Étiquette : Abdelkrim El Khattabi

  • Biographie de l’Emir Abdelkrim El Khattabi

    Tags : Maroc, Rif, République du Rif, Abdelkrim El Khattabi,

    INTRODUCTION

    Abdelkrim El Khattabi (né vers 1882 à Ajdir au Maroc et décédé le 6 février 1963 au Caire en Égypte), de son nom complet Mohamed ben Abdelkrim El Khattabi, était un chef militaire rifain, du Rif, zone berbère au nord-est du Maroc. Il est devenu le chef d’un mouvement de résistance contre la France et l’Espagne au Maroc, puis l’icône des mouvements indépendantistes luttant contre le colonialisme. Il prendra le flambeau de la résistance après la défaite de Mouha ou Hammou Zayani, son compagnon le fqih Belarbi Alaoui dit Cheikh Elislam se rallia à la cause d’Abdelkrim pour continuer la lutte contre les espagnols et les français.

    BIOGRAPHIE

    Né à Ajdir au Maroc, fils d’un cadi (juge en arabe) du clan Ait Yusuf de la tribu Aït Ouriaghel (ou Waryaghal), Abd el-Krim a été instruit dans des zaouïas traditionnelles et des écoles espagnoles, finalement son éducation à l’ancienne université de Quaraouiyine à Fès, suivit de trois ans en Espagne où il étudia la mine et la technologie militaire. Entre 1908 et 1915 il fut journaliste au quotidien de Melilla, où il préconisaient la laïcité et la coopération avec les occidentaux afin de libérer la Oumma de l’ignorance et du sous développement.

    Il entra dans l’administration espagnole, et fut nommé cadi chef de Melilla en 1915. À cette époque là, il commença à s’opposer à la domination espagnole, et en 1917 il fut emprisonné pour avoir dit que l’Espagne ne devrait pas s’étendre au-delà des territoires déjà occupés (qui en pratique excluait la plupart des zones incontrôlé du Rif) et exprimant sa sympathie pour la cause allemande pendant la Première Guerre mondiale. Peu après s’être échappé, il revint à Ajdir en 1919 et, avec son frère, il commença à unir les tribus du Rif dans une République du Rif indépendante. Pour cette cause, il essaya d’apaiser les inimitiés entre les tribus existantes.

    En 1921, comme une retombée inattendue de leurs efforts pour détruire la puissance de Raisuni, un brigand local, les troupes espagnoles approchent des secteurs inoccupés du Rif. Abdelkrim envoie à leur général Manuel Fernández Silvestre un avertissement : s’ils franchissent le fleuve Amekran, il le considérerait comme un acte de guerre. Fernández Silvestre aurait ri en prenant connaissance du message. Le général installe un poste militaire sur le fleuve à Abarrán. Le même jour au milieu de l’après-midi mille rifains l’avait encerclé ; 179 militaires espagnols furent tués, forçant le reste à la retraite. Les jours qui suivirent après plusieurs escarmouches sanglantes pour les troupes de Fernández Silvestre un événement inattendu se produisit. En effet méprisant Abdelkrim, Fernández Silvestre décide de le défier, et avec 3 000 hommes Abdelkrim parvient en deux jours grâce à la ruse à vaincre l’Espagne. Pour l’Espagne, la bataille d’Anoual a été un véritable désastre. Elle y a perdu près de 16 000 soldats, récupéra 24 000 blessés 150 canons et 25 000 fusils. En outre, 700 soldats espagnols ont été faits prisonniers. Il s’agit aussi de la première défaite d’une puissance coloniale européenne, disposant d’une armée moderne et bien équipée devant des résistants sans ressources, sans organisation, sans logistique ni intendance.

    La victoire d’Anoual a eu un immense retentissement non seulement au Maroc mais aussi dans le monde entier. Elle a eu d’immenses conséquences psychologiques et politiques, puisqu’elle allait prouver qu’avec des effectifs réduits, un armement léger, mais aussi une importante mobilité, il était possible de vaincre des armées classiques.

    Fort de son succès, Abdelkrim proclame en 1922 la République confédérée des Tribus du Rif, un embryon d’État berbère. Cette république eut un impact crucial sur l’opinion internationale, car ce fut la première république issue d’une guerre de décolonisation au XXe siècle. Il créa un parlement constitué des chefs de tribus qui lui vota un gouvernement.

    En 1924, l’Espagne retire ses troupes dans ses possessions le long de la côte marocaine. La France, qui de toute façon avait des prétentions sur le Rif méridional, se rendit compte que laisser une autre puissance coloniale se faire vaincre en Afrique du Nord par des indigènes créerait un dangereux précédent pour ses propres territoires, et rentra dans le conflit. Tentant de joindre toutes les forces vives marocaines pour constituer le noyau d’un mouvement de libération marocain préalable à un vaste mouvement de décolonisation, Abdelkrim demanda au sultan Moulay Youssef de rallier sa cause. Mais celui-ci, en raison de la pression de la résidence générale française à Rabat, refusa de lutter contre les puissances coloniales.

    L’entrée de la France en guerre ne se fait pas attendre mais la pression de l’opinion publique aussi bien européenne qu’internationale, subjuguée par cette résistance rifaine, rend la tâche plus ardue et conduit au renvoi du résident général le maréchal Hubert Lyautey.

    À partir de 1925, Abdelkrim combat les forces françaises dirigées par Philippe Pétain à la tête de 200 000 hommes et une armée espagnole commandée personnellement par Miguel Primo de Rivera, soit au total de 450 000 soldats, commença des opérations contre la République du Rif. Le combat intense dura une année, mais par la suite les armées françaises et espagnoles combinées – utilisant, entre autres armes, l’ypérite – furent victorieuses des forces d’Abdelkrim.

    Après la menace de génocide, Abdelkrim se rend comme prisonnier de guerre, demandant à ce que les civils soient épargnés. Il n’en sera rien, les puissances coloniales ne peuvent tolérer qu’un tel soulèvement reste impuni. Ainsi dès 1926 des avions munis de gaz moutarde bombarderons des villages entiers faisant des marocains du Rifs les premiers civils gazés massivement dans l’Histoire, à côté des kurdes iraqiens gazés par les britanniques. On estime à plus de 150 000 le nombre de morts civil durant les années 1925-1926, mais aucun chiffre crédible ne peut être avancé.

