Étiquette : Afrique

  • Conseil de sécurité: L’Algérie portera haut la voix de l’Afrique

    Etiquettes : Algérie, Conseil de Sécurité, Afrique, ONU, Sierra Leone, Corée du Sud, Guyana, Slovénie,

    L’installation officielle de l’Algérie au Conseil de sécurité des Nations unies en tant que membre non permanent pour une période de deux ans a officiellement commencé.

    Du 1er janvier 2024 au 31 décembre 2025, nous aurons deux ans « pour porter haut la voix du continent africain au sein de cet organe central de l’ONU », rapporte l’agence de presse officielle algérienne APS.

    De plus, « l’Algérie renouvellera à New York son engagement envers la paix, en accordant la priorité au dialogue, à la résolution pacifique des crises et au principe de non-ingérence dans les affaires internes des États, dans le but de poursuivre son approche en faveur du maintien de la paix internationale et de la sécurité, soutenant la coopération internationale et renforçant le rôle de l’ONU, l’incitant à assumer ses responsabilités envers les deux peuples, palestinien et sahraoui », ajoute-t-on.

    Parmi les priorités de l’Algérie dans ce contexte, on trouve « la promotion de solutions pacifiques aux crises, le renforcement des partenariats, le soutien au rôle des organisations régionales et l’amélioration de l’efficacité de la lutte internationale contre le terrorisme », rapporte encore l’agence d’État.

    On se souvient que le 6 juin dernier, 184 pays sur 193 ont voté « oui » pour élire l’Algérie en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2024-2025, aux côtés de la Sierra Leone, de la Corée du Sud, du Guyana et de la Slovénie. Cette prise de fonction est la quatrième du genre pour le pays nord-africain, après les mandats suivants : 1968-1969, 1988-1989 et 2004-2005.

    #Algérie #ONU #ConseilDeSécurité #Afrique

  • L’Ukraine se tourne vers l’Afrique et le « Sud global » alors que les plans de paix se multiplient

    L’Ukraine se tourne vers l’Afrique et le « Sud global » alors que les plans de paix se multiplient

    Etiquettes : Ukraine, Afrique, Sud global, paln de paix, Volodymyr Zelensky, céréales,

    KYIV, 23 mai (Reuters) – Le ministre ukrainien des Affaires étrangères a entamé cette semaine une tournée dans les pays africains, intensifiant ainsi les efforts diplomatiques de Kiev pour contester l’influence russe dans le « Sud global » et consolider la vision présentée par l’Ukraine comme la seule voie vers la paix.

    Dmytro Kuleba, diplomate de haut rang, a déclaré que sa principale priorité était d’amener les pays africains à approuver le plan de paix du président Volodymyr Zelenskiy, alors qu’il se rendait au Maroc pour sa deuxième tournée en Afrique depuis l’invasion russe en février de l’année dernière.

    « D’importantes négociations nous attendent avec les dirigeants africains et les entreprises », a-t-il écrit sur Instagram, précisant qu’il visait à obtenir un soutien pour le flux ininterrompu de céréales ukrainiennes via la mer Noire et à garantir de nouvelles ouvertures pour les entreprises ukrainiennes.

    Cette tournée fait suite à trois jours de diplomatie de M. Zelenskiy à la Ligue arabe des Nations vendredi, puis à un sommet du Groupe des Sept au Japon. Outre les dirigeants du G7, il a rencontré ceux de l’Inde, de l’Indonésie, de l’Irak et le prince héritier saoudien.

    Les analystes politiques estiment que l’Ukraine accélère ses efforts pour courtiser les pays du Sud – un terme qui désigne l’Amérique latine, l’Afrique et une grande partie de l’Asie – et que ces efforts ont pris de l’importance à mesure que des propositions de paix rivales visant à mettre fin à la guerre en Ukraine ont fait leur apparition dans d’autres capitales.

    La Chine, qui a présenté son propre plan de paix, a envoyé un émissaire de haut niveau à Kiev, à Moscou et dans les capitales européennes pour discuter d’un « règlement politique » ce mois-ci. L’Afrique du Sud a déclaré la semaine dernière que Kiev et Moscou avaient accepté de discuter d’un plan de paix avec les dirigeants africains. Le Vatican a également élaboré une mission de paix ce mois-ci.

    « L’urgence est due à l’apparition de ces plans de paix », a déclaré Alyona Getmanchuk, experte politique qui dirige le New Europe Center, un groupe de réflexion à Kiev.

    « À un moment donné, l’Ukraine s’est rendu compte qu’elle n’avait pas été à la hauteur dans les pays du Sud pendant de très nombreuses années », a déclaré Mme Getmanchuk.

    SOMMET DE LA PAIX EN JUILLET ?

    L’Ukraine affirme que la « formule de paix » en 10 points de Zelenskiy, qui prévoit le retrait des troupes russes du territoire ukrainien, doit être la base de tout règlement de la guerre lancée par la Russie.

    S’exprimant lors du G7 le week-end dernier, M. Zelenskiy a proposé d’organiser un sommet mondial pour la paix en juillet afin de promouvoir cette formule. Le ministre danois des affaires étrangères a déclaré lundi que Copenhague serait prêt à l’accueillir.

    Le ministre, Lars Lokke Rasmussen, a déclaré qu’il serait « nécessaire de susciter l’intérêt et la participation de pays comme l’Inde, le Brésil et la Chine ».

    Alors que l’Occident a déversé une aide militaire, financière et humanitaire en Ukraine, la Russie a renforcé ses relations avec les puissances du Sud pendant la guerre, notamment en vendant une plus grande partie de son énergie à l’Inde et à la Chine.

    La Russie entretient des liens avec l’Afrique depuis des années et prévoit d’organiser un sommet Afrique-Russie à Saint-Pétersbourg en juillet. Le vétéran ministre des affaires étrangères de Moscou, Sergueï Lavrov, a effectué une tournée sur le continent l’année dernière et s’y rendra au moins deux fois cette année.

    « L’Europe et l’Ukraine réalisent de plus en plus qu’il existe un risque que cette guerre soit perçue comme un conflit essentiellement européen dont les autres pays n’ont pas à se préoccuper et qu’ils n’ont pas à condamner », a déclaré Nigel Gould-Davies, expert à l’Institut international d’études stratégiques (International Institute for Strategic Studies).

    « Ce que nous avons ici, c’est une réponse de l’Europe et de l’Ukraine aux efforts concertés de la Russie pour créer un récit de la guerre dans le monde qui ne condamne pas la guerre et cherche à maintenir une relation avec la Russie », a-t-il ajouté.

    M. Kuleba n’a pas précisé quels pays il visiterait lors de sa dernière tournée en Afrique.

    Sa première tournée, en octobre dernier, l’avait conduit au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Ghana et au Kenya, avant d’être interrompue lorsque la Russie a lancé une campagne de frappes de missiles et de drones visant des infrastructures critiques à l’approche de l’hiver.

    #Ukraine #Russie #Afrique

  • Afrique/santé : le Maroc appelle à une mobilisation coordonnée pour sauvegarder les intérêts de l’Afrique

    Afrique/santé : le Maroc appelle à une mobilisation coordonnée pour sauvegarder les intérêts de l’Afrique

    Etiquettes : Maroc, ONU, santé, Afrique,

    Le Maroc a appelé à une mobilisation coordonnée des dirigeants et à une action intensive pour sauvegarder les intérêts de l’Afrique dans la réponse mondiale aux pandémies.

    L’appel a été lancé depuis Genève par Omar Hilale, représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU à New York, en sa qualité de facilitateur de l’Assemblée générale des Nations Unies pour la réunion de haut niveau et la déclaration politique sur la prévention, la préparation et la réponse à la pandémie qui se tiendra le 20 septembre à New York au niveau des chefs d’État et de gouvernement.

    Hilale, qui s’exprimait lors de la session spéciale du Groupe de travail sur la santé du Comité technique ad hoc sur la santé et la population, co-organisée par la Commission de l’Union africaine et le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies en Afrique (CDC Afrique), a décrit la événement comme une occasion historique de défendre les intérêts et les priorités de l’Afrique dans ce contexte sanitaire, compte tenu notamment de la présence d’un directeur général africain à la tête de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du rôle du Maroc comme facilitateur de la déclaration politique du Haut réunion au niveau pandémique sur la prévention, la préparation et la riposte en cas de pandémie.

    Hilale a souligné la nécessité de mobiliser les chefs d’État africains afin que le continent ne soit pas confronté à des lacunes et des échecs comme par le passé, ainsi que l’impératif de rester uni pour obtenir de meilleurs résultats pour le continent, qui est appelé à renforcer le rôle central de L’OMS en tant qu’acteur central de l’architecture mondiale de la santé.

