Étiquette : Afrique

  • Total déclare la force majeure sur son projet de GNL au Mozambique après des attaques

    Le groupe énergétique français Total (TOTF.PA) a déclaré lundi la force majeure sur son projet de gaz naturel liquéfié (GNL) de 20 milliards de dollars au Mozambique et a retiré tout le personnel du site après les attaques des insurgés liés à l’État islamique le mois dernier.

    Des dizaines de civils ont été tués en mars dans la ville côtière mozambicaine de Palma, à proximité de projets gaziers d’une valeur de 60 milliards de dollars qui visent à transformer l’économie du Mozambique.

    Ces attaques ont porté un coup aux plans de Total et de son rival Exxon Mobil (XOM.N), qui a également un projet de GNL au Mozambique, visant à faire de ce pays africain un important producteur de GNL pour l’Australie, le Qatar, la Russie et les États-Unis.

    Cette décision intervient également au moment où les grandes entreprises du secteur de l’énergie réévaluent leur approche du GNL, autrefois considéré comme un combustible d’avenir en raison de ses émissions plus faibles que celles du charbon ou du pétrole, mais aujourd’hui soumis à une réévaluation dans le cadre de la volonté de réduire encore plus profondément les émissions de carbone.

    « Compte tenu de l’évolution de la situation sécuritaire […] Total confirme le retrait de l’ensemble du personnel du projet Mozambique LNG du site d’Afungi. Cette situation conduit Total, en tant qu’opérateur du projet Mozambique LNG, à déclarer la force majeure », a déclaré la société.

    Total, qui prévoyait de produire sa première cargaison dans le cadre du projet en 2024, a suspendu ses travaux le 27 mars après l’attaque des militants.

    Déclarer la force majeure implique une suspension plus lourde et permet à Total d’annuler les contractants.

    La force majeure était « le seul moyen de protéger au mieux les intérêts du projet jusqu’à ce que les travaux puissent reprendre », a ajouté une porte-parole de Total.

    Le président du Mozambique, Filipe Nyusi, a déclaré ce mois-ci que le gouvernement s’efforcerait de rétablir la paix dans le pays après l’attaque militante du mois dernier près des projets gaziers de plusieurs milliards de dollars soutenus par les compagnies pétrolières mondiales.

    Le gouvernement mozambicain doit tenir une conférence de presse sur la situation ce lundi matin.

    Le projet GNL comprend le développement des champs de gaz naturel de Golfinho et d’Atum dans la concession Offshore Area 1 et la construction d’une usine de liquéfaction à deux trains d’une capacité de 13,12 millions de tonnes par an (mtpa).

    Total est l’opérateur du projet Mozambique LNG et a obtenu en juillet un financement par emprunt de 14,9 milliards de dollars pour financer son déploiement.

    Reuters, 26 avr 2021

    Etiquettes : Afrique, Mozambique, Total, djihad, terrorisme,

  • L’Afrique compte 22 milliardaires et 125 000 millionnaires. Ces cinq pays africains abritent les plus riches.

    -Au cours des dix dernières années, des milliers de super-riches ont quitté l’Afrique. Pourtant, le continent compte encore 125 000 millionnaires et 22 milliardaires.
    -La plupart d’entre eux vivent en Afrique du Sud, en Égypte, au Nigeria, au Maroc et au Kenya.
    -L’AfrAsia Bank prévoit que la richesse privée totale en Afrique augmentera de 30 % au cours de la prochaine décennie.

    À la fin de l’année dernière, l’Afrique comptait 125 000 millionnaires et 22 milliardaires. La crise coronaire a entraîné une baisse de 9 % de la richesse privée totale du continent, qui s’élève désormais à 2 000 milliards de dollars. C’est ce que révèle l’Africa Wealth Report de la Banque AfrAsia.

    L’Afrique du Sud, l’Égypte, le Nigeria, le Maroc et le Kenya représentent plus de la moitié de la richesse privée africaine. Mais l’île de Maurice est le pays le plus riche du continent, avec une richesse moyenne de plus de 30 000 dollars par habitant.

    L’Afrique du Sud compte plus de deux fois plus de millionnaires (personnes dites très fortunées) que tout autre pays d’Afrique : 36 500. Johannesburg et Le Cap sont également les villes les plus riches d’Afrique. L’Égypte et le Nigeria suivent en deuxième et troisième position.

    La plupart des milliardaires vivent en Égypte. Selon l’Africa Wealth Report, ce pays à l’histoire riche compte six milliardaires. L’Afrique du Sud en compte cinq, le Nigeria quatre et le Maroc trois milliardaires.

    Nombre de super-riches en Afrique

    La richesse privée totale de l’Afrique n’a pas seulement diminué pendant la crise coronaire, mais tout au long de la dernière décennie. Cela s’explique principalement par le fait que l’Afrique du Sud (-25 %), l’Égypte (-30 %) et le Nigeria (-33 %) ont enregistré de mauvais résultats entre 2010 et 2020, notamment parce que de nombreux millionnaires et milliardaires ont quitté ces pays pour s’installer en Europe, aux États-Unis ou en Australie.

    Quelque 4 200 millionnaires ont quitté l’Afrique du Sud au cours de la dernière décennie. En Égypte, en particulier, on a assisté à une migration des super-riches immédiatement après le printemps arabe au début de la dernière décennie.

    Le nombre total de millionnaires en Afrique a diminué, passant de 150 000 en 2010 à 125 000 en 2020.

    Pourtant, AfrAsia Bank prévoit que la richesse privée totale en Afrique augmentera de 30 % pour atteindre 2 600 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie.

    Actuellement, la richesse privée totale en Afrique est de 2 000 milliards de dollars. Une forte croissance est notamment attendue en Éthiopie, à Maurice, au Rwanda, au Kenya et en Ouganda.