    En 1926, Abd el-Krim est exilé à la Réunion, où on l’installe d’abord jusqu’en 1929 au Château Morange, dans les hauteurs de Saint-Denis. Quelques années passent. Il devient habitant de la commune rurale de Trois-Bassins, dans l’ouest de l’île, où il achète des terres et construit une belle propriété. Il y vit douze à quinze ans. En mai 1947, ayant finalement eu l’autorisation de s’installer dans le sud de la France, il embarque à bord d’un navire des Messageries Maritimes en provenance d’Afrique du Sud et à destination de Marseille avec 52 personnes de son entourage et le cercueil de sa grand-mère, le Katoomba.

    Arrivé à Suez où le bateau fait escale, il réussit à s’échapper et passa la fin de sa vie en Égypte, où il présidera le « Comité de libération pour le Maghreb arabe ». Mohamed ben Abdelkrim El Khattabi meurt en 1963 au Caire où sa dépouille repose encore. Au sortir de l’indépendance, la répression d’une révolte du Rif fait plus de 8 000 morts entre 1958 et 1961. Il refusa de rentrer au Maroc après l’indépendance, mais sa dépouille y fut ramenée à la demande du roi Hassan II.

    Source

  • Conférence sur El Khattabi – La république du Rif

    Tags : Maroc, Rif, Abdelkrim El Khattabi, protectorat, colonialisme,

    La République indépendante du Rif et la personnalité du leader charismatique Abdelkrim Khattabi ont été au centre d’une conférence animée, hier, par le professeur Hassan Aârab à l’Institut des études stratégiques globales (Inseg). La conférence coïncide avec le double anniversaire de la mort de Abdelkrim Khettabi le 6 février 1963 et la proclamation de la République du Rif un premier février 1923. Une République qui avait fini par être dissoute par la France et l’Espagne coloniales en 1926.

    «La dimension maghrébine du combat de l’émir Abdelkrim Khattabi», tel a été le thème générique de cette conférence organisée par l’Inesg. Photos et documents à l’appui, le modérateur de la conférence estimera que «Khattabi a su réunir tous les attributs d’un État, à proprement dire, dont un territoire, un peuple, un gouvernement avec des ministères, des institutions, un drapeau, une monnaie (le Riffane) et même un hymne national,…», dira-t-il.

    Ce dernier étalera la vision et la pensée de l’émir Khattabi et la portée de sa révolution à l’échelle continentale et celle arabe, et même en Occident et en Asie. Pour étayer ses dires, il fera appel à des exemples tirés de l’Histoire, notamment les témoignages de Mao Tsé-toung qui avait affirmé s’être inspiré de la pensée révolutionnaire de Khattabi. Il évoquera les déclarations des grands révolutionnaires du siècle dernier, dont Ché Guevara, Ho chi Minh, etc… au sujet de la pensée de Khattabi. À ce sujet, il abordera la portée de la vision de cet émir marocain, dont la vision maghrébine était un fait saillant dans sa pensée. «C’était un visionnaire. Sa révolution a précédé celle d’Atatürk et d’autres révolutions dans le Monde arabe», dira-t-il. Pour sa part, le professeur Hassan Aârab a confié que «Khattabi s’est battu pour le Rif… Il n’a jamais cessé de réclamer l’indépendance du Rif qu’il avait inscrit dans une trajectoire maghrébine et pour lequel il avait tracé une perspective moderniste».

    Leader charismatique de la République du Rif, Khattabi avait prôné déjà à la fin de 1915, l’indépendance totale du Maghreb et avait même plaidé pour la résistance et une organisation maghrébine. Le conférencier mettra en exergue la relation étroite entretenue par l’émir Khattabi avec les leaders du Mouvement national algérien et les projets communs qui les animaient. Photos à l’appui, Aârab commentera les contacts permanents noués par Khattabi, à partir de son exil au Caire, avec feu Boudiaf, Ait Ahmed, Khider, Didouche, Ben Bella, Ben M’hidi et même Boumediene. Toutefois, l’un des éléments fondamentaux de l’histoire de la résistance anticoloniale dans la vision de l’émir Khattabi et les accrocs avec le régime du Makhzen, «dont la doctrine reposait sur la traîtrise et la manigance», aura été l’élément fédérateur qu’a été l’Algérie dans le façonnement de cette résistance. Les intervenants, dont des académiciens et chercheurs en histoire, n’ont pas tari d’exemples quant à l’aide et l’apport précieux des leaders algériens, dont l’émir Abdelkader et ses enfants, en l’occurrence Ben Abdelmalek qui avait monté la révolte organisée de 1915.

    «Abdelkrim continue à nous parler du royaume du Makhzen…. Lui qui avait interdit, à cette époque la culture du cannabis, principale rentrée subsidiaire du système économique du Makhzen… Khattabi avait exprimé son dédain du système makhzenien», dira Aârab en évoquant la nature idéologique et doctrinale de l’armée marocaine. «La pensée de Khattabi voulait rompre avec les pratiques et cette tradition du Makhzen qui s’était déjà fondée sur l’esclavagisme, le mercenariat et la traîtrise à cette époque-là», renchérit-t-il encore. Intervenant dans le débat général, le professeur Mustapha Saidj a expliqué que «Khattabi était porteur d’un projet de Maghreb unifié… Il avait réussi à combattre les Espagnols et à unifier les tribus et contribué à fonder un État, sociologiquement, établi… Contrairement aux adeptes du Makhzen dont l’État marocain, a été la création du général Lyautey. Il n’y a qu’à voir la statue qu’ils ont érigée en sa mémoire et le musée qu’ils lui ont dédié. Ils ne s’en cachent pas», dira-t-il. D’autres intervenants ont mis en relief «que le Maroc, constitue, aujourd’hui, un fardeau encombrant pour ses alliés traditionnels».

    Source: L’Expression.

  • Citations de l’Emir Abdelkrim

    Tags : Maroc, Rif, Abdelkrim El Khattabi, protectorat français, colonisation, protectorat espagnol,

    Les citations les plus connues de l’Emir Abdelkrim nous permettent de connaitre l’état d’esprit et les traits de caractère de l’homme qu’il était. N’hésitez pas à compléter les citations que vous connaissez dans les commentaires:

     » LA VOLONTÉ D’ÊTRE LIBRE NE MEURT PAS ET LA DÉTERMINATION DE NOTRE PEUPLE SURVIVRA À LA PUISSANCE DE NOS OPPRESSEURS »  » LE RIF NE COMBAT PAS LES ESPAGNOLS ET NE RESSENT PAS DE HAINE ENVERS LE PEUPLE ESPAGNOL. LE RIF COMBAT CET IMPÉRIALISME ENVAHISSEUR QUI VEUT LUI ÔTER SA LIBERTÉ À FORCE DE SACRIFICES MORAUX ET MATÉRIELS DU NOBLE PEUPLE ESPAGNOL. LES RIFAINS LUTTENT CONTRE L’ESPAGNOL ARMÉ QUI PRÉTEND LUI ENLEVER SES DROITS, ET CEPENDANT GARDE SES PORTES OUVERTES POUR RECEVOIR L’ESPAGNOL SANS ARMES EN TANT QUE TECHNICIEN, COMMERÇANT, INDUSTRIEL, AGRICULTEUR, ET OUVRIER »

    Alors qu’il dénonce l’oppression coloniale et se met à rêver à l’indépendance du Maroc. Abdelkrim parcourt le Rif et sensibilise les populations :

    « NOUS DEVONS SAUVER NOTRE PRESTIGE ET ÉVITER L’ESCLAVAGE À NOTRE PAYS. »

    Lettre écrite par AbdelKrim qu’il a adressée aux chefs d’Etats des grandes puissances Européennes.

