Étiquette : Abdellatif El Hammouchi

  • Guerre de renseignement entre le Maroc et la France?

    Tags : DGSE, DGED, Abdellatif El Hammouchi, Marocleaks, hacker Chris Coleman,

    Une guerre secrète du renseignement entre le Maroc et la France ?

    Bien que la France se soit récemment montrée prête à renforcer ses liens avec le Maroc, une guerre d’espionnage entre les pays se poursuit sans relâche.

    Qui était à l’origine de la publication de milliers de documents marocains confidentiels, dont beaucoup sont maintenant mis en lumière dans la presse internationale pour étayer les accusations de corruption portées contre des députés européens actuels et anciens au centre de Qatar Gate et de Morocco Gate ?

    C’est une affaire mystérieuse. En 2014, un « hacker » du nom de Chris Coleman a publié des milliers de documents sur Twitter et divers réseaux sociaux, dont beaucoup sont classés comme « confidentiels » ou « secrets », ainsi qu’une énorme masse de correspondances, de courriels et d’archives. de toutes sortes exposant de manière très détaillée le fonctionnement de la DGED (Direction générale des études et de la documentation, l’agence marocaine de renseignement extérieur) et du ministère marocain des Affaires étrangères.

    Il y avait de tout : des rapports sur tout et sur tout le monde, des études, des correspondances, des demandes d’instructions, et surtout les noms des collaborateurs réguliers de la DGED. Pas les mouchards habituels de la police, mais des personnalités éminentes de la société, Marocains et étrangers, journalistes, hommes politiques, experts, hauts fonctionnaires, membres de la société civile, etc. Des listes de cadeaux et de généreuses sommes d’argent versées à certains hommes politiques, clôturaient cet incroyable état des lieux.

    Par exemple, les noms de Pier Antonio Panzeri, l’ancien eurodéputé italien, et de son assistant Francesco Giorgi, tous deux actuellement emprisonnés à Bruxelles pour l’affaire Qatar Gate et Morocco Gate, sont apparus dans ces documents sans que personne ne s’en aperçoive.

    Un autre exemple était Fight Impunity, l’association créée par Panzeri à Bruxelles, et qui est maintenant au centre du scandale, qui a été révélé comme une idée originale de feu l’ambassadeur du Maroc auprès de l’Union européenne, Menouar Alem, dans un rapport confidentiel envoyé à ministère marocain des Affaires étrangères en 2012.

    A l’époque, à savoir en 2014, quelques personnes ont rapidement accusé « Chris Coleman » d’être un faussaire et se sont moqués de ce « Marocleaks », avant de se rétracter. L’Etat marocain n’a à aucun moment mis en doute l’authenticité de cette immense documentation alors que certains médias ont accusé l’Algérie voisine d’être à l’origine de cette fuite géante.

    Mais qui est ce « Chris Coleman » ? Qui se cache derrière ce génie de l’informatique qui a réussi à pomper près de cinq gigaoctets, et sûrement plus, de données des serveurs de la DGED et de la diplomatie marocaine pour les disperser sur le web ? C’est une question qui a été posée mille fois. Certains ont affirmé qu’il s’agissait bien d’un « hacker », d’autres l’ont présenté comme un ex-chef de la DGED qui a rompu avec sa direction, et il y a même ceux qui ont vu la main d’un autre service secret marocain discréditer la DGED, dirigé depuis 2005 par Mohamed Yassine Mansouri, un ami du roi Mohamed VI. Bref, une guerre des services.

    Il y a toujours eu beaucoup d’imagination dans le monde des espions. Dans ce cas pourtant, la vérité est simple si l’on scrute attentivement les aléas des relations entre le Maroc et certains pays considérés comme « alliés ».

    La personne qui a choisi le nom de « Chris Coleman », du nom de l’ancien footballeur international gallois, est apparemment un fan de football, mais ce n’est pas un hacker caché quelque part dans un bureau miteux entouré d’écrans d’ordinateur. Et l’Algérie, qui est détestée par certains Marocains, n’est absolument pas impliquée dans cette affaire, comme certains ont tenté de l’accréditer.

    The structure – a state one – behind “Chris Coleman” and which has exposed Moroccan counterespionage and diplomacy is probably the French DGSE (Direction générale de la Sécurité extérieure).

    Ce qui suit est le résultat de plusieurs semaines d’enquêtes et de recoupements qui révèlent qu’une guerre souterraine et très inamicale dure depuis une décennie, voire plus, entre la DGSE française et la DGED marocaine.

    Tout a commencé le 24 mai 2014, avec un article paru sur le site marocain le360 . L’article intitulé « Convocation de l’ambassadeur de France : nouvelles révélations » a été rédigé par Mohamed Chakir Alaoui, ancien subalterne du bureau de l’Agence France-Presse (AFP) à Rabat.

    Alaoui n’était pas connu dans le monde journalistique marocain, n’ayant jamais révélé de cas sensible. Mais ce jour-là, il a lâché une information qui allait mettre le feu au monde. « Agnès Féline », écrit-il, la « deuxième secrétaire à l’ambassade de France » est la « chef d’antenne de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) au Maroc ».

    Cette révélation a surpris l’ambassade de France à Rabat et par extension la direction parisienne de la DGSE. Diplomates et espions français se demandaient comment un journaliste qui n’était pas expert dans le monde ténébreux du renseignement savait que Féline était bien le « chef de l’antenne DGSE à Rabat ». En même temps, révéler la véritable fonction de Féline revenait à la mettre en grave danger.

    Le centre de renseignement français est rapidement parvenu à la conclusion que l’information avait été dictée à Alaoui par le service de renseignement marocain, le seul à connaître le véritable statut de Féline.

    Mais pourquoi le site le360 a- t-il révélé la véritable fonction d’un espion français ? Les services de renseignement marocains cherchaient à se venger d’une terrible humiliation subie quelques mois plus tôt par le patron de la DST (Direction générale de la sécurité du territoire). En février 2014, la police française a cherché à arrêter le directeur général de la DST Abdellatif Hammouchi à la résidence de l’ambassadeur du Maroc en France à Neuilly-sur-Seine. Un juge a voulu entendre le chef des espions marocains après des plaintes pour torture au Maroc déposées par plusieurs citoyens français, dont l’ancien champion du monde de kickboxing Zakaria Moumni. Hammouchi a dû quitter la France précipitamment, sans passer par les aéroports parisiens. Ce fut une grande humiliation pour le chef des services secrets marocains.

    La révélation par le360 de l’identité du chef de la DGSE à Rabat était donc un acte de représailles. Féline a dû être exfiltrée du Maroc en 48 heures et la DGSE lui a depuis donné une nouvelle identité.

    Dans le monde du renseignement, on ne brûle pas un agent en livrant son nom à la presse. Surtout s’il s’agit d’un fonctionnaire d’un Etat ami et allié du Maroc.

    La vengeance est traditionnellement un plat qui se mange froid, mais ici, les espions français n’ont pas tardé à réagir.

    Cinq mois plus tard, en octobre 2014, le mystérieux pirate fait son apparition sur Twitter. Et le grand déballage a commencé. Les tweets étaient souvent écrits en français, mais aussi dans d’autres langues. Parfois même en arabe ou en portugais. Cela prouve que les espions français ont dû s’amuser, surtout quand « Chris Coleman » prenait un malin plaisir à se faire passer pour un défenseur du Front Polisario, le mouvement indépendantiste sahraoui en guerre contre le Maroc au Sahara Occidental.

    Les efforts pour suspendre le compte qui révélait des secrets d’État marocains ont peu d’effet. Il réapparaîtrait immédiatement ou quelques semaines plus tard sous un autre nom et sauterait d’un réseau social à l’autre avant de disparaître un beau jour, laissant son précieux trésor enfoui dans un recoin du vaste filet.

    Selon ce que nous avons appris depuis, la décision de « sanctionner » la DGED a été prise au plus haut niveau de l’Etat français. Le projet de représailles a été décidé par la direction de la DGSE, qui l’a soumis à son ministre de tutelle de l’époque, le chef du portefeuille de la défense, Jean-Yves Le Drian, qui l’a communiqué au Premier ministre Manuel Valls avant que ce dernier n’obtienne la décision finale. feu vert du président de la République François Hollande.

    Un fin connaisseur des relations franco-marocaines a obtenu il y a quelques années confirmation de cet incident auprès des plus hautes autorités de l’Etat français. Il faut dire que les services de renseignement marocains ont toujours su qui se cachait derrière « Chris Coleman ». Lorsqu’il y a quelques semaines Bernard Bajolet a été mis en examen en France pour « complicité de tentative d’extorsion » et « atteinte arbitraire à la liberté individuelle par personne en autorité » dans une sombre affaire d’escroquerie, la presse marocaine s’est étrangement emparée de cette affaire avec grand bruit, même s’il n’a aucun rapport avec le Maroc.

    Bajolet a été directeur général de la DGSE entre 2013 et 2017. En 2018, dans le livre intitulé  Le soleil ne se lève plus à l’est .  Mémoires d’Orient d’un ambassadeur  peu diplomate aux éditions Plon, il affirmait qu’Abdellatif Hammouchi, qui avait fui la France en 2014, ne méritait  pas la Légion d’honneur, la plus haute décoration française, lui a été décernée par Hollande.

    Ali Lmrabet

    Ali Lmrabet est un journaliste marocain et ancien diplomate. Il est le fondateur et directeur de plusieurs médias au Maroc, en arabe et en français, qui ont tous été interdits. Il est titulaire de plusieurs prix de la presse internationale et a été l’un des principaux reporters du quotidien espagnol El Mundo. Il est actuellement chercheur en histoire et continue de collaborer avec plusieurs médias internationaux.

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    #Maroc #France #Marocleaks #Abdellatif_El_Hammouchi #DGSE #DGED #Hacker_chris_coleman

  • Le Maroc réhabilite El Hammouchi, l’architecte de Pegasus

    Le Maroc réhabilite El Hammouchi, l’architecte de Pegasus

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    Le Maroc réhabilite l’architecte de Pegasus et expose sa rencontre avec le directeur du CNI

    Abdellatif Hammouchi, chef de la police marocaine, a brisé un tabou dans le monde du renseignement en publiant un communiqué et des photos d’une rencontre avec Esperanza Casteleiro, chef des espions espagnols.