    Business Insider, 22 avr 2021

    Etiquettes : Afrique, milliardaires, millionnaires, riches, AfrAsia Bank, Afrique du Sud, Égypte, Nigéria, Maroc, Kenya, 

  • Somalie : Dialogue interactif informel

    Demain (20 avril), les membres du Conseil tiendront un dialogue interactif informel (DII) sur la situation en Somalie. Au moment de la rédaction de cet article, il n’était pas encore clair si la réunion aura lieu en présentiel ou par vidéoconférence fermée (VTC). Le Royaume-Uni, qui est le porte-plume pour la Somalie, a organisé la réunion. Les intervenants attendus sont James Swan, représentant spécial du secrétaire général pour la Somalie et chef de la mission d’assistance des Nations unies en Somalie (UNSOM), l’ambassadeur Abukar Dahir Osman, représentant permanent de la Somalie auprès des Nations unies, Workneh Gebeyehu, secrétaire exécutif de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), Bankole Adeoye, commissaire de l’UA chargé des affaires politiques, de la paix et de la sécurité, et Rita Laranjinha, directrice générale de l’UE pour l’Afrique.

    C’est la deuxième fois cette année que les membres du Conseil discutent de la Somalie dans le cadre d’un IID. La dernière fois qu’ils l’ont fait, c’était le 20 janvier pour discuter des retards dans la tenue des élections fédérales et législatives dans le pays. L’IID de demain fait suite à la signature par le président Mohammed Abdullahi Mohammed « Farmajo », le 12 avril, d’une loi prolongeant de deux ans son mandat de quatre ans et celui de la chambre basse. M. Farmajo, dont le mandat constitutionnel a officiellement pris fin le 8 février, a justifié ces prolongations en invoquant la nécessité de préparer le pays à des élections « une personne, une voix ».

    Bien que la chambre basse de la Somalie ait voté en faveur de cette prolongation, le sénat a réagi de manière critique : selon les médias, le président du sénat, Abdi Hashi Abdullahi, a qualifié cette décision d’anticonstitutionnelle. La Somalie n’a pas organisé d’élections directes « une personne, un vote » depuis 1969. Un accord politique conclu le 17 septembre 2020 entre les dirigeants des États membres de la Somalie et son gouvernement fédéral avait prévu un système d’élections indirectes, dans lequel les délégués des clans auraient choisi les membres de la chambre basse du parlement, qui auraient à leur tour choisi le président. Selon cet accord, les élections législatives étaient prévues pour décembre 2020 et le tour présidentiel pour février 2021. Toutefois, des désaccords entre le gouvernement fédéral et deux de ses États membres, le Puntland et le Jubaland, sur des questions d’organisation et des accusations d’intention du gouvernement fédéral d’influencer le résultat ont entraîné un retard.

    La prolongation du mandat et le retard associé à la tenue des élections ont été largement critiqués par plusieurs membres de la communauté internationale. Dans une déclaration publiée le 13 avril, le haut représentant de l’Union européenne, Josep Borrell, a estimé que cette décision « compromettait les efforts déployés de longue date, avec le soutien de l’Union européenne et de la communauté internationale, pour reconstruire la Somalie par consensus ». Il a averti que l’adoption et la signature de cette loi provoqueraient des divisions en Somalie et constitueraient une menace pour la stabilité du pays et de la région. La déclaration demandait instamment la reprise immédiate des pourparlers sur la tenue d’élections fondées sur l’accord du 17 septembre. L’UE a indiqué qu’en cas d’échec, elle serait contrainte « d’envisager des mesures supplémentaires ». De même, dans une déclaration du 13 avril, le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est dit « profondément déçu » par l’approbation de la loi et a déclaré que « la mise en œuvre de ce projet de loi posera de sérieux obstacles au dialogue et compromettra davantage la paix et la sécurité en Somalie ». En conséquence, les États-Unis sont désormais contraints de « réévaluer les relations bilatérales avec le gouvernement fédéral de Somalie, afin d’inclure l’engagement et l’assistance diplomatiques, et d’envisager tous les outils disponibles, y compris les sanctions et les restrictions de visa, pour répondre aux efforts visant à saper la paix et la stabilité ». Dans un communiqué de presse du 14 avril, l’AMISOM, l’UE, l’IGAD, les Nations unies et plusieurs États membres (dont les membres du Conseil, à savoir la France, l’Irlande, la Norvège, le Royaume-Uni et les États-Unis) ont souligné que tout « processus politique parallèle, toute élection partielle ou toute nouvelle initiative conduisant à une extension des mandats antérieurs ne sera pas soutenu » et ont appelé toutes les parties à « faire preuve de la plus grande retenue, à poursuivre le dialogue et à éviter toute action unilatérale susceptible de provoquer des tensions ».

    Le 10 avril, l’UA, l’UE, l’IGAD et l’ONU se sont réunis virtuellement pour discuter de l’impasse politique et des retards électoraux en Somalie. Dans un communiqué publié à l’issue de la réunion, les participants à la réunion ont souligné que l’accord du 17 septembre était la seule voie viable vers la tenue d’élections dans les plus brefs délais, ont appelé les dirigeants somaliens à donner la priorité à l’intérêt national du pays et ont demandé instamment le retour au dialogue. Les participants à la réunion ont réaffirmé leur décision « de ne soutenir aucun processus parallèle, aucune élection partielle, ni aucune nouvelle initiative conduisant à une quelconque prolongation des mandats antérieurs ».

    Le gouvernement somalien a réagi en exprimant sa « profonde consternation » face aux déclarations des interlocuteurs internationaux, affirmant que la nouvelle loi remplaçait l’Accord du 17 septembre. Dans un communiqué de presse du 14 avril, le gouvernement a critiqué les dirigeants du Jubaland et du Puntland pour avoir bloqué les progrès vers la mise en œuvre de l’accord du 17 septembre, déclarant que les actions de ces États membres fédéraux étaient motivées par une influence étrangère. Le gouvernement somalien estime en outre que la décision de s’écarter de l’accord du 17 septembre et d’organiser des élections « une personne, une voix », ainsi que la prolongation de la limite des mandats présidentiels et de la Chambre basse, préserveront les progrès électoraux réalisés jusqu’à présent et permettront au peuple somalien d’exercer son droit d’élire ses dirigeants.

