Étiquette : Afghanistan

  • Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 10 mai 2021

    Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 10 mai 2021

    (La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)

    Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:

    Moyen-Orient

    Le Conseil a entamé ses travaux, ce matin, par des consultations privées sur le Moyen-Orient. Les membres du Conseil ont entendu une mise à jour sur la situation à Jérusalem-Est occupée présentée par le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Tor Wennesland.

    Pour ce qui est de la situation sur le terrain, le Secrétaire général suit avec une profonde inquiétude les derniers développements en matière de sécurité, lesquels risquent de provoquer une nouvelle escalade dangereuse conduisant à de nouvelles violences et pertes en vies humaines. Il condamne dans les termes les plus vifs le lancement de roquettes depuis Gaza vers Israël, qui aurait été revendiqué par le Hamas, en particulier la prise pour cible de centres de population civile. Il exhorte toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue. Le Coordonnateur spécial, M. Wennesland, travaille en étroite collaboration avec toutes les parties concernées pour rétablir le calme. Son bureau surveille la situation de près.

    Dans une déclaration publiée hier soir, le Secrétaire général s’est déclaré profondément préoccupé par la poursuite de la violence à Jérusalem-Est occupée, ainsi que par les éventuelles expulsions de leurs domiciles de familles palestiniennes dans les quartiers de Cheik Jarrah et Silwan. Il exhorte Israël à cesser les démolitions et les expulsions, conformément à ses obligations au titre du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme.

    Les autorités israéliennes doivent faire preuve de la plus grande retenue et respecter le droit à la liberté de réunion pacifique. Tous les dirigeants ont la responsabilité d’agir contre les extrémistes et de dénoncer tous les actes de violence et d’incitation à la haine. Le Secrétaire général demande instamment que le statu quo des lieux saints soit maintenu et respecté.

    République centrafricaine

    En République centrafricaine, des Casques bleus sont déployés depuis hier matin pour aider à sécuriser la ville de Bakouma, située à environ 130 kilomètres au nord de Bangassou.

    Bakouma est l’une des villes où des problèmes de sécurité avaient empêché la tenue d’élections en décembre de l’année dernière et à nouveau en mars.

    Le déploiement de 300 Casques bleus de l’ONU a été rendu possible suite à la réhabilitation des ponts endommagés par des groupes armés il y a quelques semaines.

    Sur place, les soldats de la paix travailleront pour protéger la population civile et contribueront également à l’organisation d’élections législatives plus tard ce mois-ci.

    Myanmar

    Le personnel de l’ONU au Myanmar se dit consterné par la violence persistante dont font preuve les forces de sécurité depuis la prise de pouvoir par l’armée, le 1er février.

    Selon le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, à ce jour, au moins 781 manifestants pacifiques, dont beaucoup de femmes et d’enfants, ont été tués, et des milliers d’autres personnes ont été blessées.

    La situation au Myanmar, qui est dans son quatrième mois, est rapidement devenue l’une des pires crises de protection et humaine au monde.

    COVAX

    L’équipe de l’ONU au Pakistan, dirigée par le Coordonnateur résident, M. Julien Harneis, indique qu’un premier lot de plus de 1,2 million de doses de vaccin est arrivé samedi dans le pays via le Mécanisme COVAX. Un deuxième envoi de 1,2 million de doses supplémentaires est attendu dans les prochains jours. L’équipe de l’ONU travaille avec le Mécanisme COVAX pour fournir des doses en quantité suffisante pour vacciner 20% de la population pakistanaise.

    Le personnel de l’ONU fournit également un appui dans le domaine de la santé, notamment en améliorant l’eau, l’assainissement et l’hygiène dans les centres de soins, ainsi qu’en formant les agents de santé de première ligne sur la prévention et le contrôle des infections à la COVID-19. L’équipe de l’ONU a fourni des équipements de protection individuelle à plus d’un million d’agents sanitaires et de policiers.

    De son côté, Madagascar a reçu 250 000 doses de vaccin au cours du week-end. La campagne de vaccination du pays a commencé aujourd’hui.

    L’équipe de l’ONU, dirigée par le Coordonnateur résident, M. Issa Sanogo, aidera les autorités à vacciner les travailleurs de première ligne, notamment les agents de santé et des forces de l’ordre, les travailleurs sociaux, ainsi que d’autres groupes vulnérables. L’ONU a également aidé à former des agents de santé sur la manière de déployer une campagne de vaccination.

    COVID-19/Népal

    L’équipe de l’ONU au Népal, dirigée par la Coordonnatrice résidente, Mme Sara Beysolow Nyanti, intensifie son soutien pour faire face à la flambée rapide des cas de COVID-19 en déployant du personnel et un soutien financier et technique supplémentaires.

    L’ONU fournit des produits de santé essentiels, tels que des concentrateurs d’oxygène. Alors que des milliers de personnes retournent au Népal depuis l’Inde voisine, l’UNICEF et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) aident les autorités frontalières en fournissant des équipements de santé et de sécurité, ainsi qu’en diffusant des informations, des avis de voyage et des messages sanitaires.

    À ce jour, le Népal a reçu plus de 2 millions de doses de vaccins par l’intermédiaire du Mécanisme COVAX et d’autres sources d’approvisionnement. Plus de 1,8 million de personnes ont reçu une première dose, dont plus de 360 000 qui ont reçu deux doses. L’UNICEF a aidé à l’établissement de centres de crise médiatique pour permettre aux autorités sanitaires de communiquer rapidement des informations précises sur la pandémie et les vaccins.

    Exploitation et atteintes sexuelles

    Le Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité (DMSPC) indique que le Royaume-Uni a fait don de 1,1 million de dollars au fonds d’affectation spéciale en faveur des victimes d’exploitation et d’atteintes sexuelles. Cela porte le montant total du Fonds d’affectation spéciale à 3,8 millions de dollars. La contribution du Royaume-Uni représente plus de 25% des recettes totales du Fonds d’affectation spéciale, et est la plus importante à ce jour parmi les 23 contributeurs. L’ONU remercie le Royaume-Uni, salue son engagement et invite les autres États Membres à contribuer.

    Le Fonds d’affectation spéciale est le seul mécanisme dédié qui fournit un soutien financier pour les services et l’assistance aux victimes d’exploitation et d’atteintes sexuelles commises par le personnel de l’ONU. Il autonomise les communautés et sensibilise à ce fléau, non seulement en République centrafricaine (RCA), mais également en République démocratique du Congo (RDC), en Haïti et au Libéria.

    FINUL

    Le Secrétaire général est attristé par le décès du général de corps d’armée Emmanuel Erskine, du Ghana, à l’âge de 86 ans. Il a été le premier commandant de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) de 1978 à 1981.

    Kenya/Somalie

    Suite à des questions posées au sujet des annonces de la Somalie et du Kenya concernant les efforts en cours pour rétablir les relations diplomatiques, le porte-parole a indiqué que l’ONU se félicite de cette annonce et reconnaît le rôle joué par le Qatar à cet égard.

    L’ONU espère que cette annonce conduira au rétablissement complet des relations amicales entre le Kenya et la Somalie, qui sont cruciales pour la stabilité et la coopération dans la région.

    Somalie

    Dans une déclaration publiée ce week-end, le Secrétaire général s’est félicité de la nomination de M. John Dramani Mahama, du Ghana, en tant que Haut-Représentant de l’Union africaine pour la Somalie. Il a exprimé le plein soutien des Nations Unies à cette initiative de l’Union africaine.

    Afghanistan

    Le Secrétaire général a fermement condamné, dans une déclaration publiée ce week-end, l’horrible attentat perpétré aujourd’hui près d’une école à Kaboul, en Afghanistan, qui a tué et blessé de nombreux civils, dont de nombreuses filles.

    Le Secrétaire général exprime ses plus sincères condoléances aux familles des victimes, ainsi qu’au Gouvernement et au peuple afghans, et souhaite un prompt rétablissement aux blessés. Les responsables de ce crime odieux doivent être tenus pour responsables.

    Le Secrétaire général souligne l’urgence de mettre fin à la violence en Afghanistan et de parvenir à un règlement pacifique du conflit.

    Journée internationale de l’arganier

    La Journée internationale de l’arganier est célébrée aujourd’hui.

    L’arganier est une espèce endémique de la région subsaharienne du Maroc, située dans le sud-ouest du pays. Il pousse dans des zones arides et semi-arides.

    Les arganiers fournissent des produits forestiers, des fruits et du fourrage, notamment l’huile d’argan qui est mondialement connue.

    Cet arbre polyvalent permet de générer des revenus, et améliore la résilience ainsi que l’adaptation au climat. Il joue un rôle très important dans la réalisation des trois dimensions du développement durable -économique, sociale et environnementale- sur le plan local.

    Invité du point de presse demain

    À l’occasion du bilan de mi-année du rapport sur la Situation et perspectives de l’économie mondiale, les invités du point de presse de demain seront M. Hamid Rashid, auteur principal, et Mme Helena Alfonso, spécialiste des affaires économiques, tous deux au Département des affaires économiques et sociales (DESA).

    Etiquettes : MOYEN-ORIENT, RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE, MYANMAR, NÉPAL, KENYA, SOMALIE, AFGHANISTAN, covid19, FINUL, COVAX,

  • La fin d’une aventure en Afghanistan (Edito de L’Expression)

    Une époque s’achève avec le retrait des Etats-Unis d’Afghanistan où ils étaient intervenus militairement en 2001, au lendemain des attentats du 11 Septembre signés par Al Qaïda, à la tête d’une coalition internationale. Le président en exercice, le va-t-en guerre George W. Bush, célèbre pour son intervention destructrice en Irak où il affirmait que la «quatrième armée du monde» disposait de tout un arsenal chimique, avait décidé, un 7 octobre 2001, de lancer une opération baptisée «Enduring Freedom» pour punir le régime fondamentaliste taliban, aux commandes de l’Afghanistan depuis 1996, d’accueillir Oussama Ben Laden et son organisation terroriste Al Qaïda.

    Très vite, le régime taliban sera emporté mais les évènements d’Irak donneront quelque répit aux populations afghanes en 2003, l’attention de Washington étant focalisée par Saddam Hussein. Les talibans, chassés de Kaboul, ont vite fait de réunir d’autres groupes islamistes, dans leur bastion du Sud et de l’Est du pays, pour déclencher une insurrection. Bush expédie des renforts en 2008, imité par…Barack Obama qui promettait, durant sa campagne, de clore les guerres d’Irak et d’Afghanistan.

    Avec 30000 hommes de plus, le contingent US aura atteint, fin 2010, quelque 100000 soldats auxquels s’ajoutent 50000 autres de l’OTAN. Le 2 mai 2011, Oussama Ben Laden est tué par un commando des forces spéciales américaines, venu du Pakistan voisin. Fin 2014, l’OTAN plie bagage et le pays ne compte plus que 22000 soldats étrangers dont 9800 américains. L’insurrection talibane s’étend, alors, tandis que Daesh débarque, à son tour. En août 2017, le président Trump écarte tout retrait et expédie plusieurs milliers de soldats en renfort ainsi qu’un arsenal comme la plus puissante des bombes conventionnelles qui a tué 96 jihadistes.

    Les attaques des talibans se multiplient, meurtrières malgré de nouveaux renforts et les ripostes américaines. Washington opte, du coup, pour des discussions avec les insurgés, d’abord discrètes, puis affichées, à Doha. Le 29 février 2020, Etats-Unis et talibans signent un accord historique au Qatar, prévoyant le départ total des troupes étrangères, avant mai 2021, moyennant des garanties de sécurité, un engagement des talibans à discuter avec Kaboul et une réduction des actes de violence. Annoncé, mi-avril dernier, par le président Joe Biden, le retrait des 2500 GI’S et des 9600 soldats de l’OTAN est, désormais, une réalité, inscrite dans l’histoire tumultueuse d’un Afghanistan martyrisé.

    L’Expression, 2 mai 2021

    Etiquettes : Afghanistan, Etats-Unis, terrorisme, Al Qaïda, talibans, George Bush, Oussama Ben Laden,

  • Un détenu de Guantanamo dépose plainte à l’ONU pour détention arbitraire

    Un détenu de Guantanamo, Abou Zoubaydah, qui dit avoir été arrêté et torturé après les attentats du 11-septembre, s’apprête à déposer une plainte auprès d’une agence de l’ONU pour sa détention qui dure depuis près de 19 ans, a annoncé jeudi son avocate.

    La plainte, qui vise les Etats-Unis et six autres pays, sera déposée vendredi auprès du Groupe de travail sur la détention arbitraire, un groupe consultatif d’experts indépendants, pour lui demander d’intervenir dans son dossier, a précisé l’avocate Helen Duffy.

