Catégorie : Opinions & analyses

  • Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 4 juin 2021

    (La version française du Point de presse quotidien
    n’est pas un document officiel des Nations Unies)

    Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:

    COVID-19/Afrique

    L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) indique qu’à mesure que le risque d’une hausse des cas de COVID-19 augmente en Afrique, les pays du continent doivent renforcer de toute urgence la capacité de soins intensifs pour éviter que les établissements de santé ne soient débordés.

    Le Directeur régional de l’OMS pour l’Afrique, Mme Matshidiso Moeti, a averti que la menace d’une troisième vague en Afrique est réelle et croissante. Elle a ajouté que la priorité de l’OMS est de rapidement « mettre des vaccins dans les bras des Africains » qui courent un risque élevé de tomber gravement malades et de mourir de la COVID-19.

    COVID-19/Ouganda

    En Ouganda, le nombre de cas hebdomadaires de COVID-19 est passé de près de 120 cas en mars à près de 3 700 à la fin de la semaine dernière, illustrant le risque auquel est confronté l’Afrique. L’émergence de plusieurs variantes vient compliquer une situation déjà délicate.

    Aujourd’hui, les autorités nationales, soutenues par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ont lancé un plan de relèvement face à la COVID-19. L’équipe de l’ONU, dirigée par la Coordonnatrice résidente, Mme Rosa Malango, a assisté au lancement et intensifie ses efforts conjoints pour soutenir les plus vulnérables en Ouganda.

    Lundi, la Coordonnatrice résidente organisera une table ronde conjointe d’urgence avec les autorités ougandaises et le secteur privé. L’objectif est de mobiliser le soutien pour les besoins d’urgence ainsi que les efforts nationaux pour produire des kits de dépistage et des vaccins. Certains des besoins les plus urgents comprennent la fourniture et les installations d’oxygène; des centres de santé mobiles; des plateformes numériques pour la responsabilisation ; une meilleure communication communautaire sur les risques et un soutien pour la vaccination et le dépistage.

    COVAX/Amérique latine

    La nuit dernière, le Paraguay a reçu un troisième lot de plus de 130 000 doses de vaccins. Les autorités locales ont indiqué que le déploiement continu des vaccins garantit la continuité du plan national de vaccination.

    Hier également, la Colombie a reçu plus de 900 000 doses de vaccins par l’intermédiaire du Mécanisme COVAX, lesquels seront livrés aux groupes prioritaires recevant leur deuxième dose. Jusqu’à présent, la Colombie a reçu plus de 3,2 millions de vaccins via le Mécanisme COVAX, soit environ 20% de l’ensemble des vaccins garantis pour le pays.

    À ce jour, plus de 80 millions de vaccins provenant du Mécanisme COVAX ont été livrés dans 129 pays et territoires.

    Vaccination

    L’ONU se félicite de l’annonce faite hier par l’Administration Biden qu’elle partagera des millions de doses de vaccin à la fois avec le Mécanisme COVAX ainsi qu’en bilatéral avec les pays qui en ont particulièrement besoin.

    Par ailleurs, le Secrétaire général est extrêmement reconnaissant envers le Gouvernement des États-Unis pour l’inclusion du personnel de l’ONU et des délégués des États Membres en poste aux États-Unis dans son programme national de vaccination, et pour son offre généreuse de fournir des vaccins au personnel de première ligne de l’ONU en poste dans les endroits les plus difficiles et les plus dangereux du monde. Cette contribution permettra au personnel de l’ONU de demeurer sur place et de fournir des services essentiels aux personnes vulnérables dans le monde de manière sûre et efficace.

    Le Secrétaire général renouvelle son appel à la communauté internationale pour qu’elle se rassemble pour relever le défi sans précédent de cette pandémie, et pour que les pays partagent les vaccins, notamment avec ceux qui luttent pour faire face aux nouvelles poussées et variantes. Il est urgent de renforcer la solidarité mondiale pour garantir que les vaccins soient disponibles pour tous, partout.

    Un accès équitable aux vaccins est une condition préalable pour mettre fin à la pandémie et amorcer une forte reprise.

    République centrafricaine

    En République centrafricaine, la délégation conjointe composée des Nations Unies, de l’Union africaine, de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et de l’Union européenne est sur le point de conclure sa visite à travers le pays. Cette mission s’inscrit dans le cadre de leur dialogue régulier avec les autorités nationales sur le processus de paix.

    Au cours du déplacement, le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. Jean-Pierre Lacroix, ainsi que des hauts responsables des trois autres organisations, ont été reçus par le Président Faustin Archange Touadera. Ce dernier a assuré la délégation de l’ambition qu’a son gouvernement de renforcer et redynamiser la coopération avec ses partenaires, dont la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA).

    La délégation conjointe a également rencontré des membres du Parlement, du parti au pouvoir et de l’opposition, et de la société civile, ainsi que des chefs religieux et des représentants des femmes et de la jeunesse. Les discussions ont notamment porté sur la situation sécuritaire, le processus de paix, y compris l’accord politique, la situation politique ainsi que sur une campagne négative visant certains partenaires centrafricains, dont la MINUSCA.

    Les membres de la délégation devaient tenir une conférence de presse un peu plus tard dans la journée à Bangui.

    Tchad

    L’ONU lance aujourd’hui son Plan de réponse humanitaire 2021 pour le Tchad. Quelque 5,5 millions de personnes, soit près d’un tiers de la population du pays, ont besoin d’une aide humanitaire cette année.

    Les organisations humanitaires cherchent à lever 617 millions de dollars pour venir en aide à quatre millions de ces personnes. Le Tchad continue de subir un sous-financement chronique alors que la population nécessitant une aide humanitaire a augmenté.

    Jusqu’à présent, seuls 8% des fonds nécessaires ont été obtenus. Les besoins ont augmenté en raison de trois crises simultanées: la malnutrition et l’insécurité alimentaire, l’urgence sanitaire et une crise de déplacement provoquée par un conflit armé et des catastrophes naturelles.

    L’accès humanitaire est limité dans certaines zones de la province du Lac, située à proximité du bassin du lac Tchad et à la frontière avec la République centrafricaine, en raison de l’insécurité liée au conflit.

    Avec plus de financement, l’ONU et ses partenaires humanitaires pourraient immédiatement aider à sauver la vie et la dignité des personnes touchées au Tchad, notamment en réduisant leur vulnérabilité et en renforçant leur résilience pour répondre aux chocs récurrents.

    L’année dernière, 2,2 millions de personnes ont été assistées par des organisations humanitaires au Tchad.

    République démocratique du Congo

    Suite à l’éruption du volcan Nyiragongo en République démocratique du Congo (RDC), le Coordonnateur de l’action humanitaire pour le pays, M. David McLachlan-Karr, s’est rendu dans la zone de santé de Sake, qui accueille plus de 62 800 personnes déplacées de la ville de Goma.

    Il a dirigé une délégation qui comprenait l’ambassadeur de l’Allemagne en RDC et qui représentait la communauté des donateurs, le Forum des ONG internationales et les agences de l’ONU.

    Ils ont rencontré les autorités locales et les partenaires humanitaires ainsi que des personnes déplacées dans trois sites de rassemblement.

    À ce jour, 3,5 millions de dollars du Fonds humanitaire pour la RDC ont été alloués pour répondre aux besoins urgents. Cela s’ajoute aux 1,2 million de dollars provenant du Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF) annoncés par le Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock, la semaine dernière.

    L’ONU et ses partenaires visent à soutenir la réponse du gouvernement pour les personnes touchées par l’éruption, ce qui nécessite 15,6 millions de dollars, dont 5,2 millions de dollars ont été reçus à ce jour. La stratégie vise à aider à la fois les personnes déplacées, celles qui retournent à Goma, ainsi que celles qui sont restées sur place et ont été touchées.

    Concernant les attaques signalées plus tôt cette semaine dans l’est du pays, le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) indique qu’environ 5 800 hommes, femmes et enfants ont fui plusieurs sites pour déplacés en Ituri.

    Des équipes du HCR sont actuellement sur le terrain pour évaluer les besoins des personnes déplacées de force et de la communauté d’accueil.

