plus sensible de la guerre d’usure entre les deux camps, car des incidents y sont désormais déplorés chaque année. Suite au renforcement des liens commerciaux qui unissent le Maroc à la Mauritanie et à d’autres régions d’Afrique de l’Ouest, cette route a gagné en importance et est donc devenue cruciale pour Rabat. De son côté, le Polisario condamne ce qu’il considère être un amendement unilatéral au cessez-le-feu, puisque la route ouvre une brèche dans la zone tampon, qui ne faisait pas partie de l’accord de 1991. D’après la Minurso, entre octobre 2019 et mai 2020, le nombre de manifestations rassemblant des civils pro-Polisario et le nombre d’incursions militaires dans cette zone ont augmenté, ce dont le Maroc s’est régulièrement plaint auprès des Nations unies.

    Le 21 octobre 2021, la situation a atteint un point de non-retour lorsqu’un groupe de civils pro-Polisario a établi un campement sur la route de Guerguerat, bloquant ainsi la circulation. Quelques combattants du Polisario, dont la présence constituait une violation du cessez-le-feu, les ont rejoints. Contrairement aux incidents précédents, les manifestants ont refusé les tentatives de conciliation de la Minurso, arguant que l’ONU se désintéressait du conflit. Pendant deux semaines, le Maroc a déposé des plaintes auprès du secrétaire général de l’ONU et de la Minurso concernant ce blocage. Ensuite, après le discours du roi Mohamed VI prononcé à l’occasion du 45e anniversaire de la Marche verte, le Maroc a commencé à mobiliser des soldats au sein de la zone réglementée de 30 kilomètres de large, violant donc également le cessez-le-feu. Le 13 novembre, après l’échec d’une tentative de médiation de dernière minute émanant du secrétaire général de l’ONU, les troupes sont entrées dans la zone tampon pour rouvrir la route. Bien que les deux camps aient recouru à de l’artillerie lourde, aucune victime n’a été déplorée, les civils et les combattants du Polisario ayant battu en retraite quasi immédiatement. Le 14 novembre, le Polisario a déclaré la fin du cessez-le-feu et annoncé la reprise des hostilités avec le Maroc.

    Au cours des semaines qui ont suivi, le bras armé du Polisario, l’Armée de libération du peuple sahraoui, a attaqué à plusieurs reprises les postes défensifs du Maroc situés le long du mur de sable, généralement depuis une certaine distance et avec des effets limités. La réponse de l’armée marocaine est restée mesurée ; elle n’a pas, jusqu’à présent, cherché à pourchasser les unités ennemies ou à mener une grande opération. Si le Maroc nie avoir essuyé des pertes, des sources onusiennes indiquent que deux soldats, au moins, ont perdu la vie au cours de la première semaine de combats.

    La retenue relative dont fait preuve le Maroc dénote par rapport à la forte mobilisation sahraouie, tant dans les camps de réfugiés qu’à l’étranger. La stratégie de Rabat a été d’exprimer son soutien continu au cessez-le-feu de 1991 et de minimiser l’importance des affrontements militaires, ce qui correspond à une approche du « circulez, il n’y a rien à voir ». Le retour de la guerre a toutefois galvanisé la jeunesse sahraouie dans les camps comme à l’étranger, et le Polisario a réactivé ses réseaux de solidarité internationale pour attirer l’attention sur ce conflit. Un militant sahraoui a déclaré que les jeunes vivant dans le Sahara occidental contrôlé par le Maroc avaient essayé de descendre dans les rues pour afficher leur solidarité avec le Polisario, mais que les forces de sécurité marocaines avaient rapidement réprimé ces tentatives.

    B. Silence sur le front international
    Malgré la mobilisation du Polisario, pour la plupart, les réactions internationales aux évènements survenus dans le Sahara occidental étaient favorables au retour rapide du cessez-le-feu, ou s’alignaient sur la position du Maroc. Le ministre français des Affaires étrangères a exprimé sa préoccupation concernant la situation, tout en saluant « l’attachement du Maroc au cessez-le-feu ». L’Espagne et la Russie ont appelé les deux parties à respecter le cessez-le-feu, alors que les Etats-Unis sont restés muets jusqu’à ce que le secrétaire d’Etat américain de l’époque, Mike Pompeo, déclare le 8 décembre que « le conflit ne devrait pas être résolu par des moyens militaires, mais bien par une série de conversations ».

    Les réactions des pays voisins étaient, elles aussi, empreintes de prudence afin d’éviter d’alimenter les tensions. L’Algérie qui, par le soutien qu’elle apporte au Polisario, joue un rôle déterminant dans le conflit, a sagement appelé les deux camps à faire preuve de retenue. Des diplomates algériens indiquent que cette approche s’inscrit dans une volonté d’éviter une escalade militaire qui pourrait déstabiliser encore plus la région. De même, la Mauritanie a appelé les deux parties à la retenue et au respect du cessez-le-feu.

