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  • L’Afrique au Conseil de sécurité de l’ONU : Tebboune s’engage

    Tags : Afrique, Conseil de Sécurité, ONU, Algérie,

    Par Amar R.

    Le président Tebboune a souligné son attachement à la revendication africaine portant sur l’octroi au continent de deux sièges permanents au conseil de sécurité de l’ONU, réitérant son engagement à mettre à profit la présence de l’Algérie à partir de 2024 au sein de cette institution internationale pour réparer l’injustice historique faite à l’Afrique.

    Dans une allocution lors des travaux de la réunion ministérielle du comité des dix de l’Union africaine (UA) sur la réforme du conseil de sécurité des Nations unies tenue à l’occasion du 36e commet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA, lue en son nom hier à Addis-Abeba par le premier ministre, le président Tebboune a rappelé la nécessité de permettre au continent d’obtenir deux sièges permanents au sein de l’instance onusienne et d’accroître son quota de représentativité au niveau des sièges non permanents, de trois à cinq sièges, conformément à la teneur du « consensus d’Ezulwini » et de « la déclaration de Syrte ».

    «Pour l’Algérie, la question de la réforme du conseil de sécurité est impérative pour parvenir à un ordre mondial plus représentatif, plus juste et plus équilibré», a indiqué le président Tebboune dans son allocution.

    Et ce, en arguant par un contexte international délicat marqué par une succession de crises et leurs retombées porteuses de prémices de nouveaux changements dans les rapports de forces sur la scène internationale».

    Mais aussi par les «menaces multiformes et multidimensionnelles qui entament la paix et la sécurité de l’Afrique, tels que le phénomène du terrorisme, les guerres, les changements climatiques, les crises alimentaires, énergétiques et sanitaires accentuées par la pandémie de Covid-19 et le conflit russo-ukrainien ».

    «Maintenir cet élan de soutien international»

    Face à cette situation délétère, le président Tebboune a souligné l’engagement de l’Algérie à mettre à profit son rôle pivot et ses atouts tant stratégiques que diplomatiques, en faveur du droit légitime de l’Afrique pour accéder au conseil de sécurité tel que stipulé dans la déclaration de Syrte et du consensus d’Ezulwini.

    « Nous allons continuer à œuvrer sans relâche pour faire entendre la voix de l’Afrique et ses revendications légitimes et réparer l’injustice historique faite à notre continent », a-t-il rassuré.

    Il a, dans ce sens, réitéré « l’engagement de l’Algérie à œuvrer de concert avec les pays membres du comité à l’effet de maintenir cet élan de soutien international, important et de plus en plus croissant en faveur de la position africaine », et ce, dans l’objectif de « réaliser un progrès dans les pourparlers concernant la réforme du conseil de sécurité ».

    Position africaine unifiée

    Toutefois, l’obtention par le continent africain de la qualité de membre permanent au Conseil de sécurité est tributaire de la réussite des négociations intergouvernementales dans le cadre de l’assemblée générale de l’ONU, a fait observer Abdelmadjid Tebboune.

    Il a souligné, dans ce contexte, l’impératif d’unification des rangs des pays africains, et leur parole sur la scène internationale et de s’engager au respect des décisions de l’UA (…) pour «parler d’une seule voix africaine» jusqu’à «satisfaction des exigences de la position africaine unifiée».

    Crise libyenne : l’optimisme est de mise

    S’agissant enfin de la crise libyenne, le président Tebboune a salué « la nouvelle dynamique lancée récemment pour activer le processus de dialogue inter-libyen et lancer les initiatives de dialogue entre les frères libyens visant à rapprocher les vues, établir la confiance mutuelle et élargir les consensus ».

    En citant pour exemple le retour du comité militaire mixte 5+5 aux réunions pour le suivi de l’application des décisions convenues concernant le retrait des mercenaires et des combattants étrangers, le cessez-le-feu et l’échange de prisonniers, le président Tebboune a réitéré l’appel de l’Algérie pour le retrait des parties étrangères.

    « L’Algérie ne ménagera aucun effort, dans le cadre du groupe des pays voisins de la Libye, en collaboration avec les organisations régionales et internationales concernées, afin de préserver la sécurité et la stabilité des pays du voisinage, directement impactés par la situation dans ce pays », a-t-il ajouté.

    Aussi, l’Algérie insiste sur « l’impératif traitement des défis en suspens à travers l’unification des institutions militaires et financières en Libye », tout en affichant « sa disponibilité à contribuer à l’aboutissement du processus de réconciliation nationale libyenne, en collaboration avec l’UA, pour parvenir à un terrain d’entente renforçant l’unité nationale interne, à même de permettre à la Libye de recouvrer la place qui lui sied sur la scène internationale », a-t-il en outre insisté.

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    #Algérie #Afrique #ONU #Conseil_de_Sécurité

  • La francophonie, un dispositif néocolonial

    La francophonie, un dispositif néocolonial

    Tags : Afrique, France, OIF, colonialisme, colonisation, Françafrique, spoliation, ressources naturelles,

    par Khadim Ndiaye*

    Francophonie : quand la France déploie son empire linguistique
    par Khadim Ndiaye
    Extrait de L’empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la Françafrique, (2021), pages 945 à 955.
    Publié par Afrique XXI, le 22 novembre 2022.

    Une histoire coloniale

    « Je veux une francophonie forte, rayonnante, qui illumine, qui conquiert [!], tambourine le président Emmanuel Macron lors de son discours de Ouagadougou, en novembre 2017. [Le] français d’Afrique, des Caraïbes, de Pacifique, ce français au pluriel que vous avez fait vivre, c’est celui-là que je veux voir rayonner, portez-le avec fierté, ne cédez à aucun discours qui voudrait en quelque sorte renfermer le français dans une langue morte ou combattre le français comme une langue trop chargée par un passé qui n’est pas à la hauteur du nôtre ! » Régulièrement brandie dans la bouche des chefs d’État français comme un symbole de fraternité et d’ouverture aux autres, la francophonie est en réalité étroitement associée à l’histoire coloniale.

    Le mot est employé pour la première fois par le géographe français Onésime Reclus à la fin du XIXe siècle. Promoteur de l’aventure coloniale française, dans son ouvrage Lâchons l’Asie, prenons l’Afrique, Reclus formule deux interrogations : « Où renaître ? Et comment durer ? » Les réponses apportées par l’auteur s’inscrivent en droite ligne des théories expansionnistes développées à la même époque par les partisans de la colonisation, au rang desquels figurent l’homme politique Léon Gambetta et l’économiste Paul Leroy-Beaulieu. Reclus annonce le « grand destin » qui attend la France après ses déboires militaires face à la Prusse (1870 -1871). Pour lui, il ne fait aucun doute que la renaissance française doit se faire « à moins de deux cents lieues de nous », en Afrique [1]. Et, l’instrument qui permettra d’y assurer une présence durable n’est autre que la langue.

    Telle la Rome antique au temps de sa splendeur qui « triompha des peuples en subtilisant leur âme », la France doit conquérir les peuples africains par sa langue, théorise le géographe. Il s’agit précisément, écrit-il, d’« assimiler nos Africains, de quelque race qu’ils soient, en un peuple ayant notre langue pour langue commune. Car l’unité du langage entraîne peu à peu l’union des volontés. Nous avons tout simplement à imiter Rome qui sut latiniser, méditerranéiser nos ancêtres, après les avoir domptés par le fer. [2] »

    Si, au départ, Reclus entend décrire la communauté linguistique et géographique des « gens parlant français », le concept de francophonie finit par sous-entendre chez lui une idéologie de domination. La politique coloniale d’assimilation par la langue devient le préalable à l’extension de la présence française hors de l’Europe. Cette volonté de rayonnement par la langue n’est pas un dérivé de l’idéologie coloniale : elle est au cœur de son projet hégémonique. Elle persiste aujourd’hui comme toile de fond de la francophonie moderne, en dépit des dénégations de ses promoteurs.

    La base d’une « indestructible influence »

    Le 7 mars 1817, la première école française est ouverte en Afrique subsaharienne à Saint-Louis du Sénégal avec à sa tête Jean Dard. Partisan de l’instruction des indigènes dans leur langue maternelle et militant de la production de « livres écrits en leurs langages naturels », Dard initie un bilinguisme français-wolof pour faire face à la difficulté de compréhension du français de ses élèves. Une initiative couronnée de succès. Il doit toutefois subir les attaques véhémentes du préfet apostolique du Sénégal, l’abbé Guidicelli, qui l’accuse d’instruire ses élèves dans un « jargon informe » [3] au lieu de la langue française.

