Catégorie : Tunisie

  • Tunisie : les exportations de dattes ont généré plus de 196 millions $ depuis le 1er octobre

    (Agence Ecofin) – En Tunisie, la filière dattes devient l’un des piliers du secteur agricole. Si sa contribution est un peu éclipsée par la domination de l’huile d’olive, la filière est toutefois l’une des plus dynamiques du pays du Jasmin.

    En Tunisie, les expéditions de dattes ont atteint 81 800 tonnes pour des recettes de 535,8 millions de dinars (196 millions $) depuis le début de la saison 2020/2021, le 1er octobre dernier. Cette enveloppe marque une baisse de 3,7 % comparativement à l’année dernière à la même période (556,6 millions de dinars).

    D’après Samir Ben Slimane, directeur général du Groupement interprofessionnel des dattes (GID), les ventes ont souffert de la baisse des prix liée à la concurrence exacerbée et de la réticence des importateurs face à l’incertitude liée à la pandémie de coronavirus.

    En raison de cette situation, le pays n’a pas profité sur le plan financier, de l’augmentation du volume de ses envois sur la période (+1,8 %). Le Maroc est resté le principal marché d’exportation du pays avec 20 700 tonnes, suivi par l’Italie (6 700 tonnes), la France (6 400 tonnes) et l’Allemagne (5 900 tonnes).

    En 2020/2021, le pays table sur une production de 335 000 tonnes de dattes.La filière rapporte 15% du total de devises pour le secteur agricole arrivant ainsi en deuxième position derrière l’huile d’olive. Les principales variétés commercialisées sont Deglet Nour, Allig, Khouat Allig et Kenta.

    Espoir Olodo

    Agence Ecofin, 23 mars 2021

    Tags : Tunisie, agriculture, dattes, exportations,

  • Les Tunisiens noirs défient les interdits

    Fatima-Ezzahra Bendami

    En Tunisie, face au déni persistant de l’identité africaine, la communauté noire ne veut plus attendre.

    Juin 2020, sur l’avenue Habib Bourguiba, principale artère de Tunis, un hommage est rendu à George Floyd. L’émotion soulevée par la mort de l’africain-américain, tué par la police de Minneapolis, a trouvé un écho en Tunisie. Plus de 200 personnes se sont réunies devant le théâtre municipal. Pour crier des slogans, « I can’t breath », « let us breath », pour brandir des pancartes où figure ces trois mots « black lives matter », « denying racism suports it ».

    Des manifestants de tous les âges, de tous les sexes, beaucoup de Tunisiens, certains originaires d’Afrique subsaharienne.

    Maya est certainement la plus jeune ici. Elle a 14 ans et elle a écrit sur un morceau de carton une liste funeste des dernières victimes de violences policières aux Etats-Unis. Elle y a ajouté le nom de « Falikou Koulibaly », un Ivoirien tué en 2018 à Tunis, lors d’une agression. « En Tunisie, il y a autant de racisme envers les Noirs. » Mais tout le monde n’est pas du même avis. Une passante demande la raison de ce rassemblement : « Le racisme ? Ça n’existe pas chez nous. » Et beaucoup pensent comme elle.

    Ce samedi ensoleillé de juin, une grande partie des personnes réunies a répondu à l’appel de M’nemty. L’association anti-raciste tunisienne existe depuis 2013. Elle est dirigée par Saadia Mosbah. Ce jour-là, quand la militante parle de George Floyd, elle ne peut pas retenir ses larmes. « Ça parle aux personnes Noires du monde entier et d’ici aussi. C’est à peu près la même condition, plus ou moins, selon certains degrés. La particularité du racisme en Tunisie, c’est qu’il est silencieux. (…) C’est une hypocrisie sociale insoutenable. »

    Deux mois plus tard, nous la retrouvons dans une grande villa du Bardo, à deux pas du parlement. « M’nemty c’est un rêve, un rêve d’égalité pour tous », explique-t-elle en traduisant le nom de son association, tiré du dialecte tunisien. Elle a installé le siège dans la maison familiale, construite par son père qui était architecte.

