Étiquette : Abdelmadjid Tebboune

  • France-Algérie: Le Monde contre Le Point ?

    A moins de deux semaines des élections législatives, prévues le 12 juin prochain, les médias français braquent leurs regards sur l’Algérie avec beaucoup d’insistance. Cet intérêt grandissant en direction d’un pays, qu’ils persistent à considérer sous une optique « tutélaire », du moins pour certains titres et chaînes TV, bien introduits dans le microcosme politique parisien, n’est pas sans motivation ; cela va de soi. Il pourrait s’expliquer par le fait que dans la capitale française, des divergences en ce qui concerne les positions à adopter par rapport à la situation en Algérie, sont en train de remonter en surface.

    Le dernier éditorial du journal Le Monde l’illustre parfaitement. Mis en ligne hier, l’article ne porte pas la signature d’un journaliste, mais est endossé par la direction de la publication. Ce qui ne pourrait avoir qu’une seule signification : l’Algérie est considérée comme un thème majeur, à travers lequel, la classe politique française voudrait extérioriser ses contradictions, à moins d’une année des élections présidentielles. Comme ce fut le cas pour les scrutins passés, l’Algérie a toujours constitué une question, qui divise les membres les plus influents du microcosme politico-médiatique parisien, mais sans que l’attitude tutélaire ne soit complètement abandonnée.

    L’édito signé Le Monde et publié à quelques jours d’intervalle seulement, après l’entretien accordé par Abdelmadjid Tebboune au magazine Le Point, est supposé apporter la contradiction à l’interview. « Un nœud coulant étouffe peu à peu le désir de démocratie des Algériens, à la veille des élections législatives de samedi 12 juin, censées parachever la normalisation institutionnelle du pays », constate d’emblée l’éditorialiste, avant de dresser un tableau noir de la situation, qui prévaut aujourd’hui en Algérie.

    En jouant à l’équilibriste, l’éditorialiste essaie toutefois de faire porter une part de la responsabilité aux « animateurs du Hirak », qui, selon lui, « n’ont pas su transformer leur rejet du système en alternative démocratique crédible ». « Ils n’ont pas non plus réussi à faire émerger une figure pouvant incarner un avenir meilleur », écrit-il, avant de souligner que « la baisse du cours des hydrocarbures, qui fournissent 60 % des recettes de l’Etat, affaiblit la capacité de ce dernier à acheter la paix sociale et à investir ». « Relativement épargnée par le Covid-19, mais avec un chômage à plus de 14 %, une démographie dynamique et une économie non préparée à la transition énergétique, l’Algérie ressemble à un pays verrouillé », note-t-il. Le Monde contre Le Point ?

    Mohamed M.

    L’Est Républicain, 06 juin 2021

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  • Déclarations de Tebboune sur le Maroc : Le Makhzen dans tous ses états

    LES DÉCLARATIONS DU PRÉSIDENT TEBBOUNE SUR LE MAROC ONT FAIT JASER SES MÉDIAS : Le Makhzen dans tous ses états

    Les déclarations du président Tebboune au magazine hebdomadaire français, Le Point, à propos de l’attitude du Maroc vis-à-vis du Sahara occidental, la question des frontières entre les deux pays ainsi que les tensions dans la région, ont fait mouche chez notre voisin immédiat. Preuve en est, l’emballement médiatique de la presse du Makhzen, qui s’est lâchée à son corps défendant contre l’Algérie et son Président. comme si les deux derniers affronts infligés à Rabat, à travers le non-lieu prononcé par la justice espagnole à l’égard du président Ghali et l’exclusion, par l’armée US, d’opérer les manœuvres « African Lion 2021 » dans une partie du territoire sahraoui occupé, n’ont pas suffi, il n’en fallait pas plus à ce propos pour provoquer un séisme dans la maison alaouite. Sinon comment expliquer le déchaînement violent de la presse du Makhzen contre le président de la République, dont le « seul tort » est d’avoir qualifié la monarchie -qu’ il distingue du peuple marocain frère- d’agresseur à l’égard de l’Algérie ?

    Au-delà de l’agression des Sahraouis dans leur territoire occupé, à laquelle avait assisté la communauté internationale le 13 novembre 2020, avec toutes les implications de la violation du cessez-le-feu sur le droit international et la stabilité dans la région, le Maroc n’était pas moins agressif vis-à-vis de l’Algérie. À la traditionnelle « guerre du kif », dont des tonnes de cannabis sont déversées au travers des confins de l’ouest, ô combien périlleux à la société juvénile nationale, le Makhzen opère une nouvelle stratégie consistant à inonder l’Algérie en fausse monnaie dans le but de porter préjudice à son économie. C’est sans compter la campagne médiatique hostile, comme celle que venaient d’enclencher les médias du Makhzen, contre le pays qui reste intraitable sur les questions de décolonisation. Peut-on, dans ses conditions, aspirer à une réouverture des frontières- fermées depuis 1994 sur décision de l’Algérie après les accusations marocaines de terrorisme ? L’Algérie dit « non ! » C’est ainsi qu’à la question de savoir s’il y a à craindre « un conflit armé dans la région » et sur « l’avenir pour l’UMA avec des générations d’Algériens et de Marocains qui ne se connaissent pas », le Président ne pense pas moins que la balle est dans le camp marocain, et que dans cette relation, « le rôle honorable revient à l’Algérie ». En sus, le chef de l’État dit clairement que cette rupture des frontières concerne le régime royal et non pas le peuple marocain, dont l’estime auprès de son frère algérien n’est plus à démontrer.

    Quant à l’Algérie, de par la longue histoire dont la plus récente est la Guerre de libération nationale, qui a forgé sa politique étrangère, elle ne peut en aucun cas attenter à l’intégrité territoriale de ses voisins, le Maroc y compris. Dans ses propos, et à vrai dire, ce n’est pas le fait pour le chef de l’État de dire que l’Algérie « n’agressera jamais son voisin », mais seulement de « riposter » si elle est attaquée, qui dérange tant le Makhzen. Par contre, le fait de considérer les rapports de force dans la région en faveur de l’Algérie fait grincer des dents le palais de Rabat. Autre déclaration qui n’en a pas moins fait mal au Makhzen, le fait de rétablir certaines vérités au sujet du dossier sahraoui. Interrogé à ce sujet, le président Tebboune a, là encore, remis les pendules à l’heure. Car, depuis la violation marocaine du cessez-le-feu suivie par l’épisode d’officialisation des relations Rabat-Tel-Aviv, « certains croient qu’avec l’ouverture de consulats [à Laâyoune et Dakhla, NDLR], le dossier du Sahara occidental est clos », estime le chef de l’État. Or, « ils se trompent », a-t-il affirmé, appelant le Maroc, directement visé, à « revenir rapidement » à la solution édictée par le droit international et des résolutions onusiennes.

    Que vaux la reconnaissance de Trump ?

    S’il est maintenant vrai qu’entre les deux pays, le Sahara occidental « a toujours été une pomme de discorde », les tensions ne peuvent déborder audelà de leur cadre diplomatique. Sur ce d’ailleurs, le chef de l’État invite le voisin immédiat à opter pour la raison. Autrement dit, accepter le fait que le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique qu’il est question de libérer. À ce moment là, le Maroc finira peut-être par croire que l’Algérie n’est pas son ennemi. En revanche, l’ennemi « c’est le sous-développement », et l’Algérie « est en train de se construire avec ou sans le Maroc. », conclu t-il.

    Concernant la supposée reconnaissance de la marocanité du Sahara, le chef de l’Etat a porté un coup de grâce au régime qui a pactisé avec les sionistes en contre-partie du deal avec l’ancien président américain Trump. Ceci, après la levée de bouclier mondiale contre la décision du prédécesseur de Joe Biden. « Comment peut-on penser offrir à un monarque un territoire entier, avec toute sa population ? », ou encore « Où est le respect des peuples ? », s’interroge le président Tebboune, avant d’asséner qu’une telle reconnaissance « ne veut rien dire » face au droit international et des résolutions onusiennes sur le conflit. Mais, derrière ce refus marocain obstiné quant à céder à l’autodétermination des Sahraouis, un « changement ethnique », révèle le chef de l’État. En conséquence de quoi, les Sahraouis à l’intérieur de leur territoire occupé, sont aujourd’hui minoritaires par rapport aux Marocains ainsi fixés par le Makhzen. Dans ce cas, pour le scrutin d’autodétermination, les Marocains installés sur le territoire occupé vont voter pour l’indépendance parce qu’ils ne voudront plus être les sujets du roi ».
    Farid Guellil

    Le Courrier d’Algérie, 05 juin 2021

    Etiquettes : Maroc, Algérie, Abdelmadjid Tebboune, Makhzen, Le Point, Sahara Occidental,

  • Algérie : « Ma mission est de remettre sur pied le pays» (Tebboune)

    Tebboune au magazine Le Point : « Ma mission est de remettre sur pied le pays»
    Par Mohamed Mecelti

    Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a assuré dans un entretien accordé au magazine français «Le Point», paru jeudi 3 juin que les élections législatives du 12 juin constitueront une grande avancée vers la reconstruction des institutions de l’Etat, affirmant ne jamais céder au «diktat d’une minorité » qui refuse l’élection et menace la stabilité de l’Algérie.

    Le chef de l’Etat, qui s’est exprimé sur divers sujets d’actualités nationale et internationale, notamment les marches du mouvement de protestation populaire interdites depuis maintenant trois semaines, a signalé que « ce qui reste du Hirak », qui a dévié de sa trajectoire et s’oppose actuellement au progrès et au développement du pays, ne représente qu’une minorité, car «le Hirak authentique et béni a choisi la voie de la raison en allant à l’élection présidentielle» du 12 décembre 2019.