    Mozambique

    Le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) a indiqué aujourd’hui qu’il continuait de recevoir des informations faisant état de retour forcé systématique de familles mozambicaines depuis la Tanzanie. Le HCR exhorte les pays voisins du Mozambique à respecter l’accès à l’asile pour ceux qui fuient la violence généralisée et le conflit armé dans le nord du Mozambique.

    Selon les autorités frontalières mozambicaines, en mai 2021, près de 3 800 Mozambicains ont été renvoyés de force de la Tanzanie via le poste frontière de Negomano. La plupart de ces familles se rendent spontanément dans d’autres districts de Cabo Delgado, Nampula et Niassa, car Mueda est considéré comme dangereux.

    Myanmar

    L’équipe de pays de l’ONU au Myanmar a réitéré aujourd’hui son appel à la protection des travailleurs et des établissements de santé. Elle a mis en garde contre les répercussions des attaques sur la santé publique, qui incluent la réponse à la COVID-19, au cours des quatre derniers mois depuis que l’armée a pris le contrôle du gouvernement.

    À ce jour, au moins 212 attaques contre des patients, des agents de santé, des ambulances et des établissements de santé ont été signalées, faisant au moins 14 morts et 51 blessés. Cela représente environ la moitié de l’ensemble des attaques contre le secteur de la santé signalées dans le monde entier cette année.

    Le personnel de l’ONU sur le terrain souligne que les hôpitaux sont, et doivent rester, un lieu de sanctuaire et de neutralité sans équivoque afin que les patients puissent se faire soigner et que les professionnels de santé puissent prodiguer des soins en toute sécurité et sans crainte.

    Yémen

    La Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), Mme Inger Andersen, a averti les membres du Conseil de sécurité, lors d’un briefing, hier après-midi, des conséquences qu’aurait toute fuite du pétrolier Safer, qui est ancré au large des côtes du Yémen. Elle a indiqué que des millions de personnes pourraient être exposées à une pollution nocive si une explosion se produisait à bord, avec de graves répercussions sur la santé des populations vulnérables. De plus, une marée noire aurait un impact négatif sur la vie des personnes qui traversent déjà la pire crise humanitaire au monde, a-t-elle souligné.

    Pour sa part, Mme Reena Ghelani, s’exprimant au nom du Chef du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), M. Mark Lowcock, a déclaré que le fait est que, jusqu’à présent, aucune mission de l’ONU n’a été autorisée à se déployer sur le navire. Elle a indiqué que cette situation est principalement due au fait que les autorités d’Ansar Allah, tout en étant toujours d’accord sur une mission de principe, ont été réticentes à fournir les assurances concrètes nécessaires pour procéder. Elle a ajouté que l’ONU n’ayant jamais été autorisée à visiter le site, on ne sait pas exactement quelles sont les conditions à bord. Cela signifie qu’il est impossible de déterminer à l’avance exactement quelles activités peuvent être effectuées.

    Journée mondiale de l’environnement

    La Journée mondiale de l’environnement sera célébrée demain et marquera cette année le lancement de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes, une campagne mondiale de 10 ans pour prévenir, arrêter et inverser la dégradation des écosystèmes.

    Dans son message, le Secrétaire général a souligné que nous atteignons rapidement un point de non-retour concernant la planète.  Il a indiqué que la dégradation du monde naturel compromet déjà le bien-être de 3,2 milliards de personnes, soit 40% de l’humanité. 

    Il a relevé que la Terre est fort heureusement résiliente, et que nous avons encore le temps de remédier aux dégâts causés.  Il a souligné que la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes est un appel mondial à l’action.  Elle ralliera un appui politique, des recherches scientifiques et une aide financière, pour décupler les capacités de restauration. 

    Dans le cadre des célébrations, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) ont publié un rapport conjoint sur l’évaluation mondiale de la pollution des sols.

    Le rapport prévient que la dégradation généralisée de l’environnement causée par la pollution des sols, due aux exigences croissantes des systèmes agroalimentaires et industriels et à l’augmentation de la population mondiale, s’aggrave et constitue l’un des principaux défis mondiaux pour la restauration des écosystèmes.

    Journée internationale des enfants victimes innocentes de l’agression

    La Journée internationale des enfants victimes innocentes de l’agression est observée aujourd’hui.

    L’objectif de la Journée est de reconnaître la douleur subie par les enfants du monde entier qui sont victimes d’abus physiques, mentaux et émotionnels.

    Journée internationale de la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée

    La Journée internationale de la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée sera célébrée demain.

    Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les activités de pêche illégales, non déclarées et non réglementées représentent jusqu’à 26 millions de tonnes de poissons pêchés chaque année.

    Enfin, dimanche sera l’occasion d’observer la Journée de la langue russe.

    Président de l’Assemblée générale

    Une rencontre avec la presse est prévue lundi à la sortie de la salle de l’Assemblée générale.

    Contribution financière

    La Turquie a versé la totalité de sa contribution au budget ordinaire de l’ONU, amenant à 104 le nombre d’États Membres à en avoir fait de même.

    Etiquettes : SANTÉ, QUESTIONS D’ENVIRONNEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT DURABLEA, FRIQUE, AMÉRIQUE CENTRALE, OUGANDA, RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE, TCHAD, MOZAMBIQUE, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO, MYANMAR, YÉMEN,

  • Les accords d’Abraham sont déjà relayés au deuxième plan au Moyen-Orient.

    Ishaan Tharoor

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    En septembre dernier, le président Donald Trump exultait. Accompagné à la Maison Blanche du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et de hauts dirigeants de Bahreïn et des Émirats arabes unis, Trump a salué la normalisation des liens entre Israël et les deux monarchies du Golfe. Les accords ont été regroupés sous le titre grandiose d’ »accords d’Abraham », un clin d’œil à la promesse de coexistence et de prospérité partagée sur le lieu de naissance de trois grandes religions.

    « Nous sommes ici cet après-midi pour changer le cours de l’histoire. Après des décennies de division et de conflit, nous marquons l’aube d’un nouveau Moyen-Orient », a déclaré M. Trump depuis le balcon de la Maison Blanche, ajoutant que les accords « serviraient de base à une paix globale dans toute la région ». Dans les mois qui ont suivi, le Soudan et le Maroc ont entamé leur propre processus de normalisation avec Israël.

    Mais dès le départ, la manœuvre a été accueillie avec beaucoup de cynisme. Ni les EAU ni le minuscule Bahreïn n’ont jamais été en guerre contre Israël. Ils entretenaient déjà de nombreux canaux de coopération clandestine avec l’État juif. Les accords qu’ils ont signés, comme ce sera le cas plus tard avec le Soudan et le Maroc, sont venus avec d’importants édulcorants géopolitiques de l’administration Trump. En tant qu’États non démocratiques, leurs élites dirigeantes ne pouvaient même pas prétendre représenter les opinions constantes de leur petit nombre de citoyens, et encore moins la masse critique de l’opinion publique régionale.

    Pourtant, les accords ont été présentés comme « un pivot de l’histoire », comme l’a dit Netanyahu en septembre. Les monarques avaient choisi de se passer de près de deux décennies de consensus panarabe sur Israël en normalisant les liens avant qu’une conclusion significative au conflit israélo-palestinien ne soit trouvée. Leur décision reflétait un réel épuisement politique de la cause palestinienne de la part de certaines élites politiques des pays arabes, plus préoccupées par les nouveaux défis posés par le régime iranien ou les islamistes politiques tels que les Frères musulmans que par le vieux combat des Palestiniens. Les partisans des accords affirmaient que la « paix globale » promise par Trump émergerait en raison de l’influence accrue que des gouvernements comme celui des Émirats arabes unis auraient désormais sur les Israéliens et les Palestiniens.

    Maintenant que Trump est parti et que Netanyahou s’accroche à peine au pouvoir, la politique régionale pourrait déjà s’éloigner des accords d’Abraham. Malgré les images réjouissantes des Émiriens en vacances à Tel-Aviv et des Israéliens faisant la fête à Dubaï, aucun nouveau pays ne s’est joint à eux depuis la vague initiale de Trump. Si l’administration Biden s’est félicitée de l’amélioration des relations entre Israël et le monde arabe, il n’est pas certain qu’elle ait l’intention de s’appuyer sur la principale initiative de politique étrangère de Trump. Le président Biden a retardé ses contacts directs avec Netanyahu dès son entrée en fonction ; le premier dirigeant du Moyen-Orient auquel il a parlé était le roi Abdallah II de Jordanie, dont le pays est beaucoup plus directement impliqué dans le conflit israélo-palestinien que les États du Golfe. Les relations entre la Jordanie et Israël sont également au plus bas, ce qui reflète, en partie, le mépris meurtrier de Trump et de Netanyahou pour la Jordanie en tant que gardien traditionnel des préoccupations palestiniennes.