    LE RIF EST SOUCIEUX D’ÉTABLIR UN SYSTÈME DE GOUVERNEMENT POUR LUI SEUL, QUI DÉPENDE UNIQUEMENT DE SA PROPRE VOLONTÉ; IL VEUT ÉTABLIR SES PROPRES LOIS ET TRAITÉS COMMERCIAUX AFIN D’ÊTRE LE PROTECTEUR DE SES DROITS SUR LE PLAN INTÉRIEUR ET INTERNATIONAL »

     » VOTRE CIVILISATION EST CELLE DU FER ! VOUS AVEZ DE GROSSES BOMBES, DONC VOUS ÊTES CIVILISÉS. JE N’AI QUE DES CARTOUCHES DE FUSIL, DONC JE SUIS UN SAUVAGE ».

    « IL N’Y A PAS DE RÉUSSITE OU D’ÉCHEC, DE VICTOIRE OU DE DÉFAITE, MAIS QUELQUE CHOSE QUI S’APPELLE LE DEVOIR. J’AI FAIT DE MON MIEUX. ».

    L’Appel d’Abdelkrim :

     » MAROCAINS ! IL NE SUFFIT PLUS AUX IMPÉRIALISTES FRANÇAIS D’OCCUPER VOTRE PAYS , DE COLONISER VOS TERRES ET D’Y AMENER DES ARMÉES POUR VOUS COMBATTRE CHEZ VOUS. IL VOUS ONT RENDUS MISÉRABLES ET ONT EXERCÉ SUR VOUS UNE PRESSION TELLE QUE CERTAINS D’ENTRE VOUS SONT PORTÉS À CROIRE QUE POUR EN FINIR AVEC LEURS SOUFFRANCES ET ÉCHAPPER À LA TYRANNIE, ILS N’ONT D’AUTRES MOYENS QUE DE S’ENRÔLER DANS LES RANGS DES ARMÉES FRANÇAISES. EN RÉALITÉ, ENFANTS DU MAGHREB, C’EST UNE ACTION PROHIBÉE PAR NOTRE JUSTE RELIGION, CONTRAIRE AUX ENSEIGNEMENTS DU PROPHÈTE ( SAWS). EN EFFET, CECI EST CONTRAIRE AUX COMMANDEMENTS DE DIEU ET DE SON PROPHÈTE QUI VOUS INTERDISENT D’ÊTRE LES AIDES DES FRANÇAIS OPPRESSEURS CONTRE LES PEUPLES DU VIETNAM, CE PEUPLE HÉROÏQUE QUI DÉFEND SA LIBERTÉ. SOLDATS MAROCAINS ! SACHEZ QUE L’AIDE QUE VOUS APPORTEZ AUX FORCES DE L’IMPÉRIALISME EN INDOCHINE, EN PLUS DE SON CARACTÈRE CONTRAIRE À LA RELIGION ET À LA MORALE PROLONGE LA PRÉSENCE FRANÇAISE DANS VOS PATRIES. LES FRANÇAIS VOUS DIRONT QUE LES VIETNAMIENS SONT UN PEUPLE D’IDOLÂTRES MAIS QUAND LES FRANÇAIS ONT ILS EU UNE RELIGION ? …VOUS DEVEZ CHERCHER À PASSER DANS LES RANGS DES VIETNAMIENS POUR LES AIDER À VAINCRE LES IMPÉRIALISTES FRANÇAIS CAR LEUR DÉFAITE SERAIT AUSSI UNE VICTOIRE POUR LA CAUSE DE LA LIBERTÉ ET DE L’INDÉPENDANCE DU MAGHREB. »

    « JE NE VEUX PAS ÊTRE PRINCE NI GOUVERNANT, PLUTÔT JE VEUX ÊTRE LIBRE DANS UN PAYS LIBRE ET JE NE SUPPORTE PAS CEUX QUI VEULENT VOLER MA LIBERTÉ OU MA DIGNITÉ ».

    -“LA SEULE CHOSE QUI NOUS IMPORTE AUJOURD’HUI, CE N’EST PAS L’EXISTENCE D’UN SULTAN AU MAROC, MAIS L’INDÉPENDANCE ENTIÈRE, SANS RÉSERVE, DU MALHEUREUX PEUPLE RIFAIN”.

    “JE SUIS DE RACE BERBÈRE ET J’IGNORE À QUEL POINT VOUS NOUS SOUS-ESTIMEZ MAIS J’AFFIRME CEPENDANT QUE LES BERBÈRES SONT DES GENS AVANCÉS, QUI ONT HÉRITÉ DE NOMBREUSES CIVILISATIONS. VOUS IGNOREZ PAR EXEMPLE QU’EN TANT QUE BERBÈRE, JE SUIS D’ORIGINE JUIVE. MES ANCÊTRES SONT ENSUITE DEVENUS CHRÉTIENS, PUIS MUSULMANS. MAINTENANT NOUS PARLONS L’ARABE, LANGUE DU CORAN, NOUS NOUS ENTENDONS EN BERBÈRE, LANGUE DE NOS AÏEUX MAIS NOUS CONVERSONS AUSSI EN FRANÇAIS, LANGUE DE NOTRE PAYS ASSERVI”.

    Rencontre au Caire entre le Roi Mohamed 5 et Abdelkrim (après la révolte de 1958-1959) :

    ABDELKRIM LUI A DEMANDÉ :

     » QU’AVEZ-VOUS FAIT AU RIF ? « 

    LE ROI A RÉPONDU:

     » ON NE SE RÉVOLTE PAS CONTRE SON PROPRE SOUVERAIN. « 

     » QUI EST CE SOUVERAIN ALORS ?  » A DEMANDÉ ABDELKRIM.