    Arrêté en 2002 au Pakistan

    Aujourd’hui âgé de 50 ans, Zayn al-Abidin Mohammed Hussein, dit Abou Zoubaydah, est un Palestinien né en Arabie saoudite, qui était considéré par la CIA comme un responsable de haut rang d’Al-Qaïda ayant participé aux préparatifs des attentats du 11 septembre 2001.

    Selon son avocate, il a été arrêté en 2002 au Pakistan et remis à la CIA, qui l’a détenu dans plusieurs prisons secrètes où il a été le premier prisonnier soumis à la torture, subissant notamment 83 séances de « waterboarding », ces noyades simulées aujourd’hui interdites par les Etats-Unis.

    Il a été transféré en 2003 à Guantanamo, où il est toujours détenu sans inculpation ni espoir d’être un jour libéré, et la CIA a reconnu depuis qu’Abou Zoubaydah n’appartenait pas à Al-Qaïda.

    « Sa détention n’a aucune base légale selon les lois internationales et c’est une offense à tous les principes de respect des procédures », a noté Mme Duffy dans un communiqué.

    Il demande l’aide de 6 pays

    Dans sa plainte, Abou Zoubaydah va demander à l’agence de l’ONU de conclure que les Etats-Unis doivent le libérer.

    Il veut également que les six autres pays qui seraient impliqués dans sa détention : Grande-Bretagne, Thaïlande, Afghanistan, Lituanie, Pologne et Maroc, prennent toutes les mesures pour assurer sa libération, y compris en lui offrant l’asile.

    « Après 19 ans de détention arbitraire, la seule solution légale appropriée serait sa libération et sa réhabilitation », a ajouté son avocate. La réponse de l’administration du président Joe Biden « permettra de tester les engagements qu’il a pris récemment en faveur des règles de droit et des droits humains ».

    AFP

    Vivreici.be, 30 avr 2021

    Etiquettes : Etats-Unis, Guantanamo, ONU, plainte, Abou Zoubaydah, Zayn al-Abidin Mohammed Hussein, Al-Qaïda, terrorisme, torture, ONU, Groupe de travail sur la détention arbitraire, Grande-Bretagne, Thaïlande, Afghanistan, Lituanie, Pologne et Maroc,

  • Dix ans après sa mort, Ben Laden continue à hanter le Pakistan

    Comme presque chaque jour, quelques gamins jouent au cricket sur une large dalle de béton, au milieu d’une herbe roussie et de moellons épars. Voilà tout ce qu’il reste de l’antre final de celui qui fut longtemps l’homme le plus recherché de la planète.

    C’est en ce lieu, dans la ville pakistanaise d’Abbottabad (nord), sur les premières pentes de l’Himalaya, qu’Oussama ben Laden a trouvé la mort dans un raid clandestin mené par des Navy Seals, une unité d’élite des forces spéciales américaines, dans la nuit du 1er au 2 mai 2011.

    Cet événement au retentissement planétaire a durablement affecté l’image internationale du Pakistan et mis à nu les contradictions d’un pays qui a longtemps servi de base arrière à Al-Qaïda et ses alliés talibans, tout en pâtissant comme peu d’autres du terrorisme.

    L’opération « Géronimo » a mis fin à dix ans de traque du cerveau des attentats du 11-Septembre, qui avait échappé aux Américains en 2001 dans les grottes de Tora Bora, dans l’est de l’Afghanistan.

    Elle a causé un énorme embarras au Pakistan et à sa toute puissante armée. Ben Laden a vécu reclus pendant au moins cinq ans à Abbottabad, se terrant derrière les hauts murs d’une imposante bâtisse blanche, à moins de deux kilomètres d’une académie militaire renommée.

    « Cela a été une très mauvaise chose pour cet endroit et pour tout le pays. Abbottabad était le lieu le plus paisible qui soit. En vivant ici, Oussama a donné mauvaise réputation à cette ville », regrette Altaf Hussain, un instituteur à la retraite de 70 ans, qui se promène sur l’allée longeant l’ancienne résidence de Ben Laden.

    L’armée et les services de renseignement pakistanais ont subi un terrible camouflet. Ils auraient pu admettre être au courant de la présence du fondateur d’Al-Qaïda, mais cela aurait mis en exergue leur incapacité à empêcher le raid américain. Ils ont préféré nier, même si cela revenait à reconnaître des failles en matière de renseignement.

    Humiliation nationale

    Vécue comme une humiliation nationale, l’opération a renforcé un déjà fort sentiment anti-américain au sein d’une population lassée du très lourd tribut financier et humain payé à la guerre contre le terrorisme et à son alliance avec les États-Unis après les attentats de 2001.

    Le Pakistan a d’abord été sensible au mythe fondateur d’Al-Qaïda, fondé sur la résistance du peuple musulman face à l’impérialisme américain. A sa mort, Ben Laden n’était pourtant plus tout à fait aussi populaire qu’une décennie plus tôt.

    « Avant, je me rappelle que les gens nommaient leurs enfants Oussama, même dans mon village », raconte le journaliste pakistanais Rahimullah Yusufzai, un spécialiste des réseaux jihadistes. Mais à partir de 2002 ou 2003, ce soutien avait, selon lui, « commencé à diminuer à cause des violences ».

    Cela n’a pas empêché l’extrémisme de continuer à se propager après 2011 au Pakistan, où les mouvements religieux conservateurs sont devenus de plus en plus influents.

    Les trois années suivantes, les groupes terroristes, au premier rang desquels le Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP, les talibans pakistanais), ont versé le sang lors d’attentats de masse et établi leurs bastions dans les zones tribales du nord-ouest.

    Ils n’en ont été délogés que par une campagne militaire lancée en 2014 dans cette région frontalière de l’Afghanistan. Elle a permis de faire retomber les violences, même si une série d’attaques mineures a récemment fait craindre que ces groupes n’aient commencé à s’y reconstituer.

    « Pas d’unanimité »

    Sans son charismatique leader, Al-Qaïda « a survécu, mais à peine » et n’est plus apte à lancer de grande attaque en Occident, souligne M. Yusufzai.

    Le groupe n’est non plus « plus une grande menace pour le Pakistan », qu’il avait d’ailleurs longtemps épargné, mais d’autres comme le TTP ou l’État islamique le restent, estime Hamid Mir, le dernier journaliste à avoir interviewé Ben Laden en face-à-face, fin 2001.

    Dix ans après, Ben Laden conserve la même aura qu’avant dans les cercles radicaux. « Il est vivant dans le cœur de chaque taliban et chaque jihadiste », atteste Saad, un responsable taliban afghan vivant dans la ville pakistanaise de Peshawar (nord-ouest).

    Mais au-delà même de ce courant, une certaine ambivalence à son égard persiste. En 2019, le Premier ministre pakistanais, Imran Khan, avait fait scandale en déclarant devant l’Assemblée nationale que Ben Laden était mort en « martyr », un terme élogieux dans la religion islamique.

    « Il n’y a pas d’unanimité sur Ben Laden au Pakistan. L’opinion publique est divisée », constate M. Mir. Pour lui, le chef d’Al-Qaïda reste perçu par certains comme un « combattant pour la liberté » et par d’autres comme « une mauvaise personne, qui a tué des innocents et causé des destructions, non seulement au Pakistan mais dans beaucoup de pays (en) violation des enseignements de l’islam ».

    Même à Abbottabad, ville de taille moyenne plutôt prospère et tolérante, on maintient une certaine ambiguïté envers Ben Laden, dont la maison a été rasée en 2012 par les autorités pour qu’elle ne se transforme pas en mémorial.

    « Dans cette rue, il y a des différences d’opinion. Certains disent qu’il était bon, d’autres qu’il était mauvais », confie un autre voisin, Numan Hattak, un adolescent.

    Sudinfo.be, 27 avr 2021

    Etiquettes : Afghanistan, Pakistan, Ben Laden, Al Qaïda, terrorisme, Talibans,

  • Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 21 avril 2021

    (La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)

    Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:

    Chypre/Réunion 5+1

    Le Secrétaire général se rendra à Genève pour la réunion informelle à 5+1 sur la question chypriote, qui se tiendra du 27 au 29 avril.

    Comme indiqué par le Bureau du porte-parole le 24 février, cette réunion informelle est convoquée à la suite de consultations menées au nom du Secrétaire général par un haut fonctionnaire de l’ONU, Mme Jane Holl Lute. Ces consultations ont eu lieu au cours des derniers mois.

    L’objectif de la réunion, comme nous l’avons souligné à l’époque, sera de déterminer s’il existe un terrain d’entente permettant aux parties de négocier une solution durable à la question chypriote dans un horizon prévisible.

    Afghanistan

    Dans une déclaration conjointe, les coorganisateurs de la conférence d’Istanbul sur le processus de paix en Afghanistan ont déclaré qu’au vu des récents développements et après de longues consultations avec les parties, il a été convenu de reporter la conférence à une date ultérieure lorsque les conditions pour faire des progrès significatifs seraient plus favorables.

    La déclaration note que la Turquie, le Qatar et l’ONU avaient prévu de convoquer conjointement une conférence de haut niveau à Istanbul, du 24 avril au 4 mai, avec la participation des représentants de la République islamique d’Afghanistan et des Taliban. L’objectif était de donner un nouvel élan aux négociations qui ont débuté à Doha en septembre dernier pour parvenir à une paix juste et durable dans le pays.

    La déclaration souligne que la Turquie, le Qatar et l’ONU poursuivront résolument leurs efforts sincères pour parvenir à la paix en Afghanistan.

    Myanmar

    Le Secrétaire général se félicite de la convocation le 24 avril de la prochaine réunion des dirigeants de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), qui devrait débattre de la situation actuelle au Myanmar.

    Comme le Secrétaire général l’a indiqué dans ses remarques au Conseil de sécurité cette semaine, il continue d’appeler à une réponse internationale résolue fondée sur un effort unifié. Il exhorte les dirigeants de l’ASEAN à aider à prévenir une escalade de la crise et d’éventuelles implications humanitaires graves au-delà des frontières du Myanmar.

    L’ONU restera un partenaire essentiel de l’ASEAN et apportera son plein appui à ses efforts sur le Myanmar. L’Envoyée spéciale du Secrétaire général, Christine Schraner Burgener, reste dans la région et sera à Djakarta pour engager les dirigeants de l’ASEAN en marge de la réunion de samedi, en se concentrant sur une solution politique.

    Toujours au Myanmar, le Fonds des Nations Unies pour la population dans le pays a déclaré aujourd’hui que les droits des femmes et des filles au Myanmar, y compris leur droit de vivre une vie sans violence ni intimidation, doivent être respectés à tout moment. L’agence a souligné que les forces militaires et de sécurité doivent s’abstenir à tout moment de toute forme de violence contre les femmes, les filles et les jeunes. Les auteurs doivent être tenus responsables de leurs actes.

    Lundi, le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies a déclaré qu’au moins 741 femmes, enfants et hommes avaient été tués depuis le 1er février, dont 52 enfants.

    Climat

    Demain, le Secrétaire général participera au Sommet sur le climat organisé par le Président des États-Unis, Joseph R. Biden.

    Par ailleurs, l’Envoyé spécial pour l’action et le financement du climat, Mark Carney, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, les champions du climat et la présidence de la COP26 viennent de lancer la Glasgow Financial Alliance for Net Zero, qui réunit plus de 160 entreprises issues d’initiatives nouvelles et existantes, y compris les Alliances Net Zero Asset Managers et Asset Owners, afin d’accélérer la transition vers zéro émissions nettes d’ici à 2050 au plus tard.

    Océan

    Ce matin, le Secrétaire général a pris la parole, dans un message vidéo préenregistré, lors du lancement de la deuxième évaluation mondiale de l’océan.

    Selon lui, nous devons transformer notre relation avec l’océan, le système de survie de notre planète. Les conclusions des scientifiques sont alarmantes, a-t-il déclaré, ajoutant que la deuxième évaluation avertit que de nombreux avantages que l’océan offre à l’humanité sont de plus en plus compromis par nos propres actions.

    Il a exhorté les pays à tenir compte de cet avertissement et à œuvrer ensemble à la recherche conjointe, au renforcement des capacités et au partage de données, d’informations et de technologies en vue de soutenir et gérer nos océans.

    Ensemble, nous pouvons favoriser non seulement une reprise verte –mais aussi bleue– de la pandémie et contribuer également à garantir une relation résiliente et durable à long terme avec l’océan.

    Saint-Vincent-et-les Grenadines 

    En réponse à la demande d’assistance internationale formulée par le Gouvernement, et en coordination avec le bureau du Coordonnateur résident de l’ONU pour la Barbade et les Caraïbes orientales et l’Agence caraïbe pour les secours d’urgence en cas de catastrophe naturelle (CDEMA), une mission environnementale conjointe de 13 personnes du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) se déploie à Saint-Vincent-et-les Grenadines.