    Il y a eu cette semaine une flambée de violence entre Israéliens et Palestiniens, déclenchée après des semaines de troubles et d’affrontements à Jérusalem. Mardi, des militants de la bande de Gaza sous blocus ont lancé l’une des plus importantes salves de roquettes jamais tirées sur Israël, faisant au moins trois morts.

    « L’assaut a été encore plus féroce à Gaza, où Israël a mené l’une de ses campagnes aériennes les plus intenses depuis la guerre de 2014 qui a englouti les parties pendant plus d’un mois », ont rapporté mes collègues. « L’armée israélienne a déclaré avoir frappé plus de 500 cibles en représailles aux tirs de roquettes depuis Gaza. Mardi soir, le ministère palestinien de la Santé a déclaré que les frappes avaient tué 30 habitants de Gaza, dont 10 enfants, et en avaient blessé environ 200 autres. »

    L’escalade a suivi la montée en flèche des tensions à Jérusalem, où les récentes marches de groupes d’extrême droite juifs suprématistes, la volonté d’Israël d’expulser les résidents palestiniens du quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est et la répression brutale des manifestants palestiniens par les forces de sécurité israéliennes ont jeté de l’huile sur le feu. L’agitation s’est étendue aux villes situées en dehors des territoires occupés, alors que les citoyens palestiniens d’Israël se rassemblaient pour soutenir leurs frères.

    Dans ce maelström, même les pays arabes qui ont normalisé leurs relations avec Israël relâchent leur étreinte. Les Émirats arabes unis et Bahreïn ont tous deux condamné l’assaut israélien de la mosquée al-Aqsa, considérée comme le troisième site le plus sacré de l’islam, le week-end dernier, ainsi que les mesures prises pour expulser des dizaines de Palestiniens de leurs maisons à Sheikh Jarrah. Les médias sociaux des deux pays ont vu fleurir les hashtags de soutien à leurs compatriotes arabes du quartier de Jérusalem.

    À l’issue d’une réunion virtuelle des ministres des affaires étrangères de la Ligue arabe mardi, le plus haut diplomate marocain a condamné la rhétorique et les actions « haineuses » des groupes juifs d’extrême droite impliqués dans les violences à Jérusalem. Le bloc, longtemps raillé pour son inaction, a déclaré qu’il exercerait davantage de pression au nom des Palestiniens aux Nations unies et à la Cour pénale internationale, dont le procureur général a lancé en mars une enquête officielle sur les crimes de guerre israéliens présumés dans les territoires occupés.

    Anwar Gargash, un éminent diplomate émirati qui, par le passé, a critiqué ouvertement l’Iran, a exprimé sur Twitter sa solidarité avec les Palestiniens, « avec la fin de l’occupation israélienne, avec la solution à deux États et avec un État palestinien indépendant ayant Jérusalem-Est pour capitale. C’est une position historique et de principe qui ne bouge pas. » Les gouvernements d’Oman, du Qatar et de l’Arabie saoudite ont tous publié des déclarations allant dans le même sens, affirmant leur soutien à un État palestinien selon les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale.

    Il s’agit d’une ligne traditionnelle que les gouvernements arabes invoquent souvent lorsque la violence israélo-palestinienne éclate. Mais elle est d’autant plus évidente aujourd’hui qu’elle va à l’encontre de la « vision de la paix » présentée l’an dernier par l’administration Trump avec la bénédiction de Netanyahou, qui envisageait un futur État palestinien vague et réduit, doté d’une souveraineté limitée et sans capitale à Jérusalem proprement dite. Selon l’administration Trump, les accords d’Abraham accéléreraient un réalignement de la politique régionale, dans lequel les pays arabes amis d’Israël et des États-Unis abandonneraient leurs préoccupations à l’égard des Palestiniens au profit d’une plus grande coopération avec Israël en matière de commerce et de sécurité.

    Aujourd’hui, cependant, grâce en partie aux provocations de l’extrême droite israélienne montante et à ce que la journaliste Noga Tarnopolsky, basée à Jérusalem, décrit comme l’opportunisme de Netanyahou, le sort des Palestiniens est au centre de la conversation politique mondiale. « Il faut se demander pourquoi Israël transforme la question palestinienne en sommeil en une crise qui fait rage », a observé Vali Nasr, de la School of Advanced International Studies de l’université Johns Hopkins. « Toute la stratégie d’Israël avec les Accords d’Abraham était basée sur l’argument selon lequel la question palestinienne n’était plus pertinente. Maintenant, grâce à une série d’erreurs israéliennes, elle revient en force. »

    The Washington Post, 12 mai 2021

    Etiquettes : Israël, Palestine, Jérusalem, Al Qods, Al Aqsa, Maroc, Emirats Arabes Unis, Ligue Arabe,

  • Algérie/Il confirme son caractère irréversible: Le hirak , et sa ténacité incomprise…

    Que dire de ce peuple ?

    il est tout simplement extraordinaire. Il est solide, solidaire, persévérant. Il reste surtout uni horizontalement malgré les tentatives de récupérations et les multiples dissuasions aux fins de démobilisation.

    En ce qui concerne les tentatives de récupérations, elles sont nombreuses mais sans effet. La dernière en date émane d’un certain ronronneur de YouTube qui a annoncé que six figures vont s’autoproclamer représentants du mouvement populaire juste après le ramadhan et annonceront des mesures dans l’intérêt du Hirak, a-t-il affirmé.

    Il a même comparé ces six prétendus représentants aux six valeureux combattants qui ont déclenché la glorieuse révolution de 1er novembre 1954.

    Que dire de c’est gens,qui ne veulent pas comprendre que ce mouvement pacifique qui dure depuis maintenant plus de deux ans,n’est autre qu’un mouvement populaire pacifique et horizontal qui n’a besoin d’aucune forme de verticalité.

    Que dire aussi de cette comparaison mal placée qui a mis sur un même pied d’égalité six hommes avec un grand H, qui ont déclenché une révolution au sein d’un peuple qui les a adoptés et suivis à ces six opportunistes qui veulent s’imposer de force à un peuple qui a déjà déclenché horizontalement son mouvement de protestation pacifique d’une manière spontanée il y a plus de deux ans ? le moins que l’on puisse dire, c’est vraiment comparer l’incomparable.

    Pour ce qui est des tentatives de dissuasions aux fins de démobilisations, elles sont aussi nombreuses, la dernière en date est cette pretendue déclaration du ministère de l’intérieur publiée dans les réseaux sociaux, ainsi que dans bon nombre d’organe de presse, qui demande a tout un peuple de déposer une demande d’autorisation pour manifester dans les rues.

    Sans quoi leurs protestation serait anti- constitutionnelle.

    Que dire de cela aussi ? Si cette déclaration émane réellement des pouvoir publics, nous disons que c’est plutôt cette manière d’agir qui est anti- constitutionnelle.

    En effet, la constitution donne un droit de réunions, de grèves ou de manifestations à toutes les catégories du peuple moyennant une autorisation, mais ni notre constitution ni aucune constitution du monde entier ne prévoit une disposition qui impose une autorisation pour se manifester à un peuple qui sort spontanément par millions pour revendiquer un droit.

    Pourquoi alors ne lui a-t-on pas demandé cela quand il s’agissait de s’opposer au 5eme mandats de Bouteflika ?

    Pour ceux qui connaissent mal le peuple Algérien, sa décision est sans appel. Elle a été une fois de plus confirmée en ce 116eme vendredi depuis le 22 févier 2019, et ce malgré le ramadan et la chaleur.Ils sont sortis encore une fois par millions dans tout le pays en ce vendredi 7 mai 2021, cassant par cela l’idée d’une démobilisation prédite par certains.

