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  • UE-Maroc: Malgré les tensions, des accords financiers conclus

    Tags : Maroc, Union Européenne, Olivér Várhelyi, coopération,

    Les récentes tensions entre le Maroc et le Parlement européen n’empêchent pas la bonne conduite du partenariat économique. En visite hier à Rabat, le commissaire européen à la Politique de voisinage Olivér Várhelyi a annoncé plusieurs accords financiers importants.

    Un demi-milliard d’euros tout de suite pour le nouveau Fonds d’investissement Mohammed VI, 6,5 milliards dans les prochaines années pour l’économie marocaine : Olivér Várhelyi n’est pas venu les mains vides au Maroc, a constaté notre correspondant à Rabat, Victor Mauriat.

    Les deux parties ont signé cinq programmes de coopération portant sur la protection sociale, l’appui à la transition verte et à la réforme de l’administration publique, l’inclusion financière et la gestion de la migration.

    Par ailleurs, des programmes supplémentaires, adoptés en 2022, doivent encore faire l’objet dans les prochains mois d’une signature avec le Maroc, pour 126 millions d’euros.

    Malgré les récentes tensions entre les deux entités sur fond d’accusation d’espionnage, de corruption et de violation des droits de l’homme, le commissaire européen a salué les progrès réalisés par le royaume ces dernières années : « Les réformes que nous voyons au Maroc, sociales, administratives, digitales, sont des réformes ambitieuses » qui réflètent « vraisemblablement les valeurs européennes ». « Donc pour nous, c’est vraiment facile de soutenir ces réformes. »

    De son côté Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères, a accueilli chaleureusement ces annonces et se félicite du chemin parcouru : « Si 2022 a été l’année du développement de la relation entre le Maroc et l’UE à travers les projets entrepris, 2023 sera celle d’un engagement et d’ambitions plus forts. » Rabat entend « développer davantage » cette année la coopération avec l’UE dans les domaines de la sécurité et l’immigration.

    Un futur partenariat tripartite avec Israël

    Cette visite du commissaire européen – la deuxième en moins d’un an – visait à « approfondir le partenariat stratégique » entre l’UE et le Maroc, « pilier de stabilité en Méditerranée », selon Olivér Várhelyi.

    Les deux hommes ont également annoncé un futur partenariat tripartite avec Israël, sans pour autant préciser les domaines concerné par l’accord qui devrait être officialisé avant la fin du mois. « Cette coopération trilatérale entre le Maroc, Israël et l’Union européenne pourra lever des défis cruciaux tels que la gestion de l’eau et la recherche et le développement », a toutefois souligné Olivér Várhelyi. « Nous pouvons développer une coopération régionale dans des domaines d’intérêt communs », a assuré Nasser Bourita lors du même point presse. « Nous avons préparé un document que nous signerons avant la fin de ce mois pour confirmer cette dimension tripartite dans nos relations », a précisé le ministre marocain.

    Depuis leur normalisation diplomatique, le partenariat entre le Maroc et Israël se poursuit à un rythme très soutenu dans les domaines militaire, technologique, économique et culturel.

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    #Maroc #UE #Israël #Olivér_Várhelyi

  • 1 an après – l’impact mondial de la guerre en Ukraine

    1 an après – l’impact mondial de la guerre en Ukraine

    Tags : Ukraine, Russie, Etats-Unis, UE, OTAN, inflation, cherté, produits alimentaires,

    -L’invasion de l’Ukraine par la Russie il y a un an a contribué à une polycrise mondiale.

    -Plus de 8 millions de réfugiés ukrainiens ont quitté leur foyer en quête de sécurité.

    -Les prix mondiaux de l’énergie ont bondi alors que les sanctions internationales contre la Russie se poursuivent.

    -Les prix alimentaires ont également grimpé en flèche, ajoutant à la crise mondiale du coût de la vie.

    Dans l’année qui s’est écoulée depuis que le président russe Vladimir Poutine a ordonné à ses forces armées de franchir la frontière ukrainienne, l’impact de la guerre en Europe s’est propagé dans le monde entier.

    La plupart d’entre nous sommes touchés par l’impact du conflit d’une manière ou d’une autre – à la caisse du supermarché, lorsque les factures d’énergie domestiques arrivent, ou lorsque les entreprises pour lesquelles nous travaillons se serrent la ceinture, mettant des emplois et des carrières en danger.

    Une crise humanitaire persistante

    Mais avant tout dans nos esprits en ce sinistre anniversaire doivent être ceux qui se sont soudainement retrouvés dans la ligne de mire. Des millions de personnes, principalement des femmes et des enfants, ont été forcées de fuir l’Ukraine, cherchant la sécurité en dehors de la zone de guerre.

    Un an plus tard, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, le HCR, affirme qu’il y a plus de 8 millions de réfugiés ukrainiens qui vivent à travers l’Europe. Parmi ceux-ci, 4,8 millions sont des réfugiés qui se sont enregistrés dans le cadre de régimes de protection nationale temporaire. La plupart de ces réfugiés espèrent que la fin des hostilités leur permettra de rentrer chez eux et de reconstruire leur vie. Une enquête du HCR montre que 12% prévoient de rentrer dans les trois prochains mois, mais 65% de ceux qui souhaitent rentrer n’ont pas de calendrier précis.

    La hausse des coûts de l’énergie menace l’extrême pauvreté de millions de personnes

    Le déclenchement de la guerre en Ukraine a plongé de vastes régions du monde dans une crise énergétique.

    Une nouvelle enquête, publiée dans la revue Nature Energy , suggère que la hausse des prix du carburant a presque doublé les coûts énergétiques des ménages dans le monde. En des temps plus pacifiques, la Russie était un important exportateur de gaz naturel vers l’Europe, mais les sanctions internationales visant le secteur énergétique russe ont limité les approvisionnements et fait grimper les prix.

    Le graphique ci-dessus montre comment le prix des combustibles fossiles a grimpé en flèche après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, par rapport au prix moyen en 2021. Entre le 24 février et le 13 septembre 2022, le coût du charbon a grimpé de 176 %. Les prix du pétrole brut et des produits pétroliers ont grimpé de 51 % et le coût du gaz naturel a augmenté de 94 %.

    Conséquence de ces hausses de prix sur les marchés de l’énergie, l’étude montre que les coûts énergétiques mondiaux des ménages augmenteront entre 62,6% et 112,9%. Les plus durement touchés seront les ménages des pays d’Afrique subsaharienne.

    L’approvisionnement alimentaire sous pression

    L’impact de la guerre en Ukraine sur le prix et la disponibilité des aliments est ressenti très différemment dans les pays du monde.

    Si vous vivez dans un pays riche, les prix pourraient vous faire haleter. Rares sont ceux qui n’auront pas remarqué à quel point le coût d’un panier de biens typique a augmenté au cours de l’année écoulée. Le journal The Guardian rapporte que l’inflation des prix des produits alimentaires au Royaume-Uni a atteint un niveau record de 16,7 % en janvier 2023.

    À l’autre extrémité du spectre de la richesse mondiale, la hausse des prix des denrées alimentaires ou la perturbation des approvisionnements peuvent mettre la vie en danger. La Russie et l’Ukraine sont d’importants exportateurs de blé et la guerre constitue une menace sérieuse pour les nations qui dépendent des céréales de la région pour une grande partie de leurs aliments de base.

    Un rapport de 2022 sur la sécurité alimentaire mondiale de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture constate que « la guerre en Ukraine aura de multiples implications pour les marchés agricoles mondiaux par le biais des canaux du commerce, de la production et des prix, jetant une ombre sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition ». pour de nombreux pays dans un proche avenir ».

    Découvrir

    Que fait le Forum économique mondial pour aider à assurer la sécurité alimentaire mondiale ?

    Deux milliards de personnes dans le monde souffrent actuellement de malnutrition et selon certaines estimations, nous avons besoin de 60% de nourriture en plus pour nourrir la population mondiale d’ici 2050. Pourtant, le secteur agricole est mal équipé pour répondre à cette demande : 700 millions de ses travailleurs vivent actuellement dans la pauvreté, et elle est déjà responsable de 70 % de la consommation mondiale d’eau et de 30 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

    Les nouvelles technologies pourraient aider nos systèmes alimentaires à devenir plus durables et efficaces, mais malheureusement, le secteur agricole a pris du retard sur d’autres secteurs en termes d’adoption de technologies.

    Lancée en 2018, la plateforme Innovation with a Purpose du Forum est un partenariat à grande échelle qui facilite l’adoption de nouvelles technologies et d’autres innovations pour transformer la façon dont nous produisons, distribuons et consommons nos aliments.

    Avec la recherche, l’augmentation des investissements dans les nouvelles technologies agricoles et l’intégration d’initiatives locales et régionales visant à renforcer la sécurité alimentaire, la plateforme travaille avec plus de 50 institutions partenaires et 1 000 dirigeants du monde entier pour tirer parti des technologies émergentes afin de rendre nos systèmes alimentaires plus durables, inclusive et efficace.

    Un risque majeur pour la stabilité mondiale

    Ces pressions économiques combinées s’ajoutent à une crise mondiale du coût de la vie, identifiée comme le plus grand risque à court terme pour la stabilité mondiale dans le Rapport annuel sur les risques mondiaux 2023 du Forum économique mondial .

    Une série de graphiques montre l’impact de la crise mondiale du coût de la vie par groupe de revenu. Image : Rapport sur les risques mondiaux du WEF, 2023.

    Les données du rapport sur les risques mondiaux, illustré ci-dessus, montrent que les ménages à faible revenu supportent un fardeau disproportionné de la hausse des prix.

    Avec une grande partie de la crise provoquée par la guerre en Ukraine, plus les combats se prolongent, plus ce fardeau peut devenir lourd, comme le souligne le rapport.

    « La persistance d’une crise mondiale du coût de la vie pourrait avoir pour conséquence qu’une proportion croissante des segments les plus vulnérables de la société se voient privés de l’accès aux besoins de base, alimentant les troubles et l’instabilité politique. La poursuite des perturbations de la chaîne d’approvisionnement pourrait entraîner une inflation sous-jacente persistante, en particulier dans les secteurs de l’alimentation et de l’énergie.

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    #Ukraine #Russie #Etats_Unis #UE #Inflation #Produits_Alimentaires

  • Qatargate : La vie d’Eva Kaili passée au tamis

    Tags : Maroc_Qataragate, Parlement Européen, Corruption, Marc Tarabella, Eva Kaili, Antonio Panzeri, Francesco Giorgi,

    Trop près du soleil : le making and unmaking d’Eva Kaili

    Comment la célèbre politicienne grec s’est hissé au sommet de la politique européenne – et s’est écrasé en prison.

    Par NICHOLAS VINOCUR, NEKTARIA STAMOULI, EDDY WAX et GIAN VOLPICELLI

    BRUXELLES — Eva Kaili n’était pas satisfaite du plan de salle.

    C’était quelques jours avant le dîner de gala P28 de POLITICO – une touche de paillettes sur le calendrier social bruxellois dévoilant un classement des personnes les plus puissantes d’Europe – et la législatrice grecque voulait s’assurer qu’elle serait assise à une table de haut niveau.

