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  • Algérie : Ennahar TV rappelée à l’ordre par l’ARAV

    LE MJS SID ALI KHALDI S’EN EST PLAINT POUR DIFFAMATION : Ennahar TV rappelée à l’ordre par l’ARAV

    A voir les nombreux avertissements suivis de sanctions notifiés à bon nombre de chaînes de télévision privées, on s’interroge s’il y a réellement une volonté chez les médias saisis de corriger leurs tares. De maladresse en maladresse, ces chaînes visuelles font office de boîtes d’enregistrement où aucune ligne droite n’est fixée au contenu des programmes télé.

    En effet, et encore une fois, l’Autorité de régulation de l’audiovisuel a averti, hier, les chaînes d’information audiovisuelles à « l’impératif de veiller à la probité des programmes de débats loin de l’insulte, l’invective et l’attaque à la vie privée des personnes, qu’elles soient toujours ou pas en postes », indique un communiqué de l’Autorité.

    « L’ARAV avertit, encore une fois, l’ensemble des chaînes d’information audiovisuelles à l’impératif de veiller à la probité des programmes de débats loin de l’insulte, l’invective et l’attaque à la vie privée des personnes, qu’elles soient toujours ou pas en postes et quel que soit le prétexte », souligne la même source qui appelle au « respect du cadre objectif du programme et ce qui intéresse le téléspectateur ».

    Le communiqué de l’ARAV intervient en réponse à une plainte déposée, le 22 février, par le ministre de la Jeunesse et des Sports contre la chaîne TV Ennahar pour « campagne de diffamation et d’attaque contre sa personne et contre les membres de son département à travers l’émission « Dakhel 18 ».

    « Après visionnage de l’émission et confirmation de + l’attaque+ contre le ministre et son instance, l’ARAV a adressé une convocation pour explications à la chaîne, dont le représentant a reconnu l’erreur et a présenté des excuses, s’engageant à ce que ce genre de dépassement ne se reproduise plus », précise la même source.

    Rappelant que la liberté de la presse « est une liberté responsable mais non absolue », l’ARAV affirme que « combien même elle (liberté de la presse) ouvre le champ au débat, dans le cadre de la critique constructive et des règles de déontologie, de n’importe quelle question, elle ne saurait être un moyen de dénigrement, de diffamation ou d’insulte ». Enfin, l’ARAV a averti contre des mesures pénales conformément à la loi en cas de non-respect des règles du droit public, de la loi relative à l’activité audiovisuelle et la déontologie.
    R. N.

    Le Courrier d’Algérie, 1 mars 2021

    Tags : Algérie, Ennahar TV, ARAV,

  • Algérie : Voyage dans le vieil Alger… De Momo à Jean Nouvel, Casbah éternelle

    Par Mahdi Boukhalfa

    En sortant du métro d’Alger, rue Mohamed Bouzrina, l’ex-rue de la Lyre, on est très vite assaillis par les fortes effluves du marché éponyme, où se mêlent odeurs de poisson, d’abats, d’épices, de volailles et de fraises fraîchement cueillies au Sahel algérois. Ici, dans l’ex-rue de la Lyre, ou à la rue Randon toute proche, les immeubles de la fin du 19eme siècle donnent cet aspect lugubre du temps, qui s’est arrêté, comme dans ces ruelles pelées et mangées par le temps à La Havane, à Cuba.

    L’entrée du marché, envahie dès les premières heures de la matinée par une noria de petits vendeurs, s’ouvre directement côté ”est” sur la célèbre rue Randon, et remonte derrière la bouche de métro vers Debbih Cherif, puis la placette de Soustara. C’est d’ici que l’on peut monter rapidement vers l’antique médina d’Alger, la Casbah.

    Avec un ami enfant des lieux, Kamel Mansari pour le nommer, nous entamons la lente montée vers ”El Djebel” (la colline) comme l’appelaient naguère ses habitants, par un arrêt au ‘’Café d’Orient’’, qui a survécu par on ne sait quel miracle à la destruction. Petit pincement au cœur, la rue Randon, des années 1930 jusqu’à aujourd’hui abrite la même faune, qui s’adonne à tous les trafics possibles, et rassemble chaque jour vendeurs de vêtements à la sauvette, de cigarettes, de devises, d’entremetteurs pour quelques sombres affaires, la location de boutiques sombres ou des chambres humides et exigües dans la vieille médina…

    On commence l’ascension vers la mythique place de Bir Djebbah par la rue des Abderahmes, là où les « paras » du général Massu avaient plastiqué le 8 octobre 1957 la maison où s’étaient réfugiés des héros de la guerre de Libération, Ammar El Kama dit Ali la Pointe, p’tit Omar (Yacef), Hassiba Ben Bouali, et Bouhamidi. Le lieu est devenu un musée, mais rarement visité, cette partie de la Casbah étant en ruines. On continue la montée vers Sidi M’hamed Cherif, où résistent au temps qui passe sa petite « M’salla » et sa fontaine. La rue donne directement vers le boulevard de la Victoire, Bab Ejdid, ou vers Djamaa Safir, une longue et sinueuse ”Z’nika” qui s’ouvre ensuite plus loin vers Soustara, le fief des ”Usmistes”, des chanteurs Boualem Rahma et Abdelkader Chaou.

    Si les ruelles sont propres, les fontaines d’eau de nouveau fonctionnelles, un constat amer se dégage déjà, celui d’une inquiétante absence d’activités artisanales, qui battaient le rappel jusque dans les années 1990 des touristes et amoureux de la dinanderie, de la poterie, de la céramique, de la bijouterie de fantaisie, ou de la tannerie. Et puis, il y a ce silence pesant qui envahit le visiteur de la vieille médina d’Alger. ”Tout est mort ici, il n’y a plus rien.