    Ses thèses étant en déphasage avec l’idéologie coloniale, Dard est vite évincé tandis que le français est imposé comme langue unique d’enseignement. Dans une lettre du 23 mars 1829 adressée au ministre de la Marine, le gouverneur de la colonie Jean Jubelin donne le ton du « nouvel établissement », qui a désormais pour mission l’instruction et la formation d’une élite éduquée à l’européenne. Il s’agit, écrit-il, d’« amener les habitants indigènes à la connaissance et à l’habitude du français et associer pour eux à l’étude de notre langue celle des notions les plus indispensables. Leur inspirer le goût de nos biens et de nos industries. Enfin, créer chaque année parmi eux une pépinière de jeunes sujets propres à devenir l’élite de leurs concitoyens, à éclairer à leur tour et à propager insensiblement les premiers éléments de civilisation européenne chez les peuples de l’intérieur. [4] »

    Un projet « éducatif » appliqué par les gouverneurs coloniaux qui vont se succéder. Louis Faidherbe, grand idéologue de l’occupation de l’Afrique occidentale, comprend que la « mise en valeur » des colonies de l’AOF passe par l’instruction en français. En créant l’École des otages et en y faisant inscrire les fils de chefs et de notables ramenés de campagnes militaires, il associe au contrôle des corps et des territoires un modelage strict des esprits.

    Dans l’ouvrage qu’il consacre à Faidherbe en 1947, Georges Hardy, inspecteur de l’éducation, précise les intentions de l’ancien gouverneur du Sénégal : « L’école, à ses yeux, n’est pas seulement cette banale officine pédagogique où l’on enseigne le b.a.-ba et les quatre règles sans trop se demander où cela conduit, c’est essentiellement un instrument de formation morale, destiné à faire comprendre les intentions du peuple tuteur, à ouvrir pour l’influence française des voies larges et sûres d’où la contrainte est exclue. » Ainsi peut-on procéder à la « conquête morale » de l’Africain et en faire l’« auxiliaire de l’Européen », indique Hardy.

    Le vecteur qui diffuse le projet de conquête

    Quelques années avant sa mort et alors qu’il n’est plus en poste dans les colonies, Faidherbe voit en 1883 son intérêt pour l’éducation coloniale se raviver lors de la création de l’Alliance française dont il devient un des présidents d’honneur. Il en précise l’objectif – « étendre l’influence de la France en facilitant ses relations sociales et ses rapports commerciaux avec les différents peuples par la propagation de sa langue » – et lui fournit en 1884 une série d’observations et de conseils pour une meilleure diffusion de la langue au sein des masses indigènes africaines. Il préside même une réunion des diverses sections africaines de l’Alliance le 21 novembre 1884, à la grande Chancellerie de la Légion d’honneur à Paris, à laquelle prend part l’explorateur Paul Soleillet, auteur en 1876 d’un ouvrage au titre prometteur : Avenir de la France en Afrique [5].

    La langue devient sous le régime colonial le vecteur qui diffuse le projet de conquête dans l’esprit des indigènes parallèle à celui de la répression des corps. Le lieutenant Paulhiac, membre de la Société de géographie de Paris et auteur de Promenades lointaines : Sahara, Niger, Tombouctou, Touareg, résume bien en 1905 la préoccupation de cette période : « C’est dans notre langue que résidera notre force, comme elle sera, plus tard, la base de notre indestructible influence dans les pays que nous aurons façonnés à notre image. [6] »

    En 1920, la création du Service des œuvres françaises à l’étranger (SOFE) sert aussi cet objectif, mais il faudra attendre les indépendances africaines pour que soient vraiment créées les premières institutions de la Francophonie.

    Contrairement au mythe destiné à les légitimer, la mise en place d’institutions de promotion de la francophonie ne naît pas d’une initiative africaine. Corollaire de la colonisation, elle mûrit dans l’esprit d’officiels français, du général de Gaulle en particulier. « Maintenant que nous avons décolonisé, notre rang dans le monde repose sur notre force de rayonnement, c’est-à-dire avant tout sur notre puissance culturelle. La francophonie prendra un jour le relais de la colonisation ; mais les choses ne sont pas encore mûres », explique le Général à Alain Peyrefitte le 11 septembre 1966. [7]

    « Opération francophonie »

    Obnubilé par le rôle que la France doit jouer dans un monde marqué par la réalité des deux grands blocs de l’Ouest et de l’Est, de Gaulle mesure l’enjeu que les pays francophones représentent pour la France. Dans les années 1960, un débat est lancé sur le concept de « francophonie » [8]. S’agit-il d’un simple patrimoine linguistique commun ? Faut-il rassembler les pays qui utilisent le français dans une organisation commune ? D’abord réticent à l’idée d’institutionnaliser la francophonie, le Général a conscience du potentiel de puissance que la langue peut offrir à la France. C’est ce qu’illustre l’intérêt qu’il porte au Québec, bastion francophone au cœur de l’Amérique.

    Mais, alors qu’il se montre volubile sur la position de la France concernant les francophones du Canada, le Général reste évasif lorsqu’il s’agit des territoires de l’empire colonial français. « La francophonie est une grande idée » selon lui, mais « il ne faut pas que nous soyons demandeurs », précise-t-il en conseil des ministres le 7 mai 1963. Dans son entourage, on s’active donc pour inciter les « amis » africains à prendre l’initiative. « Je suis très favorable à la francophonie, indique le Premier ministre Georges Pompidou à Alain Peyrefitte le 31 août 1967. Je dirais même plus que le Général, qui a peur de provoquer une réaction hostile de la part des pays colonisés. Il répète : “Donner et retenir ne vaut. Il ne faut pas avoir l’air de les recoloniser.” Je n’ai pas ces scrupules. »

    Pompidou lance donc une véritable « opération francophonie » : Matignon se dote d’un « Haut Comité pour la défense et l’expansion de la langue française », dès 1966, et mobilise Léopold Sédar Senghor, ami de jeunesse de Pompidou et grand partisan de la francophonie. C’est en tout cas ce que raconte le diplomate Bernard Dorin, chef du service des Affaires francophones du ministère des Affaires étrangères (1975-1978) et président de l’association Avenir de la langue française (1998-2003), qui précise : « J’ai assez bien connu le président Senghor lorsqu’il était président de la République du Sénégal, car il constituait alors l’une des pièces maîtresses de “l’opération francophonie” lancée parallèlement à tout circuit officiel par quelques jeunes fonctionnaires dont Philippe Rossillon et moi-même. Les deux autres membres du “Triumvirat” étaient […] le président Diori Hamani du Niger et le Président Bourguiba de Tunisie. [9] » Le président Norodom Sihanouk du Cambodge apporte une caution asiatique à l’entreprise.

    Le mythe d’une initiative africaine

    L’idée que les élites colonisées sont à l’origine de la Francophonie en tant qu’institution intergouvernementale va ainsi faire son chemin. La parution en 1962 de l’article de Senghor – « Le français, langue de culture » – dans la revue Esprit est présentée a posteriori comme un événement fondateur. Les défenseurs de la Francophonie « veulent ainsi prouver, observe l’universitaire française Alice Goheneix, que ce sont bien les anciens colonisés, africains et asiatiques – et non l’ancienne métropole – qui décidèrent de faire de la langue française l’objet et le sujet d’une organisation internationale » [10]. L’aspect culturel est volontairement mis en avant. Senghor présente l’ambition linguistique et culturelle mondiale affichée comme un « humanisme intégral qui se tisse autour de la terre » et met en garde ceux qui y verraient « une machine de guerre montée par l’impérialisme français ».

    Sur les fondations posées dans le sillage des indépendances, avec la création en 1960 de la Conférence des ministres de l’Éducation des pays africains et malgache d’expression française (CONFEMEN) et l’installation en 1963 d’un Centre de linguistique appliquée à Dakar, la France consolide l’armature institutionnelle de la francophonie dans la seconde moitié des années 1960, en prenant soin de mettre en avant le « désir » de francophonie de ses alliés africains. En juin 1966 est mis en place un espace politique francophone avec la première conférence à Tananarive des chefs d’État de l’Organisation commune africaine et malgache (Ocam). Le 20 mars 1970, la Conférence de Niamey institue l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT) qui deviendra l’Agence intergouvernementale (1998) puis l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF, en 2006). Le président François Mitterrand crée en 1984 le Haut Conseil de la Francophonie et, en 1999, l’Association des universités partiellement ou entièrement de langue française devient l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF). Consécration de ce processus, un sommet ritualisé biannuel – Conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage – est organisé à partir de 1986 pour décider des orientations et de la stratégie de l’institution.