    Dans une rafale d’e-mails, son bureau au Parlement européen a fait pression pour un placement de premier ordre, même s’il ne savait pas qui y assisterait. Kaili s’est retrouvé à une table à côté du commissaire européen à l’emploi, Nicolas Schmit, directement derrière la présidente du Parlement, Roberta Metsola, et le puissant commissaire européen à l’industrie, Thierry Breton.

    Au dire de tous, Kaili – l’une des personnalités les plus glamour de la scène politique bruxelloise, vice-présidente du Parlement et célébrité dans sa Grèce natale – a semblé apprécier la soirée, qui comprenait une allocution vidéo du président ukrainien Volodymyr Zelenskyy et à peine aveux voilés par Metsola et Breton de leur désir de devenir président de la Commission européenne.

    L’approche de Kaili en matière de plan de sièges, recherchant la proximité avec le pouvoir, était conforme à l’approche qu’elle avait adoptée pendant deux décennies en politique, remontant à ses premiers pas en politique en tant qu’étudiante à Thessalonique. Au terme de son deuxième mandat au Parlement européen, elle avait toutes les raisons de croire qu’elle aussi pourrait bientôt avoir un siège au premier rang.

    Deux jours plus tard, elle était en prison.

    Dans une opération d’infiltration qui a brisé le placage poli de la politique bruxelloise comme une brique à travers du verre, Kaili a été arrêté par la police belge dans le cadre d’une enquête d’argent contre influence impliquant trois complices présumés. Sur les quatre personnes arrêtées début décembre, dont l’ancien législateur socialiste italien Pier Antonio Panzeri et le propre partenaire de Kaili, un assistant parlementaire italien nommé Francesco Giorgi – tous accusés d’avoir accepté des paiements illégaux du Qatar et du Maroc en échange de faveurs politiques – Kaili était de loin le plus visible, le plus ancien, le plus politiquement ambitieux.

    Une énorme quantité d’informations est devenue publique depuis ces jours de tourbillon, y compris les allégations de Panzeri, publiées dans le journal belge Le Soir, selon lesquelles il aurait payé 250 000 € à Kaili pour soutenir sa campagne électorale de 2019. (L’avocat de Kaili, Michalis Dimitrakopoulos, a qualifié le rapport Le Soir de « complètement inexact » et de « mensonges sans scrupules » présenté par Panzeri et « sans aucune preuve, dans le seul but de le sauver, lui et sa famille, de la prison ».)

    Mais le rôle exact de Kaili dans le scandale reste mal défini. Contrairement à Panzeri, elle n’a pas encore reconnu d’acte répréhensible et reste en prison plus de deux mois après son arrestation, les autorités judiciaires refusant de lui accorder une permission de sortir, pensant qu’elle présente un risque de fuite et qu’elle pourrait falsifier des preuves.

    Les avocats de Kaili la décrivent comme la victime innocente d’autres suspects dans l’affaire, à savoir Panzeri et Giorgi, qui, selon eux, ont exploité son rang et son statut pour faire avancer leurs intérêts à son insu. Le fait que Kaili, qui a une fille de 24 mois avec Giorgi, soit détenue pendant deux mois avec un accès limité à l’enfant équivaut à de la « torture », affirment-ils.

    Pourtant, le mandat d’arrêt de Kaili, obtenu par POLITICO, est catégorique : il allègue qu’elle était un membre clé du complot, qui savait que de l’argent obtenu illégalement était stocké chez elle, a tenté d’avertir les complices après l’arrestation de Giorgi et a courtisé le ministre du Travail qatari Ali. bin Samikh Al Marri, cité comme un personnage clé dans l’affaire.

    Dans une tentative de concilier le profil public de haut vol de Kaili avec les allégations portées contre elle, POLITICO a fouillé profondément dans son passé. De ses débuts modestes à Thessalonique, la deuxième ville de Grèce, à la politique nationale à Athènes, puis à Bruxelles et aux semaines fatidiques qui ont précédé son arrestation, ce qui ressort est le portrait d’une personnalité magnétique qui a lutté sans relâche pour des postes plus élevés, indifférente à l’idéologie ou loyauté envers le parti ou où elle irait finalement, tant que c’était en place.

    Entre autres détails exclusifs, les reportages de POLITICO montrent comment Kaili a fait pression pour obtenir des diplômes universitaires en Grèce sans avoir suivi les cours requis ; comment elle et les intérêts politiques et commerciaux de sa sœur Mantalena à Bruxelles se chevauchaient fréquemment; et comment elle a fait pression, personnellement et avec force, en faveur du Qatar dans les semaines qui ont précédé son arrestation.

    Tout au long de tout cela, Kaili est restée concentrée sur sa marque en tant que championne de la technologie.

    Pour les Thessaloniciens qui ont suivi son cas de loin, son histoire rappelle une tragédie grecque dans laquelle un protagoniste brillant, poussé par l’orgueil à commettre des actes imprudents ou arrogants, est abattu par le destin – ou Némésis, déesse de la vengeance.

    1. Des débuts prometteurs

    Pour comprendre comment Kaili est arrivée là où elle se trouve aujourd’hui, il est utile de retourner à Thessalonique, l’ancienne ville portuaire méditerranéenne où elle a grandi et s’est lancée dans la politique.

    Contrairement à de nombreux politiciens grecs de première ligne, Kaili n’est pas né avec une grande richesse ou des relations politiques. Son père, Alexandros Kailis, est arrivé à Thessalonique au milieu des années 1960 après que la Turquie a expulsé la population grecque d’Istanbul. Lui et sa femme Maria Ignatiadou ont eu Kaili et sa sœur, Mantalena, alors qu’elles étaient encore très jeunes. Selon un contemporain qui fréquentait la maison des parents de Kaili, Eva était comme une poupée pour eux et leurs amis universitaires, le premier bébé du groupe.

    Alors qu’il poursuivait des études en génie civil, le père de Kaili s’est impliqué dans la politique. Selon l’ancien législateur européen et collègue de Thessalonique Michalis Tremopoulos, l’aîné Kailis a commencé comme militant d’extrême droite, pour rejoindre le Mouvement socialiste panhellénique, PASOK, alors qu’il devenait la force politique prédominante de la Grèce.

    Jamais un joueur de première ligne, Kailis a travaillé pour ou dans l’orbite de divers poids lourds locaux indépendamment de leurs tendances politiques, y compris l’ancien ministre de la Défense Akis Tsochatzopoulos, membre fondateur du PASOK, et le gouverneur régional Panagiotis Psomiadis du parti conservateur Nouvelle Démocratie. Tsochatzopoulos a ensuite purgé une peine de prison, tandis que Psomiadis fait face à diverses accusations dans un procès pour corruption en cours, Kailis servant de témoin pour sa défense.

    Les habitants désignent la culture politique du foyer de Thessalonique comme une fenêtre sur les méthodes politiques de Kaili et les allégations portées contre elle. La politique à Thessalonique – une petite sœur politique de la capitale – est construite autour de relations personnelles et d’une défense féroce de l’indépendance de la ville contre Athènes toujours envahissante.

    L’insularité engendre la corruption, affirment ces habitants – une accusation que le maire de la ville, Konstantinos Zervas, a catégoriquement rejetée lors d’un entretien dans son bureau. « Cela » – le fait que plusieurs poids lourds de Thessalonique aient été pris au piège dans des scandales – « n’a rien à voir avec l’ADN politique de la ville », a-t-il soutenu. « En fait, les problèmes ont à voir avec le gouvernement central [de la Grèce] et le Parlement européen. »


    L’intérêt d’Eva Kaili pour la politique a commencé jeune. Elle a rejoint l’aile jeunesse du PASOK à 14 ans et a été élue présidente du conseil étudiant de son lycée à 15 ans. Puis, après s’être inscrite à l’Université Aristote de Thessalonique pour étudier l’architecture, elle s’est rapidement fait élire présidente de l’association étudiante de son département.

    Des décennies plus tard, cette victoire électorale et la façon dont elle l’a remportée restent gravées dans l’esprit des personnes qui connaissaient Kaili à l’époque. Ayant réussi à rallier pour la première fois dans son département une candidature au PASP (mouvement étudiant du PASOK), elle fait partie des gagnantes d’un premier tour de scrutin. En vertu des statuts de l’école, les gagnants se sont ensuite réunis à huis clos pour négocier qui deviendrait le président du département universitaire.

    Selon un professeur qui a demandé à rester anonyme, Kaili a promis aux partis rivaux tout ce qu’ils voulaient à une condition : qu’elle obtienne la présidence.

    L’enchère a payé. « Eva était au-dessus de tout le monde », a déclaré le professeur, qui connaissait Kaili à l’époque et, comme cela se produit habituellement dans les universités grecques, surveillait la politique étudiante. « Elle n’était pas intéressée par l’idéologie ; le reste du groupe était très déçu.

    2. Une étoile est née

    Le temps restant de Kaili à Thessalonique a été consommé par la politique, traînant avec d’autres militants et amis dans un café alors nommé Santé. Elle a couru pour une place au conseil municipal de Thessalonique et a gagné, devenant son plus jeune membre, en 2002.

    Son horaire chargé ne lui laissait pas beaucoup de temps pour ses études, selon deux professeurs qui travaillaient à l’université durant cette période. Tous deux ont déclaré que Kaili avait demandé à être dispensée de suivre des cours en raison de ses engagements politiques et à être autorisée à réussir son cours d’architecture de toute façon – une demande qui, selon eux, a été discrètement accordée.


    Dimitrakopoulos, l’avocat de Kaili, a rejeté la demande. « C’est une calomnie incroyable et sans précédent, qui insulte non seulement Mme Eva Kaili mais aussi la crédibilité de l’enseignement universitaire en Grèce. Mme Kaili a obtenu son diplôme en architecture en étudiant et en passant des examens, comme tous les étudiants de notre pays.

    Ce fut un grand saut du conseil de Thessalonique à la scène nationale à Athènes, que Kaili a fait à sa première occasion. Lors des élections de 2004, a rappelé un politicien local, le parti de centre-droit Nouvelle Démocratie a présenté une jeune femme blonde, Elena Rapti, pour se présenter aux élections à Thessalonique. La réponse du PASOK a été Kaili, qui a fini par gagner.

    Mais alors le chef du Pasok, George Papandreou, a préféré occuper le siège à Thessalonique pour lui-même. Bien qu’elle ait dû renoncer à son siège, la carrière nationale de Kaili était lancée.

    Bien qu’elle n’ait aucune expérience formelle dans le journalisme, elle est devenue l’une des principales animatrices d’actualités de la plus grande chaîne grecque de l’époque, MEGA, de 2004 à 2007. Elle a acquis une notoriété nationale à la télévision et a poursuivi une maîtrise en études internationales et européennes à l’Université de Le Pirée, elle prépare sa prochaine candidature électorale en 2007, qu’elle remporte.

    Peu de temps après, Kaili a eu un autre affrontement avec le milieu universitaire, cette fois public. Une fois de plus, elle avait demandé à être dispensée de cours en raison des exigences de son travail politique. Mais cette fois, le professeur, Nikos Kotzias, s’est montré peu accommodant. « C’est dommage qu’une jeune essaie d’obtenir un diplôme de cette façon, pour laquelle elle n’a pas travaillé », a écrit Kotzias dans un communiqué à l’époque.