    L’équipe, qui devrait être déployée pendant trois semaines, est composée de six spécialistes de l’environnement, ayant une expertise en géologie, en gestion des cendres, en pollution environnementale, en écologie et en réponse verte. D’autres membres de l’équipe aideront à la liaison, la gestion de l’équipe et à la logistique. Il est également prévu d’envoyer des experts supplémentaires à la Barbade pour travailler en étroite collaboration avec l’équipe déployée à Saint-Vincent-et-les Grenadines. 

    La présence de l’ONU s’accroît progressivement à Saint-Vincent-et-les Grenadines, mais l’accès reste difficile, ce qui nécessite le soutien d’avions militaires et de certains types de navires. 

    Éthiopie

      Bien qu’il y ait eu quelques améliorations récentes dans l’accès humanitaire au Tigré, la situation dans la région reste alarmante avec un conflit actif dans certaines zones qui restreint les mouvements et la réponse humanitaires, a indiqué le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA). 

    La semaine dernière, l’insécurité dans la région d’Adigrat, dans la zone est du Tigré, aurait empêché le déplacement de plus de 20 camions de secours.  

    L’ONU est également préoccupée par l’aggravation de l’insécurité alimentaire si le conflit se poursuit et perturbe la prochaine saison de plantation, qui approche.  

    Malgré les difficultés, les partenaires humanitaires intensifient leur réponse. Jusqu’à présent, plus de 1,5 million de personnes ont reçu une double allocation de rations alimentaires dans 12 districts ciblés et près de 246 000 personnes ont reçu des abris d’urgence et des articles non alimentaires.  

    L’ONU a besoin de toute urgence de plus de fonds et d’un accès plus sûr et sans entrave pour intensifier la réponse humanitaire et aider toutes les personnes touchées. 

     Selon les estimations de l’administration intérimaire du Tigré, 4,5 millions de personnes ont besoin d’une assistance vitale au Tigré.

    Liby e

     Hier, le Secrétaire général a rencontré virtuellement ses homologues de l’Union africaine (UA), de l’Union européenne (UE) et de la Ligue des États arabes, réunis au sein du « Quatuor pour la Libye ». 

    Dans un communiqué publié par la suite, le Quatuor a exprimé son soutien total aux efforts du Conseil de la présidence, du Gouvernement d’entente nationale et d’autres institutions nationales unifiées pour mettre en œuvre la feuille de route du Forum de dialogue politique libyen et mener à bien la transition démocratique de la Libye. 

    Le Quatuor a condamné les violations continues de l’embargo des Nations Unies sur les armes et a souligné que toute intervention militaire extérieure en Libye est inacceptable. Il a appelé à cet égard au respect total de l’embargo sur les armes et au retrait immédiat et inconditionnel de toutes les forces étrangères et des mercenaires de l’ensemble du territoire libyen. 

    Côte d’Ivoire 

    En réponse à des questions sur une attaque qui a frappé la Côte d’Ivoire en début de journée, le porte-parole a indiqué que le Secrétaire général prend note avec inquiétude de cette attaque perpétrée par des inconnus contre une base militaire ivoirienne à Abidjan dans les premières heures du 21 avril. Il condamne cette attaque, ainsi que toute attaque contre les institutions de l’État, a ajouté le porte-parole.  

     COVAX 

    Les équipes de l’ONU soutiennent les efforts de vaccination dans le Pacifique. 

    Les Fidji ont reçu leur deuxième lot de 24 000 vaccins, il y a deux jours, et d’autres sont en cours d’acheminement.  

    Les Samoa ont donné le coup d’envoi de sa campagne de vaccination, le Premier Ministre du pays ayant reçu sa première dose. Les Samoa ont reçu 24 000 doses par le biais du Mécanisme COVAX au début du mois.  

    En début de semaine, la République démocratique du Congo a donné le coup d’envoi de sa campagne de vaccination, en commençant par les groupes hautement prioritaires. Le pays a reçu plus de 1,7 million de doses de vaccin le mois dernier. L’équipe de l’ONU dans le pays soutient les autorités – avec des vaccinations et en abordant les impacts plus larges de la pandémie. 

    À ce jour, près de 41 millions de doses ont été expédiées à 118 pays et territoires par l’intermédiaire du Mécanisme COVAX. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’UNICEF et d’autres organismes contribuent à la logistique. 

    Journée mondiale de la créativité et de l’innovation

     C’est aujourd’hui la célébration de la Journée mondiale de la créativité et de l’innovation. Cette journée vise à sensibiliser au rôle que jouent la créativité et l’innovation dans tous les aspects du développement humain. 

    L’UNESCO souligne que les industries culturelles et créatives devraient faire partie des stratégies de croissance économique. L’UNESCO note également que ces industries font partie des secteurs les plus dynamiques de l’économie mondiale, générant 2,25 milliards de dollars de revenus et 29,5 millions d’emplois dans le monde.  

    QUESTIONS D’ENVIRONNEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT DURABLE, AFFAIRES HUMANITAIRES, SANTÉ, AFFAIRES HUMANITAIRES, DROITS DE L’HOMME, POPULATION, COMMÉMORATION/CÉLÉBRATION OFFICIELLE CHYPRE, AFGHANISTAN, MYANMAR, SAINT-VINCENT-ET-LES GRENADINES, ÉTHIOPIE, LIBYE, CÔTE D’IVOIRE,

  • 18 000 mineurs non accompagnés disparus en Europe

    La plupart des mineurs disparus sont originaires du Maroc, d’Algérie et d’Érythrée.

    Berlin – En Europe, 18 292 enfants et adolescents réfugiés non accompagnés ont été portés disparus après avoir été pris en charge par l’État entre 2018 et 2020. C’est ce qu’a rapporté le radiodiffuseur RBB, citant une analyse de données réalisée conjointement avec le Guardian et le radiodiffuseur néerlandais VPRO, entre autres. Selon le rapport, la plupart des mineurs disparus sont originaires du Maroc, d’Algérie et d’Érythrée.

    Selon RBB, l’analyse du réseau de recherche à l’échelle européenne révèle de nettes différences dans les statistiques nationales : Selon le rapport, la France, le Danemark et la Roumanie ne collectent aucune donnée sur les enfants réfugiés non accompagnés, tandis que la Bulgarie ne fait pas de distinction entre les mineurs accompagnés et non accompagnés.

    Selon le rapport, 7806 mineurs non accompagnés ont été portés disparus en Allemagne entre 2018 et 2020, selon l’Office fédéral de police criminelle (BKA). La plupart d’entre eux venaient d’Afghanistan, du Maroc et d’Algérie. Selon les données, 7082 mineurs ont réapparu, tandis que 724 sont toujours portés disparus.

    Le BKA a qualifié ses propres données d’approximatives. Le directeur fédéral du Fonds allemand pour l’enfance, Holger Hofmann, a critiqué cette pratique auprès de RBB : « Le fait que l’Office fédéral de police criminelle soit dans l’obscurité à de nombreux endroits en ce qui concerne le nombre d’enfants et d’adolescents réfugiés non accompagnés disparus est un scandale pour des raisons de protection de l’enfance. » (APA/AFP)

    Tiroler Tageszeitung Online, 18 avr 2021

    Etiquettes : Migration, enfants, mineurs non accompagnés, MENA, Maroc, Algérie, Afghanistan, Erythrée,

  • La guerre et la paix américaines (Edito de Ouest Tribune)

    L’administration américaine sous la houlette des démocrates a toujours eu la mauvaise idée de se retirer brusquement de pays envahis par les Républicains avant de donner l’ordre d’envahir elle-même d’autres pays. Barack Obama qui a retiré les troupes US d’Irak, quelques années avant de bombarder la Syrie et la Libye illustre assez bien cette schizophrénie très américaine. Ces derniers jours Joe Biden, qui fut son vice-président en a peut être été l’inspirateur. Et pour cause, quelques mois après sa prise de fonction à la tête de l’empire, il décide de «laisser tomber» l’Afghanistan, envahi en 2000 par le républicain Georges Bush.

    Comme Obama, Biden ne va pas se formaliser. Il ne se souciera pas des Afghans qui ont cru à la démocratie promise et ont combattu les Talibans. Ceux-là, seront les dommages collatéraux d’une guerre qui aura duré 20 ans pour, au final, permettre à une horde d’intégristes sans foi ni loi d’imposer leur diktat aux Afghans.

    Les Américains sont ainsi. Ils parlent de démocratie, mais n’en pensent pas une miette. Toutes les personnes des pays envahis qui ont cru à leurs promesses sont doublement victimes. Pourtant, il faut bien le dire, les citoyens de ces pays ont clairement affiché leur aversion à la version américaine de la démocratie. En 2012, ils avaient mis l’Amérique au banc des accusés. Les manifestations hostiles au pays de l’Oncle Sam avaient fait le tour des pays musulmans. Même la lointaine Indonésie, dont les citoyens sont pourtant peu enclins à des démonstrations de colère avaient joint leur voix à celles des mécontents et donné plus de force à «la tyrannie de la foule». Mme Clinton qui préparait ses propres guerres était à l’origine de cette expression, dont le but était de sauver les meubles américains en terre d’Islam.

    A l’époque, l’Administration Obama disait à qui voulait l’entendre que son objectif était de faire émerger les « révolutionnaires » tolérants. Son vœu a accouché de la plus terrible organisation terroriste de l’Histoire de l’humanité. En réalité, Daesh n’a fait que donner corps à un rêve sioniste, celui de diaboliser l’Islam et les musulmans. En d’autres termes, les Démocrates, comme les Républicains, soustraitent pour l’entité sioniste.

    L’acte de Biden qui consiste à offrir tout un peuple et son pays à la barbarie des Talibans n’est certainement pas mue par des considérations de paix, mais sert, là aussi, un dessein que l’humanité découvrira dans quelques années. Ainsi vont la guerre et la paix américaines.

    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 18 avr 2021

    Etiquettes : Etats-Unis, Joe Biden, Barack Obama, Afghanistan, Irak, Syrie,

  • Point de presse quotidien de l’ONU: 31 mars 2021

    Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 31 mars 2021

    (La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)

    Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:

    Secrétaire général/Yémen

    Dans une déclaration publiée aujourd’hui, le Secrétaire général déclare qu’au fil des ans, le Sultanat d’Oman a joué un rôle important, en jetant des ponts pour la paix dans la région, y compris au Yémen.

    Le Secrétaire général exprime en particulier ma gratitude à Sa Majesté, le Sultan Haitham Bin Tariq Al Said, pour son appui constructif et essentiel à mon Envoyé spécial pour le Yémen, M. Martin Griffiths.

    COVID-19/Mécanisme COVAX

    Le Yémen a reçu aujourd’hui 360 000 doses de vaccins envoyées par le Mécanisme COVAX. Ces vaccins sous licence indienne et fabriqués par le Serum Institute of India sont destinés aux professionnels de la santé et aux autres personnes vulnérables.

    Les autorités sanitaires et les représentants de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) ont réceptionné ce premier lot de 13 000 boîtes sécurisés et 1 300 000 seringues, essentielles pour une campagne de vaccination sûre et efficace. Près de deux millions de doses sont attendues au Yémen cette année.

    Trinité-et-Tobago a aussi reçu aujourd’hui ses 33 000 premières doses de vaccins pour le coup d’envoi de sa campagne de vaccination, la semaine prochaine.

    Ces doses font partie du premier lot destiné aux pays des Caraïbes. Mme Erica Wheeler, Représentante de l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) à Trinité-et-Tobago, a déclaré que l’équipe de pays continuera de travailler avec les autorités à la vaccination de la population, avec le savoir et l’ensemble des mesures de santé publique et sociales connues pour arrêter la propagation du virus.

    Vice-Secrétaire générale/Climat

    Ce matin, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina J. Mohammed, a participé à une réunion ministérielle virtuelle sur le climat et le développement organisée conjointement avec le Royaume-Uni.

    Mme Mohammed a appelé à l’action pour renforcer la résilience climatique sur cinq fronts et d’abord l’octroi de la moitié de tous les financements climatiques à l’adaptation, ce qui implique que le G7 atteigne son objectif de consacrer 0,7% de son PIB à l’aide publique au développement (APD). Deuxièmement, la Vice-Secrétaire générale a parlé d’un soutien climatique plus rationnel et plus transparent, et troisièmement, du développement des outils financiers nécessaires à la réponse aux catastrophes et de la création de nouveaux outils pour renforcer la résilience.