    N’est-il pas temps d’admettre que ces millions dans les rues à travers tout le pays, veut dire en clair qu’il s’agit-là d’un véritable referendum exercé par le peuple à ciel ouvert, où le OUI pour un Etat de droit dans une Algérie libre et démocratique l’a remporté avec 100% du suffrage exprimé ?

    A bon entendeur.

    Docteur Rafik Alloui

    Algérie Breve News, 11 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, Hirak, Etatd de droit,

  • Algérie/ Pourquoi le combat des Palestiniens est pleinement le nôtre

    Par Saïd Djaafer

    De très nombreux Algériens sont naturellement solidaires des Palestiniens dont la situation atroce leur rappelle l’oppression coloniale subie dans leur chair et les entreprises de dépossession préparées par les grands massacres. Ils sont nombreux aussi à constater, impuissants, que la hogra historique subie par les Palestiniens est aggravée par la trahison des Etats, arabes ou non, qui prétendent défendre leur cause ou, du moins, les principes du droit international.

    Les moyens de soutenir effectivement ce peuple otage sont très limités ; lui exprimer sa solidarité par tous les moyens est la moindre des choses. La disproportion des forces dispense – ou devrait dispenser – de porter des jugements sur les moyens de lutte utilisés par les Palestiniens. La fameuse formule de Ben M’hidi «Donnez-nous vos chars et vos avions, et nous vous donnerons nos couffins» définit bien la terrible contrainte qui s’exerce sur ceux qui refusent de continuer à subir l’oppression coloniale et qui décident de se libérer du joug. Elle résume le présent des Palestiniens qui résistent, avec leurs faibles moyens matériels, à l’entreprise de dépossession et de purification ethnique menée par Israël dans le silence complice du monde.

    Ce qui frappe dans la mobilisation pour les familles du quartier Sheikh Jarrah d’Al-Qods menacées d’éviction de leurs maisons, c’est le courage et la détermination dont font preuve les Palestiniens malgré l’obscène disproportion des forces. Même s’ils sont seuls, les Palestiniens ne se résignent pas, ils prouvent que l’esprit de résistance peut permettre de s’opposer à la volonté d’annihilation d’un peuple par la plus grande puissance militaire du Moyen-Orient.

    Dans les monarchies arabes qui ont choisi la normalisation avec l’Etat colonial d’Israel, on n’est pas loin de rendre les Palestiniens responsables de la situation insupportable qui leur est faite. En Algérie, un discours, très minoritaire, conteste, avec des arguments frisant parfois le racisme, aux Algériens le droit d’exprimer leur solidarité. Certains ajoutent à la confusion en arguant que les régimes instrumentalisent la question palestinienne à des fins de politique intérieure. C’est l’un des clichés les plus entendus ces derniers temps. Comme si les mauvaises intentions des régimes – elles sont connues – pouvaient disqualifier une cause juste et un combat mené par un peuple. Comme si les errements de l’Autorité palestinienne pouvaient justifier que l’on s’abstienne d’exprimer notre révolte, notre profonde indignation, à ce qui est imposé au peuple palestinien.

    Autre argutie de mauvaise foi, les Algériens n’auraient d’yeux que pour la Palestine et ne se préoccupent pas des combats des autres peuples. Ces dernières heures, on leur aura même fait le reproche de ne pas se soucier des luttes du peuple colombien! C’est aberrant. Et faux de surcroît. Car il y a dans la culture des Algériens, même s’il elle ne s’étale pas tous les jours dans les discours et les médias, la conscience que tout être humain opprimé et emprisonné mérite la solidarité de tous les êtres humains conscients de leur humanité.

    Notre histoire explique notre sensibilité aux malheurs des Palestiniens
    La sensibilité naturelle des Algériens à la question palestinienne n’a pas à se justifier. Les soutiens sont naturellement plus forts à l’égard de ceux qui sont dans une proximité géographique, culturelle ou historique. Dans ces petits milieux on retrouve aussi une tendance à accuser les Algériens d’être animés par une motivation religieuse. Alors qu’il devrait être évident pour tous que les Palestiniens, musulmans, chrétiens, agnostiques ou athées, sont logés à la même enseigne, ils font partie d’un peuple enfermé par une puissance coloniale, entravé dans tous ses mouvements, dans tous les domaines de la vie, humilié à chaque occasion, et dont la terre même est volée chaque jour un peu plus.

    Bien avant que les ONG soulignent qu’Israël pratique le crime d’apartheid, Desmond Tutu avait livré un témoignage édifiant: « J’ai été témoin des routes et des maisons réservées aux Juifs et de l’humiliation infligée de manière systématique par l’armée israélienne aux femmes, aux hommes et aux enfants palestiniens. Leur humiliation nous est familière à nous, Noirs sud-africains, qui avons été réprimés, harcelés et insultés par les forces de sécurité du gouvernement d’apartheid.».

    En 2014, lors de l’agression sur Ghaza, le Dr Mads Gilbert, Professeur et Chef de clinique norvégien, présent à l’hôpital al-Shifa où il a participé à prendre en charge des milliers de victimes palestiniennes, a décrit une situation où “les Palestiniens sont traités comme des animaux. Enfermés, bombardés, affamés, privés des droits humains”. Cet homme qui avait grandi avec le récit dominant en Occident sur Israël, a découvert la réalité en allant sur place. Une des conclusions de son expérience était que “la solidarité est une arme puissante ».

    Notre histoire, celle d’un peuple marqué par la hogra et l’injustice, explique cette solidarité spontanée à l’égard du peuple palestinien. Dans ce combat inégal qu’ils mènent, les Palestiniens n’ont que leur volonté, leur courage, leur patience, leur disponibilité au sacrifice. Nous, à défaut de pouvoir les soutenir de manière plus concrète, nous pouvons, nous devons leur exprimer notre attachement fraternel et notre respect pour leur combat, un combat qui a été, et qui demeure le nôtre.

    Les Palestiniens, hommes, femmes et enfants, sont aujourd’hui en première ligne du combat universel pour la dignité humaine. Aujourd’hui ils incarnent au mieux le propos de Nelson Mandela: “ Un être humain, c’est un être de lumière libre, qui se fait braise quand il tombe, qui se fait incendie quand il se relève”.

    24hDZ, 12 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, Palestine, oppression coloniale, guerre de libération, colonisation, résistance, Ghaza, Al Qods, Jérusalem, Israël, sionisme,

  • France/ Intégrisme d’extrême droite

    par Abdou BENABBOU

    Une odeur de soufre de plus en plus prenante se dégage au nord de la mer Méditerranée. A la sortie de la tanière de la vingtaine de généraux français en retraite a surgi ces dernières heures une nouvelle pétition attribuée à un fantomatique conglomérat de militaires d’active appelant à l’insurrection. La revue Valeurs actuelles, porte-parole attitrée de l’extrême droite française a ouvert les vannes à la veille des élections présidentielles pour glorifier les activismes qui réclament l’insoumission. Il était inutile d’aller chercher à dévoiler la consistance des signataires de la pétition et celle de la nature de leurs faces tant il est certain que l’extrême droite française n’a qu’un seul visage.

    Ce qui est voulu comme un événement n’est pas une salade politique franco-française car les enjeux électoraux dans ce pays voisin en ce moment se focalisent essentiellement sur la religion musulmane et par conséquent sur les musulmans. Le haro scandé de plus en plus avec force, alimenté par des amalgames non dépourvus d’hypocrisie de la totalité de la classe politique française, à quelques exceptions près, se déchaîne d’abord sans ménagement contre les plus de 4,5 millions de ressortissants d’origine maghrébine pour la plupart de religion musulmane.

    La victoire aux présidentielles prochaines du parti du Rassemblement national est de plus en plus supposée. Ses lignes politiques directrices sont connues. Elles ne sont pas loin de l’esprit hitlérien qui a mené le monde à la catastrophe. On n’en est pas encore là aujourd’hui. Mais quand on entend de la bouche de l’intégrisme droitier, de surcroît inscrit dans son programme, qu’il faille que les immigrés soient déportés vers leurs pays d’origine, un futur sombre n’est pas à écarter.

