Catégorie : Sahara Occidental

  • Oxfam appelle à la reprise des pourparlers de paix au Sahara

    Oxfam appelle à la reprise des pourparlers de paix au Sahara

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, ONU, Staffan de Mistura, OXFAM – Oxfam appelle à la reprise des pourparlers de paix au Sahara

    Le 13 novembre 2020, le cessez-le-feu de 29 ans entre le mouvement de libération Polisario et le Maroc, occupant le Sahara occidental, a été rompu. Oxfam dénonce la récente escalade et craint des conséquences dévastatrices pour le peuple sahraoui. L’ONU doit reprendre pleinement son rôle de médiation.

    La nomination de Staffan de Mistura comme nouvel envoyé de l’ONU était attendue depuis longtemps, mais est néanmoins une décision bienvenue, selon Oxfam. L’organisation appelle la communauté internationale à soutenir les pourparlers de paix dirigés par l’ONU.

    L’ extension du mandat de l’ONU à la MINURSO (Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental) pour organiser un référendum est également un pas dans la bonne direction.

    L’organisation internationale Oxfam est active en Algérie depuis 1975 pour les réfugiés sahraouis, les premiers habitants du Sahara occidental.

    Sur les plus de 173 000 réfugiés, 94 pour cent dépendent entièrement de l’aide humanitaire pour la nourriture, l’eau et le logement, selon le rapport de recherche 2018 du Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM). Seulement 12 pour cent des familles ont la sécurité alimentaire.

    Oxfam rappelle que les Sahraouis sont abandonnés depuis plus de 45 ans. « C’est un moment critique pour la communauté internationale de se rallier aux réfugiés sahraouis.

    DeWereldMorgen, 16/11/2021

    #Sahara_Occidental #Maroc #Front_Polisario

  • Maroc: Le Conseil de l’Europe fait appel de la décision du TGUE

    Tags : Maroc, UE, Sahara Occidental – Maroc: Le Conseil de l’Europe fait appel de la décision du TGUE

    Le Conseil de l’Europe a fait appel d’un arrêt de la Cour européenne de justice du 29 septembre dernier. Le Maroc a également annoncé précédemment qu’il le ferait.

    La décision a statué que l’Union européenne et le Maroc devraient à nouveau discuter des importations en provenance du Sahara Occidental . Il y a eu beaucoup à faire depuis des années.

    L’organisation faîtière espagnole Fepex a salué la décision du Conseil. Ils pensent qu’il s’agit d’une décision « attendue » et soulignent que peu de temps après les réactions de la Commission européenne et de l’Espagne au maintien du statu quo actuel.

    Les Espagnols dénoncent cela, car ils estiment qu’il existe une concurrence déloyale due à une augmentation significative des importations en provenance du Maroc.

    Groentennieuws, 17/11/2021

    #Maroc #UE #Accords_commerciaux #Sahara_Occidental #Front_Polisario

  • Sultana raconte le terrible sort que lui inflige le Maroc

    Sultana raconte le terrible sort que lui inflige le Maroc

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Sultana Khaya – Sultana raconte le terrible sort que lui inflige le Maroc

    ALGER- La militante et figure de proue du combat du peuple sahraoui pour son indépendance, Sultana Sid Brahim Khaya, boucle vendredi une année depuis qu’elle est assignée, elle et sa famille, à résidence surveillée par l’occupant marocain, au cours de laquelle elle a subi toutes sortes de sévices psychologiques et physiques et plusieurs tentatives de liquidation.

    Dans son témoignage à l’APS, la militante infatigable des droits de l’Homme et farouche opposante à la politique du fait accompli suivie par le Maroc dans les territoires sahraouis occupés, a fait part de quelques séquences de son vécu sombre fait de brutalité, de terreur, de torture et d’intimidations quotidiennes de la part des forces de sécurité marocaines, dans l’indifférence la plus totale de l’ONU et des ONG de défense des droits de l’Homme, maintes fois sollicitées, vainement, pour intervenir et mettre fin à sa souffrance et celle de son peuple.

    Elle a raconté, dans ce contexte, que « les forces de sécurité marocaines ont eu recours, le long de son assignation à résidence surveillée, à toutes formes de violence et de terreur qui existent afin de la tétaniser, elle et sa famille, à l’image des descentes nocturnes et à l’aube à son domicile familial à Boujdour occupée », soulignant que « la pire violence qu’elle a endurée, est peut-être celle de son viol devant (sa) maman, gravement malade et âgée de 85 ans ».

    Poursuivant son témoignage, les larmes aux yeux, Sultana Khaya a indiqué que la dernière descente des forces de sécurité marocaines à son domicile « a été simplement cauchemardesque ».

    « Après avoir pris d’assaut notre maison, en se faufilant à travers une maison voisine, la police d’occupation, cagoulée, a pillé tous nos biens, défoncé des portes et abîmé tous les aliments avant de me battre moi et mes soeurs et de nous violer devant les yeux de ma mère gravement malade », a-t-elle raconté, notant que ce n’est pas la première fois qu’elles subissent un tel sort.

    Sultana Khaya a indiqué qu’outre la torture et les violences physiques et psychologiques qu’elle a subies, elle a fait l’objet « de plusieurs tentatives de liquidation physique de la part des voyous de la police marocaine à travers parfois l’étranglement ou l’injection d’un liquide inconnu ou en la ciblant par une substance dangereuse ».

    « On m’a également transmis le Covid-19 et empêchée de me soigner, sans parler des objets immondes et nauséabonds qu’ils jetaient dans la maison », faisant observer que « ces pratiques étaient conçues dans le but d’apeurer la famille ».

    Faisant observer que son sort est dû à ses positions inébranlables et à sa défense indéfectible pour le droit légitime des Sahraouis à l’indépendance, Sultana Khaya a assuré que « le peuple sahraoui ne reculera pas devant son droit légitime de bâtir la République arabe sahraouie démocratique sur l’ensemble de ses terres, même si cela lui coûtera la vie », estimant que « la honte poursuivra le Maroc et marquera son histoire à jamais ».

    L’icône de la cause sahraouie a appelé enfin « tous les peuples du monde épris de liberté et de paix à intervenir pour protéger le peuple sahraoui qui souffre sous le joug de l’occupation marocaine » »Nous sommes en danger, sauvez-nous », a-t-elle alerté.