    Pour sa part, le Conseil de sécurité des Nations unies n’a pris aucune mesure concernant la situation militaire au Sahara occidental. Il n’a convoqué qu’une réunion consultative à huis clos le 21 décembre, soit plus d’un mois après la reprise des hostilités. Si cette inaction a arrangé le Maroc, elle a fâché les responsables du Polisario, car elle n’a pas permis de braquer les projecteurs sur leur cause. Un responsable français a déclaré que l’inertie du Conseil de sécurité s’expliquait par la faible intensité des affrontements, puisque jusqu’à présent les combats n’ont compromis ni la paix ni la sécurité régionales. Même l’Afrique du Sud, soutien du Polisario et présidente du Conseil de sécurité depuis décembre, a indiqué qu’elle n’avait pas l’intention de porter l’affaire devant le Conseil, car ses diplomates estiment que l’issue serait probablement favorable au Maroc.

    C. La reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental par les Etats-Unis
    Alors que l’environnement international lui est déjà favorable, Rabat a remporté une importante victoire diplomatique le 10 décembre, lorsque le président Donald Trump a annoncé sur Twitter que les Etats-Unis reconnaissaient officiellement la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. En contrepartie de cette reconnaissance, le Maroc a accepté de renouer des relations diplomatiques avec Israël, en commençant par rouvrir leurs bureaux de liaison respectifs, et peut-être, à terme, une représentation diplomatique à part entière. Les Etats-Unis ont, en outre, proposé de vendre pour un milliard de dollars de drones et d’armes guidées avec précision au Maroc. La reconnaissance américaine étant liée à la normalisation diplomatique avec Israël, et bien que des représentants des deux partis appellent à renoncer à cette mesure, l’administration Biden aura probablement du mal à revenir sur la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sans mettre en péril la relation entre Rabat et Israël.

    Plusieurs gouvernements ont réprouvé la déclaration de Trump. La Russie l’a condamnée, estimant qu’elle violait le droit international. L’Espagne a réitéré son soutien aux « principes et résolutions de l’ONU » concernant ce différend. Le Premier ministre algérien, Abdelaziz Djerad, a condamné la normalisation des relations avec Israël et rejeté la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, appelant à l’application du droit international et défendant les actions militaires du Polisario, les qualifiant de « légitime défense ».

    La France a quant à elle adopté une position plus nuancée. Un responsable français et un ancien diplomate ont déclaré que l’annonce de Trump était un problème pour Paris, car la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental contrevient en effet au droit international et aux résolutions du Conseil de sécurité. Ils craignent par ailleurs que cette reconnaissance pousse le Maroc à faire pression sur la France afin qu’elle prononce une déclaration similaire. Cependant, selon eux, Paris pourrait profiter de cette annonce pour relancer le Plan d’autonomie marocain, lequel servirait de base à une résolution permanente du conflit.

    Les responsables du Polisario ont rejeté l’annonce de Trump, estimant qu’elle constituait une violation inacceptable du droit international. Un militant d’une ONG sahraouie située au Sahara occidental contrôlé par le Maroc a déclaré que la population locale avait perdu toute confiance en la communauté internationale et évoqué les risques croissants de troubles violents. Toutefois, si l’annonce américaine s’apparentait à un revers pour le mouvement, il a saisi cette occasion pour attirer une nouvelle fois l’attention des médias internationaux sur ce conflit oublié. En outre, avec l’arrivée de l’administration Biden aux Etats-Unis, les diplomates du Polisario ont manifesté un optimisme prudent quant à la possibilité que la décision soit revue et que l’ONU joue un rôle de médiateur afin de mettre un terme au conflit.

    Peu après l’annonce américaine, le Maroc a décidé de conserver des troupes à Guerguerat, indéfiniment, balayant toute possibilité de négocier un retrait ultérieur. Rabat a communiqué cette nouvelle position à toutes les parties concernées, y compris dans une lettre officielle adressée au secrétaire général des Nations unies. La présence militaire marocaine vise à protéger les biens qui transitent par la frontière avec la Mauritanie, mais elle constitue une violation de l’accord de cessez-le-feu, qui interdit aux forces armées des deux parties d’entrer dans la zone réglementée. Ceci va donc à l’encontre de la position officielle de Rabat, selon laquelle le Maroc respecte l’accord. Dès lors, le Polisario a clairement indiqué que, dans ces conditions, il refuserait de participer à tout nouvel effort de négociation d’un cessez-le-feu. En effet, le 24 janvier 2021, pour la première fois depuis la fin du cessez-le-feu, des forces pro-Polisario ont bombardé la zone de Guerguerat et menacé d’intensifier le conflit en élargissant leurs opérations.

    IV. Le moment de se réengager
    La faible intensité du conflit au Sahara occidental ne devrait pas justifier l’inaction. Le risque d’une forte escalade militaire entre le Maroc et le Front Polisario reste limité, mais il n’est pas négligeable pour autant. La stratégie adoptée par le Polisario – bombarder à distance – pourrait donner lieu à une frappe non maîtrisée qui ferait plus de victimes marocaines qu’escompté et déclencherait alors une offensive vengeresse visant les bases arrière du Polisario. Il serait erroné de penser que l’Algérie restera neutre. L’Algérie soutient la stratégie militaire d’usure du Polisario. Bien qu’aucun nouveau transfert d’armes en provenance d’Algérie pouvant améliorer les capacités de l’Armée de libération du peuple sahraoui n’ait été constaté, Alger pourrait envisager ce type de transferts si une flambée de violence tuait un grand nombre de combattants du Polisario, par exemple. Ceci aurait des implications pour toute la région.