    Par Ignacio Cembrero

    Au cours de sa décennie à la tête du Centre national de renseignement (CNI), le principal service secret espagnol, le général Félix Sanz Roldán s’est rendu plusieurs fois au Maroc, mais toujours dans le plus grand secret, comme il est d’usage dans ce type de visite. L’actuelle directrice des espions espagnols, Esperanza Casteleiro Llamazares, s’est rendue jeudi à Rabat pour la première fois. Les autorités marocaines ont médiatisé sa visite en diffusant plusieurs photos et en publiant un communiqué qui a surpris son hôte, qui était persuadé que son séjour serait discret. Le directeur a rencontré Abdellatif Hammouchi, 56 ans, qui est à la fois directeur de la Sécurité nationale et de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), la police secrète. Jamais un chef de la police n’a détenu autant de pouvoir dans l’histoire du Maroc, plus que l’actuel ministre de l’intérieur, Abdelouafi Laftit. M. Casteleiro a également eu un entretien avec Yassine Mansouri, chef de la Direction générale des études et de la documentation, le service de renseignement extérieur, mais cet entretien n’a pas été rendu public.

    « L’objectif de la réunion est de renforcer la coopération bilatérale entre le Maroc et l’Espagne dans divers domaines sécuritaires d’intérêt commun », souligne le communiqué de la DGST. Pour souligner l’importance de la réunion de Rabat, les collaborateurs d’El Hammouchi ont envoyé des photographies de la réunion à des journalistes espagnols appartenant à des médias favorables aux autorités marocaines.

    Hammouchi était déjà à Madrid les 16 et 17 juin au retour d’un voyage aux États-Unis et, selon l’hebdomadaire « L’Observateur du Maroc », dirigé par Ahmed Charai, un collaborateur des services secrets marocains, selon une décision de justice de 2015, il a rencontré ses homologues espagnols de la « sécurité et des renseignements ». Le ministère de la défense, dont dépend le CNI, a nié qu’il ait rencontré Esperanza Casteleiro. Le supercopain marocain est revenu en Espagne, sur la Costa del Sol, cet été pour des vacances en famille.

    Hammouchi est également considéré comme le cerveau derrière l’utilisation massive par le Maroc du logiciel malveillant israélien Pegasus, introduit dans les téléphones portables de plus d’un millier de politiciens européens, principalement français, de journalistes et de militants des droits de l’homme et d’opposants marocains, comme l’a révélé le 18 juillet 2021 Forbidden Stories, un consortium de 17 grands médias. « Abdellatif Hammouchi, le super-flic marocain, au cœur du scandale Pégase », titrait « Mediapart », l’un des journaux les plus influents de France, le 22 juillet 2021, après avoir rappelé que parmi les victimes de ce « malware » figuraient le président Emmanuel Macron et 14 ministres. « Abdellatif Hammouchi, l’espion marocain qui met la France en difficulté », faisait la une de l’hebdomadaire « Le Point ».

    Les autorités marocaines ont toujours nié avoir acquis et utilisé ce « malware », mais dans une interview publiée le 27 décembre par le quotidien « Le Monde », l’actuel Premier ministre israélien, Yaïr Lapid, n’a pas nié que la société israélienne NSO avait vendu la licence au Maroc. Il a répondu : « C’est une licence très stricte : nous avons exposé tout le matériel dont nous disposions aux autorités françaises ». La visite de M. Lapid à Paris et celle de son collègue de la défense, Benny Gantz, ont contribué à apaiser les tensions avec la France.

    En brisant un tabou et en médiatisant aux quatre vents la visite du directeur du CNI à Rabat, Hammouchi tente de blanchir son image et de montrer que, malgré l’épisode Pegasus, il reste un interlocuteur valable et apprécié de ses collègues responsables des services secrets européens, selon des sources familières du monde du renseignement. Trois membres du gouvernement espagnol, le président Pedro Sánchez et ses ministres de la défense et de l’intérieur, ont également été victimes de ce programme israélien malveillant au printemps 2021, comme l’a révélé en mai le ministre de la présidence, Félix Bolaños. Le gouvernement a alors déposé une plainte auprès de l’Audiencia Nacional.

    Personne au sein du gouvernement espagnol n’a alors désigné le Maroc comme l’auteur possible de l’espionnage des téléphones portables, bien que les dates du piratage coïncident avec le moment de plus grande tension dans la crise hispano-marocaine : l’entrée de plus de 10.000 immigrants illégaux à Ceuta en mai 2021. Des rapports confidentiels du CNI en possession de l’exécutif en indiquent également la paternité marocaine. La ministre des affaires étrangères de l’époque, Arancha González Laya, a également été « piratée » à ces dates, selon ce que le Centre national de cryptologie lui a dit après avoir analysé son téléphone portable. L’ancien ministre l’a reconnu dans une interview publiée le 8 juin dans « El Periódico de España ». Elle s’est plainte que tout a été utilisé contre elle « dans la crise avec le Maroc : écoutes, dénonciations et campagnes de presse ». Le 3 mai, le quotidien britannique « The Guardian » a également révélé que 200 autres téléphones portables espagnols avaient été ciblés par les services secrets marocains, mais sur cette liste, seuls quatre numéros ont été divulgués à ce jour, dont celui de la célèbre militante sahraouie Aminatou Haidar. La liste des téléphones mobiles français infectés s’élève à environ 1000.

    Suite à la plainte de l’exécutif, le juge d’instruction de la Cour Suprême, José Luis Camala, a demandé le 5 mai qu’une commission rogatoire soit envoyée en Israël afin d’interroger les dirigeants de NSO. Quatre mois plus tard, aucune réponse n’a été reçue. Le gouvernement espagnol, pour sa part, n’a demandé aucune explication à Israël, selon une source israélienne. L’exportation de Pegasus nécessite une autorisation du ministère israélien de la défense, car il est considéré comme une cyber-arme. La cyber-attaque Pégasus a généré des tensions entre la France et le Maroc qui persistent encore. Preuve en est qu’Emmanuel Macron n’a pas reçu à l’Elysée le roi Mohammed VI, qui vit à Paris de manière quasi continue depuis le 1er juin. Il ne lui a pas non plus téléphoné pour s’enquérir de son état de santé lorsqu’il a contracté la covidie à la mi-juin. La diplomatie française a drastiquement restreint les visas accordés aux Marocains, et certains d’entre eux n’hésitent pas à demander ce document dans les consulats espagnols au Maroc, puis à se rendre en France via une escale dans un aéroport espagnol, respectant ainsi la réglementation Schengen (espace européen de libre circulation).

    Abdellatif Hammouchi n’a plus officiellement mis les pieds en France depuis le 20 février 2014, date à laquelle la police judiciaire française a tenté, en vain, de le faire comparaître devant un juge d’instruction qui enquêtait sur deux plaintes déposées contre lui pour torture par deux Marocains représentés par des avocats de l’Association des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), composée de catholiques, évangéliques et orthodoxes. Avant que le scandale Pegasus n’éclate, il a tout de même effectué plusieurs visites officielles en Espagne, dont la dernière en septembre 2019, lorsqu’il a été décoré, sur ordre du ministre de l’Intérieur Fernando Grande-Marlaska, de la Grand-Croix de l’Ordre du Mérite de la Garde civile. Cinq ans plus tôt, en octobre 2014, c’est un autre ministre de l’Intérieur, Jorge Fernández Díaz, qui avait fait approuver par le Conseil des ministres une autre décoration pour l’invité marocain, la Grande Croix honorifique du mérite policier.

    El Confidencial, 16/09/2022

    #maroc #espagne

  • DST au Maroc. Le service de tous les secrets

    DST au Maroc. Le service de tous les secrets

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    Qui n’a jamais entendu parler de la DST ? Qui n’a jamais frémi rien à l’évocation de ce sigle qui renvoie à tant de peurs, de traumatismes, de mystères ? La Direction de la Surveillance du Territoire garde au chaud tous vos secrets. TelQuel a percé le sien.

    Casablanca, le 24 février. Un soir comme les autres. La ville dort, la corniche prolonge les plaisirs de la nuit au service des derniers noctambules. Comme cette poignée d’hommes regroupés autour de leur “chef”, un quadra bon teint, costume sombre et cravate rayée, attablés dans un célèbre cabaret sur la corniche casablancaise. Rien ne les distingue des clients habituels de l’endroit, sauf que les “boys” se sont visiblement donné rendez-vous pour fêter un heureux événement. Un mariage, une naissance, une augmentation de salaire ? Rien de tout cela. “Ils allaient mettre le Maroc à feu et à sang, mais nous les avons arrêtés au bon moment. Il faut que tout le monde le sache”, clame le leader de la bande entre deux gorgées de Whisky.

    La phrase n’échappe pas à la curiosité de quelques clients, médusés. Les plus lucides retiennent l’explication chuchotée par l’un des serveurs du cabaret : “Ne faites pas attention, lui est un commissaire principal de la DST. Il célèbre le démantèlement d’un réseau terroriste”. Le réseau en question est celui de Abdelkader Belliraj, dont le démantèlement venait d’être confirmé, trois jours plus tôt, par le ministère de l’Intérieur lors d’une conférence de presse à Rabat.

    Victoire, donc, pour les services de renseignement marocains, intérieurs et extérieurs. Et victoire, d’abord, pour “le service”, le plus important en hommes comme en moyens, la DST (officiellement DGST, Direction générale de la surveillance du territoire).

    Une date a scellé le petit 1-0 remporté par la DST aux dépens des autres services concurrents, DGED (renseignements extérieurs, le pendant de la DST en dehors des frontières marocaines) en tête : celle du 4 mars. Ce jour-là, à Rabat, la salle de conférences du ministère de l’Intérieur grouille de monde. DST, DGED, DST, DGSN, DAG (renseignements liés au circuit du ministère de l’Intérieur, loin de la Sûreté nationale), FAR, Gendarmerie Royale, Forces auxiliaires : tout le gratin sécuritaire du royaume est venu assister à une cérémonie inédite dans les annales du renseignement marocain. Le roi rend hommage, dans le texte, “à la vigilance et à la fermeté des services de sécurité dans la défense de la stabilité du pays”. Lu par le conseiller royal Mohamed Moâtassim, le message de félicitations cite nommément les services sécuritaires du royaume, DST en tête, à l’exception notable de la DAG ou de la DGED. “C’est sans doute la première fois que le roi évoque la DST aussi clairement dans l’un de ses discours. La DGED, pourtant représentée lors de cette cérémonie, a été désignée par la formule laconique d’organe veillant à la sécurité externe du pays”, remarque un fonctionnaire du ministère de l’Intérieur, présent durant l’événement. Dans le microcosme sécuritaire, la nuance ne passe pas inaperçue. Elle suscite même nombre d’interprétations.