    Au cours de la réunion de demain, les membres du Conseil devraient inviter le gouvernement somalien à déterminer la marche à suivre. Le format de l’IID se prête à des discussions franches, confidentielles et spécifiques à la situation entre les membres du Conseil et les États membres et autres entités concernés. Les réunions de l’IID impliquent généralement une représentation de haut niveau et sont présidées par la présidence du Conseil.

    Plusieurs membres du Conseil devraient être unis dans leur message et faire écho aux préoccupations qu’ils ont exprimées publiquement, notamment en appelant à un retour aux paramètres définis dans l’accord du 17 septembre et en mettant en garde contre de nouvelles divisions au sein du paysage politique. Plusieurs membres du Conseil pourraient réitérer la nécessité de réévaluer leur engagement dans et avec la Somalie et suggérer au gouvernement d’envisager d’accepter des médiateurs externes pour faciliter les discussions entre le gouvernement fédéral et les États membres. Les membres du Conseil peuvent cependant être en désaccord sur la réponse du Conseil aux actions du gouvernement somalien. Alors que certains membres peuvent considérer l’engagement du Conseil comme nécessaire pour promouvoir la tenue rapide d’élections conformément à l’accord du 17 septembre, d’autres peuvent considérer les récents développements comme une affaire interne et s’en remettre au gouvernement somalien pour gérer la situation.

    Security Council Report, 19 avr 2021

    Etiquettes : Somalie, Afrique, Shabab, Conseil de Sécurité, ONU, UNSOM,

  • «Mon corps m’appartient», un rapport de l’ONU bienvenu pour le féminisme en Afrique

    Le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP) a publié, mercredi 14 avril, son rapport annuel sous l’intitulé « Mon corps m’appartient : revendiquer le droit à l’autonomie et à l’autodétermination ». Un rapport sur lequel plusieurs ONG et des activistes comptent s’appuyer dans leur lutte pour le droit des femmes dans le monde, en particulier sur le continent africain.

    Une iconographie moderne et parlante, un titre « osé », venant d’un organisme onusien… Pas de doute, le Fonds des Nations Unies pour la Population veut toucher le plus de monde en publiant son rapport 2021 : « Mon corps m’appartient : revendiquer le droit à l’autonomie et à l’autodétermination ».

    C’est un positionnement autant qu’une évolution sur la question de la part de l’ONU, qui révèle via un communiqué : « C’est la première fois qu’un rapport des Nations Unies est consacré à l’autonomie corporelle, c’est-à-dire au pouvoir et à la liberté des femmes de faire des choix concernant leur corps, sans avoir à craindre des violences et sans que des tiers décident à leur place ».

    « Mali, Sénégal et Niger, de  »mauvais élèves » »

    Ce rapport de 164 pages, basé sur une enquête réalisée dans 57 pays en développement, dont 35 pays africains, révèle entre autres que « seuls 55% des femmes sont pleinement en mesure de faire des choix en matière de santé et de contraception, et d’accepter ou de refuser d’avoir un rapport sexuel. » Il pointe du doigt également qu’au-delà des préjudices qu’il fait subir aux femmes et aux filles concernées, « le manque d’autonomie corporelle peut faire baisser la productivité économique, mettre à mal la mobilisation des compétences et engendrer des coûts supplémentaires pour les systèmes judiciaires et de santé ».

    Car la question féministe n’est pas celle qui occupe le plus l’agenda de beaucoup d’États dans le monde en particulier en Afrique. Dans l’Ouest de ce continent, par exemple, beaucoup de pays sont en retard sur cette question. Le constat est implacable: il y a trois pays de cette zone, le Mali, le Sénégal et le Niger, aux trois dernières places du classement quand on cumule les trois indicateurs d’une partie de l’étude : la capacité de décision en matière de santé, de contraception, et de relations sexuelles.

    « Une question de volonté des décideurs »

    L’activiste béninoise Irmine Fleury Ayihounton, membre du Réseau des Jeunes Féministes d’Afrique de l’Ouest, n’est pas surprise par ce classement. « L’Afrique de l’Ouest est la région du monde qui connaît le plus grand taux de mortalité dues aux avortements non sécurisés. Pourtant, tous ces pays participent aux grandes réunions, aux instances de décisions et sont engagés normalement dans la promotion de l’égalité. »

    Et même si les pays ouest-africains sont étiquetés « en voie de développement », dans le rapport, il est démontré que « l’existence de lois et de réglementations propices à la santé sexuelle et reproductive ne dépend pas du niveau de revenu d’un pays ». Intégrer la question de l’autonomie et de l’autodétermination des femmes est lié à « une volonté politique, aux priorités d’un gouvernement, estime Irmine Fleury Ayihounton. Si le gouvernement a pour priorité d’améliorer les conditions de vie des femmes, et il trouvera les moyens. Dans les pays d’Afrique de l’Ouest, il y a une question de volonté des décideurs. »

    Une certitude, du côté de l’ONU, la problèmatique est mieux prise en compte. Lucie Daniel, experte plaidoyer et membre de l’ONG Equipop (Equilibres & Populations) confirme ainsi le tournant pris par l’instance onusienne sur la façon dont elle appréhende ces questions de la liberté des femmes avec leur corps. « Pendant longtemps, les questions liées à la santé sexuelle et reproductive ont été appréhendées surtout à travers la problématique de la santé maternelle avec une visée un peu démographique dans les années 90. Avec l’idée aussi qu’il fallait agir sur les taux de fécondité et les dynamiques démographiques, analyse l’experte. Avec ce rapport, on entérine le fait qu’on est passé sur une approche beaucoup plus basée sur les droits. La liberté à disposer de son corps est un droit notamment pour les femmes et les adolescentes ».

    L’obstacle ‘’Hshouma’’ au Maroc

    En Afrique du Nord, au Maroc plus précisément, Zainab Fasaki, Bdéiste et activiste féministe ne nie pas les progrès de la part du royaume chérifien même si le chemin est encore long. « J’ai travaillé sur un projet qui concernait l’immigration de femmes africaines victimes de mutilations génitales et qui étaient reçues au Maroc. Quand, je vois le gouvernement de mon pays accueillir, aider ces femmes-là et montrer son opposition à ces crimes-là, c’est un énorme espoir envoyé aux femmes marocaines ».