    A plus de soixante ans, Saadia Mosbah est une hôtesse de l’air à la retraite, qui consacre tout son temps, ou presque, à son combat très personnel. Tout a commencé pour elle après la révolution. Le changement de régime s’est accompagné d’une libération de la parole et de la société civile. « Avant, il y avait quelques petits mouvements. D’abord le chanteur Salah Mosbah, qui a chanté sa négritude, qui s’est battu et se bat encore. Il y a eu Affet Mosbah, qui a écrit une tribune ”Etre noir en Tunisie”, en juillet 2004. »

    Elle vient de citer son frère et sa sœur, engagés dans l’antiracisme à une époque, où il était interdit d’en parler dans son pays. Elle raconte comment la tribune de sa sœur publiée dans le magazine Jeune Afrique a été censurée : « Je me dirige vers le kiosque pour récupérer les copies, je ne trouve rien, le vendeur me dit que tout a été ramassé. Les Tunisiens n’ont pu accéder à cet article qu’après 2010 sur Internet. L’article de 2004, personne ne l’a eu en version papier. Nous, on l’a acheté à Paris, on l’a lu à la maison. J’ai alors vu l’émotion de mon père et sa fierté. Je pense que quelque part, elle avait écrit ce qu’il avait toujours pensé et il n’avait jamais dit tout haut. »

    Racisme au placard

    Abdessattar Sahbani est sociologue à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis. Il est membre d’honneur de l’association M’nemty. Pour lui, l’Etat a rendu invisibles les Tunisiens Noirs pendant des décennies, empêchant de traiter des questions raciales. A l’indépendance, « on a essayé de donner de la Tunisie une image moderniste, ouverte ». « Cette Tunisie n’était pas noire. C’était ça le discours de Bourguiba (premier président de la Tunisie). Le Tunisien était de loin plus développé que les Africains, de loin plus développé que les musulmans, de loin plus développé que les arabes. Il aspirait à être européen. » Absents des postes à responsabilité, dans l’économie, en politique, dans l’administration, les Tunisiens Noirs sont comme mis de côté, et avec eux le problème du racisme.

    Le silence de l’Etat a des conséquences très concrètes. Dans la société tunisienne, on peut être victime de discriminations, c’est un fait normal et accepté. Saadia Mosbah a travaillé pour la compagnie aérienne nationale pendant trente-neuf ans. Elle était cheffe de cabine : « Je me souviens d’une dame qui arrête ses enfants en disant ”Stop on n’est pas sur Tunisair, on a dû se tromper de porte”. Je lui ai répondu que non ”Vous voyez bien que je porte l’uniforme avec l’insigne de la compagnie”. » Plus tard, pendant le vol, la passagère demande à lui parler. « Elle me questionne ”Mais comment ça vous êtes tunisienne, noire et hôtesse de l’air à la fois ?” » En Tunisie, dit Saadia Mosbah, « le noir ne doit pas faire d’études, ne doit pas être bien habillé, ne doit pas avoir de voiture. C’est très bien s’il est garçon de café, c’est très bien s’il fait des petits travaux, s’il est cireur, s’il est porteur, mais dès qu’il a un diplôme en poche, qu’il veut travailler ou aller à la faculté, ça pose problème. »

    C’est ce racisme violent mais terriblement ordinaire qu’Anis Chouchène essaie de décrire, d’expliquer. Il est poète et chanteur. Il connaît donc la puissance de la parole. « L’impact des mots est plus fort que les armes, une bombe agit en une fraction de seconde, alors que les mots ça détruit sur le long terme. » Il a écrit des textes sur le racisme, pour évacuer sa souffrance, dit-il. « Les mots comme Kahlouch (noiraud), degla (datte), oussif (esclave), kahla (noir), moi je ne réponds pas quand on m’appelle comme ça. » Parfois, c’est encore plus dur. Quand on le prend un étranger et qu’on parle de lui en arabe, en pensant qu’il ne va pas comprendre.

    Anis Chouchène ne laisse plus rien passer désormais. « Des fois, je me bagarre avec des amis Noirs pour qu’ils se fassent respecter et affrontent le racisme. Ça me touche quand je dis à quelqu’un de ne pas se taire et qu’il dit ”non ce n’est pas grave, ils n’ont pas fait exprès”. » Pour certains Tunisiens ces mots font partie du langage courant, sans connotation péjorative. « Les insultes sont devenues folkloriques et on les accepte comme moyen d’intégration sociale », analyse Abdessattar Sahbani.

    Dans la maison de son enfance, Saadia Mosbah allume une cigarette, aspire une bouffée de tabac avant de raconter de vieux souvenirs, comme s’ils s’étaient passés la veille. Elle a huit ans, quand sa meilleure amie de l’école la traite d’« oussifa ». « Pour ma mère, comme pour tout le monde, oussifa désignait la couleur. Pour moi, je ne sais pas pourquoi, c’était une insulte. C’est quelque chose que vous ressentez tout simplement. Il est dit seulement aux noirs ce mot ”Ya Oussif”, mais il sort comme un carton rouge : ”Attention n’oublie pas qui tu es.” »