    S’agissant de la vague d’arrestations des partisans du Hirak accentuée au cours du mois de mai dernier, M. Tebboune a souligné qu’il était le premier à tendre la main aux gens du Hirak et à les recevoir, lorsque les marches, après la présidentielle, rassemblaient encore de 20 000 à 25 000 manifestants à travers le pays, signalant que les « gestes » d’apaisement, telles que la libération des détenus et l’appel au dialogue, ont été interprétés comme une faiblesse.

    Pour le président Tebboune, face aux appels « clairs » à la violence lancés par le mouvement Rachad (mouvement d’opposition islamiste en exil) pour « affronter les services de sécurité et l’armée », et aux tentatives « d’agir avec des voitures piégées » planifiées par le MAK (Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie), « la patience à des limités ».

    Il convient de noter, que le mouvement Rachad et le MAK ont été classés par le Haut Conseil de Sécurité le 18 mai, sur la liste des organisations terroristes.

    « Tant qu’on était au stade des idées, il n’y avait pas de problème, mais les appels à la violence, c’est autre chose », a-t-il averti, indiquant que « le manifestant et le policier qui maintient l’ordre public sont les enfants de la même République. Je n’ai pas le droit de les laisser s’affronter ».

    M. Tebboune, qui considère que le Hirak actuel est « très hétéroclite », a souligné qu’« aujourd’hui, dans ce qui reste du Hirak, on trouve de tout, il y en a qui crient « Etat islamique ! » et d’autres qui scandent « pas d’islam ! », relevant que les manifestants expriment actuellement « une colère » et qu’il ne s’agit plus du « Hirak originel ».

    Après avoir chargé le courant démocratique qui «rejette les urnes et prône la désignation », le locataire d’El Mouradia s’est dit confiant de la réussite du rendez-vous électoral eu égard « l’engouement pour ces législatives, notamment chez les jeunes ».

    Ceux qui s’opposent aux élections sont « une minorité qui se présente comme une majorité grâce à une médiatisation à outrance, notamment outre-mer », a affirmé le président, alertant que tous ceux qui veulent entraîner le pays vers l’aventure sont en train de perdre leur temps».

    A une question sur la possibilité de se retrouver avec une majorité parlementaire, et donc gouvernementale, islamiste, M. Tebboune a été catégorique, «l’islamisme en tant qu’idéologie, celle qui a tenté de s’imposer au début des années 1990 dans notre pays, n’existera plus jamais en Algérie », relevant néanmoins que « l’islam politique n’a pas bloqué le développement de pays comme la Turquie, la Tunisie ou l’Egypte », et que cette vision de l’islam politique ne le gêne pas tant qu’elle «n’est pas au-dessus des lois de la République qui s’appliqueront à la lettre ».

    Interrogé sur les reformes politiques nécessaires pour réajuster le pays sans parti présidentiel et sans l’adhésion de l’opposition, le président, qui n’a pas écarté définitivement la création d’un parti présidentiel, a affirmé qu’une multitude des partis politiques du pays ne sont pas représentatifs d’un courant d’idées, mais sont construits autour d’une personne qui s’éternise à leur tête sans aucune volonté d’ouverture ou de réformes, précisant qu’il a été le candidat du peuple et de la jeunesse et non pas des partis.

    « Une partie de l’administration sensée être neutre et servir les administrés s’est mise au service (…) d’un groupe de voleurs », a-t-il avoué, précisant qu’il ne pensait pas à un deuxième mandat et que sa mission est de remettre sur pied le pays et reconstruire les institutions.

    M. Tebboune est revenu a également sur le rôle de l’armée, qui selon lui, a joué un rôle positif, notant que « si nous n’avions pas une armée aussi moderne et aussi professionnelle, la situation en Algérie serait pire qu’en Libye ou en Syrie. Je rappelle que l’armée s’est retirée de la politique depuis la fin des années 1980. L’époque où des officiers de l’armée siégeaient au comité central du FLN (ex-parti unique) est terminée. L’armée ne fait plus de politique ».
    Et d’ajouter : « «Si elle avait voulu prendre le pouvoir, elle l’aurait fait. C’était une demande populaire, le peuple l’appelait à faire cesser la comédie du cinquième mandat et la déliquescence de l’État. L’armée n’a pas pris le pouvoir et ne le prendra pas, parce qu’elle est légaliste ».

    S’agissant du cas du journaliste Rabah Kareche en détention à la prison de Tamanrasset, le chef de l’Etat s’est brièvement exprimé sur ce sujet, indiquant par contre qu’ « Il a joué à tort au pyromane sur un sujet très sensible. Très grave ».

    Pour rappel, Rabah Karèche, a été placé en détention provisoire le 19 avril dernier, après avoir passé une nuit en garde à vue. Le journaliste est poursuivi pour « atteinte à l’intégrité du territoire national », « publication et diffusion volontaire de fausses informations susceptibles de porter atteinte à l’ordre public et usage de divers moyens pour porter atteinte à la sûreté et l’unité nationales ». La date de son procès n’est pas encore fixée.

    Le Jeune Indépendant, 03 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Abdelmadjid Tebboune, reconstruction des institutions de l’Etat, stabilité de l’Algérie, Hirak, Rachad, MAK, élections législatives,

  • Algérie : Des réponses opportunes

    Dans une longue interview accordée à l’hebdomadaire français Le Point, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a répondu, avec beaucoup de franchise et avec la force de ses convictions, aux nombreuses questions qui lui ont été posées par deux journalistes et écrivains algériens, Kamel Daoud et Adlène Meddi. Situation politique et économique en Algérie, rôle de l’ANP, relation avec la France, questions régionales, en particulier le conflit du Sahara occidental et la situation au Sahel ont constitué les sujets les plus saillants qui furent abordés sans demi-mesure, ni faux-fuyant. Les législatives du 12 juin ont suscité un engouement, notamment de la part des jeunes, qui, auparavant, ne s’inscrivaient même pas sur les listes électorales, a relevé le chef de l’État. C’est une réaction positive qui invalide toutes sortes d’allégations et de propos colportés par les adversaires du scrutin. Autre conviction du Président Tebboune : «Le seul Hirak auquel je crois est le Hirak authentique et béni qui a spontanément rassemblé des millions d’Algériens dans la rue. Ce Hirak-là a choisi la voie de la raison en allant à l’élection présidentielle (12 décembre 2019). Ce Hirak n’a pas écouté le chant des sirènes.»

    Questionné sur le classement par l’Algérie de Rachad et du MAK comme mouvements terroristes, il a dit qu’ils se sont eux-mêmes déclarés comme tels.

    Il a indiqué également n’avoir pas été le candidat d’un parti politique, mais celui du peuple et de la jeunesse sur lesquels il mise beaucoup. Abdelmadjid Tebboune a dressé une situation pour le moins alarmante avant la présidentielle de décembre 2019.

    «Le pays était au bord du gouffre, il n’y avait plus d’institutions viables, seuls comptaient les intérêts d’un groupe de kleptocrates. On ressemblait de plus en plus à une république bananière. Les institutions étaient devenues purement formelles, à l’exception de l’armée, qui a pu sauvegarder sa stature. Si nous n’avions pas une armée aussi moderne et aussi professionnelle, la situation en Algérie serait pire qu’en Libye», a-t-il affirmé. L’Algérie restera un État social pour toujours, qui saura préserver ses acquis, consacrés dans la Proclamation du 1er Novembre. L’Algérie continuera de combattre la Covid-19, en déployant tous les efforts nécessaires. Le Président a annoncé le lancement de grandes campagnes de sensibilisation pour la vaccination, et réitéré les efforts engagés dans la lutte contre cette pandémie.
    De la France, il a affirmé que les Algériens attendaient une reconnaissance totale de tous les crimes coloniaux commis par ce pays en Algérie, soulignant que le fait de reconnaître ses crimes est en soi une forme de repentance. Il a également plaidé pour une mémoire apaisée, reconnue.

    «La compensation financière serait un rabaissement, nous sommes un peuple fier et nous vénérons nos martyrs.»
    À propos de la question du Sahara occidental, il a estimé que le Maroc devrait s’en tenir rapidement à une solution acceptable conforme au droit international. Il a pointé du doigt la responsabilité du royaume marocain au sujet des conséquences des tensions qui pèsent sur les relations entre les deux pays.

    EL MOUDJAHID, 04 juin 2021

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  • Algérie : Le  » Hirak  » a choisi la voie de la raison (Tebboune)

    Dans une interview avec le magazine français  » Le Point  » : Le  » Hirak  » a choisi la voie de la raison en se rendant aux élections présidentielles

    Par : Med Wali

    Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a accordé un long entretien au magazine français  » Le Point « , au cours duquel, le chef de l’Etat a abordé de nombreux dossiers, dont le Hirak, les élections présidentielles du 12 décembre 2019, et la classification des mouvements Rachad et le MAK comme organisations terroristes.

    Dans son interview au magazine français, le président de la République a déclaré que les mouvements Rachad et le MAK ont choisi d’être des terroristes, et que Rachad a donné des instructions pour affronter les services de la sécurité et de l’Armée nationale, tandis que le MAK tentait de faire exploser des voitures piégées lors des marches pacifiques des vendredis.

    Au cours de son intervention, le président de la République a dit que  » le véritable  » Hirak  » a choisi la voie de la raison, en allant aux élections présidentielles, et que le seul mouvement auquel il croit est le véritable  » Hirak « . Dans ses déclarations, le président Tebboune a indiqué que le Hirak de tous les Algériens a refusé d’aller vers une période de transition. »

    Dans ce sillage, le président Tebboune a souligné que  » le groupe ayant rejeté les élections présidentielles du 12 décembre 2019 était minoritaire « , soulignant que  » tout le monde a le droit à l’expression, mais je rejette les diktats de la minorité « , a-t-il fait savoir.

