Catégorie : sélection articles illustrés

  • Sahara Occidental : Guéguerre entre Hach Ahmed et Cembrero

    Sahara Occidental : Guéguerre entre Hach Ahmed et Cembrero

    Sahara Occidental, Maroc, MSP, Hach Ahmed, Ignacio Cembrero, Conférence internationale pour la paix et la sécurité, Mouvement Sahraouis pour la paix,

    Le groupe dénommé « Sahraouis pour la paix » organise à Las Palmas de Grande Canarie le 22 et 23 septembre un coloque sous le titre de « Conférence internationale pour la paix et la sécurité » qui comptera avec la participation de personnalités du PSOE tel que l’ancien Chef de Gouvernement José Luis Zapatero. Selon son porte-parole officiel, Bahia Baali « le MSP présentera aux Canaries son approche et ses recommandations sur la solution de compromis ».

    Un article signé par Ignacio Cembrero et paru sur les colonnes d’El Confidencial rappelle que l’organisation présidée par l’ancien responsable sahraoui Hach Ahmed a été créée et financée par les services secrets marocains selon une notre diffusée par le CNI, le service de renseignement espagnol. « L’ex-chef socialiste du gouv espagnol, Zapatero, inaugure aux Canaries un congrès sahraoui convoqué par un groupe engendré par les services secrets du Maroc. Le Mouvement Sahraouis pour la Paix est un création de la DGED marocaine, selon le CNI espagnol », indique Cembrero.

    L’article du journaliste espagnol, ex-correspondant d’El Pais au Maghreb, a suscité la colère de Hach Ahmed qui a répliqué accusant Cembrero d’utiliser la cause sahraouie pour régler ses compters personnels ». « Lorsqu’il était correspondant d’El País à Rabat, Cembrero n’avait aucune sympathie pour le Polisario et les Sahraouis. Depuis qu’il a été licencié par le journal en raison de ses relations avec les autorités de Rabat, il est devenu un « épéiste » de la cause sahraouie et l’utilise pour régler ses comptes personnels », a-t-il écrit dans un twit.

    « Au lieu de me critiquer, il serait préférable que vous expliquiez comment un groupe aussi petit que le vôtre va financer un congrès de l’ampleur de celui que vous organisez aux Iles Canaries. C’est le CNI, pas moi, qui dit que votre groupe a été créé par la DGED. Je n’ai pas été renvoyé de El País, mais j’ai été forcé de partir », réponde Cembrero.

    « Ce n’est pas une critique, j’ai simplement souligné un remarquable changement à 180 degrés qui a marqué votre point de vue sur le Sahara depuis que vous êtes devenu un loup solitaire en dehors des bureaux de la rédaction d’El País. Ce qui n’est pas non plus dans l’intérêt de votre prestige, c’est d’être le porte-parole de la ECS » (un portal sahraoui, ndlr), réplique Hach Ahmed.

    #Sahara_Occidental #Maroc #MSP #Hach_Ahmed #Ignacio_Cembrero

  • Sahara Occidental: Le Kenya fait marche arrière

    Sahara Occidental: Le Kenya fait marche arrière

    Sahara Occidental, Maroc, Kenya, William Ruto, RASD, Union Africaine,

    Le Kenya clarifie sa position sur le Sahara occidental après un tweet de William Ruto

    La semaine dernière, à peine investi, le président William Ruto a semé le trouble en publiant puis en effaçant un tweet dans lequel il semblait retirer la reconnaissance du Kenya à la RASD (République arabe sahraouie démocratique). Face au tollé, Nairobi a adressé une note aux représentations diplomatiques pour faire marche arrière.

    Avec notre correspondante à Nairobi, Florence Morice

    La note est datée du 16 septembre, et émane du ministère kényan des Affaires étrangères. Une note de clarification qui semble être destinée à rassurer les partenaires du Kenya, ONU et Union africaine en tête. On y lit que le Kenya est « totalement aligné » sur la résolution de l’UA qui en 1982 a acté l’admission de la République sahraouie au sein de l’organisation. Le Kenya se dit aussi aligné sur la charte de l’Union africaine qui prévoit « le droit inaliénable des peuples à l’autodétermination ».

    Dans cette note, Nairobi rappelle aussi son attachement à la résolution du Conseil de sécurité de 1991 qui appelle à « l’autodétermination » du Sahara occidental « à travers un référendum ».

    Pas d’explication sur le tweet en question

    Plus question de rompre les liens diplomatiques avec la RASD. Nairobi réaffirme toutefois qu’elle souhaite renforcer ses relations commerciales avec le Maroc. Une position qui peut paraître paradoxale dans la mesure où durant l’été, le roi Mohamed VI a demandé à ses partenaires de soutenir sa position sur ce dossier « sans ambiguïté ».

    Dans cette note, le ministère kényan affirme enfin que Nairobi « ne mène pas sa politique étrangère sur Twitter » mais plutôt « par le biais de documents officiels ». Le choix de William Ruto de communiquer une annonce de cette importance sur le réseau social avait surpris et fait grincer des dents. Toujours aucune explication n’a été officiellement fournie sur l’origine de ce tweet et de sa suppression.

    RFI, 20/09/2022

    #Sahara_Occidental #Maroc #Kenya #Union_Africaine

  • Pékin et Moscou se posent en contrepoids à l’ordre occidental

    Pékin et Moscou se posent en contrepoids à l’ordre occidental

    Russie, Chine, Organisation de coopération de Shanghai, OCS,

    Les présidents chinois Xi Jinping et russe Vladimir Poutine se sont posés vendredi en contrepoids à l’influence occidentale lors du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai en Ouzbékistan.
    Les deux dirigeants sont en tête d’affiche d’un sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), un groupe qui entend concurrencer les institutions occidentales, à Samarcande (Ouzbékistan).

    Ce sommet intervient au moment où Moscou et Pékin ont des relations extrêmement tendues avec les Etats-Unis, à cause de l’invasion russe de l’Ukraine et du soutien américain à Taïwan.

    Il convient de promouvoir les valeurs communes de l’humanité, d’abandonner les jeux à somme nulle et la politique consistant à créer des blocs.

    « Une direction plus juste et rationnelle »

    Lors de la session principale du sommet de l’OCS, Xi a appelé les dirigeants réunis à « travailler ensemble à la promotion d’un ordre international qui aille dans une direction plus juste et rationnelle ».

    « Il convient de promouvoir les valeurs communes de l’humanité, d’abandonner les jeux à somme nulle et la politique consistant à créer des blocs », a-t-il poursuivi. Il n’a cité aucun pays, mais Pékin utilise généralement ce vocabulaire pour dénoncer les Etats-Unis et leurs proches alliés.

    Le président russe, de son côté, s’est félicité du « rôle croissant des nouveaux centres de pouvoir » qui, selon lui, « devient de plus en plus évident ». Poutine a affirmé que la coopération entre les pays membres de l’OCS, à la différence des Occidentaux, se basait sur des principes « dénués d’égoïsme ».

    L’OCS, dont les membres sont la Chine, la Russie, l’Inde, le Pakistan et quatre ex-républiques soviétiques d’Asie centrale, a été créée en 2001 en tant que plateforme de coopération concurrente des organisations occidentales.

    Poutine en quête d’alliés

    Les déclarations des dirigeants russe et chinois illustrent les turbulences qui secouent depuis plusieurs mois les relations internationales, en particulier depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, fin février.

    La Russie est visée depuis par de lourdes sanctions économiques occidentales et se tourne de plus en plus vers l’Asie pour chercher des soutiens économiques et diplomatiques. Le locataire du Kremlin a ainsi multiplié depuis jeudi les rencontres bilatérales en marge du sommet.