    Pour autant, l’autonomie et de l’autodétermination des femmes à disposer de leur corps ne sont encore acquises au Maroc, tellement les obstacles sont légion. « On n’a toujours pas le droit à l’IVG (interruption volontaire de grossesse), il y a des lois qui pénalisent la sexualité hors mariage, ou les orientations sexuelles. Et au-delà de l’aspect juridique, la culture du ‘’Hshouma’’ (honte en dialecte marocain) ne contribue pas à la libération de la femme, explique l’artiste. Déjà, la femme est ‘’Hshouma’’ au Maroc, de par son corps, sa sexualité, etc. A cela s’ajoute également le poids de la religion qui joue un rôle dans le contrôle des femmes ».

    (Re)voir : Zainab Fasiki, la dessinatrice des tabous

    Zainab Fasaki, qui se réclame issue de la troisième vague de féministes radicales, garde tout de même espoir que le rapport qui émane de l’ONU soit un accélérateur ou un « moyen de pression » pour faire changer les choses dans son pays.

    Pour l’activiste marocaine et pour les associations féministes ce rapport est donc en quelque sorte le bienvenu. « Ce rapport du FNUAP est une traduction un peu plus institutionnelle, normative de combats féministes qui sont menés depuis toujours par les associations, reconnait Lucie Daniel. Nous avons l’espoir que cela va pousser les États à aller de plus en plus vers des approches féministes. »

    TV5 Monde, 17 avr 2021

    Etiquettes : Afrique, femme, Maroc, Zainab Fasaki, autonomie, féminisme,

  • De nouvelles découvertes changent radicalement le tableau de l’évolution humaine en Afrique


    (CNN)On pensait que l’histoire des origines de l’humanité s’était en grande partie déroulée dans une grotte avec vue sur la mer.

    Les premières preuves suggérant que l’homme moderne était capable d’une pensée symbolique et d’un comportement complexe – l’utilisation de peintures aux pigments ocre et d’objets décoratifs – proviennent de sites côtiers d’Afrique datant d’environ 70 000 à 125 000 ans. Ces types d’objets nous donnent un aperçu de l’esprit humain car ils suggèrent une identité partagée.
    Les archéologues avaient supposé que bon nombre des innovations et des compétences qui rendent l’Homo sapiens unique avaient évolué dans des groupes vivant sur la côte avant de se répandre dans les terres. Les ressources marines prévisibles, comme les coquillages, et un climat plus clément ont peut-être permis aux premiers humains de ces régions de prospérer. De plus, un régime alimentaire riche en fruits de mer, qui contient des acides gras oméga-3 importants pour la croissance du cerveau, pourrait également avoir joué un rôle dans l’évolution du cerveau et du comportement humain.
    Cependant, de nouvelles découvertes faites à 600 kilomètres à l’intérieur des terres, dans le sud du désert du Kalahari, contredisent ce point de vue, et une nouvelle étude suggère que les premiers humains modernes vivant dans cette région n’étaient pas en retard sur leurs homologues vivant sur la côte.

    Quelque 22 cristaux de calcite et fragments de coquille d’autruche – trouvés dans l’abri rocheux de Ga-Mohana Hill North en Afrique du Sud et datés d’environ 105 000 ans – auraient été délibérément collectés et apportés sur le site. Les cristaux n’ont pas de fonction évidente, et les chercheurs ont suggéré que les coquilles d’autruche auraient pu être utilisées comme bouteille d’eau.
    « Ils sont vraiment bien formés, blancs et visuellement frappants et charmants. Dans le monde entier, les cristaux sont très importants pour des raisons spirituelles et rituelles à différentes époques et dans différents endroits », a déclaré Jayne Wilkins, paléoarchéologue au Centre australien de recherche sur l’évolution humaine de l’université Griffith, à Brisbane, en Australie, et auteur principal de l’étude publiée mercredi dans la revue Nature.

    « Nous avons vraiment essayé de savoir si les processus naturels pouvaient expliquer comment ils se sont retrouvés dans les dépôts archéologiques, mais il n’y a pas d’explication. Des personnes ont dû les apporter sur le site ».
    Wilkins a déclaré qu’à la lumière de ces résultats, les idées liant l’émergence d’Homo sapiens et les environnements côtiers « devaient être repensées. » Elle a suggéré que l’histoire d’origine des humains était plus complexe, impliquant différents lieux et environnements en Afrique et différents groupes de personnes primitives interagissant les uns avec les autres et contribuant à l’émergence de notre espèce.
    « Avant cela, le Kalahari n’était pas considéré comme une région importante pour comprendre les origines des comportements complexes de l’Homo sapiens, mais notre travail montre qu’il l’est. En fin de compte, cela signifie que les modèles qui se concentrent sur un seul centre d’origine, comme la côte de l’Afrique du Sud, sont trop simplistes », a-t-elle déclaré à CNN dans un courriel.
    Pamela Willoughby, professeur au département d’anthropologie de l’Université d’Alberta à Edmonton, au Canada, qui n’a pas participé à la recherche, est d’accord avec cette évaluation.

    « Les objets qu’ils ont trouvés suggèrent qu’il est temps de réviser la pensée actuelle sur l’émergence d’innovations culturelles parmi les premières populations humaines », a-t-elle déclaré dans un commentaire publié en parallèle de l’étude.
    Le climat du Kalahari, il y a 100 000 ans, aurait été bien différent de l’endroit aride qu’il est aujourd’hui.