    En quatrième lieu, elle a cité l’aide aux pays en développement pour qu’ils puissent intégrer les risques climatiques dans tous les processus de planification, de budgétisation et d’investissement. Enfin en cinquième lieu, Mme Mohammed a parlé du soutien aux efforts de renforcement de la résilience menés localement et de l’autonomisation des femmes, des autochtones et des jeunes.

    Prix des quatre libertés

    Aujourd’hui, le Secrétaire général a reçu le Prix international des quatre libertés de la Fondation Roosevelt.

    Il a déclaré que le Prix a une signification particulière compte tenu de son lien profond avec le Président Franklin Delano Roosevelt et Eleanor Roosevelt.

    Depuis plus de 75 ans, a-t-il ajouté, partout dans le monde et 24 heures sur 24, le personnel de l’ONU s’efforce de concrétiser les droits fondamentaux dans la vie des gens.

    Pourtant aujourd’hui, a reconnu M. António Guterres, aujourd’hui, nous sommes confrontés aux plus grandes épreuves, dans le monde, puisque l’idée des Nations Unies était plus qu’un rêve aux yeux du Président Roosevelt et d’autres.

    Mais dans la tempête, ce Prix nous incitera tous à continuer à aller de l’avant, à lutter et à travailler pour un monde meilleur.

    Afghanistan

    En Afghanistan, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a annoncé aujourd’hui que trois femmes membres du personnel de santé en charge de la vaccination contre la poliomyélite ont été tuées hier à Jalalabad, dans la province de Nangarhar. Le Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock, a condamné cette attaque brutale contre des agents humanitaires et de santé qui travaillent en première ligne pour offrir une vaccination vitale aux enfants.

    M. Lowcock a présenté ses condoléances aux familles des victimes et a insisté sur le fait que les agents humanitaires ne devraient jamais être pris pour cible. Ils doivent être protégés à tout moment, a-t-il dit.

    La Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) a dit partager le même dégoût profond face à ce crime, alors que chacun œuvre en faveur d’un Afghanistan plus sûr, d’un avenir meilleur pour tous ses enfants et d’un monde sans polio. Le Coordonnateur résident et Coordonnateur humanitaire des Nations Unies en Afghanistan, M. Ramiz Alakbarov, a également précisé que les agents de la lutte contre la poliomyélite, qui sauvent la vie d’enfants, ne sauraient être en aucun cas des cibles.

    Mozambique

    Au Mozambique, l’OCHA a indiqué aujourd’hui que l’escalade de la violence dans la province de Cabo Delgado continue d’entraîner des déplacements massifs, en particulier après les dernières attaques de groupes armés non étatiques et des affrontements qui ont cours à Palma depuis le 24 mars. La situation en matière de sécurité reste instable et préoccupante.

    L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déjà enregistré quelque 8 000 personnes aux points d’arrivée de Nangade, Mueda, Montepuez et Pemba. Plusieurs milliers d’autres personnes sont arrivées aujourd’hui à Pemba et dans d’autres secteurs de Cabo Delgado.

    Les informations indiquent que des centaines de personnes essaient encore de quitter Palma en ce moment et que des milliers d’entre elles fuient à pied, par bateau et par route. Certaines personnes sont secourues par le Service aérien d’aide humanitaire des Nations Unies et d’autres groupes de la société civile.

    Pour sa part, le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) prépositionne des kits d’accouchement et des médicaments essentiels pour aider les femmes enceintes et les mères déplacées.

    Le Programme alimentaire mondial (PAM) a fait savoir qu’il a intensifié son assistance et qu’il s’efforce d’aider 50 000 personnes touchées par les attaques. Le Service aérien d’aide humanitaire des Nations Unies, qui est géré par le PAM, organise un pont aérien pour transporter le personnel médical essentiel et les agents humanitaires au plus près des sites d’opérations mais aussi pour les évacuations médicales.

    Toujours aujourd’hui, dans une déclaration commune, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Mme Virginia Gamba; celle pour la violence sexuelle dans les conflits, Mme Pramila Patten; et celle pour la violence contre les enfants, Mme Najat Maalla M’jid, ont fermement condamné les actes de violence « brutaux et horribles » commis dans la province de Cabo Delgado. Elles ont souligné que la protection et les besoins humanitaires de la population civile, en particulier les femmes et les enfants, doivent être assurés et satisfaits de toute urgence.

    Éthiopie 

    L’OCHA a indiqué aujourd’hui que la situation au Tigré reste extrêmement difficile. L’accès à cert aines parties du sud et du sud-est de la région a été restreint pendant un mois et la route d’Alamatato Mekelle est toujours fermée, ce qui bloque l’intervention humanitaire.

    On estime à 2,5 millions le nombre de personnes qui, dans les zones rurales, n’ont pas eu accès aux services de base, au cours de ces quatre derniers mois.

    L’ONU continue de recevoir des informations faisant état d’attaques contre les personnes et infrastructures civiles, dont le pillage et le vandalisme de centres de santé, d’écoles, sans compter les cas de violence sexuelle et sexiste.

    Le conflit continue d’entraîner des déplacements massifs dans toute la région. Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont ainsi arrivées dans les villes de Shire, Axum et Adwa, au cours de ces dernières semaines.

    L’ONU et ses partenaires humanitaires sur le terrain intensifient leur réponse, entre autres, sous la forme de colis de nourriture à plus d’un million de personnes. Par ailleurs, plus de 146 000 personnes déplacées ont reçu des abris de secours et des articles de première nécessité; la distribution se poursuivant auprès d’environ 60 000 autres. Plus de 630 000 personnes ont également reçu de l’eau potable.

    À ce jour, 67% des districts ciblés ont été couverts, grâce à 50 équipes de santé mobiles, contre 25% le mois dernier.

    La réponse reste cependant insuffisante, étant donné qu’environ 4,5 millions de personnes ont besoin d’une assistance vitale. L’ONU demande des financements supplémentaires de toute urgence pour qu’une aide vitale puisse être apportée aux personnes touchées.

    Soudan du Sud 

    Selon un nouveau rapport publié aujourd’hui par la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), les milices des communautés sont responsables de 78% des meurtres, des dégâts infligés aux civils, des enlèvements et des violences sexuelles.

    Le rapport a documenté les meurtres de 2 421 civils en 2020, soit plus du double du total de l’année précédente. Un peu plus de 1 500 personnes ont été blessées, contre 866 en 2019. La forte augmentation du nombre des enlèvements, qui a plus que triplé, est particulièrement préoccupante.

    Bien que les chiffres montrent une aggravation significative de la violence par rapport à 2019, la Mission note que les affrontements se sont concentrés dans seulement 13% des 540 zones administratives du pays et qu’ils impliquent en grande partie les milices des communautés plutôt que les parties classiques au conflit.

    Niger

    Le Secrétaire général suit avec une grande inquiétude l’évolution de la situation au Niger. Il exhorte tous ceux qui sont impliqués de s’abstenir de toute forme de provocation qui menacerait la consolidation démocratique et la stabilité du pays. Le Secrétaire général appelle en particulier les forces armées à respecter strictement leurs obligations constitutionnelles. Il exhorte toutes les parties prenantes au Niger à adhérer aux normes démocratiques, en respectant les résultats de l’élection présidentielle du 21 février, et à permettre un transfert de pouvoir ordonné et pacifique.

    Le Secrétaire général réaffirme la solidarité et l’appui de l’ONU au Gouvernement et au peuple nigériens dans leurs efforts de promotion de la paix, de l’état de droit et du développement durable.

    Mali

    Hier, le Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), M. Mahamet Saleh Annadif, a rencontré des représentants de la Cour pénale internationale (CPI) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), pour parler réparations, après les dégâts subis par le patrimoine culturel de Tombouctou en 2012. Les discussions avec la CPI ont également réaffirmé l’engagement de la Mission à mettre fin à l’impunité au Mali, et ce, à tous les niveaux.

    La Mission vient de tenir une réunion avec des organisations de la jeunesse à Tombouctou pour sensibiliser les jeunes dirigeants à son rôle dans le rétablissement de la paix au Mali.

    Conférence de Bruxelles sur la Syrie

    Les participants à la Conférence de Bruxelles « Aide à apporter pour l’avenir de la Syrie et des pays de la région » ont fait des promesses de contribution d’un montant total de 4,4 milliards de dollars pour 2021 et de 2 milliards pour 2022. Les institutions financières internationales et les donateurs ont annoncé environ 7 milliards de dollars de prêts à des conditions concessionnelles.

    Selon l’ONU, même si le montant total est inférieur aux 5,5 milliards de dollars promis en 2020, un certain nombre de donateurs ont augmenté leurs contributions cette année. L’ONU s’est également jointe à l’Union européenne (UE) pour saluer les pays qui ont dépassé les sommes promises, l’année dernière. Les deux organisations continueront de travailler avec les donateurs pour rechercher des financements tout au long de l’année.

    Les besoins restent énormes en Syrie et l’ONU et les partenaires humanitaires recherchent environ 10 milliards de dollars pour la réponse humanitaire en Syrie et pour le soutien aux pays de la région qui accueillent des réfugiés syriens.

    L’année dernière, l’ONU et ses partenaires ont augmenté de près de 30%, le nombre de personnes aidées, à savoir 7,7 millions de personnes par mois en Syrie, malgré un financement qui ne répondait pas aux besoins globaux. L’ONU continuera de faire sa part pour répondre aux besoins des personnes dans le besoin.

    Le Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock, a déclaré à la fin de la Conférence que si nous voulons continuer à aider les Syriens, l’accès et le financement sont nécessaires. Concernant l’accès, il a rappelé que l’opération transfrontalière est essentielle pour atteindre tous ceux qui sont dans le besoin. L’aide humanitaire, a-t-il ajouté, dépend d’un financement généreux et continu des donateurs.

    Invités du point de presse

    Les invités du point de presse aujourd’hui étaient les experts du Service de la lutte antimines de l’ONU (UNMAS). Ils ont parlé de la prochaine Journée internationale pour la sensibilisation aux mines et l’assistance à la lutte antimines. Étaient présents Mme Ilene Cohn, Directrice adjointe et Cheffe par intérim de l’UNMAS; Mme Abigail Hartley, Cheffe de la politique, du plaidoyer, de la communication et de la mobilisation des ressources; et M. Stephen Pritchard, Chef des programmes, de la planification et de la gestion.

    UN Press, 31 mars 2021

    Etiquettes : #COVID-19/Mécanisme COVAX #Yémen #Climat #Afghanistan   #Mozambique #Éthiopie  #Soudan_du_Sud  #Niger #Mali #Syrie


  • 10 conflits à surveiller en 2021

    La nouvelle année sera probablement marquée par des héritages non résolus de l’ancien: COVID-19, des ralentissements économiques, des politiques américaines erratiques et des guerres destructrices que la diplomatie n’a pas arrêtées. Le président de Crisis Group, Robert Malley, énumère les dix conflits à surveiller en 2021.

    Robert Malley*

    S’il y avait un concours pour l’événement 2020 avec les implications les plus profondes pour la paix et la sécurité mondiales, le terrain serait bondé.

    De la pandémie de coronavirus à l’impact croissant du changement climatique, en passant par les politiques de la terre brûlée de l’administration Trump après l’élection de Joe Biden, la guerre azerbaïdjanaise et arménienne sur le Haut-Karabakh et un conflit meurtrier dans la région éthiopienne du Tigré, cette année a été riche en événements. En 2021, le monde devra faire face aux conséquences et passer au crible les débris.

    Commencez par COVID-19 et sa longue queue. Lorsque la pandémie a éclaté pour la première fois, beaucoup – moi y compris – craignaient qu’elle n’ait des conséquences immédiates et potentiellement dévastatrices dans les pays en développement, en particulier ceux confrontés à des conflits meurtriers. Bien que plusieurs pays à faible revenu aient été durement touchés, beaucoup ne l’ont pas été; l’activité diplomatique, la médiation internationale, les missions de maintien de la paix et le soutien financier aux populations vulnérables ont souffert, mais on peut se demander si le COVID-19 a considérablement affecté la trajectoire des grandes guerres, que ce soit en Afghanistan, en Libye, en Syrie, au Yémen ou ailleurs.

    Les ramifications à plus long terme sont une autre affaire. La pandémie a précipité une crise économique mondiale sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, avec 150 millions de personnes supplémentaires poussées sous le seuil de pauvreté extrême. Bien que les niveaux de revenu ne soient pas directement corrélés avec les conflits, la violence est plus probable pendant les périodes de volatilité économique.