    Le désintérêt de la communauté internationale pour ce conflit pourrait également avoir des conséquences à long terme pour la stabilité régionale. Sans solution diplomatique, les Sahraouis désabusés, surtout les jeunes, pourraient contraindre le Front Polisario à changer de tactique. Celui-ci pourrait procéder à des frappes visant les installations militaires dans le Sahara occidental contrôlé par le Maroc ou au Maroc même, au lieu de se limiter à des cibles situées le long du mur du sable, comme il l’a presque exclusivement fait jusqu’à présent. Une telle escalade déstabiliserait l’Afrique du Nord et le Sahel, et pourrait avoir des conséquences imprévisibles pour les intérêts américains et européens.

    Nommer un envoyé spécial de l’ONU au Sahara occidental est un premier pas nécessaire. Si le Maroc a imposé des préconditions à cette nomination, les Etats-Unis et la France doivent pousser Rabat à y renoncer. Le nouvel envoyé spécial ne pourra pas mettre fin aux combats seul. Les responsables du Polisario ont clairement indiqué qu’ils voulaient réinitialiser les conditions du processus de paix avant d’envisager un nouveau cessez-le-feu. Bien qu’une réinitialisation complète soit peu probable, si l’ONU se réengage, un envoyé pourrait parvenir à négocier une désescalade temporaire qui pourrait permettre la négociation d’une trêve. Cette trêve pourrait alors favoriser la reprise des pourparlers entre le Maroc et le Polisario (avec la participation de l’Algérie et de la Mauritanie) quant au statut de l’intégralité du territoire disputé.

    Cette approche ne pourra se concrétiser que si les Etats-Unis et le Conseil de sécurité de l’ONU intensifient réellement leurs efforts en vue d’une résolution du conflit. Bien que des voix s’élèvent au sein des deux partis pour que cette décision soit annulée, il est possible que l’administration Biden estime trop complexe, d’un point de vue politique, de revenir sur la reconnaissance annoncée par Trump. Elle pourrait néanmoins chercher à rassurer le Polisario sur la possibilité d’une résolution et à convaincre les responsables qui refusent la trêve et veulent négocier en continuant les combats en parallèle. Les Etats-Unis pourraient, par exemple, renouveler leur soutien d’antan à des mandats de six mois reconductibles pour la Minurso et modifier, dans les prochaines résolutions du Conseil de sécurité, la formulation portant sur « une solution politique réaliste, pragmatique et durable », qui, pour le Polisario, s’assimile à l’approbation du Plan d’autonomie marocain de 2006, et ce en vue de gagner l’adhésion du Polisario. Pour éviter de braquer le Maroc, ces changements pourraient s’accompagner de références explicites à la nécessité d’assurer la sécurité sur la route de Guerguerat.

    Une trêve, appuyée par une nouvelle approche du conflit au niveau du Conseil de sécurité, pourrait inaugurer une nouvelle ère. Le mandat de Köhler, l’envoyé de l’ONU, bien qu’abrégé, rappelle qu’exercer une pression internationale constante sur les deux camps peut faire bouger les choses. Pour que cela puisse se renouveler, l’administration Biden devra se coordonner de manière plus étroite et plus transparente avec les autres membres du Groupe des amis pour le Sahara occidental, à savoir la France, la Russie et l’Algérie. Seule une pression internationale conjointe peut pousser le Maroc et le Front Polisario à revenir à la table des négociations.

    V. Conclusion
    Le désintérêt de la communauté internationale pour le Sahara occidental, exacerbé par le manque d’intérêt des médias étrangers, risque d’aviver des tensions militaires restées jusqu’à présent contenues. Le manque de considération des puissances mondiales pour ce conflit, gelé depuis longtemps, les a menées à sous-estimer la possibilité d’une escalade et a créé les conditions parfaites pour que ce face-à-face instable dégénère en une guerre de faible intensité. Le Conseil de sécurité doit agir maintenant. Il est difficile de déterminer ce qu’il coûterait d’attendre avant d’agir, mais la situation est explosive et pourrait rapidement se dégrader.

    International Crisis Group, 11 mars 2021

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, front Polisario, ONU, MINURSO, Algérie, International Crisis Group,

  • Tunisie : Environnement: lancement de la campagne Zéro Déchet


    TUNIS – A l’occasion de la journée mondiale du recyclage, célébrée chaque année le 18 mars, le collectif «Tunisien Zéro Déchet» lance une campagne nationale intitulée «Tunisie sans déchets». L’objectif est de « stopper les dommages constants à l’espace public, qui non seulement constituent une catastrophe nationale, mais ciblent également des secteurs vitaux comme la santé, l’agriculture, la pêche et le tourisme », a déclaré le collectif dans un communiqué de presse. La campagne vise à promouvoir une approche intégrée et durable de la gestion des déchets en Tunisie.

    Le communiqué indique également qu’une meilleure gestion des déchets ouvrira la porte à de nouvelles perspectives et contribuera à la création de nombreux projets de distribution, de recyclage et de production de carburants verts et de biocarburants. Il favorisera également la création d’emplois locaux durables dans le cadre d’une économie circulaire et offrira l’opportunité de créer des activités éco-responsables dans le cadre du développement du tourisme écologique et culturel dans toutes les régions du pays.