    APS

    #Sahara_Occidental #Maroc #Front_Polisario #Sultana_Khaya

  • Accords UE-Maroc : Lutte informationnelle

    Tags: Sahara Occidental, Maroc, UE – Accords UE-Maroc : Lutte informationnelle

    La Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) a annulé le 29 septembre 2021 deux accords commerciaux de libre-échange entre le Maroc et l’Union Européenne, et ce, après un recours du Front Polisario.

    Le premier accord concernait l’octroi du préférences tarifaire accordé aux produits marocains par l’Union Européenne. Le deuxième accord portait sur la mise en place d’un partenariat de pêche permettant aux pêcheurs de pays de l’Union Européenne, comme l’Espagne par exemple, de pêcher dans les « eaux marocaines ». L’emplois de guillemets concernant les eaux marocaines s’avère indispensable, compte tenu du contexte politique marocain au regard de la situation actuelle au Sahara occidental.

    Contexte historique.

    Depuis 1975, le Sahara occidental est l’objet d’une guerre ouverte entre le royaume du Maroc et la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), dont le Front Polisario en est l’organe politico-militaire indépendantiste. Si un cessez-le-feu a été conclu en 1991, ce dernier n’a jamais « fonctionné » tant est si bien que la mission de l’Organisation des Nations Unies (ONU) n’a cessé d’aligner les échecs pour tenter d’opérer une possible entente entre les belligérants.

    Actuellement, le royaume marocain reste campé sur ses positions depuis 2004 : à savoir une autonomie relative du Sahara occidental qui serait un « vassal » du royaume. Cette idée a de tout temps été rejeté par la RASD et le Front Polisario dont l’objectif ultime reste le principe d’autodétermination par référendum qui est le corolaire du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes tel que le droit international l’a conceptualisé depuis 1945.

    Les enjeux d’une telle décision.

    Cette décision de la CJUE sur la légalité des accords passés entre la Commission Européenne et le Royaume du Maroc présente des conséquences non négligeables.

    D’une part, cette décision légitimise l’appartenance du Sahara occidental au Front Polisario et d’autre part, remet en question la légitimité de Rabat à pouvoir disposer des ressources du dit territoire dans le but de les inclure dans un accord commercial dont les bénéfices reviendraient directement au Royaume du Maroc. Enfin, cette décision renforce la crédibilité de la RASD dans sa quête de reconnaissance comme entité politique auprès de la scène internationale.

    Toutefois, au-delà des conséquences politico-économiques, il est intéressant de s’interroger sur les stratégies de communication mise en place entre les deux protagonistes afin de défendre leurs intérêts. Ces stratégies de communication et d’influence doivent être incluses dans des conflits de guerre informationnelle.

    Une lutte informationnelle du Front Polisario reposant sur la victimisation

    Il convient de préciser que le Royaume du Maroc et l’Union Européenne sont en partenariat commercial depuis les années 2000.

    Cette précision est fondamentale pour comprendre la stratégie informationnelle du Front Polisario. En effet, si l’on en croit les propos de l’avocat représentant les intérêts de la RASD, Maître Gilles Devers, le Front Polisario n’a de cesse de dénoncer « le pillage des ressources naturelles » du Sahara occidental par le Maroc à travers « l’agriculture, le phosphate, la pêche et le tourisme ». L’emploi du mot « pillage » accentue l’image d’un royaume marocain colonisateur et pratiquant une prédation économique sur un territoire qui ne relèverait pas de sa souveraineté.

    Cette dénonciation constante, qui est renforcée, par l’annulation des accords a pour but d’isoler le Maroc sur la scène européenne en jouant sur les tensions actuelles qu’entretien le royaume avec certains pays comme l’Allemagne et l’Espagne. Utilisant le concours d’ONG, comme Western Sahara Resource Watch (WSRW), le Front Polisario veut également pousser les entreprises parties prenantes aux accords commerciaux à se retirer. C’est ainsi que l’entreprise allemande Continental n’a pas renouvelé son contrat d’exploitation de phosphate au Sahara occidental. De même pour l’entreprise suédoise Epiroc qui fournissait des équipements miniers. La rhétorique de l’ONG WSRW est axée sur la même sémantique que celle du Front Polisario « Le Maroc n’a pas le droit d’exploiter la mine de phosphate sur les terres occupées. Ces ressources appartiennent au peuple sahraoui opprimé ».

    La volonté de cette ONG au service du Front Polisario est claire : diaboliser les acteurs qui participent à ce pillage de masse. La diabolisation entraîne de fait une dégradation de l’image d’une entreprise, or aujourd’hui le rapport de force entre une entreprise et une ONG se posant comme défenderesse d’une minorité est complètement inversée. L’émotion l’emporte sur tout et empêche tout débat. De plus l’image de l’entreprise colonisatrice peut être utilisée quand il s’agit d’une compagnie occidentale dans une région du Maghreb. Dans le cas de Continental l’entreprise est allée jusqu’à se justifier sur l’arrêt de sa participation dans une lettre adressée à l’ONG WSRW. L’inversion du rapport de force est totale.

    Stratégie informationnelle du Royaume du Maroc contre l’annulation des accords commerciaux.

    Grande perdante face à cette décision, la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) a décidé d’organiser une riposte médiatique que l’on pourrait qualifier d’une riposte de contre influence auprès de l’Union Européenne. En effet, si la décision d’annuler les accords commerciaux est actée, lesdits accords sont pour autant toujours en cours et la CJUE prévoit une cessation dans deux mois si le Royaume du Maroc ne fait pas appel de la décision. Vraisemblablement il y aura appel de la décision. Ce qui veut donc dire que le Maroc dispose d’un laps de temps relativement court pour convaincre les différentes entités européennes du bien fondé de cet accord contre les propos du Front Polisario.

    Cette lutte d’influence passerait par des campagnes de lobbyings visant à redorer l’image du Royaume qui ne doit pas être perçue comme une puissance colonisatrice pillant des ressources naturelles d’un « état souverain ». Mais cette démarche doit aussi convaincre que cet accord est bénéfique pour toutes les parties y compris le Front Polisario en suggérant que les retombées économiques seront notamment sources d’emplois pour les population locales. C’est la raison pour laquelle la CGEM a décidé de faire appel à la société française spécialiste en communication Open2Europe et a dépêché à Bruxelles Abir Lemseffer qui serait « Mme UE » concernant le volet médiatique.