    Le diplomate a salué l’initiative sage et opportune de CDC Afrique de créer le Comité informel des négociateurs africains sur la prévention, la préparation et la réponse à la pandémie. Il a également exprimé sa gratitude et son honneur d’être membre et négociateur politique en chef du Comité.

    Concernant la réunion de haut niveau, prévue le 20 septembre à New York, Hilale a noté qu’il s’agit de la première du genre à se tenir à l’Assemblée générale des Nations Unies.

    #Maroc #Afrique #Santé

  • Un plan africain pour l’Ukraine

    Un plan africain pour l’Ukraine

    Etiquettes : Ukraine, Russie, Afrique, Afrique du Sud, Cyrile Ramaphosa,

    par Abdelkrim Zerzouri

    Alors qu’on attendait des pays africains de condamner «l’invasion de l’Ukraine par la Russie », c’est un plan de paix potentiel pour mettre fin au conflit qu’on propose du continent noir aux deux présidents Poutine et Zelensky. Une initiative inattendue quand on sait que la moitié des pays africains ne condamne pas l’invasion de l’Ukraine, gardant une neutralité qui fait grincer des dents aux Etats-Unis et en Europe. Depuis, les pays européens et les Etats-Unis, notamment, n’ont jamais cessé de jouer de leur influence pour ramener les pays africains dans le camp de ceux qui condamnent la Russie, sans y arriver. Comment voient-ils cette initiative de paix soutenue par des dirigeants africains de l’Afrique du Sud, du Sénégal, de l’Ouganda, de l’Egypte, de la République du Congo et de la Zambie ?

    S’exprimant lors d’une brève conférence de presse avec le Premier ministre singapourien, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a affirmé mardi dernier que le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, avaient accepté de rencontrer une délégation de dirigeants africains en vue de discuter d’un plan de paix potentiel pour mettre fin au conflit. Il a indiqué également que les Etats-Unis et le Royaume-Uni avaient exprimé leur soutien «prudent» au plan de paix et que le secrétaire général de l’Onu avait également été mis au courant de l’initiative.

    En somme, pas de soutien à l’international en faveur de ce plan de paix dont les contours restent pour le moment flous. Les présidents russe et ukrainien n’ont jamais mis de barrières devant les initiateurs de plans de paix, nombreux depuis quelque temps, mais aucun plan n’a fonctionné. Sur le terrain, on ne parle que d’offensive et de contre-offensive.

    L’opération militaire russe en Ukraine se poursuivant sans aucune solution en vue, comment l’Afrique compte-t-elle s’y prendre pour réussir là où les échecs semblent une issue inévitable en l’état actuel des événements ? Ce n’est vraiment pas le moment pour discuter de la paix, les deux parties étant convaincues de gagner la guerre, comme l’a estimé le SG de l’ONU, pourquoi alors dépenser tant d’énergie pour rien ?

    Une action pour la paix n’est jamais de trop, et les initiateurs africains de ce plan présentent une approche très soucieuse des discussions préliminaires qui auront lieu avant d’aller vers des pourparlers de paix. On sait pertinemment que la paix n’est pas facile à obtenir dans ce conflit, qui s’inscrit dans la durée, mais l’Afrique, si elle arrive à convaincre les deux parties de sa neutralité sincère, pourrait réussir là où de précédentes initiatives ont échoué, et une autre en cours, celle engagée par la Chine.

    Les chances de la paix sont minces, certes, mais les efforts diplomatiques dans ce sens ne sont pas inutiles. Et le président sud-africain en est conscient quand il a dit que le succès ou l’échec de l’initiative «dépend des pourparlers qui auront lieu». Le succès ou l’échec, on ne sait pas où mèneront ces premiers pas tendant vers la paix, sans aucune prétention.

    Source

    #Ukraine #Russie #Afrique #Chine

  • L’Afrique est un continent de contradictions

    L’Afrique est un continent de contradictions

    Etiquettes : Afrique, économie, développement, dettes, conflits, dictature,

    Il est logique qu’un continent qui abrite 54 pays et 1,2 milliard d’habitants abrite également de nombreux développements contradictoires. L’Afrique compte plusieurs des économies les plus dynamiques au monde et une classe moyenne en plein essor. Mais une grande partie du continent reste embourbée dans les dettes, accablée par les conflits et assaillie par des élites accrochées au pouvoir. Aujourd’hui, bien que le coût humain de la pandémie de coronavirus ait été moins catastrophique que beaucoup ne le craignaient, la distribution inéquitable des vaccins dans le monde continue de rendre les populations africaines vulnérables aux futures vagues et variantes, même si l’impact économique de la pandémie pourrait annuler une grande partie de la croissance du continent au cours des deux dernières décennies.

    Même pendant les années où les économies à travers l’Afrique étaient en expansion, de nombreuses personnes ont été poussées à migrer – soit en Afrique, soit vers l’Europe et même l’Amérique du Sud – en raison de catastrophes humanitaires ou parce que les opportunités économiques ne se présentaient pas assez rapidement pour tout le monde. Ceux qui sont restés ont parfois réussi à perturber le statu quo. Des mouvements de réforme dirigés par des civils ont renversé des régimes en Algérie et au Soudan en 2019, et des exemples récents de tribunaux indépendants annulant des élections frauduleuses – ainsi que d’autres signes d’institutions démocratiques s’installant dans des États auparavant corrompus ou autoritaires – ont donné de l’espoir pour la santé de la démocratie en Afrique . Pourtant, la fréquence relative des élections entachées de fraudes et de violences, dont beaucoup impliquent des titulaires en quête de troisièmes mandats constitutionnellement douteux, confirme que le phénomène des dirigeants autoritaires de longue date – connus sous le nom de « présidents à vie » – demeure un problème. Et une résurgence de coups d’État militaires, notamment au Mali, en Guinée, au Tchad, au Soudan et plus récemment au Burkina Faso, a souligné la fragilité de la gouvernance démocratique sur le continent.

    D’un point de vue géopolitique, les nations européennes et les États-Unis cherchent à renforcer le commerce et les investissements bilatéraux à travers le continent. Ces mouvements sont motivés à la fois par l’intérêt de stimuler les économies locales pour aider à endiguer les flux migratoires, mais aussi pour contrer la présence croissante de la Chine en Afrique. Dans le cadre de son initiative « la Ceinture et la Route », la Chine a tiré parti des accords de financement des infrastructures pour accéder aux ressources et accroître son influence politique. La Russie, elle aussi, a cherché de manière opportuniste – et controversée – à s’immiscer dans les affaires du continent en utilisant des ventes d’armes et des sous-traitants militaires qui servent de mandataires non officiels de l’État.

    Certains dirigeants africains disent que ces activités sentent le néocolonialisme, car ils cherchent à promouvoir une plus grande autonomie continentale. Ils ont pris des mesures pour renforcer les opportunités de commerce intérieur et faciliter la liberté de mouvement. Ils positionnent l’Union africaine pour jouer un rôle plus important dans la résolution des différends continentaux, mais aussi pour contribuer à des domaines tels que la surveillance des maladies. Et ils critiquent de plus en plus ouvertement les institutions internationales qui semblent punir l’Afrique, au profit des autres. Néanmoins, l’Afrique est en train de devenir une arène centrale pour la concurrence entre les grandes puissances mondiales, en particulier à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine, alors même que les puissances moyennes, comme la Turquie, cherchent également à étendre leur empreinte et leur influence.

    WPR couvre l’Afrique en détail, y compris un bulletin hebdomadaire Africa Watch mettant en évidence les derniers développements sur le continent. Et WPR continuera d’offrir un aperçu de certaines des questions clés entourant l’avenir de l’Afrique : les mouvements de protestation populaires et une jeune génération de dirigeants de l’opposition réussiront-ils à renverser les dirigeants autoritaires de longue date ? Alors que l’empreinte de la Chine sur le continent grandit, comment les dirigeants d’Afrique et d’autres parties du monde réagiront-ils ? Et les retombées de la pandémie de coronavirus et maintenant la guerre en Ukraine sonneront-elles la fin du boom économique africain qui a balayé des pays comme l’Éthiopie, le Rwanda et le Ghana ?

    Notre couverture la plus récente

    L’opposition divisée du Zimbabwe s’apprête à vivre une élection difficile

    Le Zimbabwe devrait tenir sa deuxième élection générale cette année depuis qu’un coup d’État militaire a renversé le dictateur Robert Mugabe en 2017. Mais alors que l’éviction de Mugabe a cédé la place à un optimisme prudent quant à une nouvelle aube dans les affaires post-indépendance du pays, l’espoir d’une situation plus pacifique et le Zimbabwe prospère s’est pratiquement évaporé.