    Tout le monde est parti, et seuls ceux qui n’ont pas où aller, ou qui sont propriétaires de leurs maisons sont restés”, explique Zineddine Karabernou, natif et fils de natifs de la Casbah. Dans son petit atelier de menuiserie, il fait de la résistance. ”Nous sommes nés ici, mes aïeux aussi, et mes enfants. Nous n’avons pas d’autre lieu où aller”, nous lance t-il avec une grande tristesse. Mitoyenne de sa boutique, la ”douèra” de Lamine Debaghine, encore bien entretenue, est un miracle. « Montez vers Bir Djebbah, Sidi Ramdane, et vous verrez ce qu’ont fait les effets du temps et l’irresponsabilité des hommes sur notre Casbah », nous dit Zineddine, dont la voix dégage une infinie lassitude. Nous montons vers Bab Ejdid, et ne rencontrons que maisons mangées par l’oubli, avachies, humides et menaçant ruine. D’autres ne tiennent que par des étais placés par la mairie.

    Et, partout, cette envahissante tristesse, ce silence angoissant, qui vous tord les tripes. Les cris d’enfants jouant aux billes ou aux noyaux d’abricots (dinwayou) ont disparu, les interminables parties de football dans une sombre impasse, oubliées.

    Ils sont partis, les gens de la Casbah

    Je ne suis plus venu depuis de nombreuses années à la Casbah, El Bahdja comme l’appelait affectueusement Ali Haimoud, dit Momo, l’homme qui a fait le casting pour jouer dans le film ‘’Tarzan’’ tourné dans les années 1920 au jardin d’Essais, à El Hamma. Et le constat est terrible: on a l’impression d’un immense vide, d’une médina qui pleure son passé en cachette, en déambulant dans ses ruelles jadis grouillantes de gens, exhalant une incroyable exubérance humaine.

    Disparus les gargotiers, les spécialistes de ”Bouzelouff”, ou les vendeurs de ”karantika” et autres artisans boulangers originaires de Jijel spécialistes de ”Kelb Ellouz”, qui faisaient vivre leurs familles de la présence de centaines de travailleurs venus de l’intérieur du pays travailler au noir dans les petits ateliers de confection de la Casbah. Ces ateliers de confection, de chaussures, de savates et autres « bleus de chine » étaient incontournables dans les années 1970, à l’époque des westerns italiens, des Django et des Ringo, pour se fabriquer à moindre frais des jeans ”made in Casbah”, des ”bouts carrés” (des chaussures en vogue à l’époque), des savates et, surtout, une personnalité de « macho » dans une médina qui vivait pratiquement en autarcie.

    Ici, il y avait de tout, la vieille ville se suffisait à elle-même avec ses artisans bijoutiers, potiers, dinandiers, les porteurs d’eau, les tailleurs et bottiers, de boulangers et marchands de légumes, et ses gargotes où prenaient leurs repas les gens du ‘’bled’’, qui logeaient dans des dortoirs humides ou quelques sombres échoppes quand vient la nuit.

    Au bout de la rue Randon, dans la légendaire place de Djamaa Lihoud ( car il y avait ici une Synagogue, une forte communauté israélite habitant alors La Casbah), il y a le marché aux fruits et légumes, lieu également des camelots, des fripiers et des pseudo antiquaires, qui, à 100%, vous refilent du « toc », dans le meilleurs des cas, de pâles copies. Ces gens, l’ADN de la Casbah, survivent toujours, et sont toujours là, près de l’ex-rue Boutin, la fameuse ”place des chèvres” des 15eme et 16e siècles, près de la mosquée Ketchaoua. On débouche enfin à Bab Ejdid.

    Le soleil, après la pénombre des ruelles humides que nous avons quittées, nous réchauffe les os en cette période de début d’un printemps hésitant, et nous remontons vers le début de la rue de la Casbah, qui commence à Bab Ejdid pour aller mourir quelques centaines de mètres plus bas vers la place des martyrs, près de la mer. On décide de redescendre vers Sidi Ramdane, où la wilaya d’Alger a fait quelques réparations sommaires et blanchi à la chaux des maisons qui ne tiennent que par miracle, pour donner le change au peu de touristes étrangers de passage, ceux en fait qu’elle envoie.
    On décide de rechercher quelques « znikates » célèbres dans la mémoire des natifs du vieil Alger, comme la Rue du Diable (Zenket Echitane), la Rue des Pyramides, la Rue N’fissa, la Rue du Lézard ou la Rue Tombouctou. Et, plus que tout, la Rue de Thèbes, là où un petit commando de criminels de l’Algérie française avait provoqué un carnage en plaçant une bombe, alors que les gens dormaient, le 10 août 1956 à 23 h 50. Le crime a fait 80 morts et plus de 14 blessés. Jusqu’à aujourd’hui, ce carnage fait encore pleurer les gens à la Casbah.

    La casbah se meurt, c’est un fait. « De l’intérieur, pas de l’extérieur, ce que les gens, les autorités, ne voient pas », nous explique avec une infinie fatigue dans les yeux un vieil homme, « bleu de Chine » bien porté, savate aux pieds, comme au bon vieux temps. « Ils veulent la restaurer, qu’ils disent. Mais que faire quand l’âme et l’esprit de la médina sont déjà partis? Que les gens qui portent la médina dans leurs cœurs sont partis? Le corps ne sera qu’une enveloppe, rien de plus. »

    A la rue des Abderames, nous avions rencontré une petite équipe d’élus de la commune de la Casbah, dirigée par le vice-président, pour recenser les maisons menaçant ruine, et reloger ensuite ses habitants. « Toute médina est comme ça, elle part doucement », souligne Mahfoud, vice-président de l’APC de la Casbah, peut-être beaucoup plus pour lui que pour nous.

    Pepe le Moko, les Caves et la ‘’french connection’’

    On poursuit notre voyage dans le temps. A Sidi Ramdane, on rencontre deux jeunes lycéennes de l’intérieur du pays, venues visiter la vieille ville d’Alger, l’ancien repaire des pirates et des corsaires, des janissaires, des Raïs, des brigands et des riches marchands juifs de ce côté-ci de la Méditerranée.