    Mécanisme de protection

    Même cette militante a dû apprendre à composer avec le racisme de sa société. Plus jeune, Saadia Mosbah a dû parfois faire comme s’il n’existait pas. « On dit qu’on n’a jamais rien subi, car on ne veut rien entendre, c’est une réaction que je connais, c’est une réaction que j’adoptais moi-même. J’étais sportive, je faisais partie de l’équipe nationale de basketball. Au moment de rentrer sur le terrain, je ne voyais plus rien, je n’entendais plus personne. Dans un match on peut rater 10 lancers, même 20 lancers, imaginez si à chaque fois on vous traite d’oussifa. C’est quelque chose ! »

    Zyed Rouin était comme ça. Pendant longtemps, il a refusé de regarder la réalité en face. Ce trentenaire s’est engagé dans l’antiracisme à partir de 2013. Aujourd’hui, c’est un pilier de l’association M’nemty. Il est aussi consultant pour l’ONG Minority Rights Group International, qui défend les droits des minorités à travers le monde. Pourtant, Zyed Rouin dit avoir mis du temps à se rendre compte de sa différence et de ce qu’elle signifiait.

    Sa rencontre avec Saadia Mosbah a été déterminante. Lors d’une conférence, il s’oppose à la militante et soutient qu’il n’y a pas de racisme en Tunisie, qu’il n’a jamais subi aucune discrimination. « Elle m’a dit ”prends ton temps, essaie de rassembler tes souvenirs et on en parlera après”. » Cette phrase lui fait l’effet d’un électrochoc. Il réunit ses souvenirs et réalise qu’il a toujours été le seul Tunisien Noir de sa bande : « A l’école, avec mes amis, je me sentais obligé de fournir plus d’efforts pour être accepté, avoir les meilleurs résultats, faire plus de blagues. Je n’ai jamais eu d’amis Noirs, quand je montais dans un bus, par exemple, si j’apercevais un groupe de personnes Noires, je les évitais. »

    Remontent alors à la surface des moments de sa vie qu’il avait enfouis profondément dans sa mémoire, comme son premier jour d’école. « Ma mère m’a encouragé en me disant qu’à l’école j’allais rencontrer de nouveaux enfants, qu’on allait jouer ensemble, que j’allais m’amuser… J’attendais le moment de rencontrer mon premier nouvel ami, mais en arrivant je me retrouve dans une classe où je suis le seul Tunisien Noir. Ce sont les enfants qui me l’ont fait comprendre, avec des expressions et des phrases que j’entends pour la première fois alors, du genre ”Qu’est-ce que tu as, tu es brûlé ou quoi ? Tu es noir, c’est parce que Dieu ne t’aime pas” et j’en passe. Je me retrouve avec une réalité autre que celle qu’on m’a promise à la maison. L’enfant de six ans que j’étais n’avais aucun moyen de se défendre et à ce moment-là les enfants de mon âge avaient beaucoup d’arguments pour m’expliquer que j’étais Noir et différent. »

    Selon le sociologue Abdessattar Sahbani, ce « déni » est « un mécanisme de protection et d’intégration ». « Je dois me protéger et accepter le racisme pour trouver ma place. » Ce déni constitue une « immunité sociale » que chaque Tunisien Noir doit acquérir dès son plus jeune âge « pour protéger son enfant dans une société qui est raciste ». En résulte un consentement psychologique: l’enfant très tôt est « conscient qu’il est Noir et qu’il n’est pas dans la même situation, une situation analogue à celles des autres enfants ».

    Pendant la révolution, Saadia Mosbah a été marquée par l’absence des Tunisiens Noirs dans les cortèges. C’est aussi ça qui l’a encouragé à militer. « Ils ne se sentaient pas tunisiens, ils ne se sentaient pas citoyens, voilà le terme. Ils se sentaient exclus et s’auto-excluaient. (…) M’nemty c’était ça, cette recherche de citoyenneté d’abord, d’égalité et d’équité. Il est inconcevable qu’on soit tunisiens et qu’on ait peur d’entrer dans la foule et qu’on ait peur de dénoncer quoique ce soit, et qu’on ait peur de participer à une manifestation. »

    Le problème est profond, estime Saadia Mosbah. A l’origine : Le refus de son pays de se reconnaître comme société « multi-ethnique » et « multiculturelle ». « La Tunisie a donné son nom à notre continent et pourtant rejette son africanité, c’est ça ce qui est gênant. »

    L’Africain c’est l’autre

    L’historien Nouri Boukhchim, enseignant chercheur à l’Université de Tunis, partage ce point de vue. Tout commence par la négation d’une évidence : le pays se trouve en Afrique. « Le regard des Tunisiens est tourné vers la Méditerranée, vers le nord et non pas vers le sud. C’est comme ça qu’on s’est éloigné de notre africanité, au nom de l’unification du peuple tunisien. » C’est Habib Bourguiba, le premier président de la Tunisie indépendante, qui lance dans les années cinquante-soixante de grandes réformes pour « moderniser le peuple tunisien ». « Tout doit changer, le mode de vie, l’habitat… » Tout cela aboutit à une refonte de l’identité tunisienne, une rupture historique. Pour Nouri Boukhchim, « il y a un déni dans la société tunisienne, l’Africain c’est l’autre ».