    Gouvernance et politique

    L’une des lignes de force sur le continent a été la persistance des présidents à vie et l’impact destructeur qu’ils ont sur leurs pays respectifs. Même si les dirigeants de longue date en Algérie et au Soudan ont finalement été renversés ces dernières années, les régimes derrière eux sont restés en place. Et les dirigeants de pays allant du Rwanda à l’Ouganda en passant par le Cameroun ont renforcé leur pouvoir, utilisant souvent des moyens violents et répressifs pour le faire. Des mouvements de jeunesse et une société civile de plus en plus actifs ont fait pression sur les gouvernements pour des réformes démocratiques, mais avec un succès limité. Pendant ce temps, la corruption, souvent alimentée par des multinationales occidentales, continue de saper l’état de droit à travers l’Afrique, créant souvent les conditions utilisées par les juntes militaires pour justifier leurs prises de pouvoir.

    Sécurité

    Le règlement des conflits persistants continue d’être une priorité absolue pour les organisations régionales africaines, que ce soit au Soudan du Sud, en République centrafricaine, en République démocratique du Congo et ailleurs. Mais au cours de la dernière décennie, la lutte contre le terrorisme islamiste a commencé à dominer l’agenda de sécurité de l’Afrique, des réseaux établis comme al-Shabab dans la Corne de l’Afrique et Boko Haram en Afrique de l’Ouest, aux nouvelles menaces, comme l’émergence des affiliés de l’État islamique en RDC. et Mozambique. Pendant ce temps, la violence de longue date entre les éleveurs nomades et les agriculteurs sédentaires en Afrique de l’Ouest et au Sahel continue d’être largement ignorée, malgré le lourd tribut en vies perdues.

    La compétition d’influence en Afrique

    Certains observateurs alarmistes à Washington avertissent que la Chine, avec son financement initial de grands projets d’infrastructure, surcharge les pays africains de dettes qu’ils auront du mal à rembourser. Cette affirmation ne résiste pas nécessairement à l’examen, mais elle souligne comment, avec les relations américano-chinoises de plus en plus acrimonieuses, l’Afrique est devenue une nouvelle arène pour leur rivalité stratégique. Pendant ce temps, d’autres pays cherchent également à étendre leur influence en Afrique, notamment la Russie et la Turquie.

    Crise des migrants

    Le flux de migrants en provenance d’Afrique n’est pas nouveau. Mais depuis le paroxysme de la crise des réfugiés en Europe en 2015, la migration africaine a contribué à alimenter la montée des partis populistes en Europe et a suscité un plus grand engagement entre les deux continents dans les efforts visant à endiguer l’émigration, souvent au détriment du régime humanitaire régissant les droits de réfugiés et de demandeurs d’asile. Le déplacement est également un problème régional, car l’Afrique subsaharienne accueille plus d’un quart des réfugiés dans le monde. Pendant ce temps, les migrants africains se tournent de plus en plus vers de nouvelles destinations alors que l’Europe ferme ses portes.

    WPR, 01 mai 2023

    #Afrique #Conflits #Développement #Economie #Dettes #Dictature

  • Tournée de Macron, un mélange de Tintin au Congo et d’OSS 117 en Afrique

    Tags : France, Afrique, Françafrique, Emmanuel Macron, Congo, Gabon, Angola,

    Le président de la République est rentré dimanche à Paris apr`s quatre jours en Afrique Centrale et c’est maintenant l’heure du bilan.

    Au Gabon, sous prétexte d’un sommet sur la forêt boycottée par la société civile et les ONG. Le président n’a fait que renforcer Ali Bongo, coeur battant de la Françafrique, à la veille d’une élection présidentielle.

    Au Congo Brazzaville, il s’affiche tout sourire avec Denis Sassou Nguesso, président militaire et responsable d’une guerre civile ayant entraîné le massacre de milliers d’opposants.

    Il passera ensuite en Angola, sans dire un mot de l’immense projet de total énergie, qui a déjà conduit à l’expropriation de plus de 100.000 paysans.

    Puis, pour clore cette magnifique tournée, il s’est rendu samedi en République Démocratique du Congo. Et là, ce fut le clou du spectacle. Incapable de dénoncer le financement de la milice M23 par le Rwanda, le président a cru bon d’insulter, le président a cru bon d’insulter Félix Tschisekedi, puis s’est embourbé dans un discours aux relents colonialistes qui a profondément choqué son homologue et lensemble du plus grand pays francophone au monde.

    Finalement, cette tournée d’Emmanuel Macron c’est un peu un mélange de Tintin au Congo et d’OSS 117 en Afrique. Alors comment s’étonner ensuite que l’influence russe s’étende depuis des années sur le continent africain, où le sentiment anti-français ne fait que croître? Que beaucoup de ces Etats refusent de s’engager à nos côtés dans le soutien à l’Ukraine qui après qui après notre échec en Libye et au Sahel, de grands pays comme le Mali ou le Burkina Faso nous demande de fermer nos casernes militaires?

    Chers collègues, croyez-vous vraiment que ces Etats sont aveugles à la différence de traitement dans l’accueil des réfugiés venus d’Ukraine face à ceux venus d’Afrique ou du Moyen Orient? Ou encore, ainsi que l’acteur Omar Sy nous l’a récemment rappelé qu’il ne voit pas notre indifférence face au conflit qui ravage le continent? La guerre oubliée du Tigré, qui s’achève à peine, a fait 600.000 morts en Ethiopie et Emmanuel Macron a pourtant reçu Abiy Ahmed, responsables de ces massacres en grande pompe à l’Ellyséem le mois dernier.

    Il est temps d’en finir avec ce double standard en matière de droits humains et de démocratie en Afrique. L’empire français, c’est terminé. C’est maintenant avec les diasporas, la société civile et surtout la jeunesse, que de nouvelles coopérations doivent se construire à égalité.

    Alors, Mme la Ministre, vous qui êtes une diplomate aguerrie, ma question est simple. Qu’avez-vous pensé de cette tournée du professeur Macron en Afrique? Je vous remercie, je vous remercie.

    Source

    #France #Afrique #Françafrique #Macron #Gabon #Angola #Congo

  • La tournée africaine du président français : dépasser le verbe !

    Tags : France, Afrique, Françafrique, Emmanuel Macron, Russie, Chine,

    Archange Bissue Bi-Nze
    Institut des sciences politiques Louvain-Europe

    Le 27 février dernier, lors de son discours sur la politique africaine, le président français affirma que « la France devient le bouc émissaire idéal », responsable des situations de troubles et des problèmes de gouvernance interne dans ses anciennes colonies. Il s’engagea à ne pas laisser une telle perception évoluer. De même, Emmanuel Macron soulignait qu’il ne souhaite pas participer à un défi de puissance en Afrique, « une compétition […] anachronique » selon lui. Or, en examinant sa récente tournée africaine, le masque tombe. L’établissement d’une « nouvelle relation équilibrée, réciproque et responsable » n’est qu’une vue de l’esprit, qui enveloppe la volonté de dynamiser les relations franco-africaines. C’est dans cette perspective qu’il faut inscrire cette deuxième tournée africaine (depuis sa réélection), effectuée du 1er au 5 mars au Gabon, en Angola, au Congo-Brazzaville et au Congo-Kinshasa. Quels enseignements en tirer ?

    Nier la fragilisation des relations franco-africaines 

    Dans La France en Afrique. Le combat des Anciens et des Modernes, Yves Gounin avançait que « le complexe franco-africain est aujourd’hui en crise […] il se fissure à partir de 1994 ». En effet, le génocide rwandais entacha la crédibilité de la coopération franco-africaine. Les changements intervenus en France en 1997, n’ont pas considérablement impacté le comportement à géométrie variable, des implications françaises dans la politique intérieure des pays africains. Pendant les dix-sept premières années de ce siècle, nous avons observé une dégradation continue des relations entre la France et ses ex colonies. L’Élysée n’a pas considéré les sonnettes d’alarme venant d’Afrique. Les présidents qui se succédèrent agirent sans prendre en compte les signes d’essoufflements de cette coopération.