    Au niveau environnemental, l’objectif de la campagne est d’inciter les citoyens, les administrations, les entreprises publiques et privées, et notamment les industriels, à adopter des comportements responsables et respectueux de l’environnement.

    Créé récemment, le collectif «Tunisien Zéro Déchet» regroupe des citoyens, des personnalités publiques, des experts et des associations qui militent pour la sauvegarde de l’environnement et l’amélioration de la qualité de vie à travers la promotion du concept Zéro Déchet en Tunisie. Elle défend les 5 R – refuser, réduire, réutiliser, réutiliser puis recycler – pour réduire la consommation de biens polluants ou nécessitant beaucoup d’énergie; réutiliser et réparer ce qui est déjà utilisé; composter les déchets organiques et recycler ce qui ne peut pas être utilisé.

    Le Tunisien reste le quatrième consommateur de produits en plastique par habitant dans la région méditerranéenne, selon un rapport du World Wildlife Fund (WWF) intitulé «Stopping the Plastic Torrent», publié en 2019. Selon ce rapport, l’économie tunisienne perd environ 20 millions de dollars par an en raison de la pollution plastique. Ces déchets touchent principalement les secteurs du tourisme, de la navigation et de la pêche. La Tunisie disperse dans l’environnement environ 0,08 million de tonnes de déchets plastiques, soit 20% du total des déchets plastiques jetés en Méditerranée.

    ANSAmed, 1 mars 2021

    Tags : Tunisie, déchets, campagne Zéro Déchets,

  • Tunisie : la crise d’un pays entre démocratie et précipice

    En dix ans depuis la révolution, beaucoup de choses ont changé en Tunisie. Aujourd’hui, nous pouvons dire que tous les éléments essentiels d’une vraie démocratie existent, mais si elle ne peut pas se débarrasser des déchets du passé, alors elle n’aura guère d’avenir.

    En l’espace d’une semaine se sont multipliées les initiatives diplomatiques qui ont vu le président de la république Kaïs Saïed s’impliquer personnellement d’une part auprès des ambassadeurs des pays de l’UE, et d’autre part le président du parlement Rachid Ghannouchi et le chef de la gouvernement Hichem Mechichi avec l’ambassadeur américain.

    Dans les deux cas, il s’agissait de plaider la bonne cause de la transition démocratique tunisienne, mise en danger par les effets dévastateurs d’une crise économique sans précédent auxquels se sont ajoutés ceux de la pandémie.

    Si quelqu’un pouvait avoir des doutes sur le véritable objectif de ces rencontres, celle qui a eu lieu en fin de semaine, vendredi 26 février, entre le chef du gouvernement de Mechichi et les ambassadeurs des pays du G7 a clarifié la situation sans équivoque. Dans cette circonstance, en effet, Mechichi a explicitement demandé aux ambassadeurs d’intervenir auprès des agences de notation pour leur expliquer la situation dans le pays, en demandant compréhension et soutien. Tout cela suite à la publication par Moody’s du déclassement, avec perspective négative, à B3 en Tunisie. C’est-à-dire à un pas du précipice de la zone C, qui entraînerait le passage du pays dans le purgatoire du Club de Paris et la perte subséquente de ce qui reste encore de sa souveraineté.

    Il est difficile de dire quelles seront les réactions des institutions financières internationales, d’abord celle du Fonds monétaire international FMI, qui depuis plus d’un an tente en vain d’inciter le pays à mettre en œuvre les réformes qui ont toujours été annoncées. et sont toujours restés lettre morte.

    La Tunisie est aujourd’hui exposée au risque réel de perdre son autonomie et, avec elle, la démocratie qui aurait dû en faire le pays modèle qui aurait dû inspirer les pays arabes comme une possible alternative démocratique aux monarchies saoudiennes, aux républiques islamiques et aux dictatures.

    S’il y a dix ans, il était relativement facile d’emballer le président Ben Ali et de l’envoyer en voyage aller simple en Arabie saoudite après des années d’avertissements inutiles de Bush d’abord puis d’Obama qui lui avait demandé de le planter avec du recyclage, qui est maintenant devenu partie intégrante et cœur de métier de l’économie nationale avec la complicité d’une banque centrale, des douanes, de la police des frontières et de la justice, aujourd’hui après dix ans au cours desquels sept gouvernements se sont alternés sans qu’aucun d’entre eux ne puisse nettoyer en profondeur le système, c’est impossible une solution comme celle du 14 janvier 2011, pour reproduire que toute la flotte de la compagnie aérienne nationale ne suffirait pas, il y a beaucoup de patrons de ces groupes familiaux qui continuent sans se décourager à mener, en privé, les travaux étatiques inachevés de Ben Ali et la famille Trabelsi qui appartenait à son épouse Leila.

    En dix ans depuis la révolution, beaucoup de choses ont changé en Tunisie. Aujourd’hui, nous pouvons dire que tous les éléments essentiels d’une vraie démocratie existent: des élections libres, la liberté de pensée et d’expression, un parlement doté d’un pouvoir législatif, le multipartisme; de tout ce qu’il faut pour pouvoir dire que la démocratie existe vraiment, il ne manque rien. Mais si cette démocratie ne peut pas se débarrasser des scories du passé, il est peu probable qu’elle ait un avenir.