    Lors d’un entretien jeudi avec Xi, Vladimir Poutine a remercié son homologue chinois pour sa « position équilibrée » sur l’invasion de l’Ukraine par Moscou, tout en lui promettant des « explications » face à ses « inquiétudes ».

    L’analyse de Bertrand Badie sur Forum :

    L’heure « n’est pas à la guerre »
    Le président russe Vladimir Poutine a aussi assuré vendredi au Premier ministre indien Narendra Modi qu’il souhaitait terminer « le plus vite possible » le conflit en Ukraine, tout en disant comprendre les « inquiétudes » de l’Inde à ce sujet.

    « Malheureusement, c’est juste que la partie adverse, les dirigeants de l’Ukraine, a refusé tout processus de négociation, et a indiqué qu’elle voulait atteindre ses objectifs par la voie militaire, sur le champ de bataille », a poursuivi Vladimir Poutine, selon un échange retransmis à la télévision russe.

    Le Premier ministre indien a de son côté indiqué que l’heure n’était « pas à la guerre » et a souligné l’importance de « la démocratie, de la diplomatie et du dialogue ».

    L’Inde s’est abstenue de condamner explicitement l’invasion russe de l’Ukraine et qualifie Moscou de « pilier essentiel » de la politique étrangère indienne en raison de son « partenariat stratégique » pour sa sécurité nationale.

    Le géant d’Asie du Sud de 1,4 milliard d’habitants, grand consommateur de pétrole russe, a considérablement accru ses achats depuis l’embargo occidental.

    RTS.CH, 16/09/2022

    #Russie #Chine #Ukraine

  • Les voix de la « Françafrique »

    Les voix de la « Françafrique »

    France, Afrique, françafrique,

    Ignorance ? Suivisme ? Patriotisme mal placé ? Les médias français épousent facilement le discours officiel lorsqu’il s’agit de l’Afrique. Les interventions militaires — de la Côte d’Ivoire au Sahel — seraient ainsi « utiles » et « désintéressées ». Ce traitement biaisé rend incompréhensible l’échec d’opérations telles que « Barkhane » ou l’impopularité croissante de Paris sur le continent.

    par André-Michel Essoungou & Fanny Pigeaud

    es grands médias français peuvent-ils s’affranchir des récits officiels quand il s’agit de l’Afrique ? Leur manière de traiter le sujet du franc CFA, monnaie pilotée par Paris et utilisée par quatorze pays d’Afrique de l’Ouest et centrale, est édifiante. Le 21 décembre 2019, le quotidien Le Monde affirme ainsi qu’il « est mort ». Quelques heures plus tôt, le président Emmanuel Macron avait annoncé, à Abidjan, une « réforme historique majeure » et son souhait d’ouvrir une « page nouvelle » des relations avec le continent noir. Deux ans après, la presse n’a pas changé de discours : le chef de l’État a mis « fin en 2019 à quatre-vingts ans d’utilisation du franc CFA en Afrique de l’Ouest » (site Internet de France Info, 8 octobre 2021). Or cette monnaie « coloniale », vieil outil de contrôle économique et politique pour la France, n’a pas disparu ; seul le fonctionnement du franc CFA qui a cours en Afrique de l’Ouest a été un peu remanié.

    La présentation du « Nouveau sommet Afrique-France », organisé par la présidence française à Montpellier en octobre 2021, a, elle aussi, repris le récit officiel d’une manifestation rompant avec les pratiques « françafricaines » (Libération, 8 octobre 2021).

    Ce faisant, la plupart des journalistes n’ont pas relevé la contradiction entre une « rupture » affichée et la pratique consistant à faire venir des représentants, triés sur le volet, des sociétés civiles de pays officiellement souverains en ignorant leurs chefs d’État.

    Choisi par M. Macron pour préparer le sommet, l’universitaire camerounais Achille Mbembe était qualifié d’« observateur sans complaisance de la relation France-Afrique » (Le Figaro, 8 octobre 2021), comme le souhaitait l’Élysée.

    Pourtant, cet intellectuel se serait « surtout distingué par de rares critiques, au demeurant très générales, contre la politique africaine de la France ou les déséquilibres entre le Nord et le Sud », selon l’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop dans un texte très diffusé. (…)

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    #Afrique #France #Françafrique

  • La crise du Sahara occidental va-t-elle déchirer le Maghreb ?

    La crise du Sahara occidental va-t-elle déchirer le Maghreb ?

    Sahara Occidental, Maroc, Algérie, Tunisie, Front Polisario, Brahim Ghali,

    Depuis fin août, le Maroc et la Tunisie sont engagés dans une querelle diplomatique qui risque de se répercuter sur leurs relations commerciales. Le Maroc a retiré son ambassadeur de Tunis le 26 août après que le président tunisien Kais Saied a reçu Brahim Ghali, le chef du mouvement Polisario, qui réclame l’autodétermination pour le peuple du Sahara occidental, sur lequel le Maroc revendique la souveraineté. Le gouvernement tunisien a également rappelé son ambassadeur de Rabat en réponse. Ghali était venu à Tunis pour participer à la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique, et des photos montrant Saied l’accueillant à l’aéroport ont circulé sur les médias sociaux. Le Maroc a rapidement annoncé qu’il ne participerait pas à la conférence, et des rapports sont apparus le 31 août indiquant qu’il envisageait de couper ses liens économiques avec la Tunisie. La semaine dernière, la Fédération marocaine des droits des consommateurs a annoncé une campagne de boycott des produits tunisiens.

    La crise a maintenant entraîné la Tunisie dans une rivalité de longue date entre l’Algérie et le Maroc, centrée sur la question du Sahara occidental. L’Algérie a soutenu le Polisario depuis sa formation, s’opposant ainsi au Maroc, mais la Tunisie a historiquement cherché à rester neutre.

    Comment la Tunisie s’est-elle soudainement retrouvée mêlée au conflit entre l’Algérie et le Maroc au sujet du Sahara occidental, et à quoi peut-on s’attendre à l’avenir ?

    Pourquoi maintenant ?

    Les tensions entre le Maroc et l’Algérie sur la question du Sahara Occidental ont augmenté depuis près de deux ans. En novembre 2020, le Polisario a proclamé la fin d’un cessez-le-feu de près de trois décennies après que les forces marocaines ont traversé une zone tampon pour déloger des manifestants sahraouis qui bloquaient la principale route reliant le Maroc à la Mauritanie, qui traverse le Sahara occidental. Le mois suivant, l’administration Trump a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en échange de la normalisation des relations du Maroc avec Israël. Cela a représenté un changement par rapport à la position antérieure de Washington, qui soutenait un processus de médiation dirigé par les Nations unies.

    À la mi-2021, l’Algérie a rompu ses relations avec Rabat après une impasse diplomatique de plusieurs mois. Plus tôt dans l’été, à la suite d’une déclaration de l’ambassadeur du Maroc aux Nations unies soutenant le droit à l’autodétermination de la région algérienne de Kabylie, l’Algérie a accusé ses voisins de l’ouest de soutenir les groupes responsables des incendies de forêt en Kabylie. La rupture finale a eu lieu à propos de l’utilisation présumée par le Maroc du logiciel d’espionnage israélien Pegasus sur des fonctionnaires algériens.

    Entre-temps, la Tunisie avait commencé à vivre sa propre crise interne. Le 25 juillet 2021, Saied a gelé le parlement tunisien, initialement pour une période de trente jours, invoquant un article de la constitution qui, selon lui, l’autorisait à suspendre l’organe face à un « danger imminent ». Cet acte, bien qu’ayant initialement reçu un soutien important, a finalement conduit à un référendum constitutionnel organisé exactement un an plus tard, qui a reflété la légitimité douteuse du projet constitutionnel du président.