    Toutefois, cette montée au front médiatique risque de se heurter à la réalité géopolitique du Maroc à l’égard de certains pays européens. Actuellement les ambassades de Rabat à Madrid, Berlin, Bruxelles et Paris restent sans ambassadeurs. De fait, le Royaume se trouve dans une situation stratégique complexe : comment délivrer un message aux acteurs qui pourraient faire évoluer la situation sans utiliser la voix diplomatique ? Certes, l’action de la CGEM peut inverser la situation mais sans une pression diplomatique cette action pourrait se trouver vaine face aux capacités du Front Polisario qui bénéficie de soutiens sur la scène internationale pour porter ses revendications.

    Achille Wagner,
    Etudiant de la 25ème promotion SIE

    EGE, 17/11/2021

    #Sahara_Occidental #Maroc #UE #Accords_commerciaux #Front_Polisario #TGUE

  • Sahara Occidental-Maroc : Un drame de la Françafrique

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Polisario, France- Sahara Occidental-Maroc : Un drame de la Françafrique

    Alors que la reprise des combats entre forces indépendantistes et armée marocaine semble s’intensifier, laissant craindre une déstabilisation de la région, la jeunesse sahraouie en exil «adhère pleinement aux revendications du Polisario», rapporte Xavier Dupret. A la racine de la crise, la «lourde responsabilité de l’Occident» – et en premier lieu celle de la France, soutien inconditionnel du Maroc.
    L’auteur de ces lignes rentre d’une mission d’observation dans les camps de réfugiés sahraouis. Alors que sur le terrain les combats avaient repris, depuis près d’un an, entre les forces du Polisario et l’armée marocaine, le désir d’en découdre parmi la jeunesse sahraouie était palpable. La rupture du cessez-le-feu par le Polisario n’a d’ailleurs rien d’une décision hors-sol en rupture avec la réalité. Cela fait, en effet, trente ans qu’un processus de pacification censé déboucher sur un référendum d’autodétermination est enlisé et la présence des réfugié·es dans les camps dure depuis quarante-cinq ans. On ne cherchera pas plus loin les raisons de l’exaspération côté sahraoui.

    Pendant ce temps, les Chancelleries européennes s’inquiètent d’une possible déstabilisation de la région. Une extension du conflit, impliquant l’armée algérienne, pourrait fragiliser les digues permettant de garder sous contrôle les vagues migratoires, d’une part, et la montée de la violence djihadiste, d’autre part. Ces craintes ne doivent en aucun cas masquer la lourde responsabilité de l’Occident.

    Il suffit, à ce propos, de mettre en exergue les liens qui existent entre l’Elysée et la dynastie chérifienne et l’on comprendra vite à quel point un prisme néocolonial déforme la lecture que l’on se fait, de ce côté-ci de la Méditerranée, des enjeux relatifs à la question du Sahara occidental. Ainsi est-il de notoriété publique que lorsque l’idée d’un référendum d’autodétermination a été rejetée par Rabat en 2007, c’est parce que le plan d’autonomie mis en avant, à l’époque, par les autorités marocaines avait, en réalité, été concocté en France sous l’œil attentif du président Chirac.

    L’histoire de la décolonisation dans la région explique largement ce tropisme pro-marocain. Alors que c’est un processus de négociation qui a mis fin, en 1956, au protectorat sur le Maroc, c’est au contraire par la lutte que le régime d’apartheid anti-arabe qui sévissait dans les «départements» de l’Algérie «française» a été aboli en 1962. La victoire du FLN, humiliante pour l’impérialisme français, a servi d’arrière-plan à un soutien aux projets du Grand Maroc. Voilà pourquoi dès après l’indépendance algérienne, la Guerre des sables a éclaté. Elle a duré de septembre 1963 à février 1964 à la suite d’une agression de la jeune république algérienne par l’armée marocaine. A l’époque, Rabat désirait annexer une partie de l’Algérie.

    Le lien entre le projet du Grand Maroc et les intérêts géopolitiques de la Françafrique sont patents. C’est ainsi que le régime chérifien, bien que revendiquant, à l’origine, l’intégralité de la Mauritanie, n’a jamais agressé cette dernière et en a même reconnu l’existence sans faire trop de difficultés. Paris le voulait.

    Et comme c’est en vertu de la politique de création d’un Grand Maroc que Rabat a envahi le Sahara occidental en 1975, on comprend mieux pourquoi le gouvernement algérien a soutenu le Polisario. Il n’en fallait pas plus pour que des campagnes soient orchestrées à partir de Paris afin de jeter, encore aujourd’hui, le discrédit sur les indépendantistes sahraouis.

    Pour l’heure, la pression monte dans les camps. La jeunesse sahraouie, loin de se résigner à son exil, adhère pleinement aux revendications du Polisario. De ce point de vue, la nomination de Mohamed Wali Akeik, jusque-là premier ministre de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), comme chef d’état-major constitue un fait capital. Sous sa direction, les unités sahraouies devraient, selon toute vraisemblance, intensifier leurs opérations.

    Alors que l’incendie, qui couvait déjà depuis belle lurette, vient de se déclarer, les Occidentaux, trop confiants, sans doute, dans l’expertise française, en sont encore à jouer la montre et leurs appels à «un compromis réaliste» légitiment de facto l’occupation marocaine. Si les choses finissent par tourner mal, la responsabilité de l’Occident, et de la France au premier chef, sera énorme…

    Xavier Dupret est économiste, de Bruxelles, de retour des camps de refugiés de Tindouf (ouest algérien).

    Le Courrier, 16/11/2021

    #Sahara_Occidental #Maroc #Front_Polisario #France #Françafrique

  • Mort d’un haut officier : Le Polisario dément

    Tags : Maroc, Front Polisario, Sahara Occidental – Mort d’un haut officier : Le Polisario dément

    Alger, 17 novembre (EFE) – Le Front Polisario a dénoncé aujourd’hui la mort de 12 civils sahraouis dans deux attaques de drones qu’il attribue au Maroc dans les soi-disant « zones libérées » de l’ancienne colonie espagnole du Sahara occidental et a démenti les informations de presse selon lesquelles un « officier supérieur sahraoui » a été tué dans une attaque marocaine. S’adressant à Efe, une source du Polisario, qui a demandé à ne pas être identifiée, a expliqué que l’attaque la plus meurtrière, dans laquelle onze onze civils auraient été tués, a eu lieu le 15 dans la région de Mijek, dans la bande du Sahara occidental qui reste contrôlée par le groupe indépendantiste sahraoui.