    Formiche.net, 26 fév 2021

    Tags : Tunisie, crise politique, Kaïes Saïed, Hichem Mechichi, Ennahdha,

  • Les résonnances sur les machinations du Maroc contre l’Algérie

    Le hacker Chris Coleman a publié des documents confidentiels du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération et des Services de renseignement marocains. Le contenu desdits documents divulgués sont exposés sous les rubriques suivantes :

    -les menaces du Makhzen contre l’Algérie ;

    -le dossier du Sahara occidental ;

    -l’offensive marocaine en Afrique ;

    Ces révélations confirment que le Maroc regarde toujours l’Algérie comme son ennemi stratégique exclusif. Dans cette veine, il met en branle une stratégie élaborée, cohérente et touffue visant à consumer l’Algérie. Mais la force de frappe de la monarchie marocaine n’est pas inhérente à son individualité ; elle lui est concédée par les alliances auxquelles il a consenti en endossant le costume de sous-traitant fidèle au bénéfice des uns et de camériste appointé au profit des autres.

    Par la force des choses, la question sahraouie est devenue le lieu d’une surdétermination ; elle semble condenser toutes les inimités que le Makhzen nourrit à l’endroit de l’Algérie, mais ce n’est plus à travers ce dossier qu’il faut envisager la question du leadership régional ; c’est à l’inverse, à travers le prisme de la question de l’hégémonie au plan régional qu’il faut administrer le dossier du Sahara occidental. C’est cette inversion du sens de la détermination provoquée par les retournements géostratégiques en cours, que le Makhzen semble avoir intégré dans sa stratégie visant à bousculer l’Algérie, comme en atteste le contenu des documents officiels marocains dévoilés par Chris Coleman. Quelles sont donc les raisons de cette turbulence marocaine ? Que cherche le Maroc en multipliant les actes d’animosité et d’agressivité contre l’Algérie ?

    1. Divers aspects de la diplomatie marocaine, comme les activités et le financement du lobby pro-marocain agissant jusque dans les plus hautes sphères des institutions onusiennes, les méthodes mafieuses (la corruption, la subornation, etc.), les stratégies et les plans d’actions marocains, pour obstruer la voie à la mise en œuvre des résolutions onusiennes (Conseil de sécurité), et notamment celles sur les rapports des mécanismes spéciaux du Conseil des Droits de l’Homme.

    2. La coopération de la DGED, les services secrets extérieurs du Makhzen avec les services secrets israéliens et la rémunération de journalistes américains, français et italiens, pour convaincre l’opinion publique américaine, que le Front Polisario avait des connexions avec le « terrorisme djihadiste », ainsi que l’accointance de certaines personnalités marocaines avec les associations juives américaines, dans le seul but de faire prévaloir les intérêts du Maroc dans le conflit, qui l’oppose à la République Sahraouie.

    Les documents divulgués par COLEMAN montrent que toute la politique étrangère marocaine et l’activité de la DGDE sont focalisées sur le dossier du Sahara Occidentale. Le Makhzen tente de faire accroire, que la véritable belligérance est celle, qui le confronte à l’Algérie; les dirigeants de la RASD et du Front POLISARIO n’étant, à ses vues, que des « obligés » du pouvoir en place à Alger.

    Ils ont dévoilé, par ailleurs, toutes les manœuvres et les manigances politiques et diplomatiques marocaines pour contrecarrer toutes les démarches initiées par l’Algérie pour régler le contentieux sahraoui, conformément, aux résolutions de l’ONU, pour lui endosser toute la responsabilité, dans la non résolution de cette question, en suspens depuis des décennies, et pour la déstabiliser en menant contre elle une véritable « guerre du cannabis », en attisant les conflits internes, en manipulant et en finançant les activistes de tout acabit, tels que le « Mouvement d’autonomie de la Kabylie » (MAK).

    Le hacker a, entre autres, révélé les dessous du renoncement provisoire des Etats-Unis à leur demande d’élargissement du mandat de la Minurso aux droits de l’homme auprès du Conseil de sécurité de l’ONU.

    Source : Maroc Leaks, 10 jan 2021

    Tags : #Algérie #Maroc #ChrisColeman #Complots #SaharaOccidental

  • La nouvelle guerre des États-Unis contre le Sahara occidental

    par David Swanson / 16 novembre 2020

    Le secrétaire à la Défense William S. Cohen (à gauche) et son épouse Janet Langhart Cohen (au centre) rencontrent le roi Mohammed VI, du Maroc, à son palais de Marrakech, le 11 février 2000. Cohen et le Roi ont convenu d’ouvrir un dialogue élargi sur la sécurité et la défense, et ont discuté des façons dont le Maroc pourrait élargir son rôle de leadership dans la promotion de la stabilité régionale en Méditerranée et sur le continent africain. Photo du DoD par R. D. Ward. (publiée)

    Je n’utilise pas à mauvais escient le mot « guerre » pour désigner quelque chose comme la guerre de Noël, la guerre contre la drogue ou un discours à la télévision que quelqu’un d’autre a insulté. Il y a une nouvelle guerre américaine au Sahara Occidental, menée par le Maroc avec le soutien de l’armée américaine. L’armée américaine, à l’insu de la plupart des gens aux États-Unis — c’est parfaitement connu, mais peu s’en soucient — entraîne et finance les forces armées du monde, encadrant presque tous les gouvernements les plus brutaux du monde. Je ne peux pas comparer cela à l’indignation des médias américains contre le fait que le gouvernement américain nourrisse quelques personnes affamées aux États-Unis, parce qu’il n’y a pas du tout d’indignation à ce sujet. L’une des personnes que l’armée américaine appuie est:

    Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Commandeur des Croyants, Que Dieu lui accorde la Victoire, du Maroc.

