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  • Algérie : “Nous voulons être au pouvoir, pas sa façade” (Makri)

    Arrivé troisième derrière le FLN et les indépendants, lors des dernières législatives, et tout auréolé de ses 68 députés, le MSP vient de valider officiellement son refus d’intégrer le nouveau gouvernement qui sera dirigé par l’ex ministre des Finances Aymen Benabderhamane.

    Cette décision prise par le Conseil consultatif, lors d’une session extraordinaire, ce mardi, a été largement explicitée par le président du parti, Abderrezak Makri, lors d’une conférence de presse tenue ce mardi en fin de matinée.

    « Notre option, au début, était de participer au prochain gouvernement, mais en cas de majorité parlementaire et non pas en cas de majorité présidentielle », a déclaré Makri. « Nous avons compris que les autres partis qui ont gagné ces législatives vont finalement former une majorité présidentielle », a indiqué le président du MSP, qui au passage n’a pas manqué de souligner que les quatre partis en question, le FLN et le RND ont “soutenu un autre candidat rival à Tebboune lors des présidentielles de 2019″ , alors que El Bina et Moustakbel avait leur propre candidat.

    Pour le patron du plus grand parti islamiste, le MSP visait la majorité dans le Parlement, mais il a été victime de fraude. Il évoquera ainsi « la double fraude électorale, celle de certains partis qui ont bourré les urnes et qui se sont accaparés des bureaux de vote, et celle, systématique, de certaines forces et des résidus, au sein du système, de la ‘’issaba’’ ».

    Makri estime que le refus d’intégrer ce gouvernement est motivé par le fait que les propositions ou les offres du président Tebboune ne ” nous permettait pas d’influer sur les processus politiques et économiques ». Il dira que « le président tient à son programme, qu’une majorité présidentielle va appliquer. Nous avons proposé de créer un mécanisme concernant la question du programme du prochain gouvernement pour trouver des éléments communs entre le programme du président et celui du MSP. Mais celle ci n’a pas eu de suite ».

    Plus explicite, Makri lâchera cette phrase lapidaire, mais pleine de sens: « nous voulons être dans le pouvoir, pas dans sa façade ».

    Selon lui, la présidence a réclamé 27 noms parmi lesquels quatre ou cinq devaient être retenus pour des postes de ministres. Cependant, le chef du MSP a indiqué que son parti restera dans l’opposition, mais soutiendra le président Tebboune sur quatre axes « prioritaires », selon ses termes : le développement socio-économique, la résistance aux « forces étrangères » et « colonialistes », l’unité nationale et la « défense de l’identité nationale ».

    Cette position de refus de la part du MSP de faire partie d’un cabinet exécutif s’explique par la doctrine idéologique de cette formation de l’Internationale des Frères musulmans. Une doctrine qui alterne entre deux concepts propres à leurs démarches selon des rapports de force politique: la “moucharaka” et la “moughalaba”, entre l’entrisme ou participationnisme et l’opposition. Le chef spirituel du MSP, le défunt Mahfoudh Nahnah, fut le premier à développer cette stratégie, durant les années 90 du siècle dernier, alors que le pays vivait une situation tragique. Nahnah y amena son mouvement à participer pratiquement à toutes les élections présidentielles, législatives et locales, et à tous les gouvernements successifs depuis 1995. Le fameux entrisme a trouvé toute sa plénitude avec la nomination des touts premiers ministres islamistes BCBG, dont Bengrina l’actuel patron du mouvement El Bina, dans le gouvernement de Abdelaziz Bouteflika durant son premier mandat en 1999.

    Quand la situation politique et économique est favorable, le MSP ne crache pas sur un ou deux porte-feuilles, quitte à prendre les moins influents, les moins valorisants, comme le Tourisme ou l’Artisanat, voire l’Industrie ou la Solidarité nationale.

    Cependant, le refus de l’entrisme dure depuis déjà huit ans au moins. Avec Makri comme chef de parti, le MSP lâche d’abord la fameuse Alliance présidentielle qui soutenait l’ancien régime, alors que soufflait sur le monde arabe les premiers vents de la révolte et de la contestation, dite du “printemps arabe”. A l’époque, les émeutes de l’huile et du sucre étaient perçues comme des indices d’un imminent effondrement du système. Makri voulait justement en profiter de ce contexte avec l’usage de sa “moughalaba”, choisissant de basculer vers l’opposition, d’abord feutrée, puis directe.

    Aujourd’hui, avec une conjoncture économique et financière inextricable, des défis majeurs sur le plan social, le MSP ne veut surtout pas prendre de risque politique, ni vouloir endosser les probables échecs des futures réformes que Tebboune et son tout nouveau Premier ministre veulent lancer dans l’immédiat.

    Le Jeune Indépendant, 30 juin 2021

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  • Algérie : Un expert financier à la tête du gouvernement

    Le président Abdelmadjid Tebboune vient de nommer Aymen Benabderrahmane nouveau premier ministre, en remplacement de Abdelaziz Djerad.

    C’est ce qu’indique un communiqué de la présidence qui précisera , en outre, que Tebboune a chargé le nouveau premier ministre de poursuivre les consultations avec les partis politiques en vue de constituer son gouvernement.

    Lors de son accueil, le président Tebboune lui a indiqué que le gouvernement doit être prêt la semaine prochaine. « Vous êtes habilité pour cette mission parce que l’avenir est plutôt économique et social, et, par conséquence, financier. Et vous êtes un expert du dossier financier. Je vous souhaite plein le même succès que vous avez eu à la tête du ministère des finances », a-t-il ajouté.