    Les artefacts récemment découverts auraient été entre les mains de l’homme à une époque où les précipitations étaient plus abondantes. Les chercheurs ont déclaré que la plus grande disponibilité de l’eau pourrait avoir conduit à une plus grande densité de population, ce qui pourrait avoir influencé l’origine et la propagation de comportements innovants.
    Mme Willoughby a déclaré qu’une partie du problème pour démêler l’histoire complexe des origines de l’homme est que seules quelques régions africaines ont été étudiées en détail.
    Selon elle, les archives fossiles en Afrique « indiquent maintenant qu’il ne semble pas y avoir de modèle unique de développement technologique et social au fil du temps ». Le lancement d’enquêtes et de fouilles dans des régions moins connues contribuera à clarifier ce qui a fait de nos ancêtres immédiats des êtres véritablement modernes, tant sur le plan biologique que culturel. »

    CNN, 31 mars 2021

    Etiquettes : Afrique, évolution humaine, origine de l’homme, pigments ocres, objets décoratifs, Homo sapiens, Kalahari, cristaux de calcite, fragments de coquille d’autruche, Ga-Mohana Hill North Rockshelter, Afrique du Sud, homme primitif,


  • 25 pays pauvres consacrent plus d’argent au remboursement de la dette qu’aux budgets de l’éducation, de la santé et de la protection sociale

    25 pays pauvres consacrent plus d’argent au remboursement de la dette qu’aux budgets de l’éducation, de la santé et de la protection sociale

    Mais le problème n’est pas propre à ces 25 nations. La pandémie de COVID-19 a exacerbé le risque d’une crise de la dette pour d’autres nations. L’agence pour l’enfance prévient que les enfants n’ont aucune chance d’échapper à la pauvreté et d’améliorer leurs conditions de vie dans ces nations, et appelle à l’allègement et à la restructuration de la dette pour parvenir à un développement durable et inclusif. L’Équateur restructure sa dette à un coût social élevé.

    Un nouveau rapport du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) indique que 25 pays, toutes régions confondues, ont alloué des allocations budgétaires plus importantes au service de la dette qu’à l’éducation, la santé et la protection sociale réunies en 2019.

    Le document, publié jeudi, explique que, même avant la pandémie, ces pays (environ un sur huit) étaient déjà accablés par la pauvreté et que leurs enfants souffraient déjà de grandes privations et de l’absence de perspectives d’un avenir meilleur.

    Le directeur général de l’UNICEF a fait remarquer que les enfants des pays fortement endettés et disposant de ressources limitées pour les programmes sociaux n’ont aucune chance d’échapper à la pauvreté et de laisser les privations derrière eux.

    « Les coûts personnels et publics sont énormes, laissant les enfants, leurs communautés et leurs pays avec peu d’espoir de développement économique et social durable », a déclaré Henrietta Fore.

    Le Tchad, la Gambie, Haïti et le Sud-Soudan figurent parmi les pays où le service de la dette est le plus élevé, dépensant au moins trois dollars par jour pour chaque dollar consacré aux services sociaux de base.

    Pays à revenu faible ou intermédiaire

    Mais le problème n’est pas propre à ces 25 nations. La pandémie de COVID-19 a exacerbé le risque d’une crise de la dette pour les pays à revenu faible et intermédiaire qui s’est accrue depuis la crise financière mondiale de 2008. Les données du Fonds monétaire international montrent qu’un quart d’entre eux, où vivent 200 millions d’enfants, sont déjà endettés ou présentent un risque élevé d’endettement.

    En réponse à l’urgence économique résultant de la pandémie, les pays du G20 ont convenu d’une initiative de suspension du service de la dette pour la période d’avril 2020 à juin 2021, mais jusqu’à présent, seul un tiers des pays éligibles au programme – 46 nations – y participent.

    Catastrophe éducative

    L’une des plus grandes catastrophes provoquées par la pandémie de coronavirus concerne le secteur de l’éducation, où la réduction des dépenses, associée aux besoins pressants des familles et au manque de ressources, a exposé des millions d’élèves de tous âges au risque d’abandon scolaire, au travail et au mariage des enfants.

    L’UNICEF n’a cessé d’avertir que le monde court le risque de perdre une génération entière, ce qui, outre l’impact négatif sur les enfants et les jeunes pris individuellement, freinerait le développement national de chaque pays et plongerait davantage de personnes dans la pauvreté.

    « La pandémie a provoqué une catastrophe éducative mondiale à laquelle il faut absolument remédier pour éviter que la génération COVID-19 ne devienne une génération perdue. Cependant, en raison de l’urgence et du fardeau de la dette auquel les pays sont confrontés, nous assistons déjà à une contraction des budgets de l’éducation à un moment où les pays doivent investir dans l’amélioration des écoles et des systèmes éducatifs », a déclaré Mme Fore.

    Selon le rapport, les pays endettés ont également réduit les dépenses dans des secteurs tels que la protection de l’enfance, la nutrition et les services d’eau, d’assainissement et d’hygiène.

    Une nouvelle architecture de la dette

    Dans ce contexte, l’UNICEF appelle à une restructuration de l’architecture de la dette internationale qui tienne compte des besoins des pays à revenu faible et intermédiaire afin de protéger les droits des enfants au lendemain de la crise du COVID-19.

    Le Fonds des Nations unies souligne qu’une telle restructuration devrait inclure un soutien accru et des conditions concessionnelles pour les pays pauvres les plus lourdement endettés, ainsi qu’une plus grande transparence de la dette dans le cadre des plans budgétaires nationaux. Elle appelle également à une action coordonnée des créanciers pour convertir la dette en investissements qui profitent aux enfants.

    « Un allègement et une restructuration complets de la dette sont essentiels pour garantir une reprise inclusive et durable, afin que les enfants n’aient pas à supporter le double fardeau d’une réduction des services sociaux aujourd’hui et d’une augmentation de la dette à l’avenir », a souligné Mme Fore, ajoutant qu’il est essentiel que les agences internationales, les créanciers et les gouvernements nationaux agissent ensemble pour réduire le fardeau de la dette et diriger les économies vers des investissements sociaux qui incluent tout le monde.

    Amérique Latine

    L’étude de l’UNICEF indique que si les pays pauvres sont désormais couverts par la suspension du service de la dette, les pays à revenu intermédiaire ont continué à rembourser au moins un tiers de leur dette extérieure pendant la durée de la pandémie. En conséquence, le service de la dette en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) est le plus élevé dans les pays d’Amérique latine et des Caraïbes, suivis des pays du Moyen-Orient et d’Asie centrale.

    Les pays d’Amérique latine et des Caraïbes paient en moyenne plus de 1,5 fois plus de service de la dette en pourcentage du PIB que les pays d’Afrique subsaharienne.