    Devenu président en 2017, Emmanuel Macron trouve les rapports franco-africains dans un état de fragilité abyssale. Par où commencer ? Difficile de le dire, le constat est alarmant. Il faut saisir et/ou créer des opportunités politiques. Le ‘‘One Forest Summit’’ à Libreville en est une. Lors de son séjour au Gabon, le président français dira : « Nous venons à Libreville pour une initiative internationale, pour la biodiversité ». La visite s’est-elle limitée à cet aspect, sachant que le Gabon est l’un des « bons élèves » de la France dans son pré carré en Afrique centrale au même titre que la République du Congo ?

    Il n’est pas prétentieux d’y voir une manœuvre de séduction politique, accompagnée de garanties du soutien français pour le régime gabonais et celui du Congo-Brazzaville, comme elle le fait au Tchad et en Côte d’Ivoire. Si la politique est devenue un spectacle dit Christian Delporte (Une histoire de la séduction politique), la séduction politique a pour but de créer un lien de « domination redoutable » à l’endroit de la personne (physique et/ou morale) séduite. Elle permet de renforcer la relation existante au bénéfice du séducteur, ici la France. Cependant, le président Macron est conscient des critiques des Africains contre son pays.

    Macron devant la notoriété perdue de la France en Afrique

    Macron a connaissance du sentiment anti-français en Afrique. Ce sentiment s’est construit au fil du temps, dû aux décisions controversées d’interventions françaises, du soutien officiel et/ou officieux de Paris dans les situations de déstabilisation internes de certains États africains, etc. De l’Afrique de l’Ouest en Afrique centrale, l’ex puissance coloniale est désavouée. La France devient un acteur dont la présence est indésirable et l’action perçue négativement. Si le Burkina Faso, le Mali, la RCA sont régulièrement cités, ils ne sont pas les seuls pays où les autorités et l’opinion publique rechignent la France.

    Lors de la visite d’Emmanuel Macron en République Démocratique du Congo (RDC), le président Félix Tshiseke questionna son homologue français en ces termes : « pourquoi l’ancien Ministre des Affaires étrangères français, Jacques Yves le Drian, avait pu dire que mon élection fut un compromis pour l’Afrique ? » ; « pourquoi la France ne condamne pas l’agression du Rwanda ? ». Par ces interrogations, le président congolais pointait du doigt à la France. Ce qui entraîna une accusation réciproque, dans la mesure où Macron avança que la RDC ne doit pas « chercher des coupables à l’extérieur », si elle n’a « jamais été capable de restaurer souveraineté » depuis 1994.

    On constate dans les propos de ces présidents, que l’élégance du langage diplomatique empruntant le plus souvent, l’euphémisme et la litote, disparaît peu à peu des échanges officiels. La rhétorique diplomatique se transforme en langue de bois. Dans ce langage, les acteurs choisissent les mots avec une intentionnalité précise (vexer, terrifier, etc.). Si le président français considère l’Angola comme un « partenaire stratégique », le Gabon comme un État « en situation de leadership » environnemental, le Congo-Brazzaville comme un partenaire sûr, le durcissement du langage en RDC met en exergue une perte de notoriété française en Afrique.

    À titre d’illustration, Emmanuel Macron croyant que son pays a des relations amicales avec le Maroc, Jeune Afrique dans sa publication du 1er mars, laissait entendre que « les relations ne sont ni amicales ni bonnes, pas plus entre les deux gouvernements qu’entre le Palais royal et l’Élysée ». L’image avantageuse de la France dans ses rapports avec les pays africains s’est effritée, il est temps de la retrouver et de mobiliser l’ensemble des forces pour y parvenir.

    Le défi macronien face à la présence russe

    La période 2010-2021 fut considérée comme « le temps de la reconquête » par Thomas Borrel et al. dans L’empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la Françafrique. Si l’on évoque la reconquête, c’est qu’il eut soit une stagnation des relations franco-africaines, soit une perte d’influence française en Afrique. Dans la présentation de sa politique africaine, Macron fait ressortir insidieusement, le défi que représente la Russie qui voudrait pousser la France dans une compétition de puissance. Elle y est arrivée, les faits le montrent. D’où une volonté de reconquête française qui résulte de la notoriété russe montante en Afrique. Le relatif désengagement français n’a pas été une perspective bénéfique pour la France. Aujourd’hui, elle en paie les frais.

    C’est pourquoi, pour dynamiser son engagement et sa présence en Afrique, la France estime que tous les pays africains et tous les secteurs d’activités sont essentiels. En Angola, outre le partenariat économique, Macron permit à la société française Airbus de signer un contrat, afin d’aider ce pays à se doter de son premier satellite. En outre, il souhaite que la France et le Congo-Brazzaville s’engagent sur les questions « mémorielles, historiques et culturelles ». Mesurant l’influence de l’univers musical en RDC, Macron et Fally Ipupa ont partagé un verre dans un bistrot de Kinshasa. La reconquête passe aussi par la séduction des cœurs par personne interposée, mieux en se servant des Africains ayant une influence sur les populations, le cas des artistes.

    Somme toute, la tournée africaine du président français a semblé inopportune et fut mal reçue dans l’opinion publique des quatre pays visités. Il est trop tôt pour croire à un partenariat nouveau France-Afrique. La position de l’Élysée est attendue face aux changements constitutionnels, qui auraient lieu cette année dans certains États africains. Seuls les faits comptent et non les discours.

    Cette chronique est réalisée en partenariat rédactionnel avec la revue Recherches internationales à laquelle collaborent de nombreux universitaires ou chercheurs et qui a pour champ d’analyse les grandes questions qui bouleversent le monde aujourd’hui, les enjeux de la mondialisation, les luttes de solidarité qui se nouent et apparaissent de plus en plus indissociables de ce qui se passe dans chaque pays.

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    #France #Afrique #Macron #Gabon #Congo #Angola #Russie #Chine

  • Macron en Afrique: Tintineries et barbouzes

    Tags : Afrique, France, Emmanuel Macron, Gabon, Congo, Angola, Françafrique,

    Par Amar DJERRAD

    Dans le sillage des bourdes récurrentes de la politique française en Afrique et tout récemment de cette funeste action de barbouzerie relative à l’exfiltration d’une algéro-française dans laquelle sont impliqués deux ambassadeurs et un colonel des ‘‘services’’ français mettant l’Algérie et la Tunisie dans une situation de conflit avec le gouvernement français, le Président français E. Macron – à la veille d’une tournée diplomatique en Afrique qualifiée de cruciale – a cru bon, mais sur le tard, s’expliquer d’une façon pour le moins ambiguë.

    Explication et banalisation de l’acte d’exfiltration

    Selon lui, « Il y a une polémique sur le retour en France d’une franco-algérienne depuis la Tunisie avec beaucoup de choses qui ont été racontées et un discours qui s’est construit. Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui ont intérêt à ce que ce qu’on fait depuis des années avec l’Algérie ne réussisse pas … je vais continuer. Ce n’est pas le premier coup de grisou. J’en ai déjà eu » (victime de sa doxa ?). En se gardant d’identifier clairement ceux qui sapent le travail, il dit compter « sur l’amitié et l’engagement du président Abdelmadjid Tebboune pour aller de l’avant ».

    « Polémique » « racontées » « s’est construit » « coup de grisou » ne sont pas les termes adéquats pour qualifier une exfiltration par des méthodes de barbouzes ! Il s’agit d’une grave action que condamne le droit international qu’un pays dit des « droits de l’homme » ne doit jamais laisser passer par seulement des commentaires équivoques, car il est question d’une atteinte à l’intégrité et à la souveraineté de deux pays voisins avec lesquels la France est liée par des relations dans plusieurs domaines.

    M. Macron semble banaliser l’acte abject d’exfiltration ! À notre sens, cela s’apparente à un enfumage pour surpasser le sentiment de honte surtout que sa tournée en Afrique a pour objectif de convaincre de sa « nouvelle relation » avec le continent après avoir exposé, depuis Paris, sa « stratégie africaine pour les quatre ans à venir ». Avec plus de 80 ans de néocolonialisme, de pillage, d’ingérence et de coups d’État, il lui sera difficile de regagner une quelconque confiance suite à cette salauderie qui ne peut être exécutée sans l’approbation des hautes autorités de l’État français ! Que peut donc bien faire le président algérien face à un acte agressif que l’opinion algérienne (et tunisienne) n’admettra jamais. Deux pays respectueux qui n’ont jamais provoqué la France.

    Le moindre reflexe positif, devant ce genre de bévue, aurait été, au moins, de prendre des sanctions et d’instruire les médias publics (en particulier visuels) à dire la vérité au lieu de les instrumentaliser pour encore fustiger ces deux pays victimes en faisant défiler sur les plateaux de leur TV des « opposants aux régimes » espérant faire admettre la validité et la licéité de leurs agissements condamnables par le droit et la morale !

