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  • Burkina Faso : Face à l’insuffisance de l’aide humanitaire, plus de 2 millions de personnes déplacées

    Etiquettes : Burkina Faso, aide humanitaire, sécurité alimentaire, Al Qaïda, Etat Islamique,

    La violence liée à Al-Qaïda et au groupe État islamique a fait du Burkina Faso l’un des pays comptant l’une des populations de déplacés internes dont la croissance est la plus rapide au monde, leur nombre ayant augmenté de plus de 2 % depuis 000, selon les données du gouvernement.

    Les chiffres publiés le mois dernier ont montré que plus de 2 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays d’Afrique de l’Ouest, la majorité d’entre elles étant des femmes et des enfants, alimentant une grave crise humanitaire alors que le conflit a poussé les gens à quitter leurs maisons, leurs fermes et à se réfugier dans des zones urbaines surpeuplées ou des camps de fortune.

    Les groupes d’aide et le gouvernement se démènent pour répondre au manque de fonds et aux besoins croissants. Une personne sur quatre a besoin d’aide et des dizaines de milliers de personnes sont confrontées à des niveaux catastrophiques de famine. Pourtant, même pas la moitié du budget de réponse humanitaire de 800 millions de dollars demandé l’année dernière par les groupes d’aide a été financée, selon les Nations Unies.

    LIRE AUSSI : Plus de 16 millions de personnes ont besoin d’aide au Burkina Faso, au Mali et au Niger

    « Le spectre des conséquences (pour les gens) est vaste mais sombre à chaque point. Beaucoup de gens pourraient mourir, et ils meurent parce qu’ils n’ont pas pu accéder à la nourriture et aux services de santé, parce qu’ils n’étaient pas correctement protégés, et que l’aide humanitaire et la réponse du gouvernement n’étaient pas suffisantes », a déclaré Alexandra Lamarche, chercheuse principale au groupe de défense Refugees International.

    La violence a divisé une nation autrefois pacifique, conduisant à deux coups d’État l’année dernière. Les chefs militaires ont promis d’endiguer l’insécurité, mais les attaques djihadistes se sont poursuivies et se sont propagées depuis que le capitaine Ibrahim Traoré a pris le pouvoir en septembre.

    Le gouvernement conserve le contrôle de moins de 50% du pays, principalement dans les zones rurales, selon les analystes du conflit. Al-Qaïda et les groupes affiliés à l’État islamique contrôlent ou menacent de vastes zones, a déclaré Rida Lyammouri, chercheur principal au Policy Center for the New South, un groupe de réflexion basé au Maroc.

    « Les forces de sécurité de l’Etat n’ont pas les ressources (humaines et matérielles) pour combattre les deux groupes sur tous les fronts », a-t-il déclaré.

    La stratégie des djihadistes consistant à bloquer les villes, à empêcher les gens de circuler librement et les marchandises d’entrer, a aggravé la crise des déplacements. Quelque 800 000 personnes dans plus de 20 villes sont assiégées, selon des groupes d’aide.

    LIRE AUSSI : L’impact de la crise alimentaire et nutritionnelle sur les enfants au Burkina Faso et au Niger

    « La situation est très difficile. … Les gens n’ont pas de nourriture, les enfants n’ont pas d’école », a déclaré Bibata Sangli, 53 ans, qui a quitté la ville de Pama, dans l’est du pays, en janvier 2022, juste avant qu’elle ne soit assiégée. Elle a encore de la famille là-bas qui ne peut pas partir, a déclaré Sangli.

    Un leader communautaire qui a rencontré l’année dernière Jafar Dicko, le principal djihadiste au Burkina Faso, a déclaré que le groupe de Dicko bloquait les villes qui n’acceptaient pas ses règles, telles que l’interdiction de l’alcool et l’obligation pour les femmes de se voiler le visage. Le chef a parlé sous condition d’anonymat parce qu’il n’était pas autorisé à parler aux médias.

    En janvier, les Nations Unies ont commencé à utiliser des hélicoptères de transport lourd Chinook pour transporter de la nourriture par avion vers des zones inaccessibles par la route – une approche extrêmement coûteuse. Les trois Chinook ont été réduits à un seul en mai, ce qui rend plus difficile d’atteindre un grand nombre de personnes aussi rapidement.

    Alors que la situation humanitaire se détériore, la capacité des groupes d’aide à opérer augmente également.

    Depuis le début des prises de contrôle militaires du gouvernement du Burkina Faso en janvier 2022, les incidents contre les organisations humanitaires perpétrés par les forces de sécurité sont passés d’un en 2021 à 11 l’année dernière, selon des données non publiées pour les groupes d’aide consultées par l’Associated Press. Au cours de ces incidents, des travailleurs ont été arrêtés, détenus et blessés.

    LIRE AUSSI : Rapport de situation humanitaire de l’UNICEF au Burkina Faso n° 4 : avril 2023

    En novembre, les forces de sécurité ont tué un travailleur humanitaire d’une organisation humanitaire burkinabè dans la région du Sahel, la vaste étendue sous le désert du Sahara, selon un SMS envoyé à un groupe WhatsApp de travailleurs humanitaires vu par l’AP.

    Les groupes de défense des droits de l’homme, les analystes et les civils affirment que Traoré, le chef de la junte, se concentre uniquement sur la réalisation de gains militaires et se soucie peu des droits de l’homme, de la liberté d’expression ou de la responsabilisation des personnes accusées de soutenir les militants.

    Les forces de sécurité du Burkina Faso ont tué au moins 150 civils dans le nord en avril, selon des habitants du village de Karma, où la plupart des violences ont eu lieu. Les procureurs ont déclaré avoir ouvert une enquête sur les meurtres.

    Plus tôt cette année, une enquête de l’AP sur une vidéo circulant sur les médias sociaux a déterminé que les forces de sécurité du Burkina Faso avaient tué des enfants dans une base militaire dans le nord du pays.

    LIRE AUSSI : Le Burkina Faso rejette un «accord d’assistance militaire» avec la France datant de 1961

    Pendant que le gouvernement fait la guerre, les civils en font les frais et perdent espoir.

    Après que des djihadistes ont attaqué son village dans l’est du Burkina Faso en avril, tuant des personnes et volant du bétail, un père de cinq enfants, qui ne voulait pas être identifié pour des raisons de sécurité, a fui vers Fada N’Gourma, la principale ville de la région.

    Mais maintenant, sa famille n’a pas de nourriture ni accès aux soins de santé, et l’aide fournie par les groupes humanitaires n’est pas suffisante, a-t-il dit.

    « Depuis que nous avons été déplacés, notre situation ne cesse d’empirer », a déclaré cet homme de 46 ans. « Ma maison me manque. »

    #BurkinaFaso #Famine #Crise_alimentaire #Crise_sécuritaire

  • Saïd Bakhouche : De Guantanamo à une prison algérienne

    Saïd Bakhouche : De Guantanamo à une prison algérienne

    Etiquettes : Algérie, Guantanamo, Said Bakhouche, Al Qaïda, terrorisme, 11 septembre,

    Le cas de la disparition de Saïd Bakhouche en Algérie prouve que quitter Guantanamo ne signifie pas la fin de la torture. Pour beaucoup d’entre nous, c’est simplement la prochaine étape vers le même destin ou quelque chose de pire.