    Le palais du Dey Mustapha, dans la basse Casbah, est toujours là, comme pour témoigner d’une splendeur et d’une opulence d’une ville où les frères Goncourt débarquèrent un 7 novembre 1849. « Comme ce climat vous baigne dans sa joie et vous nourrit de je ne sais quel savoureux bonheur », avaient-ils écrit après leur retour à Paris, éblouis par les couleurs, les lumières, les gens d’Alger et leurs habits chatoyants, fantasques. Ces gens d’Alger étaient des marchands, des marins napolitains, des brigands corses qui s’y sont installés, des campagnards, des natifs de la médina et de riches touristes européens. On arrive enfin au pied de la Mosquée Ketchaoua, côté ex-rue Boutin, en contrebas de « Djama Lihoud ».

    Là, des musées de ce qui reste des palais des Rais, de leur progéniture, comme la maison de ”Khdaoudj El Amia”, ‘’Dar Aziza’’. Comble de l’ironie, nous n’avons pas pu visiter le musée des Arts Traditionnels, il y avait en ce jeudi 14 février une opération d’éradication de mites, qui se régalent des meubles, et autres vêtements d’époque, qui y sont exposés. Mais, tout au long de cette balade dans le temps d’une médina qui se meurt à petit feu, nous n’avons pas fait de rencontre de troisième type, une rencontre avec les ”Pépé le Moko”, ce personnage de cinéma, qui n’a vécu que l’espace d’un film tourné dans une Casbah des ”yaouleds” mythifiée à l’époque coloniale comme étant les bas fonds et le côté pervers de la ville européenne, cossue et hautaine, construite par delà la vieille cité, celle qui a défait vers 1541, un jour de grande tempête comme celui du 11 novembre 2001, l’invincible Armada de Charles Quint.

    Par contre, nous avons eu ce ressenti, près du vieux port, de la présence de Jo Attia (de son vrai nom Joseph Victor Brahim Attia), et des réminiscences de la pègre marseillaise des années 1950, qui venait souvent se planquer après quelques braquages spectaculaires en métropole, dans la vieille médina d’Alger, bien avant la ”french connection”.

    Sur le front de mer, entre les boulevards Ernesto Che Guevara et Frantz Fanon, donnant sur l’ex-rue de la Marine et la Grande mosquée, face au cap Matifou et, au loin la Kabylie, qui a donné à la Casbah, avec Biskra, ses habitants venus d’Azzazga, Tadmait, Azzefoun, Tigzrit, Les Issers et Bordj Ménaiel, Beni K’sila ou Tizi Ouzou, je reste pensif. Une belle cité, encore fière et orgueilleuse, qui fait face avec courage aux appels tentants du large, des départs vers des aventures à travers le monde. Et je me dis que le projet de « revitalisation » de la Casbah, dévolu par la wilaya d’Alger au célèbre architecte-urbaniste français Jean Nouvel, ne sera pas une simple formalité.

    La vieille médina contient pratiquement une grande partie de l’histoire du pays, tant de mystères et d’intrigues encore cachés, comme les méthodes et les matériaux de sa construction, un des secrets de sa longévité. Des larmes de joie et de tristesse aussi de ses habitants, qui ont pleuré leurs enfants, partis après les dures années de famine, de maladies et de misère, pour ne jamais revenir, en Amérique avec les jeunes GI’s après le débarquement à Alger en novembre 1942 des alliés durant la seconde guerre mondiale.

    « Ici, il n’ y a que des histoires de départs, pas de retour », laisse tomber un octogénaire, à qui on a demandé où sont passés les habitants de la Casbah. Pour tout cela, et le reste, il est probablement vain de revitaliser la Casbah. Peut-être la préserver contre les attaques des hommes…plus que le temps et l’oubli.

    Le Jeune Indépendant, 28 fév 2021

    Tags : Algérie, Alger, Kasbah,

  • Des pots-de-vin pour les votes lors des pourparlers menés par L’ONU en Libye

    Tunis, Tunisie, 28 février – Au moins trois participants aux pourparlers de paix dirigés par l’ONU en Libye ont été soudoyés pour obtenir des votes, ont découvert des experts de l’instance mondiale dans un rapport pour le Conseil de sécurité vu par l’AFP dimanche.

    Le Premier ministre par intérim, Abdul Hamid Dbeibah, a été sélectionné au début du mois lors des pourparlers du Forum de dialogue politique libyen (FDPL) lancés en Tunisie en novembre, dernière tentative des Nations Unies pour sauver le pays d’une décennie de conflit et de fragmentation.

    Dans un rapport qui doit être présenté au Conseil de sécurité en mars, les experts de l’ONU ont constaté que lors des pourparlers en Tunisie, deux participants «ont offert des pots-de-vin compris entre 150 000 et 200 000 dollars à au moins trois participants du FDPL s’ils s’engageaient à voter pour Dbeibah au poste de Premier ministre».

    Le rapport, qui n’a pas encore été rendu public, a été préparé par des experts de l’ONU chargés d’examiner les violations d’un embargo international sur les armes à l’encontre de la nation nord-africaine.

    Dans un passage de leur rapport vu par l’AFP, les experts rapportent qu’un délégué «a éclaté de colère dans le hall de l’hôtel Four Seasons à Tunis en apprenant que certains participants auraient pu recevoir jusqu’à… 500 000 dollars pour leurs votes Dbeibah, alors qu’il n’avait que a reçu 200 000 dollars. »

    Un participant aux entretiens, qui a demandé à rester anonyme, a confirmé à l’AFP avoir été témoin de la scène, exprimant sa colère face à «une corruption inacceptable à un moment où la Libye traverse une crise majeure».

    Les pourparlers en Tunisie visaient à créer une administration de transition pour conduire le pays vers les élections prévues pour décembre.

    En février, les 75 participants triés sur le volet par l’ONU pour représenter un large éventail de circonscriptions libyennes elles-mêmes ont choisi une administration intérimaire dirigée par le milliardaire Dbeibah et un conseil présidentiel de trois membres.