    Dans son long parcours, l’Histoire a souvent démontré que la nationalité acquise n’est pas toujours une protection et une garantie. Quand des politiques parviennent aux portes du pouvoir absolu et brandissent prétendument l’argument du danger menaçant leur civilisation, aucune frontière ni limite n’obstruent les actions de pure folie. En filigrane, il est dit et répété par les officiels comme par ceux qui lorgnent sur le pouvoir que la guerre des religions est déclarée.

    Aux graves remous qui secouent actuellement la France, les pays du Maghreb et particulièrement l’Algérie dont une bonne proportion de ses enfants vit en France ne peuvent être insensibles.

    Le Quotidien d’Oran, 12 mai 2021

    Etiquettes : France, extrême droite, Les Républicains, Rassemblement National, extrémisme, intégrisme, généraux français, pétition, Valeurs actuelles,

  • Palestine/ Le cautionnement des traîtres

    Les sionistes se déchaînent. Ils ne font plus de quartier et n’épargnent ni femmes ni enfants, ni vieux. La machine militaire israélienne écrase tout sur son passage et ne fait aucune distinction, tuant et emprisonnant à tour de bras dans différentes régions de la Palestine martyrisée.

    Depuis prés d’un mois, les Palestiniens vivent le calvaire. Un calvaire qui s’est décuplé ces deux dernières semaines où les colons juifs et l’armée israélienne perpètrent tous les crimes à Jérusalem et à Ghaza. Le nombre de morts et de blessés ne cesse de s’allonger chaque jour davantage. Face à cela, le silence de la fameuse communauté internationale est étourdissant. Les plus hardis parlent et appellent à une retenue, mettant à égalité bourreau et victime, d’autres comme les Américains, font carrément l’impasse sur les atrocités israéliennes et se précipitent pour condamner les tirs de roquettes lancés par le Hamas.

    Des roquettes aveugles qui au mieux peuvent apeurés d’hypocrites sionistes, mais font rarement ou pas du tout de victimes. Alors qu’en face la machine militaire israélienne a déjà tué prés de 30 personnes, dont une majorité d’enfants palestiniens, sans que ces crimes ne soient condamnés par les bien pensants du monde d’aujourd’hui. A croire que nos vies nous les Arabes ne valent rien, alors qu’un léger blessé sioniste émeut toute la planète et les grands de ce monde.

    Une injustice qui condamne en réalité la cause palestinienne et qui indique clairement que la politique des deux poids deux mesures accompagnera tout le temps ce conflit qui dure depuis plus de 70 ans. Mais comment peut-il en être autrement, quand les Arabes eux-mêmes, sont les premiers à tourner le dos aux Palestiniens. Comment peut il en être autrement quand des traîtres au Bahreïn, aux Emirats ou au Maroc vont faire la courbette aux sionistes et leur donner la caution morale pour tuer les Palestiniens sans aucune distinction ni retenue.

    Comment peut il en être autrement quand un roi comme celui du Maroc s’enorgueillit de compter Israël parmi ses alliés, alors qu’il se prétend « Amir el Mouaminine » et président du Comité d’Al Qods, ville éternelle qu’il a salie de son nom et de sa présidence. Ce sont ces énergumènes là qui ont permis à Netanyahu de tout se permette, car il jouit du cautionnement de ces traites arabes avant de jouir du cautionnement des Américains ou des Européens.
    Mais oseront-ils ces vendus changer de politiques et de positions en arrêtant la normalisation de leur relation avec les sionistes ? Non ils ne le feront pas, car ils ont choisi leur camp et vendu leurs âmes au diable. Un diable dont ils espèrent protection et alliance dans leur conflit avec… leurs frères arabes et musulmans.

    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 12 mai 2021

    Etiquettes : Israël, Palestine, Al Qods, Jérusalem, Maroc, Emirats Arabes Unis, EAU, normalisation,

  • Algérie/En quoi l’ennemi n’est absolument pas commun !

    par Malika Boussouf

    Rester vigilant et ne rien négliger de ce qui se prépare à notre insu. Comprendre à quoi s’intéresse un parlementaire qui interpelle sur l’urgence d’imposer l’usage de la langue arabe, y compris par des commerçants qui, souvent, usent de lettres latines pour s’exprimer dans leur langue maternelle, dans le langage local.

    Aujourd’hui, je me suis dit que je n’avais aucune envie de parler du Hirak ! De ce noble élan qui a poussé le pays tout entier à se soulever contre les calculs de Bouteflika, de sa garde rapprochée et de sa cour au sens large. Comme celui de garder le pouvoir et de veiller au bien-être de ses proches et des guignols qui servaient ses prétentions. Une camorra au pouvoir et un peuple tenu en laisse.

    Je n’avais pas plus envie de parler de Hirak infiltré par une mouvance islamiste qui ne cache pas ses ambitions et dont on devine aisément les intentions, même si elle fait mine d’avoir abandonné la violence qui la mine et porte son programme. On peut dire qu’elle a, en partie, réussi à tromper l’aile qui, au sein du même mouvement, affirme se battre pour faire triompher la démocratie.

    Depuis que les réponses aux questions qui embarrassent sont renvoyées aux calendes grecques et puisque lesdits démocrates défilent aux côtés de leurs supposés ennemis d’hier, voire bras dessus bras dessous avec ceux dont l’idéologie commande les meurtres commis au nom d’Allah, les Algériens qui refusent de se laisser embrigader par ces derniers passent pour d’ignobles suppôts du système en place.

    Ainsi, les uns savent à quels appels ils répondent quand les autres font mine de ne déceler aucune menace dans leurs slogans, convaincus qu’ils sont que l’avenir du pays et des Algériens appellerait à l’union de tous contre un régime contestable et contesté. Pourtant, quand on démarre une marche par un «Allahou akbar», le doute n’est plus permis. Et je ne vais pas m’en accommoder sous le fallacieux prétexte qu’il faudrait faire bloc contre un ennemi commun. Parce que l’ennemi n’est absolument pas commun.

    Les islamistes ont une place de choix dans le système. Ils se sont, depuis longtemps, creusé un trou confortable au cœur de ce dernier.

    Le Soir d’Algérie,12 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, Hirak, islamistes, ennemi commun,

  • L’Algérie condamnée à avancer

    L’allégement des mesures de restrictions sanitaires a donné de l’air à ce Ramadhan qui vient de s’achever, ce qui a eu pour effet d’animer sensiblement nos cités, de raccommoder quelque peu le tissu social à travers des actions de solidarité et, pour les entreprises de production, les commerces et les services, de renouer avec le business et se refaire une santé financière mise à rude épreuve par la pandémie. L’Algérie n’est cependant pas encore sortie de l’auberge et cet aspect positif ne doit pas faire illusion. Comment ne pas relever l’augmentation honteuse et généralisée des prix des fruits et légumes et des viandes, les tensions sur des produits de large consommation comme le lait et l’huile de table, la cherté des produits d’habillements… Importée ou de fabrication locale, l’inflation a saigné à blanc les ménages devant l’impuissance du gouvernement à implémenter une quelconque solution. Même le fameux dispositif Syrpalac s’est révélé cette fois totalement inefficace à enrayer le prix haussier de la pomme de terre ou ramener sur terre celui du poulet. Rien de surprenant donc que les premiers soubresauts sociaux se soient manifestés, à travers notamment les grèves des corps de la Protection civile et de l’éducation nationale qui revendiquent une revalorisation conséquente de leurs salaires.

    Si les candidatures, heureuses ou malheureuses, partisanes ou indépendantes, n’ont pas manqué pour les prochaines élections législatives, ressuscitant quelque peu une scène politique ravagée par les derniers événements politiques qui ont secoué le pays, le doute reste toutefois permis sur leur capacité à mobiliser l’opinion. Plus que jamais, en effet, le plus ardu sera de convaincre les citoyens d’aller mettre un bulletin de vote dans l’urne. Dans tous les cas, l’Algérie est condamnée à avancer, quels que soient les obstacles et difficultés, et conduire les réformes nécessaires pour remettre le pays sur rails. C’est la seule alternative pour le sortir de l’économie de rente, source de toutes les crises, et l’engager sur une voie de développement plus saine à même d’offrir des perspectives à une jeunesse assoiffée de vivre mais aussi si désireuse de contribuer, par sa compétence et sa créativité, à l’épanouissement de sa patrie.