    Saïd Bakhouche – que je connais comme mon frère « Saïd», ou prisonnier 685 – était le dernier des 26 Algériens à Guantanamo. Ceux d’entre nous qui ont été libérés avant lui ont été très heureux d’apprendre qu’il avait finalement été rapatrié le 20 avril dans son pays d’origine, en tant qu’homme innocent.

    Mais au lieu de profiter de la joie et de la paix que le retour à la maison devrait apporter à un homme à qui 21 ans de vie familiale ont été enlevés, Saïd s’est incroyablement retrouvé dans une autre prison.

    Cette fois, il se trouve dans une prison à l’extérieur de la capitale algérienne, face à de nouveaux interrogateurs, sans représentation juridique et sans visites familiales – une situation pire qu’à Guantanamo. Cela fait maintenant un mois.

    Saïd a été interrogé et a fait l’objet d’enquêtes pendant 21 ans, soi-disant par les forces de l’ordre et les services de renseignement les plus puissants et les plus efficaces du monde – et pourtant il a quitté Guantanamo sans inculpation ni procès.

    Qu’est-ce que les Algériens pourraient bien découvrir après tout ce temps que les Américains n’ont pas pu découvrir ?

    Lutte contre les abus du terrorisme

    La portée juridique excessive combinée à l’absence de responsabilité à l’égard des principes de base d’une procédure régulière est devenue un schéma familier dans la « guerre contre le terrorisme ». Ce fait a été reconnu par l’ONU même si elle n’est pas en mesure d’y remédier.

    En tant que membre de l’ONU, l’Algérie a fait l’objet d’un quatrième examen périodique par le Groupe de travail de l’Examen périodique universel (EPU) du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies en novembre 2022, mais elle n’a pas accepté les recommandations générales relatives aux détentions arbitraires.

    Cela doit être considéré en combinaison avec l’extension du code pénal algérien en juin 2021 pour élargir la définition du « terrorisme » afin d’inclure entre 250 et 1 000 organisations politiques pacifiques et journalistes.

    Il n’est pas difficile d’imaginer comment une telle législation traiterait un homme de 52 ans libéré de Guantanamo sans inculpation.

    Il n’y a pas d’accusations et pas de jugements contre Saïd. Il a été blanchi par un comité d’examen périodique (PRB) après un processus qui ressemblerait à une comédie cruelle et décrépite si l’impact n’était pas si terrible sur la vie de Saïd.

    Saïd Bakhouche a été pris dans une chasse aux primes américano-pakistanaise post-9/11 dans une maison d’hôtes; il était faiblement lié à Abu Zubaydah et ces « liens » se sont révélés faux après 14 ans d’enquête alors qu’il était détenu à Gitmo ; puis il a été accusé de faire partie d’une « force » anonyme associée à Al-Qaïda, ce qui n’a été ni identifié ni prouvé.

    Le dossier militaire classifié de Saïd contient une photo qui est censée être de lui, mais qui n’est pas lui. Personne ne sait qui est l’homme sur la photo, mais cette photo a été affichée à l’extérieur de sa cellule à Guantanamo pendant 18 mois et montrée à d’autres prisonniers pendant les interrogatoires, l’incriminant.

    Une succession de juges a refusé de reconnaître ces erreurs évidentes et ces profondes injustices, de sorte qu’en 2018 et 2022, Saïd s’est joint à d’autres prisonniers pour refuser de comparaître devant le PRB. Il a été rapatrié par contumace.

    Un accueil pas si bon à la maison

    Vingt-six Algériens ont été rapatriés de Guantanamo. À leur retour chez eux, le gouvernement algérien n’a offert aucune forme d’aide ou de soutien à ces hommes libérés et exonérés.

    Au lieu de cela, ils m’ont dit que leurs droits civils (y compris leur droit à une protection juridique et à une procédure régulière) avaient été révoqués pendant un à trois ans.

    En plus de cela, ils doivent se présenter chaque semaine aux autorités. À tout moment, leurs mouvements peuvent être surveillés et ils peuvent faire face à des restrictions de voyage, dans le cadre de ce que les autorités américaines ont appelé, en gros, « le partage continu d’informations ». C’est une situation qui signifie qu’ils sont incapables de garder un emploi.

    Malgré cette interaction étroite avec l’autorité, il n’y a eu aucun soutien psychologique, social ou professionnel pour aider ces hommes à reprendre une vie normale.

    Un ancien prisonnier en Algérie, Sufyian Barhoumi, souffre d’un SSPT aigu, d’un handicap et d’autres problèmes de santé en raison de son incarcération, et se trouve un handicap pour sa famille. Il y a beaucoup de cas de ce genre parmi nous.

    En Algérie, une source interne a déclaré que les interrogateurs de Saïd ont immédiatement commencé à l’interroger sur les 21 années qu’il a passées à Guantanamo, depuis son arrivée en couches et entraves sur l’île cubaine, jusqu’au jour où il a été libéré 21 ans plus tard, sans aucune accusation contre lui.

    On ne lui a jamais offert d’avocat. Après dix jours d’interrogatoire intense, il s’est retrouvé devant un autre juge d’un autre tribunal, qui déciderait à nouveau de le libérer ou de l’envoyer en prison, et tout cela serait basé sur le rapport de ses interrogateurs et aucune preuve autre que celle-ci.

    La source a décrit le juge comme « de mauvaise humeur ».

    Saeed a répondu à toutes les questions qui lui ont été posées par le juge, mais il n’a pas admis les accusations dans le dossier – ni à ses interrogateurs ni au juge. Les superviseurs militaires de Saeed à Guantanamo l’ont décrit comme « calme » avec un « désir de poursuivre un mode de vie pacifique ».

    Lorsqu’il n’a pas admis les accusations, le juge lui a dit : « Tu seras dépouillé de tous tes droits civils. »

    Ce à quoi Saeed a répondu : « Alors renvoyez-moi à Guantanamo. »

    C’est la dernière fois que nous avons entendu parler de lui. Nous savons seulement qu’il a été envoyé dans une nouvelle prison, avec de nouveaux interrogateurs.

    Quel est l’accord des États-Unis avec l’Algérie ?

    Le gouvernement américain a grassement payé le gouvernement algérien. Mais rien de cet argent n’a fini par aider les hommes en Algérie à reconstruire leur vie. Donc, la question que nous posons est : quel genre d’accord le Département d’État américain a-t-il conclu avec le gouvernement algérien ?

    Saïd est accusé de « participation à l’étranger à une organisation terroriste et subversive » alors qu’il a été blanchi de telles activités par les États-Unis et qu’il a passé les 21 dernières années en prison. Cette situation seule rend ces allégations impossibles en premier lieu.

    Ces accusations ont été portées contre lui non pas par le gouvernement ou les tribunaux, mais par la Sécurité militaire, un appareil de sécurité qui ne répond qu’à l’armée. Cette hiérarchie institutionnelle dirigée par l’armée en Algérie a été développée et renforcée depuis 2015, et elle accorde à la Sécurité militaire l’impunité juridique.

    Cela doit être vu dans le contexte de l’allégeance de l’Algérie avec les États-Unis dans la lutte contre le terrorisme. Dès 2006, Amnesty International a signalé que cette allégeance avait précipité des mesures antiterroristes qui facilitaient la torture et la détention arbitraire par la sécurité militaire.

    De plus, les récentes prolongations de la législation antiterroriste en juin 2021 signifient que la sécurité militaire a obtenu un privilège supplémentaire pour arrêter des individus, tout en restant toujours irresponsable.