    Les attentats à la bombe présumés sont similaires à l’attaque d’il y a une semaine qui a tué trois civils algériens qui conduisaient un convoi de trois camions sur la route à travers le désert entre la frontière algérienne et la capitale mauritanienne Nouakchott. Le gouvernement algérien, qui a rompu en août ses relations diplomatiques avec Rabat, a dénoncé l’attaque à l’ONU, qui fait l’objet d’une enquête de la mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO).

    La situation est tendue dans la région depuis que les troupes marocaines sont entrées dans la zone démilitarisée de Guerguerat, qui sépare la Mauritanie des territoires occupés par le Maroc en 1975, il y a un an, pour démanteler un sit-in de civils sahraouis qui protestaient contre l’utilisation commerciale de la zone contestée par Rabat et Nouakchott.

    Le lendemain, le Front Polisario a considéré l’action militaire marocaine comme une violation de l’accord de cessez-le-feu signé sous les auspices de l’ONU en 1991 et a lancé des opérations de harcèlement militaire contre le mur érigé par le Maroc au Sahara occidental.

    Le Polisario insiste, en outre, sur le fait que la seule solution consiste à organiser la consultation pour l’autodétermination convenue par les deux parties il y a 30 ans et admet que l’accord signé alors doit être actualisé.

    Le Maroc, pour sa part, refuse de parler de la possibilité d’une indépendance du Sahara occidental et assure qu’il n’est disposé à négocier qu’une « large autonomie », à condition que la souveraineté marocaine sur le territoire soit d’abord reconnue. EFE

    Swissinfo, 17/11/2021

    #Sahara_Occidental #Maroc #Front_Polisario #Drones

  • L’UE encourage les violations du droit international au Sahara

    L’UE encourage les violations du droit international au Sahara

    Tags: Union Européenne, UE, droit international, Sahara Occidental – L’UE encourage les violations du droit international au Sahara

    BRUXELLES- L’Union européenne (UE) encourage les violations du droit international au Sahara occidental occupé et facilite l’exploitation illégale par le Maroc des ressources naturelles appartenant au peuple sahraoui par des contrats avec des entreprises subventionnées par l’UE, selon une nouvelle étude de la Gauche au Parlement européen.

    L’étude intitulée « Entreprises européennes et violation du droit international au Sahara occidental » relève que l’UE alloue des millions d’euros de subventions et d’aides au Maroc et à une multitude d’entreprises européennes (principalement d’Espagne, de France et d’Allemagne) qui investissent au Sahara occidental. Cela fait de l’UE, selon l’étude, « un financier et complice d’une occupation illégale, en violation des principes fondateurs de l’Union et du droit international ».

    Violations systématiques des droits de l’homme, brutalités policières, violations des droits fondamentaux, le peuple de la dernière colonie d’Afrique, le Sahara occidental, a subi des décennies de répression aux mains des forces d’occupation marocaines, dénonce l’étude. Depuis 1975, le Maroc a tenté de contrôler un territoire en utilisant la force militaire pour réprimer la liberté d’expression et les manifestations en faveur de l’indépendance. Pour les auteurs de l’étude, « l’Europe est restée en grande partie à regarder une tragédie se dérouler à sa porte ».

    Au-delà de cela, le passage illégal de la zone tampon à El-Guerguerat qui est « couramment utilisé par les entreprises européennes peut constituer une violation du droit international et du droit international humanitaire », lit-on dans le résumé extrait de l’étude et publié sur le site Left.

    Ouvert illégalement par le Maroc en 2001, ce point de passage frontalier situé à la frontière avec la Mauritanie « contrevient à l’accord militaire signé en 1997 et 1998 en complément de l’accord de paix et de cessez-le-feu adopté par le Conseil de sécurité de l’ONU en 1991 », rappelle-t-on.

    L’eurodéputé Miguel Urban a déclaré à ce propos : « L’UE et ces entreprises sont en violation flagrante du droit international », et pour cause, explique-t-il, les entreprises impliquées n’ont obtenu le consentement ni du peuple du Sahara occidental ni du Front Polisario, seul représentant légitime, reconnu par l’ONU.

    Pendant ce temps, « l’UE continue d’ignorer les violations constantes des droits de l’homme et du droit international que le régime marocain commet quotidiennement, tandis que le sort du peuple du Sahara occidental est en jeu », a-t-il dénoncé.

    L’étude réaffirme le statut juridique du Sahara occidental en tant que territoire non autonome en attente de décolonisation et le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination. Elle met en évidence le statut du Maroc en tant que « puissance occupante », qui a le contrôle d’un territoire qu’il entend annexer illégalement par l’usage de la force, comme le proclament la Charte des Nations unies et le droit international.

    APS

    #SaharaOccidental #UnionEuropéenne #UE #Droits_international

  • RFI : Reportage sur Sahara Occidental

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario – Sahara Occidental : Avec les soldats du Front Polisario

    1/5 : Avec les soldats du Front Polisario

    Cette semaine, RFI vous emmène dans les territoires administrés par la RASD, la république arabe sahraouie démocratique. Cinq camps de réfugiés établis depuis 45 ans en Algérie, autour du centre administratif de Rabouni, et les territoires du Sahara occidental que contrôle le Front Polisario, soit environ 20% de la superficie de l’ancienne colonie espagnole. Depuis 1975, le statut de ce territoire, considéré comme « non-autonome » par les Nations unies, fait l’objet d’un conflit entre les indépendantistes soutenus par l’Algérie et le royaume du Maroc. Après 30 ans de cessez-le-feu, les combats ont repris en novembre 2020. Des unités du Polisario arpentent les territoires dits « libérés » et frappent par endroit l’immense mur de sable, fortification de 2 700 km que le Maroc ne cesse de renforcer, symbole de l’asymétrie des moyens mobilisés. François Mazet a suivi une opération avec des combattants volontaires du Polisario.