    Deux pantins ‘requis’ à charge contre deux pays

    C’est ainsi que l’on a vu, Mme Bouraoui ressortissante algérienne, gynécologue travestie en politicarde d’occasion – l’exfiltrée depuis la Tunisie alors que sa présence physique sur le territoire national est prescrite par la justice algérienne – devenir l’invitée privilégiée, pour déverser ses insanités sur l’Algérie, ses gouvernants et ses institutions après avoir été présentée comme opposante au « régime », activiste lors du hirak avec son organisation « barakat » (ça suffit) prônant le « regime change » dans le cadre de la stratégie ‘‘printaniste’’ !

    Mme Bouraoui n’a fait en fait que confirmer sa soumission au service des intérêts français ; qu’elle est leur produit « grillé », elle, la ‘patriote’ qui ne cessait de vociférer avec ses ouailles de « barakat », lors des multiples pseudos hirak, des slogans révolutionnaires pour le bien du peuple et surtout pour imposer « phase de transition » inconstitutionnelle suggérée depuis l’étranger ! Citoyenne Algérienne bien publicisée par la presse mainstream française lorsqu’elle faisait de la subversion lors du hirak, elle devient subitement citoyenne française après son exfiltration !

    L’autre invité choisi, pour cette occasion, est Moncef Marzouki l’ex chef d’État de Tunisie désigné, un ami des ‘‘frères musulmans’’, surnommé le « tartour » (pantin) par les Tunisiens. Son intervention était de charger le président élu Kaïs Saïed le qualifiant de « putschiste », d’être responsable d’un « ensemble de catastrophes politiques, économiques, et diplomatiques », de couper la Tunisie de « son milieu africain », d’avoir créé un « division entre Tunis et Rabat », d’avoir ramené la Tunisie « trente ans en arrière ». On retient entre autres de ses livres, « On gagne…ou on gagne. Pour un printemps arabe ».

    Son hostilité à l’Algérie est bien visible par ses positions pro makhzen sur la fermeture des frontières et le blocage par l’Algérie de « l’Union Maghrébine ».


    Dans son article intitulé « Sale temps pour le Tartour de Tunis », le professeur Bensaada met à nu ses errances politiques sulfureuses. Dans sa conclusion, il le qualifie de « Droitdelhommiste dévoyé, politicard raté, va-t-en-guerre invétéré, ‘‘islamawiste’’ haineux, ce Don Quichotte en burnous a fini par se battre contre les moulins de son propre pays. Va-t-il finalement en tirer des leçons et s’évaporer dans la nature pour ne plus continuer à polluer tout ce qu’il touche ? »

    Rappelons qu’à la parution du livre du professeur Bensaada « Qui sont ces ténors autoproclamés du Hirak algérien ? », les premiers à avoir réagi de manière violente et sordide est l’organisation islamiste ‘‘Rachad’’ qui produit précipitamment un livre collectif, en réponse, préfacé par… Moncef Marzouki.

    Au-delà de ces deux ‘‘invités’’ : une France inhibée !

    Au-delà des deux ‘‘invités’’, cette action française viole délibérément les règles et usages des relations internationales au détriment d’États souverains. Les planificateurs de cet acte n’ont cure des conséquences prévisibles sur les relations avec l’Algérie, la Tunisie, au même moment où le Président Macron s’évertue à convaincre des pays africains à rester dans l’espace, économique, politique et culturel français en vertu de sa « « nouvelle relation » avec l’Afrique qui est annoncée plus équilibrée et respectueuse des États. Cette grave méprise constitue la preuve éclatante de sa non crédibilité, malgré tous les narratifs et rhétoriques qu’il pourrait leur débiter !

    La France officielle, embastillée dans son arrogance et sa mentalité néocoloniale ne pourra être digne de confiance en restant figée dans les mêmes travers et systèmes de pensées malsains qui ont prévalu durant la colonisation puis le néocolonialisme qui persistent encore sous des formes et concepts plus sournois.

    A voir le tête-à-tête entre les Présidents F. Tshisekedi et E. Macron face à la presse, on s’aperçoit que le fossé est encore assez large pour espérer des relations de confiances et équilibrées (écouter à partir de 2.24.50, jusqu’à 2.46.00).

    La France gagnerait bien plus en confiance et en crédibilité si ses dirigeants défendaient les intérêts de la France au lieu de ceux des USA au détriment des siens !

    Quand les africains voient cette France devenir depuis quelques années une dépendance américaine, voire un faire-valoir, il n’est pas étonnant qu’ils répondent au moins par l’inconsidération.

    Un twitternaute a jugé qu’avec les propos « la France n’a plus de pré carré en Afrique », il aurait pu rajouter « puisque nous sommes dans le pré carré américain ».

    Spéculer sur le fait que de simples annonces flatteuses telles « l’ère de la Françafrique est révolue », « la France interlocuteur neutre » sur le continent, « adoption d’une posture de modestie et d’écoute », « cogestion des bases militaires » suffisent à inverser le sentiment de haine et de rejet des africains à l’égard des anciens colonisateurs puis néo-colonisateurs, c’est soit se bercer d’illusions soit prendre encore les africains pour des idiots ! Les Africains fondent dorénavant leurs opinions sur la réalité. Ils savent mieux que quiconque ce qu’ont été les anciennes puissances coloniales, leur néocolonialisme actuel, leurs ingérences et manigances. Ils savent choisir leurs partenaires et distinguer le bon grain de l’ivraie ! Ce n’est pas le discours thuriféraire de Macron qui fera de la Russie et la Chine des diables et de la France un ange ! Le fait même de se déplacer en Afrique pour leur réitérer, avec culot, des boniments éculés en croyant toujours les convaincre est déjà une attitude arrogante.

    Les réactions hostiles à cette visite viennent essentiellement de France ! « L’arrogance de Macron est la meilleure chose qui soit arrivée à l’Afrique francophone, depuis les indépendances », a lancé un twitternaute.

    « Qui le croit ? » se demande François Asselineau. « Avec arrogance et n’écoutant personne, Macron annonce que sa « stratégie pour l’Afrique » consiste à « adopter une posture plus claire… de modestie et d’écoute ». C’est aussi crédible que Palmade fustigeant les chauffards et s’indignant des ravages de la drogue ».

    Pour Florian Philippot « La tournée de Macron en Afrique est jugée par Florian Philippot de calamiteuse… des choix curieux… et une stratégie étrange…il multiple les gaffes… il est rabroué et humilié en permanence … (surtout en RDC) ». Selon lui « Macron est bien là pour détruire la France et ses intérêts ! Arrêtons-le d’urgence ! ». Il s’adresse aux africains « ne réduisez la France à Macron ».

    D’autres ont vu dans les propos de Macron autre chose : « Macron veut dire, nous avons besoin des pays africains et des DOM-TOM pour continuer à leur prendre leurs richesses naturelles comme le gaz, pétrole, et les minerais précieux… »

    Selon un média africain, les jeunes (Africains), contestent carrément la présence de la France dans leur pays ! « Pour la jeunesse africaine consciente, il ne s’agit ni de réduire les effectifs militaires français ni de cogérer les bases militaires, mais de les fermer purement et simplement et d’envoyer les soldats français en Ukraine dont la population a plus de ressemblance que les Noirs avec celle de France, de demander pardon et de verser des réparations aux descendants d’esclaves d’Afrique pour l’esclavage (4 siècles), la colonisation et le néocolonialisme subis par les Noirs. » (Jean-Claude Djereke, in Cameroon Voice)

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    Une gabonaise face aux présidents Français et Gabonais leur fait cette proposition :« les chefs d’états et de gouvernements c’est à vous et à nous de protéger notre foret ; on ne va pas attendre les occidentaux pour venir le faire »

    Lavrov n’a pas manqué aussi de donner son avis en déclarant « La voix solidaire de l’Afrique dans les affaires mondiales sonne de plus en plus juste, et nous nous félicitons du processus d’émancipation globale des pays du continent. Cela est observable dans le rétrécissement de la sphère d’influence néocoloniale de la France en Afrique centrale et occidentale, ce qui provoque une réaction plutôt nerveuse à Paris ».

    Conclusion


    Il est clair que la France a perdu considérablement de son influence en Afrique devant la concurrence russe et chinoise et aussi turque. La tournée de Macron est d’essayer de rétablir cette influence perdue, mais que l’arrogance et les tartuferies françaises empêchent de percevoir. La France est bien dans le cas des « Caractères » que décrit La Bruyère « A quelques-uns l’arrogance tient lieu de grandeur; l’inhumanité de fermeté; et la fourberie, d’esprit. ».