    Au Soudan, au Liban et au Venezuela, pour ne citer que quelques exemples, on peut s’attendre à ce que le nombre de chômeurs augmente, que les revenus réels s’effondrent, que les gouvernements rencontrent des difficultés croissantes pour payer les forces de sécurité et que la population en général compte de plus en plus un moment où les États sont les moins équipés pour le fournir. Les frontières séparant l’insatisfaction économique des troubles sociaux et les troubles sociaux des flambées de violence sont minces. Les États-Unis, l’Europe ou d’autres donateurs ne sont pas non plus susceptibles de consacrer la quantité requise d’attention ou de ressources continue de haut niveau aux conflits régionaux lointains alors qu’ils affrontent des ravages économiques, sociaux et politiques chez eux.

    Vient ensuite le changement climatique – un phénomène à peine nouveau, mais en accélération avec un impact de plus en plus perceptible sur les conflits. Il est vrai que la chaîne causale est détournée, les réponses politiques aux conditions météorologiques extrêmes jouant souvent un rôle plus important que les modèles eux-mêmes. Pourtant, avec des vagues de chaleur plus fréquentes et des précipitations extrêmes, de nombreux gouvernements ont plus de mal à faire face à l’insécurité alimentaire, à la pénurie d’eau, aux migrations et à la concurrence pour les ressources. C’est la première année qu’un risque transnational figure sur notre liste des principaux conflits, car la violence liée au climat s’étend du Sahel au Nigeria et en Amérique centrale.

    Pendant ce temps, les États-Unis – polarisés, méfiants à l’égard de leurs institutions, lourdement armés, déchirés par de profondes divisions sociales et raciales et dirigés par un président imprudemment diviseur – se sont rapprochés d’une crise politique ingérable qu’à aucun moment de leur histoire moderne. Alors que le pays a été épargné du pire, le président Donald Trump a passé ses dernières semaines en fonction à contester la légitimité de l’élection et donc de son successeur, apparemment déterminé à donner au président élu Biden la main la plus faible possible pour faire face à la situation désordonnée dont il héritera.

    Transformant la rancune politique en une forme d’art diplomatique, piégeant le terrain pour l’homme qui le remplacera, Trump a imposé une série de sanctions à l’Iran avec l’objectif à peine dissimulé d’entraver les efforts de Biden pour relancer l’accord nucléaire iranien. Il a étendu la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental dans un échange inconvenant contre la décision du Maroc de normaliser ses relations avec Israël. Et il a ordonné une série de retraits militaires américains de dernière minute en Somalie, en Afghanistan et en Irak. En agissant précipitamment, sans coordination ni consultation avec les principaux acteurs locaux, il a réussi à donner une mauvaise réputation à des politiques potentiellement sensées. Il y a toutes les raisons d’encourager de meilleures relations entre les Etats arabes et Israël; personne ne peut le faire d’une manière inconsciente du droit international. Il y a toutes les raisons de mettre fin à l’enchevêtrement sans fin de l’Amérique dans les guerres étrangères; il n’y a personne pour le faire d’une manière qui diminue la main du nouveau président et restreint sa marge de manœuvre.

    L’élection de Biden a apporté un espoir rehaussé de réalisme. Certains des dommages causés par son prédécesseur peuvent être réparés avec une relative facilité. Mais la nouvelle équipe peut trouver l’impression d’un géant erratique, imprévisible et indigne de confiance plus difficile à effacer. En intimidant les alliés traditionnels et en déchirant les accords internationaux, Trump pensait qu’il projetait du pouvoir mais manifestait en réalité un manque de fiabilité. Dans la mesure où Biden a l’intention de négocier à nouveau avec l’Iran et peut-être la Corée du Nord, d’encourager le compromis au Yémen ou au Venezuela, ou de revenir à un rôle moins partisan au Moyen-Orient, il sera entravé par les souvenirs de l’homme qui l’a précédé et les prévisions de ce qui pourrait venir ensuite – surtout si le pouvoir ne dure que le temps du prochain cycle électoral américain.

    Le dernier héritage de 2020 est peut-être le plus inquiétant. Les derniers mois de l’année ont gravement blessé cet adage préféré des diplomates et des artisans de la paix – à savoir qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit politique. Dites cela aux Arméniens, forcés face à une puissance de feu azerbaïdjanaise supérieure à abandonner les terres qu’ils détenaient depuis un quart de siècle; aux Tigréens éthiopiens, dont les dirigeants ont promis une résistance prolongée contre l’avancée des troupes fédérales pour voir ces forces installées dans la capitale régionale de Mekelle en quelques jours. Dites cela, d’ailleurs, aux Rohingyas contraints de fuir le Myanmar en 2017; aux Palestiniens, qui sont restés réfugiés ou sous occupation depuis la défaite arabe de 1967; ou au peuple sahraoui dont les aspirations à l’autodétermination ont été étouffées par les troupes marocaines et un président américain transactionnel,

     En l’absence de solutions politiques plus équitables, les gains militaires ont tendance à se révéler fragiles. 

    Les artisans de paix ont longtemps été convaincus qu’en l’absence de solutions politiques plus équitables, les gains militaires ont tendance à se révéler fragiles. Tout comme les Azerbaïdjanais n’ont jamais oublié l’humiliation du début des années 1990, les Arméniens s’efforceront également d’effacer l’indignité de 2020. Si leurs griefs ne sont pas résolus, de nombreux Tigréens résisteront à ce qu’ils pourraient percevoir comme une domination étrangère. Israël ne connaîtra pas une véritable sécurité tant que les Palestiniens vivront sous son occupation. Mais cette croyance fondamentale est attaquée et il devient de plus en plus difficile de s’accrocher.

    De nombreuses personnes dans le monde ont vécu l’année écoulée comme une annus horribilis, attendant avec impatience sa conclusion. Mais comme le suggère la liste des conflits à surveiller qui suit, sa longue ombre perdurera. 2020 est peut-être une année à oublier, mais 2021 continuera probablement, et malheureusement, à nous le rappeler.

    1. Afghanistan

    Malgré des progrès modestes mais importants dans les pourparlers de paix, beaucoup de choses pourraient mal tourner pour l’Afghanistan en 2021.

    Après près de deux décennies de combats, le gouvernement américain a signé un accord avec les insurgés talibans en février. Washington s’est engagé à retirer ses troupes d’Afghanistan en échange des engagements des talibans d’interdire aux terroristes d’utiliser le pays pour des opérations et d’entamer des pourparlers avec le gouvernement afghan.

    Afghan peace talks took time to get underway. The government stretched out for six months a prisoner exchange the U.S. had promised to the Taliban – the release of 1,000 government troops or officials held by the Taliban in return for 5,000 Taliban fighters – which Kabul saw as lopsided. The insurgents, who had initially reduced suicide bombings and assaults on cities and towns, responded to delays by stepping up attacks and assassinations.

    Negotiations eventually started in Doha in mid-September, but the two sides took until December to agree on procedural rules. Neither shows much appetite for compromise. Bloodshed has, if anything, escalated. The Taliban appear to have abandoned any initial restraint. Recent months have seen an uptick in suicide bombings and larger offensives on towns.

    Un défi réside dans la façon dont les parties envisagent les discussions. Kaboul s’est engagé publiquement. Mais les hauts responsables se méfient profondément des talibans ou considèrent les négociations comme pouvant entraîner la disparition du gouvernement. Kaboul a cherché à ralentir les pourparlers sans franchir ouvertement Washington. En revanche, les dirigeants talibans estiment que leur mouvement est ascendant. Ils perçoivent le retrait des États-Unis et le processus de paix comme reflétant cette réalité. Au sein des rangs des insurgés également, de nombreux combattants s’attendent à ce que les négociations livrent une grande partie de ce pour quoi ils ont combattu.

    La date limite fixée dans l’accord de février pour un retrait militaire complet des États-Unis et de l’OTAN est imminente en mai 2021. Bien que Washington soutienne que cela était implicitement conditionnel aux progrès des pourparlers de paix afghans, les talibans réagiraient probablement avec colère aux retards importants. Depuis février, Trump a retiré des milliers de forces américaines. Un tirage initial à 8600 a été mandaté dans l’accord bilatéral, mais Trump a réduit ses effectifs à 4500 et s’est engagé à atteindre 2500 avant de quitter ses fonctions. Les retraits supplémentaires inconditionnels ont renforcé la confiance des talibans et l’inquiétude du gouvernement.

    Le sort de l’Afghanistan repose principalement sur les talibans, à Kaboul, et sur leur volonté de compromis.

    Le sort de l’Afghanistan repose principalement sur les talibans, à Kaboul, et sur leur volonté de compromis – mais en grande partie aussi dépend de Biden. Son administration voudra peut-être conditionner le retrait à l’avancement des pourparlers. Mais il faudra du temps aux parties afghanes pour parvenir à un règlement. Maintenir une présence militaire américaine dans le pays bien après mai sans aliéner irrémédiablement les talibans ne sera pas une mince affaire. Pour compliquer encore les choses, Biden a exprimé sa préférence pour le maintien de plusieurs milliers de forces antiterroristes en Afghanistan. Il devra peut-être décider entre cela et un processus de paix potentiellement réussi. Ni les talibans ni les pays de la région dont le soutien serait crucial pour le succès de tout accord n’accepteront une présence militaire américaine indéfinie.

    Un retrait précipité des États-Unis pourrait déstabiliser le gouvernement afghan et potentiellement conduire à une guerre civile multipartite élargie. À l’inverse, une présence prolongée pourrait inciter les talibans à renoncer aux pourparlers et à intensifier leurs attaques, provoquant une escalade majeure. L’un ou l’autre signifierait que 2021 marque l’année où l’Afghanistan perd sa meilleure chance de paix depuis une génération.

    2. Éthiopie

    Le 4 novembre, les forces fédérales éthiopiennes ont lancé un assaut contre la région de Tigray après une attaque meurtrière et la prise de contrôle des unités militaires fédérales de la région. À la fin de novembre, l’armée était entrée dans la capitale tigréenne, Mekelle. Les dirigeants du Front de libération du peuple du Tigray (TPLF) ont abandonné la ville, affirmant qu’ils souhaitaient épargner les civils. Beaucoup reste incertain, étant donné une panne de courant dans les médias. Mais la violence a probablement tué des milliers de personnes, dont de nombreux civils; déplacé plus d’un million à l’intérieur du pays; et conduit quelque 50 000 personnes à fuir au Soudan.

    Les racines de la crise du Tigray remontent à des années. Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed est arrivé au pouvoir en 2018 après des manifestations largement motivées par une colère persistante contre la coalition alors au pouvoir, qui était au pouvoir depuis 1991 et que le TPLF dominait. Le mandat d’Abiy, qui a débuté par d’importants efforts de réforme d’un système de gouvernance répressive, a été marqué par une perte d’influence pour les dirigeants tigréens, qui se plaignent d’être le bouc émissaire des exactions précédentes et regardent avec méfiance son rapprochement avec le vieil ennemi du TPLF, le président érythréen Isaias Afwerki. . Les alliés d’Abiy accusent les élites du TPLF de chercher à maintenir une part disproportionnée du pouvoir, d’entraver les réformes et d’attiser les troubles par la violence.

    Le conflit du Tigray est le plus amer de l’Éthiopie, mais il existe des lignes de fracture plus larges. Les régions puissantes sont en désaccord tandis que les partisans du système fédéraliste ethnique éthiopien (qui délègue le pouvoir à des régions ethniquement définies et que le TPLF a joué un rôle déterminant dans la conception) luttent contre les opposants à ce système, qui croient qu’il enracine l’identité ethnique et favorise la division. Alors que de nombreux Éthiopiens blâment le TPLF pour des années de régime oppressif, le parti tigréen n’est pas le seul à craindre qu’Abiy veuille en finir avec le système dans une quête de centralisation de l’autorité. Notamment, les critiques d’Abiy dans la région agitée d’Oromia – la plus peuplée d’Éthiopie – partagent ce point de vue, malgré l’héritage oromo d’Abiy.

    La question est maintenant de savoir ce qui vient ensuite. Les forces fédérales ont avancé et ont pris le contrôle de Mekelle et d’autres villes relativement rapidement. Addis-Abeba espère que ce qu’elle appelle son «opération de maintien de l’ordre» vaincra les rebelles restants. Il rejette les discussions avec les dirigeants du TPLF; autoriser l’impunité pour les hors-la-loi qui attaquent l’armée et violent la constitution récompenserait la trahison, disent les alliés d’Abiy. Le gouvernement central est en train de nommer un gouvernement régional intérimaire, a émis des mandats d’arrêt contre 167 responsables et officiers militaires tigréens, et semble espérer persuader les Tigréens d’abandonner leurs anciens dirigeants. Pourtant, le TPLF dispose d’un solide réseau de base.