    Dans une autre affaire, le président de la République a affirmé que  » les Algériens attendent que la France reconnaisse tous ses crimes, et nous demandons à la France de nettoyer les sites d’essais nucléaires, et nous espérons qu’elle soignera et prendra en charge les victimes des essais nucléaires.  » Concernant la situation sanitaire dans le pays, le président Tebboune a affirmé que  » la décision de fermer des frontières vise à protéger les Algériens de la pandémie, et malgré cela 80 000 Algériens ont été évacués depuis la fermeture de nos frontières « , tout en soulignant que « les vaccins du corona sont disponibles, et ils ne seront pas imposés au peuple.  » Au passage, le chef de l’Etat assure que la réouverture des frontières dépendra de l’évolution de la situation épidémiologique en Algérie.

    M.W.

    Le Maghreb, 03 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Hirak, élections législatives, Abdelmadjid Tebboune, Rachad, MAK, France, mémoire, crimes coloniaux, Reggane, essais nucléaires,

  • Algérie : Tebboune dit tout au « Point »

    DANS UN ENTRETIEN EXCLUSIF AU MAGAZINE HEBDOMADAIRE FRANÇAIS, « LE POINT » : Le Président dit absolument tout !

    Quand les équipes du nouveau président entrèrent pour la première fois dans le palais d’El Mouradia, en décembre 2019, l’endroit semblait quasi abandonné. Depuis que le président déchu, Abdelaziz Bouteflika, malade, s’était calfeutré en 2013 dans sa résidence médicalisée à Zéralda, sur la côte ouest algéroise, ce haut lieu du pouvoir s’était transformé en une administration ronronnante, à peine gérée par le frère- conseiller, Saïd Bouteflika, et où régnaient le silence et des ombres pressées.

    En cette matinée printanière de mai, le palais d’El Mouradia, niché sur les hauteurs d’Alger-Centre, fait resplendir le jardin de sa résidence, dominé par un ficus centenaire et bercé par la fontaine en cascade aux faïences azur. À l’entrée, l’ancien court de tennis où jouait l’ex-chef de l’État Chadli Bendjedid (1979-1992), le dernier président à avoir mis en place une communication innovante, posant même avec sa famille pour la presse étrangère, avant la glaciation qui s’ensuivit. Depuis, l’image du pouvoir algérien est celle du portrait officiel, raidie, spartiate, « militaire », jusqu’à l’artifice d’un président muet et grabataire. Au bout de vingt ans de règne, Bouteflika sera remplacé, comble du mépris et du surréalisme, par un « cadre », c’est-à-dire un portrait que les « hommes » de l’ex-président brandissaient, extatiques, lors des meetings. Trente ans de grisaille ombrageuse, de rumeurs de décès, d’apparitions fantomatiques, de complots, de théories d’usurpation et, surtout, de silence… le pouvoir en Algérie a des mœurs de clandestinité et des rites d’invisibilité.

    À 11 heures passées, sur une terrasse ombragée, le chef de l’État algérien reçoit ses intervieweurs. Il leur consacre plusieurs heures. Son discret staff, réduit au maximum, s’éparpille sous les arcades mauresques de cette résidence adossée au « cabinet », le bureau du président, un peu plus haut, auquel on accède en traversant le jardin. L’image bucolique tranche avec la double sinistrose de la présidence fantomatique des derniers mandats de Bouteflika et avec le cliché en noir et blanc d’un pouvoir opaque et renfermé. « Vous avez trop de questions », commente, tout sourire, Abdelmadjid Tebboune en invitant à prendre le café.

    Traversée du désert. L’homme revient de loin, et pas seulement d’une longue convalescence après son infection au Covid-19 et une opération au pied en Allemagne, mais d’une traversée du désert, une ostracisation violente après son mandat éclair (trois mois) de Premier ministre en 2017. Un record dans la République algérienne, pour avoir déclaré la guerre aux « forces de l’argent » et à leur clan politique proche du frère de Bouteflika, Saïd. Cet énarque, ce fils du Sud-Ouest saharien qui lui a légué le calme et la cordialité des gens du désert, à la carrière préfectorale qui remonte aux années 1970, sait, depuis la disgrâce subie, que le pouvoir peut aussi être un enfer derrière l’apparat du prestige et de la puissance. Les intrigues le rattrapent, même lors de la présidentielle de décembre 2019, décriée par le Hirak, qui poursuivait ses manifestations antisystème : donné pour favori, il subit une campagne médiatique violente, et une partie du personnel politique hérité de l’ère Bouteflika se mobilise contre lui – aujourd’hui, des officiers du renseignement sont derrière les barreaux pour avoir comploté et tenté de manipuler les résultats de l’élection à ses dépens…

    Pilier. À des intimes, après cette bataille feutrée au sein même du pouvoir, il confie : « Je n’ai plus rien à perdre parce que j’ai tout perdu. Si je suis élu, ce n’est pas pour finir en autocrate. » Abdelmadjid Tebboune assume ses postes de ministre sous Bouteflika, défendant son bilan à l’Habitat par exemple, où il créa une formule d’accès au logement pour la classe moyenne, « pilier de stabilité d’une société », selon lui. À ses yeux, il a servi l’État, pas la fratrie Bouteflika.
    Vis-à-vis de la France, celui qui suivait en même temps les cours de l’école coranique et de l’école française veut imposer une position nuancée : pas d’hostilité automatique, mais pas de rapports de suzerain à vassal. « Il respecte ceux qui le respectent, c’est son principe aussi pour la diplomatie », souligne un proche.

    Sans filet. Ce n’est pas la première fois que Tebboune se prête au jeu des questions-réponses, mais le dispositif est différent : une interview longue et fouillée menée pour un grand hebdomadaire français par deux journalistes et écrivains algériens vivant en Algérie. Au-delà de l’interview, c’est symboliquement une intrusion dans « l’unique et véritable centre du pouvoir en Algérie », pour reprendre les mots d’un conseiller du palais. L’interview est ouverte, sans filet, nous assure-t-on. Notre photographe est autorisé à circuler et à prendre ses propres photos, et Tebboune s’y prête : debout, assis, marchant, souriant ou conversant de façon détendue. Ces gestes de grande banalité pour des Occidentaux ont ici tout leur sens : le pays est cycliquement la proie de rumeurs sur la maladie du président du moment, son état de santé, sa mobilité physique et sa capacité à gérer le pays et ses crises. Il fallait des réponses et aussi presque des « preuves de vie ». Après un long café en « off », le « on » se fait dans le bureau du président. Abdelmadjid Tebboune demande à mener l’entretien sans la présence de ses équipes qui nous laissent presque seuls.

    Le Point : Vous avez repris les rênes du pouvoir neuf mois après la chute d’Abdelaziz Bouteflika, lors de la présidentielle de décembre 2019 : dans quel état aviez-vous trouvé le pays ?

    Abdelmadjid Tebboune : Le pays était au bord du gouffre. Heureusement qu’il y a eu le sursaut populaire, le Hirak authentique et béni du 22 février 2019, qui a permis de stopper la déliquescence de l’État en annulant le cinquième mandat, qui aurait permis à la « issaba » [le « gang », conglomérat d’oligarques et de hauts responsables, NDLR], ce petit groupuscule qui a phagocyté le pouvoir et même les prérogatives de l’ex-président en agissant en son nom, de gérer le pays. Il n’y avait plus d’institutions viables, seuls comptaient les intérêts d’un groupe issu de la kleptocratie. Il fallait donc reconstruire la République, avec ce que cela implique comme institutions démocratiques.

    Touché par le Covid, vous avez été absent d’Algérie. Cette absence a-t-elle affecté votre exercice du pouvoir ?
    Affecté non. Retardé le programme des réformes, oui. Mais nous avons réussi à faire en sorte que l’État fonctionne en mon absence. Preuve en est que la réhabilitation des institutions que j’ai entamée avait fonctionné. Par ailleurs, j’ai pu faire le bilan sur mon environnement immédiat et les projets que nous avons lancés. Certains ont pensé que c’était le naufrage – et vous savez qui quitte le navire dans ces cas-là -, mais j’ai pu constater, avec fierté, toute la fidélité de l’armée, avec à sa tête le chef d’état-major Saïd Chengriha. Nous nous appelions tous les matins.

    Qu’est-ce que votre traversée du désert entre 2017 et 2019 vous a appris sur le pouvoir ?

    Pour avoir exercé un peu plus de cinquante ans au service de l’État, depuis ma sortie de l’ENA en 1969, je sais qu’il est très difficile de faire de l’opposition à l’intérieur même du système. Pourtant, j’en ai fait, j’étais une sorte de mouton noir. On m’a envoyé comme wali [préfet] aux postes où il y avait le plus de problèmes. On m’avait collé une étiquette de « tête dure », parce que je ne me privais pas de dire ce que je pensais.

    En 2017, j’étais déjà convaincu que l’Algérie allait droit dans le mur, que si la déliquescence des institutions se poursuivait, elle allait aussi impacter l’État-nation même, pas uniquement le pouvoir. On ressemblait de plus en plus à une république bananière, où tout se décidait dans une villa sur les hauteurs d’Alger [à Ben Aknoun, lieu de rencontre des oligarques et de leurs relais du pouvoir, NDLR]. Les institutions étaient devenues purement formelles, à l’exception de l’armée, qui a pu sauvegarder sa stature.

    Il fallait donc agir et j’ai proclamé, en tant que Premier ministre, devant le Parlement, que le salut viendrait de la séparation de l’argent et du pouvoir. Ma famille et moi en avons payé le prix, mais cela fait partie du risque de l’exercice du pouvoir.
    Quand le pouvoir est gangrené par les intérêts personnels, il se défend à sa manière. S’attaquer à ce système peut devenir mortel. Très dangereux.

    Comment le président peut-il mener des réformes politiques sans un parti de soutien, sans l’adhésion de l’opposition, sans société civile autonome, et avec une administration héritée de l’ancien système ?