    En réponse, Kaili a demandé au recteur de l’université d’être examiné par un comité de professeurs, à l’exclusion de Kotzias. L’université a accepté la proposition. Elle a finalement obtenu le MA.

    En 2012, Kaili s’est de nouveau présentée aux élections législatives et a gagné, mais a de nouveau dû renoncer à son siège en faveur du chef du parti. Encore une fois mise à l’écart de la politique nationale, elle est entrée dans le secteur privé, conseillant divers médias grecs et sociétés pharmaceutiques, et passant des soirées à bouzoukia – les boîtes de nuit traditionnelles de la Grèce – où elle a été photographiée avec divers poids lourds de la politique et des affaires, y compris le milliardaire gréco-russe et les médias. le magnat Ivan Savvidis. Kaili était également un habitué des clubs et des restaurants de Mykonos, l’escapade hyper chic des millionnaires en mer Égée.

    La Grèce tombait tête la première dans un cauchemar financier en raison d’une crise de la dette provoquée par des années de mauvaise gestion des deniers publics par les gouvernements nationaux successifs. Mais Kaili était en mouvement.

    3. Les soeurs Kaili à Bruxelles

    L’élection de Kaili au Parlement européen en 2014 a été l’aboutissement d’années d’ambition. Bien qu’aimée en Grèce et soutenue par de puissantes personnalités du PASOK, elle avait dû se retirer à deux reprises pour s’adapter à la direction masculine du parti.

    A Bruxelles, il n’y avait pas de telles entraves.

    Dans un article de journal élogieux de cette période, un journaliste a suivi la législatrice nouvellement élue alors qu’elle se préparait à quitter Athènes pour la capitale de l’UE. « Kaili monte dans sa voiture Smart, ouvre les fenêtres, met sa chanson préférée, ‘Ne t’inquiète pas mon enfant [[de la Swedish House Mafia] et chante à haute voix le refrain : ‘Heaven has plans for you.’ »

    Un autre récit haletant disait : « Après 12 ans de persécution des partis, la beauté du parlement grec se prépare à conquérir le Parlement européen ».


    Le plan, en fin de compte, était de faire d’elle l’une des législatrices les plus actives et les plus visibles de Bruxelles. Elle est devenue une avocate de premier plan à Bruxelles sur les questions technologiques, s’intéressant très tôt aux crypto-monnaies et déposant la première proposition législative du Parlement européen sur la blockchain, qui a été adoptée.

    Lorsqu’on lui a demandé en 2018 comment nous pouvions expliquer les crypto-monnaies aux gens ordinaires, elle a répondu : « Les crypto-monnaies sont comme la météo, vous pouvez en profiter, sans comprendre le processus qui se cache derrière. »

    Kaili a multiplié les affectations en commission, les discours, la diffusion sur les réseaux sociaux et les événements – pas différents des autres législateurs de l’UE, mais à un rythme plus élevé. L’une des clés du métabolisme élevé de Kaili dans le système bruxellois était sa relation étroite avec sa sœur, Mantalena.

    Comme POLITICO l’a rapporté en décembre, Mantalena a créé une organisation polyvalente – MADE Group – dont l’objectif recoupait souvent la carrière de sa sœur et qui a reçu d’importantes sommes d’argent de l’UE pour des projets qui, à leur tour, avaient le soutien d’Eva.

    Dans certains cas, l’action d’Eva au Parlement et les affaires de Mantalena s’accordaient presque trop bien. Selon Henri Estramant, qui a travaillé comme consultant dans le bureau de Kaili, Mantalena s’est décrite comme une « conseillère » de sa sœur et l’a chargée de rédiger des propositions pour le travail parlementaire d’Eva.

    Les exemples les plus clairs de chevauchement apparaissent lorsque l’on regarde les projets pilotes d’Eva Kaili. En proposant des projets pilotes, les législateurs peuvent demander un financement à la Commission européenne pour des initiatives expérimentales telles que des prix, des événements et des recherches. Entre 2016 et 2022, Eva Kaili a fait approuver pas moins de 26 projets pilotes, dont au moins un a finalement profité à l’entreprise de Mantalena.


    Le projet pilote, que Kaili a proposé et approuvé en 2017, a été nommé « L’art et le numérique » et a affecté 1 million d’euros de fonds de la Commission à des initiatives axées sur l’art et la technologie dans toute l’UE . Deux candidats ont soumissionné pour le projet, dont un consortium dirigé par la galerie d’art bruxelloise Bozar et comprenant la société de Mantalena, MADE Group.

    Selon un porte-parole de Bozar, c’est Mantalena qui a contacté la galerie en 2018 et « s’est proposée comme partenaire potentiel ». Un ancien employé de Bozar, s’exprimant de manière anonyme, a déclaré que Mantalena semblait « bien consciente et informée » du projet pilote lorsqu’elle a présenté son argumentaire. MADE Group a gagné 105 172 € grâce à sa participation au pilote.

    Ce n’est qu’un exemple de leur partenariat. En 2022, alors que la guerre ukrainienne fait rage, Eva Kaili présente un projet pilote d’application (budget : 850 000 €) pour suivre les mineurs ukrainiens non accompagnés.

    L’amendement proposant le projet pilote insistait sur le fait que la meilleure façon de créer l’application serait de s’appuyer sur un projet européen existant, ChildRescue, développé en 2018 pour aider à retrouver les enfants réfugiés disparus. « Ce n’est qu’en tirant parti des outils existants de ChildRescue qu’une solution complète telle que décrite dans la proposition pourrait être développée de manière rapide et efficace car la guerre est toujours en cours et le temps presse », indique l’amendement de Kaili.

    Il se trouve que le groupe MADE de Mantalena Kaili faisait partie des entreprises qui ont développé ChildRescue, recevant 104 037,50 € de fonds de l’UE entre 2018 et 2020. La Commission, qui s’est refusée à tout commentaire, n’a pas encore lancé le processus d’appel d’offres pour le pilote ukrainien.

    Interrogé sur la relation, Dimitrakopoulos, qui représente également Mantalena, a déclaré : « C’est mal que la sœur de Kaili soit injustement attaquée. Autant que je sache, elle a participé à la société civile à but non lucratif MADE Group, qui a été auditée à plusieurs reprises par les autorités compétentes et tout est légal.

    4. Le Qatar fait signe

    Cependant, aucune entreprise ne devait s’avérer aussi fatidique pour Kaili que son association avec le Qatar.

    Kaili s’était déjà rendue dans l’émirat avec Giorgi et Panzeri en 2020, mais après être devenue vice-présidente du Parlement en janvier 2022, elle a commencé à planifier d’autres voyages dans le Golfe. Fin octobre 2022, elle était de nouveau à Doha où elle a salué les réformes du travail du Qatar, après avoir réussi à obtenir le consentement du président du Parlement Metsola pour le voyage.

    Selon quatre courriels entre Kaili et Metsola obtenus par POLITICO grâce à des demandes d’accès à l’information, Kaili a passé des mois à pousser Metsola à la laisser partir au Qatar et au Koweït. Metsola a signé le voyage juste une semaine avant qu’il ne se produise, mais Hannah Neumann, une eurodéputée verte qui préside la délégation du Parlement dans la péninsule arabique (DARP) où Kaili était membre suppléant, n’a pas été informée. Neumann a déclaré que le Qatar avait annulé un voyage organisé pour sa délégation et qu’elle était surprise de voir Kaili partir.

    Dans le premier e-mail, envoyé en juillet de l’année dernière, Kaili écrivait à Metsola : « Je suis convaincu que le PE [Parlement européen] a un rôle plus important à jouer dans le Golfe. » Dans cet e-mail, Kaili a appelé à la création d’une assemblée parlementaire entre les pays du Golfe et le Parlement européen, et à un sommet de l’UE avec le Conseil de coordination du Golfe, un groupe régional composé de Bahreïn, du Koweït, d’Oman, du Qatar, de l’Arabie saoudite et du Emirats Arabes Unis.

    À Doha, Kaili a rencontré tout le monde, de l’émir du Qatar au ministre des Affaires étrangères et au chef du Conseil de la Choura, l’organe législatif de l’État du Golfe. Selon la presse grecque, Kaili a également rencontré un homme du nom de Sakis Batsilas, un Grec qui était le directeur général adjoint de la Coupe du monde FIFA 2022 au Qatar et un conseiller stratégique sur la candidature initiale en 2010. Elle a tweeté qu’elle avait parlé des « perspectives ». ouvert par un prochain vote sur une dispense de visa pour le Qatar.

    C’était loin d’être les seuls efforts de Kaili au nom du Qatar.


    À l’approche de l’organisation de la Coupe du monde par l’émirat, il y a eu une vague d’activités autour d’une résolution sur son bilan en matière de droits du travail à la suite d’une enquête du Guardian qui alléguait que 6 500 travailleurs migrants avaient péri alors qu’ils travaillaient sur les chantiers de construction de la Coupe du monde. . Le tournoi devant débuter fin novembre, les enjeux étaient élevés pour Doha – une publicité négative pourrait entacher l’image de modernisation que son extravagance de la Coupe du monde était censée promouvoir.

    Kaili et d’autres législateurs du groupe socialiste et démocrate de centre-gauche avaient adopté une position favorable sur le bilan du travail au Qatar, arguant que le pays du Golfe avait répondu aux préoccupations en adoptant des réformes. Mais tout le monde au Parlement européen n’a pas estimé que le Qatar méritait des éloges. Lara Wolters, une législatrice néerlandaise qui appartient au même groupe que Kaili, était l’une des critiques les plus virulentes du Qatar.

    Avant une audience du 14 novembre avec le ministre du travail qatari Ali bin Samikh Al Marri – que les procureurs belges mentionneront plus tard comme une figure clé du programme d’argent contre influence – le bureau de Kaili a contacté à plusieurs reprises Wolters pour une réunion. Lorsque le bureau de Wolters n’a pas donné suite aux demandes, Kaili l’a approchée dans les couloirs du Parlement pour faire valoir son cas, selon un responsable du Parlement ayant une connaissance directe qui a refusé d’être nommé.

    Lorsque Wolters s’est levé pour parler lors de l’audience, deux autres suspects dans l’affaire, le législateur socialiste Marc Tarabella et le partenaire de Kaili, Giorgi, étaient dans la salle. Après que Wolters ait parlé, Tarabella a pris le micro pour offrir un contrepoint, louant le bilan du travail du Qatar. « Je me sentais extrêmement mal à l’aise », a déclaré Wolters à POLITICO. « Je suppose que j’ai réalisé l’ampleur du refoulement. »

    Un avocat de Tarabella a déclaré que son intervention ce jour-là était « complètement mesurée. Tout ce qu’il dit, c’est arrêter de regarder les choses il y a 10 ans. Un avocat de Giorgi n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire.

    Une semaine plus tard, le 21 novembre, le Parlement devait voter sur la résolution. C’est à ce moment-là que Kaili a prononcé un discours dans lequel elle a déclaré : « J’ai été la seule à dire que le Qatar est un précurseur en matière de droits du travail, abolissant la kafala [un système de parrainage des travailleurs sujet aux abus] et réduisant le salaire minimum ».

