L’exemple de Carlos
12ème Session du Conseil des Droits de l’Homme (14 septembre-02 octobre 2009)
22 septembre 2009
Point 4 de l’ordre du jour: Situations relatives aux droits de l’homme qui requièrent l’attention du Conseil
Orateur : M’Hamed Mohamed Cheikh
Monsieur le Président,
Le Mouvement International des Jeunes et des Etudiants pour les Nations Unies, considère que le déni massif des droits de l’homme et des libertés démocratiques élémentaires, résultant de l’occupation et des conflits aux conséquences souvent tragiques pour les peuples, requièrent une attention particulière et un engagement résolu du Conseil des droits de l’homme.
Et parmi les situations qui méritent toute l’attention du Conseil figure celle du Sahara Occidental, pays illégalement occupé par le Maroc, ou la situation des droits de l’homme, loin de s’être améliorée, s’est au contraire aggravée ces derniers temps.
Les exemples de ces graves et récurrentes violations des droits de l’homme sont légion et des dizaines de sahraouis viennent d’en faire les frais au seul motif d’avoir participé, les 15 et 16 septembre courant à El Aaiun, Smara et Boujdour, à des manifestations pacifiques qui réclament le droit à l’autodétermination et le respect des droits de l’homme au Sahara Occidental.
La violence de l’intervention des forces de répression marocaines s’est soldée par des dizaines de blessés, plusieurs arrestations, et des expéditions punitives saccageant domiciles et biens particuliers.
En raison de ses positions en faveur de l’indépendance du Sahara Occidental, le défenseur sahraoui des droits humains Naama Asfari vient d’être condamné à 4 mois de prison ferme au terme de procès douteux et entachés d’irrégularité. Les 11 défenseurs sahraouis des droits humains, qui étaient venus assister à son procès ont été arrêtés, sauvagement torturés et abandonnés hors de la ville de Tan Tan.
Parmi les violations des droits de l’homme constatées dans les territoires du Sahara Occidental, et qui demeurent marquées du sceau de l’impunité, il y a le recours systématique à la torture et l’intimidation des victimes, les disparitions forcées, les arrestations arbitraires, le harcèlement des victimes ou leur entourage… Beaucoup de défenseurs sahraouis des droits de l’homme ont payé le prix fort pour leurs engagements et leurs convictions politiques, tels Yahya Mohamed El Hafed qui a été condamné, le 9 octobre 2008, à une peine d’emprisonnement de 15 ans pour avoir participé à des manifestations réclamant l’autodétermination et l’indépendance du peuple sahraoui, ainsi que le journaliste sahraoui Moustapha Abdel Dayem et tant d’autres qui croupissent encore dans les prisons marocaines.
Monsieur le Président,
La Communauté internationale est restée longtemps apathique face aux violations des droits de l’homme dans les territoires occupés du Sahara Occidental. Aujourd’hui, elle ne peut se suffire de rester spectatrice et immobile par rapport à la situation de ce dernier territoire qui reste à décoloniser en Afrique, et dont le statut définitif ne peut résulter que d’un référendum d’autodétermination.
Dans l’attente du dit référendum les Nations Unies ont l’impérieuse obligation de protection des civils sahraouis par le biais de la MINURSO.
Je vous remercie.
Allal El Fassi est l’initiateur de l’idée du Grand Maroc allant de Tanger à Saint-Louis au Sénégal et d’Oujda au Mali, en incluant la région de Tindouf en Algérie. Il avait désapprouvé le traité d’Indépendance du Maroc et il disposait d’un moyen de pression non négligeable : l’Armée de Libération Nationale (ALN), composée principalement de tribus sahraouies afin de lutter contre l’occupation espagnole à l’enclave de Sidi Ifni et au Sahara Occidental. La guerre d’Ifni débute en octobre 1957 décidée à bouter les soldats étrangers hors du pays et de tout le Maghreb, conformément à une déclaration istiqlalienne de 1954 qui préconisait la lutte contre l’occupant jusqu’à son éviction de la région.
L’ALN, sous la directions de Mohamed Bensaid Ait Idder, l’un des ancêtres du Parti Socialiste Unifié (PSU) menait des opérations de guérilla contre les forces espagnoles et françaises au Sahara et en Mauritanie.