    Une partie de l’administration, censée être neutre et servir les administrés, s’est mise au service des lobbys de la kleptocratie, que l’on appelle à tort « oligarchie », car il s’agit plutôt d’un groupe de voleurs.
    Je n’ai pas été le candidat d’un parti, mais celui du peuple et de la jeunesse, deux piliers sur lesquels je compte beaucoup. Une multitude de nos partis ne sont pas représentatifs d’un courant d’idées, mais sont construits autour d’une personne qui s’éternise à leur tête, sans aucune volonté d’ouverture ou de réforme… Attention, je ne dis pas que je ne crois pas en la classe politique, mais elle représente peu de chose par rapport à un peuple. Tous les partis réunis ne totalisent pas 800 000 militants, alors que nous sommes près de 45 millions d’Algériens ! Plus tard, peut-être, lorsque les institutions auront repris leur place et leurs fonctions, libérées du diktat de l’argent sale, on pensera à créer un parti présidentiel. Mais pas pour le moment.

    Vous dites « plus tard » : justement, pensez-vous avoir besoin d’un second mandat ?

    Très honnêtement, je n’y pense pas. Ma mission est de remettre sur pied mon pays, lutter contre les passe-droits, reconstruire les institutions et faire que la République appartienne à tout le monde. Un autre mandat ? Je ne sais pas. On n’est qu’au début de mon mandat.

    Opposition et activistes dénoncent les arrestations dans les rangs du Hirak et les entraves au travail des médias…
    Je n’utilise plus ce mot (Hirak) parce que les choses ont changé. Le seul Hirak auquel je crois est le Hirak authentique et béni qui a spontanément rassemblé des millions d’Algériens dans la rue. Ce Hirak-là a choisi la voie de la raison en allant à l’élection présidentielle. Il n’a pas écouté le chant des sirènes qui le poussait à aller vers une période transitoire, et dix millions d’Algériens sont allés voter. Une minorité a refusé l’élection. Je pense que tout Algérien a le droit de s’exprimer, mais je refuse le diktat d’une minorité.

    De plus, je m’étonnerai toujours du fait qu’un démocrate, qui se définit comme tel, rejette les urnes et prône la désignation. Quand il ne rejette pas l’opinion de la majorité, ce qui est en soi antidémocratique. Pourquoi voulez-vous désigner des personnes pour diriger le pays ? Qui êtes-vous ? Qui vous a fait roi ? « Qui t’a rendu si vain/Toi qu’on n’a jamais vu les armes à la main », pour reprendre Le Cid !

    Aujourd’hui, dans ce qui reste du Hirak, on trouve de tout, il y en a qui crient « État islamique ! » et d’autres qui scandent « pas d’islam ! ». Les manifestants expriment peut-être une colère, mais ce n’est pas le Hirak originel. C’est très hétéroclite.

    En février, vous avez libéré la quasi-totalité des détenus du Hirak. Pourquoi ce raidissement actuellement ?
    Lorsque les marches, après la présidentielle, rassemblaient encore de 20 000 à 25 000 manifestants à travers le pays, j’ai été le premier à tendre la main aux gens du Hirak et à les recevoir. Dans mon premier gouvernement, on compte cinq ministres qui en sont issus. Des personnes que j’avais vues m’insulter dans des vidéos ! Ensuite, on a commencé à libérer des détenus pour arriver à 120 relaxés. Les gens continuaient à me critiquer, mais j’ai continué à faire des gestes. J’ai l’impression que cela a été interprété comme une faiblesse. Les gens pensaient qu’on était dos au mur. Ils se trompaient. Pour moi, le manifestant et le policier qui maintient l’ordre public sont les enfants de la même République. Je n’ai pas le droit de les laisser s’affronter. D’autant plus que les appels à la violence étaient clairs. Tant qu’on était au stade des idées, il n’y avait pas de problème, mais les appels à la violence, c’est autre chose.

    Pourquoi Rachad (mouvement d’opposition en exil formé notamment des ex-FIS) et le MAK (Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie) ont-ils officiellement été déclarés mouvements terroristes ?

    Parce qu’ils se sont eux-mêmes déclarés tels. Rachad a commencé à mobiliser tous azimuts, à donner des instructions pour affronter les services de sécurité et l’armée. Le MAK a tenté d’agir avec des voitures piégées. Face aux appels à la violence, la patience a des limites.

    Comment se présentent les élections législatives du 12 juin alors qu’une bonne partie de l’opposition a choisi de boycotter le scrutin ?

    On ne voit pas les choses de la même manière. Ce que j’observe à travers tout le pays ne dit pas que les Algériens, dans leur majorité, sont opposés aux élections législatives.
    Vous me dites une « bonne partie de l’opposition » : combien sont-ils ? Au vu des instruments de mesure dont nous disposons, il s’agit d’une minorité qui se présente comme une majorité grâce à une médiatisation à outrance, notamment outre-mer. Certains ambassadeurs, malheureusement, ne voient que cette minorité et ne vivent qu’avec elle, et ignorent la majorité des Algériens, induisant en erreur les pays auxquels ils appartiennent…
    Je sais qu’il y a un engouement pour ces législatives, notamment chez les jeunes, alors que tout récemment, ils ne s’inscrivaient même pas sur les listes électorales.

    Il n’y a pas d’autre issue. Et tous ceux qui veulent entraîner le pays vers l’aventure sont en train de perdre leur temps.
    Quand j’étais malade et que les rumeurs enflaient, me donnant même comme décédé, la plupart des Algériens étaient angoissés, même parmi ceux qui n’ont pas voté pour moi ou qui ne m’apprécient pas. Parce qu’ils veulent que le pays reste sur la voie de la légalité.

    Le correspondant du journal « Liberté » à Tamanrasset a été arrêté et placé sous mandat de dépôt pour un article de presse. Comment est traité son cas alors que la Constitution interdit l’emprisonnement d’un journaliste qui exercice son métier ? Peut-on espérer une évolution positive de sa situation ?

    Il a joué à tort au pyromane sur un sujet très sensible. Très grave.

    Le Parlement ne risque-t-il pas de se retrouver avec une majorité parlementaire – et donc gouvernementale – islamiste, comme au début des années 1990 ?

    Quelle est la définition de l’islamisme ? L’islamisme en tant qu’idéologie, celle qui a tenté de s’imposer au début des années 1990 dans notre pays, n’existera plus jamais en Algérie. Maintenant, l’islam politique a-t-il bloqué le développement de pays comme la Turquie, la Tunisie, l’Égypte ? Non. Cet islam politique-là ne me gêne pas, parce qu’il n’est pas au-dessus des lois de la République, qui s’appliqueront à la lettre.

    Parler de l’Algérie, c’est évoquer le poids de l’armée et des services de renseignement. Qu’en est-il réellement, sachant que l’armée a arbitré le départ de Bouteflika ?

    Le poids de l’armée est une réalité positive. Si nous n’avions pas une armée aussi moderne et aussi professionnelle, la situation en Algérie serait pire qu’en Libye ou en Syrie. Je rappelle que l’armée s’est retirée de la politique depuis la fin des années 1980. L’époque où des officiers de l’armée siégeaient au comité central du FLN (ex-parti unique) est terminée. L’armée ne fait plus de politique.

    Pendant le Hirak, certains, y compris dans les rangs de ceux qui se prétendent démocrates, ont demandé à l’armée d’intervenir. Elle a refusé, préférant protéger le pacifisme du mouvement.

    Si elle avait voulu prendre le pouvoir, elle l’aurait fait. C’était une demande populaire, le peuple l’appelait à faire cesser la comédie du cinquième mandat et la déliquescence de l’État. L’armée n’a pas pris le pouvoir et ne le prendra pas, parce qu’elle est légaliste.

    Les poursuites contre les oligarques ont traumatisé les milieux d’affaires en Algérie. Comment rassurer les patrons algériens ?

    Nous avons déjà fait plus que le nécessaire pour les rassurer. Nous avons réuni, à deux reprises, les patrons algériens ; nous avons pris des mesures dans les lois de finances. S’ils ont des choses à se reprocher, je n’y suis pour rien. La justice a pris tout son temps pour juger ceux qui ont indûment touché à l’argent public, on n’accuse personne à la légère.
    Des voix s’élèvent pour dénoncer les blocages dans l’administration, des responsables qui ont peur d’assumer des décisions, une fiscalité qui encourage l’informel, des banques méfiantes, etc.
    La situation n’est pas aussi catastrophique. Il y a des problèmes, des difficultés, peut-être aussi des blocages à cause de la bureaucratie, contre laquelle je lutterai avec toute mon énergie. Je l’ai dit aux hommes d’affaires et aux start-up : la bureaucratie est notre ennemi commun. Pour le reste, les gens continuent à travailler et à investir, le pays n’est pas à l’arrêt. Mais il est vrai que nous avons une économie sous-développée et désarticulée, tournée vers l’importation, sans aucun échange intersectoriel.
    Prenez l’exemple des kits – dans l’automobile, l’électroménager, etc. -importés pour être montés en Algérie : nous avons réussi à mettre sur le marché des voitures plus chères que les voitures importées ! Et tout cela pour créer à peine 400 emplois alors que le projet a coûté à l’État 3,5 milliards de dollars. Ça, ce n’est pas de l’économie ! Ceux qui veulent se lancer dans la construction mécanique, en respectant les cahiers des charges, sont les bienvenus. Pour les industries légères, comme l’électroménager, l’intégration devrait être, au départ, d’au moins 70 %.
    Ce que nous voulons, c’est construire une économie dans laquelle les besoins de notre pays soient satisfaits par notre propre production.

    Des milliers d’Algériens attendent impatiemment leur retour en Algérie : après l’annonce de l’ouverture partielle du ciel prévue le 1er juin, quelles seront les prochaines étapes ?