    Son discours terminé, Kaili se dirigea vers Wolters, qui était assis dans le public. « Eva vient vers moi et essaie essentiellement de m’empêcher de parler », a déclaré Wolters au podcast EU Scream en février. «Elle a continué à insister sur les choses qu’elle a dites dans son discours. Elle a dit, très personnellement, pourquoi tu fais ça ? Sans se laisser décourager, Wolters s’est levée pour prononcer son discours, faisant exploser le bilan du travail du Qatar.

    Le dernier acte public de Kaili en faveur du Qatar avant son arrestation est survenu quelques jours plus tard. L’État du Golfe avait fait pression sur l’UE pour qu’elle accorde à ses citoyens un voyage sans visa dans le bloc, et la commission des libertés civiles du Parlement devait voter sur un rapport sur la proposition.

    Bien qu’il ne soit pas membre ni même membre suppléant du comité, Kaili s’est présenté et a voté en faveur du rapport. Bien que cela ne soit pas contraire aux règles du Parlement, les législateurs sont censés informer leurs pairs et les membres du personnel de leur intention de se présenter pour un vote. Kaili ne l’avait pas fait. Selon Gabriele Bischoff, membre allemand du groupe des socialistes et démocrates, le vote impromptu a suffi à tirer la sonnette d’alarme parmi les autres membres du Parlement. Le vote de Kaili au sein du comité était « totalement contre nos règles », a déclaré Bischoff.

    « Il y avait déjà une plainte écrite à ce sujet et des discussions [parmi les législateurs S&D], pour dire, pour clarifier ce qui s’était passé là-bas, que c’est également contraire à nos règles internes, et pour explorer ce qui s’était passé là-bas », a-t-elle ajouté.

    La cheffe du groupe des socialistes et démocrates au Parlement, Iratxe García, a convoqué Kaili à une réunion à Strasbourg pour s’expliquer, selon une personne au Parlement européen étroitement impliquée dans le processus. Mais avant que la réunion ne puisse avoir lieu, Kaili a été arrêté.

    Interrogée sur le lobbying de Kaili, son avocat a déclaré que la suggestion selon laquelle elle avait un agenda personnel pour le Qatar était un « grand mythe, qui sera totalement démystifié ».

    « Mme. Kaili n’avait aucun pouvoir exécutif, comme c’est le cas pour tous les députés européens », a-t-il déclaré, affirmant que les grandes décisions étaient prises par le Conseil européen et la Commission européenne.

    5. Compter l’argent

    Alors que le scandale du Qatargate ne cesse de s’élargir, faisant affluer de nouveaux noms, les questions abondent encore sur l’étendue du rôle de Kaili. Le législateur grec fait face à des accusations de corruption, de blanchiment d’argent et de participation à une organisation criminelle.

    Selon le mandat d’arrêt obtenu par POLITICO, Kaili a acheté un deuxième appartement à Bruxelles à une date non divulguée, que son partenaire, Giorgi, a « officieusement » aidé à rembourser.

    De plus, Kaili et Giorgi ont acheté en mars dernier un terrain d’un hectare sur l’île grecque de Paros pour 300 000 €. Peu de temps après leur arrestation, l’autorité grecque de lutte contre le blanchiment d’argent a gelé tous les avoirs appartenant à elle et à sa famille, y compris le terrain, ainsi que les comptes bancaires utilisés pour l’acheter. Interrogé sur l’achat du terrain, l’avocat de Kaili, Dimitrakopoulos, a déclaré que l’achat de la propriété était légal et que l’argent utilisé pour l’acheter provenait de son revenu régulier.

    La détermination de Kaili à accumuler des richesses et des contacts de haut niveau découle d’un sentiment d’insécurité, selon un ancien membre de son personnel au Parlement. « On dirait qu’elle a grandi avec beaucoup de privations, alors elle a fait très attention à ses dépenses », a déclaré le membre du personnel. « Elle voulait avoir des maisons et des choses qui l’aideraient à survivre si quelque chose tournait mal. »

    Lors de perquisitions début décembre, la police a récupéré 150 000 € en espèces dans l’appartement de Kaili et un sac plein d’argent porté par son père.


    Selon son mandat d’arrêt, peu de temps après l’arrestation de son partenaire Giorgi, Kaili a contacté Panzeri et deux membres du Parlement européen. Le journal belge Le Soir a rapporté la semaine dernière que Kaili avait tenté de contacter son père depuis la prison, lui demandant de se débarrasser des téléphones et des clés USB. POLITICO n’a pas été en mesure de vérifier le rapport.

    L’avocat de Kaili, Dimitrakopoulos, a repoussé la plainte. « Il est inexact que Kaili ait utilisé le téléphone de la prison pour donner l’ordre à l’un de ses associés de faire disparaître les téléphones portables et une clé USB », a-t-il écrit dans un e-mail. « Cette semaine, Mme Kaili, accompagnée d’un collègue belge, s’est rendue au commissariat de Bruxelles et a écouté les preuves audio de la police, où nulle part le mot USB, ou quoi que ce soit d’autre, n’apparaît. »

    6. Famille politique

    Alors que Kaili résiste en prison, l’impact de son arrestation continue de se faire sentir dans tout le Parlement européen, son groupe des Socialistes et Démocrates et le parti grec PASOK.

    Plusieurs membres du S&D ont déclaré que le scandale, qui implique principalement des membres actuels et anciens du groupe, avait provoqué une scission dans les rangs.

    D’un côté, un contingent pousse à l’auto-examen public, y compris une enquête interne qui rendrait publiques ses conclusions. De l’autre, les législateurs soutiennent que de telles révélations nuiraient davantage au mouvement politique, qui est déjà attaqué par les conservateurs du Parti populaire européen (PPE), le plus grand groupe du Parlement européen.

    L’un des sujets d’un débat intense est Kaili elle-même, et si elle envisageait de quitter le parti PASOK qu’elle a rejoint à 14 ans au moment de son arrestation. Selon Nikos Androulakis, l’actuel chef du parti et seul autre membre du Parlement européen, Kaili n’était pas un pilier du parti, mais un « cheval de Troie » pour le parti de centre-droit au pouvoir en Grèce, la Nouvelle Démocratie.


    Androulakis, qui a expulsé Kaili du PASOK après son arrestation, souligne les commentaires qu’elle a faits en minimisant l’impact d’un scandale d’espionnage qui a secoué le gouvernement grec comme preuve que sa véritable loyauté était ailleurs. Kaili n’avait assisté à aucune réception du parti depuis juillet dernier, a-t-il déclaré à POLITICO en décembre.

    « Kaili n’a jamais été vraiment proche de nous », a déclaré à POLITICO Evriviadis Eleftheriadis, le secrétaire du PASOK à Thessalonique. « Beaucoup d’entre nous pensaient qu’elle aurait dû être expulsée avant même le scandale, mais maintenant il est trop tard pour le dire de toute façon. »

    Aux soupçons de ses collègues s’ajoute le fait que Kaili a rompu avec le groupe lors d’un vote pour élire le secrétaire général du Parlement européen, Alessandro Chiocchetti, qui était auparavant chef de cabinet du président du Parlement de centre-droit Metsola. Alors que le groupe des socialistes et démocrates s’est abstenu lors du vote, Kaili a soutenu Chiocchetti. « C’était complètement scandaleux comment elle a agi », a déclaré Katarina Barley, eurodéputée sociale-démocrate allemande et vice-présidente du Parlement.

    Interrogée sur les allégations selon lesquelles la législatrice grecque envisageait de passer à la Nouvelle Démocratie au moment de son arrestation, Thanasis Bakolas, secrétaire général du PPE, les a qualifiées de « non-sens ». « Kaili était l’établissement du PASOK », a-t-il déclaré. Il a ajouté qu’une telle décision n’aurait pas eu de sens en termes de « timing politique ». Le deuxième mandat de Kaili au Parlement européen prend fin en avril 2024.

    Kaili elle-même n’a pas encore commenté. À la fin du mois dernier, un juge belge a rejeté sa demande de sortie de prison avec un bracelet à la cheville, arguant qu’elle pourrait chercher à quitter la Belgique ou tenter de falsifier des preuves. Malgré de fréquentes déclarations publiques de ses avocats, tant en Grèce qu’en Belgique, la législatrice grecque n’a accordé aucune entrevue depuis son arrestation le 9 décembre. Ses avocats ont refusé les demandes de POLITICO de lui parler.

    Quelle que soit l’issue de son affaire, il ne fait aucun doute que la carrière politique de Kaili est terminée. Bakolas, le secrétaire général du PPE, a déclaré que Kaili, avant son arrestation, aurait été courtisée après la fin de son mandat par des intérêts corporatifs pour des postes de membre du conseil d’administration grâce à son « travail acharné, son intelligence et certainement au fait qu’elle était très appréciée à travers le tableau. »

    Kaili reste membre du Parlement européen jusqu’à nouvel ordre, et la Grèce est connue pour être indulgente envers les politiciens entachés de scandales de corruption. Dans sa ville natale de Thessalonique, selon la secrétaire du PASOK Eleftheriadis, Kaili aurait de bonnes chances d’être élue maire si elle choisissait de se présenter aux prochaines élections. « Ce serait facile pour elle d’être élue maire. Les gens semblent parfois aimer cette personnalité chic, mais je pense que ce serait trop local pour elle; si elle revenait à la politique grecque, elle opterait pour quelque chose de plus grand », a-t-il déclaré.

    Sarah Wheaton a contribué au reportage de cet article.

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  • « Les règles ne suffisent pas à éviter les conflits d’intérêt »-Bricmont-

    Tags : Qataragate, Parlement Européen, Corruption, Antonio Panzeri, Marocgate, Moroccogate, Eva Kaili, Francesco Giorgi, Andrea Cozzolino, Marc Tarabella,

    La députée européenne Saskia Bricmont était l’invité de Bel RTL matin. Elle est revenue sur le Qatargate et le Marocgate qui frappent actuellement le Parlement européen. L’élue réclame un comité d’éthique indépendant pour éviter de futures dérives.

    Députée européenne Ecolo, Saskia Bricmont était l’invitée d’Antonio Solimando dans Bel RTL matin. La parlementaire est évidemment revenue sur le dossier de corruption des certains élus européens, à commencer par le Qatargate et le Marocgate.

    Saskia Bricmont a indiqué « maintenir la pression » avec son groupe parlementaire afin que l’affaire ne soit pas étouffée et qu’une prise de conscience générale ait lieu. « En décembre, lorsque le scandale a éclaté, tout le monde s’est indigné », se souvient-elle. Mais pas question pour elle et ses camarades Ecolo que l’affaie en reste là. Pour Saskia Bricmont, il est essentiel de mettre en place un comité d’éthique indépendant pour veiller sur le travail des parlementaires afin de compléter les 15 mesures qui ont été présentées et adoptées par la présidente du Parlement européen.

    « Les règles ne suffisent pas au niveau du parlement européen pour éviter des conflits d’intérêt et surtout pour sanctionner les dérives », lâche la députée. « A ce stade, elles ne sont pas assorties d’un contrôle indépendant et de sanction: ce sont les deux éléments manquants pour faire en sorte que les mesures soient en place et éviter de futures dérives », poursuit-elle.