    Les États-Unis ne sont pas inconscients de ces développements. En mars, le département d’État a réitéré le soutien actif de Washington à l’armée algérienne, affirmant que « les engagements militaires entre les États-Unis et l’Algérie développeront davantage la capacité et la professionnalisation des forces de sécurité algériennes ».

    Les États-Unis ne tiennent pas les pays hôtes responsables

    Sur le papier et dans les relations publiques, les avocats et les commissions des libérations conditionnelles nous disent que les Algériens ont assuré aux États-Unis qu’ils respecteraient leurs responsabilités légales et en matière de droits de l’homme avec les anciens prisonniers de Guantanamo. Ces « assurances » sont enregistrées en relation avec les premiers transferts.

    Mais qu’en est-il des hommes comme Saïd? Et qu’en est-il des autres comme lui ?

    Que sait vraiment Washington de l’endroit où il se trouve et de ce qui nous arrive ?

    Le département d’État américain a un piètre passé à localiser les anciens prisonniers de Guantanamo qui ont été maltraités, torturés et emprisonnés malgré les accords selon lesquels ils seraient réinstallés pacifiquement.

    Sabri Al-Qurashi au Kazakhstan, qui a fait l’objet d’une enquête de The Intercept, a été libéré au Kazakhstan en 2014 où il n’a aucun statut légal, aucune pièce d’identité et où sa famille n’est pas autorisée à lui rendre visite, ce qui rend impossible la recherche d’un emploi et fait de lui un fantôme dans la société.

    Ravil Mingazov, emprisonné aux Émirats arabes unis depuis six ans, n’a pas eu accès à des avocats ni à sa famille, et nous n’avons eu aucune nouvelle de lui en deux ans, des hommes qui étaient avec lui en prison nous ont dit que la torture qu’il avait subie était pire que Guantanamo. Le département d’État est bien au courant de ces cas et d’autres, mais choisit de ne pas intervenir.

    Nous exigeons la libération immédiate de Saïd. Guantanamo ne nous a pas quittés, et nous n’avons pas quitté Guantanamo. Nous continuons d’attendre patiemment dans l’espoir du succès à venir.

    Source

    #Guanatanamo #Algérie #SaidBakhouche #AlQaïda #Terrorisme

  • Les États-Unis transfèrent un associé présumé d’Al-Qaïda de Guantanamo Bay à l’Algérie

    Topics : Al Qaïda, Guantanamo, Etats-Unis, Algérie,

    Les États-Unis ont transféré un associé présumé d’Al-Qaïda de Guantanamo Bay en Algérie, a annoncé jeudi le ministère de la Défense, dans le cadre des efforts continus de l’administration Biden pour fermer la prison.

    Said bin Brahim bin Umran Bakush, un algérien de 72 ans détenu à Guantanamo Bay depuis 20 ans, a été envoyé en Algérie après qu’une commission d’examen a déterminé qu’il n’avait plus besoin d’être détenu pour se protéger contre « une menace importante pour la sécurité nationale des États-Unis », a déclaré le ministère de la Défense. Le transfert comprenait un ensemble de mesures de sécurité, y compris la surveillance, les restrictions de voyage et le partage continu d’informations.

    L’administration Biden s’est donné pour priorité de réduire le nombre de détenus à Guantanamo Bay dans le cadre des efforts en cours pour fermer l’établissement pénitentiaire.

    Le mois dernier, les États-Unis ont transféré un présumé fabricant de bombes d’Al-Qaïda dans son Arabie saoudite natale après plus de 20 ans de détention. Deux semaines plus tôt, les États-Unis avaient transféré au Pakistan deux frères accusés de diriger des refuges d’Al-Qaïda.

    Le dernier transfert ramène le nombre de détenus à Guantanamo Bay à 30, dont 16 sont éligibles au transfert, selon le ministère de la Défense.

    Umran Bakush était un associé de confiance du facilitateur d’al-Qaïda Abu Zubaydah et de l’entraîneur d’al-Qaïda Ibn al-Shaykh al-Libi, selon les archives du gouvernement. À la fin des années 90, Umban Bakush a suivi une formation de base et avancée en Afghanistan, puis a servi comme instructeur dans un camp extrémiste, selon les archives.

    Il a été capturé dans un refuge en mars 2002, où des membres s’entraînaient pour de futures attaques, y compris des intérêts américains, selon les archives. Il a été transféré à Guantanamo Bay en juin 2002.

    Mais les enquêteurs n’ont jamais pu en savoir plus sur ce qui a motivé Umran Bakush à rejoindre prétendument al-Qaïda et à participer à la planification d’attentats terroristes, selon les archives, et il n’a jamais admis avoir participé à des activités extrémistes. Il a toujours nié toute implication dans des activités terroristes et a montré peu d’intérêt ou de sympathie pour Al-Qaïda ou les opinions islamiques radicales, selon les archives du gouvernement. Il n’a pas non plus montré un grand intérêt à être libéré de prison, mais il craignait de retourner en Algérie car il craignait que les autorités ne l’arrêtent.

    CNN

    #Algérie #AlQaïda #Guantanamo #Etats_Unis #Afghanistan

  • Mali : les FAMa visés par des «attaques simultanées» à Nara et Segou

    Tags : Mali, Sahel, terrorisme, Nara, Ségou, Katiba Macina, Al-Qaïda, Algérie,

    Les Forces armées maliennes (FAMa) ont affirmé mercredi avoir été visées par des «attaques simultanées» dans les régions de Nara et Segou, précisant avoir riposté sur «tous les mouvements suspects».

    «Attaques simultanées tôt ce matin mercredi sur les postes FAMa de Kalumba, non loin de Mourdiah, région de Nara et celui de Sokolo, à proximité de Diabaly dans la région de Segou», ont tweeté les FAMa.

    «Des tentatives d’infiltrations terroristes ont également visé l’un des check-points du camp Hamadoun Bocary Barry dit Balobo et de la cité de l’Armée de l’air à Sevaré, aux environs de 1h», a ajouté la même source, précisant que «les ripostes ont été faites sur tous les mouvements suspects».

    Dimanche, l’armée malienne avait affirmé avoir déjoué une nouvelle attaque contre un camp militaire du centre du pays. Elle intervenait, deux jours après l’attaque de Kati, au cœur de l’appareil militaire malien, revendiquée par les terroristes de la Katiba Macina, affiliée à Al-Qaïda. Cette attaque suicide commise avec deux camions piégés a tué au moins un soldat malien, fait six blessés, dont un civil, tandis que sept assaillants ont été «neutralisés» et huit autres arrêtés.

    Et jeudi, une série de raids quasi-simultanés attribués à des terroristes avaient frappé six localités différentes du Mali, dans les régions de Koulikoro (proche de Bamako) ainsi que de Segou et Mopti (centre).

    Bamako souhaite que l’Algérie continue d’avoir un rôle moteur au Mali

    Le Mali se réjouit de l’intérêt qu’accorde le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, à la relation entre Alger et Bamako, a indiqué dimanche soir le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale malien, Abdoulaye Diop, soulignant que son pays souhaitait que l’Algérie continue d’avoir un rôle moteur au Mali.

    «Je me réjouis de l’intérêt et de l’importance qu’accorde le président Tebboune à la relation entre le Mali et l’Algérie qui doit être toujours un facteur pour la paix et la stabilité dans la région», a affirmé M. Diop à l’issue de ses entretiens avec le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra.