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  • Les élections algériennes vues par Open Democracy

    Ces élections étaient censées livrer une « Nouvelle Algérie ». Alors pourquoi les Algériens n’ont-ils pas voté ?
    Le pays vient de connaître son taux de participation le plus bas jamais enregistré, affaiblissant la position des élus et exposant un fossé persistant

    Samedi 12 juin, les Algériens se sont rendus aux urnes pour voter pour un nouveau parlement. Il s’agissait de la première élection depuis la démission du président Bouteflika en 2019, à la suite des manifestations de masse appelées mouvement Hirak.

    L’élection a vu d’importants boycotts de la part d’une grande partie de l’opposition et le scepticisme d’une grande partie de la population quant à la probabilité d’un changement significatif. Le taux de participation a été le plus bas jamais enregistré dans le pays, confirmé à seulement 23% par l’Autorité électorale nationale indépendante (ANIE), qui a été créée à la suite des manifestations de 2019. La faible participation nuit à la réputation des élus et des efforts bien plus importants seront nécessaires pour inclure les Algériens dans les institutions politiques de leur pays.

    Plus de 20 000 candidats se sont présentés pour 407 sièges, représentant 58 régions électorales. Un peu plus de 10 400 de ces candidats provenaient de 28 partis politiques, qui se présentaient avec 646 listes, mais un nombre encore plus important (12 086) étaient des indépendants, qui se présentaient avec un nombre sans précédent de 837 listes.

    Dans certaines régions, des bureaux de vote ont été fermés en raison d’affrontements entre manifestants et autorités, selon des journalistes.

    Le chef de l’ANIE, Mohamed Chorfi, a annoncé les résultats mardi 15 juin et le président de la Cour constitutionnelle Kamel Fenniche a confirmé et mis à jour les résultats une semaine plus tard, mercredi 24 juin.

    Les partis nationalistes traditionnels, le Front de libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND), alignés, qui dominent la scène politique en Algérie depuis son indépendance, ont été durement touchés. Bien que le FLN remporte encore globalement, il perd 57 sièges, passant de 155 à 98. Les candidats indépendants, dont de nombreux jeunes sans affiliation politique, arrivent en deuxième position avec 84 sièges. Le parti islamiste modéré, le Mouvement pour une société pacifique (MSP), a augmenté sa part des voix pour prendre la troisième place, suivi par le RND.

    Un changement significatif est la baisse du nombre de femmes députées de 35 % à 8 % du parlement, malgré le fait que les femmes candidates représentent la moitié de tous ceux qui se sont présentés. Cela peut s’expliquer par l’atmosphère politique très patriarcale qui a accompagné la campagne électorale. De même, des responsables de l’ANIE nous ont fait remarquer que le processus de sélection des candidats permettait des dérogations si les quotas de genre ne pouvaient pas être respectés. Une directive informelle signée par l’ANIE demande aux délégués de ne pas être trop stricts sur la question des quotas pour les femmes, au lieu de donner la priorité, semble-t-il, à de nouveaux quotas pour les jeunes candidats. le peuple et les partis politiques.

    Participation des jeunes

    Le président Tebboune a appelé à ces élections législatives anticipées, dans le cadre de sa feuille de route pour une « Algérie nouvelle ».

    Pour inciter les jeunes à participer, des quotas ont été mis en place dans la nouvelle loi électorale de 2021 pour garantir qu’au moins la moitié des candidats de chaque liste aient moins de 40 ans et qu’au moins un tiers soit titulaire d’un diplôme universitaire.

    Des subventions d’environ 2 000 £ ont également été offertes aux candidats âgés de 40 ans ou moins, pour financer leurs campagnes électorales. De nombreux Algériens plus âgés ont ironiquement appelé cela le « parlement de l’emploi des jeunes ».

    Cela a certainement tenté un groupe de jeunes, déçu par l’absence d’une feuille de route tangible du Hirak, à s’engager dans les élections et à réfléchir à la manière de contribuer à l’avenir du pays.

    Le Dr Loubna Nacer, membre d’un réseau de jeunes chercheurs, de l’Université de Bordj Bou Arreridj, a souligné que le mouvement Hirak « a vraiment changé les mentalités et les mentalités des jeunes ». En particulier, a déclaré Nacer, cela les a rendus «plus engagés dans la protection de leur environnement local. C’était une question politique. Faire quelque chose de positif au niveau local faisait partie de la création de la « Nouvelle Algérie » à laquelle tant de jeunes aspiraient. »

    Divers forums de la société civile, en particulier depuis 2011, ont fait campagne pour un changement politique en Algérie, ciblant le Parlement et la presse, ainsi que travaillant activement sur le terrain sur un large éventail d’actions, de la solidarité à l’environnement et à l’entrepreneuriat social. Les jeunes ont été à l’avant-garde de tout cela.

    Perte de confiance

    Le mouvement Hirak de 2019 a démontré la frustration de toute une génération face à son exclusion de la vie politique. Il a dénoncé avec éloquence la corruption et la hogra (le mépris des citoyens ordinaires) des anciennes manières de gouverner. La réponse positive des manifestants algériens, qui ont brisé le mur de la peur autour de la protestation politique et revendiqué leurs droits de manière toujours pacifique, pendant de nombreuses semaines, a été remarquable.

    Les récents entretiens que le président Tebboune a accordés aux journaux français Le Point et Al Jazeera, ainsi que les conférences de presse, à la fois le jour des élections et avant, ont mis en évidence les mesures prises par le gouvernement pour communiquer plus ouvertement.

    S’adressant aux Algériens dans le pays et à l’étranger, pour exposer les aspirations et les défis et risques auxquels le pays est confronté, les discours du président semblaient être une tentative de rétablir la confiance dans les institutions algériennes.