    Il y a des signes inquiétants. Des rapports suggèrent des purges de Tigréens de l’armée et leurs mauvais traitements ailleurs dans le pays. Les milices de la région d’Amhara, qui borde le Tigré, se sont emparées d’un territoire contesté détenu depuis trois décennies par les Tigréens. Le TPLF a lancé des missiles sur l’Érythrée et les forces érythréennes ont presque certainement été impliquées dans l’offensive anti-TPLF. Tout cela alimentera les griefs tigréens et le sentiment séparatiste.

    Si le gouvernement fédéral investit massivement dans le Tigray, travaille avec la fonction publique locale telle qu’elle est plutôt que de la vider de la base du TPLF, arrête le harcèlement des Tigréens ailleurs et gère les zones contestées plutôt que de les laisser aux administrateurs d’Amhara, il pourrait être un espoir de paix. Il serait alors essentiel de s’orienter vers un dialogue national pour guérir les profondes divisions du pays au Tigré et au-delà. En l’absence de cela, les perspectives sont sombres pour une transition qui a inspiré tant d’espoir il y a seulement un an.

    3. Le Sahel

    La crise qui sévit dans la région du Sahel en Afrique du Nord continue de s’aggraver, la violence interethnique augmentant et les djihadistes étendant leur portée. 2020 a été l’année la plus meurtrière depuis le début de la crise en 2012, lorsque des militants islamistes ont envahi le nord du Mali, plongeant la région dans une instabilité prolongée.

    Les djihadistes contrôlent ou sont une présence de l’ombre dans des pans du Mali rural et du Burkina Faso et font des percées dans le sud-ouest du Niger. Les opérations françaises de lutte contre le terrorisme intensifiées en 2020 ont porté des coups aux militants, frappant l’affilié local de l’État islamique et tuant plusieurs dirigeants d’al-Qaïda. Combinées aux luttes intestines djihadistes, elles semblent avoir contribué au déclin des attaques militantes complexes contre les forces de sécurité. Mais les frappes militaires et les meurtres de chefs n’ont pas perturbé les structures de commandement ou le recrutement des djihadistes. En effet, plus les militaires étrangers s’empilent, plus la région semble devenir sanglante. Les autorités gouvernementales n’ont pas non plus pu récupérer les zones rurales perdues au profit des militants. Même là où la pression militaire oblige les jihadistes à sortir, ils ont tendance à revenir lorsque les opérations se calment.

    Les conditions dans lesquelles les militants prospèrent sont difficiles à inverser.

    Les conditions dans lesquelles les militants prospèrent sont difficiles à inverser. Les relations des États avec nombre de leurs citoyens ruraux se sont rompues, tout comme les systèmes traditionnels de gestion des conflits. En conséquence, ni l’État ni les autorités coutumières ne sont en mesure de calmer les frictions croissantes entre les communautés, souvent sur les ressources. Les abus des forces de sécurité alimentent le mécontentement. Tout cela est une aubaine pour les militants, qui prêtent de la puissance de feu et offrent une protection aux habitants ou même interviennent pour résoudre des conflits. Les milices ethniques mobilisées par les autorités maliennes et burkinabè pour lutter contre les jihadistes alimentent les violences intercommunautaires.

    Même au-delà des zones rurales, les citoyens sont de plus en plus en colère contre leurs gouvernements. Le coup d’État du Mali en août, résultat de manifestations provoquées par une élection contestée mais soutenu par une plus grande fureur contre la corruption et un régime inepte, est la preuve la plus flagrante. Un mécontentement similaire sévit au Niger et au Burkina Faso.

    Sans des efforts plus concertés pour lutter contre la crise de la gouvernance rurale au Sahel, il est difficile de voir comment la région peut échapper aux troubles actuels. De manière générale, de tels efforts exigeraient que les acteurs étatiques et autres se concentrent d’abord et avant tout sur la médiation des conflits locaux, en discutant avec les militants si nécessaire et en utilisant les accords qui en résultent comme base pour le retour de l’autorité de l’Etat dans les campagnes. Les opérations militaires étrangères sont essentielles, mais les acteurs internationaux doivent mettre l’accent sur le rétablissement de la paix au niveau local et faire pression pour une réforme de la gouvernance. Peu de choses suggèrent que l’approche militaire d’abord stabilisera le Sahel. En fait, au cours des dernières années, il semble avoir contribué à la montée des effusions de sang interethniques et du militantisme islamiste.

    4. Yémen

    La guerre au Yémen a causé ce que l’ONU considère toujours comme la pire catastrophe humanitaire au monde. Le COVID-19 a exacerbé la souffrance des civils déjà harcelés par la pauvreté, la faim et d’autres maladies. Les hauts responsables humanitaires mettent à nouveau en garde contre la famine.

    Il y a un an, il y avait une opportunité pour mettre fin à la guerre, mais les belligérants l’ont gaspillée. Les rebelles houthis parlaient par des canaux secondaires avec l’Arabie saoudite, le principal sponsor extérieur du gouvernement yéménite reconnu par l’ONU et dirigé par le président Abed Rabbo Mansour Hadi. Les Saoudiens faisaient également la médiation entre les factions anti-houthistes qui se disputaient le statut d’Aden, une ville du sud qui est la capitale provisoire du gouvernement et qui est contrôlée par le Conseil de transition du Sud (CTS) sécessionniste soutenu par les Emirats depuis août 2019. Ensemble, ces deux voies de négociation auraient pu servir de base à un processus politique négocié par l’ONU. Au lieu de cela, les combats se sont intensifiés, en particulier à Marib, le dernier bastion urbain du gouvernement Hadi dans le nord. Il a fallu un an de négociations de mauvaise humeur avant que les factions anti-Houthi se mettent d’accord sur la façon dont elles allaient partager les responsabilités en matière de sécurité dans le sud, éloigner leurs forces des lignes de front et former un nouveau gouvernement. Les négociations seront probablement confrontées à de nouveaux obstacles sur la relocalisation du cabinet à Aden. Les efforts de rétablissement de la paix de l’ONU ont également frappé un mur.

    Les Houthis et le gouvernement Hadi ont tous deux des raisons de ralentir. S’ils l’emportent à Marib, les Huthis auront conquis le nord et s’emparer de la centrale pétrolière, gazière et électrique de la province, ce qui leur permettra de générer l’électricité et les revenus dont ils ont tant besoin. Le gouvernement peut difficilement se permettre de perdre Marib, mais il recèle un autre espoir: l’administration Trump sortante pourrait, dans un coup de départ sur l’Iran, désigner les Houthis comme une organisation terroriste, resserrant le nœud économique sur les rebelles et compliquant les négociations avec eux par des acteurs extérieurs. . Une telle mesure augmenterait les risques de famine en entravant le commerce avec le Yémen, qui importe 90% de son blé et tout son riz. Cela pourrait également sonner le glas des efforts de médiation de l’ONU.

    Dans tous les cas, le cadre bipartite de l’ONU semble dépassé. Le Yémen n’est plus le pays qu’il était au début de la guerre; il s’est fragmenté alors que le conflit faisait rage. Les Houthis et le gouvernement n’ont pas de duopole sur le territoire ou la légitimité intérieure. D’autres acteurs locaux ont des intérêts, de l’influence et un pouvoir de gâchage. L’ONU devrait élargir son cadre pour inclure d’autres, notamment le STC et les forces soutenues par les Emirats sur la côte de la mer Rouge, ainsi que les tribus du nord, qui pourraient autrement bouleverser tout règlement qu’elles rejettent. Au lieu de négocier à deux, l’ONU devrait commencer à planifier un processus plus inclusif qui encouragerait la conclusion d’accords entre les principaux acteurs.

    En l’absence de correction de cap, 2021 s’annonce comme une autre année sombre pour les Yéménites, avec la guerre qui traîne, la maladie et potentiellement la famine se propage, les perspectives d’un règlement s’évaporant et des millions de Yéménites deviennent de plus en plus malades de jour en jour.

    5. Venezuela

    Près de deux ans se sont écoulés depuis que l’opposition vénézuélienne, les États-Unis et des pays d’Amérique latine et d’Europe ont proclamé le législateur Juan Guaidó président par intérim du Venezuela et prédit la disparition de Nicolás Maduro. Aujourd’hui, de tels espoirs sont en lambeaux. Une campagne de «pression maximale» menée par les États-Unis – impliquant des sanctions, un isolement international, des menaces implicites d’action militaire et même un coup d’État avorté – n’a pas renversé Maduro. Au contraire, ces actions l’ont rendu plus fort, car des alliés, y compris dans l’armée, se sont ralliés à lui, craignant que sa chute ne les mette en danger. Les conditions de vie des Vénézuéliens, dévastées par l’ineptie du gouvernement, les sanctions américaines et le COVID-19, ont touché le fond.

    Si Maduro reste retranché, ses adversaires pourraient voir leur fortune politique s’effondrer. Les bases de la revendication présidentielle de Guaidó reposaient sur la majorité parlementaire remportée par les partis d’opposition en 2015, combinée à l’argument selon lequel la réélection de Maduro en mai 2018 était une imposture. Maintenant, l’opposition est faible, divisée et à peine prise à l’Assemblée nationale. Le gouvernement a remporté les élections législatives de décembre, que tous, à l’exception de quelques petits partis d’opposition, ont boycottées, avec une majorité écrasante.

    Le malaise de l’opposition vient principalement de son incapacité à apporter des changements. Sa stratégie a sous-estimé la capacité de Maduro à survivre aux sanctions et à l’isolement international tout en surestimant la volonté de Washington de faire face à de vagues menaces de force.

    Le soutien des sanctions a également perdu le soutien des rivaux de Maduro, étant donné que ces mesures ont accéléré l’effondrement économique du Venezuela et appauvri davantage ses citoyens. Plus de 5 millions de citoyens ont fui, nombre d’entre eux se déplaçant maintenant dans les villes colombiennes ou dans les régions frontalières violentes. La plupart des familles qui restent ne peuvent pas mettre assez de nourriture sur la table. Des milliers d’enfants souffrent de dommages irréversibles dus à la malnutrition.

    Un nouveau gouvernement américain offre une opportunité de repenser. Le soutien à l’opposition vénézuélienne a été bipartite à Washington. Pourtant, l’équipe de Biden pourrait changer de cap, renoncer à tenter d’évincer Maduro et lancer des efforts diplomatiques visant à jeter les bases d’un règlement négocié avec l’aide des dirigeants de gauche et de droite en Amérique latine.

    Avec l’Union européenne, il pourrait tenter de rassurer les alliés de Maduro tels que la Russie, la Chine et Cuba que leurs intérêts fondamentaux dans le pays survivraient à une transition. Au-delà de la prise de mesures humanitaires immédiates pour atténuer la crise liée au coronavirus au Venezuela, la nouvelle administration pourrait également envisager de reprendre les contacts diplomatiques avec Caracas et de s’engager à lever progressivement les sanctions si le gouvernement prend des mesures significatives, telles que la libération de prisonniers politiques et le démantèlement des unités de police abusives. Des négociations soutenues au niveau international visant notamment à organiser des élections présidentielles crédibles, prévues pour 2024, pourraient venir ensuite, à condition que les deux parties montrent qu’elles sont réellement intéressées par un compromis.

    À l’heure actuelle, le gouvernement de Maduro ne montre aucun signe qu’il tiendrait un vote équitable. La plupart de ses rivaux veulent le renverser et le poursuivre. Un règlement semble plus éloigné que jamais. Mais après deux ans consacrés à des efforts infructueux et néfastes pour provoquer une rupture politique soudaine, la meilleure voie à suivre est de trouver un soutien pour une transition plus progressive.

    6. Somalie

    Des élections se profilent en Somalie au milieu de conflits amers entre le président Mohamed Abdullahi Mohamed (également connu sous le nom de «Farmajo») et ses rivaux. La guerre contre Al-Shabaab entre dans sa quinzième année, sans fin en vue, tandis que les donateurs s’irritent de plus en plus à payer les forces de l’Union africaine (UA) pour aider à garder les militants à distance.

    L’humeur à l’approche des élections – les élections législatives étaient prévues pour la mi-décembre mais ont été repoussées, et les préparatifs d’un vote présidentiel prévu pour février 2021 sont également en retard – est tendue. Les relations entre Mogadiscio et certaines régions de la Somalie – notamment le Puntland et le Jubaland, dont les dirigeants sont depuis longtemps rivaux de Mohamed et craignent sa réélection – sont tendues, en grande partie en raison de différends sur la répartition du pouvoir et des ressources entre le centre et la périphérie. Une telle discorde tend à opposer les communautés somaliennes les unes aux autres, y compris au niveau du clan, avec une rhétorique de plus en plus amère employée par toutes les parties.