    Cependant, les recherches scientifiques qu’il a mené avec son équipe, dans le sud de la Tunisie, montrent l’inverse. Les populations de la région ont des origines très diverses. « On a prélevé 80 échantillons d’ADN dans 3 localités, résultats : un mélange Afrique est/ouest et arabe. (…) Il ne faut pas oublier qu’il n’y avait pas de frontières, les populations se déplaçaient beaucoup. »

    Tant que la question raciale n’aura pas été résolue dans le pays, les Tunisiens Noirs devront vivre avec les discriminations et seront obligés de développer des stratégies de contournement. Dans la rue, Saadia Mosbah est imperturbable : « J’ai des œillères et je n’entends plus rien, parce que nos oreilles ont été polluées par les propos racistes, par des hommes qui vous disent ”L’Oussifa purifie le sang” ils fantasment sur votre physique, sur votre corps que vous avez envie de cacher, vous avez envie de courir, vous n’avez même plus envie de porter des couleurs tellement on vous embête dans la rue. Parfois des gens me disent ”Je t’ai appelée, tu ne m’as pas répondu, tu étais en face de moi, je te faisais des signes, tu ne m’as pas vu”. Et bah non, je ne vois rien, je n’entends rien. »

    Africa is a country, 24 mars 2021

    Tags : Afrique, Tunisie, racisme, noirs, discrimination,

  • Tunisie: Bourguiba doit se retourner dans sa tombe

    Par Habib Mellakh – Le politicien populiste caresse dans le sens du poil le peuple sensible aux sirènes des démagogues. C’est un autocrate aux antipodes de la raison politique. Il flatte les instincts de l’électeur. Mario Vargas LLosa, l’écrivain péruvien et prix Nobel de littérature scandalisé « qu’un nombre aussi élevé de Vénézuéliens appuient les délires populistes et autocratiques de ce risible personnage qu’est le lieutenant-colonel Hugo Chávez ne fait pas de celui-ci un démocrate » mais « ne fait que révéler les extrêmes auxquels sont arrivés le désespoir, la frustration et l’inculture civique du peuple vénézuélien », l’a bien compris. Cette analyse vaut également pour tous les partis et leaders populistes qui ont envahi la scène politique tunisienne.

    Le véritable leader abhorre le populisme et combat la déraison populaire. Il prend le risque d’être sanctionné par l’électorat charmé et dupé par le discours populiste. Il l’amène par un discours rationnel et par la persuasion à adhérer à son point de vue.

    Un abîme sépare le véritable leader et le leader populiste. Les partisans d’Abir Moussi ne craignent pas de se couvrir de ridicule quand ils la mettent sur un piédestal et qu’ils n’hésitent pas à faire d’elle un leader charismatique de la stature de Bourguiba ou le messie que les Tunisiens attendent depuis la disparition du leader historique.

    Bourguiba doit aujourd’hui se retourner dans sa tombe. Abir Moussi, qui arbore à l’ARP le portrait du premier président de la Tunisie pour se réclamer de lui, n’hésite pas, à l’occasion de son meeting de Sfax, à prendre à parti Joe Biden (saluons le courage de celle qui estime qu’il Il vaut mieux s’adresser au bon Dieu qu’à ses saints !) pour lui signifier qu’elle est jalouse de l’indépendance de notre pays et qu’elle refuse l’ingérence des Etats-Unis dans les affaires tunisiennes. Se distinguer de Rached Ghannouchi qui a lancé à Joe Biden un appel pathétique pour sauver notre jeune démocratie, menacée par les forces réactionnaires et populistes selon ses dires et vouloir apparaître comme un farouche défenseur de la souveraineté du pays, le jour de la commémoration du 65è anniversaire de son indépendance, est sans doute de bonne guerre mais il faut être cohérent jusqu’au bout. Parce que le ridicule ne tue pas à ses yeux et qu’il la rend probablement plus forte puisque ce qui ne tue pas rend plus fort (sic !), elle fait un appel du pied au président américain pour qu’il traite sur un pied d’égalité Ennadha et le PDL. Ainsi la souveraineté de la Tunisie n’est mise à mal que lorsque Biden flirte avec Ennahdha. S’il file le parfait amour avec le PDL, c’est en tout bien, tout honneur, sans arrière pensée et sans contre-partie.