    Les bonimenteurs manipulent par des discours élogieux pour mieux abrutir et mobiliser. De belles formules et d’habiles manipulations – usant parfois de ce que l’on appelle la psychologie inversée – destinées à cacher les véritables objectifs en particulier celui de la subordination des États !

    Pour ce faire, ils usent de tous les moyens de propagande que mènent des organisations manipulatrices dites « non-gouvernementales » en y mettant les moyens financiers nécessaires pour corrompre. Selon Wikipédia, l’ancien directeur de la CIA, William Colby, déclarait en 1982, dans le Washington Post, à propos du programme de la NED : « Il n’est pas nécessaire de faire appel à des méthodes clandestines. Nombre des programmes qui […] étaient menés en sous-main, peuvent désormais l’être au grand jour, et par voie de conséquence, sans controverse ». En 1991, un des fondateurs de la NED, Allen Weinstein, expliquait au Washington Post que « bien des choses qu’ils [à la NED] faisaient maintenant étaient faites clandestinement par la CIA 25 ans auparavant ».

    Ces ONG bénéficient de financements américains, votés par le Congrès, par le biais de la NED (National Endowment for Democracy), l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) l’International Republican Institute (IRI), le National Democratic Institute for International Affairs (NDI), et la Freedom House (FH). D’autres sont financés par des capitaux privés comme l’Open Society Institute (OSI), fondation de George Soros, et également de multinationales américaines, telles que Chevron, Coca-Cola, Goldman Sachs, Google, Microsoft, etc., ainsi que d’institutions publiques comme la Chambre de commerce des États-Unis. Tous ces organismes sont impliqués dans les « révolutions colorées » que décrit le Dr Ahmed Bensaada dans son « Arabesque$: Enquête sur le rôle des USA dans les révoltes arabes ».

    Bien que la France en soit elle-même victime des pressions américaines par le biais de ces « ONG », elle trouve le culot d’user, médiocrement, des mêmes méthodes pour imposer sa politique nuisible en Afrique. Cependant, ses réseaux pour « exporter » sa « démocratie », ses « droits de l’homme » et ses « libertés » ne sont pas assez élaborés que ceux des USA, eux-mêmes non-consistant et en perte de vitesse.

    – La France officielle doit, à notre sens, se débarrasser de ses psychoses qui l’empêchent de discerner le réel de l’irréel, la réflexion de l’émotionnel ; se dégager de sa vision chauvine et manichéenne dans sa politique extérieure globale et africaine en particulier ; sortir de ses rêveries et de son complexe de supériorité paralysant ; rompre avec ses mensonges, manipulations et propagande que sa presse aux ordres perroquetant leurs maitres ; revenir à l’ordre international basé sur le droit international onusien et non un ordre basé sur les « règles » qu’édictent les États-Unis. Il faut aussi qu’elle soit sincère, rationnelle dans ses actions tout en s’abstenant de s’ingérer dans les affaires, d’autres États, qui ne la regardent pas ; apprendre à vivre dans les limites de ses propres moyens et non au-dessus en accaparant indûment les richesses de certains pays.

    – Les Africains ne sont plus ceux que la doxa occidentale assimile encore à leurs parents, grands-parents. Sa jeunesse est plus instruite, consciente, opiniâtre et résistante. Cette jeunesse doit se prendre en main en contribuant au développement de leur pays, de leur Afrique, au lieu de s’aventurer dangereusement à s’exiler clandestinement vers une Europe qui n’est pas celle qu’elle croit. Elle ne doit surtout pas se laisser berner par ceux qui ont vendu leur âme au diable en optant pour la félonie afin d’espérer obtenir des avantages au goût malsain et qui au final demeureront indignes et infâmes, même pour leurs maîtres/employeurs ! Certains dirigeants africains doivent, de leur côté, redoubler d’efforts et de courage pour protéger mordicus les intérêts de leur pays. L’aisance et la sécurité, même à minima, se trouve chez soi. Comme on dit en Algérie (ou Maghreb) « orge de mon pays vaut mieux que blé étranger ». L’Europe ce n’est pas le « paradis », c’est la mer à boire pour les africains !

    A. D.

    #France #Afrique #Macron #Françafrique

  • Comment la France continue de dominer ses anciennes colonies en Afrique

    Tags : France, Afrique, Françafrique, Franc CFA, colonisation, esclavage, pacte colonial,

    UNE ENTREVUE AVEC NDONGO SAMBA SYLLA FANNY PIGEAUD

    Dans les anciennes colonies africaines de la France, les politiques monétaires impérialistes de Paris continuent de paralyser les économies nationales et de saper la démocratie. Le colonialisme en Afrique n’aura pas véritablement pris fin tant que la véritable souveraineté économique ne sera pas autorisée à s’épanouir.

    par Ndongo Samba Sylla – Le Meilleur de Ndongo Samba Sylla
    26 avril 2021

    L’économie de l’Afrique subsaharienne a défrayé la chronique la première semaine de mars. Alors que Ngozi Okonjo-Iweala a pris ses fonctions de première femme africaine directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce, des manifestations massives de jeunes ont éclaté au Sénégal contre la détérioration des conditions économiques. La traduction anglaise de Africa’s Last Colonial Currency: The CFA Franc Story de Ndongo Samba Sylla et Fanny Pigeaud a été lancée pour aider tout le monde à comprendre la situation .

    Le livre décrit l’ingérence continue de l’État français en Afrique – une classe de maître dans la méchanceté capitaliste, le blâme des victimes et la polyvalence. Après l’abolition de l’esclavage, d’énormes « réparations » ont été versées aux anciens propriétaires d’esclaves français. Ceux-ci ont été utilisés en partie pour établir des banques coloniales en Afrique, rejointes plus tard par d’autres, qui s’efforceraient d’assurer la pérennité de la domination française après l’esclavage en maintenant « le pacte colonial ». Ce pacte impliquait le sous-développement délibéré des économies des colonies, leur dépendance forcée aux exportations de matières premières et un monopole français sur le transport maritime, les exportations et les importations. Le franc CFA était la monnaie conçue par la France pour assurer que le contrôle français survive à la disparition officielle du colonialisme.

    Pour en savoir plus, Chris Dite de Jacobin s’est assis avec Ndongo Samba Sylla et Fanny Pigeaud pour discuter de leur livre ainsi que des événements récents sur le continent.


    CD | Un récent ministre français des Finances a décrit la France comme étant en Afrique « en tant qu’amie ». En lisant votre livre, je n’ai pas pu m’empêcher de penser que c’est comme décrire la famille Corleone de la série Parrain comme une amie des entreprises sous sa « protection ». Pourriez-vous aider les lecteurs à comprendre comment la relation entre la France et ses anciennes colonies est basée sur les menaces, la violence et l’extorsion ?

    NSS | Les Français savaient que l’indépendance de l’Afrique était inévitable. En 1958, la France organisa un référendum demandant si les pays d’Afrique subsaharienne sous sa domination voulaient devenir indépendants aux conditions françaises. La Guinée – dirigée par l’un des rares dirigeants africains qui était un syndicaliste et non un fidèle allié français formé en France – a voté non à cette indépendance sans indépendance et s’est séparée de la France deux ans avant les autres.

    Pour les autres, c’était l’indépendance sans pleine souveraineté, l’indépendance à condition de signer des « accords de coopération ». L’idée était de créer de nouvelles républiques avec une autonomie limitée sous la tutelle de la France – tous les commandements souverains seraient exercés par Paris.

    Lorsque la Guinée a décidé d’émettre sa propre monnaie nationale en 1960, la France a organisé une opération de sabotage pour déstabiliser le nouveau pays, envoyant à son service des agents secrets, inondant l’économie de faux billets et perturbant tout. Cela a envoyé un message clair aux autres pays : « Si vous voulez emprunter cette voie, vous savez ce qui se passe. Depuis, c’est plus ou moins l’histoire du leadership africain : si on veut rester au pouvoir, il faut être en bons termes avec la France.

    PF | A la veille de l’indépendance, la France gère ses relations avec ces nouveaux pays en choisissant les dirigeants qu’elle préfère à la tête de l’Etat. Vous pouvez voir maintenant que c’est le même système — nous avons des dirigeants africains qui sont très liés et qui n’osent pas agir sans l’accord de Paris. S’ils essaient d’agir différemment, il y aura des représailles.