    «Nous nous sommes particulièrement réjouis dernièrement aussi des déclarations fortes tenues par le président Tebboune qui a réaffirmé  l’attachement de l’Algérie à l’unité et à l’intégrité territoriale du Mali (et) à l’importance pour les parties maliennes d’avancer plus vite et plus en profondeur par rapport à l’application de l’Accord pour la paix et la  réconciliation issu du processus d’Alger, qui est d’abord dans l’intérêt des Maliens eux-mêmes», a-t-il souligné.

    Outre l’Accord d’Alger, le ministre malien a relevé avoir échangé avec son homologue algérien «sur la nécessité de travailler davantage à une  réactivation des cadres et mécanismes de concertation et de dialogue».

    «Je crois que le comité bilatéral stratégique que nous avons mis en place s’est déjà réuni 17 fois et a permis de créer, dans un cadre souple et pragmatique, des consultations régulières sur des questions politiques et de développement et sur une autre lecture de la situation d’ensemble dans  la région», a-t-il expliqué.

    Selon M. Diop, l’Algérie et le Mali regardent dans la même direction et  partagent les mêmes préoccupations, soulignant que le président Tebboune et le président de transition malien Assimi Goïta «sont conscients du lien fort, séculaire, géographique, historique et même culturel qui unit les  deux pays ».

    APS

    #Mali #Sahel #Terrorisme

  • Instabilités sur la frontière sud de l’Europe : questions de sécurité dans la région Sahel-Maghreb ?

    Instabilités sur la frontière sud de l’Europe : questions de sécurité dans la région Sahel-Maghreb ?

    Tags : Sahel, Maghreb, EIGS, État Islamique au Grand Sahara, GSIM, Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans, Al Qaida, ISWAP, Etat Islamique en Afrique de l’Ouest, Boko Haram, Libye,

    La COVID-19 doit être appréhendée comme un flux mondialisé dans un contexte international en dégradation rapide et durable (Revue stratégique et de sécurité nationale, 2017). La pandémie a constitué un événement qui introduit du trouble. Comme pour tout événement « extraordinaire » de ce type, certains acteurs y ont vu une opportunité pour remettre en cause le fonctionnement et les rapports ordinaires dans les relations internationales. C’est particulièrement vrai dans les zones les plus belligènes du monde. Or, si l’on adopte le point de vue d’Edgar Morin, on peut voir au sud de l’Europe « une ligne sismique (qui) partant du Caucase et s’avançant en Méditerranée, concentre en elle de façon virulente, l’affrontement de tout ce qui s’oppose sur la planète : Occident et Orient, richesse et pauvreté ».

    En d’autres mots, cela revient à considérer que la frontière sud de l’Union européenne est un espace qui concentre une série de problématiques liés à cette ligne de fracture. La Méditerranée se caractérise comme une interface entre deux espaces très contrastés. Dans le cadre de la globalisation, cela se traduit notamment par des flux illicites, humains ou matériels, des Sud vers le Nord.

    La région Sahel-Maghreb constitue ainsi un espace d’importantes circulations migratoires mais aussi une voie d’acheminement d’armes, de drogues (cannabis, cocaïne, etc.)… La configuration géographique de la Méditerranée explique que les différents flux se concentrent plus particulièrement dans certaines zones (notamment les détroits de Gibraltar et de Sicile). Le traitement nécessairement sécuritaire des uns (drogues,…) s’est largement étendu aux autres (migrations à but économique) avec notamment le rôle de Frontex et les évolutions du fonctionnement cette agence. Le rôle des organisations criminelles transnationales dans ces circulations illicites est également un paramètre explicatif du prisme sécuritaire des politiques publiques, nationales ou européennes, sur les flux migratoires passant la frontière extérieure.

    Après les « printemps arabes », alors que se déroule une guerre civile en Libye, les coopérations précédemment nouées entre l’Union européenne et les Etats du Maghreb sont fortement fragilisées. On observe dès lors à des occurrences croissantes de morts et/ou de situations de détresse de migrants en Méditerranée qui participent à des tensions entre acteurs, institutionnels ou de la société civile, voire entre Etats.

    À ces éléments de contexte proprement méditerranéen viennent s’ajouter d’autres problématiques à l’échelle Maghreb-Sahel. Le contexte géographique (très faible densité dans le Sahara) et géopolitique (notamment la poussée de l’islamisme radical) a fait de la bande sahélo-saharienne un espace de fixation de groupes djihadistes (actuellement l’EIGS- État Islamique au Grand Sahara – ; le GSIM -Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans – affilié à Al Qaida, et plus au sud, ISWAP – Etat Islamique en Afrique de l’Ouest – et Boko Haram). Après l’intervention française Serval (2013-2014), des dispositifs de maintien de la paix ont été mis en place : Minusma, coopération régionale dans le cadre du G5 Sahel, appui français avec l’opération Barkhane pour ne citer que les principaux.

    Les récents coups d’Etat au Mali et au Burkina Faso et leurs conséquences (notamment la fin de l’opération Barkhane) ouvrent la voie à de nouvelles recompositions des dispositifs de maintien de la paix et de la sécurité dans la région. Ces recompositions doivent être interrogées et mises en regard avec les évolutions internes des Etats du Maghreb. Par ailleurs, la crispation des relations entre Maroc et Algérie complexifie les processus de politiques régionales de paix et de sécurité. Enfin, dans un contexte de recompositions des domaines de conflictualités (multi-champs, multi-domaines), l’émergence stratégique et militaire de puissances non riveraines de la Méditerranée occidentale ou du Sahel participent aux dynamiques de déstabilisation de la zone.

    On observe ainsi une nette réaffirmation de l’influence russe dans la région. Elle s’est notamment traduite par des propositions d’assistance militaire, directe ou indirecte (groupe Wagner), en Libye ou encore au Mali, mais aussi plus largement par un travail sur l’information et les perceptions du jeu international par les populations locales. Les enjeux sur la frontière sud de l’Union européenne doivent ainsi être posés à plusieurs échelles géographiques et temporelles.

    A l’échelle géographique la plus resserrée, après la période de gestion exceptionnelle qu’a pu entraîner la pandémie de Covid, il s’agit de redéfinir une politique de contrôle de la frontière extérieure de l’Union européenne, en partenariat avec les Etats de transit des différentes formes de flux illicites sur la rive Sud.

    Cette politique doit prendre en compte les enjeux pour les sociétés du Maghreb : enjeux sociétaux générationnels, démocratiques, de développement économique, place de l’islamisme, … A une échelle plus large, il s’agit de réorganiser les politiques de stabilisation de la zone sahélienne ou de la Libye, de mettre en place ou de consolider ces politiques dans une articulation des trois D (défense, diplomatie, développement) prenant en compte le paramètre des changements climatiques. Pour ce faire, il convient d’analyser le jeu de l’ensemble des acteurs, et pas seulement régionaux ou étatiques, qui interagissent.

    Walter BRUYÈRE-OSTELLS (modérateur), professeur des Universités en Histoire contemporaine à Sciences Po Aix, co-responsable du master Géostratégie, défense et sécurité internationale et du mastère spécialisé Renseignement

    Source : Revue Diplomatie, décembre

    #Maghreb #Sahel #Mali #Burkina_Faso #Libye

  • La leçon française sur la façon de ne pas combattre le terrorisme

    La leçon française sur la façon de ne pas combattre le terrorisme

    France, Mali, Sahel, Barkhane, Al Qaïda, Etat Islamique,

    Par William Drozdiak

    PARIS – Le retrait des dernières troupes françaises restantes du Mali ce mois-ci a porté un coup sérieux aux efforts militaires occidentaux pour limiter une menace islamiste croissante qui se propage dans la région du Sahel en Afrique.