    Abir Moussi oublie ou feint d’oublier le célèbre discours du Palmarium du 15 décembre 1972, épisode glorieux de notre histoire contemporaine, et la leçon magistrale de Bourguiba à Kaddafi à l’occasion de ce discours. Au « touz fi Amarica » (Que l’Amérique aille se faire avoir !), Bourguiba répond : « Tu prendras une raclée si tu défies l’Amérique ».

    La présidente du PDL oublie aussi que l’on ne gargarise pas de mots et de lieux communs quand on veut défendre la souveraineté du pays, son intégrité territoriale et son non-alignement. Bourguiba n’hésite pas à tenir tête aux Etats-Unis lorsque la souveraineté du pays est en jeu. On pourrait rafraîchir la mémoire d’Abir Moussi en lui rappelant, à titre d’exemple, que le leader historique a menacé, en 1985, de rompre les relations diplomatiques avec les Etats-Unis si jamais ce pays votait contre la résolution du conseil de sécurité de l’ONU condamnant l’agression israélienne du 1 octobre 1985 contre Hammam-Chatt et qu’il a toujours soutenu l’entrée de la Chine populaire aux Nations-Unis malgré le refus américain.

    Le succès du meeting, dans un fief islamiste, comparé au déni total de l’indépendance affiché par la Tunisie officielle qui n’a pas daigner célébrer le 65è anniversaire de l’émancipation du joug colonial (d’aucuns disent que nous n’étions pas une colonie mais un protectorat) suffisent-ils pour que l’on occulte les bourdes populistes d’Abir Moussi ? Qu’elle soit la seule politicienne ou presque à occuper la scène dans la lutte contre les obscurantistes qu’il faut apprécier à sa juste valeur même si elle partage leur conservatisme sur certaines questions et pas des moindres ( la position au sujet de l’égalité dans l’héritage par exemple) suffit-il pour lui pardonner ses bourdes et excuser son populisme ?

    Habib Mellakh

    Leaders, 22 mars 2021

    Tags : Tunisie, Habib Bourguiba, Abir Moussi,

  • Tunisie : L’illégalité institutionnalisée au sein même de l’ARP

    Voilà où mène la gestion chaotique des affaires de l’Assemblée des représentants du peuple par son président Rached Ghannouchi. Un administratif qui entre en toute illégalité sous l’hémicycle de l’assemblée et s’attaque à des députés.

    Invité à quitter les lieux, l’administratif a refusé de s’exécuter alors que le règlement intérieur de l’ARP interdit formellement l’accès à des personnes autres que les députés. Faisant valoir son statut de syndicaliste, il s’est attaqué à Abir Moussi, à Mongi Rahoui et à Fayçal Tebbini.

    Jusqu’à quand va-t-on voir ce genre de scènes surréalistes au sein de ce qui est censé être le lieu du premier pouvoir du pays ?

    Business News, 23 mars 2021

    Tags : Tunisie, ARP, Assemblée des représentants, parlement, députés,

  • Tunisie : Systèmes d’alerte précoce et indicateurs – Formation pour l’ESFSI

    Nous venons de terminer une formation intensive d’une semaine sur les systèmes d’alerte précoce et les indicateurs, dans le cadre du programme de cette année sur la «gestion des conflits sociaux» de l’Ecole Supérieure des Forces de Sécurité Intérieure (ESFSI) du Ministère de l’Intérieur de la Tunisie. Ce programme est soutenu par le projet européen « Lutte contre le terrorisme en Tunisie» via CIVIPOL . C’est la deuxième fois que nous avons le plaisir et l’honneur de dispenser une formation pour l’ESFSI, la première fois en août 2020.

    Ce fut une semaine formidable, avec des discussions incroyablement riches et intéressantes.

    Nous pourrions tout faire avec Zoom, des conférences classiques aux séances de pratique et de travail en groupe en passant par les didacticiels logiciels. Cela a parfaitement fonctionné – nous avons même pu recevoir les récompenses et les cadeaux pour les formateurs – grâce à l’ESFSI, la formidable équipe opérant pour CIVIPOL à Tunis, et bien sûr, à des stagiaires fantastiques!

    Edité par Dr Helene Lavoix (MSc PhD Lond) Dr Helene Lavoix , PhD Lond (relations internationales), est la présidente-directrice générale de la Red Team Analysis Society. Elle est spécialisée dans la prospective stratégique et l’alerte pour les questions de sécurité nationale et internationale. Elle se concentre actuellement sur la pandémie COVID-19, la méthodologie de SF&W, la radicalisation ainsi que l’intelligence artificielle et la technologie et la sécurité quantiques. Elle enseigne au niveau Master à SciencesPo-PSIA.