    Le soutien interne à Saied a également été remis en question par les graves problèmes économiques du pays. En plus des coups portés à l’industrie touristique critique du pays par la pandémie et une crise de la dette croissante, qui ont forcé le gouvernement à augmenter les prix de la nourriture, du carburant et de l’électricité, la Tunisie a maintenant besoin de plus de gaz naturel pour sa production d’électricité. C’est là que l’Algérie intervient.

    L’Algérie fournit environ deux tiers du gaz naturel de la Tunisie, dont le pays est fortement dépendant pour la production d’électricité. Les températures chaudes ont également contraint la Tunisie à augmenter ses importations d’électricité en provenance d’Algérie au cours du premier semestre 2022. Les niveaux globaux du commerce entre la Tunisie et l’Algérie éclipsent ceux entre le Maroc et l’Algérie. En 2019, par exemple, les exportations algériennes totales vers la Tunisie ont atteint 1,43 milliard de dollars, contre 482 millions de dollars vers le Maroc.

    Certains analystes affirment que cela reflète un investissement plus large d’Alger dans la stabilité de la Tunisie, renforcé par des événements récents tels que la réouverture de la frontière terrestre entre les deux pays, le soutien exprimé par le président algérien Abdelmajid Tebboune à Saied, ainsi que les prêts, l’assistance sécuritaire et les dons de bouteilles d’oxygène pendant le pic du COVID-19.

    Plus largement, alors que la crise énergétique mondiale provoquée par la guerre en Ukraine s’intensifie, l’Algérie semble désormais tirer parti de sa position de fournisseur de gaz naturel. En Europe, elle a conclu des accords pour fournir davantage d’énergie à des pays comme l’Italie, tout en se retirant des relations avec l’Espagne en raison de sa reconnaissance publique du plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara occidental (que le Polisario a rejeté). L’Algérie a également menacé de détourner le gaz naturel fourni à l’Espagne, mais n’a apparemment jamais mis sa menace à exécution. La société française de services publics Engie SA serait en pourparlers avec l’Algérie pour augmenter les importations de gaz naturel suite à la visite du président français Emmanuel Macron dans l’ancienne colonie, qui a suscité des commentaires pour le changement qu’elle représentait dans les relations franco-algériennes.

    Outre son engagement géopolitique plus actif en Europe, la politique étrangère de l’Algérie s’est tournée ces dernières années vers l’Afrique subsaharienne. Bien qu’elle soit probablement motivée par des préoccupations économiques et sécuritaires plus larges, on pense également que ce changement est en partie une réponse à l’activisme du Maroc sur le continent. Cette activité a récemment conduit le Maroc à accuser l’Algérie de faire du lobbying auprès des pays qui ont exprimé leur soutien à la position du Maroc vis-à-vis du Sahara occidental.

    La récente prise de bec entre le Maroc et la Tunisie peut donc être liée à la crise énergétique mondiale et à la position de plus en plus affirmée de l’Algérie dans la géopolitique, ainsi qu’au besoin de la Tunisie en gaz naturel algérien et à la fragilité croissante de la position de Saied. Il n’aurait pas non plus eu lieu sans les tensions croissantes entre l’Algérie et le Maroc au sujet du Sahara occidental.

    Quelle est la suite ?

    Bien que la menace d’un conflit armé plus grave en Afrique du Nord-Ouest au sujet du Sahara occidental ne soit pas particulièrement aiguë, la crise diplomatique entre les pays du Maghreb va probablement continuer à couver.

    Les trois pays du Maghreb souffrent de la hausse des prix des denrées alimentaires causée par la guerre en Ukraine et les récentes sécheresses. Les pénuries alimentaires pourraient menacer la popularité et la stabilité de leurs gouvernements.

    Chaque pays est également confronté à ses propres pressions politiques internes. Encouragé par la reconnaissance de sa position par les États-Unis, l’Espagne et, plus récemment, l’Allemagne, rien n’indique que le Maroc reviendra sur son insistance sur « l’intégrité territoriale » du Sahara occidental. Plusieurs pays africains ont également ouvert des consulats dans le territoire depuis la décision des États-Unis.

    La dépendance économique de l’Algérie vis-à-vis des hydrocarbures signifie que ses activités actuelles ne sont pas viables sans réformes structurelles et sans diversification. En outre, la capacité d’exportation limitée de l’Algérie et les infrastructures de gazoducs existantes, ainsi que son besoin d’être considérée comme un fournisseur fiable, signifient qu’elle ne peut pas devenir le sauveur de l’Europe ni faire constamment miroiter les exportations de gaz comme levier.

    La Tunisie est en train de négocier un prêt du Fonds monétaire international, mais la situation représente une sorte de Catch-22 pour Saied. Alors que le prêt aiderait le pays à éviter la crise financière, il est très impopulaire à l’intérieur du pays et pourrait mettre en péril le soutien déjà ténu du président.

    Certains observateurs craignent que l’Algérie ne devienne de plus en plus isolée à mesure que de plus en plus de pays arabes se normalisent avec Israël et s’alignent contre l’Iran, avec lequel l’Algérie entretient des relations relativement positives. L’Algérie semble déjà recevoir des réactions contre sa politique étrangère affirmée alors qu’elle se prépare à accueillir le sommet de la Ligue arabe en novembre. En outre, le Maroc est peut-être en train de gagner la compétition entre les deux rivaux du Maghreb pour une présence stratégique en Afrique sub-saharienne. Enfin, les experts suggèrent depuis des décennies que la réticence de l’Union européenne et des États-Unis à perturber les relations avec le Maroc a permis à ce dernier d’entraver les processus de médiation de l’ONU.

    Approches pour Washington

    Le conflit du Sahara Occidental a empêché l’intégration du Maghreb, conduisant à des opportunités perdues pour la prospérité de la région. Il a également alimenté une course aux armements entre l’Algérie et le Maroc et entraîné des violations des droits de l’homme à l’encontre de militants. La croissance et la stabilité au Maghreb sont importantes pour contrer le terrorisme et contrôler la migration à travers la Méditerranée. L’administration Biden, cependant, a clairement indiqué que si elle renouvelle l’accent mis par les États-Unis sur le processus de l’ONU pour le Sahara occidental, elle ne reviendra pas sur la reconnaissance de la souveraineté marocaine par l’administration Trump.

    Les États-Unis devraient continuer à signaler à Alger qu’ils sont un partenaire apprécié, afin d’équilibrer la position actuelle de Washington sur le Sahara occidental. En plus d’étendre leur implication dans le processus mené par l’ONU, un engagement continu à haut niveau avec Alger sera important pour la dissuader d’adopter une posture extérieure encore plus affirmée et de compromettre l’indépendance de pays comme la Tunisie.

    Sabina Henneberg est Soref Fellow au Washington Institute for Near East Policy, où elle se concentre sur l’Afrique du Nord. Sabina était auparavant analyste principale chez Libya-Analysis LLC.

    The National interest, 13/09/2022

  • L’Espagne dans de beaux draps !

    L’Espagne dans de beaux draps !

    Espagne, Algérie, gaz, Pedro Sanchez, Sahara Occidental, Maroc,

    L’Espagne commence à payer cash les conséquences de son revirement sur la question du Sahara occidental. Les récents SOS et les appels pressants lancés autant par la classe politique que par les opérateurs économiques espagnols à l’endroit de Pedro Sanchez, l’homme par qui le scandale est arrivé, pour qu’il résolve au plus vite la crise avec l’Algérie, en disent long sur ces conséquences qui se chiffrent déjà en plusieurs centaines millions d’euros. En s’alignant sur le « plan de large autonomie pour le Sahara occidental » proposé par le Maroc, Pedro Sanchez, outre d’avoir ouvert la boîte de pandore, a montré qu’il est un mauvais élève en termes d’Histoire.