    L’échec de la mission militaire française, qui comprenait jusqu’à 5000 soldats dans ce qui est devenu connu sous le nom d’opération Barkane, démontre les difficultés déconcertantes de mener une campagne de contre-insurrection contre les restes régionaux d’Al-Qaïda et de l’État islamique. Cela soulève également des inquiétudes quant au fait que la Russie et la Chine pourraient entrer dans le vide géopolitique laissé par des gouvernements occidentaux frustrés et impatients.

    Alors que les États-Unis réfléchissent aux leçons de leur lutte de 20 ans contre les talibans en Afghanistan, qui s’est soldée par une sortie chaotique il y a un an, la France reconsidère sa propre stratégie pour faire face à la prolifération de militants islamistes dans nombre de ses anciennes colonies africaines.

    Le président Emmanuel Macron a chargé ses principaux chefs et conseillers de la défense de revoir toutes les postures militaires de la France sur le continent après l’échec de l’éradication de la menace posée par les radicaux islamistes violents.

    Le départ français a ouvert la porte aux mercenaires russes du groupe Wagner, une entreprise de sécurité privée liée au Kremlin. Les dirigeants du Mali affirment que la décision de la France de rompre les relations ne leur a laissé d’autre choix que de rechercher d’autres partenaires. On estime que jusqu’à 1000 mercenaires russes sont descendus au Mali ces derniers mois, dans l’espoir d’être payés avec de l’or extrait des mines locales. La Chine envisage également des moyens d’étendre son implication dans la région et d’exploiter ses richesses minérales.

    Le Sahel, une vaste région semi-aride séparant le désert du Sahara au nord des savanes tropicales au sud, est devenu ces dernières années un terreau fertile pour les terroristes islamistes qui ont exploité les griefs locaux contre la corruption et la brutalité des dirigeants militaires. Le Sahel abrite la population qui connaît la croissance la plus rapide au monde et est également l’un des plus pauvres, avec 80 % de la population vivant avec moins de 2 dollars par jour. La région comprend quatre pays riverains du lac Tchad – le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Nigéria – ainsi que le Burkina Faso, la Gambie, la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal.

    Environ 4 millions de personnes ont été déplacées par les combats et plusieurs milliers sont mortes. Le désespoir de la population locale a été aggravé par la sécheresse persistante alors que le changement climatique propage la désertification dans la région. On estime que 50 millions de personnes tirent leur subsistance quotidienne du lac Tchad, qui, selon les experts, s’évaporera d’ici une décennie et forcera ces résidents à se déplacer, créant des difficultés encore plus grandes pour la région.

    La mission française au Mali a commencé il y a neuf ans avec une série de succès prometteurs pour repousser l’avancée des militants islamistes vers la capitale Bamako. Mais les relations ont fini par se rompre entre les forces françaises et les dirigeants militaires du Mali, qui ont pris le pouvoir il y a deux ans. Un deuxième coup d’État a eu lieu l’année dernière. Les dirigeants de l’armée ont refusé de céder le pouvoir aux civils comme l’avait demandé la France.

    Le retrait français du Mali pourrait mettre en péril le sort de la mission de maintien de la paix des Nations Unies connue sous le nom de MINUSMA, qui compte quelque 14 000 soldats stationnés là-bas. Des contingents britanniques et allemands devraient bientôt suivre l’exemple français en quittant le pays.

    Les forces françaises ont remporté quelques victoires au cours de leur longue campagne et estiment avoir tué environ 2700 militants, mais la menace islamiste continue de croître et d’attirer des recrues parmi les jeunes mécontents. Les guérilleros islamistes se sont étendus au-delà du Mali au Burkina Faso et au Niger et ont récemment semé la terreur plus au sud dans des États côtiers comme le Bénin et la Côte d’Ivoire.

    Indépendamment de leur ferveur politique ou religieuse, les militants ont pu réaliser leurs gains territoriaux en grande partie en capitalisant sur les forces pernicieuses du changement climatique, de la sécheresse, de la diminution de la production alimentaire et, surtout, de l’augmentation rapide des taux de natalité.

    On voit mal comment ces sociétés appauvries pourront faire face au quadruplement de leur population dans les décennies à venir, comme prévu par les Nations Unies. D’ici la fin de ce siècle, le Mali devrait passer de 20 millions à 85 millions d’habitants, et l’État encore plus pauvre du Niger passera de 25 millions à 165 millions d’habitants.

    Comme les États-Unis l’ont découvert en Afghanistan, même les armées les plus modernes ne peuvent réussir à combattre les insurgés islamistes uniquement avec des armes puissantes. Alors que la France apprend à ses dépens en Afrique, la lutte contre les islamistes violents ne peut être gagnée qu’en combinant les prouesses militaires avec une gouvernance locale plus efficace. Il est vital de lutter contre la corruption et d’améliorer la vie des civils grâce à de meilleures écoles, des cliniques médicales, de l’eau potable et des approvisionnements alimentaires suffisants.

    Vaincre les extrémistes islamistes ne peut se faire qu’en donnant aux populations locales l’espoir d’une vie meilleure, et non une cause pour laquelle mourir.

    The Washington Post, 29/08/2022

    #France #Mali #Sahel #Barkhane

  • Mali: JNIM, Daech, Wagner, FAMA qui se bat contre qui?

    Mali: JNIM, Daech, Wagner, FAMA qui se bat contre qui?

    Mali, Sahel, JNIM, Daech, Al Qaïda, France, Barkhane, Niger, Burkina Faso, Russie, Wagner,

    Selon le site 20 Minutes, l’armée française, poussée au départ du Mali, n’a pas fini de se battre contre les principaux groupes terroristes qui sévissent au Sahel.

    D’un côté, Al-Qaïda et Daech, sont implantés depuis des années en Afrique subsaharienne. Aqmi y sévit sous la bannière du JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), la branche officielle d’Al-Qaïda au Mali. Et Daesh. Des combats opposent régulièrement les deux groupes, sur les zones frontalières, au Niger, Burkina Faso et Mali.

    L’Association malienne pour la survie du Sahel (AMSS) rapporte ainsi des « combats meurtriers » entre les deux groupes qui ont eu lieu en février dernier dans le cercle d’Ansongo qui se trouve au carrefour des deux pays voisins du Mali à savoir le Niger et le Burkina Faso.

    De leur part,les forces armées maliennes, soutenues par la Russie, tentent tant bien que mal de combattre, mais les résultats se font attendre. « Même avec la France elle n’y arrivait pas, donc là elle y parvient encore moins, même aidée par Wagner, car ce sont des mercenaires pas professionnels et sans équipements et moyens de professionnels », rapporte Wassim Nasr. Wagner, ce sont ces mercenaires russes également déployés Syrie ou plus récemment dans l’Est de l’Ukraine.

    Les forces françaises qui ont quitté le Mali et sont installées au Niger. Elles agissent avec beaucoup de discrétion. Au Niger par exemple, « elle ne brandit pas le drapeau tricolore, contrairement au Mali », souligne Wassim Nasr. Elle est bien présente, mais n’en fait pas particulièrement état. D’ailleurs, cette collaboration avec Niamey, se passe plutôt bien et est « assez efficace », précise le spécialiste, avec « un bon niveau de confiance mutuelle ».