    Du sommet d’une dune de sable et de petits cailloux noirs, nous observons en compagnie de deux combattants de l’armée populaire de libération sahraouie, les tirs que deux véhicules armés adressent au mur de sable marocain. Des roquettes Grad et des mitrailleuses lourdes montées à l’arrière de pick-up dont la cabine a été sciée. Le matériel a vieilli avec le conflit, mais les plus jeunes ne perdent pas espoir. Saïd suit les volontaires pour la télévision sahraouie : « Quand je vois ce mur, je pense à la moitié de ma famille qui est de l’autre côté, et à notre terre coupée en deux. Ça me fait mal. Là-bas, il y a mes grands-parents que je n’ai jamais vus. Bien sûr, ils ont des drones et tout ce qu’il faut, mais nous gagnerons quand même. »

    Des panaches de fumée noire s’élèvent au-dessus des fortifications, situées à 6 km de nous. Les forces marocaines répliquent, l’échange dure quelques minutes puis les volontaires sahraouis s’éparpillent dans le désert. Leur stratégie : le harcèlement, piquer comme des moustiques pour agacer les Marocains qui leur nient même la qualité de belligérant.

    « Nous avons un secteur réservé avec comme cibles un segment du mur et des bases spécifiques. Notre objectif est d’affaiblir leurs positions, de jouer sur leur moral, explique Abba Ali Hamoudi, commandant de la sixième région militaire, celle de Mahbès. On a l’avantage, car on a des cibles précises, alors que nous, nous sommes toujours en mouvement, et nous sommes insaisissables. »

    Les chefs du Polisario assurent que la reprise des combats, en novembre 2020, a remobilisé les jeunes des camps de réfugiés, lassés de trois décennies de statu-quo. Une génération qui n’a pas connu la guerre active peut aussi s’engager comme volontaire. C’est ce qu’a fait Ahmed, 40 ans, père de famille et nouvelle recrue : « Dernièrement, je travaillais dans un commerce, puis dans le bâtiment. Puis j’ai rejoint l’armée et les camps d’entraînement pour les volontaires. Tout le monde peut nous rejoindre, même ceux qui sont plus vieux que moi. »

    Cet ancien étudiant en anglais dans la Libye de Kadhafi n’a même pas encore de pantalon de treillis, mais il dit ne pas craindre les drones, les radars et l’aviation marocaine. Des hommes qui selon lui sont là « pour un salaire et pas pour une cause ».

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    2/5: la fête de l’Unité, moment de transmission

    Deuxième volet de notre série sur les territoires administrés par la RASD, la République arabe sahraouie démocratique. Chaque année, le 12 octobre, le Sahara occidental célèbre sa culture avec la fête de l’Unité. Une fête marquée cette année par le retour au pays de membres de la diaspora, privés de visite à leur famille à cause de la crise sanitaire.

    Des rangées d’enfants en costume traditionnel sont exhortés par leurs professeurs à chanter avec entrain, tandis que les femmes distribuent des dattes ou préparent le thé sous des tentes traditionnelles. Chants, danses, traditions, costumes.

    Pour la semaine qui marque la fête de l’Unité du peuple sahraoui, « il faut absolument affirmer sa singularité », souligne Ahmed-Nah. Cet étudiant en droit en France n’était pas revenu dans les camps depuis quatre ans : « L’espoir est porté par chaque personne qui habite ici. Notre peuple a une culture bien différente des Algériens, bien différente des Marocains et cette fête le montre. Tout montre que l’on est un peuple qui ne ressemble en rien à nos voisins. L’envahisseur marocain insiste, lui, pour dire que l’on fait partie de son peuple. Non on ne partage aucun point commun. »

    Territoire disputé
    Depuis 1975, le statut de ce territoire, considéré comme « non autonome » par les Nations unies, fait l’objet d’un conflit entre les indépendantistes soutenus par l’Algérie, et le Royaume du Maroc.

    D’un côté, cinq camps de réfugiés et plus de 170 000 personnes sont établis depuis 45 ans en Algérie, autour du centre administratif de Rabouni. De l’autre, le Front Polisario contrôle 20% des territoires du Sahara occidental, le reste de l’ancienne colonie espagnole étant administré par le Maroc.

    Devoir de « solidarité »
    À l’exemple d’Ahmed-Nah, investi dans les organisations de jeunesse de la diaspora, le front Polisario envoie ses futurs cadres étudier à l’étranger. Certains y resteront, d’autres reviendront, mettant en avant le devoir de « solidarité » au sein du peuple sahraoui, et de dévouement à leur cause.

    Khadija a 16 ans, rêve d’étudier la médecine à Cuba, mais jure qu’elle rentrera ensuite œuvrer dans les camps : « Nous avons une politique qui nous donne des opportunités pour partir étudier, mais ce doit être seulement pour ensuite revenir et travailler pour ce pays. Ici, il y a des hôpitaux et d’autres choses, donc nous, si nous avons la chance de partir étudier, c’est seulement pour servir le peuple sahraoui et l’aider à obtenir sa liberté. »

    « Arracher l’indépendance »
    Pour les autorités de la RASD, la question de la transmission de la mémoire et de la culture est décisive afin d’entretenir la flamme de l’indépendance parmi la jeunesse. « Je suis venu ici à 7 ans, confie Assa Bobbih est la wali, la maire du camp de Boujdour. J’ai passé toute ma vie ici dans ce désert, j’y ai fait mes enfants mais je regarde vers l’avant pour voir l’indépendance ou mourir dans cette voie. 46 ans dans un refuge, 46 ans de larmes, de sang, ça veut dire que le peuple sahraoui est disposé à arracher son indépendance. »

    La fin d’un cessez-le-feu vieux de près de 30 ans avec le Maroc et la reprise des combats en novembre dernier ont alimenté le sentiment national parmi les jeunes des camps, qui veulent croire que le statu quo et l’exil ne seront pas toujours une fatalité.

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    3/5: l’hôpital national de Rabouni face aux pénuries

    Troisième volet de notre série dans les territoires administrés par la RASD, la République arabe sahraouie démocratique. À l’hôpital national de Rabouni, en raison de la pandémie de Covid-19, les missions médicales étrangères se sont arrêtées, à l’exception de quelques médecins cubains. Ce qui ajoute de la précarité à une situation où manquent déjà moyens matériels et médicaments.

    De notre envoyé spécial à Rabouni,

    Un bloc opératoire et une salle de réveil déserts. C’est la norme depuis début 2020 à l’hôpital de Rabouni. Les voies aériennes fermées, les différents chirurgiens français, espagnols ou italiens qui viennent régulièrement opérer ou former des médecins locaux ne peuvent plus gagner les camps.