    The Red Team Analysis Society, 22 mars 2021

    Tags : Tunisie, formation, systèmes d’alerte précoce et indicateurs, Ecole Supérieure des Forces de Sécurité Intérieure, ESFSI, CIVIPOL,

  • Tunisie : La police fait pression sur les jeunes militants

    Hamza Nasri, un jeune activiste tunisien, est descendu dans la rue dans le cadre des manifestations antigouvernementales de ces derniers mois. Maintenant, il dit qu’il est sous la surveillance de la police et qu’il a peur pour ses amis.

    « J’ai déménagé trois fois ces derniers mois. J’ai arrêté d’aller voir certains amis pour ne pas les mettre en danger », a déclaré à l’AFP le jeune homme de 27 ans.

    La Tunisie a été saluée pour sa transition démocratique, ses élections libres et sa nouvelle constitution libérale après sa révolution de 2011.

    Le soulèvement populaire a mis fin à un État policier et instauré une liberté d’expression sans précédent dans ce pays d’Afrique du Nord.

    Mais une décennie plus tard, face à des réformes limitées des systèmes sécuritaire et judiciaire, les militants affirment que le risque d’arrestation place une «épée de Damoclès» au-dessus de leurs têtes.

    En janvier, les forces de sécurité ont arrêté des centaines de jeunes, dont de nombreux mineurs, de quartiers défavorisés et marginalisés à travers le pays au cours de plusieurs nuits de troubles.

    Ils ont par la suite arrêté plusieurs jeunes militants qui ont dénoncé ce qu’ils considéraient comme une réponse policière répressive.

    Nasri a déclaré qu’il craignait que le pays ne fasse demi-tour.

    L’étudiant en droit a passé à deux reprises 48 heures en garde à vue après des manifestations antigouvernementales dans la capitale Tunis en décembre et janvier, et risque maintenant plus de trois ans de prison pour des accusations telles que le blocage de routes et l’insulte à un policier.

    « Si je suis condamné à plus de six mois (de prison), cela restera inscrit dans mon casier judiciaire et je pourrai dire adieu à mes rêves de devenir avocat », a-t-il déclaré.

    – ‘Nous ne nous sentons pas en sécurité’ –

    En Tunisie, les rapports sexuels avant le mariage, les relations homosexuelles, les publications sur les réseaux sociaux jugées offensantes et les preuves de consommation de cannabis dans les échantillons d’urine peuvent tous être passibles de la peine d’emprisonnement.

    Les observateurs affirment que cela rend les jeunes vulnérables lorsqu’ils s’opposent aux autorités.

    Rania Amdouni, une militante des droits et de la démocratie de 26 ans, a été condamnée à six mois de prison ce mois-ci pour avoir insulté des policiers, bien que sa peine ait été réduite à une amende en appel et elle a été libérée.

    Des dizaines d’organisations de défense des droits de l’homme en Tunisie et à l’étranger avaient demandé la libération d’Amdouni.

    Nasri et Amdouni sont tous deux liés à l’association Damj, qui défend les droits des personnes LGBTQI.

    « La vie d’un jeune en Tunisie consiste à essayer d’éviter autant que possible la police », a déclaré Ahmed Ghram, 25 ans.

    L’étudiant en philosophie, portant des cheveux courts et des boucles d’oreilles, a été emprisonné pendant 15 jours en janvier pour une publication sur Facebook critiquant les inégalités dans le système judiciaire.

    « Nous ne nous sentons pas en sécurité. Nous ne sommes pas libres », a-t-il déclaré.

    Mehdi Barhoumi, un expert des droits et du gouvernement dans la trentaine, a déclaré que de telles arrestations « placent une véritable épée de Damoclès au-dessus de nos têtes ».

    Barhoumi lui-même a été arrêté chez un ami et emprisonné pendant deux jours après avoir critiqué la présence croissante des syndicats de la police lors d’une discussion privée.

    Il s’est dit préoccupé par « le tournant sécuritaire alarmant que la Tunisie prend dans sa réponse aux mouvements sociaux ».

    Selon une étude publiée en 2020 par le groupe de campagne de consolidation de la paix International Alert, où travaille Barhoumi, 17% des 18 à 34 ans de plusieurs zones marginalisées de Tunisie ont déclaré avoir été arrêtés au cours de l’année écoulée.

    L’organisation a déclaré avoir trouvé des irrégularités dans nombre de ces arrestations.

    – Génération d’espoir –

    Cependant, la police tunisienne n’a plus les pouvoirs discrétionnaires dont elle jouissait sous le régime de l’ancien autocrate Zine El Abidine Ben Ali.

    « Les choses ont changé », a déclaré la porte-parole du gouvernement Hasna Ben Slimane.