    L’élection a suscité le scepticisme d’une grande partie de la population quant à la probabilité d’un changement significatif

    Alors que d’importants débats sont en cours, notamment en ligne, le Hirak est affaibli car il ne propose pas de solutions de terrain aux problèmes auxquels le pays est confronté.

    Le Hirak a appelé à la démocratie, et c’est lors des élections, aussi problématiques soient-elles, que la voix du peuple se fait entendre. L’élection des représentants au Parlement est primordiale pour garantir que les personnes qui détiennent le pouvoir l’exercent équitablement et pour aider les personnes à exercer leurs droits sociaux, civils et politiques.

    Avant ces élections, de grandes grèves ont frappé différents secteurs, notamment l’éducation, la santé et les services postaux. La pandémie, les confinements et les fermetures de frontières ont durement touché l’Algérie et sa diaspora, tout comme la chute des prix du pétrole à la suite des ralentissements mondiaux. Le chômage reste un défi majeur. Soutenir les entreprises pour sortir de la crise, diversifier l’économie, améliorer les soins sociaux, la santé et l’éducation, passer aux énergies renouvelables et restaurer la confiance dans les institutions, sont tout aussi importants à réaliser.

    Une nouvelle Algérie

    Des scandales de corruption – notamment des candidats payant pour être à la tête d’une liste de parti, et des salaires triplés sous le président précédent, Abdelaziz Bouteflika – et l’impression du parlement comme inefficace, simplement un tampon pour les décisions prises par l’exécutif, soulignent besoin de changement. Les divisions sur le vote et le faible taux de participation indiquent le scepticisme des Algériens quant à son exécution, ainsi qu’un rejet de la feuille de route de Tebboun par le Hirak.

    Un changement significatif proviendra plus probablement du véritable activisme dans les rues d’Algérie, comme cela a été le cas pendant le Hirak, et du travail de terrain des jeunes, des associations, des groupes communautaires, du journalisme et des débats en ligne organisés par des universitaires et des personnalités de la société pays.

    Les jeunes sont engagés et participent à des projets communautaires, tels que la protection de leur environnement et la création de petites et moyennes entreprises dans une multitude de secteurs contribuant à la reprise post-COVID et à la régénération au niveau local. Rétablir leur confiance dans les institutions politiques et renforcer ces institutions est une prochaine étape importante.

    A l’issue des élections, le président Tebboune a annoncé que « la participation n’était pas importante ». Il est certain que pour son gouvernement, la principale priorité était de restaurer la relation endommagée entre la gouvernance algérienne, et en particulier le processus électoral, et les citoyens. Les administrations électorales, les ministères et les missions diplomatiques ont tous dû accepter le rôle indépendant de l’ANIE. Il n’est pas clair si cela s’est produit.

    La reconstruction et la revitalisation des institutions politiques du pays seront primordiales pour garantir que l’Algérie se redresse de manière juste et durable et prospère au cours des prochaines décennies.

    Open Democracy, 30 juin 2021

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  • Algérie : En attendant le gouvernement

    par Abdelkrim Zerzouri

    Le tour est-il fait sur la question de la formation du prochain gouvernement après les rencontres organisées par le président de la République dans le cadre des consultations politiques avec les représentants des partis et les indépendants, qui ont obtenu le plus grand nombre de sièges à l’Assemblé populaire nationale (APN) à l’issue du vote du 12 juin dernier ? Peu ou pas du tout habitué à ce genre de tractations politiques qui précèdent la constitution d’un nouveau gouvernement, dont les critères de choix des femmes et des hommes qui le composent obéissaient jusque-là à la cooptation, les chefs des partis concernés par ces rencontres étaient très avares sur les discussions qu’ils ont eues avec le président de la République.

    C’est à peine si l’opinion a eu droit à des généralités sur le sujet dans les déclarations des chefs de partis et du représentant des indépendants à leur sortie de la rencontre avec le président de la République. Globalement, loin des résultats décrochés aux dernières législatives, tous semblaient adopter un discours d’humilité qui les prédispose à composer les uns avec les autres dans l’union. Le FLN, qui veut avoir du poids dans le prochain gouvernement, a souligné à l’issue de la rencontre avec le président de la République l’importance de la participation des partis vainqueurs aux législatives du 12 juin pour «l’avenir du pays sur tous les plans».

    Alors que ce dernier parti, qui est arrivé en tête avec 98 sièges, a seulement précisé dans ce cadre qu’il n’exclut aucune partie dans la formation du nouveau gouvernement, le représentant des indépendants a vaguement indiqué que le président de la République était attentif à leurs propositions, le MSP y voit à l’issue de la rencontre en question que le débat a été «bénéfique et riche», le parti El Moustakbal a estimé pour sa part que les défis socioéconomiques exigent l’unité de toutes les forces politiques nationales, le RND veut «un gouvernement de compétences et non pas un gouvernement de partage de butin» et El Bina a carrément évoqué la nécessité de former un gouvernement de «commando politique» dans les plus brefs délais.