    Dbeibah doit maintenant gagner un vote de confiance en son gouvernement du parlement libyen d’ici le 19 mars.

    Il a déclaré jeudi qu’il avait présenté une «vision» pour une composition du cabinet, mais que les noms des ministres proposés seraient divulgués au parlement lors du vote de confiance.

    Les dernières allégations sont intervenues après que plusieurs organisations libyennes ont exigé en novembre une enquête sur des allégations de corruption liées à la sélection de futurs responsables.

    Envoyée intérimaire de l’ONU en Libye à l’époque, Stephanie Williams a déclaré aux délégués et aux journalistes qu’elle avait ouvert une enquête sur des allégations de corruption.

    Dans une lettre vue par l’AFP et datée du 20 février, les participants du FDPL Sayida Kamel Yaacoubi et Azza Mahmoud Assid ont appelé le successeur permanent de Williams, Jan Kubis, à rendre public le rapport d’expert, affirmant que les allégations étaient un affront à leur «dignité, honneur et transparence» .

    Source : Capital News, 28 fév 2021

    Tags : Libye, ONU, corruption, gouvernement intérimaire, transition,

  • 35 migrants d’Algérie arrivés en Sardaigne à bord de deux bateaux à moteur

    Trois femmes et trois mineurs sont également à bord. Les deux groupes ont été interceptés par le département aéronaval de la garde des finances de Cagliari

    AGI – Les deux groupes de migrants interceptés dans la soirée par le service aéronaval de la police financière de Cagliari sont arrivés d’Algérie dans le sud de la Sardaigne avec deux bateaux à moteur, avec des moteurs de 200 chevaux.

    Parmi les 35 à bord également trois femmes et autant de mineurs. Les vedettes rapides sont une nouveauté absolue dans le flux migratoire algérien de plus en plus intense, repris cette année depuis le début du mois.

    Jusqu’à présent, les migrants se dirigeant vers les côtes sud-ouest de la Sardaigne sont arrivés sur de petits bateaux en fibre de verre équipés de moteurs hors-bord , comme les 7 récupérés ce matin au large de l’ île de Toro.

    Source : Agenzia Italia, 28 fév 2021

    Tags : Algérie, Italie; Migration,

  • Maroc-Espagne : Réouverture de la ligne de ferry de Melilla

    LA ligne de ferry entre Motril et Melilla est sur le point de rouvrir. L’itinéraire, géré par la compagnie de ferry FRS, rouvrira ses services de Motril à Melilla.

    La nouvelle verra la compagnie utiliser son ferry rapide, le Tarifa Jet, à partir du vendredi 5 mars, date à laquelle elle reprendra ses activités.

    Les services auront lieu les lundis, vendredis et dimanches.

    FRS a commencé à exploiter leur ligne en juillet 2018, mais a dû suspendre le service en mars 2020 pendant la pandémie qui a arrêté tout le trafic de passagers à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

    Le car-ferry peut transporter 777 passagers et 175 véhicules, avec un temps de traversée de quatre heures et demie.

    L’horaire de navigation verra le ferry quitter Melilla les vendredis à 16h et les lundis à 7h30, tandis que les départs de Motril auront lieu les vendredis à 8h30 et les dimanches à 18h30.

    La nouvelle intervient après que les ministres des Affaires étrangères d’Espagne et du Maroc ont tenu une vidéoconférence pour discuter du renforcement des liens économiques et autres entre les deux pays.

    Les deux ministres ont appelé à une coopération plus étroite en tant que partenaires stratégiques en raison de leur proximité, des opportunités d’investissement et du nombre de citoyens marocains désormais installés en Espagne.

    Bien qu’ils aient convenu qu’il existait «d’excellentes relations» entre les deux pays, des problèmes politiques subsistent, notamment en ce qui concerne à la fois le Sahara occidental et les enclaves espagnoles au Maroc.

    Actuellement, le gouvernement espagnol ne commente pas les activités du Maroc au Sahara occidental qui est un territoire contesté et a été occupé par l’Espagne jusqu’en 1975, date à laquelle il s’est retiré et le Maroc a repris 80 pour cent de la superficie du territoire.

    Source : Euro Weekly News, 28 fév 2021

    Tags : Maroc, Espagne, Melilla, Ferry,



  • Un livre rompt le silence en France sur les abus sexuels sur enfants au sein de la famille

    Source : ara.cat, 21 fév 2021

    Camille Kouchner a dénoncé la culture d’impunité des générations post-68
    Cristina Mas

    BARCELONE L’élite intellectuelle française née en mai 1968 a proclamé une liberté sexuelle derrière laquelle la maltraitance des enfants était également cachée dans la famille. C’était un secret du domaine public jusqu’à ce que Camille Kouchner, fille de l’ancien ministre et fondateur de Médecins Sans Frontières, dénonce dans un livre comment son frère jumeau a souffert alors qu’il n’avait que 14 ans abusé sexuellement par son beau-père, Olivier Duhamel, un constitutionnaliste et membre du comité d’experts de la prestigieuse université Sciences Po. La publication de La familia grande a généré un véritable tremblement de terre et avec le hashtag # MeTooIncesteplus de 80 000 victimes ont enfin pu expliquer les abus qu’elles ont subis dans leur enfance. La tempête a eu un effet domino de démissions de hauts fonctionnaires du monde des lettres qui ont dû chanter le mea culpa , pour leur implication ou leur complicité de silence.

    Duhamel a dû démissionner, comme le philosophe Alain Finkielkraut, qui a aplani les accusations en arguant que la victime était déjà adolescente. L’ancienne ministre de la Justice Élisabeth Guigou, amie de Duhamel, a également dû quitter son poste de présidente du Comité contre la pédérastie. A l’image du préfet de la région parisienne, Marc Guillaume, et du directeur de Sciences Po, Frédéric Mion. Même Emmanuel Macron a dû sortir de la polémique pour promettre des changements législatifs.