    S’il était un petit peu vigilant, il aurait su que ce plan ressorti depuis 2007 par le Makhzen marocain, a été déjà proposé par son pays en 1975 au Polisario qui l’a rejeté catégoriquement. Comment Pedro Sanchez peut-il croire qu’un plan échoué il y a 47 ans avec les Espagnols peut-il réussir avec les Marocains ? Le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, pour de sombres raisons que la presse espagnole commence peu à peu à dévoiler, a vendu le Sahara occidental et travaille ouvertement pour les intérêts marocains et contre les intérêts de son propre pays.

    Les mois qui viennent vont lui montrer l’inanité de sa lune de miel avec le Makhzen marocain. La crise énergétique née du conflit Ukrainien, dont les effets néfastes commencent à se faire fortement sentir en Europe, va s’accentuer car, au vu des positions inconciliables des belligérants, le conflit risque encore de prendre plusieurs mois. Malgré cette situation pour le moins explosive pour l’Espagne, Pedro Sanchez, pourtant isolé politiquement dans son propre pays sur la question du Sahara Occidental, ne fait aucun geste dans le sens de l’apaisement.

    Hormis des souhaits pieux de vouloir visiter l’Algérie, il ne fait rien de sérieux pour rectifier son erreur ! Il n’a même pas daigné répondre aux clarifications demandées par l’Algérie sur le changement de la position espagnole vis-à-vis de la question sahraouie. Qualifiée de « honteuse » et de « scandaleuse » par l’opposition espagnole, la volte-face de Pedro Sanchez sur le Sahara occidental va causer de graves dégâts en Espagne. L’hiver qui approche, s’annonce froid et noir pour l’Espagne. Le chaos énergétique la guette autant que les autres pays européens. L’Espagne ne peut sortir du bourbier dont laquelle l’a enlisé Pedro Sanchez qu’en faisant son mea culpa par rapport au dossier du Sahara occidental et en prenant langue avec l’Algérie qui est incontestablement un partenaire plus important et dont les positions ne souffrent d’aucune ambiguïté.

    L’Express, 14 sept 2022

    #Espagne #Algérie #Gaz #Sahara_Occidental #Maroc

  • Congo: Il y a 62 ans, coup d’Etat contre Lumumba

    Congo: Il y a 62 ans, coup d’Etat contre Lumumba

    RDC, Congo, Patrice Lumumba, Belgique, Etats-Unis, CIA, impérialisme, colonialisme,

    En ce jour il y a 62 ans, un coup d’État soutenu par les États-Unis a eu lieu pour renverser Patrice Lumumba, le héros congolais de la libération, panafricaniste, et premier dirigeant démocratiquement élu et premier ministre de la République démocratique du Congo indépendante. L’anti-impérialisme de Lumumba et sa vision d’une nation unie ont fait de lui un ennemi à la fois pour la Belgique et les États-Unis. La CIA a ordonné son assassinat, mais lorsqu’ils n’ont pas pu terminer le travail par eux-mêmes, les États-Unis et la Belgique ont secrètement distribué de l’argent et de l’aide aux politiciens rivaux qui ont organisé le coup d’État, emprisonné, torturé.

      Suite à une victoire éclatante aux premières véritables élections auxquelles les Congolais ont participé, Patrice Lumumba est devenu premier ministre du Congo du 24 juin 1960 jusqu’à son renversement et son emprisonnement le 14 septembre de la même année par le militaire Joseph-Désiré Mobutu et ses soutiens. Ce dernier a ensuite dirigé le pays, d’abord en sous-main, puis de manière directe à partir de 1965 jusqu’à son renversement en 1997.

    Le 17 janvier 1961, Lumumba, ce grand combattant pour l’indépendance du Congo, pour la justice sociale et pour l’internationalisme a été torturé puis exécuté, en compagnie de plusieurs de ses camarades, par des dirigeants congolais complices des puissances occidentales ainsi que par des policiers et des militaires belges. Lumumba n’avait que 35 ans et aurait pu continuer à jouer un rôle très important, tant dans son pays, qu’en Afrique et au niveau mondial.

    Comme l’a écrit la journaliste Colette Braeckman :
    « Patrice Lumumba, Premier ministre congolais destitué en septembre, placé en résidence surveillée puis détenu à Thysville, avait été envoyé au Katanga le 17 janvier 1961. Cinq heures après son arrivée sur le sol katangais, il était mis à mort avec ses deux compagnons Maurice M’Polo et Robert Okito »1.

      Parmi les dirigeants congolais qui ont participé directement à la mise à mort de Lumumba, on trouve Moïse Tshombé président proclamé de la province congolaise du Katanga qui a fait sécession le 11 juillet 1960, à peine deux semaines après le début de l’indépendance que le Congo a obtenue le 30 juin 1960. La sécession du Katanga proclamée par Moïse Tshombe fut soutenue par la Belgique et des grandes entreprises privées minières belges très présentes dans cette partie du Congo, voir plus loin, afin de déstabiliser le gouvernement du premier ministre Patrice Lumumba.

      Au moins cinq policiers et militaires belges étaient également présents lors de l’assassinat. Joseph-Désiré Mobutu, un des principaux responsables congolais de l’assassinat de Lumumba, n’était pas présent sur place le jour de l’assassinat qui a eu lieu dans l’Est alors qu’il se trouvait à l’Ouest du pays dans la capitale.
      La responsabilité de la Belgique dans l’assassinat de Lumumba en janvier 1961 a été établie par plusieurs auteurs, notamment par Ludo De Witte dans L’Assassinat de Lumumba, et cela a fait l’objet des travaux d’une commission du parlement belge en 2001-2002. On pourra lire également l’interview donnée par Ludo De Witte au CADTM en 2018. Dans cette interview, Ludo De Witte résume simplement les causes de l’assassinat de Lumumba :

      « Lumumba a été la victime de l’impérialisme. En fait on voulait continuer l’impérialisme au Congo, remplacer un système colonial par un système néocolonial. Un système où il y aurait des noirs, des Congolais, qui seraient des politiciens et des ministres mais, en coulisse, ce serait toujours les pouvoirs occidentaux et leurs grandes sociétés qui domineraient le pays. C’est bien ça le néocolonialisme contre lequel Lumumba voulait lutter et c’est pour cela qu’il a été assassiné. ».

      Il convient de prendre connaissance du discours du premier ministre de la République du Congo, Patrice Lumumba face à Baudouin, roi des Belges. Baudouin avait déclaré dans son allocution :
      « L’indépendance du Congo constitue l’aboutissement de l’œuvre conçue par le génie du roi Léopold II, entreprise par lui avec un courage tenace et continuée avec persévérance par la Belgique ».

    Lumumba de la prison :
    « L’histoire aura un jour son mot à dire, mais ce ne sera pas l’histoire qui est enseignée à Bruxelles, Paris, Washington ou aux Nations Unies. Mais l’histoire qui sera enseignée dans les pays libérés de l’impérialisme et de ses marionnettes. « 

      Lors de la proclamation de l’indépendance du Congo le 30 juin 1960, le Premier ministre du Congo, Patrice Emery Lumumba, prononce un discours mémorable

      Lumumba dans son discours veut que justice soit rendue au peuple congolais, en voici une version intégrale sous forme vidéo et sous forme écrite :
      Discours prononcé au siège du parlement après ceux du Roi Baudouin et du Président Joseph Kasa-vubu, le jour de la proclamation de l’indépendance de la République démocratique du Congo.
      « Congolais et Congolaises,
      Combattants de l’indépendance aujourd’hui victorieux,
      Je vous salue au nom du gouvernement congolais.
      À vous tous, mes amis, qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez ineffaçablement gravée dans vos cœurs, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants, pour que ceux-ci à leur tour fassent connaître à leurs fils et leurs petits-fils l’histoire glorieuse de notre lutte pour la liberté.