    En somme, l’opinion n’est pas plus avancée sur les têtes et leurs couleurs politiques qui vont entrer dans ce nouveau gouvernement. Les concernés n’ont-ils pas essayé d’introduire ou de proposer des noms de leurs députés «ministrables» ? La teneur du débat lors de ces rencontres a-t-elle été, à ce point, superficielle ou cache-t-on le jeu et les ambitions des uns et des autres ? Pourtant, au vu des urgences qui attendent le nouveau gouvernement, il est utile d’aller droit au but dans cette courte période pour aborder les choses plus sérieuses. Mais, dans ce brouillard, on voit bien que le programme du président de la République trouvera écho favorable au sein d’une large majorité des députés. Cela, sans qu’on voit se dessiner une quelconque alliance présidentielle, puisque des partis et les indépendants soutiennent ouvertement ce programme indépendamment les uns des autres, pour le moment. Dans cette logique, on aura un Premier ministre choisi par le président de la République à la tête du gouvernement et non un Chef de gouvernement issu d’une majorité qui aura son propre programme à appliquer, comme le stipule la Constitution. C’est ce qu’on ne sait pas sur ce nouveau gouvernement, dont le choix de sa composante n’arriverait certainement pas à contenter tout le monde. Et de là naîtrait une «opposition» de ceux qui refuserait d’y faire partie, pour ne pas de faire de la «figuration» dans des ministères de moindre importance que leur ambition politique ?

    Le Quotidien d’Oran, 30 juin 2021

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  • Algérie – Gouvernement : Quel choix pour Tebboune ?

    Fin des consultations pour la formation du gouvernement
    Quel choix pour Tebboune ?

    Le président Tebboune a achevé hier le cycle des consultations avec les six forces politiques vainqueurs des législatives du 12 juin, à savoir le FLN, les Indépendants, le MSP, le RND, El Moustakbel et El Bina dont les responsables se sont succédés à El Mouradia de samedi à lundi. Arithmétiquement, ces six partis, en totalisant le maximum de sièges sur 407, offrent une assise extrêmement large au président pour constituer sa majorité ; sauf que le faible taux de participation, à peine 23%, plombe considérablement sa légitimité. Raison pour laquelle, il n’est pas sans intérêt de se demander si le président ne va pas, dans les prochains jours, élargir le cercle de ses consultations à des personnalités politiques pour les sonder sur leur vision de la crise politique et, pourquoi pas, les hommes qu’il verrait dans le prochain exécutif.

    On parle à ce propos de possibilité de voir le président consulter les anciens premiers ministres Mouloud Hamrouche, Ahmed Benbitour, Abdélaziz Belkhadem dont le nom est d’ailleurs dans le chapeau qui contient de probables chefs du futur exécutif. Dans l’optique de ces mêmes consultations, on parle aussi de l’ancien président Zeroual qui a l’oreille du président Tebboune, d’autant plus qu’au lendemain de la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel, il a pris son téléphone pour appeler le président Tebboune pour le féliciter du « bon déroulement des législatives qui ont permis aux algériens de choisir librement leurs représentants ».

    Dès lors que la constitution donne au président de la République un délai de 30 jours pour travailler à la configuration et la composante du futur gouvernement, il a toute la latitude pour consulter tous azimuts, y compris des partis qui n’ont pas adhéré au processus électoral, s’il veut cristalliser l’objectif du consensus politique recherché. Ce consensus, s’il venait à se traduire, ne serait-ce qu’à minima, serait pour le futur Gouvernement comme une sorte de bonus pour entamer sa dure mission dans un climat moins miné et moins tendu.

    L’ampleur des défis, particulièrement sur le plan économique, qui sera la mère des batailles sur l’agenda du futur exécutif, exige du président un soin méticuleux dans le choix du Gouvernement qui doit s’appuyer exclusivement sur des critères de compétence, de conviction et d’engagement. Des critères en rupture avec les mœurs bouteflikiennes qui ont consacré allégeance, clientélisme et régionalisme pour le choix des ministres, nommés, ou pas au service d’un projet politique national, mais à la solde de l’ambition d’un homme qui se croyait destiné à un pouvoir à vie. Ce qui, de l’avis des analystes politiques, expliquent finalement les échecs successifs des différents gouvernements qui se sont succédés depuis 1999, malgré des conditions économiques idéales et un retour de la paix civile, après dix années de violence islamo-terroriste.

    En fait, le début du commencement de la solution à la crise du pays, c’est d’abord la composante de l’équipe que le président Tebboune aura choisie au bout de ses consultations.

    H. Khellifi

    L’Est Républicain, 29 juin 2021

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  • Algérie : A la hauteur de la conjoncture

    Le président Abdelmadjid Tebboune, comme le veulent les us démocratiques, continue ses consultations en vue de la constitution du nouveau gouvernement. Ainsi les formations politiques qui ont eu le plus de siéges au parlement après les législatives du 12 juin dernier, sont reçues les unes par les autres, et selon le classement de leurs résultats, par le premier magistrat du pays.

    Il s’agit en fait de faire un large tour d’horizon pour connaître les doléances et ambitions des victorieux, mais aussi de mettre chacun dans la réalité de la conjoncture actuelle du pays. Quoi qu’il en soit, ce sera au président de choisir son Premier ministre, du moment qu’aucune formation n’a eu la majorité absolue. Le président a toutes les cartes en main et peut former le gouvernement qu’il entend et qu’il croit à même de pouvoir concrétiser sur le terrain son ambitieux programme qu’il a dévoilé depuis plus d’une année maintenant.

    Mais il reste que le prochain gouvernement a besoin du cautionnement du parlement le jour de la présentation de son programme. Et la nouvelle équipe a besoin de l’assentiment des nouveaux députés pour mettre en musique son programme. Et c’est là, qu’il est bien préférable de ne pas avoir trop d’anicroches et de ne pas voir le plan de l’exécutif souffrir d’un quelconque retard, ou plus d’une quelconque remise en cause. D’où tout l’intérêt de s’assurer du soutien et de l’approbation des forces majoritaires au sein de la nouvelle assemblée populaire nationale, dont y compris les indépendants.