    Des institutions comme l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) et l’Association internationale des maires francophones (AIMF) visent désormais à renforcer la solidarité entre institutions parlementaires et mairies de la communauté francophone tandis que l’Institut de la Francophonie pour l’éducation et la formation (IFEF) s’active dans la promotion de l’enseignement en langue française. À côté de ces différentes structures dont la liste est loin d’être exhaustive s’illustrent celles qui sont strictement françaises et qui participent de la stratégie d’influence culturelle de Paris. France Médias Monde réunit ainsi France 24, RFI et Monte Carlo Doualiya (la radio en langue arabe) mais également la filiale Canal France International, une agence de coopération qui, pour le compte du Quai d’Orsay, coordonne l’aide au développement spécifique aux médias. L’Afrique reste évidemment une cible de choix. Elle est « notre respiration », soutient en 2015 [11] la patronne de France Médias Monde, Marie-Christine Saragosse, dont la structure, en partenariat avec CFI, met en œuvre depuis juillet 2020 le projet « Afri’Kibaaru » : une production d’informations en langues locales ciblant les populations de six pays du Grand Sahel, financée par l’Agence française de développement et présentée comme une réponse aux « défis sécuritaires, économiques, sociaux et institutionnels ».

    « Penser français » pour acheter français

    Dès les débuts de la francophonie moderne, la langue est considérée comme un vecteur de débouchés économiques. Lors de son allocution à l’Assemblée nationale française le 23 octobre 1967, Yvon Bourges, secrétaire d’État chargé de la Coopération explique que son « premier objectif […] est de favoriser la pénétration de la langue et de la culture françaises dans les pays d’Afrique et de Madagascar ». Et Bourges poursuit : « Le second objectif que nous proposons est d’ordre économique : le maintien et le développement des intérêts commerciaux et industriels français constituent également une des préoccupations constantes du secrétaire d’État aux Affaires étrangères chargé de la Coopération. Je le dis sans aucune honte, cela n’a d’ailleurs rien d’illégitime ni de sordide. »

    La juxtaposition de ces deux objectifs par le gouvernement n’a rien de surprenant. La langue ouvre la voie aux marchés, comme le maintien d’une présence culturelle forte participe d’un imaginaire collectif favorable à la sauvegarde des intérêts économiques de Paris, en faisant localement « penser français ». Inversement, le maillage économique hexagonal maintient une influence culturelle, et donc politique, française.

    Cette stratégie a été poursuivie au fil des ans. Ainsi, dans le rapport que lui demande le président François Hollande sur les opportunités économiques qu’offre la francophonie avant le sommet de l’OIF à Dakar, en 2014, Jacques Attali fait plusieurs recommandations. Constatant que le français « perd du terrain », l’ancien conseiller de François Mitterrand propose de renforcer son enseignement, de diffuser des contenus culturels et créatifs francophones, de faciliter la mobilité des étudiants, des chercheurs, des entrepreneurs, et d’organiser des réseaux de personnalités d’influence francophones. Car Attali le sait, les exportations françaises vont de pair avec l’utilisation de la langue. Il existe une « corrélation entre la proportion de francophones dans un pays et la part de marché des entreprises françaises dans ce pays », explique-t-il dans ce rapport [12]. La France doit donc selon lui, via un « altruisme rationnel », réaffirmer son rôle d’intermédiaire incontournable dans le commerce avec les pays francophones, notamment vis-à-vis de la Chine : « Parce que c’est en français, affirme Attali dans un entretien à RFI, qu’on peut le mieux commercer, investir en Afrique [13].

    Mais ses propositions vont plus loin : il propose notamment la mise en place de « politiques industrielles francophones » dans des domaines tels que les technologies numériques, la téléphonie mobile, le secteur pharmaceutique ou encore l’industrie minière. En définitive, il s’agit, par le biais de la langue, d’ouvrir des débouchés aux entreprises françaises et de « transformer à terme l’Organisation internationale de la Francophonie en Union économique francophone ».

    Un « bastion » à défendre

    Un sillon également creusé par différents rapports parlementaires français. Le rapport de la mission d’information sur « la stabilité et le développement de l’Afrique francophone » publié en mai 2015 recommande par exemple de faire du français le principal « vecteur d’influence politique, culturelle et économique » et donc, le premier axe de la politique française sur le continent africain. Dans un entretien accordé en août 2015 à Mondafrique, Jean-Christophe Rufin, ex-ambassadeur de France au Sénégal, abonde dans le même sens. Il plaide pour le renforcement des lycées français en Afrique considérés comme le « dernier vrai bastion sur le continent » [14]. Leur destin conditionne, dit-il, « la formation des élites, les futurs liens économiques, le maintien du français comme langue de référence ».

    En 2018, dans un rapport sur « la diplomatie culturelle et d’influence de la France », deux députés écrivent encore que celle-ci « n’est ni un gadget, ni un moyen de compenser notre puissance déchue, c’est un puissant vecteur de notre politique étrangère ». Tout en appelant à « rompre avec un “universalisme conquérant” », ils rappellent que « la compétition mondiale porte aussi sur la capacité à faire partager ses idées, ses œuvres culturelles, sa vision du monde, ses concepts, sa ou ses langues. Que nous le voulions ou non, nous existons, dans le regard de beaucoup de pays du monde, par la culture et par les œuvres de l’esprit et notre influence dépend aussi de notre capacité à répondre à cette curiosité et à cette attente vis-à-vis de la France, et à les entretenir ». L’enjeu est de « créer les conditions d’un rapprochement profond et sur le temps long, de liens quasi émotionnels, d’une intimité qui peut s’avérer décisive en matière diplomatique » car, rappellent-ils, « si le travail de chancellerie permet d’avoir des “alliés”, la diplomatie culturelle permet de se faire des “amis” ». Et l’amitié, ça paie : « Les Français arrivent avec un quatuor de Debussy et repartent avec une centrale nucléaire », comme le dit un des interlocuteurs interrogés par les députés [15].

    Depuis son élection, le président Emmanuel Macron cherche à son tour à investir et à moderniser le soft power linguistique : nomination de Leïla Slimani comme représentante personnelle du président pour la Francophonie (2017), lancement d’une « stratégie pour la langue française et le plurilinguisme » (2018), etc. « Ne le regardez pas [le français] comme une langue que certains voudraient ramener à une histoire traumatique, explique-t-il lors de son discours à l’Université de Ouagadougou en novembre 2017. Elle n’est pas que cela puisqu’elle est la langue de vos poètes, de vos cinéastes, de vos artistes, vous l’avez déjà réacquise, vous vous l’êtes déjà réappropriée ! »

    Les silences coupables de l’OIF

    Macron, qui affiche une vision « ouverte » de la francophonie, inscrit sa défense de la langue française dans une lutte globale pour le « plurilinguisme » : la francophonie, loin de nourrir un dessein hégémonique, ne serait qu’un élément de richesse culturelle. Un argument déjà utilisé par exemple par le très foccartien Jacques Godfrain, ancien ministre de la Coopération devenu président de la Fondation Charles de Gaulle et de l’Association francophone d’Amitié et de Liaison (fédération qui est membre consultatif de l’OIF depuis 2001), dans un colloque au Sénat en 2016 : « J’ai horreur, pour mettre les pieds dans le plat, de l’idée que le français est une langue impérialiste qui voudrait couvrir le monde entier comme d’autres. […] Je suis comme vous pour la pluralité culturelle et linguistique que nous soutenons. »

    Suscitant de la méfiance, l’offensive d’Emmanuel Macron n’a pas manqué de créer un bouillonnement sur la scène intellectuelle francophone. Invité par le président le 13 décembre 2017 à contribuer aux travaux de réflexion autour de la langue française et de la francophonie, l’écrivain Alain Mabanckou décline l’invitation en rappelant que la francophonie est « perçue comme la continuation de la politique étrangère de la France dans ses anciennes colonies ». Pire, « la Francophonie “institutionnelle” […] n’a jamais pointé du doigt en Afrique les régimes autocratiques, les élections truquées, le manque de liberté d’expression, tout cela orchestré par des monarques qui s’expriment et assujettissent leurs populations en français. Ces despotes s’accrochent au pouvoir en bidouillant les Constitutions (rédigées en français) sans pour autant susciter l’indignation [de Paris] », observe l’auteur franco-congolais écœuré du soutien français à [Denis] Sassou Nguesso [16].

    Au premier article de sa charte, l’OIF se fixe pourtant comme objectif d’« aider à l’instauration et au développement de la démocratie, à la prévention, à la gestion et au règlement des conflits, et au soutien à l’État de droit et aux droits de l’Homme ». À ce titre, elle envoie même des observateurs ou des « missions d’information et de contact » lors d’élections dans ses pays membres, sans jamais dénoncer les simulacres en question. Ce laxisme tranche avec l’attitude du Commonwealh qui avait suspendu pour atteinte à la démocratie le Zimbabwe en mars 2002, les îles Fidji en 2009 et proposé en 2013, en réaction aux multiples atteintes aux libertés en Gambie, la création à Banjul de commissions pour les droits humains, les médias et la lutte contre la corruption. Ce qui avait à l’époque suscité l’ire du président gambien et le retrait de son pays de l’institution anglophone.