    #Mali #Sahel #France #JNIM #Daech #FAMA #Barkhane #Niger

  • Crise malienne et situation dans le Sahel -Note du MAEC-

    Crise malienne et situation dans le Sahel -Note du MAEC-

    Mali, Sahel Azawad, MNLA, Maroc, Al Qaïda, FLNA, MUJAO, Algérie, CEMOC, Ansar Eddine, CEDEAO, Mauritanie, Niger,


    ⦁ Depuis le mois de mars, le Mali connaît une grave crise : les rebelles du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) revendiquent la région de l’AZAWAD, coupant ainsi le pays en deux. D’une part, le groupe des Ansar-dine veulent une application stricte de la Chariaa sur l’ensemble du territoire national, d’autre part des sous-officiers s’estiment trahis par leur hiérarchie et provoquent une insurrection. Les trois régions du nord Mali, Tombouctou, Gao et Kidal ne sont plus sous le contrôle étatique. Le président Amadou Toumani Touaré est renversé, un nouveau gouvernement est mis en place.

    ⦁ Grave au Nord, la crise est violente à Bamako avec un risque de devenir une crise africaine généralisée avec une économie criminelle à travers les exportations irrégulières et illégales des produits nationaux (coton et or) et les trafics (armes et drogues). Au Libéria, au Sierra Léone et en Côte d’Ivoire, des cartels risquent d’entrer en action pour  promouvoir les trafics illicites en tout genre. Au Nord, les rebelles disposent déjà de trois aéroports  : Gao, Tessalit et Tombouctou qui peuvent accueillir de gros porteurs et recevoir tous les commerces, y compris ceux de la drogue, des armes et aussi des militants étrangers.

    ⦁ L’armée nationale est divisée à tous les niveaux et la classe politique est également éclatée.

    ⦁ Les radicaux (Aqmi, Ansar Dine, Mujao, Boko Haram) qui occupent le Nord et les autres groupes, le MNLA en particulier et le FLNA jouent la compétition au plus extrémiste. Les islamistes veulent renforcer globalement leur présence, ce qui cependant comporte des risques de division. L’incertitude politique et sécuritaire à Bamako les aident à renforcer leurs rangs, leur unité, leur expansion et l’exécution de leur agenda.

    ⦁ L’appel à l’envoi des troupes étrangères au Mali constitue une excellente publicité pour les jihadistes. Il facilite les recrutements, donne du prestige aux radicaux et attire les combattants étrangers. Si les troupes de la CEDEAO n’interviennent pas il y aura certainement une déconsidération pour cette organisation.

    I. La crise malienne
    1. Eléments de rappel  :
    ⦁ 22 mars 2012  : Prise du pouvoir à quelques jours des élections présidentielles. Le président malien, Amadou Toumani Touré (ATT) est renversé par des éléments de l’armée. Des mutins ont arrêté une grande partie des membres du gouvernement. Le Mali fait alors face à une crise institutionnelle et sécuritaire grave.

    ⦁ Ce coup d’état a été suivi d’un effondrement de l’armée malienne dans la partie nord du pays où la rébellion touarègue, aux côtés de laquelle évoluent des groupes relevant d’Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), a annexé d’importants territoires, s’emparant successivement des villes de Kindal, Gao et Tombouctou.

    ⦁ 2 avril 2012  : Pour obliger les mutins à restituer le pouvoir aux autorités civiles, la CEDEAO adopte des sanctions économiques, financières et diplomatiques à l’encontre de la junte à Bamako, en décrétant notamment un embargo total sur le pays.

    ⦁ 6 avril 2012  : le principal groupe d’opposition touarègue, le MNLA, revendique Kidal, Gao et Tombouctou afin de créer un nouvel Etat, la République de l’Azawad, dont il a unilatéralement déclaré l’indépendance.

    ⦁ 7 avril 2012  : les sanctions imposées sont levées à la suite de l’acceptation par le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDRE) d’un accord-cadre négocié par la CEDEAO, prévoyant un plan de transition pour un retour à l’ordre constitutionnel avec le transfert du pouvoir exécutif au président de l’Assemblée nationale.

    ⦁ 12 avril 2012  : investiture de Dioncounda Traoré. Le président intérimaire est chargé de conduire un gouvernement d’Union nationale pour rétablir l’intégrité du territoire national. Un intérim qui doit durer 40 jours pendant lesquels le président intérimaire est chargé d’organiser des élections. Compte tenu de la situation exceptionnelle que vit le Mali, ce délai est impossible à respecter.

    2. Les causes de la rébellion au Mali

    ⦁ Les Touaregs revendiquent le Nord du Mali (Azawad) comme leur territoire ancestral  : ils ont toujours été le relais des insurrections et des mutineries armées contre Bamako à travers notamment le MNLA. Autrefois leurs revendications étaient moins radicales  : elles étaient principalement liées au développement économique, commerciale ou à l’autonomie politique du Nord Mali. Désormais, le MNLA et ses alliés se radicalisent proclamant unilatéralement l’indépendance de l’Azawad. Mais ont-ils réellement les moyens pour dominer un territoire si étendu comme le Nord du Mali?

    ⦁ Le MNLA est un mouvement politico- militaire dont le désarmement n’a jamais été effectif même durant la période de trêve.

    ⦁ Grâce à la crise libyenne, le MNLA a multiplié et renforcé ses capacités militaires et son opérationnalisation au point de doubler l’armée régulière  : la chute de Kadhafi a entraîné une désintégration de la dictature libyenne, mais a eu pour conséquence une circulation incontrôlée d’armes à feu et de matériel létal lourd, ainsi que le repositionnement, voire redéploiement des islamistes, dont la présence s’est renforcée dans la zone sahélo-saharienne.

    ⦁ Les Touaregs autrefois combattants aux côtés de Kadhafi ont profité de cette nouvelle donne politique pour introduire des armes au Nord du Mali afin d’y préparer les futures hostilités. Il s’ensuit un renforcement et une réapparition de la rébellion au Nord  :

    ⦁ Ainsi, les touaregs dont l’assise est transnationale, habitent le Sahel et y exercent des manoeuvres militaires sans contraintes, connaissent le terrain mieux que l’armée régulière et une sérieuse disproportion existe entre l’étendue immense du pays qui fait plus d’un million 200 mille km et ne comptant que sur une armée de moins de vingt mille hommes. Cette armée reste confrontée a des difficultés relatives à la couverture administrative du territoire et dans la gestion de l’adversité découlant de la rébellion, mais aussi et surtout de la criminalité et du terrorisme. Cela fait qu’un pays pauvre comme le Mali, ne peut ni contrôler, ni maîtriser son territoire, encore moins la bande sahélienne qui couvre des centaines de milliers de kilomètres. Depuis le 27  juin, les groupes islamistes radicaux ont pris le contrôle de près de deux tiers du territoire malien.

    ⦁ Aussi, les rebelles visent deux principaux objectifs: cibler les grandes villes pour provoquer des déplacements massifs de populations et provoquer délibérément une crise humanitaire sans précédent au Mali.