    Une recherche d’équilibre qui s’engage dès maintenant et dans ces tractations engagées par le président de la République depuis deux jours déjà. C’est le mécanisme ordinaire dans toute démocratie qui se respecte. Et c’est vers ce modèle que tend la nouvelle Algérie qui se construit jour après jour, à travers les actes et le choix de retourner vers le peuple à chaque rendez-vous électoral.

    Aujourd’hui les Algériens attendent avec impatience la composante du nouveau gouvernement et la personnalité qui aura à le diriger. Car bien malin celui qui peut affirmer avec exactitude qui sera le prochain Premier ministre, ce qui suppose que les jeux sont loin d’être faits et qu’il s’agit de trouver et de former une équipe gouvernementale capable de faire face aux innombrables problèmes auquel fait face le pays, à commencer par la crise sanitaire, la relance économique mais aussi un front social qui attend beaucoup du prochain gouvernement.

    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 28 juin 2021

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  • Algérie : Le choix du roi pour le président Tebboune

    L’issue de l’élection législative anticipée du 12 juin dernier a donné au pays une cartographie politique inédite : contrairement aux scrutins précédents, la future Assemblée populaire nationale (APN) sera quasiment à sens unique. Aucun parti d’opposition ne siégera dans la chambre basse du parlement. Les résultats de cette élection législative, que devait confirmer hier soir le Conseil constitutionnel, sont en faveur du chef de l’Etat. Abdelmadjid Tebboune aura tout le loisir de constituer une majorité présidentielle, donc de nommer un premier ministre de son choix sans se sentir obligé de prendre en compte les positions de chacun des partis politiques en compétition. Résultat : en dehors du Mouvement de la Société pour la paix (MSP) qui attend un signal de la présidence de la République, les autres groupes et formations politiques ont fait leur allégeance au président de la République.

    Après le FLN et les indépendants, le Rassemblement national démocratique, RND, a fait connaître lui aussi son camp. Tayeb Zitouni, qui s’exprimait hier à Alger, a indiqué que pour lui, après les législatives du 12 juin, « les contours de la nouvelle Assemblée populaire nationale (APN) se dessinent de façon claire », et il s’est avéré que le RND « est un des acteurs dans le pôle national qui constitue, aujourd’hui, la nouvelle carte politique de l’Algérie ».

    M. Zitouni a également souligné que le groupe parlementaire issu des dernières élections législatives « dira son dernier mot et aura des positions importantes qui refléteront le débat politique conscient adopté par les militants du parti lors de la campagne électorale». Pour lui, le groupe parlementaire du RND « orientera ses premiers intérêts vers la concrétisation des objectifs du parti, des intérêts qui se rencontrent dans beaucoup de points, avec le projet du président de la République et des groupes politiques au sein du Parlement». Lundi dernier, le groupe des indépendants s’est réuni à Alger. «Nous sommes les élus des listes indépendantes aux législatives du 12 juin.

    Nous serons des membres actifs au sein d’un bloc et d’une classe large plus cohérente et efficace, en vue de soutenir et appuyer le programme du Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, visant à édifier une Algérie Nouvelle aux contours clairs avec des fondements politiques et une pratique démocratique qui prônent le développement dans tous les domaines», lit-on dans un communiqué sanctionnant cette réunion. Les indépendants seront très probablement la locomotive de la future alliance présidentielle.

    Auparavant, le FLN avait lui aussi annoncé son soutien au chef de l’Etat. Mais comme le RND, le chef de cette formation, Abou El-Fadhl Baadji, sait que son parti ne sera pas mis en avant par le chef de l’Etat lors de la composition du gouvernement. Les deux partis se contenteront de quelques ministères. Ce sera aussi le cas d’El-Moustakbal et d’El-Bina qui entreront certainement au gouvernement. Il reste désormais à scruter la position du MSP. Le parti de Abderrazak Makri pour intégrer « un gouvernement d’union nationale ». Mais si le chef de l’Etat ne fait pas appel à ses services, il va jouer le rôle de l’opposition !

    Akli Ouali

    L’Est Républicain, 24 juin 2021

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  • Algérie : Après les législatives anticipées.Et, maintenant ?

    Par Abdellali Merdaci

    Selon un journal d’Alger, zélateur du néo-hirak, un candidat aux législatives anticipées du 12 juin a été élu député, à Constantine, avec trois cent voix (1). L’événement, en soi, peut paraître absurde, mais il n’entache en rien la légalité de cette élection.Bienvenue, M. le député ! Dans le contexte national algérien actuel, marqué par une irréductible pandémie sanitaire et par les dérives d’aventuriers stipendiés de la politique, seul compte le socle de la légalité dans une organisation du vote sans heurts et l’indispensable légitimité proclamée est celle de l’action, davantage que celle des chiffres. Du reste, les chiffres vitaminés d’une élection ne sont jamais consentis à une gouvernance meilleure, ainsi qu’en témoignent les élections de l’ère Bouteflika. L’écrivain et journaliste Mohamed Benchicou rapporte dans un remarquable essai biographique (2) comment le candidat Abdelaziz Bouteflika exigeait, en 1999, des généraux qui l’ont ramené au pouvoir de décider de ses propres chiffres électoraux. À l’évidence, le tripatouillage des résultats électoraux est exclu dans l’Algérie nouvelle et c’est une précieuse évolution démocratique.