    Oui, c’est son nom. Le roi Mohammed VI est devenu roi en 1999, ce qui semble avoir été une année record pour les nouveaux dictateurs. Ce roi avait les qualités inhabituelles pour le travail de son père mourant et son propre cœur battant — oh, et étant un descendant de Mahomet. Le roi est divorcé. Il parcourt le monde en prenant plus de selfies qu’Elizabeth Warren, y compris avec les présidents des États-Unis et la royauté britannique.

    Que Dieu lui accorde la Victoire, l’éducation comprenait l’étude à Bruxelles avec le président de la Commission européenne de l’époque Jacques Delors, et l’étude à l’Université française de Nice Sophia Antipolis. En 1994, il devient commandant en chef de l’Armée royale marocaine.

    Le roi, sa famille et son gouvernement sont réputés corrompus, et une partie de cette corruption a été révélée par WikiLeaks et The Guardian. En 2015, Forbes avait inscrit le Commandeur des Croyants au cinquième rang des personnes les plus riches d’Afrique, avec 5,7 milliards de dollars.

    Le département d’État américain a noté en 2018 que « Les questions relatives aux droits de l’homme comprenaient des allégations de torture par certains membres des forces de sécurité, bien que le gouvernement ait condamné cette pratique et déployé des efforts considérables pour enquêter sur les rapports et y donner suite; des allégations selon lesquelles il y avait des prisonniers politiques; des limites indues à la liberté d’expression, y compris la criminalisation de la diffamation et de certains contenus critiquant l’islam, la monarchie et la position du gouvernement concernant l’intégrité territoriale, les limites à la liberté de réunion et d’association, la corruption et la criminalisation des lesbiennes, comportement gai, bisexuel, transgenre ou intersexuel (LGBTI). »

    Le département d’État a choisi de ne pas mentionner le soutien des États-Unis à l’armée marocaine, ou l’occupation militaire marocaine du territoire appartenant au peuple du Sahara Occidental. Peut-être que discuter de certains sujets ne serait tout simplement pas bon pour les affaires.

    Dissident Voice

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Etats-Unis, USA, Mohammed VI, 

  • Algérie : Le Consul du Maroc à Oran était un espion

    Le désormais ex- consul du Royaume du Maroc à Oran, qui avait osé qualifier l’Algérie de «pays ennemi» a bel et bien pris un aller simple jeudi dernier vers Rabat. 
    En effet, la présidence de la République par la voix de son porte-parole, a confirmé ce mardi le départ de ce diplomate qui a accompagné la semaine dernière le rapatriement de 300 ressortissants marocains à partir d’Oran à bord de deux avions de la Royal Air Maroc (RAM). 
    «Le consul a quitté effectivement le territoire algérien. Il a dépassé ses limites », a déclaré, hier, le porte-parole de la présidence de la République Mohand Oussaid Belaid, au cours de la traditionnelle conférence de presse actuellement au siège de la Présidence. « Nous avons demandé son départ. Son comportement était prévisible. Nous avons découvert que c’est un agent des services de renseignements marocains qui a été désigné consul à Oran pour d’autres raisons», a révélé M. Belaid, en soulignant que «la page de cet incident est tournée». 
    Voilà des éléments nouveaux qui confirment que la saillie inélégante et agressive du sulfureux diplomate marocain n’était finalement pas sortie malencontreusement de sa bouche mais bien assumée. En précisant qu’il s’agissait d’un «agent des services de renseignement» et non pas un diplomate, le porte-parole de la présidence remet les pendules à l’heure s’agissant des propos de ce diplomate qui avait déclaré au sujet de l’Algérie en s’adressant à ses compatriotes à Oran: «Nous sommes dans un pays ennemi, je vous le dis franchement». Une déclaration tellement gravissime que le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, avait convoqué le lendemain l’ambassadeur du Maroc en Algérie pour lui faire savoir que le consul de son pays était indésirable en Algérie après les propos inacceptables qu’il avait tenus à Oran.
    L’Est Républicain, 10 juin 2020
    Tags : Maroc, Algérie, consul du Maroc à Oran, Aherdane Boutaher, 
  • La Banque Mondiale au coeur d’une arnaque africaine ?

    Une partie de l’aide aux pays pauvres est détournée par les élites africaines qui placent l’argent dévoyé dans les paradis fiscaux, accuse une étude. Papa Demba Thiam, un ancien fonctionnaire de la Banque mondiale, appelle à des réformes en profondeur et suggère que l’institution aiderait davantage l’Afrique en y menant une politique active d’industrialisation.