      Car cette indépendance du Congo, si elle est proclamée aujourd’hui dans l’entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d’égal à égal, nul congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c’est par la lutte qu’elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle nous n’avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang.

      Cette lutte, qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu’au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin à l’humiliant esclavage qui nous était imposé par la force. Ce que fut notre sort en 80 ans de régime colonialiste, nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire. Nous avons connu le travail harassant, exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger, ni de nous vêtir ou de nous loger décemment, ni d’élever nos enfants comme des êtres chers.
      Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions nègres. Qui oubliera qu’à un noir on disait « tu », non certes comme à un ami, mais parce que le « vous » honorable était réservé aux seuls Blancs ?

      Nous avons connu que nos terres furent spoliées au nom de textes prétendument légaux qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort. Nous avons connu que la loi n’était jamais la même selon qu’il s’agissait d’un Blanc ou d’un Noir : accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres.
      Nous avons connu les souffrances atroces des relégués pour opinions politiques ou croyances religieuses ; exilés dans leur propre patrie, leur sort était vraiment pire que la mort elle-même.

      Nous avons connu qu’il y avait dans les villes des maisons magnifiques pour les blancs et des paillotes croulantes pour les Noirs, qu’un Noir n’était admis ni dans les cinémas, ni dans les restaurants, ni dans les magasins dits européens ; qu’un Noir voyageait à même la coque des péniches, aux pieds du blanc dans sa cabine de luxe.

      Qui oubliera enfin les fusillades où périrent tant de nos frères, les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient plus se soumettre au régime d’une justice d’oppression et d’exploitation ?
      Tout cela, mes frères, nous en avons profondément souffert. Mais tout cela aussi, nous que le vote de vos représentants élus a agréé pour diriger notre cher pays, nous qui avons souffert dans notre corps et dans notre cœur de l’oppression colonialiste, nous vous le disons tout haut, tout cela est désormais fini. La République du Congo a été proclamée et notre pays est maintenant entre les mains de ses propres enfants. Ensemble, mes frères, mes sœurs, nous allons commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre pays à la paix, à la prospérité et à la grandeur. Nous allons établir ensemble la justice sociale et assurer que chacun reçoive la juste rémunération de son travail. Nous allons montrer au monde ce que peut faire l’homme noir quand il travaille dans la liberté et nous allons faire du Congo le centre de rayonnement de l’Afrique toute entière. Nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses enfants. Nous allons revoir toutes les lois d’autrefois et en faire de nouvelles qui seront justes et nobles.

      Nous allons mettre fin à l’oppression de la pensée libre et faire en sorte que tous les citoyens jouissent pleinement des libertés fondamentales prévues dans la Déclaration des droits de l’Homme.
      Nous allons supprimer efficacement toute discrimination quelle qu’elle soit et donner à chacun la juste place que lui vaudront sa dignité humaine, son travail et son dévouement au pays. Nous allons faire régner non pas la paix des fusils et des baïonnettes, mais la paix des cœurs et des bonnes volontés.
      Et pour cela, chers compatriotes, soyez sûrs que nous pourrons compter non seulement sur nos forces énormes et nos richesses immenses, mais sur l’assistance de nombreux pays étrangers dont nous accepterons la collaboration chaque fois qu’elle sera loyale et ne cherchera pas à nous imposer une politique quelle qu’elle soit. Dans ce domaine, la Belgique qui, comprenant enfin le sens de l’histoire, n’a pas essayé de s’opposer à notre indépendance, est prête à nous accorder son aide et son amitié, et un traité vient d’être signé dans ce sens entre nos deux pays égaux et indépendants. Cette coopération, j’en suis sûr, sera profitable aux deux pays. De notre côté, tout en restant vigilants, nous saurons respecter les engagements librement consentis.

      Ainsi, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, le Congo nouveau, notre chère République, que mon gouvernement va créer, sera un pays riche, libre et prospère. Mais pour que nous arrivions sans retard à ce but, vous tous, législateurs et citoyens congolais, je vous demande de m’aider de toutes vos forces. Je vous demande à tous d’oublier les querelles tribales qui nous épuisent et risquent de nous faire mépriser à l’étranger.

      Je demande à la minorité parlementaire d’aider mon gouvernement par une opposition constructive et de rester strictement dans les voies légales et démocratiques. Je vous demande à tous de ne reculer devant aucun sacrifice pour assurer la réussite de notre grandiose entreprise. Je vous demande enfin de respecter inconditionnellement la vie et les biens de vos concitoyens et des étrangers établis dans notre pays. Si la conduite de ces étrangers laisse à désirer, notre justice sera prompte à les expulser du territoire de la République ; si par contre leur conduite est bonne, il faut les laisser en paix, car eux aussi travaillent à la prospérité de notre pays. L’indépendance du Congo marque un pas décisif vers la libération de tout le continent africain.

      Voilà, Sire, Excellences, Mesdames, Messieurs, mes chers compatriotes, mes frères de race, mes frères de lutte, ce que j’ai voulu vous dire au nom du gouvernement en ce jour magnifique de notre indépendance complète et souveraine. Notre gouvernement fort, national, populaire, sera le salut de ce pays.
      J’invite tous les citoyens congolais, hommes, femmes et enfants, à se mettre résolument au travail en vue de créer une économie nationale prospère qui consacrera notre indépendance économique.
      Hommage aux combattants de la liberté nationale !
      Vive l’indépendance et l’Unité africaine !
      Vive le Congo indépendant et souverain ! »

    Source : Mille babords

    Lumumba, combattant internationaliste

      Avant de devenir premier ministre, Lumumba a établi des liens solides avec une série de mouvements et de personnalités anti impérialistes, panafricanistes et internationalistes. En décembre 1958, il est présent à la Conférence des Peuples africains à Accra. Il y rencontre, entre autres, l’ Antillo-Algérien Frantz Fanon, le Ghanéen Kwame Nkrumah et le Camerounais Félix-Roland Moumié 2. Il y prononce un discours dans lequel il déclare :

      « Notre mouvement a pour but fondamental la libération du peuple congolais du régime colonialiste et son accession à l’indépendance. Nous fondons notre action sur la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme – droits garantis à tous les citoyens de l’humanité par la Charte des Nations Unies – et estimons que le Congo, en tant que société humaine, a le droit d’accéder au rang des peuples libres. ».

      Il le conclut en ses mots :
      « C’est pourquoi nous crions vivement avec tous les délégués : A bas le colonialisme et l’impérialisme. À bas le racisme et le tribalisme. Et vive la nation congolaise, vive l’Afrique indépendante. »
      À l’issue de cette conférence, Lumumba, est nommé membre permanent du comité de coordination, comme le rappelle Saïd Bouamama dans Figures de la révolution africaine 3. Lumumba était également proche de militants belges anticolonialistes et anticapitalistes comme Jean Van Lierde qui était engagé dans le soutien à la révolution algérienne et qui entretenait des liens étroits4 avec l’hebdomadaire La Gauche et avec son animateur principal Ernest Mandel.

      Quelques semaines après la conférence d’Accra, Lumumba et son mouvement organisent dans la capitale du Congo belge à l’époque, une réunion pour rendre compte des résultats de ce sommet anticolonialiste. Il y revendique l’indépendance du Congo devant plus de 10 000 personnes. Il décrit l’objectif du Mouvement National Congolais en évoquant « la liquidation du régime colonialiste et de l’exploitation de l’homme par l’homme » 5.