    Monsieur Abdelmadjid Tebboune a rappelé, au-delà des chiffres de participation aux différentes consultations électorales (12 décembre 2019, 12 juin 2021) et référendaire (1er novembre 2020), la légalité de la démarche politique et institutionnelle qui les fonde. En démocratie, l’électeur a le droit de s’abstenir ou de boycotter une votation : si la politique de la chaise vide n’a jamais été payante, l’État algérien, qui n’impose rien, protège sa liberté de conscience. Dans aucun pays et dans aucune démocratie, même parmi les plus avancées, le taux de participation le plus bas n’a invalidé une élection et disqualifié ses candidats élus. Dans les faits, abstentionnistes et boycotteurs ne forment ni un parti, ni une tendance politique lisible, ni une majorité

    Pourquoi, à défaut d’une vraie opposition politique, une presse bien-pensante – qui la supplée – ne cesse d’asséner au président de la République et aux Algériens une incertaine logique des chiffres ? Il n’y a pas de « légitimité populaire » : qu’un candidat soit élu à 100 % des électeurs inscrits n’est pas un gage de réussite de son mandat. Sauf à tournebouler le sens des mots, la seule légitimité consensuelle appartient à l’Histoire. M. Tebboune, président de la République, écrit une page de l’Histoire de l’Algérie, et cette page, il faut se garder de la juger hors de l’heure du bilan.

    Lorsqu’on évoque dans notre pays, dans les marges de toute consultation électorale démocratique, la formation d’un champ politique national, résolument national, l’absolu critère est celui de l’unité de la Nation algérienne. Or, le néo- hirak, érigé en dehors de toute légalité ces derniers mois par une presse qui lui est acquise en principal opposant du pouvoir d’État, parasité par des organisations nettement terroristes (Rachad, MAK) et par des acteurs politiques formés par les services américains de la démocratisation du monde arabe, du Moyen Orient au Maghreb (3), en est éloigné. Il ne peut se projeter que dans le chaos pour mettre à terre les institutions de l’État, notamment la présidence de la République, et ses chartes, particulièrement la Constitution, ses garants juridiques.

    Cette politique de destruction, sans honneur et sans loyauté, perdure. Après le 22 février 2019, contre un gouvernement sans gouvernail et sa ‘içaba, il fallait un changement de cap, le hirak originel pouvait l’incarner dans une brève période de latence politique, le néo-hirak, qui prétend le continuer dans l’usurpation et dans l’imposture, constitue un obstacle. Il est de bonne guerre, contre cet ennemi de l’intérieur et de l’extérieur répondant à des agendas pernicieux, que le président Tebboune fasse valoir l’impérieuse nécessité de la légalité institutionnelle. L’Algérie, déstructurée par le long règne des frères Bouteflika, appelle cette impulsion vers l’État légal, qu’il conduit opiniâtrement.

    Alors même que le président de la République s’appuie sur un programme de refonte du pays et parle régulièrement aux Algériens (4), quels arguments leur présentent ceux qui ambitionnent de faire tomber l’État algérien par de continuels mouvements de rue, troublant la paix sociale, et échappant à toute réglementation administrative et juridique ? Quelles sont les attentes des « ténors autoproclamés » (Ahmed Bernsaada) du néo-hirak ? Maîtres Mustap Bouchachi et Zoubida Assoul, secondés par Karim Tabbou et Abdelouahab Fersaoui (RAJ), bénéficiant de l’onction du sociologue français Lahouari Addi, activistes de mauvais aloi, formés et financés par les experts américains de l’agit-prop, envisagent sûrement de mettre l’Algérie sur les rails d’une politique antinationale, dans la perspective des États-Unis d’Amérique, de l’Europe et, singulièrement, de la France. Ils proposent un programme d’ouverture politique vers l’extérieur rompant avec les fondamentaux de l’État algérien issu d’une terrible Guerre anticoloniale, qu’ils souhaitent effacer, ainsi le droit des peuples sous domination coloniale, notamment en Palestine et au Sahara occidental, à l’autonomie politique nationale. Ce changement politique s’adossera sur l’établissement de relations diplomatiques avec Israël et sur la reconnaissance des thèses sionistes. Sous la direction de cette phalange d’illuminés, l’imparable progrès social serait d’ouvrir des terrasses à bière sur les avenues d’Alger, de libéraliser les mœurs (5) et d’engager une politique déterminée vers la bi-nationalité franco-algérienne pour contenter les bobos d’Alger, leur clientèle assurée et reconnue, qui ne pèse pas lourd dans l’échiquier électoral. Qu’ils aillent donc expliquer ce programme politique à l’électeur de la bourgade de Slim. Le MAK, pour sa part, n’a qu’un exclusif horizon politique, la sécession de la région kabyle d’Algérie (Tizi-Ouzou, Bejaia, en partie Bouira, Boumerdès, Sétif et Bordj Bou-Arréridj), faisant corps pendant des millénaires avec l’Algérie, relevée par cinquante-neuf années d’accompagnement exceptionnel de l’État algérien, pour la livrer à la France et à Israël. Quant aux islamistes de Rachad, leur objectif unique est de se venger de la cuisante défaite que leur a infligée, dans les années 1990, l’État algérien dont ils envisagent, désormais, l’anéantissement en manipulant la rue dans un jeu pervers et criminel.