    Parmi les spécialités touchées par la pénurie : l’oncologie, l’oto-rhino-laryngologie, l’anesthésie ou encore la gynécologie. A la maternité, les sages-femmes accompagnent les femmes lors des accouchements, sans supervision obstétrique.

    Une petite fille, Mwena, vient à peine de naître. Visiblement éprouvée, sa mère assure que tout s’est bien passé. « Dieu merci ça va. Même pour mon premier enfant, malgré la césarienne, tout s’était bien passé ». Lelah, la sage-femme, affiche un sourire satisfait : « Je suis consciente de ma mission ici. Il manque du monde, mais on fait au mieux. Pour cette petite-fille là, tout s’est bien passé, mais nous avons aussi des cas d’hépatites, alors il faut référer les mères à Tindouf avant la phase d’accouchement. »

    Des manques en oxygène et en médicaments
    Manquent aussi de l’oxygène et des médicaments, nous explique Mohamed, infirmier, alors que deux patients atteints de bronchites sont branchés aux rares bouteilles disponibles.

    Nous avons toujours des gens avec des problèmes respiratoires, d’ailleurs aujourd’hui il n’y a que ça. Mais il nous manque des appareils de ce type pour oxygéner les patients, alors que c’est indispensable. On manque aussi de médicaments, en particulier d’antibiotiques et d’anti-inflammatoires. Nous n’en avons pas assez, et pas de tous les types nécessaires alors que selon les maladies, il faudrait pouvoir adapter le traitement car il y a des groupes d’antibiotiques.

    Une situation sanitaire qui reste acceptable pour le directeur de l’hôpital
    5.000 personnes passent ici chaque mois, mais les 70 lits d’hospitalisation ne sont jamais remplis. 17 sont occupés à notre passage. Grâce aux différentes campagnes vaccinales, à l’éducation et au climat sec, le directeur de l’hôpital national Mohamed Fadel Hniya assure que la situation sanitaire est acceptable. Demeurent néanmoins les maladies chroniques comme le diabète, ou encore l’anémie, qui touche la moitié de la population des camps.

    En cas d’urgence, les médecins sahraouis doivent faire transférer leurs patients en Algérie, ou encore en Europe, comme l’a été le président de la RASD Brahim Ghali vers l’Espagne le 18 avril après avoir développé une forme grave de Covid-19.

    RFI, 15/11/2021

    #Sahara_Occidental #Maroc #Front_Polisario

  • RFI : Le conflit oublié du Sahara occidental

    RFI : Le conflit oublié du Sahara occidental

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario – RFI : Le conflit oublié du Sahara occidental

    Depuis un an, les indépendantistes sahraouis du front Polisario ont repris leurs opérations militaires contre l’armée marocaine, après quasiment trois décennies de cessez-le-feu. Un conflit asymétrique dont ils espèrent qu’il relancera les négociations autour de ce territoire au statut contesté, au cœur de la tension diplomatique entre le Maroc et l’Algérie.

    De notre envoyé spécial dans les camps de réfugiés sahraouis et dans les territoires contrôlés par la République arabe sahraouie démocratique,

    À 6 km en face de nous s’élèvent des panaches de fumée. Allongés au sommet d’une dune de sable et de petits cailloux noirs rendus brûlants par le soleil, nous observons en compagnie de combattants de l’armée populaire de libération sahraouie (APLS), la branche armée du front Polisario, le résultat de tirs à l’arme lourde sur les positions marocaines.

    L’objectif, c’est le mur de sable, ce dispositif défensif marocain dont la construction a débuté en 1980 pour éviter les incursions de miliciens indépendantistes, et dont l’agrandissement et le perfectionnement n’ont cessé depuis. Plus de 2 700km de fortifications parcourent le Sahara, de la côte atlantique à la frontière avec l’Algérie. Plusieurs lignes séparées de fossés, entourées de mines, abritant des bunkers, protégées par des radars, des drones, et si besoin est, des unités héliportées et la chasse des forces aériennes royales.

    Sur cette fortification coupant en deux le territoire de l’ancienne colonie espagnole du Sahara occidental, les combattants tirent à la mitrailleuse lourde, lancent quelques roquettes Grad installées à l’arrière de pick up dont les cabines ont été sciées à la disqueuse. La plupart des équipements de l’APLS date de la première phase du conflit, entamé à la fin de 1975, et close par le cessez-le-feu de 1991.

    Le « mur de la honte »
    Les commandants des diverses unités de l’APLS sont tous des vétérans de cette époque. Ils utilisent la seule stratégie à leur disposition : « frapper vite la nuit et le jour pour ne pas laisser les Marocains tranquilles », explique Abba Ali Hamoudi, le chef de la sixième région militaire, la plus proche de leur base arrière algérienne. Blessé sept fois, opéré en France, ce sexagénaire de haute stature est encore là pour ramper avec ses hommes et suivre le déroulement de l’opération qu’il a initiée.

    Les combattants sahraouis sont des volontaires, et pour eux ce « mur de la honte » représente une déchirure, une séparation : « Quand je le vois, je pense à mes grands-parents qui sont restés de l’autre côté et que je n’ai jamais vus », nous dit Saïd, caméraman de la télévision sahraouie qui suit et filme les opérations. « La moitié de ma famille se trouve de l’autre côté. Ca me fait beaucoup de mal, clairement. Il faut que nous revenions sur nos terres, il n’y a pas d’autre issue possible », témoigne-t-il.

    Parfois, comme sous nos yeux, la défense marocaine réplique. D’autres fois, elle ne s’en donne pas la peine. Le temps d’identifier l’origine de ces tirs, et les combattants sahraouis sont déjà remontés à bord, sillonnant le reg, ce désert rocailleux, sur leurs véhicules. C’est la définition même du conflit asymétrique et de basse intensité. En un an, l’APLS, qui dit tirer chaque jour des roquettes, a perdu une quinzaine d’hommes au combat. Le Maroc n’a jamais communiqué de bilan de son côté.

    Un « territoire non-autonome »
    Pour le Maroc, l’engrenage n’est pas souhaitable. Le statu-quo permet au royaume de consolider sa mainmise sur ce qu’il appelle les « provinces du sud ». Il contrôle 80% de la superficie de l’ancienne colonie espagnole, et toutes les ressources naturelles : phosphate, pêche, agriculture et tourisme.