    3. Les groupes armés présents au Nord du Mali  :

    ⦁ Le Mali est en présence d’un côté, le MNLA, branche politique qui revendique l’autodétermination du Nord Mali et d’un autre côté, les salafistes d’Ansar Dine qui ont des revendications plus religieuses que politiques, comme l’application de la Chariaa, sur l’ensemble du Mali. Enfin les Touaregs dont la rébellion n’est pas homogène.

    ⦁ Avec le soutien d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) et le Mouvement intégriste nigérian Boko Haram, les extrémistes religieux contrôlent les villes principales comme Gao et Tombouctou, épicentres des plus grands risques.

    ⦁ L’interaction des mouvements politico-religieux entre d’une part, le MNLA et le Front de Libération Nationale de l’Azawad (FLNA) et d’autre part, les salafistes d’Ansar Dine, le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et les fondamentalistes de Boko Haram, constituent un réel danger pour toute la zone sahélo-saharienne, où terrorisme et trafic de drogue dans cette zone se fait en toute impunité.

    4. L’option diplomatique ou militaire  pour contrer la crise malienne :

    ⦁ La crise malienne nécessite un dialogue politique et l’option militaire ne doit en pincipe intervenir qu’après l’épuisement de tous les recours politiques possibles. Cependant, dans le cas où le dialogue échoue avec la junte et le MNLA, l’Union Africaine et la Communauté internationale doivent soutenir l’option militaire prônée par la Communauté Économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour rétablir l’intégrité territoriale du Mali.

    ⦁ Toutefois, pour éviter l’idée d’interventionnisme occidentale, la Communauté internationale doit mettre aux devant les troupes maliennes et de la CEDEAO, qui auront besoin de soutien logistique, comme les renseignements, la communication et la mobilisation des troupes et l’appui aérien pour leur progression dans les contingences du combat réel sur le terrain et afin d’assurer une victoire rapide et efficace.

    ⦁ Ainsi, toute action militaire doit se faire conformément à une stratégie politique en vue d’une réunification du pays. L’objectif de ce processus politique est de forger une vision nationale et inclusive pour l’avenir du Mali, ce qui exige une feuille de route pour la transition.

    ⦁ Tout processus politique au Mali doit permettre aux autorités de transition de s’engager dans des négociations avec les groupes rebelles du nord mais à condition de cesser tout contact avec les organisations terroristes et ce, conformément aux exigences de la résolution 2071 du Conseil de sécurité . Cette résolution donne 45 jours à la CEDEAO pour préciser les modalités d’une opération militaire, que le Conseil de sécurité se dit prêt à envisager.

    5. Les risques si la crise malienne perdure  :
    Si la crise malienne perdure :
    ⦁ Les divisions entre les différents centres du pouvoir à Bamako se multiplieront et s’approfondiront  ;
    ⦁ Les radicaux islamistes renforceront leurs positions locales et attireront des combattants étrangers  ;
    ⦁ Plus la crise fera partie du paysage international et plus elle se banalisera comme le cas des conflits de l’Afghanistan ou de la Somalie.

    II. Impact sur la sous-région sahélienne

    Le Sahel constitue un ensemble géopolitique cohérent  : plus la crise s’aggravera et plus elle affectera toute la région. Les principaux effets de la crise seront donc :

    ⦁ Le détournement de l’attention et des efforts des gouvernements  : les priorités politiques et économiques nationales seront relégué au second plan ;
    ⦁ La   diversion des ressources vers le sécuritaire au détriment de l’économique : achat d’armes, gonflement des effectifs des forces de sécurité… ;
    ⦁ Le découragement des investisseurs nationaux et surtout étrangers;
    ⦁ Une radicalisation des groupes et mouvements religieux par effet de contagion ou d’imitation et pour conserver leur espace  d’action. Des pays tel le que le Sénégal où les confréries sont puissantes peuvent être atteints ;
    ⦁ Une émergence de tensions et de suspicions entre états au Nord et au Sud du Sahel  ;
    ⦁ Le   ralentissement ou la suspension de l’aide internationale avec une priorité pour l’humanitaire.

    1. Position des pays dits du «  champ  »  :

    ⦁ L’Algérie, la Mauritanie, le Mali et le Niger sont les principaux pays acteurs concernés par la situation dans le Sahel  : l’Algérie, ayant elle-même connu le terrorisme islamiste dans les années 90 et disposant d’une armée puissante se prévaut d’un statut de leadership dans la sous-région sahélienne. Aucune solution viable ne pourrait être envisagée sans l’appui politique et militaire de cette dernière, notamment, pour ce qui est de la crise au Mali ou dans l’établissement d’une réelle coopération régionale dans la lutte contre les djihadistes au Sahel.
    ⦁ La Mauritanie quant à elle développe de bonnes relations avec tous ces partenaires dans la région  : préoccupée par les questions sécuritaires et de son intégrité territoriale, elle met l’accent sur la lutte armée contre les terroristes dans la région, mais ne souhaite pas intervenir militairement au Mali.
    ⦁ Le Mali est implicitement accusé par ces partenaires dans la région de laisser les réseaux djihadistes contrôler le nord du pays. ATT affirmait avant son renversement que l’AQMI n’était pas un problème malien et que par conséquent il ne pouvait lutter seul contre ce groupe.
    ⦁ Enfin, depuis l’élection du Président Mohamadou Issoufou en avril 2011, le Niger a réitéré sa volonté de lutter par tous les moyens contre le terrorisme islamiste dans la région, notamment en réglant si nécessaire la crise malienne par les armes. Le Niger jouit d’une certaine stabilité et d’une reconnaissance grâce à la réussite obtenue par les gouvernements précédents dans la négociation des crises avec les touaregs du Niger , alors que le Mali a échoué.

    2. Effets engendrés par les grandes crises politiques au Sahel  :

    ⦁ Circulation d’armes au Sahel
    ⦁ Il y a aurait  prés de 80 000 Kalachnikovs en circulation dans la région du Sahel (prix variant entre 200 et 300 euros l’unité). Selon l’ONG Oxfam,  prés de 640 millions d’armes légères sont disséminées à travers le monde, dont 100 millions en Afrique.
    ⦁ Selon l’OTAN, la trace d’au moins 10  000 missiles sol-air a été perdue en Libye post-conflit et d’après Human Rights Watch (HRW) après la fin du conflit libyen, la présence d’un arsenal de dizaines de milliers de tonnes de munitions de fabrication russe et française circule dans le Sahel.
    ⦁ Les inquiétudes les plus vives concernent les explosifs et les armes légères et de petit calibre  : une partie entre 800  000 à 1  000  000 d’armes légères seraient tombées entre les mains de l’AQMI.
    ⦁ Au nord du Niger, l’armée nigérienne aurait intercepté une importante quantité de Semtex (645 kilos) et 445 détonateurs et 11 000 munitions de différents calibres.
    ⦁ Début 2012, aux frontières algéro-nigériennes, un convoi a été intercepté disposant de 71 armes de guerre de type PM AK, 38 fusils mitrailleurs, 02 lance-roquettes de type RPG-7, 04 mitrailleuses, 05 fusils à lunettes ainsi que de 16 fusils mitrailleurs.
    ⦁ Un autre arsenal de guerre provenant de la Libye enterré dans le sable de la région désertique d’In Amenas aurait été découvert  : il comptait 15 missiles antiaériens de fabrication russe capable d’abattre des avions en plein vol, ainsi qu’une grande quantité de munitions.
    ⦁ Pour lutter contre le trafic d’armes au Sahel, certains Etats du Sahel ont lancé un certain nombre de programmes et d’initiatives pour sécuriser leurs frontières  : les mesures de sécurisation et les programmes de lutte contre le terrorisme et le trafic d’armes se sont donc multipliés, au niveau national ou régional.
    ⦁ Des initiatives nationales des pays concernés comme les services de sécurité d’Algérie, du Mali, du Niger et de la Mauritanie ont établi une liste de 26 trafiquants d’armes libyennes et ont lancé des mandats d’arrêt internationaux à leur encontre  : ils seraient originaires des pays du champ mais aussi des pays voisins comme le Tchad, le Nigeria, le Sénégal, le Burkina-Faso et bien sûr la Libye.
    ⦁ Le Mali quant à lui opté pour une nouvelle approche qui consiste à racheter des armes des militaires maliens qui étaient dans les rangs de Kadhafi en Libye. A cette fin, il a été établi une structure dans le nord du pays qui a pour mission de centraliser ces actions pour permettre d’éviter une dispersion dans les mains des indépendantistes.