    L’ouverture ou la fermeture des frontières est dictée par le Conseil scientifique, suivant l’évolution de la pandémie. Si nous avons fermé les frontières, ce n’est pas pour sanctionner la population, mais pour la protéger. L’Algérie a été le premier pays à imposer les tests dans ses aéroports, à fermer les crèches, les écoles, les mosquées, à interdire le public dans les stades…
    Aujourd’hui, nous recensons environ 200 cas par jour, alors que des pays plus développés en sont à 20 000, voire 30 000 cas par jour. Mais le virus est là, et à tout moment, les chiffres peuvent remonter. Si cela arrive, les Algériens nous en voudront d’avoir commencé à rouvrir les frontières. Et si la situation se dégrade, nous refermerons.
    Même avec les frontières fermées, nous avons rapatrié un peu plus de 80 000 Algériens. Aux frais de l’État. Aucun pays n’a fait ça.

    En parlant de la crise sanitaire, qu’en est-il du rythme des vaccinations ? Y a-t-il eu un manque d’anticipation ?

    L’Algérie a commencé à vacciner en janvier, avant presque tous les pays africains. Les vaccins sont justement là pour ceux qui en font la demande. Quant au rythme de la vaccination, il suit le bon vouloir des Algériens, car nous ne voulons pas l’imposer. Mais nous allons lancer de grandes campagnes de sensibilisation, car le fait que l’Algérie ait été relativement peu impactée dissuade les gens d’aller se faire vacciner.

    L’Algérie se prépare à réformer sa politique de subvention des produits de première nécessité, avec un ciblage d’aides aux plus défavorisés : comment aborder ce virage dans un pays attaché au caractère social de son État ?
    L’Algérie sera un État social ad vitam aeternam, parce que c’est une exigence de ceux qui se sont sacrifiés pour ce pays. La déclaration du 1 er novembre 1954 préconisait la création d’un État démocratique et social. Tel était le vœu de nos martyrs.
    Aux premières années de l’indépendance, les millionnaires se comptaient sur les doigts d’une main. Maintenant, l’Algérie compte des centaines de milliardaires. L’État social reste un principe valable pour les classes moyennes et démunies, mais les plus riches ne doivent plus être concernés par les subventions.
    Le projet est en cours d’élaboration, j’attends l’élection des assemblées – Parlement et assemblées locales – pour entamer une réflexion nationale, notamment avec les syndicats, le Conseil national économique et social et environnemental et les élus.

    Après la révision de la règle du 49/51 (partenaire algérien majoritaire obligatoire pour une entreprise) que reste-t-il à faire pour améliorer le climat des affaires ? Un partenaire étranger peut-il gagner de l’argent en Algérie ? Réaliser des bénéfices et en jouir ?

    La logique du Doing business instaure certains paramètres pour capter les investissements directs étrangers. Parce que les opérateurs investissent là où il y a le minimum d’État. Certains pays l’acceptent, à défaut d’avoir d’autres moyens de création d’emplois, devenant presque des protectorats d’autres pays, où on peut, par exemple, prohiber l’action syndicale.
    En Algérie, c’est impossible. Il y a une demande d’État et de protection sociale assez forte. Ce n’est pas très attractif. Mais quand il s’agit d’investir dans les hydrocarbures, cela ne gêne personne. Ajoutez à cela un pays solvable non endetté et qui compte 45 millions de consommateurs.

    Vous avez instauré, avec le président Macron, une approche apaisée de la question mémorielle, et en juillet 2020, vous avez déclaré, sur France 24 : « On a déjà reçu des demi-excuses. Il faut faire un autre pas… On le souhaite. » Quels gestes concrets attendez-vous de Paris ?

    Les Algériens attendent une reconnaissance totale de tous les crimes. Dans l’histoire de la colonisation, il y a eu trois étapes douloureuses pour nous : le début de la colonisation, avec l’extermination, pendant quarante ans, de tribus entières, des villages entiers décimés et les enfumades. Ensuite, il y a eu la période de la spoliation, quand les terres étaient confisquées aux Algériens pour être distribuées à des Européens. L’horreur du 8 mai 1945 avec 45 000 morts. Enfin, il y a eu la guerre de libération, quand les Algériens ont pris les armes pour libérer leur pays.

    Tout cela ne concerne pas la génération du président Macron, ni celle de certains intellectuels français, qui sont irréprochables, mais reconnaître ces faits est important. Car pourquoi tient-on à la reconnaissance de ce qu’ont subi les Arméniens, les juifs, et ignore-t-on ce qui s’est passé en Algérie ?

    Ce que nous voulons, c’est une mémoire apaisée, reconnue. Qu’on sorte de cette fable d’Algérie terra nullius où la colonisation aurait apporté la civilisation. Cela dit, ce n’est pas la France de Voltaire, la France des Lumières que l’on juge. C’est la France coloniale. Nous n’oublierons d’ailleurs jamais que de nombreux Français ont rejoint le combat des Algériens, et aujourd’hui nous nous inclinons devant leur mémoire.

    Le passif, une fois réglé, permettra une amitié durable entre les deux nations. Boumédiène avait dit à Giscard qu’on voulait tourner la page mais sans la déchirer. Et pour ce faire, il faut des actes.

    Attendez-vous des réparations ou des compensations de la France, notamment concernant les essais nucléaires et leurs retombées ?

    Nous respectons tellement nos morts que la compensation financière serait un rabaissement. Nous ne sommes pas un peuple mendiant, nous sommes un peuple fier et nous vénérons nos martyrs.
    Nous demandons à ce que la France vienne nettoyer les sites des essais nucléaires, une opération qui est en bonne voie. Parce qu’aujourd’hui encore, la contamination fait des victimes. Que la France soigne les victimes des essais nucléaires.
    Le monde s’est mobilisé pour Tchernobyl alors que les essais nucléaires en Algérie provoquent peu de réactions. Ils ont pourtant eu lieu à ciel ouvert et à proximité des populations.

    Comment évaluez-vous le rapport de Benjamin Stora sur la colonisation et la guerre d’Algérie ?

    Benjamin Stora est un historien qui n’a jamais été dans l’excès, toujours proche de la vérité. Il a rédigé un rapport destiné à son président mais qui ne nous est pas adressé.
    Mais si on compare ce qu’ont fait les présidents français et ce que fait Emmanuel Macron aujourd’hui, on a l’impression que c’est ce dernier qui a été le plus loin…
    Oui, on doit le rappeler et l’écrire. Macron a toute mon estime. C’est le plus éclairé d’entre tous. Les autres présidents avaient tous une histoire avec l’Algérie.
    Ceux qui en veulent à sa politique envers l’Algérie ne représentent qu’une infime minorité. Ils gardent des relais mais sont rejetés par l’opinion française en général, car la plupart des jeunes Français d’aujourd’hui sont moins directement concernés par l’histoire algérienne.
    Si nous n’arrivons pas à jeter des passerelles solides entre les deux pays sous la présidence Macron, cela ne se fera jamais, et nos pays garderont toujours une haine mutuelle.

    Vous parlez finalement davantage de reconnaissance plutôt que de repentance ?

    Reconnaître, c’est une forme de repentance.

    Mi-avril, la cinquième session du Comité intergouvernemental de haut niveau franco-algérien (CIHN) a été reportée. Y a-t-il un agenda pour la reprise des contacts à un haut niveau ?

    La représentation française, composée au départ de dix ministres, avait été réduite à six, puis à quatre et enfin à deux ministres, pour discuter avec… dix ministres algériens !
    Celui qui a pensé que cela pouvait se faire ainsi ne connaît rien ni à l’Algérie ni à la manière de travailler en bilatéral. La balle est dans le camp du gouvernement français pour organiser un autre rendez-vous.

    Depuis le dernier CIHN, en décembre 2017, un seul projet économique (privé-privé) entre la France et l’Algérie, sur onze, a été concrétisé. Le dossier de l’usine Peugeot reste lettre morte ainsi que le partenariat entre Sanofi Pasteur et le groupe algérien Saidal… Comment redynamiser ces dossiers ?

    Je ne pense pas que le bilan soit aussi négatif. De plus, le CIHN n’est pas uniquement une rencontre d’affaires, nous nous réunissons aussi pour parler d’autres dossiers.
    Notez que 80 % de l’activité de Sanofi en Afrique est réalisée en Algérie et il n’y a pas de contentieux avec cet associé. Le partenariat avec Saidal est en train de se concrétiser. Pour d’autres – comme Suez ou la RATP -, les partenariats battent de l’aile. Nous pourrions aller plus loin mais des lobbys français [les nostalgiques de l’Algérie française et les réseaux marocains, NDLR], très puissants, criminalisent pratiquement le fait de travailler avec l’Algérie. C’est une réalité et pas un complexe de persécution.
    Les relations ne se construisent pas de souverain à suzerain, mais d’égal à égal. Vous avez des intérêts que nous reconnaissons, que vous défendez, et nous avons des intérêts que nous devons défendre. Il faut sortir du mythe que les investisseurs français ont été malheureux en Algérie. Renault, Legrand et Schneider ont prospéré. Lafarge et Knauf ont exporté. BNP, SG, Natexis, Crédit agricole, Air France… ont acquis des parts de marché aussi, plus de 450 PME françaises sont présentes en Algérie.

    L’usine Peugeot va-t-elle ouvrir ?

    C’est un dossier en maturation. Le mérite de Peugeot, c’est de ne pas avoir accepté de verser de pot-de-vin [sous Bouteflika, NDLR]. Et pour cette raison, nous avons beaucoup de respect pour ce partenaire. Seulement, l’usine projette une production de 76 000 véhicules alors que l’Algérie consomme un minimum de 350 000 véhicules par an. Nous voulons aussi augmenter le taux d’intégration, à 30-35 %.

    L’Algérie a une longue et tragique expérience dans la lutte contre le terrorisme islamiste. Pensez-vous que cette expérience soit utile pour la France ?

    En Afrique et dans le monde arabe, nous sommes leaders dans la lutte contre le terrorisme. Cette expertise a bénéficié à tous les pays occidentaux, y compris aux États-Unis. Nous avons fait éviter des tragédies à la France, à la Belgique et à d’autres. Nous préférons garder cette coopération discrète, car il s’agit de sauvegarder des vies humaines en Europe et partout.