    Tout en reconnaissant que les réformes avaient été plus lentes que prévu, elle a déclaré qu’il y avait désormais plus de «professionnalisme» parmi les forces de sécurité et qu’un manuel avait été publié pour améliorer le respect des lois de la police, notamment sur les arrestations.

    « Nous prenons des mesures pour changer radicalement les pratiques », a déclaré Ben Slimane.

    Le droit de manifester est inscrit dans la constitution tunisienne et les abus de la police retiennent l’attention des médias.

    Mais Oula Ben Nejma, vice-président d’une organisation de la société civile travaillant pour la réforme pénale et sécuritaire, a déclaré que les mauvaises habitudes des forces de sécurité persistaient parce que les violations restaient impunies.

    « Nous n’avons pas encore assisté à un procès où des policiers sont punis pour mauvaise conduite », a-t-elle déclaré.

    Amine Ghali, directeur du Kawakibi Democracy Transition Center, a déclaré qu’un retour à un «État policier systématique» était peu probable.

    Mais il a averti que certains acteurs hostiles aux réformes, tels que les syndicats de la police et des éléments du système judiciaire, revenaient au premier plan.

    L’expert Haykel Mahfoudh a déclaré que la plus grande source d’espoir venait de la nouvelle génération de policiers qui ont grandi dans une démocratie.

    «Il y a une dimension civique dans leur conception des choses», a-t-il déclaré.

    Ils ont «absorbé certaines idées sur la gouvernance».

    Africanews, 22 mars 2021

    Tags : Tunisie, répression, jeunesse, manifestations, police,

  • Tunisie : Les ingénieurs atteignent les étoiles avec le lancement d’un satellite

    La Tunisie a célébré lundi le lancement de son premier satellite de fabrication nationale, espérant que cela inspirerait les jeunes ingénieurs à atteindre les étoiles chez eux plutôt que de rejoindre ceux qui émigrent à l’étranger.


    Le Challenge-1, construit par une équipe du géant des télécommunications TelNet, a décollé avec 37 autres satellites à bord d’une fusée russe Soyouz depuis le cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan lundi.

    Cela a fait de la Tunisie le sixième pays africain à fabriquer son propre satellite et à le voir atteindre l’espace.

    «C’est une fierté d’avoir participé à ce projet», a déclaré Khalil Chiha, 27 ans, qui a suivi une formation à l’École nationale d’ingénieurs de Tunisie dans la ville centrale de Sfax.

    « Travailler dans le secteur aéronautique ou aérospatial est un rêve. »

    La Tunisie avait été frappée par une crise économique et une montée en flèche du chômage avant même la pandémie de coronavirus, et ces derniers mois ont vu des manifestations anti-gouvernementales croissantes.

    Plusieurs milliers d’ingénieurs partent chaque année chercher du travail à l’étranger.

    De nombreux ingénieurs du Challenge-1 ont été formés en Tunisie et ont entre 25 et 30 ans.

    Les responsables espèrent que le succès montrera aux jeunes qu’il y a un avenir pour eux dans la nation nord-africaine.

    Le Challenge-1 est conçu pour collecter des données, y compris des lectures de température, de pollution et d’humidité dans des zones sans couverture Internet, dans le cadre des efforts visant à collecter ces informations dans des zones situées au-delà des réseaux téléphoniques terrestres.

    « Nous sommes très émus, après trois ans de travail intense », a déclaré l’ingénieur Haifa Triki, 28 ans, qui a suivi le vol en direct de Tunis.

    « Nous avons fait beaucoup de sacrifices, mais cela en valait la peine ».

    ‘Le rêve devient réalité’

    Le président Kais Saied, a rejoint des ingénieurs et des journalistes pour regarder le lancement en direct à l’écran au siège de TelNet à Tunis.

    « Notre vraie richesse, ce sont les jeunes qui peuvent faire face à des obstacles », a déclaré Saied, soulignant que la Tunisie ne manque pas de ressources mais de « volonté nationale » au milieu de ses terribles crises sociales et politiques.

    « Nous sommes fiers de notre jeunesse », a-t-il déclaré.

    L’équipe du Challenge-1 était soutenue par des ingénieurs tunisiens expatriés, dont l’un a participé à la mission Mars Perseverance de la NASA.

    « C’est vraiment un rêve devenu réalité », a déclaré à l’AFP Anis Youssef, chef de projet TelNet, avant le lancement.

    Alors que l’ industrie aérospatiale est en plein développement dans le monde arabe et que 11 pays ont lancé des satellites à travers l’Afrique, fabriquer un satellite artisanal est une tâche plus difficile.