    Les milliers de tweets de survivants d’abus et la descente aux enfers des premières épées de l’intelligentsia aident-ils les victimes? Les associations disent oui. Laurent Boyet, ancien inspecteur de police et lui-même victime de maltraitance lorsqu’il était enfant par son frère, préside désormais l’association Les Papallones , qui vient en aide aux enfants maltraités. «Le livre de Camille Kouchner a été un tournant, une réelle prise de conscience dans la sphère politique et sociale. Une vague a été déclenchée pour exiger que les choses changent », a déclaré Boyet lors d’une conversation téléphonique. « Ce problème touche la société dans son ensemble: riches et pauvres, nord ou sud, catholiques ou pas … Un Français sur dix a été maltraité dans son enfance », a-t-il déclaré.

    Culture d’impunité

    Les intellectuels post-68, avec leur autorité morale, avaient des relations normalisées entre adultes et enfants: Bernard Kouchner lui-même – dont l’auteur dénonce que sa mère, l’écrivaine féministe Évelyne Pisier, s’était séparée parce qu’il ne s’occupait pas de ses enfants – elle avait signé une pétition en 1977 pour abaisser l’âge du consentement sexuel à 13 ans.

    «Il était temps – explique la psychiatre Muriel Salmona, qui a également subi des sévices dans son enfance et préside désormais l’association Traumatic Memory and Victimology – que la propagande pédo-criminelle cesse d’avoir tout en tête, et que cela mette fin à l’impunité des pédophiles et à un système qui rend impossible ou illégitime la plainte qui blâme les victimes, les dévalorise, les isole et les conduit à la honte, les privant de protection, de justice et de réparation: les 83% n’ont jamais reçu d’aide », souligne-t-il.

    Les associations de victimes se réjouissent que le livre ait contribué à dénoncer une sorte de loi du silence, qui aide ceux qui ont été maltraités à «se libérer». Le témoignage de Camille Kouchner, qui est juriste, est aussi un exemple de cette omerta : l’auteur avoue qu’elle n’a osé écrire le livre jusqu’à la mort de sa mère, qu’elle avait réagi aux abus en blâmant son fils, qui alors il avait 14 ans, après avoir séduit Duhamel, son deuxième partenaire après s’être séparé de Bernard Kouchner.

    Le scandale entourant la publication du livre a également servi à positionner ouvertement les médias du côté des victimes. Les accusés ont dû quitter leurs espaces lors de rassemblements sociaux. «Cela aide les victimes à identifier ce qui leur est arrivé, à ressentir moins de culpabilité et moins de honte et à connaître leurs droits, ainsi qu’à expliquer les symptômes dont elles souffrent du fait de la violence qu’elles ont subie, et aussi à demander de l’aide. , dit le psychiatre. Boyet a également constaté que les boîtes aux lettres qu’ils installent dans les écoles et les centres sportifs pour que les victimes puissent les dénoncer sont plus pleines. Et un conseil qui se répète: parler est la première étape pour guérir vos blessures.

    Tags : Pédophilie, pédocriminalité, #Metoo #MettoInceste, abus, viol, inceste, Camille Kouchner, Olivier Duhamel,

  • 61 ans plus tard, les Algériens souffrent toujours de l’héritage atomique de la France

    Source : TRT World, 15 fév 2021 (traduction de l’anglais)

    Les experts estiment que le passé nucléaire de la France en Algérie ne doit plus rester enfoui dans le sable.

    Le 13 février 1960 au matin, la France a testé sa première bombe nucléaire appelée «Gerboise Bleue» (Blue Jerboa) dans la région de Tanezrouft, une partie du Sahara qui chevauche l’Algérie et le Mali, à environ 30 miles au sud de Reggane.

    Gerboise Bleue avait une capacité d’ explosion de 70 kilotonnes, soit plus de quatre fois la force de Little Boy, l’arme nucléaire américaine qui a été larguée sur Hiroshima à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

    À l’époque, les autorités françaises affirmaient que les tests se déroulaient dans des zones inhabitées et désertes. Cependant, il a été révélé plus tard que des milliers de personnes vivaient sur les sites où la France testait ses armes nucléaires.

    Les Algériens vivant dans ces régions n’ont pas été correctement avertis après la campagne d’essais de bombes nucléaires mal gérée de Paris autour de la ville de Reggane en 1960, qui a vitrifié de vastes étendues de désert avec de la chaleur et du plutonium, laissant un héritage de radiations non confinées qui paralyse encore les habitants.

    Selon le ministère français de la Défense, le nombre d’Algériens touchés par les tests était de 27000 mais selon les chiffres fournis par un professeur algérien de physique nucléaire, Abdul Kadhim al Aboudi, le nombre de personnes qui y vivaient était de 60000.

    En l’espace de deux ans, de 1960 à 1962, la France testa quatre bombes au-dessus du sol à Tanezrouft. Les tests ont eu lieu même après l’indépendance de l’Algérie de la France en 1962, qui a été obtenue après une guerre révolutionnaire de huit ans qui a fait des centaines de milliers de morts. Malgré cela, les Français maintiennent toujours une présence militaire dans la région et testent 13 bombes nucléaires dans une installation souterraine sous les montagnes du Hoggar, à 643 km au sud-est de Reggane.

    De 1960 à 1967, Paris a réalisé 17 essais nucléaires atmosphériques et souterrains dans les régions de Reggane et du Hoggar. Neuf d’entre elles ont été menées après l’indépendance de l’Algérie.

    Selon les experts, près de 42 000 Algériens ont été tués et «des milliers irradiés» lors de ces tests particuliers menés par la France entre 1960 et 1967.

    Des estimations modestes suggèrent que depuis 1960, au moins 150 000 personnes ont vécu, près ou voyagé dans des régions où la France a testé ses armes atomiques.

    Les dégâts causés en Algérie ont commencé à se faire jour au milieu des années 90. Une organisation de citoyens a détecté des dommages physiologiques survenant souvent chez les résidents vivant à proximité du site d’essai ainsi que chez les nomades voyageant à travers le Sahara.