    Le reproche qu’il faudra faire à ces « ténors autoproclamés », c’est qu’ils ne s’adressent jamais clairement au peuple algérien sur leurs intentions. Leur fuligineuse antienne, devenue incantatoire, est de briser l’État algérien pour aller sûrement vers la dislocation du pays. Est-ce que l’extrême majorité des Algériens, et notamment ceux qui pour différentes raisons ne votent pas, et il faudrait y voir un effet du long règne autoritaire des frères Bouteflika plus qu’un désaveu du pouvoir d’État, approuveraient ce projet ? Quel Algérien se prévaudrait d’une tabula rasa, du démembrement de la terre sacrée d’Algérie et du démantèlement de ses institutions ? Il n’est ni indifférent ni inintéressant de savoir qui est à la manœuvre dans cette entreprise funeste de nettoyage du pays : de grands bourgeois à fort revenu bien installés dans la capitale, souvent rétribués sur les fonds régaliens de l’État (6), qui se soucient comme d’une guigne des marcheurs des cités populaires dont ils exploitent le malheur, des islamistes de Londres et Genève, bazaris discrédités, sans attache réelle avec le pays, des séparatistes kabyles emmenés par un chansonnier de cabaret sauvage, qui reçoivent – contre toute attente – le soutien de communistes, héritiers de l’ancien PAGS, et des trotskistes du PST, représentants du peuple ouvrier arborant autrefois comme signe de ralliement une paire d’espadrilles (« sbidri ») éculée, tout feu, toute flamme contre l’État national algérien. Voilà les ennemis de l’Algérie, de l’État algérien et de M. Tebboune. Comment imaginer un « Bousbidri » en affaire politique avec un islamiste, un makiste et un bourgeois prédateur des beaux quartiers d’Alger – et, inversement ? Cette conspiration de cloportes, cette association bancale de groupes politiques sans ressort dans la société, de séparatistes hargneux et de terroristes sanguinaires dont la mesure commune est la chute de l’État légal, leurs fourvoiements violents et vertigineux n’ont aucun avenir en termes politiques et électoraux.

    L’Algérie est une jeune nation, sortie de l’emprise d’un colonialisme français génocidaire qui a exterminé, entre 1830 et 1962, un quart de sa population. Ce pays d’infinie souffrance mérite d’exister. Aujourd’hui, le plus urgent engagement qui vaille est d’en défendre l’intégrité territoriale et la pérennité de ses institutions. L’unité de la Nation algérienne, désormais menacée et fragilisée par les soutiers de plans étrangers mortifères, est à ce prix. Maintenant, au-delà de la feuille de route de M. Tebboune, l’urgence pour le gouvernement et le parlement, et peu importe leurs soubassements partisans et idéologiques, est de penser des lois renforçant le cadre politique et institutionnel légal pour protéger contre toute hypothèse insurrectionnelle la Nation algérienne et l’inscrire dans la durée. Que vive l’Algérie !

    Notes

    1.« Le Quotidien indépendant », 18 juin 2021.
    2.« Bouteflika, une imposture algérienne », Alger-Paris, Le Matin Éditions-Jean Picollec, 2004.
    3.Je renvoie sur cet aspect aux publications strictement documentées d’Ahmed Bensaada, notamment « Qui sont ces ténors autoproclamés du hirak ? », Alger, Apic, 2020, et aux articles sur ce thème publiés sur son site web : www.abensaada.com.
    4.Le président de la République est dans son rôle de défendre l’Algérie et de porter la voix de l’Algérie dans tous les médias du monde qui le sollicitent, quelles qu’en soient les lignes éditoriales. Son récent entretien avec « Le Point », porte-parole de la droite française, historiquement fermé à l’Algérie et proche du Makhzen, est en termes de politique algéro-algérienne un contre-sens. Comment les conseillers du président chargés de la presse ont-ils accepté qu’il soit interrogé par deux ex-Algériens devenus Français, l’un par le mariage avec une Française (Adlène Meddi), l’autre par choix personnel (Kamel Daoud) ? Si Meddi évite tout prosélytisme, Kamel Daoud se présente comme le « Français du futur » et invite les Algériens à le rejoindre dans ce choix. Alors qu’il n’y a pas de législation algérienne autorisant la double nationalité entre l’Algérie et la France, l’accueil à la présidence de la République de journalistes néo-Français peut être perçu comme une caution à la course vers la bi-nationalité franco-algérienne. Déception et regrets.
    5.On en a une représentation fidèle et juste dans l’expression des attentes de la jeunesse dorée d’Alger et d’Oran dans le documentaire de Mustapha Kessous « Algérie, mon amour » (France 5, 26 mai 2020). Mais cette projection libérée des mœurs est visible dans les grandes cités du pays et dans les couches sociales supérieures.
    6.Ainsi, Mme Assoul, cheffe de parti, pressentie dans un triumvir dirigeant une transition politique en Algérie, une des doléances du néo-hirak, a été accusée publiquement par un sénateur constantinois de percevoir une mirobolante retraite à vie pour une mission parlementaire dans les années 1990. Elle n’y a pas réagi.

    Algérie54, 22 juin 2021

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  • Algérie : Les Indépendants dans le camp du Président

    CE RALLIEMENT DONNE UNE IDÉE SUR LA CONFIGURATION DE LA NOUVELLE ASSEMBLÉE : Les Indépendants dans le camp du Président

    Sans surprise, les élus issus des listes indépendantes promus à la nouvelle Assemblée populaire nationale ont rallié le président Tebboune, auquel ils ont apporté l’appui dans son programme.

    Gratifiés de 78 sièges qui leur ont assuré une deuxième place à la neuvième législature, les indépendants ont, à travers cette motion de soutien, renvoyé l’ascenseur au chef de l’État qui, aussitôt a-t-il entamé son mandat, a misé gros sur la société civile dans le chantier du renouvellement des institutions élues.