     » ILS SE SONT RÉVOLTÉS CONTRE LE ROI. « 

     » NON, ILS SE SONT RÉVOLTÉS CONTRE LA PRÉSENCE ÉTRANGÈRE ! « 

     » JE VOUS PROMETS QUE TOUTES LES FORCES ÉTRANGÈRES QUITTERONT LE PAYS D’ICI TROIS ANS.

    « JE NE NIE PAS D’AVOIR EU RECOURT AU SENTIMENT RELIGIEUX PAR PÉRIODE, POUR AVOIR DU SOUTIENT. MAIS CE QUI EST CERTAIN C’EST QUE L’ISLAM N’À RIEN AVOIR AVEC L’EXTRÉMISME…. ».

    « OUI, DE CADI JE SUIS PASSÉ CHEF DE GUERRE. LA BELLE AFFAIRE! CROIS MOI, C’EST UN MÉTIER FACILE QUE DE COMMANDER DEVANT L’ENNEMI. IL Y SUFFIT DE BON SENS ET DE DÉCISION. »

    « LE SULTAN ACTUEL DU MAROC EST LE MARÉCHAL LYAUTEY. »

    « SI J’AI COMMIS DES ERREURS JE LE REGRETTES, QUI NE REGRETTE PAS SES ERREURS? JE SUIS CONVAINCU QUE SI NOUS EN AVIONS LE TEMPS NOUS SERIONS DEVENUS UNE GRANDE NATION D’HOMME LIBRE.

    NOTRE COMBAT À DONNER AUX RIFAINS UNE FIERTÉ, UN ESPOIR, UNE CONFIANCE EN SOI QU’AUCUNE DÉFAITE NE POURRA EFFACER.

    L’ASPIRATION À LA LIBERTÉ ET LA DÉTERMINATION DE NOTRE PEUPLE DURERA AU DELÀ DE LA PUISSANCE DE NOS OPPRESSEURS.

    JE SUIS VENU TROP TÔT, MAIS J’ÉTAIS CONVAINCU QUE NOS ESPOIRS SE RÉALISERAI UN JOUR, CETTE GUERRE L’ÉTRANGER NOUS L’A IMPOSÉ.

    NOUS AVONS ÉTÉ BATTUS, MAIS VOUS AUSSI ».

    « LE RIF N’ADMET PAS QUE L’ON SOIT MALVEILLANT ENVERS LUI CAR IL A SON AMOUR-PROPRE ET SA FOI. »

     » LA VOLONTÉ D’ÊTRE LIBRE NE MEURT PAS ET LA DÉTERMINATION DE NOTRE PEUPLE SURVIVRA À LA PUISSANCE DE NOS OPPRESSEURS »

     » LE RIF NE COMBAT PAS LES ESPAGNOLS ET NE RESSENT PAS DE HAINE ENVERS LE PEUPLE ESPAGNOL. LE RIF COMBAT CET IMPÉRIALISME ENVAHISSEUR QUI VEUT LUI ÔTER SA LIBERTÉ À FORCE DE SACRIFICES MORAUX ET MATÉRIELS DU NOBLE PEUPLE ESPAGNOL. LES RIFAINS LUTTENT CONTRE L’ESPAGNOL ARMÉ QUI PRÉTEND LUI ENLEVER SES DROITS, ET CEPENDANT GARDE SES PORTES OUVERTES POUR RECEVOIR L’ESPAGNOL SANS ARMES EN TANT QUE TECHNICIEN, COMMERÇANT, INDUSTRIEL, AGRICULTEUR, ET OUVRIER ».

     » RÉFLÉCHIS CALMEMENT ET FRAPPE DUREMENT . »

    « IL N’EXISTE PAS DE COMPROMIS DANS LA REVENDICATION DE LIBERTÉ »

    « LA LIBERTÉ EST UN DROIT COMMUN À TOUT LES HUMAINS ET SON VIOLEUR EST UN CRIMINEL ! »

    “LA SEULE CHOSE QUI NOUS IMPORTE AUJOURD’HUI, CE N’EST PAS L’EXISTENCE D’UN SULTAN AU MAROC, MAIS L’INDÉPENDANCE ENTIÈRE, SANS RÉSERVE, DU MALHEUREUX PEUPLE RIFAIN”. »

    « MES POPULATIONS ÉTAIENT FATIGUÉES ET JE NE ME FAISAIS PLUS D’ILLUSIONS SUR CE QUE JE POUVAIS ATTENDRE DE LEUR FIDÉLITÉ, RACONTERA ABDELKRIM DANS SES MÉMOIRES, JE SAVAIS QUE, DE JOUR EN JOUR, MES GUERRIERS SE BATTRAIENT AVEC MOINS D’ENTRAIN”.

    « J’AI VU MES IDÉES S’ÉVANOUIR L’UNE APRÈS L’AUTRE. COMME DANS BEAUCOUP DE PAYS D’ORIENT, L’ARRIVISME, L’ESPRIT DE CORRUPTION SE SONT INTRODUITS DANS NOTRE CAUSE NATIONALE ».

    En septembre 1954, alors que le protectorat a, un an plus tôt, déposé et exilé à Madagascar le sultan Mohammed V qui incarne désormais les aspirations indépendantistes du royaume, Abdelkrim enfonce encore Allal El Fassi :

    « JE N’AI RIEN À FAIRE AVEC LUI, DÉCLARE-T-IL À DES JOURNALISTES FRANÇAIS, EL FASSI EST UN POLITICIEN QUI MANGE ET DORT BIEN AU CAIRE. IL NE FAIT STRICTEMENT RIEN POUR LE PEUPLE. MOI, AU COURS DE LA GUERRE DU RIF, JE ME BATTAIS CONTRE VOUS EN PREMIÈRE LIGNE AVEC MES HOMMES ».

    « NOUS DEVONS SAUVER NOTRE PRESTIGE ET ÉVITER L’ESCLAVAGE À NOTRE PAYS. »

    « NOUS CONSIDÉRONS QUE NOUS AVONS LE DROIT, COMME TOUTE AUTRE NATION, DE POSSÉDER NOTRE TERRITOIRE, ET NOUS CONSIDÉRONS QUE LE PARTI COLONIAL ESPAGNOL A USURPÉ ET VIOLÉ NOS DROITS, SANS QUE SA PRÉTENTION À FAIRE DE NOTRE GOUVERNEMENT RIFAIN UN PROTECTORAT NE SOIT FONDÉE. […] NOUS VOULONS NOUS GOUVERNER PAR NOUS-MÊMES ET PRÉSERVER ENTIERS NOS DROITS INDISCUTABLES ».