    « Pas tous favorables à la transparence »

    Pour Saskia Bricmont, sans autorité de contrôle, les mesures récemment adoptées ne servent à rien. Le groupe Ecolo réclame donc ce comité d’éhtique depuis 2019 mais ne peut que constater les lenteurs de la Chambre. « Une majorité des groupes politiques, derrière les déclarations, ne sont pas favorables à ce qu’on encadre davantage leur travail parlementaire », estime-t-elle. « Ils ne sont pas tous favorables à jouer la carte de la transparence dans les réunions qu’ils ont, dans les amendements qu’ils déposent… » Selon la députée, le groupe Ecolo joue déjà la carte de la transparence et appelle ses confrères à faire de même.

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  • Décision aujourd’hui sur la libération de Tarabella et Kaili

    Tags : Qataragate, Parlement Européen, Corruption, Marc Tarabella, Eva Kaili, Antonio Panzeri,

    L’eurodéputé belge Marc Tarabella et l’ancienne vice-présidente du Parlement européen Eva Kaili, actuellement incarcérés en Belgique pour participation présumée au stratagème de corruption au cœur du scandale du Qatargate, sauront vendredi s’ils seront maintenus en détention.

    Les avocats de Tarabella et Kaili ont plaidé mardi pour la libération de leur client.

    Leurs avocats affirment que les paroles de l’ancien député européen Pier-Antonio Panzeri – qui a signé un accord de repentir et accepté de collaborer avec les autorités en échange d’une peine plus légère – ne sont pas dignes de confiance puisqu’il « parle en échange de quelque chose ».

    Tarabella avait demandé plus tôt le renvoi de Michel Claise, le juge président de l’affaire Qatargate, invoquant un « soupçon légitime » de partialité.

    L’avocat de Tarabella, Maxim Toller, a expliqué que le mandat d’arrêt du juge indiquait que « les positions publiques de l’accusé [Tarabella] étaient initialement défavorables au Qatar, puis ses positions ont changé à partir du moment où les mouvements de fonds suspects ont été détectés », ce qui, selon Toller revient à donner un « avis clair sur la culpabilité de M. Tarabella dans cette affaire ».

    La cour d’appel de Bruxelles examinera la demande mardi.

    Parallèlement, le Parlement européen a confirmé son intention de porter plainte au civil dans l’affaire Qatargate, rapporte Le Soir jeudi soir.

    « La procédure est en cours, le Parlement européen en a l’intention et a engagé les démarches internes nécessaires à cette fin », a confirmé le service de presse du Parlement européen aux médias belges.

    Aucun délai n’a été fixé pour le dépôt de la plainte, et le nom de l’avocat qui représentera l’institution n’est pas non plus connu.

    Avec l’éclatement du scandale, le Parlement européen a perdu sa crédibilité et a récemment fait une série de propositions pour renforcer les contrôles sur le lobbying au sein des institutions afin d’éviter de nouveaux scandales de corruption pour sauver cela.

    Le procès civil peut aider l’institution à prendre ses distances pour se dissocier davantage du scandale de corruption.

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    #Qatargate #Maroc #Parlement_européen #corruption #Marc_Tarabella #Eva_Kaili

  • Pourquoi la relation glaciale entre la France et le Maroc ?

    Tags : France, Maroc, Algérie, Sahara Occidental, Pegasus, Qatargate, corruption, espionnage,

    Si l’Élysée refuse de parler d’une crise diplomatique avec le Maroc, les relations entre les deux pays sont très dégradées.

    La question épineuse des visas est loin d’être la seule à éloigner Paris et Rabat.
    Au cours des derniers mois, une visite officielle d’Emmanuel Macron au Maroc a été repoussée à plusieurs reprises.

    Arrivé à Libreville, Emmanuel Macron débute au Gabon un périple africain qui doit ensuite se poursuivre en Angola, au Congo ainsi qu’en République démocratique du Congo. Ces voyages officiels font suite à son discours du 27 février, durant lequel il présentait un « nouvelle vision » des liens qu’il entendait développer entre la France et les pays du continent africain.

    Parmi les sujets épineux, on peut noter les tensions récurrentes entre Paris et Rabat. Les autorités marocaines ont, en effet, répondu de manière cinglante à Emmanuel Macron, qui affirmait que sa relation avec Mohammed VI était « amicale ». « Nos relations ne sont ni bonnes ni amicales », a lancé l’entourage du roi ce jeudi 2 mars. Une sortie qui illustre la froideur des échanges entre les deux pays depuis maintenant plusieurs années.

    Une crise des visas en cours de régularisation

    À l’automne 2021, la France avait annoncé sa volonté de réduire de manière drastique le nombre de visas accordés aux voyageurs marocains. Leur nombre a été divisé par deux, tout comme pour les Algériens. Dans le même temps, ceux pour les Tunisiens devaient également diminuer d’un tiers. Une manière, pour Paris, de mettre la pression sur les pays du Maghreb : ces derniers, dont le Maroc en première ligne, étaient alors accusés de freiner l’accueil sur leur sol de leurs ressortissants en situation irrégulière et visés par des expulsions du territoire français. Pour que les expulsions soient effectives, les pays d’accueil doivent délivrer des « laissez-passer consulaires ». En ne fournissant qu’un nombre très réduit de ces documents, les procédures se retrouvaient alors gelées.

    Le Maroc, comme ses voisins, a vu la décision des autorités françaises comme une forme de chantage, ainsi qu’une atteinte à la liberté de circulation. Paris, de son côté, assumait sa volonté de mettre la pression sur ses voisins méditerranéens afin qu’ils accentuent leur coopération en matière de gestion des flux migratoires. « Nous avons pris les mesures, avec nos partenaires marocains, pour restaurer une relation consulaire normale », assurait en décembre la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna. En voyage dans le royaume, elle se félicitait des avancées observées avec son homologue. La diplomatie marocaine, quant à elle, évoquait une rencontre qui allait « dans le bon sens ».

    Pegasus, l’affaire d’espionnage qui dérange

    Si l’épineux dossier des visas semble en voie de résolution, une autre affaire continue pour sa part de compliquer les relations entre France et Maroc. Révélée par un consortium de médias internationaux, une affaire d’espionnage a mis en exergue la surveillance de quelque 50.000 personnes à travers le monde (femmes et hommes politiques, journalistes, militants des droits humains, etc.) par le biais d’un logiciel espion nommé Pegasus, mis au point par une société israélienne. Plusieurs gouvernements ont été mis en cause, dont celui du Maroc.

    En conséquence, le Parlement européen a diligenté une commission d’enquête en avril 2022 pour que ces abus. Les autorités marocaines n’ont pas apprécié d’être mis en cause dans ce dossier, et n’hésitent pas à incriminer Paris. « L’implication des médias et de certains milieux français dans la genèse et la promotion de l’affaire Pegasus ne pouvait pas se faire sans une implication des autorités françaises », glissait encore ces derniers jours à Jeune Afrique une source diplomatique.

    Une résolution du Parlement européen vise le Maroc
    Courant janvier, le Parlement européen a très largement adopté à Strasbourg un texte non contraignant visant le Maroc. Par 356 voix pour, 32 contre et 42 abstentions, l’institution a demandé « instamment » aux autorités du royaume de garantir « la liberté d’expression et la liberté des médias » ainsi que de s’assurer que les « journalistes incarcérés » puissent bénéficier d’un « procès équitable ». Rabat a très vivement réagi à cette mise en cause, estimant que ce vote avait été très largement porté par les eurodéputés français de Renew, le groupe qui représente la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron. Le ministère marocain des Affaires étrangères a réagi en assurant que le pays ne serait ni « effrayé ou intimidé » par ces prises de position.

    Une proximité avec l’Algérie qui fâche

    Au cours de l’année écoulée, les liens entretenus par la France avec l’Algérie ont constitué un sujet de crispation et de tension à Rabat, alors que le Maroc et son voisin entretiennent une rivalité de longue date, cristallisée par la question délicate du statut du Sahara occidental, devenu l’objet d’une crise diplomatique.

    Dans ce contexte, la visite d’Emmanuel Macron dans les premiers mois qui ont suivi sa réélection ont suscité des crispations. Un déplacement à l’issue duquel l’Élysée insistait sur « les destins liés » de l’Algérie et de la France, ainsi que sur les « liens humains inestimables » tissés à travers le temps. Cela s’ajoute à la visite des 23 et 24 janvier dernier du chef d’état-major de l’armée nationale populaire, Saïd Chengriha. Décrit par la presse comme « très anti-marocain », il s’est rendu dans l’hexagone en répondant à une invitation formulée par son homologue français.

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    #France #Maroc #Algérie #Sahara_Occidental

  • France : L’Etat ferme les yeux sur le trafic de bois

    Tags : France, trafic de bois, fôrets, Office national des forêts, ONF, Chine,

    Trafic de bois : l’Etat ferme les yeux sur le pillage des forêts publiques françaises

    Le bois de chêne, coupé puis vendu par l’Office national des forêts (ONF), est au cœur d’un vaste commerce illégal entre la France et la Chine. Disclose dévoile comment des traders asiatiques et des scieries françaises profitent du manque de contrôle de l’administration pour contourner l’interdiction d’exporter le bois brut hors de l’Union européenne.

    Un SUV blanc rutilant dévie de la route, s’engage sur un chemin boueux. « C’est eux », glisse Étienne*, propriétaire d’une scierie de chênes nichée près de la frontière belge, aux confins des Ardennes. Deux hommes descendent de la voiture et se dirigent vers les dizaines de troncs empilés les uns sur les autres sur une trentaine de mètres. Des chênes qui, pour certains, ont été coupés dans les forêts publiques françaises.

    Les deux hommes, d’origine chinoise, sont des négociants en bois. Des traders chargés de fournir des hommes d’affaires chinois en chênes achetés auprès de grossistes français souhaitant vendre leur marchandise au plus offrant. Smartphone en main, ils photographient les grumes, les troncs bruts, sous tous les angles. « Dans cinq minutes, ces photos sont chez quatre sociétés chinoises à Shanghaï. Si l’on a un feu vert, ça peut partir en containers dans deux semaines », détaille Étienne, un brin admiratif. Pour lui, l’enjeu est de taille. « J’ai ici l’équivalent de dix containers de chênes, soit 250 m3, explique-t-il. Si je les transforme sur place, cela fait une perte de 40 000 euros pour l’entreprise. S’ils partent en Chine, cela fait un gain de 15 000 euros. » Les trois hommes s’éloignent pour régler les derniers détails. En toute discrétion. Et pour cause : la transaction est illégale.

    Disclose a enquêté sur le trafic de chênes entre la Chine et la France, troisième producteur mondial de cette essence qui couvre 41% de la surface forestière du pays. De Paris, aux Ardennes en passant par la Haute-Marne ou la Meurthe-et-Moselle, nous avons découvert un vaste réseau de blanchiment du précieux feuillu impliquant des traders chinois, des revendeurs français et une myriade de sociétés écrans. Le tout, dans l’indifférence de l’Etat et l’absence quasi-totale de contrôle des douanes.

    PILLAGE ORGANISÉ

    Pour comprendre l’origine de cette opération de pillage organisé au détriment d’une exploitation raisonnée des forêts et de la défense de l’industrie française du bois, il faut remonter à l’année 2015. A l’époque, afin de protéger les chênes issus du domaine public de toute exportation sauvage, l’Etat créé un label baptisé « Transformation UE ». Pour l’obtenir, les exploitants forestiers doivent « transformer ou s’assurer de la transformation » des chênes en France, ou dans un pays membre de l’Union européenne. En échange de quoi, elles disposent d’un accès « prioritaire » aux ventes de l’Office national des forêts (ONF), l’établissement public chargé de la gestion des forêts, qui commercialise 50 % des chênes mis sur le marché par an dans le pays — plus de deux millions de mètres cubes ont été récoltés en 2021. Mais très vite, le détournement se met en place.