    En effet, s’étant réunis hier à Alger, les élus indépendants ont décidé de constituer d’ores et déjà un bloc dans la nouvelle Assemblée populaire nationale à l’effet de peser sur un échiquier tradition longtemps incarnée par les partis inféodés à l’ancien régime, pour ne citer que le FLN et le RND. À ces deux formations qui faisaient autrefois la pluie et le beau temps s’ajoutent les islamistes qui, en dépit du fait qu’ils reçoivent une débâcle à cause d’une majorité tant caressée mais qu’ils n’ont pas eu, se reconvertiraient dans une sorte d’opposition, soit-elle dans la forme. Ainsi, dans un communiqué sanctionnant les travaux de leur réunion, les indépendants expliquent leur démarche.

    « Nous sommes les élus des listes indépendantes aux législatives du 12 juin. Nous serons des membres actifs au sein d’un bloc et d’une classe large plus cohérente et efficace, en vue de soutenir et appuyer le programme du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, visant à édifier une Algérie Nouvelle aux contours clairs avec des fondements politiques et une pratique démocratique qui prônent le développement dans tous les domaines », pouvait-on lire dans un communiqué repris par l’APS.

    Au-delà d’un soutien au chef de l’État, ces élus ont exprimé « leur fierté et leur appui » à « l’effort et à la démarche sincère du Président Tebboune dans l’édification de la voie démocratique qu’il a engagée », soulignant que cet effort « repose sur l’État des institutions et les potentialités nationales », dans le cadre des valeurs de la Révolution de Novembre 1954 et sa Déclaration historique, en sus des « aspirations au changement positif exprimées par le Hirak populaire béni et authentique ». Ils en veulent pour preuve encore à leur engagement en faveur du président de la République, « l’engagement » du chef de l’État à « mettre en œuvre ses engagements pour le parachèvement de l’édification institutionnelle, en consécration d’une nouvelle ère qui caractérisera l’Algérie nouvelle au sein de mécanismes constitutionnels et juridiques garantissant l’intégrité et la crédibilité dans la pratique démocratique ».

    Enfin, les élus partenaires de cette initiative ont exprimé « leurs remerciements aux acteurs de l’Autorité nationale indépendante des élections » comme pour saluer « son effort actif et sa performance dans la préparation et la supervision de l’opération électorale et la proclamation de ses résultats préliminaires dans la transparence et la régularité et dans le respect de la Loi, comme l’une des issues de l’amendement constitutionnel de l’année 2020 ».

    Également, ont-ils salué « la disposition et l’engagement de l’institution militaire et de l’ensemble des services de sécurité qui ont sécurisé l’opération électorale », se félicitant du rôle des services médicaux qui « ont veillé sur la santé des citoyens durant la conjoncture sanitaire actuelle ».
    Farid Guellil

    Le Courrier d’Algérie, 22 juin 2021

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  • Algérie : Paix et développement (Edito du Moudjahid)

    L’Algérie, qui a renoué avec le lustre de sa diplomatie, s’appuie, sous la conduite du président de la République, sur une politique étrangère agissante et proactive, conforme au triptyque souveraineté-sécurité-développement, de façon à assurer la défense de ses intérêts fondamentaux. À l’ère de la mondialisation, la diplomatie algérienne ne peut faire l’économie d’importantes mutations qui prennent en compte l’intégration de thématiques économiques cruciales. Le monde change et les vieux schémas diplomatiques classiques ne sont plus suffisants pour garantir une présence et un rayonnement politiques, économiques et culturels indispensables. La place est faite à des diplomates parfaitement aguerris aux rouages de l’économie moderne, à ses exigences de conquête de marchés et d’opportunités d’investissements. La nouvelle Algérie entend s’inscrire dans cette logique, en veillant à mobiliser et à capitaliser tous ses atouts pour faire jouer à nos représentations à l’étranger un rôle efficace, dans un vaste processus de développement, débarrassé de la rente des hydrocarbures et de la mono-exportation. Le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, l’a clairement exposé, dans le cadre de la première édition du Forum d’Antalya sur la diplomatie, en participant à une séance-débat sur la coopération économique entre l’Afrique et la Turquie. Il a plaidé en faveur d’un partenariat équilibré, tout en mettant en avant les réformes économiques initiées par le Président Tebboune, en vue d’améliorer le climat d’investissement.

    L’Algérie ambitionne de se projeter puissamment à l’international. Elle œuvre à concrétiser des partenariats en parfaite cohérence avec les choix politique, économique, social et culturel nationaux. Elle attache un intérêt particulier à son intégration et à son redéploiement dans les espaces vitaux auxquels elle appartient, dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant, à savoir le Maghreb, le Sahel, l’Afrique, le monde arabe, la Oumma islamique et l’aire méditerranéenne, qui sont, d’un point de vue géostratégique, autant de profondeurs vitales à son développement.
    L’Algérie dispose pour cela d’un potentiel important en termes d’opportunités d’investissements, au regard de sa situation géographique et de sa ressource humaine formée et qualifiée.

    L’appareil diplomatique est d’un puissant apport, pour permettre aux partenaires étrangers, à nos opérateurs et investisseurs publics et privés, à notre diaspora de s’impliquer dans des dynamiques essentielles pour l’essor de notre pays.

    L’assurance est désormais portée à l’adresse des opérateurs économiques et des investisseurs qui étaient, il n’y a pas si longtemps, les plus pénalisés par des choix souvent hasardeux et inappropriés du point de vue économique. Des opérateurs qui ne cessaient, à juste titre, de se plaindre et de dénoncer nombre d’obstacles bureaucratiques qui les empêchaient d’apporter leurs capitaux et leur savoir-faire au profit d’un pays mis constamment en demeure de diversifier son économie par une mutualisation des synergies de toutes les parties prenantes, appelées à asseoir les bases d’un système économique moderne et ouvert sur le monde.

    EL MOUDJAHID, 21 juin 2021

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