    Vu de Rabat, le « Sahara marocain » est lié à la monarchie depuis l’époque précoloniale. Si cette proximité historique a été reconnue par la Cour internationale de Justice en 1975, celle-ci a conclu que le droit à l’autodétermination des peuples primait. C’est sur cette base que le Sahara occidental est toujours considéré par les Nations unies comme un « territoire non-autonome », le dernier en Afrique, et que la Cour de justice de l’Union européenne a récemment estimé que les produits venant de cette région ne pouvaient être assimilés à des produits marocains.

    De son côté, le Maroc propose une autonomie pour ces provinces sous la souveraineté du roi, et des négociations sous-régionales impliquant l’Algérie, parrain du Polisario, ce que rejette Alger.

    Pour les Sahraouis, la perspective est toute autre. Le cessez-le-feu de 1991 avait entrouvert la porte vers un référendum. Mais les années ont passé et la situation n’a pas changé. Le front Polisario, épine dorsale de la République arabe sahraouie démocratique, proto-État en exil dans les camps de réfugiés de la région de Tindouf, en Algérie, a perdu plusieurs de ses soutiens. Mouammar Kadhafi n’est plus là, Fidel Castro non plus, et la révolution n’est plus vendeuse sur le plan diplomatique. Ni l’Algérie, ni les pays de l’Afrique australe n’ont empêché le retour du Maroc au sein de l’Union africaine en 2017.

    « La révolution n’est pas une option mais notre responsabilité »
    L’immuabilité des positions a bloqué tout le travail diplomatique des différents représentants onusiens, qui ont jeté l’éponge les uns après les autres. Le dernier nommé, Staffan de Mistura, a pris ses fonctions le 1er novembre, après deux ans de vacance du poste.

    Autant qu’à Rabat, les cibles du courroux des Sahraouis sont à Paris ou Washington, alliés indéfectibles du Maroc, « qui empêchent le déploiement d’une véritable mission de l’ONU, et l’application du droit international », nous dit un jeune militaire. L’administration Biden n’est pas revenue sur la décision de Donald Trump de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. « Notre liberté, personne ne nous la donnera » renchérit un autre combattant, « la révolution n’est pas une option mais notre responsabilité », ajoute Omar Deidh.

    Ce jeune homme de 23ans incarne ce que le leadership du front Polisario veut absolument mettre en avant : passionné de sciences politiques et de numérique, il a étudié dans plusieurs pays étrangers, parle parfaitement l’anglais et l’espagnol, mais vient de se mettre au service de l’APLS dont il entend devenir un officier tout en relisant l’exemplaire de L’art de la guerre de Sun Tzu qu’il garde dans la poche de sa veste.

    Ces jeunes cadres éduqués, formés, au discours moderne mais aussi capable de s’enflammer pour la défense de leur cause sont opposés aux militaires marocains en faction sur le mur « qui ne sont là que pour un solde minable, et décamperont dès que leur vie sera vraiment en jeu », dixit Omar Deidh.

    À quelques heures de piste du mur, s’étendent les camps de réfugiés accueillant depuis 1976 les Sahraouis en exil. Selon les Nations unies, ils étaient 173 600 fin 2017, répartis en cinq wilayas. Ces communes ont pris le nom de villes situées dans ce qu’on appelle ici les « territoires occupés » : Laayoune, Aousserd, Smara et Boujdour encadrent le site administratif de Rabouni. Plus loin vers le sud se trouve Dakhla.

    Les populations y survivent grâce à l’aide humanitaire internationale et au soutien matériel de l’Algérie qui a construit les routes, alimente les centrales électriques en hydrocarbure et prend en charge les malades qui ne peuvent être soignés par les hôpitaux sahraouis.

    Dans les camps, il nous est difficile de nous déplacer sans un traducteur affilié au front Polisario. Si le mouvement sahraoui n’est pas connu pour réprimer les voix dissidentes, ceux qui acceptent de nous parler savent dans quel contexte ils s’expriment, puisqu’il encadre toutes les facettes de la vie ici.

    Néanmoins, le retour à l’état de guerre semble populaire. Il permet de mobiliser une jeunesse qui n’a connu que l’exil, les familles coupées en deux et le fait accompli. Peut-être aussi de canaliser certains candidats à une démarche plus radicale, qui a vu d’anciens réfugiés des camps rejoindre des groupes jihadistes au Sahel, tel Abou Walid al-Sahraoui, chef du groupe Etat islamique tué par les Français mi-août.

    « Nous ce qu’on veut, c’est retrouver notre terre »
    Derrière une mosquée du camp de Boujdour, la moins peuplée des cinq wilayas, un groupe de jeunes se présentant comme des militaires en congés, nous assurent de leur enthousiasme : « Nous ce qu’on veut, c’est retrouver notre terre. Pour cela, il nous faut nous battre. Moi j’étudiais dans un centre de formation, ici, mais en novembre quand la guerre a repris, j’ai rejoint l’armée. C’est la décision qu’on attendait. »

    Des combattants des années 80 ont renfilé leurs treillis, et d’autres ont rejoint les camps d’entrainement du front Polisario. Dans le détachement qui nous accompagnait au front, Ahmed faisait sa première sortie en tant que militaire. Ce père de deux enfants en bas âge sort à peine de formation. Il a pourtant 40 ans : « J’ai travaillé à droite à gauche, dans des commerces, puis dans le bâtiment. Et puis, en novembre, j’ai rejoint l’armée et les camps pour les volontaires. Il y a beaucoup de monde là-bas, beaucoup de jeunes, qui attendaient ce jour, qui étaient frustrés, et d’ailleurs nos centres n’ont pas assez de place pour tant de volontaires » assure-t-il, sachant que nous n’aurons pas les moyens de vérifier cette assertion.

    Cet engouement n’est-il pas vain face à la supériorité technique marocaine ? « Nos grands-pères avaient de simples fusils et ils se sont battus quand même. Maintenant on espère que le Polisario trouvera un moyen de nous avoir des armes plus sophistiquées », relativise un jeune de Boujdour.