    « Quand j’ai participé à ma première vente réglementée de l’ONF, en 2016, une société a raflé 80 % de la vente, se souvient Étienne, le scieur ardennais. C’était un scieur qui venait de créer une nouvelle société pour continuer à vendre en Asie parce que les marges sont bien supérieures. J’ai découvert à ce moment-là que certains dopaient leurs ventes en créant des sociétés écrans ». L’entrepreneur ne tarde pas à prendre le pli afin de tromper, lui aussi, les autorités françaises en dissimulant ses exportations illégales, et bien plus lucratives, vers la Chine.

    TROMPERIE

    Pour échapper aux contrôles, il créé deux sociétés. La première est une société écran officiellement engagée dans la transformation du bois dans l’UE — elle a donc obtenu l’agrément pour acheter des chênes publics à l’ONF. La seconde est spécialisée dans le négoce avec l’Asie. La tromperie est simple : avec sa première entreprise, Étienne achète des chênes protégés par le label UE avant d’en mélanger une partie avec des chênes issus du marché privé puis de les revendre avec sa seconde entreprise. De cette manière, les comptes de sa société labellisée ne font état d’aucune transaction hors de l’Union européenne. Factures à l’appui, le négociant explique avoir expédié des centaines de mètres cubes de chênes protégés vers la Chine, sans jamais être inquiété. Il explique : « Le cabinet d’audit mandaté par l’APECF [l’association chargée de délivrer le label autorisant l’achat de chênes publics] me demande chaque année de lui envoyer un tableau récapitulatif des factures de ma première société, mais il ne vérifie pas les stocks ».

    Interrogée, l’APECF assure que « 100% des entreprises [labellisées] sont contrôlées tous les ans par contrôle documentaire (documents comptables) », à quoi s’ajouterait « 10 à 20 investigations complémentaires sur site tous les ans ». Des procédures qui ne suffisent toutefois pas à décourager les fraudeurs, comme en témoignent les propres chiffres de l’association : les radiations d’entreprises labellisées pour « faute constatée » ou « refus de contrôle » ont été multipliées par plus de 9 entre 2016 et 2022.

    « Deux à trois fois par mois, pendant les ventes de chênes labellisés, on voit des containers dans les forêts ».

    LUDIVINE MÉNÉTRIER, AGENTE DE L’ONF

    Rares sont ceux qui se font pincer. Comme ce fut le cas de Romain N., un exploitant forestier de Meurthe-et-Moselle. Entre septembre 2019 et janvier 2022, ce dernier a acheté 1 500 m3 de chênes bruts provenant de forêts publiques pour plus de 100 000 €, d’après les données de vente de l’ONF que nous nous sommes procurées. Certains de ces troncs étaient ensuite expédiés en Chine. « On l’a pris en flagrant délit en train de charger plusieurs dizaines de mètres cubes de chênes labellisés », confirme un cadre de l’ONF, sous couvert d’anonymat. Romain N. a écopé d’une simple suspension des ventes de l’ONF. Sollicité à plusieurs reprises par Disclose pour réagir à ces accusations, l’exploitant n’a pas donné suite.

    Combien sont-ils, comme Étienne ou Romain N., à envoyer illégalement des chênes protégés vers la Chine ? En 2020, sur les 271 entreprises autorisées à acheter des troncs vendus par l’ONF, 21 ont été suspendues, selon un cadre de l’établissement, qui a demandé à garder l’anonymat. En réalité, le trafic serait bien plus massif, comme semble le confirmer Ludivine Ménétrier, une agente de l’ONF qui officie dans le département forestier de la Haute-Marne. « Deux à trois fois par mois, pendant les ventes de chênes labellisés, on voit des containers dans les forêts », admet celle qui se dit incapable de contrôler toutes les transactions, faute de personnel et de moyens. Pourtant, selon Ludivine Ménétrier et d’autres agents de l’ONF interrogés, les containers sont quasiment tous destinés au marché chinois.

    Les premiers traders asiatiques sont arrivés sur le marché du bois français à la faveur des tempêtes de 1999. A l’époque, les rafales font tomber des millions d’arbres qu’il fallait vendre rapidement, mais les débouchés locaux manquent. Pour beaucoup d’exploitants forestiers, la Chine offrait une issue idéale. Depuis, le phénomène s’est dangereusement amplifié, poussé notamment par la décision du gouvernement chinois, en 2017, d’arrêter l’exploitation intensive et l’abattage commercial de ses forêts naturelles. Mais aussi par l’annonce récente de la Russie, deuxième producteur de chênes au monde, de cesser les exportations dans le pays. Moins regardante et moins protectrice de ses ressources forestières, la France est donc devenue un producteur de premier choix. D’après les dernières données douanières, près de 294 000 m3 de chênes bruts ont été exportés vers le géant asiatique en 2022, faisant du pays le principal destinataire de ce marché qui concerne les forêts privées, mais aussi, donc, le domaine public.

    L’ONF ÉCOULE DES CHÊNES HORS LABEL

    Le pillage des forêts publiques n’est pas le seul fait de scieurs peu scrupuleux. D’après notre enquête, l’ONF écoule lui-même des milliers de mètres cubes de chênes sans les avoir labellisés. En analysant les comptes rendus des ventes en ligne de l’établissement public entre septembre 2019 et janvier 2022, soit plusieurs dizaines de milliers de transactions impliquant plus de 1 200 sociétés (scieries, négociants, exploitants, transporteurs), Disclose a en effet découvert que des lots dont l’essence dominante est le chêne ont été vendus sans le label UE. En clair, ces dernières années, l’ONF a vendu des centaines de milliers de mètres cubes de chênes sans qu’ils ne soient protégés contre l’exportation directe vers la Chine. Sollicité, l’établissement public, par l’intermédiaire d’Aymeric Albert, directeur commercial bois, confirme la vente de chênes publics sans label. Il avance le chiffre de 16 % du volume total des troncs mis aux enchères. Un volume qui proviendrait « majoritairement des articles restés invendus lors de leur première présentation en vente et des peuplements où le chêne est très minoritaire », justifie l’ONF. Interrogé à son tour sur cette fuite de bois protégé, le ministère de l’agriculture n’a pas réagi.

    Pourquoi l’ONF ne protège pas tous ses chênes ? Pour Aymeric Albert, la faute reviendrait aux maires des communes rurales propriétaires de forêts et parfois peu enclins à trier les différentes essences de bois qu’ils vendent : « Nous portons la politique [de labellisation des chênes] mais après ce sont eux qui décident. » Dont acte. Il omet néanmoins de mentionner que la mise en vente des lots mélangés prend beaucoup moins de temps. Et coûte nettement moins cher.

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    Infiltration au cœur du trafic illégal de bois entre la France et la Chine

    Pour assouvir l’appétit de la Chine en chêne français, des négociants asiatiques ont mis en place un système de blanchiment du bois reposant sur une myriade de sociétés écrans et la complicité de revendeurs peu scrupuleux, comme le révèle une infiltration de Disclose au cœur d’un réseau de trafiquants franco-chinois.

    « Contactez-moi si vous avez du bois à charger en containers ». Des messages comme celui-ci fleurissent depuis plusieurs années sur le réseau social Facebook. À la manœuvre, des dizaines de traders chinois à la recherche de plusieurs essences de bois, dont l’or vert : le chêne français.

    Le précieux feuillu, qui représente plus de 40 % des essences forestières du pays, est devenu une ressource très convoitée par l’industrie du bois chinoise. Des centaines de milliers de mètres cubes de chênes quittent ainsi le territoire français chaque année en direction des ports de Qingdao ou de Shanghaï. Pour faire face à cet appétit vorace, le gouvernement français a mis en place un label baptisé « Transformation UE ». Celui-ci interdit que les chênes issus des forêts publiques du pays soient exportés hors de l’Union européenne sans avoir été préalablement transformés – plus de 80 % des chênes vendus par l’Office national des forêts (ONF) sont protégés.

    INFILTRATION

    Pour contourner le label et mettre la main sur les troncs vendus par l’établissement public, des traders chinois ont mis en place un vaste système de blanchiment du bois, avec le concours de revendeurs français peu scrupuleux. Afin d’infiltrer ce réseau de trafiquant, nous nous sommes fait passer pour un négociant en bois de l’est de la France, prêt à vendre des chênes labellisés « Transformation UE ». Il nous a suffi de créer un faux profil Facebook et de contacter des traders revendiqués en leur demandant s’ils étaient intéressés par du chêne français.

    En l’espace de trois mois, une vingtaine d’intermédiaires asiatiques sont entrés en discussion avec nous. Certains d’entre eux souhaitent acheter rapidement des troncs. Avec, à chaque fois, une astuce clé en main pour blanchir l’origine du bois pourtant labellisé par l’ONF, et donc interdit à l’exportation vers la Chine avant transformation.

    L’un d’entre eux, qui se fait appeler Alan, propose de contourner le label UE en vendant nos chênes à une entreprise de transport lituanienne avec laquelle il travaille. « Elle fait le contrat avec vous, ensuite ils envoient vos grumes en Chine depuis un port français », explique-t-il. Aucun risque d’être confondu par les autorités, promet notre interlocuteur : « L’expéditeur sur la facture sera l’entreprise lituanienne ».

    Le risque est d’autant plus faible que les douanes françaises sont à la peine. « Les effectifs étant insuffisants en douane, la politique des contrôles de notre administration est quasiment réservée à l’importation des marchandises », regrette un responsable régional des douanes du Havre, joint par Disclose. En l’absence de contrôle, le bois se retrouvera donc quelques semaines plus tard en Chine.

    UNE SCIERIE EN BOSNIE

    Un autre intermédiaire, Anna, propose une voie différente. Basée en Serbie, celle qui se présente comme une « acheteuse à son compte de chênes, d’épicéas, de tilleuls et de hêtres » propose de brouiller les pistes en transformant notre marchandise depuis des scieries basées en Bosnie et en Serbie, deux pays candidats mais non-membres de l’Union européenne. « Nous produirons des planches là-bas puis nous les exporterons en Chine », détaille la tradeuse. Elle l’assure : une fois vendus à sa société, les chênes ne seront plus traçables par les autorités françaises, alors même que la transformation du bois aura lieu hors du territoire de l’UE, ce que le label interdit.

    Un courtier résidant à proximité du port de Shanghaï propose de voir avec « un ami en Belgique » pour que celui-ci établisse un contrat entre son entreprise et nous. Une façon de brouiller les pistes, car, après vérification, l’ami belge n’est autre qu’un négociant spécialisé dans l’export de bois vers la Chine, le Vietnam et l’Inde.

    LE BUSINESS DES SOCIÉTÉS ÉCRANS

    Parfois, les traders recourent à des sociétés écrans domiciliées en France. C’est le cas de Warren, un intermédiaire d’origine chinoise opérant depuis Paris, qui nous propose de vendre nos chênes labellisés à une société française immatriculée dans la capitale, dans le 14e arrondissement. L’entreprise, spécialisée dans « la transformation du bois », selon ses statuts, a été créée en octobre 2021 par une certaine Yi D., une citoyenne chinoise résidant en région parisienne, avant d’être reprise par Peng Y., un Chinois de Qingdao, l’un des principaux ports chinois impliqués dans l’import de bois.