    “Personne n’est dupe, le message royal s’adressait surtout à la DST, qui a joué un rôle de première importance dans le démantèlement du réseau Belliraj. Ce message n’a d’ailleurs fait que rattraper une omission lors de la conférence de presse organisée par le ministère de l’Intérieur, dans laquelle le rôle de la DST avait été totalement occulté”, commente un gradé de la Sûreté nationale. “En citant la DST, le roi ne voulait pas seulement saluer son travail. Il tenait à lui donner une caution publique, officielle, qui lui a souvent fait défaut dans le passé”.

    Ces bruits de couloir attestent au moins de l’intention royale de restaurer définitivement l’image de son premier service de sécurité. Et de lui accorder un léger avantage sur ses nombreux concurrents. Actualité oblige.

    Un œil sur tout ce qui bouge

    Alors, la DST est-elle devenue, par les grâces d’un message royal, une administration comme les autres ? Non, pas vraiment. Son siège central à Témara, niché dans une zone verte à quelques kilomètres de Rabat, est probablement l’un des endroits les mieux gardés de tout le royaume. Nul ne peut s’en approcher. Ses “délégations” régionales, désignées sous le générique de brigades, implantées dans les principaux centres urbains du pays, sont parfaitement anonymes, sans enseigne officielle, sans aucun signe distinctif. Ses agents, quand ils ne célèbrent pas une victoire à la Pyrrhus, sont aussi discrets que nombreux, craints, à la limite intouchables, évités ou courtisés selon les circonstances.

    Que ce soit dans les universités, les établissements publics, les hôtels, les restaurants, les cafés, voire même les hammams et les salles de sport, la DST a la réputation d’être partout et de garder un œil sur tout. Via ses agents bien sûr, mais aussi par le biais de ses innombrables informateurs recrutés aussi bien parmi les petites gens, que dans les classes hautes et moyennes. “Quand on dit informateur, les gens pensent aussitôt au petit indic, au cordonnier, au concierge ou au dealer du coin. Ce qui est un peu vrai. Mais il y a également des professeurs universitaires, des artistes connus ou des hommes d’affaires, et même des figures politiques, parmi nos indics”, se remémore un ancien agent de la DST. “En plus des opposants et personnalités politiques, nous recevions chaque jour des milliers de rapports sur de parfaits anonymes. Et il suffisait parfois d’une blague déplacée sur le roi pour déclencher les opérations…”.

    Car tout mène au roi, invariablement. Hier comme aujourd’hui. Notre source raconte, avec une pointe d’humour : “Un jour, nous avons fini par recevoir quelqu’un qui prétendait détenir des informations très sensibles. Il disait qu’il ne pouvait s’en ouvrir qu’au roi en personne. Pour nous, il n’en était évidemment pas question. Mais notre homme n’en démordait pas, il disait vouloir parler au roi, et rien qu’à lui, puisqu’il était à ses yeux, comme il l’a appelé, le patron. Alors on a fini par trouver un stratagème ; on a amené un portrait grandeur nature du roi, et on a dit à notre client : le roi est là, maintenant tu peux parler. Et il a parlé…”. L’anecdote, qui remonte à l’époque du défunt Hassan II, s’arrête là. Notre source n’a pas pipé mot sur la nature des “informations” en question, ni sur le sort réservé à leur auteur. Mais tous les aveux obtenus par les limiers de la DST ne reposent pas sur des méthodes “douces”, et c’est là où le bât a souvent blessé pour le premier service de sécurité du royaume.

    Bienvenue aux sous-sols du service

    “La DST n’arrête personne, elle enquête et prépare des dossiers, c’est tout”, résume cet officier à la centrale de Témara. L’affirmation est avérée, mais partielle. Elle ne dit pas tout. Théoriquement, les enlèvements et la torture n’existent pas, les arrestations sont du seul ressort de la police judiciaire (PJ ou BNPJ). Mais théoriquement seulement. Depuis sa création, le “service” a toujours disposé de sous-sols dédiés aux séances dites d’examen de situation. Traduisez “interrogatoire et plus, si affinités”. Dans les caves du CAB1, ancêtre de la DST, ou dans les “silounate” du complexe de police de l’Agdal à Rabat, qui a abrité son siège jusqu’à l’édification de la forteresse de Témara dans les années 1990, voire dans les villas et appartements mis à sa disposition, la DST a vu défiler des milliers de pensionnaires malgré eux. Toujours pour les besoins d’“enquêtes” plus ou moins approfondies.

    Certains en sont sortis indemnes, d’autres pas. “On m’a enlevé dans la rue, bandé les yeux, torturé, séquestré, sans jamais me dire que c’était la DST. Mais il n’y avait pas besoin, je savais”, confie cet ancien détenu politique, qui a connu le sous-sol du complexe de l’Agdal dans les années 70. Les années passent, les étiquettes restent. “Ce n’est pas un secret : quand quelqu’un disparaît, on pense d’abord à la DST. Surtout s’il a une quelconque activité politique” est une affirmation qui peut revenir dans la bouche de Monsieur tout le monde.

    Les enlèvements, pratique tout à fait illégale mais bien courante dans les services du monde entier, sont du ressort d’un département bien particulier, celui de “l’action”, anciennement appelé “les opérations techniques”. Ses hommes, choisis parmi les plus “physiques” du service, se servent de rapports de filatures et d’écoutes téléphoniques, avant de jeter leur dévolu sur la cible choisie. Département-clé, il est un peu l’exécutant des basses besognes, au service de la direction la plus importante du service : celle de la contre-subversion. C’est là, précisément, que réside le cœur et la raison d’être de la DST : traquer le renseignement politique, cerner les profils de ses “acteurs”, au besoin anticiper sur un quelconque danger pour la stabilité du royaume.

    Ecoutes, filatures, infiltrations

    “Quand on est missionnés pour filer quelqu’un, on peut guetter le moment où il sort de chez lui des heures durant sans bouger, en ignorant tout ce qui nous entoure”, explique cet agent actif, voué au terrain. La filature, souvent employée en complément aux écoutes téléphoniques, reste le B.A.-BA de l’espion, à l’ancienne comme à la nouvelle école. “Une filature peut être discrète, ou alors voyante. Dans ce dernier cas, elle fait partie d’une guerre psychologique menée contre la cible”. Le même recours à la guerre des nerfs peut affecter les écoutes téléphoniques, dont le but n’est pas seulement de capter les échanges verbaux, mais aussi, au besoin, de les rendre difficiles. Le procédé (bips sonores en pleine conversation téléphonique, fritures sur la ligne, etc.) vise clairement à déstabiliser le quotidien de la “cible” du service. Il est d’autant plus efficace, nous explique-t-on, “qu’il touche à des conversations intimes, personnelles, sans lien avec l’activité (supposée subversive) de la cible”.

    Les moyens de faire pression sur une “cible” ne se ressemblent pas. Parce que les objectifs, non plus. Mais il y a les classiques du genre, dont l’incontournable “comment faire tomber sa cible (et l’obliger à collaborer) en faisant appel à l’arme du sexe”. Une source proche du service raconte : “Il y a quelques années, la DST a réussi à piéger, en vue de le recruter, l’un des représentants du consulat d’un pays arabe (ndlr : le renseignement collecté auprès des consulats et ambassades accrédités au Maroc relève du service “contre-espionnage” de la DST). L’astuce a été de le mettre dans le lit d’une jolie femme et de le filmer dans des positions compromettantes”. La suite coule de source. Sous la menace de diffuser les images, le diplomate cède au chantage. Il “collabore” mais, pas de chance : les services secrets de son pays ne tardent pas à découvrir son double-jeu. Résultat : il est condamné dans son propre pays à quatre ans de prison ! Ce genre d’opérations “sales” reste monnaie courante, il est un peu intégré dans la rubrique pertes et dégâts collatéraux. Les risques du métier, en quelque sorte.

    À la recherche du point G

    Mais de qui dépend la DST, et à qui rend-elle compte ? Flash-back. La DGST a été créée par Dahir royal, le 12 janvier 1973 en même temps que sa cousine, la DGED. Publiés le même jour sur le Bulletin officiel et contresignés tous les deux par Ahmed Osman, le Premier ministre de l’époque, les Dahirs qui ont créé ces deux directions comportent cependant plusieurs différences. La DGED est rattachée au Conseil suprême de la Défense nationale avec pour mission de “participer” à la protection et à la sauvegarde de la sûreté de l’Etat et de ses institutions. La DGST, elle, est “chargée” de veiller sur la protection et la sauvegarde de l’Etat et de ses institutions, sous la tutelle (bien théorique) du ministère de l’Intérieur. Dès 1974, la DGST perd son “G”, pour devenir DST tout court, et passer du coup de la tutelle directe de l’Intérieur à celle de la Sûreté nationale, ou DGSN.

    Le changement de statut dénote un subtil glissement administratif, rien de plus. “Le seul lien qui existait à l’époque entre la DST et la DGSN était d’ordre budgétaire. Les salaires des agents et les frais de fonctionnement de la DST étaient en effet déduits du budget de la DGSN”, nous explique un gradé de le Sûreté nationale. “Et encore, la DST disposait et dispose toujours de plusieurs caisses noires, qui lui permettent de financer ses nombreuses activités clandestines”, poursuit la même source. En réalité, la mise de la DST sous la tutelle de la DGSN avait pour seul but de lui octroyer une couverture légale pour l’exercice d’opérations… souvent illégales.

    Ce n’est que récemment, sous le nouveau règne, que la DST a regagné son G, sans que l’opération ne soit jamais tirée au clair. S’agit-il d’un nouveau, et simple, glissement administratif ? Ou alors, comme on le prévoyait du temps de Laânigri déjà, de l’amorce d’une réorganisation générale des services spéciaux du royaume ?