    Al-Shabaab, quant à lui, reste puissant. Le groupe contrôle de grandes parties du sud et du centre de la Somalie, étend une présence de l’ombre bien au-delà de cela et attaque régulièrement la capitale de la Somalie. Alors que les dirigeants somaliens et leurs partenaires internationaux reconnaissent tous, en principe, que le défi d’Al-Shabaab ne peut être relevé avec la seule force, rares sont ceux qui proposent des alternatives claires. Des pourparlers avec des militants pourraient être une option, mais jusqu’à présent, les dirigeants du mouvement n’ont guère donné d’indication qu’ils veulent un règlement politique.

    Pour compliquer davantage les choses, la patience s’épuise avec la mission de l’UA qui lutte depuis des années contre Al-Shabaab. Sans ces forces, les grandes villes, voire Mogadiscio, seraient encore plus vulnérables aux assauts des militants. Les donateurs comme l’UE sont fatigués de se lancer dans ce qui semble être une campagne militaire sans fin. Le plan actuel est de confier la responsabilité principale de la sécurité aux forces somaliennes d’ici la fin de 2021, mais ces troupes restent faibles et mal préparées à diriger les efforts de contre-insurrection. Le risque d’un vide sécuritaire a été aggravé par le retrait soudain des forces éthiopiennes en raison de la crise du Tigray et du plan de l’administration Trump de retirer les troupes américaines de la formation et du mentorat de l’armée somalienne.

    Beaucoup dépend du vote présidentiel de février. Une élection raisonnablement propre, dont les résultats acceptent les principaux partis, pourrait permettre aux dirigeants somaliens et à leurs soutiens étrangers d’intensifier leurs efforts pour parvenir à un accord sur les relations fédérales et les arrangements constitutionnels et accélérer la réforme du secteur de la sécurité. Un vote contesté, en revanche, pourrait provoquer une crise politique qui élargit le fossé entre Mogadiscio et les régions, déclenche potentiellement la violence clanique et risque d’encourager Al-Shabaab.

    7. Libye

    Les coalitions militaires rivales en Libye ne se battent plus et l’ONU a relancé les négociations visant à réunifier le pays. Mais parvenir à une paix durable restera une tâche ardue.

    Le 23 octobre, l’Armée nationale libyenne (ANL) – dirigée par le général Khalifa Haftar et soutenue par l’Égypte, les Émirats arabes unis et la Russie – et le gouvernement d’union nationale (GNA) soutenu par la Turquie, dirigé par Fayez al-Sarraj , a signé un cessez-le-feu mettant officiellement fin à une bataille qui faisait rage à la périphérie de Tripoli et ailleurs depuis avril 2019. Les combats avaient tué quelque 3 000 personnes et déplacé des centaines de milliers de personnes. L’intervention militaire directe de la Turquie pour aider Sarraj au début de 2020 a inversé ce qui avait été l’avantage de Haftar. Les lignes de front sont désormais gelées dans le centre de la Libye.

    Le cessez-le-feu est bienvenu, mais sa mise en œuvre tarde. L’ANL et le GNA se sont engagés à retirer leurs troupes des lignes de front, à expulser les combattants étrangers et à arrêter toute formation militaire étrangère. Pourtant, les deux parties ont fait marche arrière. Leurs forces sont toujours sur les lignes de front et les avions-cargos militaires étrangers continuent d’atterrir sur leurs bases aériennes respectives, ce qui suggère que des soutiens extérieurs réapprovisionnent toujours les deux côtés.

    De même, les progrès ont été freinés dans la réunification d’un pays divisé depuis 2014. Les négociations de l’ONU organisées en novembre ont rassemblé 75 Libyens chargés de s’entendre sur un gouvernement d’unité intérimaire et une feuille de route pour les élections. Mais les discussions ont été entachées de controverses sur la manière dont l’ONU a sélectionné ces délégués, leur autorité légale, les luttes intestines et les allégations de tentative de corruption. Les participants ont accepté des élections à la fin de 2021 mais pas sur le cadre juridique régissant ces scrutins.

    Au cœur de tous les problèmes se trouve un désaccord sur le partage du pouvoir. Les partisans de Haftar exigent qu’un nouveau gouvernement place les camps de la LNA et du GNA sur un pied d’égalité. Ses rivaux s’opposent à l’inclusion de dirigeants pro-LNA dans toute nouvelle dispensation. Les puissances étrangères ont des vues tout aussi contrastées. La Turquie veut un gouvernement ami – sans partisans de Haftar – à Tripoli. À l’inverse, le Caire et Abu Dhabi veulent réduire l’influence d’Ankara et renforcer celle des politiciens pro-LNA. La Russie, qui soutient également l’ANL, tient à conserver son ancrage en Méditerranée, mais on ne sait pas si elle préfère le statu quo qui préserve son emprise à l’Est ou un nouveau gouvernement avec une représentation de l’ANL.

    Il est peu probable que les combats reprennent dans un avenir immédiat car les acteurs extérieurs, bien que désireux de consolider leur influence, ne veulent pas d’une autre série d’hostilités ouvertes. Mais plus les termes du cessez-le-feu ne sont pas respectés, plus le risque d’accidents provoquant un retour à la guerre est élevé. Pour éviter ce résultat, l’ONU doit aider à forger une feuille de route pour unifier les institutions divisées de la Libye et désamorcer les tensions entre les ennemis régionaux.

    8. Iran-États-Unis

    En janvier 2020, l’assassinat par les États-Unis du commandant iranien Qassem Suleimani a amené les tensions américano-iraniennes à un point d’ébullition. En fin de compte, la réponse de l’Iran a été relativement limitée et aucune des deux parties n’a choisi de s’intensifier, même si la température est restée dangereusement élevée. La nouvelle administration américaine pourrait calmer l’une des impasses les plus dangereuses au monde, notamment en revenant à l’accord nucléaire de 2015, également connu sous le nom de Plan d’action global conjoint (JCPOA). Mais le faire rapidement, gérer les relations avec l’Arabie saoudite et Israël – tous deux farouchement opposés à l’Iran – et passer ensuite à des discussions sur des questions régionales plus larges ne sera pas une mince affaire.

    La politique iranienne de l’administration Trump a entraîné ce qu’elle appelle une pression maximale. Cela a signifié la sortie du JCPOA et l’imposition de sanctions unilatérales sévères à l’Iran dans l’espoir de forcer de plus grandes concessions sur son programme nucléaire, de tempérer son influence régionale et – certains responsables espéraient – même de renverser le gouvernement de Téhéran.

    Les sanctions ont dévasté l’économie iranienne mais n’ont guère réussi à faire autre chose.

    Les sanctions ont dévasté l’économie iranienne mais n’ont guère réussi à faire autre chose. Tout au long de la présidence de Trump, le programme nucléaire iranien s’est développé, de moins en moins contraint par le JCPOA. Téhéran a des missiles balistiques plus précis que jamais et plus d’entre eux. Le tableau régional est devenu plus, pas moins, chargé d’incidents – du meurtre de Suleimani sur le sol irakien aux attaques contre des cibles de l’industrie énergétique saoudienne largement attribuées à Téhéran – déclenchant de multiples brosses avec la guerre ouverte. Rien n’indique que le gouvernement iranien, malgré des explosions périodiques de mécontentement populaire, soit en danger d’effondrement.

    Même dans ses derniers jours, l’administration Trump a doublé. Les dernières semaines de son mandat l’ont vu imposer davantage de désignations de sanctions. Le meurtre d’un scientifique nucléaire iranien de haut niveau, attribué à Israël, a encore enflammé les tensions et incité l’Iran à menacer d’étendre encore son programme nucléaire. Washington et certains alliés semblent déterminés à infliger un maximum de douleur à l’Iran et à restreindre la marge de manœuvre de la nouvelle administration Biden. Les risques de confrontation avant que Trump ne quitte ses fonctions restent vivants alors que les milices chiites pro-iraniennes ciblent les Américains en Irak.

    Biden a signalé qu’il changerait de cap, accepterait de rejoindre le JCPOA si l’Iran revenait à se conformer, puis chercherait à négocier un accord de suivi sur les missiles balistiques et la politique régionale. Téhéran a indiqué qu’il était également prêt à adhérer mutuellement à l’accord nucléaire existant. Cela semble le pari le plus sûr et le plus rapide, même si les obstacles ne manquent pas. Les gouvernements américain et iranien devront se mettre d’accord sur une séquence d’étapes entre l’allégement des sanctions et les restrictions nucléaires et également sur les sanctions à lever. La fenêtre pourrait être courte, avec des élections présidentielles en Iran prévues pour juin et un candidat plus radical devrait gagner.

    Mais s’ils reviennent au JCPOA, le plus grand défi sera de résoudre les tensions régionales et la polarisation qui, laissées à s’aggraver, continueront de compromettre l’accord et pourraient déclencher un conflit. Les gouvernements européens explorent la possibilité d’inciter l’Iran et les États arabes du Golfe à s’engager dans un dialogue pour réduire les tensions régionales et empêcher un déclenchement involontaire de guerre; l’administration Biden pourrait mettre tout son poids diplomatique derrière un tel effort.

    9. Russie-Turquie

    La Russie et la Turquie ne sont pas en guerre, souvent de mèche, mais soutiennent fréquemment des camps opposés – comme en Syrie et en Libye – ou se disputent le pouvoir, comme dans le Caucase. Ils se considèrent souvent comme des partenaires, compartimentent la discorde sur une question par rapport aux discussions sur les autres et coopèrent alors même que leurs alliés locaux s’affrontent. Pourtant, comme le montrent la destruction par la Turquie d’un avion russe en 2015 près de la frontière turco-syrienne et les meurtres en 2020 de dizaines de soldats turcs lors de frappes aériennes par les forces syriennes soutenues par la Russie, le risque d’affrontements inattendus est élevé. Alors que le président turc Recep Tayyip Erdoğan et son homologue russe, Vladimir Poutine, se sont jusqu’à présent révélés capables de gérer de tels incidents, toute brouille pourrait exacerber les conflits dans lesquels ils sont tous deux enchevêtrés.

    Les contradictions des relations Ankara-Moscou sont les plus claires en Syrie. La Turquie fait partie des antagonistes étrangers les plus féroces du président Bachar al-Assad et un fervent partisan des rebelles. La Russie, quant à elle, a jeté son poids derrière Assad et, en 2015, est intervenue pour tourner de manière décisive la guerre en sa faveur. La Turquie a depuis renoncé à évincer Assad, plus préoccupée par la lutte contre les Unités de protection du peuple (YPG), la ramification syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une insurrection contre la Turquie depuis près de quatre décennies et qu’Ankara (et États-Unis et Europe) considère une organisation terroriste.

    Un accord de mars 2020 concocté par Moscou et Ankara a mis fin au dernier combat à Idlib, la dernière poche détenue par les rebelles dans le nord-ouest de la Syrie, et a montré à quel point les deux puissances ont besoin l’une de l’autre. La Russie attend de la Turquie qu’elle applique le cessez-le-feu d’Idlib. Ankara reconnaît qu’une autre offensive du régime, qui pourrait conduire des centaines de milliers de Syriens supplémentaires en Turquie, repose sur le soutien aérien russe, qui donne à Moscou un droit de veto virtuel sur une telle opération. Mais le statu quo est ténu: la guerre syrienne n’est pas terminée et une autre offensive soutenue par la Russie à Idlib reste possible.

    En Libye également, la Russie et la Turquie sont opposées. Les entrepreneurs russes soutiennent la LNA de Haftar, tandis que la Turquie soutient la GNA basée à Tripoli. Un cessez-le-feu fragile a eu lieu depuis octobre. Mais il est loin d’être clair qu’un accord puisse garantir à la Turquie les dirigeants libyens amicaux qu’elle souhaite tout en donnant à la Russie le pied qu’elle cherche.

    La Russie et la Turquie ont également été mêlées à la récente guerre du Haut-Karabakh. La Russie a une alliance militaire avec l’Arménie mais a évité de choisir son camp et a finalement négocié le cessez-le-feu qui a mis fin aux combats. La Turquie a prêté un soutien diplomatique et militaire à l’Azerbaïdjan, les drones turcs (et israéliens) aidant à supprimer les défenses aériennes arméniennes. Malgré leur concurrence dans le Caucase du Sud, Moscou et Ankara ont gagné cette fois-ci. La Russie a déployé des soldats de la paix et a considérablement accru son influence dans la région. La Turquie peut prétendre avoir joué un rôle important dans la victoire de l’Azerbaïdjan et bénéficiera d’un corridor commercial établi par l’accord de cessez-le-feu.

    Tout comme Moscou et Ankara s’affrontent sur un nombre croissant de champs de bataille, leurs liens sont plus forts qu’ils ne l’ont été depuis quelque temps.