    Les langues africaines… au service de l’influence française

    La francophonie est également dénoncée au nom de la diversité des cultures. Mabanckou et Achille Mbembe plaident en 2018 pour « l’émergence d’une véritable francophonie des peuples » [17]. Le philosophe Souleymane Bachir Diagne insiste, lui, sur le « pluralisme » et pense que le français ne doit être qu’une langue parmi les autres de l’espace francophone [18].

    Mais cet argument de la diversité, qui fait écho au « plurilinguisme » brandi par le président Macron, n’est pas sans poser quelques problèmes. Les langues africaines restent pour l’essentiel confinées à la périphérie par l’institution francophone qui les emploie pour promouvoir le français. En témoigne le programme « ELAN-Afrique » (École et Langues nationales en Afrique), lancé par l’OIF en 2011 et financé par l’Agence française de développement et le ministère des Affaires étrangères français. À travers ce programme, qui compte en 2021 douze pays africains francophones partenaires, l’OIF cherche à améliorer l’apprentissage du français, mal assimilé, en s’appuyant sur la langue maternelle des élèves. Comme jadis les tirailleurs mis au service d’une armée française défaillante, les langues africaines sont ainsi rabaissées au rang de béquilles pour soutenir la langue de l’ancien colonisateur, dont l’hégémonie à l’école et dans les médias est de plus en plus critiquée.

    Cette situation crée des inégalités car les langues locales servent de faire-valoir et permettent la transition vers le français dont la promotion passe aussi par la formation des enseignants. En effet, à la suite de la publication d’un rapport du Programme d’analyse des systèmes éducatifs (Pasec) de la CONFEMEN en décembre 2020, qui souligne que plus de la moitié des élèves de quinze pays d’Afrique subsaharienne francophone débutent leur scolarité dans le secondaire sans savoir ni écrire ni lire en français, Paris annonce son intention de former en cinq ans plus de 10 000 enseignants pour relever le défi de la qualité de l’enseignement. Lors de l’inauguration le 1er février 2021 du Centre de développement professionnel (CDP) devant accueillir les enseignants à Abidjan, l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, Jean-Christophe Belliard, parle de « maillon fort de l’enseignement français ». Le discours officiel sur la diversité se traduit ainsi dans les faits par une uniformisation au seul profit du français.

    En marge du sommet de la Francophonie de 2014, une grande voix de la linguistique sénégalaise, Aram Fal, pointait déjà un certain nombre d’insuffisances engendrées par cette promotion du français. Elle dénonçait l’inadaptation de ce vecteur d’enseignement, le complexe d’infériorité engendré par une langue considérée comme un médium de prestige et l’absence des langues nationales dans la sphère officielle. « Aucun pays ne peut se développer lorsque la majorité écrasante de sa population ne comprend pas la langue officielle », relève-t-elle [19]. Ce que résume le linguiste belge Jean-Marie Klinkenberg qui perçoit bien les inégalités inhérentes à cette diversité mal conçue : « La diversité ne réduit pas les inégalités : elle en est le cache-sexe. Elle se contente de les réguler, en adaptant un système fondamentalement inégalitaire à la réalité culturelle du monde globalisé. [20] »

    « Un prolongement de la stratégie coloniale »

    Dans l’univers de la francophonie, le volet linguistique n’est jamais éloigné du volet politique. Aujourd’hui, l’OIF se déploie même sur le terrain militaire avec l’ouverture de l’ère de la « prévention des conflits » rendue possible par la déclaration de Saint-Boniface de mai 2006, laquelle confère à l’institution des « objectifs stratégiques » portant sur la « consolidation de la démocratie, des droits de l’Homme et de l’État de droit, ainsi que sur la prévention des conflits et l’accompagnement des processus de sortie de crises, de transition démocratique et de consolidation de la paix ». Une volonté réaffirmée tour à tour lors des sommets de la Francophonie de 2008 à 2018 et concrétisée entre autres par la création en 2014 du Réseau d’expertise et de formation francophone pour les opérations de paix (Reffop).

    Présentée comme un outil destiné à « favoriser l’usage de la langue française dans les opérations de paix et d’y renforcer la participation des francophones » [21], cette nouvelle ambition francophone doit servir à « multilatéraliser nos interventions », déclarait en 2008 le député Bernard Cazeneuve, tout en s’inquiétant que les actions françaises « autour et sur la base de l’OIF pour favoriser le développement du maintien de la paix soient perçues par nos partenaires comme une manière, détournée, de revenir à une prédominance française » [22].

    Le détournement de l’institution à des fins de soft power pour la France est pourtant une évidence depuis longtemps, comme le rappellent les organisateurs d’un contre-sommet de la Francophonie à Dakar en 2014, qui reprochent à l’OIF, dans une lettre ouverte, d’être « une supercherie et par-dessus tout, un prolongement de la stratégie coloniale destinée à l’exploitation de nos matières premières, la formation d’une élite politique aux ordres de l’Élysée et l’abrutissement de nos peuples ».

    Un « pacte renégocié » de la Françafrique »

    Loin de rompre avec ses prédécesseurs, Emmanuel Macron utilise même l’institution au bénéfice de sa politique de rapprochement avec Kigali, en œuvrant activement à l’élection de Louise Mushikiwabo, ministre rwandaise des Affaires étrangères et de la Coopération comme secrétaire générale de l’OIF. L’élargissement de l’institution à des pays où le français est peu pratiqué, les missions d’observation de processus électoraux, font également de la Francophonie un outil stratégique dont les desseins au niveau international ne peuvent être dissociés de ceux de la France, comme le rappelait si bien Bernard Cazeneuve : « On ne peut pas disjoindre totalement la Francophonie du discours porté par la France au niveau international. »

    Les prétentions à la prévention des conflits, les missions d’observation des élections et la formation en français de soldats de la paix, cachent mal un prolongement de la coopération militaire sur une base multilatérale, une volonté de mainmise politique et la promotion des technologies de défense françaises. La francophonie militaire est en effet créatrice de débouchés, comme le remarque Brice Poulot, spécialiste de l’enseignement du français comme langue militaire : « Il existe un lien réel entre la francophilie d’une armée étrangère (ou du moins de son état-major) et la provenance de son matériel de défense. [23] »

    Cette évolution vers la stratégie de puissance est dénoncée par la philosophe Hourya Bentouhami qui pointe en 2018 dans une tribune le « pacte renégocié » d’une « Françafrique qui rêve de se doter d’un “soft power” capable de faire passer derrière l’usage circonstanciel d’une langue commune les accords économiques de libéralisation des marchés africains ». Une stratégie d’influence que le président Emmanuel Macron déploie en mai 2021 à Kigali à l’occasion de sa visite de rapprochement avec le chef de l’État anglophone Paul Kagame, chantre du néolibéralisme en Afrique, au côté duquel il n’hésite pas à célébrer une « francophonie de reconquête, ouverte, modernisée ».

    *Khadim Ndiaye est historien (UdeS, Québec), diplômé en philosophie. Ses principaux champs de recherche portent sur l’histoire de la colonisation, la problématique culturelle en Afrique, l’histoire des Afro-Américains et le panafricanisme.

    Histoire coloniale et post-coloniale, 17 jan 2023

    #Colonialisme #Colonisation #France #Françafrique #Afrique #Spoliation #Ressources_Naturelles

  • Pour Macron, un retour à la realpolitik vis-à-vis de l’Afrique

    Tags : France, Afrique, Françafrique, Mali, Sahel, Tchad, Burkina Faso, Guinée Conakry,

    Depuis le début de l’année, le président français se montre très actif sur le front diplomatique africain. La France ne veut plus laisser la propagande russe prospérer et entend pour cela renouer ses liens politiques, économiques et sécuritaires avec ses partenaires.

    Le président du Tchad Mahamat Idriss Déby et le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, reçus à l’Élysée respectivement les 6 et 7 février, précédés du président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, le 25 janvier : en ce début d’année 2023, Emmanuel Macron s’active sur le front diplomatique vis-à-vis de l’Afrique. Et ce n’est pas tout : le chef de l’État doit se rendre début mars au Gabon, en République démocratique du Congo (RDC), en Angola et au Congo-Brazzaville.

    « L’ours russe a réveillé le coq gaulois », constate le journaliste et écrivain Antoine Glaser, spécialiste de l’Afrique et co-auteur du livre « Le piège africain de Macron » (Fayard, 2021), en référence à la place prise par la Russie, et en particulier par le groupe paramilitaire Wagner, sur le continent africain.

    « Lors de son premier mandat, à l’exception du Sahel et de la Côte d’Ivoire, Emmanuel Macron voulait éviter le traditionnel pré carré français en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, poursuit Antoine Glaser. Le début de son second mandat est marqué par un réinvestissement dans les pays qu’il avait jusqu’ici un peu boudés. C’est le retour de la realpolitik pour défendre les intérêts français stricto sensu. »

    La première tournée africaine du président français après sa réélection – au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau en juillet 2022 – a parfaitement illustré cette volonté. Le Cameroun occupe une place stratégique entre l’océan Atlantique et le Tchad, où sont positionnées les troupes françaises dans la région. Or, Yaoundé a signé un accord de coopération militaire avec la Russie en avril 2022. Y voyant une menace pour les intérêts de la France, Emmanuel Macron n’a cessé de dénoncer, dans les trois pays visités, les agissements de la Russie en Ukraine, l’accusant d’être « l’une des dernières puissances impériales coloniales ».