     » MON BUT EST LA RÉFORME ET LE PROGRÈS « 

    « MUSULMANS, Ô MES FRÈRES, ÉCOUTEZ MON CONSEIL, CAR LE SEUL BUT QUE JE POURSUIS DE TOUTES MES FORCES ET AVEC L’AIDE DE DIEU À QUI JE M’EN REMETS POUR LE SUCCÈS, C’EST LA RÉFORME ET LE PROGRÈS ».

    « LEVEZ VOUS, LE TEMPS DE LA GUERRE SAINTE EST ARRIVÉ ! ».

     »NOUS AVONS ANÉANTI LA COLONIALISME DANS LE RIF, LES PEUPLES N’ONT PLUS QU’A L’ENTERRER ET SI IL NE RÉUSSISSENT PAS, IL NE MÉRITE AUCUNE COMPASSION  ».

    « NOUS SOMMES ACCUSÉS D’ÊTRE DES REBELLES, MAIS NOUS COMBATTONS POUR NOTRE PAYS. AUSSI BIEN N’AVEZ-VOUS PAS ÉTÉ VOUS-MÊME LE PREMIER PEUPLE QUI PRIS LES ARMES ET SE PRÉCIPITA POUR LA DÉFENSE DE LA LIBERTÉ DE SON SOL ET DE SON HÉRITAGE ? […]

    NOUS AVONS ENVOYÉ NOTRE FRÈRE ET NOS MINISTRES À PARIS PARCE QUE C’EST LE BERCEAU DE LA LIBERTÉ, LA CAPITALE DE L’ÉGALITÉ ET LA MÈRE DE LA CIVILISATION MODERNE ET PARCE QUE NOUS AVONS ESPÉRÉ QUE LA NOBLE NATION FRANÇAISE, QUI SI SOUVENT A PROTÉGÉ LES FAIBLES ET LES AFFLIGÉS, RECONNAITRAIT LE DROIT DU RIF À VIVRE COMME UNE NATION LIBRE. NOTRE BUT, NOTRE PRINCIPE, NOTRE IDÉAL, C’EST LA PAIX ET L’INDÉPENDANCE ».

    Déclaration reproduite dans le Journal L’Humanité, du 24 Août 1925.

    « JE NE VOIS DANS CETTE EXISTENCE QUE LA LIBERTÉ, EN DEHORS D’ELLE TOUT EST FAUX ET INJUSTE »

    « LE RIF EST SOUCIEUX D’ÉTABLIR UN SYSTÈME DE GOUVERNEMENT POUR LUI SEUL, QUI DÉPENDE UNIQUEMENT DE SA PROPRE VOLONTÉ; IL VEUT ÉTABLIR SES PROPRES LOIS ET TRAITÉS COMMERCIAUX AFIN D’ÊTRE LE PROTECTEUR DE SES DROITS SUR LE PLAN INTÉRIEUR ET INTERNATIONAL »

    “NOUS AURIONS PU LIBÉRER L’ALGÉRIE, LA TUNISIE ET LE MAROC DEPUIS LE JOUR OÙ ÉCLATA LA GUERRE DU RIF”

    Juillet 1950 au quotidien égyptien Al Mokkatan

    “L’OCCUPATION DU MAGHREB PAR LA FRANCE EST L’UN DES PRINCIPAUX FACTEURS DE PROPAGATION DU COMMUNISME DANS NOTRE PAYS”

    “UN JOUR, L’URSS SERA DANS UN GRAVE ÉTAT DE FAIBLESSE, LES ARMÉNIENS EN PROFITERONT ET RÉALISERONT LEUR INDÉPENDANCE”

    Dans la célèbre lettre «aux nations civilisées», datée du 6 septembre 1922, il demanda aux Européens :

    «AGIR POUR LE BIEN-ÊTRE DE L’HUMANITÉ ENTIÈRE INDÉPENDAMMENT DE TOUTE RELIGION OU DE TOUTE CROYANCE. IL EST TEMPS QUE L’EUROPE, QUI A PROCLAMÉ AU XXÈME SIÈCLE SA VOLONTÉ DE DÉFENDRE LA CIVILISATION ET D’ÉLEVER L’HUMANITÉ, FASSE PASSER CES NOBLES PRINCIPES DU DOMAINE DE LA THÉORIE À CELUI DE LA PRATIQUE».

    Source

    #Maroc #Rif #Abdelkrim_EL_Khattabi #Protectorat #Colonisation

  • Espagne: Pas d’indémnisation pour la Guerre du Rif

    Espagne: Pas d’indémnisation pour la Guerre du Rif

    Espagne, Maroc, Rif, Guerre du Rif, indémnisation, Abdelkrim El Khattabi,

    Le gouvernement espagnol n’a pas approuvé l’indemnisation de 100 millions au Maroc pour la guerre du Rif

    Vous nous avez envoyé au service WhatsApp de VerificaRTVE (659800555) un message qui assure que l’Espagne compensera le Maroc avec 100 millions pour la guerre du Rif. C’est un canular. L’Esquerra Republicana de Catalunya et les partis qui composent le groupe parlementaire pluriel ont tenté à plusieurs reprises de faire reconnaître à l’Espagne sa responsabilité dans la guerre du Rif (1921-1927) au cours de laquelle l’armée espagnole a dû faire face à un soulèvement dans ce qui était son protectorat nord du Maroc mais ses propositions, à ce jour, n’ont pas été approuvées. On vous l’explique.

    « ON NE PEUT PLUS JOUER ENCORE UN TOUR À CE PAYS !! » Ainsi commence le message qui stipule que « l’Espagne va dédommager le Maroc de 100 millions pour la guerre du Rif, menée il y a plus de 90 ans ». Le texte explique que « le Gouvernement […] a accepté d’indemniser financièrement les arrière-petits-enfants des Marocains qui ont combattu contre l’Espagne entre 1921 et 1927 « à titre de « prime de souffrance » après avoir accepté la demande avec 2.000 euros » par la Ministre des AAEE ». Cette information précise également qu’ »un acte sera officié dans lequel nous présenterons nos excuses au Maroc » et qu’en outre « les hôpitaux de Nador et d’Alhucemas seront dotés d’unités d’oncologie ».