    Paradoxalement, tout comme Moscou et Ankara s’affrontent sur un nombre croissant de champs de bataille, leurs liens sont plus forts qu’ils ne l’ont été depuis quelque temps. Leur «frenmité» est symptomatique de tendances plus larges – un monde dans lequel les puissances non occidentales repoussent de plus en plus les États-Unis et l’Europe occidentale et sont plus affirmées et plus disposées à conclure des alliances fluctuantes.

    La Russie a vu les tensions avec l’Occident monter sur fond de guerres en Ukraine et en Syrie, des accusations d’ingérence électorale et d’empoisonnement d’opposants sur le sol étranger, ainsi que des sanctions américaines et européennes. La Turquie s’irrite du soutien américain aux YPG et du refus d’extrader Fethullah Gülen – le religieux Ankara accuse d’avoir organisé une tentative de coup d’État en 2016 – ainsi que des critiques européennes de son recul démocratique et de ses prétendus préjugés dans le conflit chypriote. Les sanctions imposées par Washington en réponse à l’achat et aux tests par Ankara du système de défense antimissile russe S-400 résument ces tensions. En concluant des accords bilatéraux dans diverses zones de conflit, la Russie et la Turquie voient le potentiel de gain.

    Pourtant, les liens nés d’opportunités ne durent pas toujours. Avec leurs forces respectives si proches de plusieurs lignes de front, les points d’éclair potentiels abondent. Un ralentissement de leurs relations pourrait causer des problèmes aux deux nations et à plus d’une zone de guerre.

    10. Changement climatique

    La relation entre la guerre et le changement climatique n’est ni simple ni linéaire. Les mêmes conditions météorologiques augmenteront la violence dans une zone et pas dans une autre. Si certains pays gèrent bien la concurrence induite par le climat, d’autres ne la gèrent pas du tout. Tout dépend du fait que les États sont gouvernés de manière inclusive, sont bien équipés pour arbitrer les conflits sur les ressources ou peuvent subvenir aux besoins des citoyens lorsque leur vie ou leurs moyens de subsistance sont bouleversés. L’ampleur de la violence liée au climat en 2021 est incertaine, mais la tendance générale est assez claire: sans action urgente, le danger d’un conflit lié au climat augmentera dans les années à venir.

    Sans action urgente, le danger de conflit lié au climat augmentera dans les années à venir.

    Dans le nord du Nigéria, les sécheresses ont intensifié les combats entre éleveurs et agriculteurs au sujet de la diminution des ressources, qui en 2019 a tué deux fois plus de personnes que le conflit Boko Haram. Sur le Nil, l’Égypte et l’Éthiopie ont échangé des menaces d’action militaire contre le Grand barrage de la Renaissance éthiopienne, en partie en raison des craintes du Caire que le barrage aggrave la pénurie d’eau déjà grave. Pour l’instant, l’Afrique voit sans doute les pires risques de conflit liés au climat, mais certaines parties de l’Asie, de l’Amérique latine et du Moyen-Orient sont confrontées à des dangers similaires.

    Dans les pays fragiles du monde entier, des millions de personnes connaissent déjà des vagues de chaleur records, des précipitations extrêmes et irrégulières et une élévation du niveau de la mer. Tout cela pourrait alimenter l’instabilité: par exemple, en exacerbant l’insécurité alimentaire, la pénurie d’eau et la concurrence des ressources et en poussant davantage de personnes à fuir leurs maisons. Certaines études suggèrent qu’une augmentation de la température locale de 0,5 degré Celsius est associée, en moyenne, à un risque accru de conflit meurtrier de 10 à 20%. Si cette estimation est exacte, l’avenir est inquiétant. Les scientifiques de l’ONU estiment que les émissions d’origine humaine ont réchauffé la Terre d’un degré depuis l’époque préindustrielle et, avec l’accélération du rythme, prévoient un autre demi-degré dès 2030. Dans de nombreuses zones les plus instables du monde, cela pourrait se produire plus rapidement encore.

    Les gouvernements des pays à risque doivent réglementer pacifiquement l’accès aux ressources, qu’elles soient rares ou abondantes, à l’intérieur ou entre les États. Mais les pays en développement menacés de conflits ne devraient pas faire face seuls aux pressions d’un climat changeant.

    Il y a lieu d’être optimiste. La nouvelle administration américaine a placé la crise climatique au sommet de son agenda, et Biden a appelé à une action plus rapide pour atténuer les risques d’instabilité associés. Les gouvernements et les entreprises occidentaux se sont engagés à fournir aux pays les plus pauvres 100 milliards de dollars par an pour l’adaptation au changement climatique à partir de 2020. Ils devraient respecter ces engagements: les pays en développement méritent un soutien accru de la part de ceux dont l’intempérance des combustibles fossiles a provoqué la crise en premier lieu.

    Publié à l’origine dans Foreign Policy: 10 conflits à surveiller en 2021

    *Président de ICG

    Source : International Crisis Group, 30 déc 2021

    Tags : Vénézuela, Soudan, Liban, Etats-Unis, Joe Biden, Afghanistan, Ethipie, Sahel, Mali, Niger, Nigeria, Burkina Faso, Yémen, Somalie, Afrique, Libye, Iran, Russie, Turquie, Changement climatique, environnement,




  • Cinq choses à savoir sur Antony Blinken, le choix de Biden pour Secrétaire d’État

    Le président élu Biden a choisi cette semaine Antony Blinken, un assistant de longue date et l’un de ses plus proches conseillers en politique étrangère, pour le poste de secrétaire d’État.

    Blinken a une vaste expérience en matière de politique étrangère, et s’il est confirmé, il devra faire face à une série de défis émergents et persistants, le tout au milieu d’une pandémie dangereuse.

    Voici cinq choses à savoir sur Blinken.

    Blinken a une relation de travail de plusieurs années avec Biden

    La relation entre Blinken et Biden remonte à des décennies.

    Lorsque Biden a été président et membre de rang de la commission des relations étrangères du Sénat, Blinken a été son directeur du personnel démocrate pendant six ans. Il a ensuite suivi Biden à la Maison Blanche lorsque le sénateur a été élu vice-président, en tant que conseiller à la sécurité nationale de Biden.

    Blinken a ensuite occupé divers postes dans l’administration Obama, notamment en tant qu’assistant du président Barack Obama et en tant que principal conseiller adjoint du président pour la sécurité nationale.

    Il était de nouveau aux côtés de Biden après avoir lancé sa candidature à la présidence, en tant que conseiller clé en politique étrangère pour la campagne.

    Blinken a déclaré mardi qu’il acceptait sa nomination, a déclaré que sa relation avec le président élu avait été le point culminant de sa carrière professionnelle.

    « Monsieur. Président élu, travailler pour vous – et vous avoir comme mentor et ami – a été le plus grand privilège de ma vie professionnelle », a déclaré Blinken.

    Et Biden, en annonçant Blinken comme son choix en chef de la politique étrangère, l’a appelé l’un de ses «conseillers les plus proches et les plus fiables».

    Blinken s’est concentré sur le Moyen-Orient

    Blinken a reconnu qu’il était devenu hyper concentré sur la politique étrangère au Moyen-Orient après les attentats terroristes du 11 septembre et à nouveau pendant l’invasion américaine de l’Irak.

    Lorsque Biden était au Sénat, Blinken l’a aidé à élaborer un plan pour remédier aux divisions en Irak. Il a plaidé pour essayer de diviser les Irakiens par leur identité ethnique ou sectaire afin de créer trois zones qui auraient la capacité de se gouverner elles-mêmes. L’idée a cependant été largement rejetée, y compris par le Premier ministre irakien de l’époque.

    Pourtant, Blinken a façonné la politique américaine au Moyen-Orient.

    Sous l’administration Obama, il était responsable de la construction d’une coalition de dizaines de pays qui travaillaient pour contrer Daech dans la région. Blinken a également présidé les efforts de l’administration pour décider de la politique étrangère, qui portait sur des questions comme l’Afghanistan et le programme nucléaire iranien.

    Blinken veut remonter le moral de l’État

    En tant que secrétaire d’État adjoint sous l’administration Obama, l’un des derniers moments de Blinken – et des moments les plus mémorables selon à qui vous le demandez – a été tenu hors de la vue du public lors de la fête de vacances de l’agence, où il a pris la guitare dans le groupe du département d’État pour jouer. un riff sur un air de Bob Dylan, avec les paroles changées en hommage au personnel.

    «Il joue avec ses collègues du gouvernement depuis un certain temps», a déclaré Halie Soifer, qui a servi au département d’État sous Blinken.

    Aussi dans le groupe était Rep. Tom Malinowski (D-N.J.), Qui à l’époque était secrétaire adjoint, Bureau de la démocratie, des droits de l’homme et du travail.

    Blinken, en acceptant sa nomination au poste de secrétaire d’État du Delaware mardi, a remercié ses «compagnons de bande» aux côtés de ses collègues des administrations Obama et Clinton, du Sénat et du département d’État.

    «C’est vraiment ce que cela symbolisait. Il n’était pas seulement un leader en tant que secrétaire adjoint, en termes de prise de décisions au sommet, il était un leader en termes de soutien à l’ensemble du bâtiment », a déclaré Soifer.

    Lew Lukens, qui a été chef de mission adjoint à l’ambassade des États-Unis à Londres dans l’administration Obama jusqu’en 2018, a décrit Blinken comme «humble et discret», mais a déclaré qu’il apporterait une compréhension et une appréciation profondes au département d’État et qu’il est «bien informé et réfléchi aux priorités de Biden.

    « Je pense qu’il est clair que ce sera une équipe qui reconnaît l’importance de travailler avec des alliés et des partenaires pour faire face aux menaces mondiales et transnationales », a déclaré Lukens. «Ils comprennent que nous pouvons mieux lutter contre le terrorisme, les pandémies, le changement climatique et d’autres menaces en travaillant en collaboration avec des pays partageant les mêmes idées au lieu de suivre une approche« américaine d’abord / seul ».»

    Blinken est le beau-fils d’un survivant de l’Holocauste

    Blinken a crédité sa vision des États-Unis comme étant façonnée à la fois par son père, qui a servi dans l’armée de l’air pendant la Seconde Guerre mondiale et était ambassadeur en Hongrie, ainsi que son beau-père, un survivant de l’Holocauste qui voyait les États-Unis comme un phare de liberté et liberté.

    Il a souligné leurs deux histoires dans ses remarques de mardi acceptant sa nomination, appelant son père Donald Blinken son modèle et son héros.

    Blinken a également raconté comment son beau-père, Samuel Pisar, est venu en Amérique. Pisar, l’un des rares membres survivants de sa famille, se cachait dans les bois polonais pour échapper à l’une des dernières marches de la mort à la fin de la Seconde Guerre mondiale, quand il a vu un char avec une étoile blanche à cinq branches peinte dessus. .

    «Il a couru vers le réservoir. La trappe s’ouvrit. Un Afro-américain G.I. le regarda. Il tomba à genoux et prononça les trois seuls mots qu’il savait en anglais que sa mère lui avait enseignés: «God Bless America». Le G.I. l’a emmené dans le réservoir, en Amérique, dans la liberté », a déclaré Blinken.

    Dan Fried, ancien ambassadeur américain et vétéran du service extérieur qui connaît Blinken depuis des décennies, a déclaré qu’il pensait que cette histoire illustre la vision de la politique étrangère de Blinken.

    «Je ne lui ai jamais dit cela, mais je soupçonne que sa réflexion sur la politique étrangère est dérivée de son sens de l’identité de l’Amérique en tant que pays de valeurs», a-t-il déclaré dans une interview avec The Atlantic Council, «un pays qui pourrait soulever son réfugié. beau-père en Amérique, et un pays qui savait que l’avancée de ses valeurs et intérêts était en quelque sorte liée.

    Blinken a deux jeunes enfants

    Blinken entrera dans le travail exigeant à un moment où lui et sa femme auront deux jeunes enfants à la maison, faisant de lui le premier secrétaire d’État des temps modernes à avoir de jeunes enfants en bas âge, y compris un enfant d’un an.

    Blinken est mariée à Evan Maureen Ryan, qui a également été actif dans la politique américaine. Les deux se sont rencontrés alors qu’ils servaient dans l’administration Clinton.

    Pendant son temps au gouvernement, Blinken a également montré un intérêt pour l’éducation précoce. En septembre 2016, Blinken est apparu dans la célèbre émission pour enfants Sesame Street dans le cadre d’un effort de sensibilisation au sort des réfugiés et au travail des Nations Unies.

    «Ce sera inspirant pour les parents qui travaillent partout dans le monde de voir le plus haut diplomate américain en action car il aide également à élever deux enfants en bas âge», a tweeté Samantha Power, son ancienne collègue qui a été ambassadrice d’Obama aux Nations Unies. «Merci à Tony et à l’incomparable Evan Ryan pour leur sacrifice familial.»

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    Source : The Hill