    Coût social de la restructuration de la dette en Équateur
    Aux dettes nationales s’ajoute dans de nombreux pays l’endettement privé des entreprises et des familles, ce qui accroît le risque de débâcle. L’Équateur est l’un des pays dans cette situation.

    En mars 2020, le Congrès équatorien a demandé au gouvernement de suspendre le remboursement de la dette afin d’allouer ces ressources à la réponse à la pandémie. En conséquence, en avril de la même année, l’Équateur a demandé un report de quatre mois du paiement de 800 millions de dollars d’intérêts et a exprimé son intention de restructurer la dette.

    Bien qu’une réduction du service de la dette à court terme ait été obtenue, les conditions imposées comprenaient des objectifs de consolidation des dépenses publiques qui ont entraîné des réductions de dépenses de 4 milliards de dollars et une réduction des heures de travail et des salaires des employés du gouvernement.

    L’UNICEF Equateur a également signalé des coupes dans le budget des services aux enfants pendant le COVID-19 dans tous les secteurs : nutrition, protection sociale, santé et éducation.

    Noticias ONU, 1 avr 2021

    Etiquettes : Pauvreté, pays pauvres, dette, endettement, remboursement, budget, éducation, services sociaux, sécurité sociale, famine, sous-développement, Afrique, Amérique latine, Caraïbes, Moyen-Orient, Asie centrale, Afrique, UNICEF, Tchad, Gambie, Haïti, Soudan du Sud,

  • Tunisie : À Tunis, les flamants roses passent devant les déchets dans les principales zones humides d’Afrique

    Sijoumi (Tunisie) (AFP)

    Des centaines de flamants roses pataugent devant les déchets dans les eaux troubles de la vaste lagune de Sijoumi, une zone humide critique au cœur de la capitale tunisienne menacée par une expansion excessive.

    Autrefois à l’écart de la ville, la moitié des Tunisiens vivent aujourd’hui sur les rives de la « sebkha », ou vasière, où plus de 100 000 oiseaux d’une centaine d’espèces différentes passent l’hiver.

    Les voisins humains des oiseaux se plaignent de la pollution, des inondations récurrentes et des essaims de moustiques de la lagune, l’une des zones humides les plus importantes d’Afrique du Nord qui est devenue un dépotoir pendant des décennies d’urbanisation.

    Un projet dirigé par le gouvernement qui comprend des bâtiments, des remblais en béton et des fouilles dans la vasière vise à contrôler la pollution et à régénérer l’habitat, mais certains groupes environnementaux se sont opposés à cette initiative.

    Hamdi, un commerçant de 31 ans du quartier ouvrier de Sidi Hassine, espère que le projet embellira la zone et résoudra le « problème des déchets plastiques et des inondations dues aux eaux de pluie ».

    La lagune joue un rôle essentiel non seulement pour absorber le trop-plein d’eau lors des fortes pluies, mais aussi comme lieu de reproduction pour les volées d’oiseaux migrateurs qui s’y rassemblent à la fin de l’hiver.

    Mais alors que les populations rurales affluaient à Tunis, la construction non autorisée a prospéré dans les anciennes banlieues agricoles de la ville et la lagune est devenue un dépotoir de déchets, principalement de construction.

    – Un endroit à éviter –

    On estime que plus de 1,8 million de mètres cubes de déchets solides ont été éliminés dans la lagune depuis 2009, selon une étude gouvernementale.

    En conséquence, la lagune de 2 600 hectares n’a pas pu absorber autant d’eau de pluie pendant les averses, ce qui a entraîné des inondations qui obligent souvent les entreprises et les écoles à fermer.

    Depuis 2015, les autorités tunisiennes étudient un projet d’assainissement de la lagune et de protection de la zone contre les inondations, tout en développant son potentiel économique grâce à de nouvelles constructions.

    Environ 48 pour cent des Tunisiens vivent autour de la lagune, selon le dernier recensement de 2014, et les quartiers environnants sont particulièrement densément peuplés, avec quelque 2 800 habitants au kilomètre carré.

    Le nord du lagon est bordé de bâtiments en brique et en béton qui ont été érigés sans autorisation.

    Une partie des rives sud est restée intacte et sert de refuge aux canards, flamants roses et goélands.

    Mais la plupart des gens évitent même les parties sauvages du lagon, avec ses oliviers et ses coquelicots au bord de l’eau, car la zone est considérée comme sale et un endroit à éviter.

    Les eaux usées industrielles et domestiques jaillissent dans la lagune et l’épave battue de voitures et de camions s’entasse sur les berges.

    – ‘Poumon de la capitale’ –

    Compte tenu de sa diversité, la lagune a été ajoutée à la Liste Ramsar des zones humides d’importance internationale en 2007, et elle est considérée comme la quatrième zone humide la plus importante d’Afrique du Nord.

    Nadia Gouider, directrice du projet gouvernemental du lac Sijoumi, a déclaré que le développement doit être durable et viser à « sauver et soutenir le poumon de la capitale ».

    Mais les militants écologistes s’inquiètent de l’impact potentiel du projet, dont le coût pourrait atteindre 130 millions d’euros (plus de 153 millions de dollars).

    L’aménagement de deux quartiers d’affaires, Lac-1 et Lac-2, dans une grande zone marécageuse à proximité au début des années 1990 a déjà fait fuir la plupart des flamants roses vers Sijoumi et d’autres milieux humides.

    Imen Rais, un expert du groupe environnemental WWF, a mis en garde contre l’impact négatif du déclin des zones humides en Tunisie, soulignant son importance pour minimiser les « phénomènes liés au changement climatique comme les inondations, la sécheresse et les tempêtes ».

    Hichem Azafzaf, coordinateur scientifique d’une association de protection des oiseaux, a déclaré: « Nous ne sommes pas contre le projet de développement en général ».

    Mais, a-t-il ajouté, en scannant le lagon depuis un observatoire en bois à l’aide de jumelles, « nous sommes contre la version actuelle », qui comprend l’approfondissement du lagon.