    « Contrecarrer la propagande russe »

    Le but poursuivi est clair : contrecarrer la propagande russe qui dépeind la France comme une puissance coloniale. En 2017, lors de son premier déplacement en Afrique, Emmanuel Macron avait pourtant misé, dans un discours prononcé à Ouagadougou, sur le « soft power » français. C’est le contraire qui s’est produit. Un sentiment anti-français s’est développé dans plusieurs anciennes colonies, comme au Mali, au Burkina Faso, au Niger ou au Sénégal, entraînant des manifestations et, in fine, le départ des troupes françaises du Mali et du Burkina Faso.

    Le président français est donc désormais à l’offensive. Dans son discours devant les ambassadeurs français réunis à l’Élysée, le 1er septembre 2022, Emmanuel Macron a exhorté les diplomates à être « plus réactifs » face à la propagande hostile à France sur les réseaux sociaux, distillée par un « narratif russe, chinois ou turc » qui prétend que « la France est un pays qui fait de la néo-colonisation et qui installe son armée » sur le sol de pays africains.

    Il s’agit également, pour le chef de l’État français, de redynamiser les liens économiques. Car le constat d’échec est tout aussi frappant dans ce domaine, même si le recul de la France s’est amorcé bien avant l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. Les parts de marché des entreprises françaises présentes en Afrique sont ainsi passées de 10,6 % en 2002 à 4,4 % en 2021, quand celles des entreprises de chinoises ont, dans le même temps, bondi de 3,8 % à 18,8 %, selon des chiffres rapportés par le magazine Challenges.

    La France espère toutefois renforcer à l’avenir sa présence dans les secteurs de l’agriculture, de l’automobile, du transport ferroviaire, de la pharmacie, des télécommunications et de la transition énergétique.

    « La France, qui avait une position centrale en Afrique dans la deuxième moitié du XXe siècle, ne s’est pas aperçue au tournant du XXIe siècle que l’Afrique changeait, explique Antoine Glaser. Elle n’a pas vu l’Afrique se mondialiser et a laissé d’autres puissances gagner en influence. »

    « Le ‘en même temps’ n’a pas fonctionné »
    En revenant à une diplomatie africaine plus classique et en misant davantage sur les liens politiques, économiques et sécuritaires, Emmanuel Macron espère rattraper le temps perdu. Au Bénin, en juillet dernier, il parlait ainsi de « partenariat gagnant-gagnant », mettant en avant le soutien de Paris à Porto Novo en matière de sécurité, en particulier pour le renseignement et les équipements.

    « Même si Emmanuel Macron ira au Gabon pour le One Forest Summit, ce voyage sera beaucoup plus géostratégique que ce qui est annoncé, estime Antoine Glaser. Les positions de la France sont affaiblies. Le ‘en même temps’ n’a pas fonctionné. La France veut reprendre sa place, mais ses marges de manœuvre sont très étroites car désormais, les chefs d’État africains ont le monde entier dans leur salle d’attente. »

    D’autant que cette future tournée africaine ne manquera pas de susciter des critiques. Le Gabon et la RD Congo sont en année électorale. Les oppositions aux présidents Ali Bongo et Félix Tshisekedi pourraient accuser Emmanuel Macron de vouloir apporter, par sa visite, un soutien au président sortant dans chacun de ces deux pays. Et ainsi de vouloir raviver la Françafrique.

    France24, 10/02/2023

    #France #Françafrique #Mali #Barkhane #Sahel #Burkina_Faso

  • Le rôle de l’Afrique dans la stratégie de multilatéralisme de la Chine

    Tags : Afrique, multilatéralisme, Parti communiste chinois,

    Les efforts de la Chine pour remodeler les institutions et les normes mondiales existantes reposent sur le soutien des gouvernements africains, même si cela peut souvent aller à l’encontre des intérêts des citoyens africains.

    Le remodelage des institutions et des normes mondiales pour refléter les perspectives chinoises est au cœur de l’approche chinoise de la concurrence géostratégique. C’est ce que le Parti communiste chinois (PCC) appelle la « réforme » lorsqu’il demande à la Chine de « jouer un rôle vigoureux dans la conduite de la réforme du système de gouvernance mondiale » (jiji canyu yinling quan qiu zhili ti xì gaige, 积极参与引领全球治理体系改革). Ce concept a été adopté pour la première fois lors de la Conférence centrale de travail sur les affaires étrangères de juin 2018 – une séance de stratégie rarement organisée qui donne des orientations générales à l’établissement de la politique étrangère de la Chine. Il s’agit d’une pierre angulaire de l’approfondissement des liens entre la Chine et l’Afrique au cours du troisième mandat de Xi Jinping.

    « Les efforts de la Chine pour remodeler de manière sélective le fonctionnement de parties cruciales du système international (…) peuvent également porter atteinte aux normes africaines fondamentales ».

    Le désir de la Chine de remodeler les institutions multilatérales et d’en créer de nouvelles repose en partie sur sa capacité à obtenir le soutien du Sud à ses initiatives mondiales. L’Afrique est le bloc le plus important à l’Assemblée générale des Nations unies (ONU) avec 28 % des voix, contre 27 % pour l’Asie, 17 % pour les Amériques et 15 % pour l’Europe occidentale. L’Afrique détient également plus d’un quart des voix dans tous les organes directeurs des Nations unies et constitue le bloc le plus important dans d’autres organismes tels que l’Organisation mondiale du commerce, le Groupe des 77 et le Mouvement des pays non alignés. Les votes africains sont donc d’une importance capitale pour les efforts chinois visant à redéfinir les institutions mondiales.

    Les priorités de la politique étrangère de la Chine sont résumées dans la doctrine : « Les grandes puissances sont la clé, la périphérie de la Chine la priorité, les pays en développement le fondement, et les plateformes multilatérales la scène » (daguo shì guanjian, 大国是关键, zhōubiān shì shouyào, 周边是首要, fazhan zhong guojia shì jichu, 发展中国家是基础, duobian shì zhong yao wu tai, 多边是重要舞台). En conséquence, la Chine a beaucoup investi dans la création d’affinités idéologiques avec les pays du Sud, ce qui lui permet d’exploiter plus facilement leur force de représentation dans les organismes mondiaux et de s’assurer leur soutien politique.

    Bâtir des coalitions dans le Sud pour réinterpréter les normes mondiales

    La Chine aime se positionner comme un leader dans le monde en développement. Alors que la Chine reçoit chaque année 5 milliards de dollars de prêts des banques multilatérales de développement, elle a régulièrement augmenté ses contributions à un large éventail d’institutions multilatérales de développement au cours de la dernière décennie. En 2016, avec le soutien de l’Afrique, la Chine a parrainé le Fonds d’affectation spéciale des Nations unies pour la paix et le développement avec une contribution de 200 millions de dollars sur 10 ans. Le Fonds soutient la sécurité, le maintien de la paix, les systèmes d’intervention rapide, la prévention des conflits et la médiation. En 2018, toujours grâce au lobbying de l’Afrique, la Chine a mis à la disposition de l’ONU une force d’intervention de 8 000 hommes qui peut être déployée sur les lieux de crise.

    Les contributions multilatérales accrues de la Chine ont renforcé son pouvoir de vote au sein du système multilatéral, ce qui lui permet de peser davantage dans l’élaboration des agences mondiales, de leurs normes et de leurs méthodes de travail.

    La société civile et les organisations non gouvernementales (ONG) ayant le statut d’observateur à l’ONU ont cependant rarement une visibilité sur la manière dont la Chine et ses partenaires africains exploitent leur pouvoir de représentation. Par exemple, lors des négociations budgétaires 2018/2019 de l’ONU, la Chine aurait fait pression pour éliminer le financement des observateurs des droits humains au sein des missions de l’ONU, réduire le nombre d’observateurs issus des ONG au Conseil des droits de l’homme de l’ONU et diminuer la coopération du gouvernement avec la société civile.

    Bien que ces propositions n’aient pas été adoptées, la Chine a clairement montré sa volonté d’exercer son influence au sein des institutions multilatérales de manière à servir ses objectifs.

    Certains membres de l’ONU (y compris des pays africains) ont discrètement soutenu ces mesures qui auraient évincé les ONG du Conseil des droits humains de l’ONU (CDH) et dégradé la capacité d’investigation de l’ONU. Il s’agit notamment des missions en République centrafricaine, en République démocratique du Congo, au Mali et au Soudan du Sud, où se sont produites certaines des pires violations des droits humains.