    La France a conservé des bases militaires dans plusieurs pays depuis l’indépendance – Côte d’Ivoire, Gabon, Sénégal, entre autres – et compte actuellement cinq mille soldats sur le terrain au Sahel. Même si officiellement l’armée est là pour « combattre le terrorisme », on sait qu’elle est aussi là pour maintenir une forme de contrôle sur ces pays.

    La France a utilisé la force militaire pour créer la politique qu’elle voulait en Côte d’Ivoire en 2011, par exemple. Mais une véritable intervention militaire n’est pas nécessaire pour mettre en œuvre l’agenda parisien. Si vous êtes un pays comme le Niger avec beaucoup de problèmes – problèmes de sécurité, problèmes économiques, sociaux et financiers – et que vous avez les services militaires et de renseignement français sur le terrain tout autour de vous, il est difficile de penser que vous êtes libre pour prendre vos propres décisions.

    CD | Et comment le franc CFA s’intègre-t-il dans ce tableau violent ?

    NSS | Le franc CFA, c’est le colonialisme reconditionné. Le Franc des Colonies Françaises d’Afrique (FCFA) à l’époque coloniale est devenu avec l’indépendance le Franc de la Communauté Financière d’Afrique (FCFA) en Afrique de l’Ouest et le Franc de Coopération Financière en Afrique Centrale. Le gouvernement français est un spécialiste du recadrage des structures coloniales en utilisant de nouveaux noms : c’est vraiment l’histoire de la relation de la France avec l’Afrique.

    PF | Nous pouvons voir le même comportement maintenant avec les récentes soi-disant réformes. C’est juste du marketing — mais en fait, tout reste pareil. Les Français sont plutôt doués pour ça.

    CD | Une ligne commune des défenseurs du système actuel est que si vous soustrayez l’argent de l’aide fournie par la France de tous les gains qu’elle tire des accords d’exploitation, cela « s’équilibre » ou travaille en faveur de l’Afrique. Pourriez-vous expliquer pourquoi ce n’est tout simplement pas le cas?

    NSS | Dans le système du franc CFA, les banques centrales africaines ont été obligées pendant des décennies de déposer une grande partie de leurs réserves de devises étrangères dans le Trésor français. Ces montants représentent le double du montant de l’aide de la France à l’Afrique subsaharienne. La France restitue essentiellement aux pays africains une fraction de ces dépôts forcés à titre « d’aide ».


    CD | Dans votre livre, vous décrivez les changements récents d’Emmanuel Macron dans la zone franc CFA comme une transition vers un système de contrôle plus indirect. Pourriez-vous expliquer ces réformes ?

    PF | Trois choses devraient changer mais uniquement pour les pays d’Afrique de l’Ouest concernés, pas ceux d’Afrique centrale : la première est le nom de la monnaie (elle s’appelle désormais l’« éco »), la seconde est que les représentants français ne siégeront plus dans les organes de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, et le troisième est la suppression de l’obligation de déposer 50 % des réserves de change au Trésor français.

    Mais le lien principal restera. Ces pays devront toujours rendre compte quotidiennement à la France en vertu de la «garantie de convertibilité», qui est la promesse de la France de prêter autant d’euros que nécessaire à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest – une promesse qu’elle ne tient pas.

    CD | Comment ces changements sont-ils encore informés par la logique de domination ?

    NSS | La mentalité du gouvernement français est une mentalité coloniale. Les « réformes » visent à donner un nouveau souffle à la domination monétaire et à élargir la zone franc CFA aux autres pays d’Afrique de l’Ouest comme la Guinée et le Ghana. La France continue de croire en l’empire colonial selon lequel les pays africains doivent accompagner le développement de la France.

    Le gouvernement français ne peut pas rompre les liens. Il trouvera de nouveaux moyens pour maintenir l’empire. Le nouveau nom de « l’éco » vise à saper un groupement régional de quinze pays appelé CEDEAO [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest]. « Eco » est l’abréviation de CEDEAO et allait être le nom d’une proposition de monnaie unique régionale ouest-africaine. Macron et [Alassane] Ouattara ont volé le nom « éco » et ont fait leur annonce le jour même où la plupart des présidents de la CEDEAO se réunissaient pour décider d’une date de lancement de leur monnaie. Nous n’avons jamais vu les billets ou les pièces « éco ». Cela semble n’avoir été qu’une stratégie pour se débarrasser rapidement de l’ancien nom.

    Macron dit que les représentants français sont partis, mais ils ont signé de nouveaux accords de coopération monétaire stipulant qu’ils peuvent toujours être ramenés. Paris décidera encore avec ses homologues africains quels représentants rendront compte quotidiennement au Trésor français. La France présente la suppression de l’obligation de dépôt comme un cadeau, mais le vrai cadeau a été le financement par l’Afrique du Trésor français. Les Africains ont perdu sur leurs dépôts au Trésor – non seulement parce que les faibles taux d’intérêt et la hausse de l’inflation signifient qu’ils perdent en termes réels, mais parce qu’ils auraient pu utiliser cet argent constituant la moitié de leurs réserves de devises étrangères de manière beaucoup plus productive au fil des ans.

    CD | Pourquoi ces changements se produisent-ils maintenant ?

    NSS | Il y a eu de nombreuses protestations en cours contre certains aspects du franc CFA qui sont vraiment embarrassants pour la France. Paris a voulu y remédier sans mettre fin au franc CFA. Par exemple, les jeunes demandent pourquoi leurs pays sont obligés de remettre leurs réserves de change au Trésor français. En fait, lorsque le gouvernement italien de droite se battait avec la France sur les questions d’immigration en 2019, il a déclaré : « si nous avons des migrants africains qui viennent en Italie, c’est parce que le franc CFA appauvrit l’Afrique. Débarrassez-vous du franc CFA et cela éliminera les migrants africains. C’était démagogique, mais cela a attiré l’attention sur la question du franc CFA plus largement.

    PF | Un officier militaire français anonyme a déclaré il y a quelques semaines que sans l’opération Barkhane (l’intervention militaire française au Sahel), la France deviendrait comme l’Italie. Ils ne veulent pas ça. Les autorités françaises pensent toujours que les pays africains francophones sont nécessaires au développement et à l’économie de la France. Il est clair qu’ils pensent que ces pays font toujours partie de « l’empire français », même s’ils le nient. Avec ces soi-disant réformes, Paris veut faire croire qu’il a compris le message de ceux qui ne veulent plus du franc CFA. Mais en réalité, il essaie de garder le contrôle, de gagner du temps.


    CD | Nul doute que tout pays africain proposant de quitter la zone du franc CFA se verrait présenter des exemples comme le Liban comme preuve des dangers de la monnaie fiduciaire. Est-ce vraiment le choix auquel l’Afrique est confrontée – une « supervision » européenne exorbitante ou le chaos et l’hyperinflation ?

    NSS | Cela a été l’un des principaux arguments défensifs vis-à-vis de quiconque prétendait se dissocier du Trésor français : si vous vous dissociez, vous deviendrez comme le Zimbabwe.

    Mais tout pays souverain veut avoir la capacité de développer ses propres capacités nationales. Vous devez avoir votre propre devise pour cela. Il existe de nombreux exemples de pays africains qui ont leur propre monnaie nationale, mais ce n’est pas vraiment souverain – pourquoi ? Les pays du Sud remplissent rarement la condition majeure pour être souverains monétairement : avoir zéro dette en devises étrangères. Si vous voulez avoir une monnaie souveraine, vous devez développer une stratégie basée avant tout sur la mobilisation de vos propres ressources domestiques, sans quoi vous devrez compter sur la dette en devises, les investissements étrangers et l’aide au développement. Cette stratégie n’est pas durable.

    Toute stratégie de développement basée sur le financement étranger doit fonctionner comme un schéma de Ponzi – vous devez contracter de nouveaux flux de financement étranger pour assurer le service des intérêts sur la dette existante et le rapatriement des flux de bénéfices. Vous ne pouvez donc pas compter sur des financements étrangers pour votre propre développement. Malheureusement, de nombreux pays n’utilisent pas, économiquement parlant, leur potentiel domestique et leur potentiel en tant qu’émetteur souverain de leur propre monnaie.

    CD | Pourriez-vous élaborer un peu plus sur la nature de la relation entre la domination économique française et la corruption des gouvernements africains ?

    NSS | Le système crée son propre type de leadership – tant que nous avons un franc CFA, nous ne pouvons pas nous attendre à avoir des dirigeants engagés dans l’intérêt de leur peuple. Il y a toujours de la concurrence : des leaders africains potentiels prêts à jouer le rôle que la France veut qu’ils jouent.