    Les tensions pèsent entre le Maroc et l’Algérie, et le Front Polisario a opté pour l’action militaire. Faut-il craindre un conflit armé ouvert dans la région ? Quel avenir pour l’Union du Maghreb arabe avec des générations d’Algériens et de Marocains qui ne se connaissent pas ?

    Dans cette relation, le rôle honorable revient à l’Algérie. La rupture avec le Maroc – et je parle de la monarchie, pas du peuple marocain, que nous estimons – remonte à tellement longtemps qu’elle s’est banalisée.
    Le Maroc a toujours été l’agresseur. Nous n’agresserons jamais notre voisin. Nous riposterons si nous sommes attaqués. Mais je doute que le Maroc s’y essaie, les rapports de force étant ce qu’ils sont.

    Les frontières avec le Maroc resteront-elles fermées ?

    Oui. On ne peut pas ouvrir les frontières avec un vis-à-vis qui vous agresse quotidiennement.

    Et sur le dossier du Sahara occidental ?

    Il y a huit mois, j’avais exprimé ma crainte à des ambassadeurs que le Front Polisario reprenne les armes et qu’un accrochage sérieux puisse faire basculer la situation. Les jeunes du Sahara occidental ne ressemblent pas à leurs aînés : ils sont nés dans les camps de Tindouf et ont maintenant 40 ans, ils refusent cette situation et veulent reprendre leurs territoires. Il a été très difficile pour le Front Polisario de mener à bien son dernier congrès face à cette génération impatiente.
    Certains croient qu’avec l’ouverture de consulats [à Laâyoune et Dakhla, NDLR], le dossier du Sahara occidental est clos, mais ils se trompent. Le Maroc devrait revenir rapidement à une solution acceptable conforme au droit international. Entre l’Algérie et le Maroc, le Sahara occidental a toujours été une pomme de discorde mais pas un casus belli. Le Maroc devrait opter pour la raison : son ennemi, comme pour l’Algérie, c’est le sous-développement. L’Algérie est en train de se construire avec ou sans le Maroc.
    Défi. « Si nous n’arrivons pas à jeter des passerelles solides entre la France et l’Algérie sous la présidence Macron, cela ne se fera jamais », estime Tebboune.

    Pensez-vous que l’administration Biden devrait revenir sur la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental par Trump ?

    Comment peut-on penser offrir à un monarque un territoire entier, avec toute sa population ? Où est le respect des peuples ? Cette reconnaissance ne veut rien dire. Toutes les résolutions du Conseil de sécurité concernant le Sahara occidental sont présentées par les États-Unis. On ne peut pas revenir, verbalement, sur tout ce qui a été fait par Washington pour faire plaisir à un roi.
    Pourquoi les Marocains refusent-ils l’autodétermination ? Parce qu’ils ont procédé à un changement ethnique qui a ses conséquences : les Sahraouis à l’intérieur du Sahara occidental sont aujourd’hui minoritaires par rapport aux Marocains qui s’y sont installés. En cas de vote pour l’autodétermination, les Marocains installés sur le territoire sahraoui vont voter pour l’indépendance parce qu’ils ne voudront plus être les sujets du roi. Il est paradoxal d’avoir une majorité marocaine et de refuser le vote d’autodétermination.

    Comment l’Algérie perçoit-elle l’offensive turque au Maghreb ?

    Cela ne nous dérange pas. Le litige entre la Turquie et certains pays arabes est principalement lié au dossier des Frères musulmans. L’Algérie a d’excellents rapports avec les Turcs, qui ont investi près de 5 milliards de dollars en Algérie sans aucune exigence politique en contrepartie. Maintenant, ceux que cette relation dérange n’ont qu’à venir investir chez nous !

    La force du G5 Sahel est-elle à la hauteur du combat antiterroriste dans le Sahel ? Est-ce que les forces de Barkhane devraient se retirer du Sahel ?

    Le G5 pourrait être plus efficace s’il avait plus de moyens. Or le G5 n’en a pas, il a été créé pour contrer le Cemoc [état-major basé à Tamanrasset en Algérie, regroupant Algérie, Mali, Mauritanie et Niger, NDLR], qui était mieux doté.
    Dans ce territoire, certains s’opposent [le Maroc, NDLR] au avancées de l’Algérie, essentiellement sur le dossier malien. Pour nous, il existe une volonté de saboter les accords d’Alger (accord pour la paix et la réconciliation au Mali de 2015). Je crois aussi que le G5 ou Barkhane sont des solutions partielles.
    Le Sahel est composé de pays que l’Algérie a l’obligation d’aider dans la reconstruction de leurs États. Il ne s’agit pas uniquement d’un programme de lutte antiterroriste.

    Si jamais Barkhane se retirait, quel rôle pourrait jouer l’Algérie ? Une intervention militaire en Algérie à l’extérieur est-elle envisageable ?

    La Constitution algérienne autorise désormais ce type d’intervention, mais la solution n’est pas là. L’Algérie ne laissera jamais le nord du Mali devenir un sanctuaire pour les terroristes, ni ne permettra une partition du pays. Pour régler le problème au nord du Mali, il faut y redéployer l’État. Via les accords d’Alger, nous sommes là pour aider Bamako, ce que nous faisons déjà avec la formation des militaires maliens.

    L’Algérie a dénoncé la normalisation avec Israël de certains pays arabes. Comment, selon vous, maintenir une cohésion arabe – notamment dans le cadre de la Ligue ?

    Il n’y a plus de cohésion. Et la Ligue arabe est à réformer, totalement. Nous le demandons depuis trente ans. Il existe un plan de paix auquel ont adhéré tous les pays arabes : les territoires contre la paix.
    Chaque pays est libre de normaliser ses relations avec Israël, mais l’Algérie ne le fera pas tant qu’il n’y aura pas d’État palestinien.

    Avez-vous prévu de vous rendre à l’étranger ?

    C’est une nécessité et je me rendrai d’abord en Tunisie, j’ai donné ma parole au président Kaïs Saïed. Je suis aussi invité en Russie, en Turquie, en Italie, au Qatar. Pour la France, l’invitation est mutuelle.

    Peut-on être heureux en Algérie ?

    L’Algérie est un pays facile à vivre. Notre culture de la solidarité est exceptionnelle, on l’a vu pendant la crise sanitaire : les citoyens ont multiplié les initiatives pour s’entraider. La santé et l’éducation sont gratuites. Comparativement aux pays voisins, nous avons eu peu de candidats dans les rangs du groupe État islamique, et nous comptons moins de harraga [migrants clandestins, NDLR], selon les statistiques des centres de rétention en Espagne et en Italie. On peut être heureux, mais il faut avoir le courage de voir son pays autrement. On peut détester Tebboune, mais pas détester son propre pays »
    In Le Point

    Le Courrier d’Algérie, 03 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Abdelmadjid Tebboune, Hirak, situation politique, Maroc, Sahara Occidental, élections législatives, Abdelaziz Bouteflika,

  • Diplomatie : L’Algérie reprend son rôle stratégique

    par Abla Chérif

    Alger réactive son rôle régional de manière très perceptible depuis un moment. Elle est tournée principalement vers l’Est, mais tend aussi à garder un pied ferme dans le Sud-Ouest, en Mauritanie notamment, où de nouvelles perspectives se mettent plus sérieusement en place.

    Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Cette nouvelle donne est surtout plus visible puisqu’elle se manifeste par des faits palpables qui marquent un saut qualitatif dans ses visées géostratégiques, après une longue période qui s’est limitée à des vœux pieux jamais réellement concrétisés. Alger semble aussi et surtout aller plus en profondeur dans son mode d’action, et semble avoir dépassé très vite ces derniers mois la doctrine sécuritaire qui est restée, des décennies durant, la principale carte jouée sur l’échiquier régional. Le processus de rapprochement enclenché avec la Libye le démontre d’ailleurs clairement. Ici, il n’est plus question de limiter les actions à la sécurisation des frontières, cette phase qui dure de longue date s’accompagne désormais d’un «partenariat multiforme gagnant-gagnant dans divers domaines prometteurs, notamment l’énergie, les travaux publics, la construction, l’investissement et les industries agroalimentaires».

    Le fait marquant réside aussi en la décision de la réouverture du poste frontalier Deb-Deb-Ghdamès, axe stratégique dans le transport de marchandises. Au même moment, les deux pays passent en revue les mesures pratiques visant la réouverture de la ligne maritime, ainsi que la possibilité d’ouvrir une ligne de transport de fret aérien et la reprise des vols aériens.

    La Libye est aussi toute gagnante dans ce processus qui lui permet de dépasser la «position d’élément de bouleversement» dans l’échiquier régional. L’Algérie renforce, elle, sa position régionale stratégique à l’Est où elle peut en premier lieu s’appuyer sur son partenaire essentiel, la Tunisie. Les deux pays ne semblent d’ailleurs faire plus qu’un en matière de déplacements humains et de transit de marchandises. C’est le fruit d’une longue coopération multiforme bien imagée lors de la remise de la médaille Athir par Abdelmadjid Tebboune à son homologue Kaïs Saïed. Le Président tunisien avait d’ailleurs tenu à réserver sa première sortie officielle à l’Algérie qui l’a honoré, pour reprendre les termes utilisés par l’APS, de la «plus haute distinction algérienne saluant l’excellence des relations bilatérales et les sacrifices communs durant la guerre de Libération».