    Horizons, 11 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, Hirak, élections législatives,

  • En France, les médias « mainstream » sont-ils un outil de diplomatie publique ? (Analyse)

    – La différence entre la diplomatie publique et la diplomatie classique est qu’elle s’adresse directement aux peuples, et non aux États, ce qui peut également être évalué dans le contexte des activités de propagande des temps anciens

    AA / Istanbul / Akin Özçer

    « Les grands médias sont-ils un outil de diplomatie publique en France? » Il n’est pas facile de répondre à cette question sans avoir d’informations concrètes sur les relations entre les médias et les organisations gouvernementales.

    Tout d’abord, il convient de noter que le terme” diplomatie publique  » a été utilisé pour la première fois en 1965 par l’ancien diplomate Edmund Gullion, doyen de la Fletcher School of Law and diplomacy de Boston. Le terme a ensuite été adopté par l’Agence d’information des États-Unis (USIA) pour décrire sa mission, et a été brièvement défini comme “dire la politique étrangère américaine aux peuples étrangers directement dans leur propre langue ou par l’intermédiaire d’élites diplômées des universités américaines.”

    La différence entre la diplomatie publique et la diplomatie classique est qu’elle s’adresse directement aux peuples, et non aux États, ce qui peut également être évalué dans le contexte des activités de propagande des temps anciens.

    « Bien que les représentants de l’État, à l’instar de Macron, aient gardé leur distance entre les YPG et le PKK et aient fait quelques maigres affirmations selon lesquelles le PKK est une organisation terroriste, une telle distinction n’est pas faite dans les colonnes des grands médias. « 

    Selon une étude intitulée “La Diplomatie publique: un nouveau sujet? menée par Christian Lequesne, directeur du Centre d’Études et de Recherches Internationales (CERI) de l’Université de Sciences Po, le Ministère français des Affaires étrangères a utilisé le terme pour la première fois en 2010 à l’occasion du Printemps arabe.

    Lequesne souligne que la diplomatie publique a quatre fonctions principales et les énumère comme suit: informer directement le public de la position officielle de l’État sur diverses questions; persuader les représentants des médias, y compris les étrangers, sur ces questions; et fournir les mêmes informations par le biais des réseaux sociaux; enfin, diffuser des informations ou de la propagande similaires à travers des instituts et des programmes d’échange culturel. Tout cela, comme le souligne Lequesne, n’est pas un travail très nouveau à la base; le Quai d’Orsay(ministère français des Affaires étrangères) mène déjà un travail similaire sur les représentants des médias étrangers depuis un siècle.

     » Il existe des parallèles entre les préférences de la France en matière de politique étrangère et les critiques des grands médias. »

    Il est à noter que la diplomatie publique, du moins comme on l’observe, a une autre fonction (en plus du travail de propagande mené directement auprès des peuples étrangers ou à travers les médias). Il s’agit d’adopter la position officielle de l’État français sur diverses questions à son propre peuple à travers ses propres médias.

    On comprend cela, par exemple, à partir des positions prises par les gouvernements d’Emmanuel Macron à l’égard de la Turquie sur diverses questions, épousant les analyses et commentaires des médias sur ces questions, et leur soutien par ricochet. En d’autres termes, il existe des parallèles entre les préférences de l’État en matière de politique étrangère et les critiques des grands médias. Ces parallèles semblent exister même lorsque les préférences en matière de politique étrangère sont incompatibles avec les valeurs démocratiques et les libertés et droits fondamentaux de l’homme.

     » Étant donné que les grands médias font appel aux masses publiques ordinaires, il convient de souligner que l’objectif ici est de graver l’hostilité anti-Turquie et turque en France. »

     » Parallèles entre les politiques gouvernementales « 

    Le plus notable des parallèles avec la Turquie est l’expression “nos alliés” exprimée par rapport au PYD/YPG, la branche syrienne de l’organisation terroriste PKK.

    Comme nous le rappelons à chaque fois, l’ancien président français François Hollande a utilisé l’expression “nos propres alliés” pour désigner les YPG lors de l’opération turque en Syrie « Rameau d’olivier ». Cette approche a également été maintenue pendant l’ère Macron; il n’y a aucune affirmation dans les grands médias selon laquelle les YPG sont une branche du PKK, donc une organisation terroriste. Parfois, il est juste mentionné que la Turquie a une telle revendication. Pour les YPG, les expressions” Forces démocratiques syriennes “et” Kurdes syriens » sont utilisées.

    Bien que les représentants de l’État, à l’instar de Macron, aient gardé leur distance avec les YPG et le PKK et aient fait quelques maigres affirmations selon lesquelles le PKK est une organisation terroriste, une telle distinction n’est pas faite dans les colonnes des grands médias.

    En outre, la connexion et la relation entre le HDP et le PKK sont souvent ignorées. Il est souligné que le HDP est un parti politique « pro-kurde » ou même un deuxième parti d’opposition, ce qui donne l’impression qu’il représente tous les Kurdes de Turquie, et de facto est un parti fort. Dans ce contexte, la levée de l’immunité de certains députés du HDP ou la révocation de maires pour être jugés pour terrorisme est présentée comme irrespectueuse de la volonté des électeurs et, bien sûr, est écrite sous le titre de manque de démocratie en Turquie.

    Bien que les représentants de l’État restent silencieux, les grands médias décrivent même les poursuites et le renvoi des personnes liées à l’organisation terroriste comme une opération de “nettoyage” majeure contre les dissidents, sans parler du soutien à la lutte de la Turquie contre l’organisation FETO. En dissimulant la tentative de coup d’État du 15 juillet entre les lignes, il exonère le réseau d’espionnage du coup d’État et place cette lutte sous le prisme des lacunes démocratiques de la Turquie.

    Bien sûr, il existe des lacunes de la démocratie turque et des problèmes que le gouvernement ne parvient pas à bien gérer. Mais les grands médias français ne critiquent pas la Turquie sur ces points; ils préfèrent plutôt se faufiler à travers deux piliers de la lutte contre le terrorisme, qui est vital pour sa souveraineté et son indépendance. Considérant que les deux organisations terroristes en question sont sous l’aile des États-Unis, on peut dire que ce soutien achève en réalité le combat d’Ankara en Arménie, en Méditerranée orientale, à Chypre, en Libye et les questions égéennes.

    Au sujet de ces problèmes, les grands médias français ne se contentent pas de véhiculer les déclarations des autorités officielles, mais font également des analyses et des commentaires extrêmement troublants qui justifient les thèses des camps opposés, suggérant que la Turquie mène des politiques “expansionnistes” dans sa région.

     » Pourquoi l’opinion publique française est-elle dirigée contre la Turquie? « 

    Le point commun de l’approche des grands médias français sur les questions que nous avons évoquées ci-dessus est que la Turquie s’oppose aux positions vitales pour nos intérêts nationaux, réalisées avec le gouvernement. Étant donné que les grands médias font appel à des masses publiques ordinaires, il convient de souligner que le but ici est de graver dans la mémoire l’hostilité anti-turque et turque en France. Il s’agit sans aucun doute d’une évolution en relation avec le positionnement politique selon lequel, après la chute de l’URSS, l’ennemi commun de l’Occident est maintenant l’Islam, reflété en France dans la période post 11 septembre (2001).

    Bien qu’il y ait aussi ceux qui attribuent cela au réflexe de Macron de freiner Marine Le Pen, la dirigeante du Parti du Rassemblement National (RN), dont la côte ne cesse de grimper comme candidate favorite aux élections de 2022. Mais il n’est pas facile d’évaluer les incommensurables déclarations de Macron visant les Turcs en France à travers l’Organisation de l’Union turco-islamique pour les affaires religieuses (DITIB), qu’ils considérait comme une garantie de laïcité dans les périodes précédentes. Pour en revenir à la question que nous avons soulevée dans le titre, nous n’avons pas de données concrètes selon lesquelles l’État français (profond) utilise les grands médias comme un outil pour produire de l ‘ “influence” à l’intérieur et à l’extérieur du pays, à l’exception des parallèles que nous avons cités ci-dessus. Mais comme on peut le constater, les grands médias suivent une ligne qui est très cohérente avec les politiques officielles de l’État sur de nombreuses questions liées à la Turquie. Il n’est certainement pas possible de répondre à cela naturellement.