    Super-flics, super-primes

    L’anecdote, survenue il y a quelques mois, a pour théâtre le Tribunal de Salé. Une affaire, une de plus, liée au terrorisme. Un témoin raconte : “Le juge a décidé d’évacuer la salle pour réduire l’agitation qui régnait dans les lieux. Les policiers se sont employés à la tâche avec le zèle habituel. Au fond de la salle, deux individus sont restés impassibles, indifférents, comme s’ils étaient rivés au banc. Le juge demande leur évacuation, mais l’un des policiers en faction se précipite vers lui, et lui chuchote quelque chose à l’oreille… Et le juge sourit avec un air entendu, portant la main à son coeur comme dans un geste de soumission, et décide de poursuivre les audiences avec les deux individus du fond comme seul public”. Question : qui sont ces deux mystérieux témoins, qui ont réussi à amadouer l’autorité du sourire ? “Ils n’arrêtaient pas de prendre des notes, ils ne pouvaient être que des agents de la DST !”. Possible, possible. Mais très improbable !

    La consignation des minutes des procès, ainsi que de multiples tâches domestiques, sont souvent confiées aux agents des RG, l’équivalent de la DST propre à la Sûreté nationale. “La RG”, comme on les appelle communément, ratissent large et ramènent tout dans leur filet de pêche, les gros poissons comme les grosses pierres. Les limiers de la DST peuvent, au besoin, récupérer le fruit des investigations de “la RG”, avant de filtrer les renseignements, de les recouper, et de leur donner éventuellement une suite.

    C’est que la DST peut fonctionner en réceptacle du travail non fini émanant d’autres services de renseignements plus classiques. Mais qui sont donc ces hommes, qui sont un peu considérés comme le corps d’élite des enquêteurs ? Qui les recrute, et sur quels critères ? Combien sont-ils ?

    En l’absence de chiffres officiels sur l’étendue de ses effectifs, il reste les estimations dont les plus fiables varient dans une fourchette de 8000 à 10 000 permanents. Sans oublier les “antennes” et les collaborateurs externes, généralement rémunérés par des caisses propres au service.

    “Aujourd’hui et à grade égal, un agent de la DST perçoit un salaire supérieur de deux à cinq mille dirhams par rapport à un fonctionnaire de la DGSN”, nous confie un commissaire de police. La différence de traitement s’explique par la prise de risques, mais aussi par la formation, plus musclée, chez les policiers du “service”. “A la base, un policier reste un policier”, rappelle notre source. Traduisez : un élément de la Sûreté ou du service se présentent au même concours d’accès (à l’Académie de police). Ce n’est que quatre mois avant la fin du cursus que les futurs agents sont repérés dans la masse, et invités à intégrer une autre académie, celle de Témara, où ils poursuivent une formation plus spécialisée.

    Objectif islamistes

    C’est bien connu : la force d’un service du renseignement réside dans sa capacité d’infiltration. La DST a traversé les décennies et changé de “cibles” (hier les gauchistes, aujourd’hui les islamistes). Des agents “barbus” ont donc essaimé parmi les mouvements reliés tant à l’islam politique qu’au terrorisme. Ils fréquentent assidûment les mosquées, là où leurs devanciers écumaient les bars. Et ils infiltrent, ils infiltrent.

    Mais si certaines opérations ont été des succès, expliquant le noyautage, voire le démantèlement de plusieurs réseaux, d’autres ont été de franches déceptions. Qui prêtent parfois au sourire. Exemple de cette anecdote : “La DST a longtemps essayé de déstabiliser un des ténors d’Al Adl Wal Ihsane. Au point que celui-ci a fini, un jour, par découvrir un micro dans son domicile, implanté là par un maçon, recruté (par la DST) à cette fin”, confie ce proche de la Jamaâ de Cheikh Yassine.

    Les “efforts” consentis par le service pour contrer les mouvements islamistes lui ont valu, en retour, de se transformer parfois en cible terroriste. “Rappelez-vous que l’un des kamikazes d’avril 2007 avait cherché désespérément le siège de la brigade de la DST à Casablanca, avant de renoncer et de finir par exploser quelques dizaines de mètres plus loin, mais sans le savoir exactement !”, s’exclame encore notre source.

    Là aussi, cela s’appelle les risques du métier. “Le recours à de nouveaux visages pour infiltrer les mouvements islamistes a malgré tout donné ses fruits”, se réjouit ce responsable sécuritaire. Il pense sans doute aux super-équipements, très hi-tech, dont s’est doté le service, surtout depuis l’ère Laânigri : des armes sophistiquées, un système d’écoutes téléphoniques ultramoderne livré clefs en main par un célèbre opérateur téléphonique, etc. Au point de faire dire à notre source, dans ce qui ressemble à une blague sans en être forcément une : “Avant même l’inauguration du nouveau siège de l’USFP à Hay Riad, à Rabat, la DST avait réservé un local mitoyen pour pouvoir garder à portée de vue (et d’oreille !) les socialistes”. Qui dit mieux ?

    Par Majdoulein El Atouabi et Karim Boukhari avec Lahcen Aouad

    TelQuel, 2008

    #DST #DGST #DGSN #DGED

    Lire aussi : Maroc: Révélations accablantes de l’ex-officier des services secrets marocains

    Lire aussi : Les Belges considèrent les services secrets marocains comme une menace pour leur sécurité

  • Maroc: Le roi constamment absent, qui gouverne le Maroc?

    Maroc: Le roi constamment absent, qui gouverne le Maroc?

    Maroc, Mohammed VI, Frères Azaitar, Fouad Ali El Himma, Abdellatif El Hammouchi,

    Les absences prolongées de Mohamed VI : 3 mois de suite à Paris et six mois hors du Maroc
    Les absences prolongées du monarque, ignorées de la presse et de la société marocaine, posent un problème de gouvernance dans un pays embourbé dans une grave crise économique

    Par Ignacio Cembrero

    Le 1er septembre, Mohamed VI a effectué trois mois de séjour quasi ininterrompu à Paris et ses environs. Si l’on ajoute à ce laps de temps le long mois passé à la fin de l’hiver dans sa résidence de la Pointe Denis (Gabon), le monarque alaouite aura passé la moitié de l’année hors du Maroc, selon les calculs des diplomates qui suivent de près son activité. Si pendant la pandémie le souverain n’a pas voyagé à l’étranger, aujourd’hui, à 59 ans, il montre une fois de plus la même frénésie de voyages qu’au cours de la dernière décennie, lorsqu’il passait parfois la moitié de l’année hors du pays. La différence est qu’avant, il partait rarement en vacances avec sa famille conventionnelle – sa femme Lalla Salma et leurs deux enfants – bien qu’il ait passé du temps avec eux en Turquie, à Cuba et en Floride, entre autres. Maintenant, par contre, les frères Azaitar l’accompagnent fréquemment. Ces trois anciens combattants d’arts martiaux mixtes sont devenus, depuis avril 2018 – un mois après leur divorce – une famille alternative pour le roi.

    Ces absences prolongées posent des problèmes de gouvernance dans un pays dont la Constitution de 2011 accorde d’énormes pouvoirs au chef de l’Etat et dans lequel le gouvernement ne joue qu’un rôle très mineur. Le royaume est en effet entre les mains de Fouad Ali el Himma, ami d’enfance et principal conseiller royal de Mohamed VI, et d’Abdellatif Hammouchi, le chef de la police, chargé de la sécurité dans tous les domaines. Sur un deuxième plan, la prise de décision est également influencée par Yassine Mansouri — compagnon de bureau du roi et chef des services secrets étrangers (DGED) — et Nasser Bourita, le ministre des affaires étrangères le plus influent sous le règne de Mohamed VI. Du point de vue marocain, il a parfaitement négocié la réconciliation avec l’Espagne, dont le gouvernement a accepté de soutenir le Maroc dans le conflit du Sahara occidental en échange uniquement, pour l’instant, d’une réduction de l’immigration irrégulière.

    Le pouvoir que détiennent El Himma et Hammouchi ne les rend pas entièrement heureux, surtout en période de crise économique et de tensions avec leurs voisins africains. Les difficultés de communication avec le monarque – les frères Azaitar l’ont absorbé et contrôlent son agenda – les conduisent à prendre des décisions sans le consulter, raconte un courtisan qui a eu affaire à eux. Tout l’entourage traditionnel du roi, celui qui était là avant le débarquement de la fraterie des combattants allemands d’origine marocaine, considère également que ces amitiés nuisent à la monarchie. Ce sont probablement certains de ces courtisans qui, au printemps 2021 et encore cette année, ont inspiré une campagne de presse brutale dénonçant les abus, l’ostentation et la prétendue corruption des Azaitars. Non seulement des médias officiels tels que « Barlamane » y ont participé, mais aussi d’autres tels que « Hespress » – le journal numérique le plus lu au Maroc – et Chouf TV, une chaîne de télévision « en ligne » considérée comme apparentée aux services secrets. L’objectif était de convaincre le roi de prendre ses distances avec ces amitiés dangereuses – deux des frères ont un casier judiciaire en Allemagne – mais ils n’y parvinrent pas.

    Une frénésie de voyage

    Comme le rapporte ‘Barlamane’, Mohamed VI est arrivé à Paris le 1er juin et, depuis, il partage du temps entre son hôtel particulier près de la Tour Eiffel – qu’il a acquis en pleine pandémie pour environ 80 millions d’euros – et le château familial de Betz, à 75 kilomètres au nord-est de la capitale, qu’il a hérité de son père, Hassan II. Il est brièvement revenu à Rabat à la veille de la fête islamique de l’Aid el Adha, qui tombe cette année le 10 juillet. Le 13 juillet, il préside un conseil des ministres et rentre aussitôt après à Paris. Ses séjours ultérieurs à Rabat furent encore plus courts. Le 30 juillet, il n’a passé qu’environ six heures pour enregistrer son discours à l’occasion de la Fête du Trône, semblable à une fête nationale en Europe, dont il a annulé la célébration en invoquant la pandémie, alors que les restrictions ont déjà été levées. Le 20 août, il resta encore moins de temps — environ trois heures — pour, une nouvelle fois, enregistrer un autre discours à l’occasion de la Fête de la Révolution du Roi et de son Peuple.