    Alger ne conçoit que très peu de limites aux efforts en matière de soutien (multiformes) à Tunis. L’aide est avant tout économique et on l’a bien vu durant la visite de Kaïs Saïed (2020), puisque le chef de l’État algérien a annoncé à ce moment le dépôt de 150 millions de dollars dans la Banque centrale tunisienne. Une décision accompagnée d’un engagement à faciliter le paiement de l’approvisionnement en gaz et hydrocarbures, pour permettre à la Tunisie de dépasser la zone de turbulences dans laquelle elle se trouve. Tunis a aussi pu bénéficier d’une aide médicale importante durant le Covid, 140 000 litres d’oxygène, pour renforcer un partenariat stratégique multiforme (où la question sécuritaire joue un rôle très important), visant à stabiliser un voisin sur lequel l’Algérie peut compter dans les moments difficiles. L’axe Ouest est aussi appelé à se renforcer grâce la réactivation du rôle de l’Algérie auprès de la Mauritanie, un pays avec lequel Alger tend à aller plus en profondeur en matière de relations bilatérales. Là aussi, l’effort vise à aller au-delà du cadre sécuritaire. En avril dernier, et pour la première fois, les deux pays ont signé un mémorandum d’entente pour la création d’une commission bilatérale frontalière qui «traduit la volonté des deux pays de renforcer les relations de fraternité, de voisinage et de coopération», entre les deux États, et «intensifier le dialogue permanent, tout en mettant en place des mécanismes de coopération et de concertation sur le développement et la sécurisation de ces zones». Les deux pays évoquent aussi ouvertement les opportunités existantes en matière d’investissements, l’intensification des échanges économiques, commerciaux…

    Signe des temps, l’Algérie recevait en janvier dernier une délégation militaire de haut niveau conduite par le chef d’état-major des armées libyennes. «La première visite en Algérie du chef d’état-major revêt un caractère particulier pour les deux pays frères», commentait son homologue algérien.

    A. C.

    Le Soir d’Algérie, 01 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, diplomatie, Libye, Tunisie, Mauritanie, coopération, échange commercial, partenariat, frontières, Abdelmadjid Tebboune, Kaïs Saïed, faciliter le paiement de l’approvisionnement en gaz et hydrocarbures, relations bilatérales,

  • Le Président Tebboune reçoit un appel téléphonique de son homologue français Emanuel Macron

    ALGER – Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu mardi un appel téléphonique de son homologue français, Emmanuel Macron, avec lequel il a passé en revue les relations bilatérales et convenu de mettre à jour la réunion de la Commission ministérielle conjointe de haut niveau, indique un communiqué de la Présidence de la République.

    « Le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a reçu mardi un appel téléphonique de son homologue français, M. Emmanuel Macron. L’entretien a été l’occasion d’examiner les relations bilatérales et de convenir de mettre à jour la réunion de la Commission ministérielle conjointe de haut niveau », précise le communiqué.

    Les deux présidents, ajoute la même source, ont procédé à un échange de « vues sur les questions régionales d’intérêt commun dans la région du Sahel, notamment au Tchad, au Niger et au Mali, et ce qui doit être fait pour aider les pays du Sahel à instaurer la stabilité ».

    S’agissant de la situation en Libye, les deux présidents ont convenu « de soutenir le processus de règlement dans ce pays frère, notamment en apportant aide et assistance au nouveau Gouvernement afin d’organiser des élections dans les meilleures circonstances ».

    APS, 11 mai 2021

    Etiquettes : France, Algérie, Emmanuel Macron, Abdelmadjid Tebboune, Mali, Sahel, Tchad, Niger,

  • L’ingérence médiatique étrangère en Algérie

    par Rahim Ibn Ziane

    Depuis toujours la presse étrangère est présente en Algérie. Néanmoins, l’Algérie n’a pas hésité à retirer des accréditations, refuser le tournage de reportages ou expulser un média d’Algérie lorsque ladite presse dépasse son rôle d’informer et rentre dans de la désinformation (l’exemple le plus connu étant le bureau d’Al Jazeera à Alger fermé depuis 2008, France24 aussi est en sursis depuis une récente campagne de désinformation autour de l’Algérie le mois dernier[1]).

    Ces derniers mois, des campagnes massives d’acharnement médiatique à l’encontre de l’Algérie ont été organisées par la presse marocaine et française.
    En France, on est tombé dans le ridicule avec Le Figaro qui fait 3 articles sur les propos d’Abdelmadjid Chikhi affirmant que la France coloniale a œuvré pour répandre l’analphabétisme en Algérie dont un article payant pour dire « on n’a pas de preuves, mais c’est faux » alors qu’au final c’est réellement le cas[2].
    La presse marocaine est systématiquement dans l’injure et la désinformation à l’encontre de l’Algérie avec le 360 ou Yabiladi n’hésitant pas à se moquer d’un crash d’un hélicoptère en Algérie[3] ou affirmant que « l’Algérie a financé le Polisario à hauteur de 1 000 milliards de dollar étasunien ».

    La presse française et marocaine a leurs chouchous à défendre coûte que coûte : le Hirak post-démission de Bouteflika avec ses figures comme Tabbou (ancien député issu de l’élection frauduleuse de 2017 orchestrée par l’issaba déchu[4]) Assoul (elle aussi députée issue de la controversée élection de 2017, très liée au clan Toufik, elle a soutenu et travaillé pendant la campagne du candidat de Toufik Ali Ghediri[5]) mais aussi le MAK qui souhaite orchestrer des opérations terroristes en Algérie[6]. Même Rachad, un groupuscule héritier du FIS et constitué d’anciens membres du FIS comme le terroriste Mourad Dhina trouve grâce à leurs yeux.

    La presse française et marocaine contrôlée par l’État profond

    La presse française appartient à une poignée d’hommes d’affaires français ou étrangers. De multiples scandales ont déjà émergé en France avec des journaux ou des chaînes de télévision dont le riche propriétaire n’hésite pas à censurer une émission, un reportage, un documentaire ou un article qui ne lui convient pas.

    La presse écrite française qui est déficitaire depuis des années est aussi subventionnée par l’État français. En 2020, l’État français a subventionné la presse à hauteur de 840 millions d’euros par an pour l’année 2020 (en dehors des aides exceptionnelles liées à la pandémie de coronavirus)[7]

    Prenons par exemple Le Figaro qui s’est illustré ces dernières semaines de par la virulence de son article quotidien (minimum) à charge contre l’Algérie, il est possédé par le groupe Dassault, groupe du complexe militaro-industriel français (les fabricants du fameux Rafale vendu à l’étranger grâce à la corruption et avec l’aide de l’État français[8]). Le Figaro a bénéficié de 16 millions d’euros d’aides directes par l’État français (l’information la plus récente sur le montant de subvention perçue par chaque média français)[9].

    Il est facile de comprendre à première vue pourquoi la presse détenue par Dassault enrage contre l’Algérie. Dassault a essayé de vendre son Rafale à l’ANP sans résultat, ne bénéficie d’aucun contrat d’armement en Algérie depuis toujours et voit d’un œil enragé l’Allemagne prendre la deuxième place de fournisseur militaire en Algérie. Il est évident que si Alger achète des Rafales demain, Le Figaro nous fera plusieurs articles par jour élogieux sur l’Algérie.

    Le reste de la presse française aussi est dans le même cas de figure, des oligarques français en colère parce qu’Alger se tourne vers la Chine et l’Allemagne pour délaisser la France. TF1 appartient à Bouygues qui n’a toujours pas digéré l’attribution aux chinois de deux grands chantiers comme l’autoroute est-ouest ou la mosquée d’Alger. Libération appartient à l’israélien d’origine marocaine Patrick Drahi qui, pour des raisons évidentes, ne porte pas l’Algérie dans son cœur. L’Algérie étant l’un des rares pays ayant résisté et s’étant opposée vigoureusement à la vague de normalisations diplomatiques avec Israël opérée par les pays arabes à la fin du mandat de Donald Trump.

    La presse étant liée à l’État profond français tenue par les grandes entreprises française en perte de puissance en Algérie[10], mais aussi par l’État français directement par la presse qu’il possède (groupe France Radio et France Télévisions) mais aussi indirectement par la presse subventionnée. L’État français lui aussi ne se gène pas de faire dans de la désinformation via sa presse nationale, même si son relais international France24 s’est calmé après que le Ministre de la Communication Ammar Belhimer ait menacé au prochain incident de retirer l’agrément de France24. L’AFP a déjà fait les frais de la désinformation continue française en Algérie avec ses correspondants et son bureau qui s’est vu refusée le prolongement des accréditations récemment[11].

    Concernant la presse marocaine, elle est entièrement liée de près ou de loin au Makhzen (condition sine qua non pour pouvoir exister dans la dictature alaouite). Comme le révèle le journaliste dissident Ali Lmrabet[12], le360.ma appartient à Mounir Majidi secrétaire particulier de Mohammed VI.

    La campagne de désinformation et de haine marocaine contre l’Algérie autorisée ou commandée par le roi est elle aussi simple à comprendre. Le Maroc enrage contre l’Algérie du fait qu’elle soutient le Polisario contre la guerre inique menée par le Maroc et milite pour l’autodétermination du peuple martyr sahraoui. Le Maroc aussi de l’autre côté souhaite voir l’ouverture des frontières (pour pouvoir exporter en Algérie plus facilement le cannabis marocain qui a constitué la fortune de la famille royale marocaine) et aussi rêve d’une Algérie sans armée et avec des tartufes soumis à sa tête pour pouvoir prendre les villes réclamées dans le projet controversé et sans aucune réalité historique du « grand Maroc » (alors qu’ils sont incapables de récupérer les enclaves espagnoles au Maroc).

    Les cibles : l’armée, le Président Tebboune et le soutien à la cause sahraouie

    Tout en nous faisant le même récit faux de l’Algérie coincée dans le même système socialiste des années 70 (alors que c’est la libéralisation du marché en Algérie sans garde-fou qui l’a conduite dans la crise qu’elle a connu dans les années 80 et 90) la presse franco-marocaine s’acharne contre trois têtes de turc : le Président Tebboune et son gouvernement, mais aussi l’Armée Nationale Populaire et le soutien algérien à la cause sahraouie.