    Après vérification, la société n’a pas de locaux à Paris, mais une simple boîte aux lettres créée par une agence de domiciliation d’entreprises qui propose, à partir de 10 euros par mois, d’installer le siège social d’une société « sur un site autre que de lieu de travail ou de résidence » du propriétaire. Le but, donc, maquiller l’origine de l’acheteur afin d’expédier la précieuse matière première directement vers la Chine. Un système illégal et bien huilé. « La demande d’import vers la Chine est très forte, n’ayez pas d’inquiétude par rapport au label », souligne le trader.

    ITINÉRAIRE D’UNE CARGAISON ILLÉGALE DE CHÊNES

    Désormais, les traders ne sont plus les seuls sur le coup. Avec l’explosion des prix et la baisse des ressources disponibles, des sociétés chinoises ont commencé à investir le marché via des filiales opaques. Objectif : écarter les courtiers en achetant directement aux scieries et aux exploitants français du bois public.

    Une entreprise dirigée par des Chinois, et établie en France, a attiré l’attention de Disclose. En 2021, cette société basée dans la Marne a réalisé l’intégralité de son chiffre d’affaires à l’export. D’après nos informations, elle exporte des containers remplis de chênes bruts issus de forêts publiques protégées. Comme ce fut le cas en février 2022. Dans une vidéo tournée clandestinement dans une scierie de l’est de la France et que Disclose s’est procurée, on peut ainsi voir des troncs issus de ventes de l’ONF chargés dans des containers installés sur des camions immatriculés en Belgique et en Bulgarie. Pour déjouer les contrôles, les plaques fixées sur les troncs par les agents de l’établissement ont été retirées.

    En traquant les containers, nous avons découvert qu’ils ont été embarqués au port d’Anvers, le 10 mars 2022, sur un cargo de la compagnie Cosco Shipping, battant pavillon hongkongais. Les troncs ont ensuite parcouru 25 600 kilomètres en passant par le canal de Suez pour atteindre, quatre semaines plus tard, le port de Shanghaï, sur les côtes chinoises. Ni vu ni connu.

    Source

    #Trafic_de_bois #Forets #Pillage #Disclose

  • Au Gabon, le sentiment anti-français ne se cache plus -vidéo-

    Tags : France, Emmanuel Macron, Afrique, Gabon, Congo, Angola, Françafrique, Total Energies,

    Le président Macron s’est rendu hier au Gabon comme première escale de son périple africain. L’Angola, le Congo et la RDC sont les autres destinations de Macron lors de ce déplacement en Afrique centrale.

    Jeudi, le président français a participé à « One Summit Forest », un sommet environnementaliste sur la préservation des forêts du bassin Congo. La France est accusée, elle-même, de polluer et surexploiter ces forêts, par les activités pétrolières de Total, les mines d’uranium contrôlées par les entreprises françaises et aussi pour le monopole des acteurs français dans l’industrie du bois de cette région.

    Informés à propos de ces malfaisances françaises dans leur pays, les Gabonais ont commencé, depuis quelques semaines, une campagne massive pour demander la suspension de cette visite.

    Le ressentiment anti-français s’enflamme aussi sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook. La population locale ne cache plus sa critique contre les politiques d’ingérence de l’Elysée dans la région de l’Afrique centrale.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=ISyXlVCSuUw&w=560&h=315] [youtube https://www.youtube.com/watch?v=v-Xs9kqHSAQ&w=560&h=315]

    #France #Macron #Gabon #Françafrique #Congo #Angola #Total

  • Bodies for Sale: Prostitution in Morocco

    Bodies for Sale: Prostitution in Morocco

    Tags : Morocco, prostitution, sex turism, pedophilia, Marrakech,

    By Diana Sharkey

    [dropcap]I[/dropcap]n Gueliz, a trendy neighborhood in Marrakech, young people walk the streets, laughing and carrying on. Women do not grace the street without carrying the gaze of many men. A group of black women walk past a large Starbucks: the four of them are wearing skin-tight clothes, and approach an older white man who had taken a seat against the store’s windows only a few minutes prior, facing out towards the walkway. One by one they exchange two kisses on each of his cheeks, banter in French, laugh, and saunter away waving a cellphone, implying a “call me later”.

    Of many coffee shops throughout the country, this particular Starbucks is a known pick-up spot for prostitutes. It is large and centrally located in the Gueliz neighborhood, where nightlife reigns not far from gaudy tourist resorts, and where interactions such as these illustrate how sex work operates quite freely.

    A local who works at a small cafe in Jemaa el Fna, the main market square of Marrakech, confirms that prostitutes do work in the city. “Everyone knows that it goes on,” says Maxine Rich from Search for Common Ground, a nonprofit against violent extremism.

    Amendments to Morocco’s penal code in 2003 criminalized sex tourism, sexual abuse, trafficking in persons, and child pornography, but really exposed a Pandora’s box that was long open. Over a decade later in the United States’ most recent Trafficking in Persons Report (TIP), Morocco remains in the Tier 2 classification because of its failure to meet the minimum standards set forth by the Trafficking Victims Protection Act of 2000. Ongoing reports conducted by both the U.S. Department of State and the Moroccan government reveal that sex work, as well as sex trafficking, is still a deeply-ingrained issue in Morocco. Moroccan women, men, and children are trafficked throughout Europe and the Middle East for sexual exploitation (2014 TIP Report). Women and girls, as young as six years old, are among the most common groups trafficked to the United Arab Emirates, Bahrain, Jordan, Libya, Syria, and throughout the European continent (2014 TIP Report).

    Now, in 2018, Moroccan women are being sold for lump sums of cash to work as maids in Saudi households over Twitter.

    Morocco has earned a reputation for sex trafficking within the region, especially in countries like Saudi Arabia. A Deutsche Welle article published this year detailed a post-2011 influx of Moroccans, mostly entering domestic work, caused outrage among Saudi women due to fears that Moroccan women would seduce their husbands. Within the region, the Moroccan woman bears much of the burden of the hypersexualization of the Arab woman as a relatively Westernized country. Their fetishization and eroticization leads to the belief that they are sexually promiscuous. This conceptualization influences the way Moroccan and other regional societies view victims of sexual abuse, tending to shift the blame.

    This reputation is partly why Morocco is not only a source of sex work but also a destination for sex tourism. While it may not be common knowledge amongst global citizens, a notable subset of the population, including foreigners and Moroccan men, are all too aware of Morocco’s “dark secrets.” Morocco’s underground industry is quite popular with men from the Persian Gulf. Foreigners, primarily from France and Spain, also make the discreet journey to the neighboring continent lured by the availability of child sex tourism (2016 TIP Report).

    Aside from attracting beneficiaries of the trade, Morocco is also a place to engage on the other end of sex work. Unaccompanied women and children entering from Cote d’Ivoire, Democratic Republic of the Congo, Senegal, Nigeria, and Cameroon are particularly vulnerable to trafficking networks that force women into prostitution. Suspected Cameroonian and Nigerian networks facilitate this trade by threatening victims and their families, most often those from their own country (2016 TIP). On the southern border, migrants from sub-Saharan Africa are coerced into prostitution and criminal networks forcing undocumented women into prostitution operate along the eastern Algerian border in Oujda and in the northern coastal town of Nador (2016 TIP). When women recruited for work arrive in the country, they may become victims of forced labor where employers refuse to pay wages, withhold passports, and physically abuse them (2016 TIP).

    In addition to the exploitation of migrants, young Moroccan women, recruited from rural areas for domestic work in the cities, subsequently become victims of forced labor in the home, and are particularly vulnerable to sexual abuse (TIP 2016, Al Jazeera 2013). Nestled near the foot of the Atlas Mountains, along the palm-tree studded Atlantic coastline, is the beautiful Agadir, a city where exploitation is prevalent. M’hamed El Kadi, the International Rescue Committee Manager from Peace Corps Morocco, explained, “Women actually go from different parts of the country to work there, and it’s mainly seasonal. And when [the agricultural season] is over, they make other practices… just to survive…sex practices…and that’s why also it’s a tourist resort. Agadir is a tourist resort, that’s why the rates in Agadir are very high.” Elsewhere throughout the country, one can easily find prostitutes in the discos, bars, clubs, and certain large gardens in the major cities where people can engage in these illegal transactions.

    Morocco is ranked number 139 out of 145 countries in the 2015 Global Gender Gap Report. Thus, women with limited educational and economic opportunities are lured by offers of work and promises of making enough money for their families. High percentages of sex workers are divorced women, who married at a very early age, and are left marginalized. Risky behavior for the sake of the family follows suit. A 2015 study conducted by the Moroccan government discovered that some women are even forced into prostitution by members of their own families. Whether Moroccan-born or immigrant, engagement in sex work is not a choice.

    Morocco’s classification under Tier 2 means that the country has acknowledged that its current approach to eliminate trafficking is substandard and is making “significant efforts” to improve these standards. However, within the legal system, gaps allow pimps, prostitution dealers, and network masterminds to operate throughout the country. Moroccan law regarding trafficking is vague enough that not all forms of trafficking are prohibited. The general nature of the law clusters together human trafficking, human smuggling, and illegal migration, meaning anyone involved in these activities is liable. In this sense, blame could fall on trafficking victims just as easily as it would on the perpetrators who orchestrate and financially benefit from the trade.

    In addition, the Moroccan government is putting in minimal effort to investigate potential crimes under existing laws. When the government did conduct investigations, details regarding the the busts were not made public. In 2014, the Moroccan government reportedly disbanded 105 human smuggling and trafficking networks. In 2015, the government reported 34 cases involving the abduction and illegal confinement of children. However, the 2016 TIP report stated that it was unclear what the outcomes for the cases were and whether the alleged suspects or criminal groups were actually charged. Failure to follow through with these big busts continues into recent years. In 2017, 112 trafficking and migrant smuggling networks were dismantled, in addition to 29 “masterminds”, 66 smugglers, and 12 accomplices involved in 33 different trafficking-related criminal networks back in 2016. Yet the Moroccan government did not release details on the status of either of these investigations.

    Despite the significant presence of sex work in Morocco, premarital sex is illegal and stigmatized. As a consequence, women cannot carry condoms, which are seen as a sign of illegal activity during police round ups of usual hotspots. A female sex worker has trouble reconciling her own sexual health, through basic protection from STDs and pregnancy, over the fear of being arrested. The topic itself is taboo. Women forced into sex work need to lay low beneath the law. Anything they do must be done covertly. Dr. Taha Brahni, the Hepatitis C Project Manager at Association de Lutte Contre le SIDA (ALCS), said, “The problem here in Morocco [is] that the vulnerable people…cannot [speak] out. They cannot say, ‘I’m a sex worker.’ As sex workers, they would be marginalized, discriminated against, stigmatized.”