    Le soutien de certains membres de l’Union africaine (UA) était particulièrement paradoxal compte tenu des normes établies de l’UA en matière de droits humains. Il reflète le soutien chinois à la tentative de certains gouvernements africains de se retirer de la Cour pénale internationale (CPI) en échange du soutien continu de ces gouvernements aux positions diplomatiques de Pékin.

    Les groupes de la société civile africaine et les citoyens ordinaires étaient furieux car la CPI est la cour de dernier recours lorsque les gouvernements ne veulent pas ou ne peuvent pas enquêter sur les atrocités de masse. Ils se sont également sentis trahis par leurs gouvernements, car cette cour a été créée grâce à un intense leadership diplomatique africain.

    De nombreux dirigeants africains ont également fustigé leurs collègues pour leur volte-face, notamment les Sages, un groupe d’anciens présidents distingués fondé par feu Nelson Mandela. En outre, les positions de la Chine à l’encontre de la CPI l’ont dépeinte comme hostile à ceux qui s’efforcent de résoudre certains des conflits les plus meurtriers d’Afrique. « Notre propre continent a subi suffisamment d’horreurs émanant de l’inhumanité d’êtres humains envers des êtres humains », ont écrit les Sages, « … beaucoup d’entre elles n’auraient peut-être pas eu lieu, ou du moins auraient été minimisées, s’il y avait eu une Cour pénale internationale efficace ».

    Les pays africains ont joué un rôle essentiel dans l’expansion de l’influence mondiale de la Chine

    Les votes africains ont été décisifs lors du débat de l’Assemblée générale des Nations unies en 1971, qui a permis à la Chine communiste de réintégrer l’ONU et d’en expulser Taïwan. Selon Mao Zedong, la Chine a une dette de gratitude envers l’Afrique pour avoir « porté la République populaire de Chine aux Nations unies », un point de discussion standard dans toutes les réunions du Forum pour la coopération sino-africaine (FOCAC).

    Les pays africains restent la clé des efforts de la Chine pour isoler Taipei. À l’heure actuelle, un seul État africain – l’Eswatini – reconnaît Taïwan. En outre, les dirigeants africains condamnent fréquemment les engagements de haut niveau avec Taïwan. En fait, les accords bilatéraux et régionaux de la Chine en Afrique comprennent toujours deux éléments : le « principe d’une seule Chine » et le soutien mutuel sur les questions de gouvernance mondiale. Ceux-ci sont énoncés dans divers protocoles d’accord entre l’UA et la Chine et, plus récemment, dans le plan d’action de Dakar du Forum de coopération Chine-Afrique (2022-2024). Ainsi, « le soutien mutuel dans le système de gouvernance mondiale » faisait partie du programme en quatre points du ministre chinois des affaires étrangères, Qin Gang, lors de sa visite de cinq pays africains en janvier 2023.

    L’Eclairage, 08/02/2023

    #Chine #Afrique #Multilatéralisme

  • L’exemple du colonialisme français en Afrique

    Tags : Afrique, France, Etats-Unis, colonialisme, spoliation, ressources naturelles,

    La présence de bases militaires françaises en Afrique sert d’exemple dans le cas de l’Amérique latine et de la projection par les États-Unis des matières premières et des biens communs du continent (lithium, aquifère Guarani, Triple Frontière, Amazonie, ressources de la plate-forme marine, Vaca Muerta, etc.)

    De l’Algérie au Burkina Faso, des débats ont remis en question l’intervention militaire permanente de la France dans la région (un cycle qui a commencé avec la Côte d’Ivoire en 2002), ainsi que sa domination économique continue de 14 pays d’Afrique de l’Ouest et centrale par le biais d’un ensemble de mécanismes monétaires (notamment l’utilisation du franc CFA comme monnaie, qui était sous le contrôle du Trésor français jusqu’en décembre 2019). Ces dernières années, le Burkina Faso et le Mali – tous deux dirigés par des militaires – ont expulsé les troupes françaises de leurs territoires, tandis que les 8 pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) [1] et les 6 pays de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) [2] se sont efforcés de détacher lentement leurs économies du contrôle français.

    En 2019, l’UEMOA a conclu un accord avec la France pour mettre fin à l’obligation pour les pays d’Afrique de l’Ouest de détenir la moitié de leurs réserves de change dans le Trésor français et pour retirer le représentant français du conseil d’administration de l’union économique, dans le cadre de plans plus larges visant à remplacer le franc CFA par une nouvelle monnaie régionale libellée en éco.

    Les forces armées françaises continuent d’avoir une forte présence en Afrique du Nord, ne s’étant que partiellement retirées de la région du Sahel et maintenant des liens militaires et diplomatiques étroits dans des pays comme le Niger. La France importe principalement du Niger et du Kazakhstan ; une ampoule sur trois en France est allumée avec de l’uranium du Niger, ce qui explique pourquoi les troupes françaises « gardent » la ville d’Arlit, riche en uranium.

    À la suite de la guerre de l’OTAN contre la Libye, la région du Sahel a connu une série de conflits, dont beaucoup ont été alimentés par l’émergence de formes de militarisme, de piraterie et de contrebande. Sous le prétexte de ces conflits et sous l’impulsion de la guerre de l’OTAN, la France et les États-Unis sont intervenus militairement dans tout le Sahel.

    Comme on peut le lire dans le dossier n°42 :  » Défendre notre souveraineté : les bases militaires américaines en Afrique et l’avenir de l’unité africaine  » de juillet 2021, en 2014, la France a créé le G-5 Sahel, un arrangement militaire qui inclut le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, la Mauritanie et le Niger : et a étendu ou ouvert de nouvelles bases à Gao, au Mali ; N’Djamena, au Tchad ; Niamey, au Niger ; et Ouagadougou, au Burkina Faso. Les États-Unis, quant à eux, ont construit en 2016 une énorme base de drones à Agadez, au Niger, d’où ils effectuent des frappes de drones et une surveillance aérienne de tout le Sahel et du désert du Sahara.

    Les troupes françaises étant délogées de la région, les États-Unis et le Royaume-Uni prennent leur place. En 2017, cinq pays d’Afrique de l’Ouest ont créé l’Initiative d’Accra (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana et Togo) pour lutter contre la propagation de la menace islamiste en provenance de la région du Sahel. Deux ans plus tard, en 2019, le pays d’ancrage de l’initiative, le Ghana, a ouvert une base militaire américaine dans son aéroport international appelé WALN (West African Logistics Network) à l’aéroport international Kotoka d’Accra, la capitale ghanéenne. Elle s’ajoute à la participation de la Grande-Bretagne à l’initiative d’Accra, annoncée au Parlement britannique en novembre, et au déploiement de troupes britanniques dans le pays et dans la région.

    C’est l’une des nombreuses bases américaines sur le continent africain. Les États-Unis ont 29 installations militaires connues dans 15 pays du continent, tandis que la France possède des bases dans 10 pays. Bien que la France, le Royaume-Uni et les États-Unis échangent leur présidence, la militarisation de l’Afrique se poursuit.

    Le pillage des ressources naturelles comme origine et fondement du colonialisme

    L’été dernier, 10 pays ont participé aux exercices militaires African Lion du Commandement central des forces américaines pour l’Afrique (AFRICOM), qui se sont déroulés en partie au Maroc du 20 au 30 juin 2022 dans les régions de Kénitra, au nord du Maroc, et d’Agadir, TanTan, Taroudant et Mahbès, plus au sud en territoire marocain, avec le soutien de 7 500 soldats des Forces armées royales marocaines (FAR). Exercices avec différents secteurs tels que la terre, l’air et la mer, ainsi que d’autres opérations de décontamination face aux risques nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques. Formation pour prévenir et s’entraîner contre d’éventuelles attaques chimiques, nucléaires ou bactériologiques de l’ennemi. Il comprend également la formation des dirigeants et les activités de formation aux opérations contre les organisations extrémistes violentes.

    Les exercices militaires se sont déroulés en partie à Greir Labouhi, la zone limitrophe du Sahara occidental, à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest des camps de Tindouf (en territoire algérien) contrôlés par le Front Polisario, Des milliers de réfugiés sahraouis y vivent dans des conditions très difficiles, dans l’attente d’une solution au conflit, ce qui suscite à nouveau des attentes quant au conflit en territoire sahraoui et à l’abandon du gouvernement « progressiste » du Royaume d’Espagne à la cause de la République arabe sahraouie démocratique (RASD).

    Les Etats-Unis ont déjà reconnu l’occupation marocaine du Sahara, en tenant compte de la position du Maroc en tant que puissance occupante, et le gouvernement de Pedro Sánchez a reconnu la proposition marocaine pour le Sahara comme étant « la plus crédible, la plus sérieuse et la plus réaliste » pour résoudre le conflit dans le territoire sahraoui selon les postulats de l’ONU.