    De nombreux dirigeants africains savent que parler du franc CFA peut leur causer des ennuis, et ils essaient donc de se taire sur cette question. Le système repose également sur l’arrimage du franc CFA à l’euro ; pour le soutenir, il faut avoir un niveau suffisant de réserves de change. Mais la plupart des pays de la zone ne peuvent pas générer suffisamment de revenus étrangers par le biais du commerce et sont donc obligés d’emprunter et de sous-financer l’économie pour maintenir l’ancrage. La mauvaise gestion publique est enracinée dans la zone franc CFA.

    CD | Ngozi Okonjo-Iweala , qui a négocié l’annulation de la dette en tant que ministre des Finances du Nigeria, est récemment devenue directrice générale de l’OMC. Cela a été salué dans les médias comme le signe d’un avenir meilleur pour l’Afrique. Pourriez-vous expliquer comment même quelque chose d’aussi inoffensif que «l’annulation de la dette» implique la domination économique de l’Afrique?

    NSS | Au cours de la soi-disant période d’ajustement structurel des années 1980 et 1990, le Sud global a transféré l’équivalent de cinquante-six plans Marshall au Nord sous la forme d’un « service de la dette ». C’est complètement fou. Au moins 40 % de la dette extérieure africaine est détenue par des créanciers privés – ils n’accepteront évidemment jamais d’annuler cette dette. Même les acteurs multilatéraux comme la Banque mondiale et le FMI ne veulent pas en tenir compte.

    Je suis moi-même favorable à l’annulation de la dette en devises des pays du Sud, mais ce n’est pas une solution. Ce que nous devons « annuler » — en fait abolir — c’est le système qui produit cette dette. Le système mondial fonctionne structurellement de manière à placer les pays du Sud dans une position perpétuelle d’endettement ; toute dette annulée est reconstituée très rapidement.

    Les pays en développement ne peuvent aspirer à la prospérité de leur population si leur développement repose sur des ressources extérieures. C’est impossible. La question de cette dette extérieure doit donc être formulée selon ces axes : annuler/abolir le mécanisme d’échange inégal aux niveaux mondial et domestique et aider les pays en développement à mobiliser leurs propres ressources domestiques en utilisant leurs pouvoirs monétaires et économiques.

    En tant qu’Africains, nous devrions être heureux qu’un de nos compatriotes soit à la tête de l’OMC. C’est important, symboliquement parlant. Mais en même temps, on sait que l’OMC n’est plus pertinente ; il a été bloqué. De nombreux pays du Nord se sont retirés du multilatéralisme de l’OMC après que des questions telles que la libéralisation de l’agriculture se soient heurtées à la résistance des pays en développement. Il est donc ironique qu’à une époque où l’OMC n’a aucune force, nous ayons une directrice générale africaine.

    CD | Il y a eu de grands soulèvements de jeunes au Sénégal récemment. Un commentateur sénégalais a noté que le président pourrait être un dur à cuire lorsqu’il a des soldats armés qui attaquent des enfants armés de pierres, mais il est beaucoup plus soumis face au ministre français des Finances dans la salle de réunion de la Banque centrale. Comment la France répondra-t-elle à ce mécontentement de masse croissant ?

    NSS | La France subit de plus en plus de pressions en Afrique, militairement parlant, car on s’oppose à ses interventions, et comme on le voit au Sénégal, économiquement parlant aussi. De nombreuses propriétés et entreprises françaises ont été détruites. Ce sera une tendance croissante. Beaucoup de gens s’attendent à ce que ce qui s’est passé au Sénégal se produise également en Côte d’Ivoire et aussi en Afrique centrale.

    Ces soulèvements ont été un signal adressé à la France en disant : « on sait ce que vous faites, on sait que vous soutenez des dirigeants illégitimes, on sait que vous imposez des entreprises qui épuisent nos ressources et avec lesquelles nous avons été contraints de signer des accords déloyaux les accords. Nous n’accepterons plus cela. Le gouvernement français parle de « sentiment anti-français » – c’est présenté comme si les Africains avaient cette haine irrationnelle des Français. Mais les entreprises françaises ont entrepris un travail très antidémocratique en Afrique. Il est naturel que les populations commencent à s’opposer à de telles pratiques. Les Africains veulent l’autodétermination, ils veulent lutter contre leurs classes bourgeoises compradores et aussi contre l’impérialisme français. C’est un désir positif de libération.

    PF | Paris est en assez mauvaise posture. Normalement, le gouvernement français fait des déclarations sur des situations comme celle du Sénégal. Cette fois, Paris n’a rien dit. Il est resté silencieux. Cela montre que les responsables français ne savent pas quoi répondre. Ils savent que s’ils disent quelque chose, cela sera mal interprété. C’est une situation incroyablement sensible pour la France.

    NSS | La France n’a pas les moyens financiers de continuer à jouer au gendarme en Afrique. La plupart des opérations militaires françaises se font avec l’aide des États-Unis – si les États-Unis décident de se retirer d’Afrique, cela deviendra beaucoup plus difficile pour la France. Peut-être trouveront-ils un autre moyen d’externaliser leur contrôle militaire de l’Afrique. C’est une situation difficile pour eux. Il y a des rumeurs disant qu’à un moment donné récemment la France envisageait d’envoyer ses soldats au Sénégal pour défendre les intérêts français. Je ne sais pas si c’est exact. Les gens n’accepteraient jamais de voir des soldats français au Sénégal comme ça. Même les Français l’admettent.

    PF | L’exemple de la Côte d’Ivoire en 2011 a eu un grand impact sur la population. Beaucoup de gens ont été choqués par les actions de la France. Ce que la France a fait à Abidjan n’est pas possible aujourd’hui.

    NSS | Les gens n’accepteraient pas cela. Définitivement pas. Des puissances émergentes comme la Russie et l’Inde et des puissances plus petites comme le Nigéria qui veulent une plus grande part de marché tenteront de s’associer à cet état d’esprit anti-impérialiste afin de rendre la vie difficile à la France en Afrique. C’est opportuniste, évidemment, mais en même temps ça veut dire qu’il y a ce cadre de concurrence mondiale où la part de marché française se réduit de plus en plus. Et leur autre instrument – manipuler qui peut devenir président d’un pays africain et le faire chanter – est également de moins en moins disponible. Parce que maintenant les gens sont réveillés. Ils comprennent comment les choses fonctionnent. La jeune génération n’acceptera pas que des despotes de toute une vie décident de leur sort. La France devra donc renoncer à cette logique coloniale du XIXe siècle.

    Quand Samba Syllaest un économiste sénégalais du développement au bureau Afrique de l’Ouest de la Rosa-Luxemburg-Stiftung à Dakar, et co-auteur avec Fanny Pigeaud de Africa’s Last Colonial Currency: The CFA Franc Story (Pluto Press).

    Fanny Pigeaudest un journaliste français qui écrit sur les questions africaines et les relations France-Afrique. Elle est co-auteur avec Ndongo Samba Sylla de Africa’s Last Colonial Currency: The CFA Franc Story (Pluto Press).

    Chris Dite est enseignante et membre d’un syndicat.

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    #Afrique #France #Françafrique #FCFA #Colonisation

  • Macron entame une tournée africaine au milieu des tensions sur la présence française dans les ex-colonies

    Tags : France, Emmanuel Macron, Afrique, Françafrique, Russie, Chine, Rwanda, M23,

    Le président français Emmanuel Macron a déclaré jeudi que l’ère de l’ingérence française en Afrique était révolue, alors qu’il entamait une tournée dans quatre pays du continent. La semaine dernière, Macron s’est engagé à réduire le rôle militaire de la France en Afrique, après les récents retraits du Mali et du Burkina Faso. Les efforts de la France pour endiguer les attaques des insurgés islamistes au Sahel ont largement échoué. Mais Macron a déclaré que la France avait l’intention de maintenir une présence dans ses anciennes colonies « avec une empreinte réduite », au milieu des préoccupations occidentales concernant les liens croissants avec la Russie et la Chine.

    En République démocratique du Congo – une ancienne colonie belge – des manifestants se sont rassemblés devant l’ambassade de France à Kinshasa cette semaine. Ils ont condamné la visite de Macron et ont demandé à la France de faire pression sur le président rwandais Paul Kagame pour qu’il cesse de soutenir les rebelles du M23 en RDC.

    Manifestant : « La France finance des groupes terroristes ici en Afrique, dans plusieurs États africains, au Congo. Alors, récemment, M. Macron est venu nous apaiser, nous les Congolais, mais le peuple congolais n’est pas dupe. Jamais il n’a pointé du doigt M. Kagame. À aucun moment, il n’a condamné M. Kagame.

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