    Dévoilé il y a une dizaine de jours, le scandale de détournement de l’aide au développement versée par la Banque mondiale à des pays pauvres défraie la chronique, particulièrement en Afrique. Selon l’étude «Elite Capture of Foreign Aid» réalisée par l’un de ses cadres et deux collaborateurs extérieurs, une partie des financements serait dévoyée par les élites des pays assistés et placée dans des comptes offshore en Suisse, au Luxembourg et dans d’autres paradis fiscaux. Pour Papa Demba Thiam, un économiste sénégalo-suisse qui a travaillé pendant quatorze ans à la Banque mondiale, le rapport qui incrimine les dirigeants africains corrompus reflète la réalité. Mais ce n’est que le côté pile de la pièce.

    Côté face, selon Papa Demba Thiam, «la corruption est à la Banque mondiale. Ses cadres sont présents à chaque étape – de la conception à l’évaluation finale, en passant par le financement par tranches – de tout projet, détaille-t-il. Le décaissement ne se fait pas sans avoir obtenu le satisfecit de la mise en œuvre. Il y a forcément des complicités à l’intérieur.»

    Ce n’est pas la première fois que la Banque mondiale est confrontée à de telles accusations. Pour ne pas rester les bras croisés, elle a mis en place une unité spécialisée dans la lutte contre la corruption. Une unité qui traque les pots-de-vin dans l’exercice d’appel d’offres pour des projets financés par elle. Mais pour Papa Demba Thiam qui dit connaître le mal de l’intérieur, la bureaucratie étouffe les initiatives. «Des lanceurs d’alerte sont censurés et dans certains cas, ils sont licenciés sous des prétextes divers», accuse-t-il. Mais plus généralement, selon lui, des collaborateurs ne daignent pas dénoncer leurs collègues ou leurs supérieurs.

    L’économiste sénégalais tient à signaler que des centaines de collaborateurs de la Banque mondiale, originaires d’Afrique et d’Asie, se complaisent dans leurs rôles respectifs par peur d’être licenciés. «Ils préfèrent garder leur emploi de fonctionnaire international avec les privilèges (le salaire moyen est de 15 000 dollars, sans taxe) qui vont avec, y compris le permis de séjour aux Etats-Unis, raconte-t-il. Pour certains, il est impensable de sacrifier leur emploi dans la mesure où leurs enfants sont scolarisés aux Etats-Unis ou ont des prêts à rembourser.» Et d’ajouter: «Le système se nourrit de lui-même et tous les maillons sont solidaires.»

    La Banque Mondiale au coeur d’une arnaque africaine ?
    La Banque mondiale est mise dans une position inconfortable par l’étude. Cette dernière était prête déjà en novembre 2019 mais, pour la direction, les conclusions étaient trop à charge. C’est seulement après que l’un des auteurs l’a publiée sur son propre site internet, faisant éclater le scandale au grand jour, que la Banque mondiale l’a adoptée et finalement fait paraître le 18 février, non sans avoir nuancé certains propos. C’est dans le sillage de cette affaire que sa cheffe économiste Pinelopi Goldberg a démissionné de son poste.

    Dans une note laconique postée sur son site internet le même jour, l’institution reconnaît que l’étude commençait à attirer beaucoup l’attention. «La direction prend au sérieux la corruption et les risques de fiduciaire, peut-on lire. L’étude «Elite Capture of Foreign Aid» a été revue plusieurs fois et a, par conséquent, été améliorée.»

    Selon Papa Demba Thiam, cette étude serait restée dans les tiroirs sans le courage de ses auteurs. Le fait qu’elle a été réalisée par trois économistes ressortissants de pays nordiques a joué un rôle décisif. «Ils ont une culture de bonne gouvernance et du respect de la loi, commente-t-il. Ils ont bravé le système d’autant plus que leurs pays sont les premiers pourvoyeurs d’aide.»

    La Banque mondiale reste-t-elle tout de même pertinente? Papa Demba Thiam, qui la qualifie de «gestionnaire de la pauvreté», affirme que David Malpass, son président depuis avril 2019, est partisan des réformes. «Il faut aller revoir la mission de cette institution de sorte qu’elle fonctionne comme une banque commerciale. Elle ne doit prêter que pour financer des projets solides et avérés. Mais surtout, elle doit promouvoir en Afrique une politique d’industrialisation fondée sur les matières premières locales, avec des partenaires qui acceptent qu’une partie de la valeur ajoutée revienne au continent.»

    Source

    Tags : Afrique, banque mondiale, arnaque, détornement, corruption, développement, crime, éducation, emploi, environnement, économie, sécurité, pauvreté, Sahel,



  • الأستاذ عبد الجليل طليمات يقصف التامك من جديد.

    « .لا حياء لدى المندوب العام لإدارة السجون:

    يدافع عن الظلم بكل وقاحة بحجة « أن العقوبات التي اتخذت في حق السجناء الستة المعتقلين بالسجن المحلي “راس الماء” بفاس “منصوص عليها في القانون المنظم للمؤسسات السجنية »

    أنه منفذ غبي لتعليمات المخزن باسم الدفاع عن الوطن ويقر في مضمون حديثه الذي يرد فيه على طليمات بالسبب الحقيقي في أنتقام المخزن من قيادي حراك الريف حيث يسائله : « إذا كان من الممكن أن يكون هناك وجود للشعور بالانتماء إلى الوطن لدى من فسخ البيعة وطالب بإسقاط الجنسية المغربية عنه »

    وأنا أسأل هذا  » الإنفصالي السابق » الذي يقول أنه عاد لجادة الصواب بعد أن أدى الضريبة:
    1) هل من طالب بشكل سلمي بالحق في العيش الكريم يعتبر خائن للوطن؟

    وأضيف:

    2) المطالبة بإسقاط الجنسية المغرية هي نتاج لسنوات من السجن الظالم والمعاملات القاسية في حق هؤلاء الأبرياء الذين قرر المخزن معاقبتهم عقابا شديدا حتى لا تشرأب ٱعناق أخرى في ربوع الوطن الفقيرة مطالبة بحقوقها فأوكل لجلادين وأغبياء مثلك القيام بتنفيذ تعليماته .