Cette continuation de la lutte armée pour libérer la région met en difficulté l’Espagne. Le Maroc retire alors son appui et participe à l’opération combinée des armées françaises et espagnoles, pour rétablir l’ordre au Sahara: c’est l’opération “Ecouvillon” de février 1958.
Comme le rappelle le site du Collège interarmée de défense français, dès son indépendance en mai 1956, le Parti Istiqlal a fait valoir des revendications territoriales sur le Sahara Espagnol en instrumentalisant des combattants sahraouis finalement abandonnés à leur combat indépendantiste et «férocement réprimés, en quinze jours, par l’opération franco-espagnole Ecouvillon», organisée entre le 10 février 1958 et le 5 mai 1959.
La Monarchie marocaine est récompensée pour sa participation dans l’anéantissement de l’ALN : La zone de Tarfaya est “rétrocédée” au Maroc.
Au lendemain de l’Indépendance, le Maroc comptait encore sur son territoire de nombreuses zones de résistance. Celles-ci pouvaient à terme déstabiliser la monarchie. Pour cette raison, le régime n’hésita pas à recourir à l’aide des ennemis d’hier, les puissances coloniales françaises et espagnoles. L’objectif était de mettre fin à la résistance de l’Armée de Libération du Sud.Quelques jours seulement au début de l’année 1958 ont suffi à la force armée alliée (F.A.R., Espagne et France) pour « pacifier » la région où se trouvaient les membres de l’A.L.N. L’opération aurait été d’une atrocité sans nom, à l’image de la pacification coloniale des débuts du Protectorat. L’implication du Prince Moulay Hassan dans l’opération Ecouvillon ne ferait pas de doute selon certains spécialistes. Car immédiatement après la fin des combats, le Prince héritier s’est vu rétrocéder par l’Espagne la région de Tarfaya. Une alliance et une méthode coloniales auraient donc permis au régime de conforter durablement son ascendant sur des poches de résistance difficiles à contrôler. La Résistance a d’ailleurs progressivement été anéantie entre 1956 et 1960 au profit d’une nouvelle logique d’intérêts. Désormais, la monarchie marocaine allait s’appuyer sur des réseaux de clans féodaux, nettement plus en accord avec ses aspirations. L’ancien mouvement national sera la première victime des premières années de l’indépendance du Maroc. C’était la première trahison de la monarchie qui a enterré le rêve du Grand Maroc d’Allal El Fassi.
Le Sahara occidental représente un intérêt de taille pour le Maroc. Il suscite ses convoitises dans cette région où déjà les occidentaux exploitent des gisements de phosphates. Le Maroc lui est dépourvu de pétrole mais c’est le premier exportateur de phosphates.
Après les conflits internes avec les partis politiques et les deux tentatives de coup d’état de 1971 et 1972, l’Occident critique volontiers au Maroc le pouvoir absolu du souverain et déplorent le caractère autoritaire d’Hassan II et la gravité des massacres perpétrées contre sa population. Hassan II va chercher le moyen de redorer son blason même si les problèmes politiques et économiques n’ont pas été réglés pour autant .
Mais, il manque un signe fort, le symbole d’une réconciliation nationale. La « récupération » des terres du Sahara encore sous domination espagnole sera l’enjeu prioritaire de la politique intérieure et donc aussi extérieure du Maroc. L’unité se fera au Sahara. Une unité autour d’un guide. Mais, le Sahara permet aussi au Maroc de se positionner à l’extérieur grâce à son importance économique et géostratégique. Elle fera du Maroc une puissance régionale incontournable.
II faut en effet bien insister sur ce point. La Marche Verte restaure le prestige populaire d’Hassan II jusqu’alors menacé par son peuple et principalement son armée dorénavant occupée avec la Guerre du Sahara en l’éloignant des champs politiques qu’elle avait convoité. Mais surtout, elle crée une union « sacrée » au Maroc.
Conclusion : Le Sahara n’a jamais été une revendication de la monarchie marocaine, mais du parti Istiqlal qui prônait la thèse du Grand Maroc pour chasser le colonialisme de la région et réaliser son rêve panarabiste qu’il partageait avec Nasser.
Aujourd’hui, c’est le peuple sahraoui qui paie les frais des enjeux politiques au Maroc et les conséquences desvconflits internes avec la monarchie marocaine.