    «Le club de ceux qui les fabriquent est assez fermé», a déclaré l’ ingénieur aérospatial tunisien Ahmed El Fadhel, basé en Belgique et président de l’Association Tunisienne de l’Espace, un collectif de scientifiques, d’experts et d’étudiants intéressés par les technologies spatiales.

    TelNet a l’intention de lancer d’ici trois ans, en partenariat avec d’autres pays africains, un réseau de plus de 20 satellites.

    «Cela ouvre la voie à l’ouverture d’un service innovant pour la région dans un domaine en pleine expansion», a déclaré le PDG de TelNet, Mohamed Frikha.

    Au-delà du progrès technologique , il marque « l’ouverture de perspectives d’emploi locales pour les ingénieurs tunisiens », a-t-il ajouté.

    « Des opportunités d’emploi existent en Tunisie. Le problème est de donner envie aux jeunes ingénieurs de rester. »

    Phys.org, 22 mars 2021

    Tags : Tunisie, satellite, Challenge One, orbite, technologie,

  • La Tunisie lance le premier satellite de fabrication locale

    TUNIS, 22 mars (Xinhua) – Le satellite tunisien Challenge ONE a été lancé lundi depuis la base de Baïkonour dans le centre-sud du Kazakhstan à bord de la fusée russe Soyouz-2.1a qui transportait également d’autres satellites.

    A cette occasion, Telnet Group, propriétaire du Challenge ONE, a organisé une cérémonie à son siège dans la capitale Tunis pour suivre la couverture en direct de l’événement en présence du président tunisien Kais Saied.

    « Cet événement reflète l’aspiration de la Tunisie et des jeunes Tunisiens à dépasser les limites de la terre », a déclaré Saied dans un discours diffusé à la télévision d’Etat Wataniya 1.

    De son côté, Mohamed Frikha, directeur général du groupe Telnet, a déclaré: « C’est le fruit de toute une génération de culture et de connaissances ainsi que du travail de 20 ingénieurs tunisiens encadrés par Telnet », ajoutant que ce satellite n’est que le premier pas vers l’espace qui sera suivi par d’autres.

    Challenge ONE est un petit satellite qui pèse environ 3 kg. Il sera utilisé dans la technologie de l’Internet des objets.

    Ce satellite, conçu et développé par des compétences exclusivement tunisiennes, permettra la communication et l’échange de données dans de nombreux domaines dont le contrôle, le transport, l’agriculture et la logistique en recevant des données et en les envoyant à des fournisseurs du monde entier.

    Xinhuanet, 22 mars 2021

    Tags : Tunisie, satellite, Challenge One,

  • Tunisie : En photos et vidéo : Le premier satellite tunisien Challenge One sur orbite

    Challenge One, le premier satellite conçu et développé par des compétences 100% tunisiennes du groupe Telnet, a été lancé ce matin, à 7h07, par la fusée russe « Soyouz-2 », à partir du cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan.

    Le satellite, mis en orbite, est spécialisé dans « l’Internet des objets » et la transmission des données utiles par la connexion des objets situés sur la terre (Internet of things), utilisant pour la première fois au monde le protocole de communication spatiale LoRa.

    La fusée russe « SOYOUZ-2 » chargée du transport de Challenge One est arrivée mercredi 17 mars 2021 sur sa zone de lancement.

    Rappelons que le directeur général de Telnet Holding, Mohamed Frikha, avait annoncé, samedi 20 mars 2021, le report du lancement du satellite tunisien prévu pour la fête de l’Indépendance, expliquant que les conditions météorologiques et un vent très fort à Baikonour au Kazakhstan, où se trouve la base de lancement, étaient à l’origine de ce report.

    Business news, 22 mars 2021

    Tags : Tunisie, satellite, Challenge One,

  • Aujourd’hui le lancement du premier satellite Made in Tunisia

    «Challenge 1» est le premier satellite construit entièrement en Tunisie à 100% par la société tunisienne Telnet spécialisée dans la technologie, le logiciel et l’ingénierie. Selon la presse nationale, son lancement est prévu aujourd’hui 20 mars, date symbolique de l’indépendance de la Tunisie.

    Le lancement aura lieu via la fusée russe Soyouz-2, qui décollera de la base de Boikonur au Kazakhstan. Le président de la République, Kais Saied, s’était rendu le 4 mars au siège du groupe Telnet qui a développé le satellite.

    « Ce satellite est un cadeau pour le peuple tunisien, en particulier pour les fondateurs de l’Etat et les jeunes », a déclaré le chef de l’Etat qui a salué les efforts consentis par de jeunes scientifiques dont l’âge moyen ne dépasse pas 25 ans.

    Africa Rivista, 20 mars 2021

    Tags : Tunisie, satellite, Telnet,