    La presse marocaine omet généralement de rendre compte de ces mouvements parisiens, commentés par les youtubeurs exilés et les réseaux sociaux. Pour faire taire ces « commérages », l’hebdomadaire français « Jeune Afrique » — apparenté aux autorités marocaines — justifie la hâte avec laquelle il revient à Paris en voulant voir sa mère malade. Lalla Latifa, 77 ans, souffre d’un cancer du pancréas pour lequel elle est soignée à Paris, même si son état de santé ne l’empêche pas de se rendre à Marrakech, où elle possède une résidence. La santé délicate de sa mère – la veuve de Hassan II – et les examens médicaux après les deux opérations pour troubles du rythme cardiaque auxquelles le roi a été soumis (2018 et 2020) n’expliquent qu’en partie le séjour prolongé de Mohamed VI à Paris. La majeure partie du temps est consacrée au repos et aux loisirs. Il ne se passe guère de semaine sans que son entourage immédiat lui suggère qu’il est temps de rentrer à Rabat, mais il l’ignore.

    Contrairement à ses précédentes visites privées, cette fois le monarque n’a même pas été reçu à l’Elysée par le président Emmanuel Macron. Le président français est probablement encore énervé par la question des 1000 mobiles français, dont le sien, qui avaient été « piratés » par les services secrets marocains avec le malware Pegasus, selon une enquête du consortium journalistique Forbidden Stories. Sa façon d’apprécier la ville a changé ces dernières années. Avant la pandémie, on le voyait déambuler sur l’avenue des Champs-Élysées ou dans le charmant quartier du Marais et il n’hésitait pas à prendre des selfies ou des vidéos avec les immigrés marocains qui l’abordaient. Plus tard, un mystérieux jeune homme, Soufiane el Bahri, qui jouissait de la complicité du palais royal, les a mis en ligne sur les réseaux sociaux, où les Marocains ont pu voir à quel point leur roi était populaire à l’étranger.

    Bahri s’est retrouvé en prison pour ivresse sur la voie publique et insultes à des fonctionnaires, bien que Mohamed VI lui ait pardonné en janvier dernier. Si le roi se promène maintenant à Paris, il n’y a pratiquement aucune preuve graphique de cela. Jusqu’au 24 août dernier, une vidéo compromettante a fait le tour du monde. On y voit le monarque, la nuit, dans la rue, entouré de ses amis —dont l’athlète de Melilla, Yusef Kaddur—, un verre à la main. Il lui est un peu difficile de garder son équilibre. Dans les réseaux sociaux et sur les sites Internet de quelques journaux, il a été affirmé qu’il était ivre, déduction un peu généreuse d’images qui ne durent que cinq secondes.

    La vidéo, en tout cas, a eu un énorme retentissement et la presse officielle marocaine n’a pas pu l’ignorer. Il n’a pas nié dans ses articles qu’elle était authentique, mais il a insisté sur le fait qu’elle avait été manipulée. Dans celle-ci, en réalité, « Mohamed VI discutait avec des membres de la communauté marocaine résidant en France », a assuré le journal ‘Al Ahdat Al Maghrebia’, appartenant au groupe de presse d’Ahmed Charai, un proche collaborateur des services secrets étrangers marocains, selon une décision de justice de 2015. ‘Barlamane’ soutenait, pour sa part, que le roi était « au-dessus de toute insinuation » de se rendre « dans des lieux suspects » car « nous savons tous qu’il est un descendant du prophète et commandeur des croyants », c’est-à-dire chef spirituel des musulmans marocains, raison pour laquelle il ne peut encourir de telles hérésies.

    Derrière la diffusion de la vidéo, des responsables marocains voient la main des services secrets algériens. Ils soulignent que les premiers à l’avoir diffusé ont été un site d’information en espagnol, ECSaharaui (lié au Front Polisario), et des membres éminents de la communauté sahraouie basés en Espagne. Dans la communauté du Renseignement, rappellent-ils, on sait que les autorités d’Alger veulent se venger du « piratage » de quelque 6000 mobiles algériens également dans le complot Pegasus. Ces accusations contre l’Algérie font oublier le vrai débat sur les longues absences du monarque, que le journaliste Ali Anouzla, alors directeur du journal numérique marocain ‘Lakome’, a osé soulever en 2013 dans un éditorial intitulé « Le vrai absentéisme ». « Mohamed VI a-t-il le droit, lui qui a accumulé tant de fonctions royales [commandant des croyants, commandant en chef des Forces armées royales, président du Conseil des ministres, du Conseil supérieur de la magistrature, du Conseil supérieur des oulémas, entre autres] se permettre de s’absenter tant de fois et aussi longtemps sans même annoncer la date de son voyage ni sa durée ? Pour avoir posé ces questions et d’autres, Anouzla s’est retrouvée en prison la même année.

    El Confidencial, 01/09/2022

    #Maroc #Mohammed_VI #Freres_Azaitar

  • Un Français réfugié politique!

    Un Français réfugié politique!

    France, Maroc, Zakaria Moumni, Canada, asile politique, Abdellatif El Hammouchi, DGST, Pegasus, espionnage,

    L’asile politique accordé à un compatriote au Canada ? Ce n’est pas de la politique-fiction, mais bien la toute récente conclusion des aventures rocambolesques de Zakaria Moumni. Le pays de l’érable a accordé le statut de réfugié à ce dernier pour qu’il échappe au harcèlement de la police marocaine, qui le traquait jusque dans l’Hexagone.

    Le Monde (17/6) a relaté l’événement, mais « Le Canard » a révélé et relayé, depuis plus de dix ans, cette histoire mettant en scène un roi, un président, des ministres, un chef des services secrets, des juges, des tortionnaires et… un ring de boxe.

    Lettre envoyé par Zakaria Moumni au roi du Maroc pour revendiquer son droit à la fonction publique

    Ex-champion du monde de kickboxing, Moumni, alors franco-marocain, a la mauvaise idée, en 2010, de réclamer l’application d’un dahir (décret9 royal permettant aux sportifs médaillés d’or de devenir fonctionnaires des Sports. Econduit par Mounir El Majidi, le puissant secrétaire du monarque, il est arrêté peu de temps après, accusé par deux complaisants Marocains d’escroquerie à 2800 euros. Détenu quatre jours au centre secret de Témara, non loin de Rabat, il y est torturé puis passe dix-huit mois à la prison de Rommani.

    Libéré sur grâce royale, il gagne la France. Là, il dit reconnaître, à la télé, l’un de ses tortionnaires de Témara. Problème : il s’agit d’Abdellatif El Hammouchi, le chef des services secrets (DGST) marocains. La plainte de Moumni est examinée par une juge parisienne du pôle crimes contre l’humanité qui, en février 2014, adresse une convocation à Hammouchi. Brouille diplomatique entre Rabat et Paris ! Le roi Mohammed VI (dont le Premier ministre est islamiste) en prendra prétexte pour boycotter la marche en hommage aux victimes de « Charlie Hebdo ».

    Espion à l’écoute

    Dès lors, il faudra quelques concessions de François Hollande et la signature d’une ahurissante convention judiciaire pour calmer le jeu. Révélé par « Le Canard », ce texte lunaire permet, par exemple, au présumé responsable marocain d’un crime contre un Français de ne pas être inquiété s’il lui prend l’idée de se rendre dans l’Hexagone…

    Moumni, lui, ne cesse de recevoir des intimidations (appels nocturnes, envoi de photos pornos truquées) et des menaces de mort. Après une tentative d’agression au couteau, à Nancy en 2016, il s’estime trop peu protégé par les autorités françaises et décide de s’exiler au Canada. « J’ai renoncé à la nationalité française, pas à la France, mon pays de cœur », explique-t-il au Canard.

    Depuis, le célèbre Hammouchi a été rattrapé par l’affaire Pegasus : Il avait mis sur écoute nombre de personnalités marocaines et françaises. Quand on aime…

    J.-F. J.

    Le Canard Enchaîné, 22 juin 2022

    #Maroc #France #Canada #ZakariaMoumni #ElHammouchi #DGST #Asilepolitique

  • Secret visit d’El Hammouchi to Spain

    Secret visit d’El Hammouchi to Spain

    Spain, Morocco, Abdellatif El Hammouchi, FBI, CIA, Intelligence services, DGSN,

    Hammouchi, the architect of Moroccan espionage with Pegasus, met with the director of the CNI.
    The Spanish government has concealed his visit to Spain, which was aired by the Moroccan press, in order to meet with Esperanza Casteleiro. « He came to iron out the differences, » say sources familiar with the meeting.

    The Moroccan authorities have agreed to give explanations to Spain about their use of the malicious Pegasus programme. Abdellatif Hammouchi, the man who promoted espionage from Morocco with this malicious Israeli-made programme, was in Madrid on 16 and 17 June to meet with Esperanza Casteleiro, the new director of the National Intelligence Centre (CNI), according to a source familiar with the meeting. « He came to iron out differences, » he said.

    Reports of his « working visit » to Madrid were picked up last week by the Moroccan press. He met with his counterparts from « security and intelligence », according to the weekly ‘L’Observateur du Maroc’, directed by Ahmed Charai, a collaborator of the Moroccan foreign secret service (DGED), according to several documents uncovered in 2014 and a court ruling in 2015. The Spanish Ministry of the Interior claims that he did not have any appointments at its headquarters. At the CNI, its new communications officer did not respond to calls.

    If the Moroccan responsible has given explanations in Madrid, probably denying his guilt, it now remains for the Israeli authorities to do so. Pegasus is manufactured by the Israeli company NSO, linked to its secret services (Mossad and Shinbet) and, as it is a cyber-weapon, the Ministry of Defence of the Hebrew country must authorise its export. The magistrate José Luis Calama, of the Audiencia Nacional, who is investigating the cyber espionage suffered by several members of the Spanish government, sent a rogatory commission to Israel and another judicial commission, on 7 June, which he himself will head. He wants to interrogate, among others, the president of NSO. He does not yet have a date for his visit. Hammouchi, 56, stopped in Madrid from Washington, where he had met with the directors of the CIA, William Burns, and the FBI, Christopher Wray. In Morocco, he heads both the National Security, which is the conventional police force, and the General Directorate of Territorial Supervision (DGST), the secret body that, in addition to fighting jihadism, pursues opponents, including journalists. Never before has a police chief wielded so much power in Morocco.