    Plusieurs rapports ont également révélé que le plutonium radioactif utilisé est responsable de niveaux élevés de cancer de la peau dans le sud de l’Algérie, parmi de nombreuses autres maladies.

    L’accord d’Evian

    En 1962, la guerre d’indépendance algérienne a pris fin, au moins sur le papier. Le document, simplement intitulé «Déclarations rédigées de commun accord», a été signé dans une ville de la rive française du lac Léman plus connue pour son eau en bouteille que pour son rôle dans l’histoire diplomatique: Evian-les-Bains.

    Connu sous le nom d’accords d’Evian, le règlement a appelé à un cessez-le-feu immédiat et a établi les paramètres de l’indépendance de l’Algérie.

    Cependant, conformément à une clause de l’accord, la France a été autorisée à poursuivre son programme d’essais jusqu’en 1967. Le gouvernement algérien sous la présidence de Chadli Bendjedid a secrètement autorisé la France à poursuivre ses essais sur le site B2-Namous de Reggane jusqu’en 1986 .

    Lorsque les Français ont finalement quitté l’Algérie, ils ont enterré une gamme d’objets contaminés dans les deux zones – du métal provenant de tours télécommandées qui ont activé les bombes, des pièces de moteur d’avions qui ont volé dans le champignon de Gerboise Bleue pour recueillir des données sur les radiations et des camions de qualité militaire. placé dans le rayon de l’explosion pour agir comme baromètres de sa puissance.

    En raison des vents sahariens dans la région, le sable recouvrant ces tombes de déchets nucléaires a été emporté. Les personnes vivant dans le sud de l’Algérie n’ont jamais été informées par la France des risques de radiation résiduelle et les gens ont commencé à utiliser des articles contaminés comme ressources.

    Bien que Paris ait été sévèrement critiqué pour son mépris des pratiques sûres de confinement nucléaire à la fois sur le plan interne et international, il est resté relativement silencieux sur la question.

    Un expert en énergie nucléaire algérien, Ammar Mansouri, qui avait précédemment décrit les essais comme «les crimes les plus méprisables perpétrés par la France coloniale en Algérie», demande maintenant à la France – qui a signé un traité rétroactif de l’Association internationale de l’énergie atomique sur la gestion des déchets radioactifs en 1997 – de faire face la loi internationale.

    Plus de six décennies après la réalisation de Gerboise Bleue, un rapport de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN) recommandait à la France d’aider l’Algérie au nettoyage des sites concernés.

    Selon le rapport ICAN : «Dès le début des essais nucléaires, la France a mis en place une politique d’enfouissement de tous les déchets dans le sable. Tout ce qui a pu être contaminé par la radioactivité a dû être enterré.

    Cela comprenait des avions, des chars et d’autres équipements. Pire encore, les matières radioactives ont été laissées à l’air libre, exposant ainsi la population et l’environnement à un danger assuré.

    Le rapport mentionnait également que, la France n’ayant été soumise à aucune obligation au titre des accords qu’elle a conclus avec l’Algérie, elle n’a jamais révélé la localisation ni la quantité des déchets enfouis.

    Le rapport disait: «Le passé nucléaire ne devrait plus rester enfoui profondément dans le sable.»

    Les séquelles toxiques de l’héritage atomique de la France

    Les résidents du sud de l’Algérie ont signalé l’étrange augmentation des problèmes médicaux apparus pour la première fois dans les années 1970 et persistants jusqu’à nos jours.

    Bébés nés avec des membres atrophiés; cancers du foie, de l’estomac et de la peau; et la cécité de ceux qui ont été témoins des éclairs nucléaires brutaux lorsque les bombes ont explosé . À Reggane, beaucoup étaient au milieu de leurs prières du matin (fajr) lorsqu’une détonation a eu lieu.

    Ceux qui ont survécu doivent faire face à des incidences plus élevées de cancer, de malformations congénitales et de mutations génétiques pendant des générations. Si les sources de rayonnement sont toujours là, de manière invisible, le danger demeure réel et présent parmi elles toutes.

    Plus d’un demi-siècle plus tard, la France n’a pas encore assumé l’entière responsabilité de son sombre héritage colonial en Algérie.

    Le mois dernier, Paris a annoncé qu’il n’y aurait pas d’excuses pour la colonisation et ses activités qui ont coûté la vie à des millions de personnes au cours de ses 132 ans d’occupation de l’Algérie.

    Tags : Algérie, France, Mémoire, colonisation, colonialisme, essais nucléaires,

  • Sahel, le dilemme de la France: faire face aux «terroristes»?

    Source : La Repubblica, 15 fév 2021

    Rencontre d’aujourd’hui de Macron avec les dirigeants du «G5». Les présidents du Tchad, du Burkina Faso, du Niger, du Mali et de la Mauritanie sont de plus en plus enclins à négocier avec les djihadistes de «l’Etat islamique au Grand Maghreb» ou avec des formations proches d’Al-Qaïda.

    par Vincenzo Nigro

    LA GUERRE contre le terrorisme jihadiste au Sahel est-elle perdue? La France et les pays du G5 feraient-ils mieux pour lutter contre les terroristes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique et les autres groupes qui dominent la région? Devraient-ils faire ce que les Américains font avec les talibans en Afghanistan?

    Telles sont les questions centrales que se poseront le président français Emmanuel Macron et les dirigeants du «G5», l’organe qui unit les 5 pays du Sahel touchés par l’insurrection armée. Macron intervient aujourd’hui par visioconférence lors d’une réunion avec le «G5» qui s’est tenue à Njamena, la capitale du Tchad. Les dirigeants du Burkina Faso, du Tchad, du Mali, de la Mauritanie et du Niger assistent au sommet de deux jours où, pour la première fois, ils essaieront de coordonner quelque chose comme une acceptation du rôle des gangs terroristes dans le gouvernement de la région.