    « De nombreux oiseaux seront privés de nourriture parce qu’ils ne peuvent pas plonger profondément. »

    Gouider a déclaré que cela ne devrait pas être un problème car « seulement un tiers de la surface du lac sera approfondi d’environ un mètre (trois pieds), ce qui laissera de la place pour les oiseaux ».

    En tout cas, a-t-elle ajouté, entre remblayage, déversement illégal et construction non réglementée, « si nous ne faisons rien, la lagune disparaîtra ».

    France24, 30 mars 2021

    Etiquettes : Tunisie, Italie, déchets, flamants roses, Afrique,

  • Relation Afrique et France, plus de sujets tabous?

    Depuis quelque temps, Paris n’hésite pas à se prononcer et à lancer des initiatives sur des questions délicates concernant les relations entre l’Afrique et la France.

    La France porte des « responsabilités lourdes et accablantes » dans le génocide au Rwanda ceci même si « rien ne vient démontrer » qu’elle s’est rendu complice du drame… voilà en substance la conclusion à laquelle sont parvenus les historiens ayant remis le rapport Duclert au président français Emmanuel Macron.

    Pour Paris ce rapport « marque une avancée considérable » pour comprendre l’engagement français au Rwanda. Kigali salut pour sa part « un pas important vers une compréhension commune du rôle de la France ». Mais pour l’ancien ministre malien de la justice, Me Mamadou Ismaïla Konaté ce geste est un pas pour aller plus loin.

    « Les rapports de la France avec les Etats africains doivent faire l’objet de discussion désormais, comme cela a été le cas pour le Rwanda.Comme cela doit être le cas dans la plupart des Etats dans lesquels la France est intervenue. Les rapports nouveaux de la France et l’Afrique doivent s’installer dans ce contexte de réalisme, de clarté, de perspicacité et surtout de reconnaissance mutuelle de ce que nous sommes en tant que Nation » estime t-il.

    D’autres déclarations et actions

    Avant ce rapport sur le Rwanda, il y a eu le rapport Stora portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie et l’annonce de Paris de poser des actes symboliques tout en excluant toutes formes de repentance ou d’excuses. Sur le plan économique, en 2019 le président Emmanuel Macron s’était montré favorable au remplacement du franc CFA en Afrique de l’Ouest par l’Eco et la suppression de la réserve d’argent des Etats africains domiciliée au Trésor français. Autre acte important, il a dit oui à la restitution des biens culturels africains spoliés. Une promesse qui s’est concrétisée notamment par le retour du sabre dit d’El Hadj Omar Tall au Sénégal. D’autres objets doivent être rendus au Bénin. Plus récemment encore, le président français avait créé la surprise en affirmant que l’hexagone avait une dette envers la Libye toujours en crise après l’intervention occidentale en 2011.

    Pour Stéphane Akoa chercheur à la fondation Paul Ango Ela basée au Cameroun cette série de déclaration et d’action à tout son sens.

     » Les figures dominantes de la classe politique française actuellement n’ont pas connu la guerre d’Algérie, n’ont pas connu la décolonisation et par conséquence peuvent prétendre à une relation décomplexée entre l’Afrique et la France. Monsieur Macron comme un peu avant lui, Monsieur Sarkozy peuvent s’attaquer à la question coloniale, on va dire, la question de ce détachement nécessaire entre la France et l’Afrique avec d’autres acquis, d’autres atouts un autre regard  » explique t-il.

    Une relation décomplexée que la France devrait mettre à nouveau en avant en juillet prochain lors du 28 ème sommet Afrique- France à Montpellier. Et c’est l’historien camerounais Achille Mbembe, pourtant très critique envers Emmanuel Macron, que ce dernier a sollicité pour préparer les échanges avec la société civile lors de la rencontre.

    DW, 29 mars 2021

    Etiquettes : France, Afrique, Rwanda, Libye, Algérie,

  • La diplomatie algérienne se redéploie en Afrique

    BOUKADOUM EN LONGUE PÉRÉGRINATION EN GUINÉE, CAMEROUN ET LE SIERRA LEONE L: a diplomatie algérienne se redéploie en Afrique

    Le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, a été reçu, hier, à Conakry, par le président de la Guinée, Alpha Condé, dans le cadre de sa pérégrination africaine, qui l’ait vu visiter également le Cameroun et le Sierra Leone. « J’ai eu l’honneur de m’entretenir longuement, aujourd’hui, avec le Président de la République de Guinée, M. Alpha Condé, au cours d’un échange durant lequel l’accent a été mis sur la redynamisation et la relance de la profondeur historique des relations bilatérales, ainsi que sur l’intensification des efforts pour promouvoir des solutions africaines pacifiques aux crises qui frappent notre continent à différents niveaux », écrit hier le chef de la diplomatie nationale dans un tweet.

    Auparavant, Boukadoum a été reçu par le président camerounais, Paul Biya, avec lequel il a discuté des moyens de renforcer les relations bilatérales et la coopération économique entre l’Algérie et le Cameroun. « J’ai eu un long entretien avec M. Paul Biya, président de la République du Cameroun, au cours duquel nous avons discuté des moyens de renforcer les relations bilatérales et la coopération économique entre les deux pays, ainsi que des nombreux défis auxquels notre continent est confronté, en particulier dans le domaine de la paix et de la sécurité », a indiqué Boukadoum. « Nous sommes impatients de donner un nouveau souffle et de réaliser un bond en avant dans les relations historiques entre les deux pays », a-t-il ajouté.

    D’autre part le chef de la diplomatie algérienne a été reçu jeudi par le président de la République de Sierra Leone, Julius Maada Bio, avec lequel il a évoqué les moyens de relancer la coopération bilatérale et approfondir les concertations de haut niveau sur les questions de paix et de sécurité en Afrique. « J’ai été honoré de rencontrer aujourd’hui le Président de la République de Sierra Leone, M. Julius Maada Bio. Nous avons évoqué les moyens de relancer la coopération bilatérale, renforcer les liens historiques unissant les deux pays, et approfondir les concertations de haut niveau sur les questions de paix et de sécurité en Afrique », a tweeté Boukadoum.