    Deux amendements à la loi sur la mémoire démocratique rejetés par le Congrès

    Il n’existe actuellement aucune disposition prévoyant une indemnisation de l’Espagne au Maroc pour la guerre du Rif. Deux amendements au projet de loi sur la mémoire démocratique présentés par le groupe parlementaire pluriel (Junts per Catalunya, PDeCat, Compromís, Más País et NBG) et Esquerra Republicana en décembre 2021 visaient à responsabiliser l’Espagne pour ce qui, selon le texte de Les deux amendements impliquaient l’utilisation d’armes chimiques dans ce conflit. Les amendements parlent de réparer les dégâts « dans le cadre de la coopération internationale » et le groupe parlementaire républicain propose d’étudier « d’éventuelles compensations financières » d’ordre individuel pouvant être réclamé pour les dommages causés » (p. 27). Il en va de même avec la disposition supplémentaire (p. 243) proposée par le Groupe pluriel dans laquelle il est proposé de « indemniser la région […] pour les dommages découlant desdites attaques ». Dans aucune des deux propositions de modification de la loi, il n’y a de chiffres comme ceux que nous lisons dans le message qui circule sur WhatsApp .

    Ces amendements ont été rejetés par le Congrès des députés lors du débat sur la loi mémoire démocratique le 14 juillet 2022. La dernière version du texte de la nouvelle loi est maintenant en attente d’approbation par le Sénat et vous pouvez vérifier ici qu’aucune référence n’est faite à la guerre du Rif. Mis en contact avec le groupe parlementaire républicain (ERC) au Congrès des députés, ils nous ont informés que « l’amendement qui parle de guerre chimique dans le Rif n’a été discuté à aucun moment avec le gouvernement ». Les mêmes sources ajoutent que « d’une manière intéressée » l’on a divulgué que le Maroc devait être payé ou subventionné. Esquerra affirme que : « Ce n’est pas vrai. L’idée de l’amendement est que l’Espagne reconnaisse et assume la responsabilité des massacres qui ont eu lieu sur ce territoire et trouve un moyen d’offrir réparation aux victimes ». ERC rappelle que le délai de dépôt des amendements au Sénat s’achève le 12 septembre, laissant entendre qu’au moment de la rédaction de cet article, la loi peut encore être modifiée.

    Vieux canular basé sur d’autres propositions de l’ERC

    Le fait que le message parle du « ministre de l’AAEE » (Affaires étrangères) nous met sur la piste qu’il s’agit d’un vieux canular. L’actuel ministre des Affaires étrangères est José Manuel Albares . Il occupe ce poste depuis le 12 juin 2021, date à laquelle il a remplacé son prédécesseur Arancha González Laya, ministre de la région depuis janvier 2020. En faisant des recherches avec des mots clés, nous avons trouvé un texte très similaire à celui qui circule actuellement publié dans un forum. L’entrée propose un lien vers une info duffisué par un support numérique qui a diffusé l’information en mai 2011.

    ERC a proposé pour la première fois que l’État espagnol assume sa responsabilité pour les dommages résultant « de l’utilisation d’armes chimiques dans le Rif » dans une proposition de non-loi en 2005. Après avoir été rejetée en 2007 (p. 29), Esquerra Republicana a de nouveau lancé sa pétition en 2016 et 2018. Comme vous pouvez le voir dans les liens précédents, le projet n’a abouti à aucune des occasions.

    La guerre du Rif

    La guerre du Rif s’est déroulée en plusieurs phases au cours du premier quart du XXe siècle. Tout au long du conflit, de nombreux affrontements opposent les milices des peuples établis au nord du Maroc aux armées coloniales espagnole et française. L’épisode le plus connu de cette guerre est probablement celui connu sous le nom de « désastre d’Anoual » en 1921. La guerre s’est terminée par la victoire hispano-française en 1927.

    L’historienne spécialisée sur cette étape María Rosa de Madariaga (1937-2022) a soutenu à de nombreuses reprises que les forces espagnoles et françaises ont utilisé du gaz moutarde pendant la guerre du Rif, comme le précisent plusieurs articles publiés entre 2004 et 2015 ( 1 , 2 et 3 ). Les différents gouvernements d’Espagne n’ont ni affirmé ni nié ce point ces dernières années. Nous avons identifié un document du ministère de la Défense daté de 2011 dans lequel il est indiqué que l’Allemagne a conseillé l’Espagne sur l’utilisation d’armes chimiques pendant la guerre du Rif (page 15). Un article de la militante d’Amnesty International Kamelia Temsamani affirme que dans cette région du Maroc : «il y a un taux alarmant de cancer du larynx dû aux jets de tonnes de gaz moutarde par l’Espagne contre la population civile pendant la guerre du Rif ».

    RTVE, 05/09/2022

    #Maroc #Espagne #Rif #Guerre_du_Rif #Abdelkrim_El_Khattabi

  • Abd El-Krim (1882-1963)  Le stratège de la guerre du Rif

    Abd El-Krim (1882-1963) Le stratège de la guerre du Rif

    Maroc, France, Espagne, protectorat, colonialisme, guerre de libération, Abdelkrim El Khattabi,

    Mohammed Ben Abdelkrim Al-Khattabi, dit Abd El-Krim, est né vers 1882 à Ajdir, près d’Al-Hoceima, dans le Rif marocain, au sein du clan Al-Khattab, de la puissante tribu berbère des Beni Ouriaguel. Son père, cadi (juge musulman), donna à son fils une formation coranique, et l’encouragea à faire des études secondaires à Tétouan et à Melilla, où il passa son baccalauréat. Il suivit ensuite une carrière de droit islamique à l’université Qarawiyin de Fès, et de droit espagnol à Salamanque.

    A l’âge de 24 ans, Abd El-Krim est recruté par le quotidien de Melilla, El Telegrama del Rif, pour diriger sa section en langue arabe. Un an plus tard, en 1907, l’administration coloniale l’engage comme professeur d’arabe et traducteur pour son bureau des affaires indigènes. Les autorités françaises, en 1915, le dénoncent auprès des forces espagnoles comme « informateur » du Reich allemand. Une enquête révèle alors ses sentiments anticolonialistes. Incarcéré dans la forteresse de Rostrogordo, il se brise une jambe en tentant de s’en évader, ce qui le fera boiter pour toujours.

    A sa sortie de prison, Abd El-Krim entreprend d’organiser la révolte contre les colonisateurs. Grâce à son charisme, il parvient à rassembler les principales tribus du Rif, et constitue le noyau de son armée. Il devient le chef du mouvement anticolonial au Maroc. Il remporte des victoires militaires retentissantes, en particulier à Annoual, où, le 22 juin 1921, il met en déroute plus de 25 000 soldats espagnols avec à leur tête le général Sylvestre. Au printemps de 925, il lance de violentes attaques vers le sud. Fès est menacée, de même que la riche région du Gharb.