    Un nouveau rôle

    Pour la première fois, en effet, deux tendances se croisent qui pourraient conduire à traiter avec les terroristes: la tendance de la France à réduire sa présence militaire. L’acceptation par Paris du concept « on ne gagne pas seulement avec des armes ». Et de l’autre, celle des gouvernements de la région qui veulent tenter de résoudre les conflits auxquels ils sont confrontés avec les armes depuis des années par des négociations politiques et nationales.

    Il y a à peine un an, la France avait augmenté sa présence militaire au Sahel de 4 500 à 5 100 soldats, mais les jihadistes gardent le contrôle de vastes zones et continuent de mener des attaques. Cette année, 6 casques bleus de l’ONU ont déjà été tués au Mali, tandis que 5 soldats français ont perdu la vie depuis décembre: au total 50 soldats français sont morts en 8 ans.

    Le tabou brisé par le Burkina Faso

    Depuis des années, Paris a toujours rejeté toute négociation politique avec les insurgés: « Nous ne traitons pas avec des terroristes ». Mais peu à peu la diplomatie et les services français se sont rendu compte que les dirigeants locaux ne pouvaient pas suivre cette ligne, ils ont été tentés ou forcés de prendre contact avec des groupes terroristes, dans une tentative de survivre individuellement mais aussi pour commencer à arrêter un conflit armé qui pendant des années a ravagé la région.

    Ces derniers jours, le Burkina Faso a déclaré pour la première fois qu’il était prêt à négocier avec les islamistes. « Si nous voulons résoudre cette crise, nous devons trouver une voie et la possibilité de parler avec ceux qui sont responsables de ces attentats terroristes », a déclaré le Premier ministre Christophe Dabirè au Parlement. Au Mali, de nombreux dirigeants politiques commencent à penser de la même manière: depuis 2012, le nord du pays est sous le contrôle de groupes armés djihadistes et de formations de séparatistes touaregs.

    La France a empêché pendant des années toute tentative des gouvernements locaux et des régimes de négocier avec les terroristes. Mais récemment, sous la pression des échecs, des morts, des autres crises auxquelles Paris est obligé de faire face, Macron a commencé à changer d’approche. Désormais, la France semble également prête à trouver une issue qui la conduira surtout à réduire son engagement dans son « Opération Barkhane », mission militaire à laquelle s’est jointe la mission « Takuba » avec certains alliés européens dont l’Italie.

    Dans le même temps, même avec une déstabilisation très active de la Russie, les populations locales commencent à manifester publiquement contre la France. CELA A Créé un contexte de plus en plus difficile pour la présence militaire et même politique de l’ancienne puissance coloniale dans ces pays.

    Certains analystes cités par le Financial Times expliquent l’accélération de l’idée de négociation par les gouvernements locaux: «Mieux vaut commencer à négocier maintenant, avec les Français toujours présents avec les forces militaires, que de négocier quand les Français ont commencé à se retirer car c’est ce que les Américains ont fait en Afghanistan « .

    Les données collectées par l’analyste Jose-Luengo (également cité par le FT) confirment que 2020 a été l’année la plus difficile en termes de pertes en vies humaines: les morts au Burkina, au Niger et au Mali étaient de 6256, dont des soldats, des terroristes, des miliciens et des civils. . Une augmentation de 30% par rapport à 2019.

    La principale menace est celle de l’État islamique dans le Grand Sahara, une formation sœur de l’État islamique en Irak et en Syrie. Mais il existe d’autres groupes, plus ou moins liés à des ethnies et à des groupes criminels et de passeurs, qui rendent la vie difficile à la France dans la région. L’État islamique, par exemple, est défié dans la région par le JNIM, Jamaat Nusrat al Islam wal Muslimin (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), une fédération de milices liées à Al-Qaïda.

    L’évolution politique et militaire dans tout le Sahel concerne directement l’Italie. Les gouvernements Conte, après des années de réflexion, ont décidé de participer à la mission militaire «Takuba», offrant un soutien aux Français. Mais ensuite, ils ont ouvert une ambassade au Niger comme ils s’apprêtent à le faire au Mali. L’ensemble du Sahel est le grand «ventre mou» par lequel passent les trafics qui atteignent l’Afrique du Nord, la Libye et donc la Méditerranée. D’une manière ou d’une autre, la prophétie noire du colonel Mouammar Kadhafi («si vous m’attaquez en Libye, le terrorisme éclatera au Sahel») s’est réalisée. Et l’Europe devra certainement courir après les dommages causés par ce changement de régime en Libye pendant des années.

    Tags : Sahel, France, Barkhane,




  • Algérie : Le Consul du Maroc à Oran était un espion

    Le désormais ex- consul du Royaume du Maroc à Oran, qui avait osé qualifier l’Algérie de «pays ennemi» a bel et bien pris un aller simple jeudi dernier vers Rabat. 
    En effet, la présidence de la République par la voix de son porte-parole, a confirmé ce mardi le départ de ce diplomate qui a accompagné la semaine dernière le rapatriement de 300 ressortissants marocains à partir d’Oran à bord de deux avions de la Royal Air Maroc (RAM). 
    «Le consul a quitté effectivement le territoire algérien. Il a dépassé ses limites », a déclaré, hier, le porte-parole de la présidence de la République Mohand Oussaid Belaid, au cours de la traditionnelle conférence de presse actuellement au siège de la Présidence. « Nous avons demandé son départ. Son comportement était prévisible. Nous avons découvert que c’est un agent des services de renseignements marocains qui a été désigné consul à Oran pour d’autres raisons», a révélé M. Belaid, en soulignant que «la page de cet incident est tournée». 
    Voilà des éléments nouveaux qui confirment que la saillie inélégante et agressive du sulfureux diplomate marocain n’était finalement pas sortie malencontreusement de sa bouche mais bien assumée. En précisant qu’il s’agissait d’un «agent des services de renseignement» et non pas un diplomate, le porte-parole de la présidence remet les pendules à l’heure s’agissant des propos de ce diplomate qui avait déclaré au sujet de l’Algérie en s’adressant à ses compatriotes à Oran: «Nous sommes dans un pays ennemi, je vous le dis franchement». Une déclaration tellement gravissime que le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, avait convoqué le lendemain l’ambassadeur du Maroc en Algérie pour lui faire savoir que le consul de son pays était indésirable en Algérie après les propos inacceptables qu’il avait tenus à Oran.
    L’Est Républicain, 10 juin 2020
    Tags : Maroc, Algérie, consul du Maroc à Oran, Aherdane Boutaher, 
  • Un déni français