      Selon Le Monde diplomatique de février 1959, suite à cette conférence, une émeute éclata à Léopoldville à partir du 4 janvier 1959. Voici ce qu’en dit le mensuel français :
      « Le point de départ de l’émeute est en relation directe avec la conférence panafricaine d’Accra. C’est en effet au moment où les leaders du Mouvement national congolais — au premier rang desquels le président du Mouvement, M. Lumumba — s’apprêtaient à tenir une réunion publique sur ce sujet que les premiers troubles ont éclaté. Avec l’autorisation du gouverneur général du Congo belge, M. Cornelis, une délégation de nationalistes congolais, conduite par M. Lumumba, s’était rendue au Ghana en décembre. Et c’est un compte rendu de son voyage et de ses travaux qu’elle s’apprêtait à faire le 4 janvier, quand la police donna l’ordre aux conférenciers et à ceux qui étaient venus les entendre de se disperser » 6.

      Il faut préciser qu’au cours de l’année 1959, la répression organisée par la Belgique colonialiste a fait des dizaines, voire des centaines, de morts. Un exemple de l’ampleur de la répression : en octobre 1959, lors du congrès national du Mouvement national congolais (MNC) à Stanleyville, les gendarmes ont tiré sur la foule en faisant 30 morts et des centaines de blessés. Lumumba est arrêté quelques jours plus tard, il est jugé en janvier 1960 et condamné à 6 mois de prison le 21 janvier 1960.

      Mais les protestations sont telles qu’à Bruxelles, le pouvoir prend peur et décide de lâcher du lest en convoquant des élections locales auxquelles les Congolais sont invités à participer. Lumumba est libéré le 26 janvier quelques jours après sa condamnation. Finalement, après les élections locales, des élections générales sont organisées en mai 1960, les premières dans l’histoire du Congo belge. Le Mouvement national congolais (MNC) en sort vainqueur et, en conséquence, Lumumba est nommé premier ministre.


    L’enchaînement des évènements qui mène au coup d’État contre Lumumba et à son assassinat

      Suite au discours de Lumumba le 30 juin, le gouvernement belge, la monarchie et les patrons des grandes entreprises belges présentes au Congo décident d’écarter Lumumba et de provoquer la sécession du Katanga, la province la plus riche en matières premières.

      Tout de suite se présentent des complices congolais en la personne de Moïse Tshombé, proclamé président du Katanga le 11 juillet 1960, puis en la personne du président Joseph Kasa-Vubu qui révoque Lumumba en septembre 1960 sans en avoir le pouvoir constitutionnel, et en Joseph-Désiré Mobutu qui dirige quelques jours plus tard un coup d’État et fait arrêter Lumumba alors que ses ministres lui ont confirmé leur confiance et que son parti est le principal parti au parlement. Mobutu, qui a fait une carrière militaire pendant la colonie et est un ancien journaliste dans la presse congolaise pro-coloniale, a réussi à obtenir un poste de colonel dans la nouvelle armée et s’est retourné très vite contre le gouvernement congolais.

      Entretemps la Belgique avait envoyé au Congo dès juillet 1960, 11 000 soldats, ce qui est énorme, dont 9 000 au Katanga. Ces 11 000 soldats belges sont acheminés au Congo en dix jours, précédés par des troupes spéciales de paras-commandos. Cette intervention militaire constitue une véritable agression contre un État désormais indépendant. Il faut souligner que la Belgique, membre de l’ OTAN, a disposé jusque dans les années 1980, en Allemagne de l’Ouest, d’une zone militaire suréquipée s’étendant de la frontière belge au rideau de fer. L’état-major belge avait à sa disposition un arsenal militaire considérable, en partie d’origine américaine, et l’ OTAN lui a permis de déployer avions, transports de troupes et même des navires de la marine de guerre qui ont bombardé des positions congolaises dans l’estuaire du fleuve Congo.

      Le gouvernement des États-Unis et la CIA sont aussi à la manœuvre aux « côtés » de la Belgique, avec qui ils ont décidé d’assassiner Lumumba. Lumumba[fn] The Assassination Archives and Research Center, Interim Report : Alleged Assassination Plots Involving Foreign Leaders, III, A, Congo.

    . De même que la France. Dans un télégramme en date du 26 août 1960, le directeur de la CIA Allen Dulles indique à ses agents à Léopoldville au sujet de Lumumba :
      « Nous avons décidé que son éloignement est notre objectif le plus important et que, dans les circonstances actuelles, il mérite une grande priorité dans notre action secrète » 7.
      Soulignons que le 12 août 1960, la Belgique avait signé un accord avec Tshombé, reconnaissant de facto l’indépendance du Katanga. Les tentatives du gouvernement de Lumumba pour faire face à cette sécession étaient tout à fait légitimes, mais étaient combattues par les grandes puissances occidentales.
      Malgré son arrestation par Mobutu, Lumumba ne capitule pas et il garde le contact avec les ministres qui restent fidèles à leur engagement et avec ses camarades. Un gouvernement clandestin dirigé par Antoine Gizenga s’établit à Stanleyville. Lumumba réussit à échapper à ses geôliers le 27 novembre 1960 et cherche à rejoindre le gouvernement clandestin à Stanleyville, mais il est arrêté quelques jours plus tard en route.

      En janvier 1961, alors que Lumumba est toujours très populaire, Mobutu et les puissances occidentales craignent qu’une révolte populaire aboutisse à la libération du leader et décide de le faire exécuter. L’opération qui mène à l’exécution de Lumumba est directement accompagnée et dirigée par des Belges aux ordres de Bruxelles. De leurs lieux de détention, le 17 janvier 1961, Lumumba, Mpolo et Okito ont été emmené en avion, piloté par un équipage belge, à Élisabethville, capitale du Katanga, et livrés aux autorités locales. Ils ont ensuite été torturés par des responsables katangais, dont Moïse Tshombé, et par des Belges. Ils sont ensuite fusillés le soir même, par des soldats sous le commandement d’un officier belge.

      Selon le témoignage du Belge Gerard Soete, commissaire de police chargé à l’époque de mettre en place une “police nationale katangaise”, les trois corps ont été transportés à 220 kilomètres du lieu d’exécution, et ont été enfouis dans la terre derrière une termitière, en pleine savane boisée.
      L’Agence France Presse qui a recueilli le témoignage de ce commissaire de police belge rapporte que 3 trois jours plus tard, les corps ont de nouveau été déplacés afin de les faire disparaître définitivement. Gerard Soete a affirmé avoir été accompagné d’”un autre blanc” et de quelques congolais, quand ils ont découpé à la scie les corps des trois martyrs avant de les mettre à dissoudre dans de l’acide [9].

    Le soutien de la Belgique à la dictature de Mobutu
      L’armée belge est intervenue à deux reprises au Congo pour aider Mobutu et son régime dictatorial à mettre fin à des actions de résistance d’organisations lumumbistes, la première fois en novembre 1964 avec l’opération Dragon Rouge et Dragon Noir respectivement à Stanleyville et à Paulis. À cette occasion, l’opération a été menée conjointement par l’armée belge, l’armée de Mobutu, l’État-major de l’armée des États-Unis et des mercenaires parmi lesquels des Cubains anti-castrites.