    Sa renommée devient internationale : Abd El-Krim cherche l’appui du Komintern et du Parti communiste français, et trouve des aides dans le monde islamique. Il crée sur le territoire qu’il contrôle la « République confédérée du Rif », dotée d’une Constitution et d’un makhzen (administration centrale), qui est bien accueillie, pour des raisons géopolitiques évidentes, par la Grande-Bretagne, mais combattue par l’Espagne et par la France. Ces deux pays rassemblent une force redoutable aux ordres du général Primo de Rivera et du maréchal Philippe Pétain. La contre-offensive, lancée en septembre 1925, vient à bout de la résistance d’Abd El-Krim, qui se rend aux forces françaises en 1926.

    Les autorités coloniales l’envoient en exil à la Réunion. En 1947, il réussit à s’enfuir et trouve refuge en Egypte, où il continue à œuvrer pour la décolonisation de l’Afrique du Nord. Il meurt au Caire en février 1963, à l’âge de 81 ans, avec la satisfaction d’avoir vu, après l’indépendance de l’Algérie en 1962, la libération totale du Maghreb.

    La guerre du Rif a servi de modèle aux mouvements d’indépendance d’autres pays colonisés. Hô Chi Minh, le héros de l’indépendance du Vietnam, considérait Abd El-Krim comme le « précurseur », parce qu’il mit au point le modèle de lutte armée pour la décolonisation des peuples.

    Le Monde diplomatique, avril-mai 2006

    #Maroc #Rif #République_du_Rif #France #Espagne #Protectorat #Colonialisme #Guerre_de_libération

  • Premier colloque maghrébin sur Abdelkrim El Khattabi

    Premier colloque maghrébin sur Abdelkrim El Khattabi

    Maroc, Abdelkrim El Khattabi, Rif, Emir Abdelkader, colonialisme, protectorat, République du Rif,

    Les similitudes du combat qui existent entre les deux révolutionnaires Abdelkrim El Khettabi et l’Emir Abdelkader ont été soulevées, à l’occasion de la première édition du colloque maghrébin autour du parcours de lutte du révolutionnaire marocain, tenue, samedi soir, au siège de la Télévision nationale.

    Plusieurs chercheurs en histoire ont profité de cette occasion pour mettre en avant le parcours du résistant Abdelkrim El Khetabi, modèle de lutte contre El Makhzen. Connu sous le surnom de « Lion du Rif », El Khettabi, « partage avec le père fondateur de l’Etat algérien, bien des caractéristiques », s’est attelé d’expliquer Hassan Kacimi, expert en question sécuritaire.

    L’intervenant fait savoir qu’El Khettabi s’est toujours opposé aux accords Aix-les-Bains de 1955, qui ont abouti en 1956 à l’indépendance du Maroc. En réalité, explique t-il, « les français n’ont jamais accordé d’indépendance au Maroc, qui est malheureusement encore sous protectorat français. »

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=Y97NuJU-7mo&w=560&h=315]

    L’expert en question sécuritaire, précise que les rois du Maroc ont joué un rôle très important pour l’aboutissement de ces accords. Ils ont mis, ajoute-t-il, leur pays « sous la tutelle et le protectorat colonial français ».

    Au denier lieu, M. Kacimi, estime que la révolution du Rif a toujours eu ses successeurs, de la reprise du flambeau par les jeunes, à l’image de Nasser El Zefzafi , un des héritiers de la révolution d’Abdelkrim El Khetabi.

    Radio Algérie Multimédia, 29 mai 2022

    #Maroc #Algérie #AbdelkrimElKhattabi #EmirAbdelkader #Rif

  • Le Maroc nargue l’Espagne en s’attribuant la victoire d’Anoual

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    En Espagne, les autorités préfèrent enterrer dans l’oubli cette catastrophe historique que la presse locale appelle « le désastre d’Anoual ». Ce n’est pas le cas au Maroc où le Makhzen a choisi de narguer le palais de La Moncloa en imprimant un nouveau timbre-poste commémorant le « Centenaire de la Bataille d’Anoual ». Rabat n’arrive pas à diriger le refus de Madrid d’emboîter le pas de Donald Trump dans la reconnaissance de la « marocanité du Maroc sur le Sahara Occidental ».

    Au sein de la communauté rifaine, c’est l’indignation. L’initiative est considérée comme une provocation puisque la monarchie avait décidé, à l’époque, de se ranger du côté des agresseurs espagnols et français contre les Moujahidines rifains.

    Pour rappel, Anoual est une esplanade à proximité d’un village de plusieurs centaines d’habitants, à 60 kilomètres de Melilla en ligne droite et 50 de la ville de Nador. C’est là qu’est tombé le général Silvestre, le plus jeune général de l’armée espagnole, âgé de 50 ans, qui venait de faire une carrière héroïque dans la guerre de Cuba et se vantait d’avoir trois testicules, en guise d’exemple de son courage.

    Silvestre est battu par un homme sans expérience militaire : Abdelkrim el Khatabi (1882-1963), ancien traducteur au service de l’Espagne et ancien collaborateur du journal espagnol El Telegrama del Rif, nommé en 1914 Qaddi Alqodate ou juge des juges, à Melilla. En d’autres termes, la plus haute autorité judiciaire dans les « affaires indigènes ».

    L’intention de Silvestre était de conquérir Al Hoceima, une localité située à 30 kilomètres d’Anoual, mais il est pris en embuscade par Abdelkrim et ses combattants le 22 juillet 1921. Les troupes s’enfuient en débandade en direction de Melilla laissant sur son chemin entre 8.000 et 13.000 cadavres des soldats espagnols.

  • Ephémérides: Centenaire de la proclamation de la République du Rif

    Ephémérides: Centenaire de la proclamation de la République du Rif

    Maroc, Rif, Abdelkrim El Khattabi, République du Rif, #Maroc,

    Aujourd’hui, le 18 septembre, il y a cent ans, les Rifains se sont réunis pour écrire l’histoire en proclamant l’indépendance de la république du Rif, doté d’un drapeau et d’un gouvernement. Il s’agit du premier État moderne indépendant d’Afrique.

    La République du Rif avait sa propre Assemblée nationale, une constitution, sa propre administration, son propre drapeau, sa propre monnaie et une armée qui disposait même d’une marine et d’une force aérienne rudimentaires. Elle a réussi à maintenir son indépendance jusqu’en 1926, lorsque le débarquement espagnol à Al Hoceima avec le soutien de la France a mis fin au rêve.