    ÉCHANGES SUR LA SITUATION AU SAHARA OCCIDENTAL, LA LIBYE ET LE MALI

    Mercredi, le MAE algérien a été reçu à Yaoundé par le président camerounais, Paul Biya, dans le cadre d’une visite de travail qu’il a effectuée dans ce pays à l’invitation de son homologue, Lejeune Mbella Mbella. Boukadoum a transmis au président camerounais les salutations fraternelles du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, ainsi que son message portant sur la volonté de renforcer les relations bilatérales et de consolider les traditions de concertation sur les questions régionales et internationales d’intérêt commun.

    Par ailleurs, Boukadoum a eu des entretiens avec son homologue camerounais, Lejeune Mbella Mbella, sur l’état des relations bilatérales et les perspectives de leur consolidation. À cette occasion, les deux Ministres ont procédé à la signature d’un Mémorandum d’Entente pour le renforcement des consultations politiques entre les deux pays, souligne le communiqué. Les situations en Libye, au Sahara occidental, au Mali, et dans les régions du Sahel, du Bassin du Lac Tchad et de l’Afrique centrale, ont été également au menu des discussions. Les deux Chefs de diplomatie ont souligné la nécessité de multiplier les efforts en vue de promouvoir des solutions africaines aux problèmes de l’Afrique.
    M. Bendib

    Le Courrier d’Algérie, 27 mars 2021

    Tags : Algérie, Afrique, Sierra Léone, Sabri Boukadoum, Guinée, Caméroun,

  • L’Afrique peut offrir des solutions pour contribuer à la décarbonisation de l’Europe

    Hanane Mourchid*

    La décarbonisation est l’avenir de l’Afrique et de l’Europe, explique Hanane Mourchid.

    Plusieurs études et avis scientifiques décrivent l’Afrique comme la région la plus vulnérable au changement. En effet, la nature même de nombreuses sociétés africaines dépend de facteurs liés au climat.

    Les précipitations et les sécheresses affectent la production agricole, tandis que la pauvreté limite la capacité du continent à s’adapter ou à atténuer les effets du changement, autant de facteurs qui fragilisent la situation de départ.

    Cependant, le continent n’est responsable que de trois pour cent des émissions mondiales de carbone, preuve tangible de sa sous-industrialisation.

    Pourtant, malgré le besoin pressant de croissance et de développement de l’Afrique, nombre de ses pays ont rejoint avec enthousiasme le mouvement mondial de décarbonisation. En effet, de nombreux pays africains doivent être félicités pour leurs efforts visant à réduire leurs émissions nationales et à s’adapter aux effets du changement climatique dans le cadre de l’accord de Paris.

    Bien que le dilemme de la décarbonisation de l’Afrique ne soit pas aussi difficile qu’il n’y paraît, car il est de plus en plus considéré comme une opportunité plutôt qu’un obstacle à la croissance.

    Le fait d’être en retard en termes d’industrialisation permettrait à ces pays de développer plus rapidement des industries vertes, sans avoir à compenser un capital industriel vieillissant et surchargé.

    L’avantage du « late mover » de l’Afrique est renforcé par l’abondance de soleil, de vent et de terres inexploitées, le tout mis en valeur par une jeune génération de plus en plus ambitieuse qui aspire au changement.

    L’Afrique offre une solution solide aux problèmes de décarbonisation de l’Europe, en apportant une réponse unique à l’objectif européen de zéro carbone pour 2050.

    L’Europe veut accélérer la transition verte du monde en mettant en place son mécanisme d’ajustement aux frontières du carbone. Bien que ce système soit motivé par un sentiment de responsabilité pour l’avenir de la planète, et non par un besoin apparemment latent de protectionnisme, cette approche aura certainement des effets systémiques sur les acteurs en amont de la chaîne d’approvisionnement.

    D’ailleurs, l’Europe prévoit de subventionner ses industries vertes pour leur permettre de s’épanouir et d’abaisser leurs coûts au plus près pour devenir économiquement viables. Néanmoins, le coût supplémentaire généré par le mécanisme d’ajustement sera très probablement transféré à l’étranger, par exemple aux agriculteurs ou aux petits exploitants africains.

    On peut alors s’attendre, du moins dans un avenir proche, à ce que cette barrière supplémentaire à l’entrée imposée par l’Europe affecte la création de valeur locale et réduise les produits fabriqués localement, au profit de l’approvisionnement de l’Europe en ressources en matières premières.

    Selon de nombreuses sources européennes, les revenus du mécanisme d’ajustement à la frontière carbone de l’UE ont également pour objectif de contribuer au financement de la transition verte en Afrique. Cependant, une approche basée sur des « études de cas » ne peut fournir une solution durable, soutenable et économiquement viable pour la planète.

    Toutes les parties prenantes, des deux côtés de la Méditerranée, auraient intérêt à travailler ensemble pour résoudre l’équation de la neutralité carbone.

    L’Europe disposerait ainsi d’une opportunité fiable pour ses subventions indispensables au soutien de ses industries vertes, en partenariat avec les pays africains, en s’appuyant sur les ressources abondantes de l’Afrique.

    Il ne s’agit donc pas d’offrir une aide à l’Afrique, mais plutôt d’explorer, ensemble, les possibilités de partenariat.

    La décarbonisation est l’avenir de l’Afrique et de l’Europe en même temps, dans des perspectives différentes, mais complémentaires. La protection de la planète est finalement la responsabilité de tous.

    Non loin de l’Europe se trouve le Maroc, un pays africain classé au quatrième rang du classement mondial de l’indice de performance en matière de changement climatique 2021, après la Suède, le Royaume-Uni et le Danemark.

    Le pays abrite la plus grande centrale solaire concentrée du monde, le Maroc accueille également le plus grand producteur d’engrais phosphatés, une entreprise qui s’est engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici 2040.

    Le Maroc est donc un partenaire idéal avec lequel l’Europe pourrait collaborer sur une « version étendue » du Green Deal.

    *Hanane Mourchid est vice-présidente principale de la plateforme de développement durable du groupe OCP.

    The Parliament Magazine, 23 mars 2021

    Tags : Afrique, Europe, décarbonisation, énergie renouvelable, Maroc