    La presse franco-marocaine n’hésite pas à désigner le pouvoir en place de véritable junte sans preuves sachant qu’aucun militaire n’est à la tête d’un ministère ou président en Algérie. La presse marocaine est plus virulente à l’encontre de l’armée en n’hésitant pas à trafiquer des classements pour faire apparaître l’armée marocaine devant l’armée algérienne (alors que dans le classement en question, l’Algérie n’y figure pas)[13]. Mais aussi, ils n’hésitent pas à se moquer de l’équipement (pourtant de meilleures qualités que celui de la FAR) militaire algérien qualifié de « vieilleries datant de l’époque soviétique », alors que le Maroc n’achète que de l’armement d’occasion étasunien, français ou israélien.

    Le Président Tebboune et son gouvernement ne sont pas en reste. Qualifié de dictature (alors que le Maroc est une véritable dictature et la France de plus en plus rejoint le club des dictatures), la presse française fait appel à de pseudo-experts comme Filiu (titulaire d’un doctorat sur mai 68 à l’ORTF) ne comprenant rien à la situation algérienne pour nous proposer des analyses erronées. Le Maroc lui n’hésite pas à faire appel à Bernard Lugan[14], une personnalité controversée d’extrême-droite négationniste du génocide des tutsis au Rwanda.

    La France s’est illustrée par son degré de mensonge avec la presse qui a inventé une pénurie de pâtes inexistante en Algérie[15] (tout en prenant comme photo d’illustration une image montrant un rayon de pâtes rempli en Algérie…) reprise immédiatement par la presse marocaine.

    Les cibles varient en fonction des intérêts des protagonistes. La France tape surtout sur le pouvoir en place qui la pousse à la sortie du marché algérien tandis que le Maroc nous parle d’un complot de l’armée qui dirige l’Algérie.

    Le soutien à la cause sahraouie fait aussi l’objet de vives attaques au Maroc, mais aussi d’attaques discrètes par la presse française. Le Maroc critiquant l’Algérie soutenant le principe d’autodétermination au Sahara Occidental pour essayer de faire croire que le problème n’est pas entre les sahraouis et le Maroc, mais un problème algéro-marocain ou l’Algérie méchant de l’histoire finance à pertes à hauteur de 1 000 milliards de dollars étasuniens le Polisario contre le Maroc.

    Pendant que le Maroc s’empresse d’écrire des articles de désinformation quotidiennement sur le conflit sahraoui avec des histoires farfelues, la France avance tête cachée par son relais médiatique qu’elle co-finance avec le Maroc, Jeune Afrique[16] qui elle aussi vend le conflit sahraoui comme un conflit algéro-marocain et n’hésite pas à dénigrer systématiquement l’Algérie tout en faisant une promotion du Maroc ou en adoucissant les polémiques marocaines.

    La réponse impérative de l’Algérie face à la campagne de désinformation

    L’Algérie en plus de se montrer ferme face aux mensonges réguliers de la presse étrangère doit elle aussi entrer dans le champ de bataille de l’information. Une chaîne d’information en continu 24/24 internationale en plusieurs langues (arabe, anglais et français pour commencer) comme France24, la BBC ou Al Jazeera doit être créée et diffusée partout dans le monde pour faire entendre la voie algérienne à l’international. Aussi, une presse numérique internationale doit être créée pour elle aussi promouvoir la voie algérienne à l’international.

    Aussi, la presse publique et privée de l’Algérie doit investir dans du fact check d’informations pour démonter les fake news récurrentes issues de la presse étrangère, mais aussi de certains acteurs nationaux souhaitant déstabiliser l’Algérie.

    Il est impératif que l’Algérie rattrape son retard sur la communication à l’international. La situation s’empire de jour en jour avec la propagande médiatique et leurs relais constitués de Moorish adeptes de la banane et grands consommateurs de stupéfiants, mais aussi aujourd’hui les makistes, en n’hésitant plus à mentir et à manipuler la masse en dissimulant leur sinistre agenda derrière des comptes estampillés « Algérie » ou « kabyle » pour derrière vendre l’indépendantisme kabyle et mentir ouvertement quand le MAK se fait attraper la main dans le sac dans la récente affaire de projet d’attentat terroristes.

    Les makistes qui n’hésitent pas à s’allier avec les Moorish contre l’Algérie sont eux aussi un autre danger pour l’Algérie nouvelle, ces gens n’hésitant pas à harceler et insulter quiconque n’étant pas d’accord avec eux et en faisant du sophisme de bas étage pour vendre des anti-makistes comme étant des anti-kabyles.

    L’Algérie doit se mettre au travail et porter sa voie à l’international avec des relais médiatiques puissants. Le trolling anti-Algérie aussi doit connaître sa fin, ces gens étant soutenus et financés par des États étrangers tandis que la sphère patriotique algérienne réussi à les contrer seuls et à les remettre à leurs places.

    [1] Belhimer convoque “France 24” en Algérie et avertit la chaîne Ennahar Online 13 mars 2021 https://www.ennaharonline.com/fr/belhimer-convoque-france-24-en-algerie-et-avertit-la-chaine/

    [2] En 1962 85% de la population algérienne était analphabète https://www.nouvelobs.com/education/20120913.AFP8696/environ-6-millions-d-algeriens-analphabetes-soit-un-taux-de-22-etude.html

    [3] Un article scandaleux qui a été dénoncé partout sur internet par les algériens https://afrique.le360.ma/algerie/politique/2020/12/16/32874-video-enieme-crash-daeronef-lalgerie-bat-son-triste-record-32874

    [4] Achat des postes de députés : La légitimité de l’APN plus que jamais remise en cause Algérie Eco

    [5] Présidentielle : le parti de Zoubida Assoul soutient le candidat Ali Ghediri Algérie Patriotique

    [6] Communiqué du Ministère de la Défense Nationale 25 avril 2021

    [7] La presse recevra des aides supplémentaires de 483 millions sur 2 ans Le Figaro 27 août 2020

    [8] « Rafale Papers » : une affaire de corruption enterrée par l’Etat ? France Inter 10 avril 2021

    [9] Aides à la presse : qui touche le plus ? Le Monde 6 mai 2014

    [10] Total, Suez, la RATP par exemple ont perdu des contrats en Algérie.

    [11] Tweet de Khaled Drareni le 23 avril 2021

    [12] Tweet d’Ali Lmrabet 7 août 2020

    [13] Puissance militaire : le Maroc occupe la 1ère place au Maghreb Challenge.ma

    [14] Bernard Lugan bénéficie d’une tribune au sein du 360. Tribune où il affirme que « L’Algérie n’a jamais existé » et d’autres fantaisies sur des faits historique ou d’actualité. La chaire marocaine qu’il doit rencontrer souvent à la Mamounia lui fait dire des grosses inepties pour pouvoir continuer à y gouter.

    [15] L’Algérie confrontée à une pénurie de pâtes Courrier International 28 février 2021

    [16] Jeune Afrique a bénéficié de 415 000€ de subventions par l’Etat français selon data.gouv.fr et bénéficie de financement par le Makhzen (Algérie Patriotique)

    Kassaman Times, 26 avr 2021

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  • Relations Algéro-Françaises : Le nouveau cap d’Alger

    L’Algérie est en train de tracer les contours de sa nouvelle relation avec la France. Par touches successives, Alger est en effet sur la voie de redessiner la nature même de sa relation avec Paris, et ce en clarifiant davantage sa position sur l’épineuse question de la mémoire et de l’histoire commune.

    Ce remodelage s’est ainsi vérifié à l’occasion de la commémoration du 76e anniversaire des massacres du 8 mai 1945, où plusieurs hauts responsables algériens se sont exprimés sur ce douloureux événement, où la France coloniale a massacré 45. 000 algériens et, par extension, sur la relation entre l’Algérie et l’ancienne puissance coloniale. Ainsi, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, le Premier ministre, Abdelaziz Djerrad et le ministre de la Communication, Ammar Belhimer, sont montés au cerneau pour donner un aperçu complet sur cette nouvelle orientation et cette nouvelle tendance. Cette sortie synchronisée atteste, il va sans dire, que l’Algérie lie désormais le lourd dossier de l’histoire à sa relation contemporaine avec la France.

    Les deux dossiers sont intimement liés: voila le nouveau message d’Alger adressé à Paris. « La qualité de nos relations avec la France ne peut se faire au détriment dudossier mémoriel qui est non négociable », a indiqué le président Tebboune dans son message en ajoutant à ce propos que plusieurs chantiers restent ouverts, tels celui de la récupération du reste des crânes des résistants, les archives, le dossier des disparus et l’indemnisation des victimes des essais nucléaires dans le Sud. Des propos qui ne soufrent d’aucune ambigüité même si le chef de l Etat ne s’est pas étalé sur les détails de l’ensemble des questions qui compose ce dossier de la mémoire.

    Sur ce plan, c’est le ministre de la Communication qui s’est chargé d’énumérer les dossiers encore en suspenns. Ammar Belhimer a souligné que « l’Algérie reste attachée au règlement global du dossier mémoriel », ajoutant que les efforts de l’Algérie en ce sens « commencent à payer ». Dans un message à l’occasion de la célébration, pour la première fois dans l’histoire de l’Algérie indépendante, de la Journée nationale de la Mémoire, coïncidant, cette année, avec le 76e anniversaire des massacres du 8 mai 1945, le porte parole du gouvernement a indiqué que le règlement de cette question repose sur « la reconnaissance officielle, définitive et globale, par la France, de ses crimes, qualifiés par Macron lui-même de crimes contre l’humanité, la repentance et des indemnisations équitables ». Belhimer remet ainsi sur le devant les questions de la repentance des excuses et des indemnisations. Autant dire que ce sont là des questions qui fâchent puisque la France officielle a déjà dit son mot sur les excuses et la repentance par la bouche de ses plus hauts responsables, dont l’actuel locataire de l Elysée, Emmanuel Macron, qui a a clairement écarté toute éventualité pur son pays de faire acte de repentance pour les crimes commis durant la colonisation contre le peuple algérien.

    Par : KAMAL HAMED

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