    La dépendance énergétique de l’UE

    Face aux besoins pressants en gaz naturel, en juillet, l’ancien premier ministre italien Mario Draghi a conclu un contrat gazier de 4 milliards de dollars avec Alger, en août, Macron s’est rendu en Algérie pour une « visite officielle et amicale », et en septembre, Charles Michel, le président du Conseil européen, s’est rendu à Alger pour augmenter les fournitures à l’Italie avec la possibilité d’augmenter les fournitures de gaz à l’Espagne.

    [1] Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo.

    [2] Cameroun, République centrafricaine, République du Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine et Tchad.

    Source

    #Afrique #Colonialisme #France #Etats_Unis #Spoliation #Ressources_naturelles

  • Réserves d’or : l’Algérie domine le classement africain

    Tags : Algérie, or, finances, Afrique,

    Parmi les plus importants pays détenteurs d’or dans le monde figure l’Algérie, c’est en tout cas ce que nous pouvons constater en jetant un coup d’œil sur le dernier rapport du conseil mondial de l’or (World Gold Council).

    En effet, cette organisation a dévoilé le tableau des nations ayant les plus grandes réserves de cette matière et notre pays arrive en première position sur le plan continental.

    S’élevant actuellement à 173,6 t de ce précieux métal dont les prix ne cessent d’augmenter en raison des difficultés que subit l’économie mondiale provoquée par la pandémie de Covid-19, cette quantité importante permet à l’Algérie de dominer le classement africain.

    L’Afrique du Sud avec 125,3 t occupe la deuxième place et c’est à la Libye avec ses 116,6 t que la troisième place revient. L’Egypte arrive au pied du podium avec 80 t tandis que le Maroc est cinquième avec 22,1 t.

    Le Nigeria (21,3 t), l’île Maurice (12,4 t), le Ghana (8,7 t), la Tunisie (6,8 t) et le Mozambique (3,9 t) complètent le top ten africain.

    Dans le monde arabe, l’Algérie est troisième dans le tableau, puisque l’Arabie Saoudite (323,1 t) et le Liban (286,8 t) la devancent.

    Il est nécessaire de souligner que le stock d’or de l’Algérie est resté le même depuis quelques années déjà, puisque c’est la même quantité parue dans les rapports publiés par le WGC en 2020 et 2021.

    #Algérie #Or #Finances

  • Le Franc CFA signé par un censeur français

    Tags : France, Afrique, Franc CFA, FCFA, monnaie, nécolonialisme, censeur, Françafrique,

    Depuis le 15 décembre la banque centrale de la zone CFA Afrique centrale a émis de nouvelles coupures .

    Remarques : parmi les signataires, outre le gouverneur qui est un tchadien il y a la signature d’un censeur qui est un Français. Une monnaie sous tutelle de Paris

    L’impression des francs CFA, se fait à Chamalières par la Banque de France depuis sa création par décret de Degaule en 1945

    Tous les ans, la Banque de France reverse les intérêts obligataires de leurs réserves aux pays africains. C’est aussi en France que sont imprimés les CFA

    Les pays de la zone CFA depose 50% de leurs réserves en devise au tresor public Français. Cette monnaie crée par décret en 1945 par Degaule juste après la seconde guerre mondiale favorise en réalité une fuite des capitaux qui prive l’Afrique de toute possibilité de développement d’un entreprenariat local. La liberté totale des transferts de capitaux entre les deux zones aboutit en effet à un rapatriement massif des bénéfices des investisseurs étrangers vers leur maison mère le cas de Bouygues Bolloré, Orange, Lafarge, EDF…

    Source : Twitter

    #France #Afrique #Franc_CFA #FCFA #Françafrique #Néocolonialisme

  • Les États-Unis s’efforcent de contrer l’influence russe et chinoise en Afrique

    Tags : Afrique, Etats-Unis, Chine, Russie, sécurité alimentaire, sécurité, défense,

    Washington organise le deuxième sommet des dirigeants américains et africains en un siècle ; la réunion portera sur la sécurité alimentaire après l’invasion de l’Ukraine et sur le défi climatique.

    Huit ans se sont écoulés depuis qu’en 2014, l’administration Obama a accueilli des dizaines de hauts dirigeants dirigeant le continent africain pour tenter d’approfondir les relations entre les deux vastes territoires. En décembre dernier, quelques semaines avant que le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, n’entame sa tournée de plusieurs pays africains début janvier, c’est Biden qui a dirigé une autre réunion avec ses homologues africains. Il s’agit de la deuxième réunion de ce type depuis le début du siècle.

    Ainsi, mardi 13 décembre, la ville de Washington a reçu la visite de près de cinquante chefs d’État et de gouvernement africains (avec les absences notables de la Guinée-Conakry, du Soudan, du Mali et du Burkina Faso, ainsi que celles de l’Érythrée et des représentants du Polisario), ainsi que d’importantes personnalités de l’Union africaine, qui resteront pour les trois jours du sommet et qui aborderont des questions telles que la sécurité alimentaire – dans le sillage de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et face aux effets du changement climatique – les défis en matière de sécurité et de défense, l’influence de la Chine en Afrique et les possibilités d’investissement mutuel.

    L’administration Biden s’efforce d’approfondir les partenariats qui favorisent l’innovation en Afrique de trois manières principales », a déclaré le secrétaire d’État américain Antony Blinken lors de son discours dans la salle de conférence Benjamin Franklin : investir dans les infrastructures pour jeter les bases de l’entrepreneuriat africain, investir dans les leaders émergents et encourager une plus grande participation des entreprises américaines sur le continent. « L’Afrique n’a pas besoin d’aide, elle a besoin d’innovation », a souligné M. Blinken, « et aucun d’entre nous ne peut résoudre les défis régionaux auxquels nous sommes confrontés si nous ne travaillons pas ensemble ».

    Le sommet des dirigeants américano-africains a donc débuté par un accent sur la société civile, ainsi que par des débats et des tables rondes sur la santé, la sécurité, le changement climatique et la coopération entre gouvernements. L’événement de mercredi sera axé sur le forum Afrique-États-Unis et réunira plus de 300 entreprises, tandis que le jeudi verra des discussions de haut niveau sur la sécurité alimentaire.

    Cependant, loin d’être purement diplomatiques dans un sens bilatéral, les efforts des États-Unis pour améliorer leurs relations avec l’Afrique ont des motivations secondaires : éloigner le continent de l’influence politique, économique et commerciale de Moscou – dans le contexte de la guerre en Ukraine – et contrebalancer la présence économique de la Chine sur le continent.

    55 milliards de dollars et le G20 pour éloigner le continent de Moscou

    La mobilisation d’une grande partie de l’Occident pour défendre l’Ukraine a été l’une des plus grandes réussites de la Maison Blanche pendant le mandat de M. Biden, mais certains des pays africains qui se considèrent comme les plus touchés par les ruptures d’approvisionnement – étant profondément dépendants des importations de grains et de céréales russes et ukrainiens – se sont placés dans le bloc des nations qui refusent de condamner l’attaque russe, affirmant qu’il y a « peu d’avantages à mettre Moscou en colère ». Et ce, malgré la position officielle de l’Union africaine qui condamne l’invasion.

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  • Le Maroc réécrit l’histoire de la Coupe du monde africaine

    Tags : Maroc, Coupe du Monde 2022, Mondial 2022, Qatar 2022, Afrique,


    DOHA, 12 décembre (Reuters) – Les équipes africaines ont obtenu plusieurs résultats de taille lors des Coupes du monde, mais rien de comparable au parcours sans précédent du Maroc au Qatar, qui alimente les espoirs d’une plus grande représentation lors des prochains tournois.

    Le Maroc a éliminé la Belgique, l’Espagne et le Portugal – tous classés dans le top 10 mondial – pour devenir la première équipe africaine à atteindre le dernier carré et il a maintenant en ligne de mire le scalp de la France, tenante du titre, mercredi.

    Le Cameroun a surpris l’Argentine, tenante du titre, lors du match d’ouverture de la Coupe du monde 1990 en Italie et a atteint les quarts de finale, tandis que le Sénégal a fait de même avec la France lorsqu’elle a commencé à défendre son titre en 2002.

    La défaite 1-0 de l’Algérie contre l’Allemagne de l’Ouest en 1982 est également l’un des résultats les plus surprenants de l’histoire du tournoi.

    Mais pour le reste, les réalisations du continent dans l’épreuve reine ont été limitées, raison pour laquelle le président de longue date de la Confédération africaine de football, Issa Hayatou, a mis un frein aux demandes de ses membres pour obtenir davantage de places en phase finale.

    « Nous avons besoin du résultat afin de présenter un dossier solide », a-t-il déclaré à plusieurs reprises lors des réunions de la CAF.

    Sur les 160 matches joués par les équipes africaines à la Coupe du monde, seuls 37 ont été remportés, soit un taux de réussite inférieur à 25 %.