    Forbidden Stories, a consortium of 17 major media outlets, revealed on 18 July last year that some 10,000 mobile phones around the world had been targeted in 2019 and perhaps beyond by Moroccan intelligence, which used Pegasus to spy on them. The majority – some 6,000 – were Algerian, but there were also some 1,000 French ones – including that of President Emmanuel Macron and 14 of his ministers – and four Spanish ones, that of Moroccan journalist Ali Lmrabet, those of two Sahrawis, Aminatou Haidar and Brahim Dahane and, the first to appear in chronological order, that of this journalist who writes. A further 200 were targeted by the Moroccan secret services, as reported by the Guardian on 3 May, but the list is not yet known. « Aldellatif Hammouchi, the Moroccan spy who is putting France in trouble, » headlined the Parisian weekly ‘Le Point’ on 21 July 2021 on its front page, pointing to the senior police officer. « Abdellatif Hammouchi, Morocco’s supercop at the heart of the Pegasus scandal », said the following day the digital daily ‘Mediapart’. « Pegasus brings the all-powerful head of the Moroccan intelligence services out of the shadows and calls into question the role of this high-ranking palace official whom France now fears, » it added.

    The Moroccan authorities then denied in a statement that they had bought and used Pegasus, but senior French officials confirmed in informal conversations with journalists reported in the French press that the cyber-attack on mobile phones originated in Morocco. In an interview with the daily ‘Le Monde’, published on 27 December, Israeli Foreign Minister Yaïr Lapid was asked whether Israel had withdrawn the licence to operate Pegasus from Morocco. He did not deny that the Moroccan services had it. He replied to the newspaper: « It is a very strict licence: we have exposed all the material we had to the French authorities ». Israel gave explanations to France. The France-Israel relationship then hit a speed bump, but this was overcome in March, when French President Emmanuel Macron accompanied his Israeli counterpart, Yitzhak Herzog, to Toulouse to honour the memory of several Jewish children murdered a decade ago by a terrorist. Paris’s relationship with Rabat is still soured by this espionage episode. Proof of this is that Mohammed VI did not personally congratulate Macron on his re-election as president. The monarch arrived on holiday in the French capital on 1 June and Macron has yet to meet with him. On previous private visits to Paris, he has always been received in an audience at the Elysée Palace.

    Despite promising « transparency », Bolaños has not revealed how many high-ranking officials’ mobile phones tested positive in the CCN-CERT review. In the atmosphere of « polar cold » that characterises the Franco-Moroccan relationship, as described by the publication ‘Africa Intelligence’, Paris refuses to grant Schengen visas to high-ranking Moroccan executives. According to the publication, the latest to be punished this month were 10 executives of L’Office Chérifien des Phosphates, Morocco’s largest public company. They did not get the precious document to participate in the Vivatech technology fair in the French capital. Moroccans frequently circumvent the French obstacle by applying for visas at Spanish consulates in Morocco, according to ‘Africa Intelligence’, information confirmed by unofficial Spanish diplomatic sources.

    The Pegasus infiltration of the mobile phones of President Pedro Sánchez and his ministers of Defence and Interior – as well as the attempt to spy on that of the Minister of Agriculture – occurred in May/June last year, the height of the Spanish-Moroccan crisis, although it was only discovered last April, as revealed on 2 May by the Minister of the Presidency, Félix Bolaños. Despite promising « transparency », Bolaños has not revealed how many more mobiles of high-ranking officials, who are not ministers, tested positive in the extensive review carried out this spring by the National Cryptology Centre, which is part of the CNI.

    The Spanish government has not pointed to Morocco as the power that launched the espionage – the foreign minister, José Manuel Albares, has even publicly exculpated it – but it does know that it is responsible, and not only because of the dates on which the cyber-attack took place. This is indicated by confidential reports from the CNI. It was also indicated to the then Foreign Affairs Minister, Arancha González Laya, when her mobile phone was analysed in June last year and tested positive for malware. In an interview published on 8 June with ‘El Periódico de España’, the former minister lamented that everything was used against her « in the crisis with Morocco: eavesdropping, denunciations and press campaigns ». Action by Christians for the Abolition of Torture (ACAT), a prestigious French ecumenical NGO, filed two complaints in France against Hammouchi for torture perpetrated in Morocco, which is why the Moroccan supercop has not officially set foot in France since 20 February 2014. On that day, a Parisian investigating judge summoned him during a working visit to the French capital, and he hurriedly fled the country.

    Hammouchi has always been pampered by the Spanish authorities, whether the government is led by the Popular Party or the PSOE. In October 2014, eight months after his hasty flight from France, the Ministry of the Interior, then headed by Jorge Fernández Díaz, announced that he was awarded the Honorary Cross of Police Merit. In September 2019, the head of this portfolio, Fernando Grande-Marlaska, had the Council of Ministers approve the awarding of the Grand Cross of the Order of Merit of the Civil Guard, the highest decoration of this institution.

    El Confidencial, 21 June 2022

    #Morocco #ElHammouchi #Spain #USA #Intelligence #CIA #FBI

  • Espagne : Visite en catimini d’El Hammouchi

    Espagne, Maroc, Abdellatif El Hammouchi, services secrets, Etats-Unis, CNI, DGSN, France, Espionnage, Pegasus, FBI,

    Hammouchi, l’architecte de l’espionnage marocain avec Pegasus, a rencontré le directeur du CNI.
    Le gouvernement espagnol a dissimulé sa visite en Espagne, qui a été diffusée par la presse marocaine, afin de rencontrer Esperanza Casteleiro. « Il est venu pour aplanir les différences », indiquent des sources familières de la réunion.

    Les autorités marocaines ont accepté de donner des explications à l’Espagne sur leur utilisation du programme malveillant Pegasus. Abdellatif Hammouchi, l’homme qui a encouragé l’espionnage depuis le Maroc avec ce programme malveillant de fabrication israélienne, était à Madrid les 16 et 17 juin pour rencontrer Esperanza Casteleiro, la nouvelle directrice du Centre national de renseignement (CNI), selon une source au courant de la réunion. « Il est venu pour aplanir les différences », a-t-il dit.

    Les informations sur sa « visite de travail » à Madrid ont été reprises la semaine dernière par la presse marocaine. Il a rencontré ses homologues de la « sécurité et du renseignement », selon l’hebdomadaire « L’Observateur du Maroc », dirigé par Ahmed Charai, un collaborateur des services secrets extérieurs marocains (DGED), selon plusieurs documents découverts en 2014 et une décision de justice en 2015. Le ministère espagnol de l’Intérieur assure qu’il n’avait pas de rendez-vous à son siège. Au CNI, son nouveau responsable de la communication n’a pas répondu aux appels.

    Si le responsable marocain a donné des explications à Madrid, niant probablement sa culpabilité, il reste maintenant aux autorités israéliennes à le faire. Pegasus est fabriqué par la société israélienne NSO, liée à ses services secrets (Mossad et Shinbet) et, comme il s’agit d’une cyber-arme, le ministère de la défense du pays hébreu doit autoriser son exportation. Le magistrat José Luis Calama, de l’Audiencia Nacional, qui enquête sur le cyberespionnage dont ont été victimes plusieurs membres du gouvernement espagnol, a envoyé une commission rogatoire à Israël et à une autre commission judiciaire, le 7 juin, qu’il dirigera lui-même. Il veut interroger, entre autres, le président de NSO. Il n’a pas encore de date pour sa visite. M. Hammouchi, 56 ans, a fait escale à Madrid en provenance de Washington, où il avait rencontré les directeurs de la CIA, William Burns, et du FBI, Christopher Wray. Au Maroc, il dirige à la fois la Sûreté nationale, qui est la police classique, et la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), l’organe secret qui, outre la lutte contre le djihadisme, poursuit les opposants, dont les journalistes. Jamais auparavant un chef de police n’avait exercé autant de pouvoir au Maroc.

    Forbidden Stories, un consortium de 17 grands médias, a révélé le 18 juillet dernier que quelque 10 000 téléphones portables dans le monde avaient été ciblés en 2019 et peut-être au-delà par les services de renseignement marocains, qui ont utilisé Pegasus pour les espionner. La majorité – quelque 6 000 – étaient algériennes, mais il y avait aussi un millier de françaises – dont celle du président Emmanuel Macron et de 14 de ses ministres – et quatre espagnoles, celle du journaliste marocain Ali Lmrabet, celles de deux Sahraouis, Aminatou Haidar et Brahim Dahane et, la première à apparaître dans l’ordre chronologique, celle de ce journaliste qui écrit. Deux cents autres ont été ciblés par les services secrets marocains, comme l’a rapporté le Guardian le 3 mai, mais la liste n’est pas encore connue. « Aldellatif Hammouchi, l’espion marocain qui met la France en difficulté », titrait l’hebdomadaire parisien « Le Point » le 21 juillet 2021 à sa une, en désignant le haut fonctionnaire de police. « Abdellatif Hammouchi, le super-flic marocain au cœur du scandale Pegasus », affirme le lendemain le quotidien numérique « Mediapart ». « Pégase fait sortir de l’ombre le tout-puissant chef des services de renseignement marocains et remet en cause le rôle de ce haut fonctionnaire du palais que la France redoute désormais », ajoute-t-il.

    Les autorités marocaines ont ensuite démenti dans un communiqué avoir acheté et utilisé Pégase, mais de hauts responsables français ont confirmé, lors de conversations informelles avec des journalistes rapportées par la presse française, que la cyber-attaque sur les téléphones mobiles provenait du Maroc. Dans une interview accordée au quotidien « Le Monde », publiée le 27 décembre, il a été demandé au ministre israélien des affaires étrangères, Yaïr Lapid, si Israël avait retiré la licence d’exploitation du Pegasus au Maroc. Il n’a pas nié que les services marocains l’avaient. Il a répondu au journal : « C’est une licence très stricte : nous avons exposé tout le matériel dont nous disposions aux autorités françaises ». Israël a donné des explications à la France. La relation France-Israël a ensuite connu un ralentissement, mais celui-ci a été surmonté en mars, lorsque le président français Emmanuel Macron a accompagné son homologue israélien, Yitzhak Herzog, à Toulouse pour honorer la mémoire de plusieurs enfants juifs assassinés il y a dix ans par un terroriste. Les relations de Paris avec Rabat sont toujours entachées par cet épisode d’espionnage. Preuve en est que Mohammed VI n’a pas félicité personnellement Macron pour sa réélection à la présidence. Le monarque est arrivé en vacances dans la capitale française le 1er juin et Macron ne l’a pas encore rencontré. Lors de ses précédentes visites privées à Paris, il a toujours été reçu en audience au palais de l’Élysée.