    Agence Anadolou, 06 mai 2021

    Etiquettes : France, presse mainstream, diplomatie publique, propagande, Emmanuel Macron, Turquie, Turcs, Organisation de l’Union turco-islamique pour les affaires religieuses,

  • Maroc : L’« accord du siècle », la mésaventure du roi Mohammed VI

    Aziz Chahir

    Quelques mois après l’adhésion du Maroc à l’accord de Trump, la diplomatie marocaine commence déjà à déchanter face à un recalibrage de la politique étrangère de la part de Biden et une diplomatie disruptive menée par Netanyahou

    Le 21 avril, une réunion du conseil de sécurité de l’ONU a sonné le glas de la diplomatie marocaine.

    Lors des interventions, les États-Unis n’ont pas abordé la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental – la révision de leur politique sur le dossier est toujours à l’étude – attribuée fin 2020 par l’ex-président Donald Trump.

    Alors que la propagande officielle du Maroc fanfaronnait encore autour d’une « victoire diplomatique historique du royaume », les États-Unis ont appelé les protagonistes à « éviter l’escalade » du conflit dans la région, à afficher « une attitude constructive sur le terrain avec la mission de la paix de l’ONU », la MINURSO, et à accélérer les démarches pour la nomination d’un nouvel émissaire onusien « afin de relancer dès que possible le processus politique bloqué ».

    Une douche froide pour le régime de Mohammed VI, qui a appris que l’engagement précipité dans l’« accord du siècle » de Trump coûterait cher à son pays en pleine crise politique et économique.

    L’histoire remonte au jeudi 10 décembre 2020 : le président américain faisait savoir qu’il avait signé une proclamation reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole que se disputent les Marocains et les indépendantistes du Polisario, soutenus par l’Algérie.

    En contrepartie, le royaume, qui entretient, depuis toujours d’ailleurs, un contact permanent avec Tel Aviv, décidait de « normaliser » ses relations avec Israël, après les avoir rompues en 2000, à la suite du déclenchement de la deuxième Intifada.

    Dans les coulisses, cela faisait quelques mois déjà que les médias israéliens avaient révélé que le Maroc et Israël menaient des négociations secrètes que la diplomatie marocaine s’était d’ailleurs vite empressée de démentir, laissant ainsi croire que le roi Mohammed VI, en sa qualité de président du Comité al-Qods, émanant de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), n’allait pas oser mettre la cause palestinienne dans la balance afin de négocier en échange la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara occidental.

    La « solution à deux États » aux oubliettes ?
    Mais le souverain marocain a cédé à la pression monstrueuse, exercée notamment par Donald Trump, sur les chefs d’États arabes afin qu’ils adhèrent à son « accord du siècle ».

    À quelques semaines de son départ, le président américain a ainsi réussi à faire flancher la position plutôt mitigée et évasive du « commandeur des croyants » sur la question de la normalisation avec Israël.

    Après le Soudan, Bahreïn et les Émirats arabes unis (EAU), le Maroc s’est engagé précipitamment dans un accord à haut risque que les responsables marocains et israéliens qualifient, malgré tout, d’« historique ».

    Quelques mois après l’annonce de l’accord conclu entre Trump, Netanyahou et Mohammed VI, l’heure est maintenant au bilan.

    Une analyse à froid de la situation révèle que derrière les bénéfices de la « normalisation » avec Israël, notamment économiques et sécuritaires – en tous cas tels qu’ils sont martelés par la propagande officielle –, se cachent inéluctablement des risques non négligeables qui menacent à terme l’avenir de la politique étrangère du royaume.

    Tout d’abord, il n’est pas exagéré d’avancer que la diplomatie marocaine s’est engagée hâtivement dans un processus de normalisation/rétablissement des relations avec Israël à un moment où l’« accord du siècle » du président Trump avait du plomb dans l’aile.

    Aligné sur les positions du gouvernement israélien, le « nouveau plan de paix pour le Moyen-Orient », annoncé le 28 janvier 2020, a été immédiatement rejeté par les Palestiniens (Fatah et Hamas).

    Et pour cause, cet accord balaye d’un revers de main la solution à deux États, dans la mesure où, pour la première fois, un président américain reconnaît la souveraineté israélienne sur les colonies implantées en Cisjordanie occupée, niant le droit international.

    Par ailleurs, l’accord a remis en cause le statu quo concernant le contrôle de l’esplanade des Mosquées/mont du Temple, désormais octroyé aux Israéliens.

    En face de cette nouvelle donne politique, on aura certainement du mal à comprendre les promesses ainsi faites par le roi Mohammed VI à son homologue palestinien, Mahmoud Abbas, le 10 décembre 2020 : « Le Maroc œuvre pour la solution à deux États avec Jérusalem-Est comme capitale, en insistant sur le statut spécial de la ville [de Jérusalem] et sur le fait que l’action du Maroc pour consacrer sa marocanité ne se fera jamais au détriment du peuple palestinien » !

    Après le rétablissement des liens avec Israël, le président du Comité al-Qods aura certainement du mal à dissuader Israël de ne pas s’accaparer les lieux saints.

    Sur le plan symbolique, le leadership religieux proclamé par le monarque se trouve désormais réduit à peau de chagrin. Il n’a même pas daigné dénoncer, il y a à peine quelques jours, l’invasion de la mosquée al-Aqsa par une dizaine de colons, accompagnés par des policiers.

    À la place, c’est le Parti de la justice et du développement (PJD), parti d’obédience islamiste à la tête du gouvernement, qui a pris en charge la dénonciation de la « répression des Palestiniens sur les lieux saints par les autorités israéliennes ».

    Mieux, le PJD a appelé, par le biais de son Groupe d’action pour la Palestine (GAPP), créé en mars, à l’organisation, le lundi 27 avril, d’un sit-in devant le Parlement marocain en signe de solidarité avec le peuple palestinien. Une stratégie du régime visant à canaliser le mécontentement populaire parmi les Marocains, notamment ceux qui se sont opposés à la normalisation des relations du Maroc avec Israël.

    Diplomatie disruptive de Netanyahou
    C’est dire toutes les conséquences imprévisibles de l’« accord du siècle » sur la stabilité politique du régime, lequel est de plus en plus confronté à la pression israélienne, qui tend à accélérer le rétablissement total des relations diplomatiques avec le Maroc.

    Les premiers accords signés par Israël, respectivement le 13 août avec les Émirats arabes unis puis le 15 septembre 2020 avec Bahreïn, se sont concrétisés par l’établissement immédiat de relations diplomatiques pleines et entières.

    Fin octobre 2020, ce fut au tour du Soudan d’établir des relations diplomatiques avec Israël contre un prêt américain d’un milliard de dollars et une décision américaine de rayer le Soudan de la liste des pays terroristes.

    Le Maroc, qui a toujours entretenu des relations politiques et économiques avec Israël, n’a quant à lui pas adhéré aux accords d’Abraham, qui impliquent pour les signataires une défense coordonnée voire commune face à l’Iran.

    D’où justement l’ambivalence qui caractérise la position du régime marocain à l’égard de la normalisation avec Israël et la pression exercée par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, qui aspire à voir le roi Mohammed VI décider rapidement d’un rétablissement total des relations diplomatiques du Maroc avec Israël.

    La stratégie du régime marocain consiste vraisemblablement à limiter au maximum ses engagements officiels avec Israël de peur d’attiser davantage le mécontentement de « la rue », qui reproche au « commandeur des croyants » une certaine compromission avec Israël au détriment du peuple palestinien.

    Face à cette situation controversée, Israël va certainement intensifier la pression sur le Maroc dans le but de neutraliser le régime, l’empêchant ainsi d’influencer d’éventuelles négociations sur la question palestinienne, dont la résolution n’est plus considérée comme un préalable pour les pays arabes souhaitant établir des relations diplomatiques avec Israël.

    Dans cette nouvelle configuration, il semblerait que le Maroc ait perdu de son leadership en tant qu’interlocuteur privilégié des États-Unis et d’Israël sur la question palestinienne au profit des Émirats arabes unis et de Bahreïn.