    Certains affirment pourtant que le mouvement indépendantiste a du rompre le cessez-le-feu à son corps défendant, contraint de réagir aux évènements de Guerguerat. À ce poste-frontière avec la Mauritanie, considéré comme une zone tampon par l’accord de cessez-le-feu de 1991, des militants ont en novembre 2020 organisé des sit-in pour protester contre le bitumage de la route par le Maroc, des travaux devant faciliter le trafic des camions. Une « provocation » pour ces volontaires, dont certains n’ont pas hésité à faire six jours de piste et 1 500km pour venir des camps de réfugiés.

    Parmi eux, Fatoumata Ment Moyssa nous reçoit pour le thé dans son salon du camp d’Aousserd. Mère et grand-mère âgée de 68 ans, elle est partie dans un convoi d’une soixantaine de personnes sans en référer aux autorités sahraouies : « Ce sont des gens d’ici, des campements, qui se sont organisés. On parlait de ce que faisait le Maroc à Guerguerat, et on a décidé d’aller sur place. On ne peut pas rester éternellement dans cette situation, donc a décidé de faire quelque chose, de manifester. On n’a pas demandé l’avis du gouvernement. On ne nous a pas aidé, mais on ne nous a pas empêché de partir. On ne pensait pas que cela amènerait au retour des hostilités, mais que cela permettrait d’attirer l’attention internationale sur notre situation. »

    En ce milieu du mois d’octobre, les écoliers chantent dans les rues, en tenue de fête, des slogans favorables à l’indépendance. C’est la fête de l’Unité, fête nationale de la RASD. L’occasion de souligner et de faire vivre la singularité culturelle sahraouie, la langue hassaniya, les costumes et la musique locales.

    « Nous sommes un peuple minoritaire en Afrique du nord », explique Ahmed-Nah, étudiant en France et jeune cadre du Polisario au sein de la diaspora, rentré pour l’occasion, « mais nous sommes plus solides que jamais. Nous n’avons pas la même culture que les Marocains ou les Algériens, alors ce moment de transmission est primordial pour nous ».

    Lui aussi veut croire en des lendemains qui chantent : « l’espérance est ici depuis le début et jusqu’à maintenant. Nos grands-parents sont peut-être morts sans avoir vu l’indépendance, mais nous, ou nos enfants, nous verrons ce jour, et ça j’en suis sûr ».

    RFI, 15/11/2021

    #SaharaOccidental #Maroc #Front_Polisario

  • Guerre au Sahara : Les témoignages d’un journaliste espagnol

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario – Guerre au Sahara : Les témoignages d’un journaliste espagnol

    La guerre au Sahara occidental entre dans sa deuxième année consécutive, ce 14 novembre, après la rupture par le Royaume du Maroc du cessez-le-feu avec le Front Polisario, à la suite de l’agression militaire menée, le 13 novembre 2020, par les forces de l’occupation dans la zone tampon d’El-Guerguerat, dans le sud-ouest de la dernière colonie d’Afrique.

    Sur le terrain, les pertes parmi les Forces armées marocaines (FAR) sont énormes, choses que le roi et ses « suppléants » ne veulent toujours pas admettre.

    Se rendant sur les lieux, le journaliste espagnol indépendant, Axel Alvarez, a confirmé lors de sa visite dans les territoires sahraouis libérés, l’état de guerre qui prévaut dans la région et fait l’éloge des combattants sahraouis et leur détermination à vaincre l’occupant marocain, appelant les Nations unies à intervenir pour mettre fin au conflit au Sahara occidental.

    «Depuis la violation par le Maroc de l’accord de cessez-le-feu, le 13 novembre 2020, une grande ambiguïté entoure les informations qui circulent en Espagne sur la réalité du retour à la guerre au Sahara occidental, d’où la nécessité de lever le black-out médiatique sur cette affaire», a indiqué le journaliste espagnol dans une déclaration à un média sahraoui à l’issue de sa visite dans les camps de réfugiés sahraouis et les territoires sahraouis libérés.

    «J’ai visité avec la presse internationale, les camps de réfugiés sahraouis et je me suis déplacé dans la région de Mahbes où nous avons vécu et suivi directement de véritables affrontements militaires entre les unités de l’armée sahraouie et les forces marocaines qui répondaient aux bombardements des forces sahraouies tout au long du mur de sable», séparant les territoires occupés des territoires libérés du Sahara occidental, a-t-il ajouté.

    Lors de son témoignage, le journaliste indépendant a, en outre, assuré avoir assisté à la chute d’un obus marocain près de leur emplacement dans la région de Mahbes, ce qui a obligé, selon lui, l’équipe des médias à quitter les lieux pour assurer leur sécurité.

    En se basant sur son séjour dans la région, M. Alvarez a souligné que «la guerre est un fait établi, bien que le Maroc essaye de le nier».

    Par ailleurs, le journaliste espagnol a évoqué le bon état d’esprit qu’il a ressenti chez le peuple sahraoui, en particulier les soldats sur la ligne de front.

    «J’ai rencontré des soldats sur la ligne de front, armés d’un très bon moral et d’une forte croyance en l’inéluctabilité de la victoire et j’ai senti lors de mes échanges avec eux une conviction selon laquelle les causes justes finissent toujours par vaincre», a-t-il déclaré lors de son témoignage.

    Dans ce contexte, le journaliste espagnol a appelé les Nations unies à intervenir pour mettre fin au conflit au Sahara occidental. «Ces affrontements doivent forcer les Nations unies à intervenir pour régler le conflit», a-t-il signalé, relevant que «le fait d’attendre 30 ans n’est pas facile et n’a laissé au peuple sahraoui d’autre choix que de reprendre la guerre».

    Le journaliste espagnol a publié sur son compte «Instagram» des photos mettant en lumière certains aspects de la guerre à laquelle il a eu l’occasion d’assister dont l’une d’elles montre des soldats du Front Polisario attaquant un poste militaire marocain derrière le mur de sable séparant les territoires libérés des territoires occupés par le Maroc dans la région de Mahbes.

    Il a notamment précisé que c’est la première fois depuis le 14 octobre dernier, que la presse internationale a pu accéder aux territoires sahraouis pour témoigner de l’existence réelle de la guerre dans cette région et retransmettre en son et en image les affrontements armés qui ont éclaté à la suite de la violation par le Maroc de l’accord de cessez-le-feu.

    APS

    #Sahara_Occidental #Maroc #Front_Polisario