    Thankfully, organizations like ALCS provide necessary services that many sex workers are often denied. ALCS is the most prominent organization fighting AIDS in Morocco. They work with vulnerable populations, including men who have sex with men, migrants in the North, and sex workers, to combat and prevent the spread of HIV and other sexually transmissible diseases. Brahni explained, “Every day we have a special kind of people who come here. Today is Thursday, it’s the day for sex workers, female sex workers. Tomorrow is the day for men who have sex with men.” Programme PPF, run by Dr. Azza Ezzouhra, is a prevention program specifically for female sex workers.

    ALCS runs various programs in a number of key locations throughout the country, spreading awareness about HIV, educating the population, administering STD testing through mobile clinics, and providing clinical consultations by volunteer medical professionals. Medicine is even given out for free.

    Although the Ministry of Health provides the antiretrovirals for HIV treatment it does not provide the necessary supplemental services. ALCS distributes the medicines and provides free therapy. They even provide food, assist in the job-hunting process, and pay for patients’ children to attend school. Brahni explained, “The people that come here, they say that ‘When we cross that door, we feel that we are not in Morocco. We can speak freely, and we can feel comfortable.’” Where their government falls short, the Moroccan people can find support at organizations like ALCS.

    Because various forms of trafficking, smuggling, and illegal immigration are conflated together, vulnerable people–Moroccan and migrants alike–are lumped into the second-class citizen category. Rather than protecting them, laws and cultural norms criminalize them. Because Morocco does not offer government-facilitated assistance to trafficking victims, foreign embassies and civil society organizations wind up being the primary providers of protection services for victims.

    In recent years, Morocco has implemented some new legislation that could potentially help victims of trafficking. A February 2018 law, No. 103-13, specifically combats violence against women. And while the anti-trafficking law is not comprehensive according to Human Rights Watch based in New York, it is an important first step in the right direction. The next step is to fill in the gaps, round it out to make it inclusive, and provide enough detail to make it workable. The law needs to be strong enough to prosecute trafficking perpetrators and put a stop to prostitution rings of trafficked peoples. The victims of trafficking themselves need to be decriminalized in a victim-centered approach. Those working in the sex trade as informal victims of a system inherently hindering their socioeconomic status and consequently, human dignity, need to be recognized by the state. NGOs cannot be the only providers. Women need access to the economic opportunities that allows them to thrive in an increasingly modernizing country.

    In the words of Dr. Brahni, “…Sex workers, they need help, especially social help. Because many of them… become sex workers just to help their families.”

    Source

    #Morocco #Pedophilia #Sex_turism #Prostitution #Marrakech #Sex

  • Gabon: Macron suspecté de vouloir soutenir le régime de Bongo

    Tags : France, Afrique, Emmanuel Macron, Gabon, Congo, Angola, Mali, Burkina Faso, Russie, Chine, Wagner,

    Afrique : Macron en tournée pour contrer l’expansion russe

    L’objectif du voyage du président est de réaffirmer la présence française dans une zone déjà influencée par d’autres puissances

    Le président français Emmanuel Macron, parti hier pour un voyage en Afrique centrale qui le conduira au Gabon, en Angola, en République du Congo et en République démocratique du Congo (RDC) jusqu’au 5 mars, premier geste concret après la fin de l’opération Barkhane pour réaffirmer la présence française dans un terrain déjà touché par d’autres puissances. Macron se rendra dans quatre pays où il n’a jamais mis les pieds, avec la motivation officielle de participer au One Forest Summit de Libreville, un sommet international sur la conservation des forêts tropicales, mais la volonté affichée de renouer avec le continent qui ces derniers temps années ont subi pas mal de soubresauts.

    Après le retrait forcé des forces françaises du Mali, de la République centrafricaine et du Burkina Faso – pays attirés par l’orbite russe -, sur le continent Paris risque désormais de perdre son emprise même sur des destinations stratégiques d’un point de vue économique : c’est le cas du Mozambique, où Total Energies a été contraint de suspendre pendant deux ans les travaux de construction d’une usine de liquéfaction de GNL en raison de violences liées aux djihadistes, ou l’Angola, où Total a également récemment lancé trois projets dans les secteurs du gaz, du pétrole et de l’énergie solaire. Un voyage d’autant plus nécessaire compte tenu de l’événement électoral impliquant deux des pays prévus, le Gabon et la République démocratique du Congo (RDC), et de la montée à Kinshasa du ressentiment anti-français qui a animé ces derniers mois des manifestations à répétition contre le présence de militaires envoyés de Paris et employés par la Mission des Nations Unies dans le pays (MONUSCO). Pour Macron, agir maintenant sur ces « deuxième palier ».

    La première étape du voyage sera Libreville, la capitale du Gabon, où Macron organisera ce soir un dîner de travail avec le président Ali Bongo, au pouvoir depuis 2009. Aujourd’hui, Macron rencontrera dans la matinée la communauté scientifique et ses compatriotes résidant dans le pays dans l’après-midi, avant de prendre la parole au One Forest Summit.

    Si la visite au Gabon peut avoir pour objectif de resserrer les liens avec un pays récemment entré dans le Commonwealth, sur le plan politique, la scène s’annonce délicate : dans quelques mois, le Gabon organisera des élections présidentielles, et la société civile locale soupçonne Paris de vouloir en quelque sorte apporter son soutien au président sortant contesté. Macron s’envolera donc ce soir pour l’Angola, où il rencontrera vendredi matin son homologue João Lourenço, avant de repartir en début d’après-midi pour Brazzaville, la capitale du Congo. Il y sera reçu au Palais du Peuple par le président congolais Denis Sassou-N’Guesso, à la tête du pays depuis 1997, avant de tenir avec lui un entretien bilatéral. Dans la soirée, Macron s’adressera à la communauté française résidant au Congo, où la dernière visite d’un président français remonte à 2009. Le conflit en Ukraine devrait être l’un des sujets de discussion entre les autorités, compte tenu également de l’abstention constante de Brazzaville à l’ONU dans les résolutions condamnant les discussions alors qu’à l’ONU le gouvernement de N’Guesso s’est toujours abstenu de condamner l’invasion russe en Ukraine. Peu avant 22 heures, le président français décollera à nouveau, cette fois pour la République démocratique du Congo, dernière étape de sa tournée et théâtre dans l’est du pays d’une guerre entre la rébellion tutsies pro-rwandaise du M23 et l’armée congolaise qui pour Macron « ne doit pas être oubliée ».

    Présenté par la presse française comme une « opération séduction » et une visite « dans un champ de mines », le voyage en Afrique a été annoncé par Macron lui-même dans un discours d’ouverture prononcé lundi soir en présence de divers organes de presse. Beaucoup ont associé l’intervention à celle qui s’est tenue en 2017 à Ouagadougou, au Burkina Faso. Si à cette occasion le président français avait admis que « ce n’est pas seulement un dialogue franco-africain qu’il faut reconstruire ensemble, mais un projet entre nos deux continents, une relation nouvelle », on reproche depuis cinq ans à Macron d’avoir laissé ces engagements lettre morte, menant une politique « entrepreneuriale » en Afrique peu soucieuse du territoire et un héritage post-colonialiste.

    Ainsi, pour tenter de préparer les pays hôtes à son arrivée, Macron a déclaré lundi que l’Afrique « n’est pas le terrain de la concurrence », qu’ »il faut passer d’une logique d’aide à celle d’investissement » et a appelé à la construction d’une relation « équilibrée » avec les pays partenaires africains. En ce qui concerne la présence militaire sur le continent, le président a expliqué que « la transformation commencera dans les prochains mois avec une réduction visible de nos effectifs et une augmentation des bases de nos partenaires africains », esquissant une nouvelle phase de collaboration où il appartiendra aux mêmes gouvernements africains de « demander s’ils le souhaitent » le soutien des forces françaises « et d’autres partenaires » et a appelé à la construction d’une relation « équilibrée » avec les pays partenaires africains.

    Le président a promis que cette évolution s’accompagnerait « d’un plus grand effort de la France en matière de formation et d’équipement », et s’est dit prêt à faire preuve d’une « profonde humilité face aux enjeux du continent africain », une situation qu’il a qualifiée de « sans précédent dans l’histoire » et avec « une quantité vertigineuse de défis ». De la sécurité à la croissance démographique, jusqu’à l’arrivée des jeunes en Europe « à qui nous devons offrir un avenir », Macron a invité les partenaires africains à construire « des États et des administrations consolidées », capables d’investir « massivement dans l’éducation, la santé, l’emploi, formation et transition énergétique ».

    Dans son allocution de lundi, Macron a également annoncé la présentation prochaine au parlement d’une loi pour le retour des oeuvres d’art aux pays africains qui en sont propriétaires, souhaitant que « cette démarche s’inscrive dans une dynamique plus large et aussi d’une dynamique européenne ». Dans le communiqué de presse présentant la tournée, l’Elysée a à son tour insisté sur la « position d’écoute et d’humilité » que le président Macron entend adopter vis-à-vis des pays qu’il visitera ces jours-ci, avec la volonté affichée de « construire ensemble de vrais partenariats ». Le gouvernement souligne que ce qui a commencé est le 18ème voyage de Macron en Afrique et que sur la tournée il sera accompagné de différentes délégations françaises et européennes, promouvant des partenariats visant à mettre en valeur les « humains, entrepreneuriaux, scientifiques, universitaires, militaires, artistiques et sportifs » des pays.

    La perte d’influence désormais consolidée en Afrique et au Sahel inquiète beaucoup Paris et de ce point de vue la visite de Macron en Afrique sera également importante pour donner un signal décisif de la présence des institutions dans les zones qui pourraient bientôt être affectées par les bouleversements des pays voisins. Des opérations ont été achevées en juin qui prévoient de réduire de moitié d’ici 2023 les forces françaises opérant au Mali dans les désormais anciennes missions Barkhane et Takuba, de plus de 5 à environ 2.500 hommes, et de les transférer vers une autre destination, principalement au Niger, pays dont elle dépend largement pour les approvisionnements en uranium qui alimentent les 58 réacteurs atomiques installés sur le territoire français.

    Pour tenter d’endiguer l’expansion d’une orbite pro-russe qui comprend désormais la République centrafricaine et le Mali, mais aussi le Soudan et en partie le Burkina Faso – théâtre d’un double coup d’État l’an dernier qui a amené la junte militaire de Ouagadougou à Moscou – la ligne française consiste désormais à se déplacer progressivement vers l’ouest, pour tenter de renforcer sa présence au Bénin, au Ghana et en Côte d’Ivoire, où la menace djihadiste est encore contenue mais connaît une expansion rapide et nécessite un soutien économique et militaire accru. Paris doit également faire face à la tendance régionale à reprendre la lutte contre le terrorisme avec le soutien de la communauté internationale, mais avec une barre résolument africaine. Ainsi, ces derniers mois, plusieurs organisations régionales ont prévu d’envoyer des missions militaires pour la résolution de conflits, comme c’est le cas de la Communauté des pays d’Afrique australe (SADC) au Mozambique, de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) en République démocratique du Congo et de la Communauté économique des pays de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui a récemment annoncé la création d’une force régionale qui « interviendra en cas de besoin, que ce soit pour la sécurité, le terrorisme ou la restauration de l’ordre constitutionnel dans les États membres ».

    Source : Agenzia nova, 02/03/2023

    #France #Afrique #Françafrique #Macron #Gabon #Congo #Angola #Barkhane #Serval #Mali #Burkina_Faso #Russie #Chine #Wagner