    La République du Rif a été fondée par le guide rifain Mohamed Abdelkri El Khattabi le 18 septembre 1921, avec sa capitale à Axdir, une constitution et ses propres ministères. L’organisation du Trésor est l’œuvre la plus parfaite des initiatives prises par la République du Rif.

    La République du Rif a duré cinq ans et a été dissoute le 27 mai 1926, après les innombrables attaques et bombardements avec des gaz chimiques toxiques par la France, le Maroc et l’Espagne contre la population civile.

  • Maroc- Centenaire de la République du Rif : une dette à payer

    Maroc, Rif, République du Rif, Espagne, #Maroc, Abdelkrim El Khattabi,

    Notre pays a une dette impayée vis-à-vis du peuple rifain et qui se perpétue lorsque l’Espagne tourne le dos devant la répression du régime de Mohamed VI.

    Le 18 septembre, le centenaire de la République du Rif est commémoré. Dirigée par Abd el-Krim, elle a réalisé le rêve de nombreux Riffiens d’unifier les tribus dispersées et parfois conflictuelles du Rif pour former un État indépendant.

    La proclamation est intervenue quelques mois après la défaite humiliante des troupes espagnoles dans ce qui est devenu connu sous le nom de « désastre annuel ». C’était une tentative coloniale de plus d’une puissance mineure, en retrait, pour conquérir un territoire qui appartenait aux Riffiens et qui lui était arbitrairement assigné dans le jeu des stratégies des puissances réelles de l’époque.

    Les conséquences d’une telle défaite aux mains de tribus mal armées, que les racistes militaires espagnols méprisaient, étaient considérables. En septembre 1923, le général Miguel Primo de Rivera organise un coup d’État militaire avec le soutien du monarque bourbon Alphonse XIII et instaure une dictature militaire.

    Pendant ce temps, sous la houlette d’Abd el-Krim, la République du Rif fait ses premiers pas. Elle a été proclamée le 18 septembre 1921, après la convocation d’un Congrès général avec représentation démocratique de toutes les kabilas. La République nouvellement proclamée s’est déclarée indépendante, s’est dotée d’un drapeau, a approuvé une constitution de 40 articles, a mis en place une force de police, un système de santé précaire (l’Espagne et la France ont bloqué l’arrivée de tout matériel humanitaire dans le Rif) et du matériel pédagogique. Ils ont été les premiers pas vers un État moderne et démocratique.

    Ils ont déclaré : « Nous n’avons jamais reconnu ce protectorat et nous ne le reconnaîtrons jamais. Nous souhaitons être nos propres dirigeants et maintenir et préserver nos droits légaux et incontestables, nous défendrons notre indépendance avec tous les moyens à notre disposition et nous élèverons notre protestation devant la nation espagnole et devant son peuple intelligent, que nous pensons ne pas contester la légalité de nos demandes ».

    Dans tous les proclasmes rifains, il y a une insistance sur la volonté de paix envers le peuple espagnol, sur la nécessité d’accords juridiques basés sur le dialogue et la reconnaissance mutuelle du bon voisinage.

    Un esprit éloigné de celui qui animait les militaires espagnols qui après le coup d’état voulaient achever la conquête coloniale et se venger des Riffiens. La guerre dura 6 ans, jusqu’à ce qu’en 1926 les Riffiens soient vaincus et qu’Abd el-Krim dut s’exiler.

    Au cours de cette terrible guerre, qui culmina avec le « débarquement d’Al Hoceima » en septembre 1925, des armes chimiques comme l’iperita furent utilisées pour la première fois contre les souks et les médinas des kabilas rifaines, dont les conséquences continuent de durer cent ans. .

    La guerre du Rif est intimement liée à notre histoire. Ne serait-ce que parce que les généraux qui y ont participé étaient les mêmes qui plus tard se sont soulevés contre la démocratie et ont mené une guerre totale contre le peuple espagnol.

    Nous pensons que notre pays a une dette impayée vis-à-vis du peuple rifain et qu’elle se perpétue lorsque l’Espagne détourne le regard devant la répression déchaînée par le régime dictatorial de Mohamed VI sur le peuple rifain et le Hirak de nos jours. Une dette qu’il est obligatoire de payer.

    Andalucía Información, 13/09/2021

  • Maroc: Centenaire de la proclamation de la République du Rif

    Maroc, Rif, République du Rif, Abdelkrim El Khattabi, Protectorat, colonialisme, #Maroc,

    Abdelkrim annonce l’indépendance de la République du Rif

    Un jour comme aujourd’hui en 1921, il y a 100 ans, à Nador (actuel royaume du Maroc), et dans le contexte de la guerre de colonisation espagnole du Rif (tiers nord du Maroc actuel), le leader anticolonialiste Muhammad ibn Abdelkrim al-Khattabi, plus connu sous le nom d’Abdelkrim, a annoncé que les Kabyles (nations autochtones du Rif), s’étaient mis d’accord pour proclamer l’indépendance du territoire, qui serait constitué comme une république présidée par lui-même.

    Cette proclamation est entrée en vigueur deux semaines plus tard (18 septembre 1921) ; et la République du Rif, était une entité politique pendant cinq ans (jusqu’en 1926).

    Cette annonce était la première conséquence de ce que la presse espagnole et la classe politique de l’époque appelaient la catastrophe d’Anoual.

    Quatre semaines plus tôt, les forces kabyles avaient infligé une série de défaites militaires aux troupes coloniales espagnoles. Le premier était dans Anoual (22/07/1921); qui a anéanti à plus de 9000 soldats de l’armée coloniale (dont beaucoup étaient catalans) pris en embuscade et massacrés en raison de la mauvaise planification du général Fernández Silvestre. Anoual serait la première tuile d’un château de dominos, qui culminerait à Nador, à deux pas de Melilla (09/08/1921).

    L’annonce d’Abd el-Krim a déclenché toutes les alarmes de la sombre puissance économique espagnole qui protégeait la vie politique espagnole.

    Ce pouvoir, formé par les lignées de banquiers basques et madrilènes et de propriétaires terriens castillans et andalous avait massivement investi dans le Rif qui, avec le départ des forces coloniales espagnoles, était menacé.

    Garcia Prieto (ancien président du gouvernement et ancien ministre de plusieurs portefeuilles) a tenté de prédisposer l’opinion publique espagnole en faveur d’une nouvelle intervention armée au Maroc, proclamant que dans Anoual, l’Espagne avait touché le fond. À peine deux ans plus tard (15/09/1923), après plusieurs gouvernements de courte durée, le général Primo de Rivera a effectué un coup d’État avec la promesse de « mettre fin au problème africain ».

    Elnacional.cat, 04/09/2021