      Dans un discours prononcé à l’assemblée générale des Nations unies en novembre 1964, Ernesto Che Guevara avait dénoncé cette intervention. Il l’a aussi dénoncée dans un discours prononcé à Santiago de Cuba en disant : « aujourd’hui, le souvenir plus présent, plus poignant que tout autre est certainement celui du Congo et de Lumumba. Aujourd’hui, dans ce Congo si éloigné de nous et pourtant tellement présent, il y a une histoire que nous devons connaître et une expérience qui doit nous être utile. L’autre jour, les parachutistes belges ont pris d’assaut la ville de Stanleyville », extrait du Discours de Che Guevara à Santiago de Cuba, le 30 novembre 1964, à l’occasion du 8e anniversaire du soulèvement de la ville mené par Frank País.

      La deuxième intervention de l’armée belge s’est déroulée à Kolwezi au cœur de la région minière du Shaba (Katanga) en mai 1978 en collaboration avec l’armée française et celle de Mobutu. La justice belge n’a toujours pas rendu de jugement sur l’assassinat de Lumumba. L’affaire n’a pas été classée grâce à l’action de tous ceux et de toutes celles qui veulent que justice soit rendue. La famille de Lumumba continue son action pour exiger la vérité. Un juge d’instruction belge est toujours en charge de l’affaire car l’assassinat a été qualifié de crime de guerre pour lequel il n’y a pas de prescription. Et comme le souligne l’avocat de la famille, Christophe Marchand, cité par la RTBF le 23 juin 2011 « les principaux commanditaires sont morts aujourd’hui (…) mais d’anciens conseillers et attachés de cabinet du ministère des Affaires étrangères sont toujours vivants ».

    Lumumba : une figure devenue emblématique
      La figure de Lumumba a traversé l’histoire et constitue encore aujourd’hui un exemple pour tous ceux et celles pour l’émancipation des peuples. Lumumba n’a jamais capitulé.
      Sa popularité était telle sous le régime du dictateur Mobutu que celui-ci a décrété en 1966 que Patrice Lumumba était un héro national. Non content de l’avoir renversé en septembre 1960 puis d’avoir été un des principaux organisateurs de son assassinat, il a essayé de s’approprier une partie de son aura. Le jour de son exécution, le 17 janvier, est un jour férié au Congo-Kinshasa.

      À Bruxelles, suite à des années d’action des militant·es anti-colonialistes, le conseil municipal de Bruxelles-Ville a voté le 23 avril 2018 la création d’une place Patrice-Lumumba, qui a été officiellement inaugurée le 30 juin de la même année, date du 58e anniversaire de l’indépendance de la République démocratique du Congo.
      Cela est bien peu de chose.
      Au-delà de dire la vérité sur la lutte de Lumumba et d’exiger que justice lui soit rendue, l’important est de prolonger son combat et celui de tous les Congolais et Congolaises qui ont lutté et luttent pour qu’on mette fin à toutes les formes de spoliation, d’oppression et d’exploitation.

      C’est pourquoi, le CADTM (Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde) considère que les autorités de la Belgique doivent :

    • Reconnaître publiquement et nommer l’ensemble des méfaits et crimes commis par Léopold II et le royaume de Belgique à l’encontre du peuple congolais, et de lui adresser en conséquence des excuses officielles ;
    • Approfondir un travail de mémoire, en impliquant les acteurs concernés, tant dans l’enseignement que dans les activités d’éducation populaire, en passant par les espaces institutionnels ;
    • Procéder à une restitution de l’ensemble des biens culturels congolais ;
    • Soutenir activement une remise en cause de tous les symboles colonialistes dans l’espace public belge ;
    • Réaliser à un audit historique de la dette afin de procéder à des réparations et rétrocessions financières inconditionnelles pour les montants perçus en conséquence de la colonisation du Congo ;
    • Agir au sein des instances multilatérales, Banque mondiale, FMI, Club de Paris, etc., afin que leurs membres procèdent à une annulation totale et inconditionnelle des dettes odieuses de la République démocratique du Congo ;
    • Soutenir publiquement tout moratoire sur le remboursement de la dette qui serait décrété par le gouvernement congolais afin d’améliorer le système de santé public et de faire face à l’épidémie de Covid-19 et d’autres maladies qui provoquent des décès qui sont tout à fait évitables si les dépenses de santé publique étaient nettement accrues.

      Le CADTM apporte son soutien aux différents collectifs qui en Belgique convoquent des actions dans la foulée de Black Lives Matter et tous ceux qui agissent sur le thème de la mémoire coloniale.
      Le CADTM apporte son soutien au peuple congolais pour faire face aux conséquences sanitaires, économiques et sociales de la crise du Covid-19. Malgré les diktats des créanciers et les graves manquements des gouvernements congolais successifs qui se traduisent par une sévère répression et un déni flagrant des droits humains fondamentaux, les mouvements sociaux congolais résistent. Le CADTM apporte son soutien à ces luttes qui visent à faire triompher la justice sociale.

    Cet article a été publié sur le site du Comité pour l’annulation de la dette du Tiers-monde (CADTM).
    Lire hors-ligne :

    Références
    1. Colette Braeckman, « Congo La mort de Lumumba Ultime débat à la Chambre sur la responsabilité de la Belgique dans l’assassinat de Patrice Lumumba Au-delà des regrets, les excuses de la Belgique REPERES La vérité comme seule porte de sortie Van Lierde l’insoumis », publié le 6 février 2002 https://plus.lesoir.be/art/congo-la-mort-de-lumumba-noir-ultime-debat-a-la-chambre_t-20020206-Z0LGFG.html
    2. Félix Roland Moumié (1925-1960), dirigeant de la lutte anti colonialiste et anti impérialiste au Cameroun a été assassiné sur ordre de la France à Genève le 3 novembre 1960.
    3. Saïd Bouamama, Figures de la révolution africaine, La Découverte, 2014, 300 p.
    4. Voir le résumé de l’intervention de Jean Van Lierde lors d’une conférence publique réalisée à Bruxelles en octobre 1995 pour rendre hommage à Ernest Mandel http://www.ernestmandel.org/new/sur-la-vie-et-l-œuvre/article/dernier-hommage-a-ernest-mandel
    5. Saïd Bouamama, Figures de la révolution africaine, La Découverte, 2014, p. 160-177.
    6. Philippe Decraene, « L’Afrique noire tout entière fait écho aux thèmes panafricains exaltés à Accra » in Le Monde diplomatique, février 1959 https://www.monde-diplomatique.fr/1959/02/DECRAENE/22920
    7. Saïd Bouamama, Figures de la révolution africaine, La Découverte, 2014, p. 160-177.

    Source

  • Espagne: Arrivé de près de 800 immigrés via l’Algérie

    Espagne: Arrivé de près de 800 immigrés via l’Algérie

    Espagne, Algérie, immigration, Iles Baléares, pateras,

    Le week-end a laissé au moins 760 arrivées irrégulières de migrants sur la côte espagnole par la mer , dont 92 pour cent (705 migrants) sont arrivés dans différents bateaux pour atteindre les îles Baléares et les provinces péninsulaires de Levante, des déplacements qui peuvent être attribués principalement à ce que est connue comme la route algérienne.

    Au contraire, selon des sources du ministère de l’Intérieur, le deuxième week-end de septembre n’a enregistré que 55 arrivées de migrants aux îles Canaries par la route marocaine. Ce dernier est statistiquement lele plus utilisé pendant des mois pour tenter d’accéder à l’Espagne de manière irrégulière.

    Les statistiques officielles du ministère de l’Intérieur au 31 août montraient une baisse des arrivées de migrants par la mer de 12,9 % (17 170 au total, 2 542 de moins qu’en 2021) sur 902 bateaux, malgré le signe annonciateur d’une plus grande pression migratoire. pour la crise avec l’Algérie après le soutien espagnol au plan marocain pour le Sahara.