    Bien qu’il ait promis la « transparence », M. Bolaños n’a pas révélé combien de téléphones portables de hauts fonctionnaires ont été testés positifs lors de l’examen du CCN-CERT. Dans l’atmosphère de « froid polaire » qui caractérise les relations franco-marocaines, comme le décrit la publication « Africa Intelligence », Paris refuse d’accorder des visas Schengen à des cadres marocains de haut rang. Selon la publication, les derniers à avoir été sanctionnés ce mois-ci sont 10 cadres de l’Office Chérifien des Phosphates, la plus grande entreprise publique du Maroc. Ils n’ont pas obtenu le précieux document pour participer à la foire technologique Vivatech dans la capitale française. Les Marocains contournent fréquemment l’obstacle français en demandant des visas aux consulats espagnols au Maroc, selon « Africa Intelligence », information confirmée par des sources diplomatiques espagnoles non officielles.

    L’infiltration par Pegasus des téléphones portables du président Pedro Sánchez et de ses ministres de la défense et de l’intérieur – ainsi que la tentative d’espionnage de celui du ministre de l’agriculture – a eu lieu en mai/juin de l’année dernière, au plus fort de la crise hispano-marocaine, bien qu’elle n’ait été découverte qu’en avril dernier, comme l’a révélé le 2 mai le ministre de la présidence, Félix Bolaños. Bien qu’il ait promis la « transparence », M. Bolaños n’a pas révélé combien d’autres téléphones portables de hauts fonctionnaires, qui ne sont pas ministres, ont été testés positifs lors de l’examen approfondi réalisé au printemps par le Centre national de cryptologie, qui fait partie du CNI.

    Le gouvernement espagnol n’a pas désigné le Maroc comme la puissance à l’origine de l’espionnage – le ministre des affaires étrangères, José Manuel Albares, l’a même publiquement disculpé – mais il sait qu’il est responsable, et pas seulement en raison des dates auxquelles la cyber-attaque a eu lieu. C’est ce qu’indiquent les rapports confidentiels du CNI. Il a également été indiqué à la ministre des affaires étrangères de l’époque, Arancha González Laya, que son téléphone portable avait été analysé en juin de l’année dernière et avait été testé positif aux logiciels malveillants. Dans une interview publiée le 8 juin par « El Periódico de España », l’ancienne ministre a déploré que tout ait été utilisé contre elle « dans la crise avec le Maroc : écoutes, dénonciations et campagnes de presse ». L’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), une prestigieuse ONG œcuménique française, a déposé deux plaintes en France contre Hammouchi pour des tortures perpétrées au Maroc, ce qui explique que le super-flic marocain n’ait pas officiellement mis les pieds en France depuis le 20 février 2014. Ce jour-là, un juge d’instruction parisien l’a convoqué lors d’une visite de travail dans la capitale française, et il a fui précipitamment le pays.

    Hammouchi a toujours été choyé par les autorités espagnoles, que le gouvernement soit dirigé par le Parti populaire ou le PSOE. En octobre 2014, huit mois après sa fuite précipitée de France, le ministère de l’Intérieur, alors dirigé par Jorge Fernández Díaz, annonce qu’il a été décoré de la croix honorifique du mérite policier. En septembre 2019, le chef de ce portefeuille, Fernando Grande-Marlaska, a fait approuver par le Conseil des ministres l’attribution de la Grande Croix de l’Ordre du Mérite de la Garde civile, la plus haute décoration de cette institution.

    El Confidencial, 21 juin 2022

    #Maroc #Espagne #EtatsUnis #ElHammouchi #Services_secrets #CNI #FBI #Espionnage #Pegasus

  • Les 4 copains du roi Mohammed VI qui dirigent le Maroc

    Les 4 copains du roi Mohammed VI qui dirigent le Maroc

    Maroc, Makhzen, Mohammed VI, Fouad Ali El imma, Mounir Majidi, Yassine Mansouri, Abdellatif El Hammouchi,

    Les documents confidentiels révélés par le mystérieux hacker Chris Coleman ont mis en évidence une réalité déjà connue de tous : ce sont les copains de collège de Mohammed VI qui tirent les ficelles au Maroc. Une génération qui constitue un pur produit du Makhzen et dont il a hérité les méthodes de répression.

    Fouad Ali El Himma, né le 6 décembre 1962 à Marrakech, ami intime du roi Mohammed VI et son conseiller depuis décembre 2011. C’est lui le Ministre de l’Intérieur dans l’ombre. Grand connaisseur des ruages de la politique interne du Maroc grâce aux nombreuses fonctions qu’il a assumées au sein de ce ministère.

    Mohamed Mounir El Majidi, né le 19 janvier 1965 à Rabat, homme d’affaires marocain, secrétaire particulier du roi Mohammed VI depuis 2000 et président de la SIGER, la holding royale, depuis 2002. Il est le gardien de la fortune de Mohammed VI et ministre de l’économie dans l’ombre.

    Abdellatif Hammouchi, né à Fès en 1966, actuel directeur général de la Direction général de la sûreté nationale ( DGSN) ainsi que directeur de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) 

    Yassine Mansouri, né le 2 avril 1962 à Boujad, directeur du service de contre-espionnage (DGED) et véritable patron de la diplomatie marocaine.

    En 2010, Majidi et El Himma ont été cités par Wikileaks dans des scandales de corruption, un phénomène qui « s’est institutionnalisé sous le règne de Mohammed VI». Un télégramme du consulat américain à Casablanca évoque  » l’avidité consternante de ceux qui sont proches du roi Mohammed VI ». En 2014, le nom de Majidi est cité dans l’affaire de la Banque HSBC appelée Swissleaks et en 2016, dans le Panama Papers.

    El Himma et Majidi ont été aussi visés par le Mouvement 20 Février en 2011. 

    Ils sont intouchables. Ceux qui ont osé s’en prendre aux amis du Roi ont été malmenés par le Makhzen. En 2011, le quotidien arabophone « Al Massae », révèle que Fouad Ali El Himma, serait impliqué dans une affaire de corruption et de violation des règles d’octroi des marchés publics. Son directeur, Rachid Niny a été condamné le 9 juin 2011, par le tribunal de première instance à Casablanca à un an de prison ferme avec une amende de 1000 dirhams (environ 90 euros) pour « atteinte à la sécurité du pays et des citoyens ».

    Le 27 avril 2011, Rachid Niny a été arrêté par la police marocaine après que le procureur général du Roi à Casablanca l’ait accusé « d’atteinte à la sécurité du pays et des citoyens » suite notamment à des publications mettant directement en cause le directeur des services de renseignements marocains, Abdellatif al-Hammouchi, au sujet de l’existence d’un camp de détention et de torture secret basé dans la région de la ville de Témara3. L’existence de cette prison est un tabou pour le régime de Mohammed VI à cause du scandale des tortures perpétrées par la CIA contre des musulmans soupçonnés d’appartenir à Al-Qaida. La CIA a d’ailleurs confirmé l’existence de ce centre de torture dans un rapport de 6 600 pages rendu public en mai 2014.

    En janvier 2014, El Hammouchi, lors d’un séjours à Paris avec le ministre de l’intérieur marocain, est convoqué par la justice française suite à une plainte déposée par le citoyen franco-marocain Zakaria Moumni pour séquestration et torture à la prison secrète de Témara. Parmi ses bourreaux, il a déclaré avoir reconnu El Hammouchi. Pour manifester son mécontentement, le Maroc a convoqué l’ambassadeur de France à Rabat, Charles Fries et suspendu quelques jours plus tard la coopération judiciaire avec la France. 

    Les membres de l’équipe du Roi Mohammed VI sont tous de la génération des années 1960, à l’instar de la nouvelle star de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, un pur produit des services de Sdi Yassine, comme ils appellent Yassine Mansouri dans les documents confidentiels dévoilés par le dénommé Chris Coleman.

    Nasser Bourita est né le 27 mai 1969 à Taounate. Après avoir exercé depuis 2011 la fonction de secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, il a été nommé en février 2016 ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la coopération.

    L’équipe de Mohammed VI a fait du Sahara Occidental une cause sacrée, au détriment de la légalité et de la raison, faisant du Maroc un Etat presque hors-la-loi. 

    Dans le but de s’accaparer des alléchantes ressources naturelles de l’ancienne colonie espagnole, ils vont mener ce qu’un journal marocain se disant indépendant a appelé, non sans fierté, une nouvelle doctrine diplomatique. Pour lui donner un caractère offensif, la nouvelle diplomatie se base sur une stratégie de tension comme arme principale de lutte pour imposer la pseudo-solution d’autonomie pour le conflit du Sahara Occidental. Sa première cible est l’Algérie que Rabat accuse d’être l’obstacle à ses desseins expansionnistes. 

    Dans ce contexte, il y a lieu de citer:

    – Les attaques verbales du roi du Maroc en personne contre l’Algérie dans chacun de ses discours officiels 

    – La profanation du drapeau algérien au Consulat algérien de Casablanca, le 1er novembre 2013, par un nervi aux ordres du palais 

    – La multiplication d’incidents frontaliers 

    – L’agitation de la menace d’une confrontation armée avec l’Algérie pour impressionner la communauté internationale 

    – L’inondation du territoire algérien avec des milliers de tonnes de cannabis produit dans la région marocaine du Rif 

    – La création de sites hostiles tels qu’Algeria Times 

    – La création et financement du mouvement amazigh de Ferhat Mhenni 

    – La manipulation d’un mouvement terroriste (MUJAO) pour attaquer des objectifs algériens et enlever, en 2011, les 3 coopérants étrangers qui travaillaient à Tindouf. 

    – La manipulation des incidents de la communauté Mzab à Ghardaia. 

    – La multiplication des attaques cybernétiques 

    – La dystillation de messages accusant l’Algérie de manipuler Al Qaida en vue de s’attaquer au Maroc (emails envoyés à Hillary Clinton et dévoilés par Wikileaks) 

    – Des publications hostiles apparues aux Etats-Unis via des lobbies financés par le Maroc: le Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS), Think Tank Républicain Center for the National Interest, Foreign Policy Research Institute 

    – Financement de lobbies en France : les journalistes Vincent Hervouet, Mireille Duteil, José Garçon, Dominique Lagarde, etc 

    Au niveau régionale:

    – Transmettre à l’opinion publique américaine que le Front Polisario avait des connexions avec le «terrorisme djihadiste. Le journaliste américain Richard Miniter a reçu la faramineuse somme de 60.000 dollars pour un article paru au New York Times. 