    Le fait que le royaume puisse se prévaloir de relations historiques et amicales avec Israël, et que la monarchie ait accordé un intérêt particulier à la communauté des juifs marocains entre autres, ne suffit plus pour faire du Maroc un partenaire privilégié des États-Unis et d’Israël, comme c’est le cas des EAU.

    L’heure est désormais à l’action pragmatique et aux calculs froids des intérêts. La philosophie derrière l’« accord du siècle » de Trump sous-tend que la monarchie alaouite n’est plus considérée comme un acteur de premier plan du fait de son histoire, à l’instar, d’ailleurs, de la Jordanie.

    La marocanité du Sahara : un cadeau empoisonné
    La décision de Trump de reconnaître la marocanité du Sahara occidental (classé depuis 1963 « territoire non autonome » par les Nations unies) tente de rompre les rapports de force dans la région.

    Pour le royaume, cette manœuvre stratégique vient à point nommé pour renforcer la présence du régime dans le Sahara occidental, surtout après l’intervention des Forces armées royales dans la zone tampon d’El Guerguerat (à l’extrême sud du Sahara occidental), pour évincer les indépendantistes sahraouis.

    Soutenus par l’Algérie, ces derniers se sont déployés sur la scène politique internationale, espérant ainsi faire valoir leur droit à l’autodétermination et contrer, par-là même, la proposition marocaine de l’« autonomie élargie ».

    Pris de court par les manœuvres du Maroc et ses alliés, les généraux algériens ont essayé de peser de tout leur poids sur la communauté internationale afin de faire avorter toute tentative visant à consolider le leadership du Maroc dans la région.

    De son côté, le régime marocain s’est réjoui de l’ouverture de plusieurs consulats de pays africains au Maroc, notamment à Laâyoune et à Dakhla.

    Mais c’était sans compter la pugnacité du régime militaire algérien, qui tente d’endiguer l’influence du royaume dans la région du Sahara occidental et même au-delà, dans l’Afrique subsaharienne notamment.

    La diplomatie algérienne a commencé par faire pression sur la Mauritanie afin qu’elle rompe ses relations diplomatiques avec le Maroc. Alger n’a eu de cesse de multiplier les rencontres politiques avec les hauts responsables mauritaniens. Ces échanges ont abouti le 1er avril à la signature d’un protocole stratégique d’entente visant à renforcer la coopération économique et sécuritaire entre les deux pays.

    L’objectif à terme des généraux algériens est de contribuer à l’isolement régional du royaume à un moment où les relations bilatérales entre Rabat et Madrid sont envenimées, notamment à cause de la fermeture des frontières marocaines avec Ceuta et Melilla.

    Depuis que Rabat a décidé de rétablir ses relations avec Tel Aviv, l’Algérie tente sans relâche de discréditer le royaume aux yeux de ses voisins dans la région, les incitant ainsi à rompre leurs relations avec Rabat, dans la perspective d’espérer ainsi pouvoir l’évincer de l’Union du Maghreb arabe (UMA).

    Le régime algérien s’est massivement déployé sur la scène internationale pour défendre la position du Front Polisario.

    Fin avril, Alger est même intervenu auprès de Madrid pour venir en aide au chef du Front Polisario. Les autorités algériennes ont demandé à l’Espagne d’assurer l’hospitalisation de Brahim Ghali, apparemment atteint de COVID-19. Le Maroc a enragé et décidé de convoquer l’ambassadeur espagnol à Rabat pour exprimer son « exaspération ».

    Les déclarations de la diplomatie espagnole, qui se voulaient plutôt rassurantes, attestant d’une coopération historique entre Rabat et Madrid, n’ont pas servi à désamorcer les tensions qui perdurent, notamment à cause du phénomène de la migration irrégulière.

    Tout récemment, les tensions sont montées d’un cran entre la ministre espagnole des Affaires étrangères et le chef de la diplomatie marocaine. La fébrilité de Nasser Bourita à travers son discours plutôt menaçant à l’égard d’une puissance européenne dénote indéniablement l’impasse dans laquelle se trouve le régime de Mohammed VI.

    Après le gel des relations diplomatiques avec l’Allemagne, le royaume subit les foudres politiques de Madrid, annonçant vraisemblablement une neutralité masquée de l’Union européenne vis-à-vis de l’initiative de l’ex-président américain Donald Trump (la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental).

    Macron dans le jeu de l’« équilibriste »
    À l’heure où les négociations quadripartites impliquant le Maroc, le Polisario, l’Algérie et la Mauritanie sont au point mort depuis la démission du dernier émissaire de l’ONU Horst Köhler en mai 2019, les ingrédients d’un conflit militaire sont réunis, surtout après la reprise des hostilités entre les protagonistes et l’escalade éventuelle de la violence, à en juger par l’élimination confirmée, début avril, du « gendarme en chef » du Polisario, Addah al-Bendir, probablement par un drone des Forces armées royales.

    Face à une telle situation chaotique, les Européens pourraient saisir l’occasion pour intervenir sur le terrain diplomatique afin d’accélérer la nomination d’un nouvel émissaire de l’ONU et mettre les protagonistes autour de la table des négociations.

    À cet égard, la France semble avoir les cartes en main pour endiguer toute polarisation du conflit saharien dans une région caractérisée par la montée de la radicalisation et l’existence inquiétante de groupuscules terroristes, notamment dans le Sahel.

    Le président Macron, fidèle à sa « diplomatie du pragmatisme », pourrait maintenir un équilibre fragile dans les rapports de force entre les protagonistes. La prudence légitime affichée par la diplomatie française sur le dossier du Sahara occidental et surtout sa décision de ne pas ouvrir, du moins pour le moment, un consulat dans la région semblent cadrer avec une « diplomatie de pondération » qui tend à apaiser les tensions entre les voisins maghrébins.

    Et c’est justement là que réside le défi à relever pour la France en vue de trouver une formule politique pragmatique susceptible d’éviter la montée des tensions entre le Maroc et l’Algérie. Ce qui permettrait à Paris de revigorer à terme son leadership au sein de l’Union européenne et, bien au-delà, face à l’hégémonie américaine.

    Du côté israélien, le Premier ministre Benyamin Netanyahou reste fidèle à sa diplomatie disruptive qui tend à déstabiliser les chefs d’État arabes pour qu’ils établissent rapidement des relations diplomatiques avec Israël.

    Et pour accélérer la manœuvre, les Israéliens font miroiter aux régimes autoritaires arabes des aides financières, technologiques et surtout sécuritaires à un moment où les pays arabes sont déchirés par les conflits militaires, les crises économiques et la recrudescence des protestations populaires post-Printemps arabe.

    Conscient des risques d’implosion qui guettent les pays arabes, Netanyahou a même offert au roi Mohammed VI l’adhésion du Maroc à un pacte de non-agression entre pays arabes et Israël. Mieux, le Premier ministre israélien compte sous peu mettre en place des vols directs entre les deux pays et a même invité le roi à visiter Israël.

    Mais le monarque n’a pas encore décidé d’envoyer de délégation politique en Israël, se contentant de déclarer que son pays allait « reprendre les contacts officiels […] et les relations diplomatiques dans les meilleurs délais ». Une stratégie visant à imprimer le temps politique et à canaliser une opinion publique en partie acquise à la cause palestinienne.

    Face aux gesticulations de la diplomatie marocaine, l’Europe semble vouloir revenir au statu quo qui a longtemps marqué le conflit saharien.

    Après des relations tumultueuses entre Rabat et l’ex-envoyé spécial au Sahara occidental, l’Allemand Horst Köhler, la décision des autorités marocaines de geler toute coopération avec l’Allemagne, le refus de Madrid de céder à la pression de Rabat après l’hospitalisation du chef du Polisario en Espagne et la tentative de la France de maintenir une certaine neutralité vis-à-vis de ses alliés traditionnels dans la région, le régime marocain se retrouve acculé à sortir de sa torpeur en cédant davantage à la pression diplomatique sans relâche des Israéliens.

    En pleine compétition diplomatique acharnée, le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita était, le 6 mai, l’invité de l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), puissant lobby juif aux États-Unis.

    C’est dire aussi combien l’« accord du siècle » constitue un échec cuisant pour ses partisans et surtout une mésaventure pour le roi Mohammed VI.

    Middle East Eye, 07 mai 2021

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