    3) لو كان لذيك ذرة من الحياء، كنت صمتت بدل أن ترد على رفيق دربك في السجن سابقا »

  • الانتخابات الإسبانية والقضية الصحراوية

    على الصحراويين أن يتقبّلوا فكرة أن السياسة الخارجية هي آخر اهتمامات الإسبان وكذلك الطبقة السياسية، كما أن الأحزاب السياسية تخصص آخر الفقرات في برامجها الانتخابية للسياسة الخارجية من أجل ملء الفراغ لا غير، كي تظهر بمظهر أحزاب الدولة التي لها رأي ومشروع وبرنامج في كل المجالات. يُضاف إلى ذلك أن إسبانيا ليست دولةً فاعلة على الساحة السياسية الدولية على غرار فرنسا مثلاً التي لها مواقف من كل النزاعات، إذ تتخذ مدريد من سياسة النأي بالنفس كمحدد لسياستها الخارجية، والقضية الصحراوية هي قضية سياسية دولية تتطلب وضوحاً في المواقف وتحركاً دولياً.

    وبما أن الحزبان التقليديان، الاشتراكي والشعبي، تبادلا على حكم البلاد منذ خروج الاستعمار الإسباني من الصحراء الغربية ومواقفهما واضحة في تأييد الاحتلال عموماً، خاصةً الحزب الاشتراكي الذي يواصل تنكره لمسؤوليات بلاده القانونية تجاه الشعب الصحراوي منذ حكومة، فليبي غونثاليث، إلى، بيدرو سانتشيث، الآن.

    وعليه، فإن عملية تحليل سريعة لمواقف الأحزاب السياسية في اسبانيا والدعم السياسي والإنساني الذي تقدمه، تؤكد أن الأحزاب القومية الباسكية والكتلانية عموماً هي أبرز حليف يمكن المراهنة عليه. فإذا استثنينا حزب « متحدون من أجل كتالونيا » (JuntsXCat) الحاكم حالياً في الإقليم، فإن بقية الأحزاب بالإقليمين دعمها للقضية الصحراوية واضح ومستمر ومتعدد الجوانب. ففي مجلس النواب، قدمت هذه الأحزاب العديد من مشاريع القوانين لفائدة القضية الصحراوية، بما في ذلك قانون منح الجنسية الإسبانية للصحراويين، ناهيك عن بقية أشكال الدعم الإنساني والسياسي والقانوني على مستوى البرلمان الأوروبي الذي تقدمه الأحزاب الباسكية وحزب « اليسار الجمهوري الكتلاني » (ERC) على وجه الخصوص.
    وعليه، فإنه يتوجب على الجبهة الشعبية تقوية تمثيلياتها بكل من بلاد الباسك وكتالونيا وتجديد أواصر الصداقة مع هذه الأحزاب وتعيين خيرة الدبلوماسيين وأكثرهم كفاءة في هذين الإقليمين، لأن الأحزاب القومية اليوم أصبحت كتلة كبيرة داخل البرلمان الإسباني بحصولها على 35 مقعداً، وهو ما يعني أنها قادرة على مقايضة ما مع الحزب الاشتراكي لصالح القضية الصحراوية.

    لكن نعيد ونكرر أن الرهان الأول للصحراويين يجب أن يظل أنفسهم قبل أي جهة خارجية، فإذا عجزنا عن فرض إرادتنا؛ لن يتمكن الآخرون من فرضها نيابةً عنا.

  • سنوات الرصاص

    دخلنا منذ بضع سنين فيما كنا سميناه بسنوات الرصاص حتى و غن كانت من حيث الكتلة اقل ثقلا من الرصاص لكنها تقترب منه.

    الإعتقالات و المتابعات و افنتقامات في تزايد مستمر كما لو أن اليوم مثل سنوات السبعينات. حينذاك لم يكن الفايسبوك و لا واتساب و لا تقنية التصوير و كان يكفي لوزير الداخلية أو رئيس الدولة ان يكذب و تستغل كذبته و تكذيبه لمحو الزلة و الحدث و التبرير لكن الآن اصبح شبه مستحيل محو آثار الجريمة مما لا يسمح للجناة و لا لأصدقائهم و خذاهمهم في الداخل و الخارج من تبرير او تكذيب لما وقع.

    هل جمعية  »محسن فكري » هي التي تشوه صورة البلد داخليا و خارجيا أم القائمين على الإعتقالات و المحاكمات و غللإسجان؟ لحكمائكم واس النظر إذا ارادوا أن لا يبقوا في مستوى نظر الفأر.

    براهيم كزوزي