    Jusqu’au 31 août, 34,89 % de migrants en moins parvenaient à accéder à la péninsule et aux îles Baléares . En revanche, 14,9% de migrants supplémentaires sont arrivés aux îles Canaries , poursuivant la tendance qui indique la préférence de cette deuxième route. En ajoutant les routes terrestres, l’immigration irrégulière a diminué de 10,25 % au cours de cette période.

    En mai, deux mois après la lettre du président du gouvernement, Pedro Sánchez, soutenant le plan marocain sur le Sahara , la route migratoire depuis le Maroc canalisait trois fois plus d’arrivées que celle algérienne : 8 268 migrants étaient arrivés aux îles Canaries. dans 181 bateaux, contre 2 824 migrants dans 274 bateaux qui ont atteint les îles Baléares et la péninsule.

    DONNÉES AVEC LES DERNIÈRES ARRIVÉES DE PATERAS

    Des sources du ministère de l’Intérieur soulignent que les centres d’accueil temporaire pour étrangers (CATE) fonctionnent « comme prévu ».

    En outre, ils appellent à la prudence sur les données de ce week-end dernier , car l’ augmentation de la route algérienne peut être circonstancielle, compte tenu de variables telles que la situation météorologique et son impact sur les conditions de la mer.

    Des délégations gouvernementales et des organisations telles que la Croix-Rouge ont fourni des données sur le bilan des sauvetages de migrants ces dernières heures , bien que leurs chiffres incluent dans certains cas de petits bateaux aperçus ce lundi -et non comptabilisés dans les statistiques de l’Intérieur.

    Sur la côte d’Almería , les équipes d’intervention immédiate de la Croix-Rouge ont soigné 308 personnesarrivées de bateaux sur un total de 27 interventions depuis vendredi dernier. La dernière des activations a eu lieu lundi matin pour s’occuper d’une petite embarcation avec 14 personnes , dont cinq mineurs, ainsi que pour secourir trois personnes qui voyageaient en jet ski.

    Depuis le début de l’été et jusqu’à la fin du mois d’août, 1 100 personnes au total ont été transférées au port de pêche d’Almería après que l’un des 121 bateaux à bord desquels elles voyageaient dans les eaux de la mer d’Alboran et au large des côtes ait été intercepté depuis Cabo de Gata.

    Aux îles Baléares , entre vendredi et dimanche, 22 petites embarcations transportant 371 migrants ont été interceptées , selon les données de la délégation gouvernementale sur les îles.

    À Murcie , le sauvetage maritime et la garde civile ont intercepté ce week-end dans les eaux de Carthagène et Águilas un total de 18 bateaux dans lesquels ils voyageaient209 immigrés d’Algérie, selon des sources de la Délégation gouvernementale.

    Les chiffres sont encore loin des dernières crises migratoires vécues avec Rabat, avec deux moments cruciaux : l’été-automne 2020, en pleine pandémie de Covid , où 2 700 migrants ont été soignés au quai d’Arguineguín et à Barranco Seco (Gran Canaria) et, en mai 2021, avec l’entrée à Ceuta de quelque 10 000 personnes en raison de la passivité de la police marocaine.

    Cronica Balear.es, 12/09/2022

    #Espagne #Algérie #Immigration #Iles_Baléares

  • Espagne: Les importations de gaz ont bondi de 27 % en juillet

    Espagne: Les importations de gaz ont bondi de 27 % en juillet

    Espagne, gaz, GNL, Algérie, Maroc, Sahara Occidental,

    8 septembre (Reuters) – Les importations de gaz de l’Espagne en juillet ont bondi de 27% par rapport à l’année précédente en raison de l’augmentation des livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL), principalement en provenance des Etats-Unis et de la Russie, selon des données gouvernementales publiées jeudi.

    L’Espagne a importé l’équivalent de 36 606 gigawattheures (GWh) de gaz naturel en juillet, a indiqué Cores, un service du ministère de l’énergie et de l’environnement.

    Les expéditions de GNL ont plus que doublé et ont représenté 72% des importations totales, tandis que les achats par gazoducs, principalement en provenance d’Algérie, ont chuté de 38%, a indiqué Cores dans son communiqué.

    La consommation de gaz de l’Espagne a augmenté pendant l’été, car plusieurs vagues de chaleur ont stimulé la demande de climatisation et la sécheresse a freiné la production d’hydroélectricité.

    Le pays dépend des livraisons de GNL par voie maritime et d’une liaison par gazoduc avec l’Algérie, qui est en conflit diplomatique avec l’Espagne au sujet du Sahara occidental.

    La crise énergétique de l’Europe s’est aggravée depuis que la Russie a interrompu son gazoduc Nord Stream 1 et que le président russe Vladimir Poutine a menacé de couper toutes les livraisons de pétrole et de gaz si l’Europe imposait des prix plafonds.

    Le mois dernier, les compagnies gazières espagnoles ont rempli les réservoirs de stockage à 80 % de leur capacité, selon le gestionnaire de réseau Enagas.

    En juillet, le gaz russe représentait 14,5 % des importations espagnoles, soit deux fois plus qu’un an plus tôt, tandis que le gaz en provenance des États-Unis représentait 23 % des importations, contre 9,2 % auparavant.

    Les entreprises espagnoles ont augmenté leurs importations de GNL en provenance de Russie au cours de l’été, mais les livraisons annuelles resteront aux alentours de 7 % des importations, comme d’habitude, a déclaré cette semaine la ministre de l’Énergie, Teresa Ribera.

    L’Espagne a réexporté l’équivalent de 4 329 gigawattheures de gaz, principalement vers la France.

    Reuters, 08/09/2022

    #Espagne #Algérie #Gas #GNL #Maroc #Sahara_Occidental

  • Pérou: Démission du MAE pour désaccords avec le président

    Pérou: Démission du MAE pour désaccords avec le président

    Pérou, Pedro Castillo, Miguel Rodriguez, Maroc, Sahara Occidental, Accord d’Escazu,

    Le nouveau ministre des Affaires étrangères du Pérou démissionne lors du dernier coup porté au président

    MEXICO CITY (Reuters) – Le ministre péruvien des Affaires étrangères, Miguel Rodriguez, a démissionné après seulement un mois de mandat, a annoncé vendredi le ministère des Affaires étrangères du pays, après des affrontements publics entre le président officiel et de gauche Pedro Castillo.

    « Je vous écris pour présenter ma démission irrévocable au poste de ministre d’État au Bureau des relations extérieures », a écrit Rodriguez dans une lettre publiée par le ministère des Affaires étrangères sur Twitter.

    « L’objectif était de revitaliser la politique étrangère du Pérou, de corriger les erreurs et d’essayer de renforcer le cours de la vie internationale de notre pays », a-t-il ajouté, sans plus de détails.

    Plus tôt cette semaine, Castillo a sapé l’annonce d’août de Rodriguez selon laquelle le Pérou rompait les relations diplomatiques avec la République arabe sahraouie démocratique partiellement reconnue au Sahara occidental.

    Jeudi, Castillo a tweeté que le Pérou avait réaffirmé la défense de « l’autodétermination » de l’Etat du Sahara.

    Les deux politiciens étaient également en désaccord sur l’Accord d’Escazu, un traité régional sur l’environnement, et sur la participation du Pérou à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.

    Le départ de Rodriguez s’accompagne de celui du vice-ministre péruvien des Transports, Luis Rivera, qui a également démissionné vendredi après avoir été condamné à six ans de prison pour corruption.

    Les cotes d’approbation de Castillo, qui est en poste depuis un peu plus d’un an, ont chuté. Il a déjà remanié son cabinet à plusieurs reprises et se bat contre une enquête de corruption menée par le procureur du pays.

    Swissinfo, 10 septembre 2022

    #Pérou #Pedro_Castillo #Miguel_Rodriguez #Maroc #Sahara_Occidental