    par Paris : Akram Belkaïd


    Il ne pouvait en être autrement. Dès les premières manifestations aux Etats-Unis en protestation contre l’assassinat, par un policier, de George Floyd, un afro-américain de Minneapolis (Minnesota), les médias français ont été pris de leur habituelle empathie à l’égard des combats antiracistes que connaît l’Amérique depuis si longtemps. Toutes les grandes chaînes d’information en continu mais aussi les radios et les principaux quotidiens ont consacré une large place à cet énième épisode de violence policière débouchant sur la mort d’un être humain.

    Les informations et les analyses concernant ce drame et les impressionnantes marches populaires qui ont suivi offrent une image plutôt fidèle de la réalité américaine. On citera en exemple les articles consacrés à la ville de Minneapolis, dirigée par un démocrate, dont l’image « progressiste » ne parvient pas à faire oublier des décennies d’inégalités et d’impossibilité pour la population noire d’accéder à la propriété immobilière. Les provocations et surenchères du président Donald Trump, appelant à mater les protestataires et menaçant de déployer l’armée, ajoutent à l’intérêt des médias français qui peuvent gloser à l’infini sur le racisme et la violence intrinsèques des forces de l’ordre américaines.

    Ironie de l’histoire, quelques jours auparavant, la France a connu une polémique sur le même sujet. Camélia Jordana, chanteuse et actrice née en France et de grands-parents algériens, a provoqué le tumulte avec deux déclarations prononcées dans une émission de grande écoute sur France 2 : « Il y a des hommes et des femmes qui se font massacrer quotidiennement en France, tous les jours, pour nulle autre raison que leur couleur de peau. », a-t-elle ainsi déclaré avant de préciser :« Il y a des milliers de personnes qui ne se sentent pas en sécurité face à un flic, et j’en fais partie ».

    On regrettera l’usage du verbe « massacrer » pris au premier degré par de nombreux commentateurs trop heureux de discréditer le propos de l’artiste. Mais pour le reste ? Qu’a-t-elle dit pour mériter un tel torrent de critiques et de haine avec, à la clé, des menaces de poursuites judiciaires proférées par des syndicats de policiers ? En France, une bonne partie des élites vit dans le déni d’une réalité sordide. Celle de la violence policière structurelle, pour ne pas dire systémique, infligée aux minorités et aux classes populaires. Même les violences subies par les Gilets jaunes – qui ont découvert en 2018 ce qu’enduraient depuis longtemps les jeunes des quartiers – n’ont pas modifié la donne.

    La peur du flic est une réalité. Le seul changement, c’est qu’elle s’est étendue à d’autres catégories de la population. Aujourd’hui, les gens vont aux manifestations avec la peur au ventre parce qu’en face, c’est buffet ouvert. Recours à la stratégie de la nasse, usages intensifs de gaz lacrymogènes alors que les cortèges sont calmes, tirs aux lanceurs de balles de défense (LBD) sont devenus des actes courants symbolisés par les outrances du préfet de Paris Didier Lallement. Ebranlé par la crise des gilets jaunes, discrédité par son impréparation et sa désinvolture face à l’épidémie de coronovirus, le gouvernement français semble craindre sa police. A chaque bavure, le message est toujours le même. Il n’y a rien eu ou s’il y a eu quelque chose, il faut faire preuve de compréhension.

    Il est très probable que l’on ne sache jamais qui est le policier qui a tiré une grenade lacrymogène dans le visage de feu Zineb Redouane. Ce sujet qui devrait constituer une indignation nationale n’a jamais fait la une des journaux. Il est vite évoqué et on passe à autre chose. L’affaire Adama est encore plus symbolique. En juillet prochain, cela fera quatre ans que la famille d’Adama Traoré, mort à 24 ans dans une gendarmerie, réclame justice. Et cela fait quatre ans qu’une conspiration du silence vise à relativiser l’importance des mobilisations. Mardi 2 juin, d’impressionnantes manifestations ont eu lieu à Paris et Marseille pour réclamer la vérité. Le soir, les grands journaux télévisés ont consacré des dizaines de minutes à la situation américaine mais presque rien pour le rassemblement à la mémoire d’Adama Traoré. L’évitement, toujours et encore… L’incapacité à reconnaître qu’il y a un vrai problème de violences policières en France.

    Il y a bientôt quinze ans (misère…), je consacrais une chronique à ce qui fut le prélude aux émeutes de l’automne 2005 (*). Je faisais le lien entre ces violences et le passé colonial qui a façonné bien plus qu’on ne le croit la police. J’y racontais comment on peut habiter le très chic septième arrondissement de Paris, avoir une situation confortable dans la finance et avoir peur d’entrer seul dans un commissariat pour y déclarer le vol de son scooter, tout cela parce que l’on a un nom et un faciès maghrébin. J’ai revu cette personne il n’y a pas longtemps. Nous avons reparlé de cette affaire. Elle m’a déclaré que cette peur n’avait pas disparu, bien au contraire. Dans cette même chronique, j’évoquais les contrôles d’identité musclés de la Brigade anti-criminalité (BAC). Le tutoiement, les gifles qui fusent et l’impossibilité de protester sous peine d’être embarqué pour le bien commode motif de rébellion. A dire vrai, rien de tout cela n’a changé. Et le déni demeure.

    (*) Après Clichy-sous-Bois, 5 novembre 2005. Chronique reprise par Courrier International, le 12 novembre 2005… (précision qui sera peut-être utile pour les exégètes de ma dernière chronique).

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    Tags : France, George Floyd, racisme,