    LES PREMIERS PARTICIPANTS

    L’Égypte a été le premier participant africain en 1934, sous la direction de l’entraîneur écossais James McCrae, mais elle est rentrée chez elle après un seul match, perdu 4-2 contre la Hongrie à Naples.

    La majeure partie de l’Afrique était encore sous domination coloniale lorsque la Coupe du monde a repris après la Seconde Guerre mondiale, mais au fur et à mesure que les pays accédaient à l’indépendance, le nombre de membres de la CAF augmentait et l’Afrique commençait à montrer ses muscles.

    Le continent a boycotté la Coupe du monde de 1996 en Angleterre parce que l’Afrique n’a pas obtenu de place dans la phase finale à 16 équipes – elle doit jouer pour une place avec des équipes d’Asie et d’Océanie – et pour protester contre l’entrée de l’Afrique du Sud de l’apartheid dans les qualifications.

    Une seule place africaine a été accordée à Mexique 1970, où le Maroc a terminé dernier de son groupe, bien qu’il ait tenu la Bulgarie en échec lors de son dernier match.

    Le Zaïre, aujourd’hui République démocratique du Congo, fait l’objet de moqueries en 1974 car il perd ses trois matches, dont un 9-0 contre la Yougoslavie. L’entraîneur yougoslave du Zaïre, Blagoje Vidinic, a changé de gardien de but après avoir été mené 4-0 en 22 minutes.
    DISGRÂCE DE GIJON

    En 1978, une victoire 3-1 de la Tunisie sur le Mexique en Argentine contribue largement à redonner le moral à l’Afrique. En 1982, deux équipes ont la malchance de ne pas se qualifier : le Cameroun rentre chez lui après trois matches nuls et l’Algérie est éliminée après la « honte de Gijon », lorsque l’Allemagne de l’Ouest bat l’Autriche 1-0 dans un résultat prétendument arrangé qui laisse les Nord-Africains à la troisième place du groupe.

    Les Allemands ont marqué très tôt et le match s’est progressivement détérioré jusqu’à devenir quasiment nul en seconde période. Par la suite, la FIFA a décidé que les deux derniers matchs de chaque groupe seraient joués simultanément pour éviter toute répétition.

    Le Maroc a été la première équipe africaine à se qualifier pour la deuxième phase à Mexico en 1986, en battant le Portugal pour terminer devant l’Angleterre dans son groupe.

    La qualification du Cameroun pour les quarts de finale en 1990 a captivé l’imagination du monde entier, en particulier les buts et les célébrations dansantes de Roger Milla, 38 ans, dont l’inclusion avait été ordonnée par le président du pays.
    HANDBALL

    Cet exploit laissait présager que l’Afrique ne tarderait pas à produire un vainqueur de la Coupe du monde, mais seuls le Sénégal, en 2002, et le Ghana, en 2010, ont réussi à atteindre les quarts de finale.

    Avec l’Afrique du Sud comme hôte en 2010, l’Afrique comptait six équipes, mais seul le Ghana a passé le premier tour, privé d’une place en demi-finale par une main controversée de l’Uruguayen Luis Suarez.

    La situation s’est encore aggravée en Russie en 2018, où aucune équipe africaine n’a atteint les huitièmes de finale, ce qui a suscité de sérieuses réflexions sur l’orientation du jeu sur le continent.

    Mais la promotion 2022 du Maroc a changé l’ambiance et sera célébrée dans les années à venir.

    L’Afrique dispose de neuf places – plus une éventuelle supplémentaire via les éliminatoires – pour la phase finale élargie à 48 équipes en 2026, mais il est désormais certain que des appels seront lancés pour en obtenir davantage lors des tournois suivants.

    Reuters

  • « Notre fierté » : le Maroc garde l’espoir de l’Afrique en Coupe du monde

    « Notre fierté » : le Maroc garde l’espoir de l’Afrique en Coupe du monde

    Tags : Qatar 2022, Maroc, Coupe du Monde, Mondial, Afrique,

    NAIROBI, Kenya (AP) – Pour beaucoup en Afrique, la performance de l’outsider du Maroc est la meilleure histoire de la Coupe du monde jusqu’à présent, avec les espoirs du continent qui s’envolent avant le match de samedi contre le Portugal.

    À travers le continent de plus de 1,3 milliard de personnes, les fans africains sont ravis que le Maroc soit devenu la quatrième équipe d’un pays africain à se qualifier pour les quarts de finale de la Coupe du monde, et la première en une douzaine d’années.

    L’avance du Maroc a également jeté des lueurs d’espoir pour d’autres équipes sur le continent, certains comme le président de l’Association de football du Soudan du Sud, Augustino Maduot Parek, affirmant que les équipes africaines peuvent être championnes de la Coupe du monde.

    « Le Maroc est notre fierté », a déclaré Maduot à l’Associated Press, ajoutant qu’il pense que l’équipe battra le Portugal et deviendra la première équipe africaine à se qualifier pour les demi-finales.

    Le Cameroun (en 1990), le Sénégal (2002) et le Ghana (2010) sont les seules équipes africaines à avoir atteint les quarts de finale d’une Coupe du monde. Aucune équipe africaine n’est allée plus loin.

    Beaucoup d’Africains disent qu’ils seront scotchés devant leurs écrans samedi.

    Le match attirera un fan zimbabwéen improbable, Marvelous Mutohwo, 34 ans, qui vit dans la capitale, Harare, et n’a pas regardé le football depuis des années.

    Regarder les matchs de la Coupe du monde joués la nuit au Zimbabwe demande des efforts et du courage pour les femmes. Les pannes d’électricité paralysantes signifient que les seuls endroits où regarder les matchs dans les cantons pauvres tels que la maison de Mutohwo à Mbare sont des bars qui sont souvent remplis de buveurs masculins qui considèrent les clientes comme des objets sexuels.

    Pour contrer le harcèlement potentiel, Mutohwo et ses amis prévoient de se regrouper et de regarder le match en équipe.

    « C’est moins risqué si on y va en groupe », dit-elle en tressant les cheveux de son amie. « Au moins, j’aurai quelque chose à dire quand les gens discuteront de football, car le football est ce dont tout le monde parle ces jours-ci. Il y a tellement d’excitation qu’une équipe africaine fasse les choses en grand au Qatar, je ne peux pas manquer ça !

    En Somalie, où la plupart des gens se considèrent comme des Arabes, le soutien enthousiaste au Maroc a conduit un jeune homme à abandonner son soutien de longue date au Portugal en quarts de finale.

    Hussein Idow Ali, 23 ans, a déclaré qu’il « soutiendra le Maroc en tant que pays africain et nos frères arabes et musulmans, et je souhaite qu’ils apportent un trophée de la Coupe du monde à Rabat, mais s’ils perdent, je pourrais retourner au Portugal, que je ne souhaite pas que cela se produise.

    Abdullahi Hassan Suleyman, commentateur de football et journaliste basé à Mogadiscio, la capitale somalienne, a déclaré que la performance du Maroc était inattendue.

    « Le Maroc est une équipe solide, mais personne ne s’attendait à ce qu’elle puisse gagner contre la Belgique ou l’Espagne », a-t-il déclaré. Il a déclaré qu’il pensait que les équipes nationales de la Coupe du monde n’avaient pas eu assez de temps pour se préparer, il n’est donc «pas surprenant» que le Maroc réussisse une autre surprise contre le Portugal, mais il estime les chances du Maroc de remporter la Coupe du monde à seulement 5% .

    Au Maroc, l’euphorie autour de l’équipe a même emporté les étrangers qui y vivent.

    Une étudiante gambienne, Fattoumata Jarbi, a décrit l’atmosphère après la victoire du Maroc contre l’Espagne mardi.

    « J’avais mon chapeau marocain avec moi, je criais et je sautais dans ma chambre quand j’ai su qu’ils se qualifiaient pour les quarts de finale », a déclaré Jarbi.

    Un étudiant libérien, Sidiki Sanoe, a déclaré que cette victoire envoyait un message fort au monde.

    « Ce que nous, Africains, essayons d’accomplir va bien au-delà du football », a-t-il déclaré. « Nous essayons de dire au monde que les Africains ont des talents. Nous sommes très talentueux, nous pouvons viser de meilleures choses et nous pouvons réussir.

    L’entraîneur du Maroc, Walid Regragui, est une autre source de fierté en tant qu’entraîneur local de l’équipe nationale. Toutes les équipes africaines de la Coupe du monde cette année ont eu des entraîneurs locaux, un changement par rapport au passé où la plupart des équipes avaient des entraîneurs européens.

    Regragui est le premier entraîneur africain à avoir dirigé une équipe qualifiée pour les quarts de finale de la Coupe du monde.

    https://www.seattletimes.com/sports/our-pride-morocco-keeps-africas-hope-alive-in-world-cup