    – Les faux reportages de Vincent Hervouet sur TF-1 et iTélé. 

    – Le recrutement de collaborateurs dans les médias mauritaniens pour dénigrer le Front Polisario et l’Algérie. Parmi eux, le nom le plus important est celui de Abdallahy Ould Mohamedi, directeur du groupe mauritanien Sahara Media 

    – Le recrutement de Serge Daniel, correspondant de l’AFP et RFI à Bamako pour accuser le mouvement sahraoui d’accointances avec les terroristes de l’Azawad. 

    – Accuser le Front Polisario de fournir des combattants pour défendre Gadhafi et l’Algérie de leur founir le moyen de transport. 

    – Recrutement d’un ancien policier sahraoui, Moustpha Selma, pour semer la confusion 

    – Accuser le mouvement sahraoui de dévier les aides humanitaires 

    – L’envoi de centaines de resortissants marocains en Lybie pour rejoindre Daech et dont le transit se faisait par l’Algérie 

    – Le financement du terrorisme avec l’argent de la drogue qui provient du Maroc (haschich) et qui transite par le Maroc (cocaine provenant de l’Amérique Latine). 

    – La formation de 5000 jeunes marocains pour mener le cyber-terrorisme contre le Polisario et l’Algérie 

    Au niveau internationale :

    – Recrutement de journalistes et personnalités qui agissent pour donner une fausse image du Maroc 

    – Confrontation directe avec ses anciens alliés : France, Etats-Unis, Union Européenne 

    – Confrontation avec l’ONU : attaques contre le Secrétaire Général de l’ONU et son Envoyè Personnel pour le Sahara Occidental, Christopher Ross. 

    – Manipulation de la communauté marocaine en Europe en vue de s’imposer comme allié indispensable dans la lutte contre le terrorisme. 

    – Presser ses salafistes pour les pousser à rejoindre les rangs de Daech 

    – Corrompre des fonctionnaires de l’ONU dans le but d’empêcher l’ONU de rapporter sur la situation des droits de l’homme au Sahara Occidental et dans les camps des réfugiés sahraouis à Tindouf. 

    – Attaquer les journalistes français Eric Laurent et Catherine Graciet pour empêcher leur nouvelle publication sur le roi du Maroc et venger le régime de leur anciens ouvrages sur le royaume alaouite. 

    Au niveau interne :

    – Maintenir dans le pays une tension basse mais permanente afin de justifier son maintien au pouvoir

    – Sévir contre quelques-uns pour que les autres rentrent dans le rang (Rachid Nini, l’historien et journaliste marocain Maâti Monjib, etc) 

    – Le harcèlement et la punition de ses opposants : De nombreux militants du Mouvement 20 février ont été assassinés. Khalid Gueddar a échappé de justesse à une agression au couteau près de son domicile à Rabat, cambriolage du local de l’AMDH, le lynchage de l’actrice Loubna Abidar, les attaques contre les étudiants sahraouis dans les universités. 

    – La barbouzerie : menaces et insultes téléphoniques en pleine nuit, intimidations, etc 

    – Eliminer tous les supports de la presse réellement indépendante. 

    – Travestir la vérité avec l’adoption de la mythomanie comme stratégie permanente au niveau intérieur et extérieur. 

  • Quand la France corrigeait le Maroc avec un hacker

    Quand la France corrigeait le Maroc avec un hacker – Maroc, Algérie, hacker Chris Coleman, DGED, DST, Abdellatif El Hammouchi, Salaheddine Mezouar, Ignacio Cembrero, Agnès féline, DGSE, Mohamed Anbar, Sahara Occidental,

    Il a beau accuser l’Algérie d’être derrière le hacker Chris Coleman qui a balancé, au mois d’octobre 2014, sur la toile des centaines de documents confidentiels de la diplomatie marocaine et des services d’espionnage marocains, la DGED. Dans son édition du 10/12/2014, le quotidien arabophone marocain Akhbar Alyoum, le ministre marocain des AE, Salaheddine Mezouar, a estimé, en évoquant l’affaire de la fuite de centaines de documents que c’est une « opération des services algériens ». Le Maroc « n’aura de cesse de présenter les preuves attestant que le voisin de l’Est (l’Algérie, ndlr) nourrit le conflit autour du Sahara », a ajouté Mezouar.En accusant le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) d’être derrière la fuite de « documents confidentiels » mettant à nu les pratiques honteuses de la diplomatie marocaine envers l’Algérie et le dossier du Sahara Occidental le régime marocain use de ses habituels faux-fuyants consistant à accuser l’Algérie de tous ses maux. Mezouar accuse, sans apporter bien évidemment la moindre preuve, les services de renseingement algériens d’avoir révélé ces documents, et ne reproche pas à son gouvernement d’avoir opté pour la corruption pour nuire à l’Algérie.

    En accusant l’Algérie, le Makhzen voulait surtout épargner ses maîtres de l’Elysée. Selon le journaliste espagnol Ignacio Cembrero, grand connaisseur du Maroc et du Maghreb, les français ont activé le hacker Chris Coleman après que le Maroc a décidé, en février 2014, de suspendre la coopération judiciaire avec l’Hexagone pour exprimer son mécontentement suite à l’incident relatif au patron de la DST marocain, Abdellatif El Hammouchi. Les conséquences de cette suspension se sont fait sentir en France, puisque, selon l’ancien ministre français de l’Intérieur Charles Pasqua, «le Maroc était l’une de (ses) principales sources d’information ».

    Le 23 mai 2014, Mezouar convoque l’ambassadeur de la France à Rabat, Charles Fries pour lui signifier sa désapprobation suite à une réunion, tenue le 6 mai, entre des membres de l’ambassade, du juge de liaison français à Rabat et l’ancien magistrat marocain Mohamed Anbar. Le lendemain de cette réunion. Le360, un site proche du palais royal, rapporte les détails de cette réunion tout en dévoilant le nom d’une personne présente à la réunion : Agnès Féline, « deuxième secrétaire à l’ambassade de France et chef d’antenne de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) au Maroc ». Suite à la publication de son nom et fonction, cette dernière, « a été contrainte de quitter rapidement le pays », précise le journaliste espagnol. « Qui a prévenu la presse que derrière cette femme accréditée comme diplomate se cachait un agent secret ? », s’est-il interrogé. «  Probablement les mêmes personnes qui l’ont accréditée. Ainsi, dans la capitale marocaine, certains sentent que @chris_coleman24 est la revanche française contre ces coups bas », affirme-t-il.

    Source : Marocleaks, 03/01/2022

    #Maroc #Algérie #SaharaOccidental #Marocleaks #HackerChrisColeman #France #AbdellatifEl Hammouchi #AgnèsFéline #DGSE

  • Maroc: La justice poursuit un bâtonnier et ancien ministre

    Maroc: La justice poursuit un bâtonnier et ancien ministre

    Maroc: La justice poursuit un bâtonnier et ancien ministre – Mohamed Ziane, Abdellatif El Hammouchi, Wahiba Kherchiche

    Les dossiers noirs d’Abdellatif Hammouchi, chef des services de sécurité et de renseignements marocains, sont de notoriété publique. Comme nous l’avions déjà révélé en primeur à nos lecteurs il ya de cela plus d’une année, cet homme mauvais et dangereux, réputé proche du roi Mohamed VI en personne, n’hésite jamais à confectionner de toutes pièces des dossiers compromettants pour faire chanter les gens, ou bien pour extorquer des aveux à de faux terroristes, et faire ainsi passer ses sévices, pardon services, aux yeux de leurs homologues occidentaux pour les meilleurs du monde, notamment en matière de lutte contre le terrorisme. Or, lorsque nous écrivions cela à cette époque, nous étions loin de nous douter que Hammouchi disposait déjà d’une redoutable et effrayante arme, le logiciel espion Pegasus, fourni par ses alliés et complices de l’entité sioniste.

    Avocat et ancien ministre des droits de l’homme Mohamed Ziyan a annoncé qu’il sera jugé sur plusieurs chefs d’accusation, y compris « d’avoir insulté les corps constitués », dans le cadre d’une plainte déposée par le ministère de l’Intérieur marocain contre lui en réponse à son accusation par le service de sécurité d’avoir « fabriqué » une vidéo attentatoire aux mœurs, et particulièrement compromettante.

    L’affaire a trait à l’ancienne officier supérieure des services de police de Hammouchi, Wahiba Kherchiche, présentement réfugiée aux USA. Celle-ci avait été victime d’agression et de harcèlement sexuels de la part de l’officier Boumehdi, ami intime de Hammouchi. Voilà pourquoi sa plainte interne n’a fait l’objet d’aucune suite, alors que son écrit au gens du palais de Mohamed VI, a été sanctionné d’insultes et de menaces à peine traduisibles. Mais, les actes de vengeances n’allaient pas s’arrêter là.

    Les hommes de Hammouchi ne se sont pas contentés de menacer de tuer ses enfants sous ses yeux si « elle ne ferme as sa gueule ». ils sont en effet allés jusqu’à fabriquer une vidéo attentatoire au mœurs, la mettant en scène en compagnie de son avocat, Mohamed Ziane, avocat ayant pignon sur rue à Rabat et ancien ministre des droits de l’Homme. Cette façon de procéder est assez commune aux sbires de Hammouchi.

    Leur recours à la justice aussi, sachant que la logique aurait voulu qu’ils se plaçassent en position défensive. Ceci n’est au reste pas sans rappeler l’attitude adoptée par Rabat vis-à-vis du scandale Pegasus. Alors que les preuves les plus accablantes qui soient accusaient et condamnaient sans appel les services de sécurité marocains, ces derniers, loin de faire le dos rond, histoire de laisser passer la tempête, ont eu recours à la justice.

    Ce faisant, ils font leur l’adage qui dit que la meilleure défense est l’attaque. Oui, à ceci près que ces leurres ne trompent personne.

    Mohamed Abdoun

    La patrie news, 04/12/2021

    #Maroc #Mohamed_Ziane #Wahiba_Kherchiche