    ⦁ Ce model a poussé le président nigérien récemment élu, à prendre soin de s’attacher aux Touaregs nigériens, eux aussi rentrés par milliers, bien armés et entraînés, en nommant l’un de leurs chefs Touaregs comme chef de gouvernement pour éviter une nouvelle révolte.
    ⦁ Réfugiés et déplacés

    ⦁ Aujourd’hui prés de 436.000 personnes déplacées ou réfugiées ont fui à cause de la crise au Mali depuis le début des attaques contre l’armée malienne dans le Nord. Ce total comprend 261.624 réfugiés maliens enregistrés dans les pays voisins par le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés, et 174.000 maliens déplacés internes.
    ⦁ Tombouctou, Gao et Kidal, occupées par des islamistes armés comptent le plus de déplacés internes soit 105.000 personnes (plus de 60%). Elles sont suivies de Mopti (centre) comptant 32.500 déplacés, le reste étant réparti entre les autres villes et régions du Sud.

    ⦁ La crise humanitaire au Sahel

    ⦁ La région sahélienne est à une sévère crise alimentaire et nutritionnelle  : environ 15,6 millions de personnes sont déjà touchées par l’insécurité alimentaire et plus d’un million d’enfant souffre de malnutrition aiguë. Le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, la Mauritanie, le Niger et l’Algérie ont déclaré l’état d’urgence et demandé une aide internationale. 20 millions d’euros serait nécessaire pour venir en aide aux victimes de cette crise.

    Pays Nombre de personnes
    Niger 5,5 millions
    Mali 3,5 millions
    Burkina Faso 2,85 millions
    Tchad 1,6 millions
    Sénégal 850 000
    Mauritanie 700 000
    Gambie 600 000
    Total 15,6 millions

    Personnes souffrant d’insécurité alimentaire – Répartition par pays

    ⦁ L’Impact de la crise en Côte d’Ivoire et en Libye et le retour massif de travailleurs migrants vers leur pays d’origine dans la région du Sahel, ont joué un rôle dans cette crise alimentaire. Le Niger et le Tchad sont les pays les plus touchés par les retours des migrants où le nombre de rapatriés est estimé à 103 297 personnes au Niger et à plus de 50 000 personnes au Tchad. Par ailleurs environ 3 millions de personnes dans le Sahel seraient directement touchées par la crise libyenne.
    ⦁ Du fait de la détérioration des conditions de sécurité au Sahel, il est devenu plus difficile pour les organismes des Nations Unies et leurs partenaires humanitaires de se rendre auprès des populations et de mener à bien leurs opérations.
    ⦁ Dans certaines zones isolées, privées d’assistance humanitaire en raison de l’insuffisance ou de l’absence de services de l’Etat, des organisations criminelles comme l’AQMI se chargent de fournir des services et une aide humanitaire. Cette situation pourrait permettre à AQMI de recruter davantage et de développer des réseaux locaux d’informateurs et de fournisseurs d’armes.
    ⦁ Criminalité transnationale organisée et trafic de drogues au Sahel
    ⦁ L’apparition récente de drogues parmi les articles faisant l’objet de contrebande et de trafic vient accroître encore les inquiétudes, compte tenu de leurs effets déstabilisateurs sur la région.
    ⦁ La zone du Sahel est devenue la plaque tournante du trafic de drogue en provenance de l’Amérique latine  : le Sahel étant un vaste espace dont le contrôle effectif échappe aux pays de la zone. 46 tonnes de drogue ont été saisies entre 2005 et 2008 à destination de l’Europe. Aujourd’hui, pas moins de 50 tonnes de cocaïne transitent tous les ans par ce canal. La Mauritanie, le Mali, la Guinée, le Niger et le Nigeria sont les plus touchés.

    ⦁ AQMI est impliquée  : une part du trafic de drogue alimente le budget du groupe terroriste en assurant la protection de la marchandise dans la zone du Sahel contre de fortes sommes d’argent pour financer son mouvement dans la région.
    ⦁ Impact sur l’économie
    ⦁ Après la Côte d’Ivoire, c’est au tour du Mali, connu jusqu’alors comme modèle de démocratie en Afrique de connaître une crise sans précédent. Pays enclavé avec des difficultés propres aux pays sahéliens, le Mali connait une récession sans précédent. L’économie malienne qui devait connaitre une croissance de 5.4% cette année, aura certainement une croissance négative (-1.2%) suite aux conséquences du coup d’état.
    ⦁ Les pertes d’emplois subséquentes aux fermetures d’entreprises, l’assèchement des revenus fiscaux, la détérioration des échanges extérieurs et la réduction de la production agricole ont entraînés une augmentation des prix des denrées de base, ainsi que des difficultés d’approvisionnement.
    ⦁ Les   fonds gelés par l’UEMOA, la BAD et la BOAD ajoutés à la suspension de financement de  certains projets de développement représentent plus de la moitié du budget national.
    ⦁ Les sanctions adoptées par la CEDEAO et par les pays voisins pour faire plier la junte ont contribué à aggraver la situation  : plus de 10% du budget devait provenir de la BCEAO, plus de 70% des biens de consommation doivent transiter par les pays frontaliers. Aussi, tout durcissement de mesures (conditions d’octroi de crédit de la BCEAO, embargo de la CDEAO, etc…) affecte négativement les conditions de vie des Maliens surtout ceux vivant dans le nord du pays.

    ⦁ Le risque d’une «  Afghanisation  » du Sahel
    ⦁ Parmi les différents groupes armés présents au nord du Mali, ce sont les groupes islamistes qui se sont imposé  : l’AQMI a déjà mis en place des camps d’entraînement dans le Nord-Mali. Son objectif est d’y instaurer «  un émirat islamique  » dans lequel les djihadistes marginalisés dans leur pays viendraient pour s’entraîner dans des structures beaucoup plus importantes, comme celles existant en Afghanistan.
    ⦁ Sur le long terme, l’AQMI veut créer une nouvelle base d’Al Qaida en Afrique pour organiser des attentats en Occident ou contre les intérêts occidentaux. A cet effet, le président nigérien Mahamadou Issoufo aurait affirmé qu’il aurait des djihadistes afghans, pakistanais (étrangers au Mali) et qui entraîneraient des groupes terroristes sur place.
    ⦁ D’un autre côté, le groupe Ançar Dine serait bien plus puissant au Mali, que les forces d’AQMI  : son objectif se limiterait à l’instauration d’un Etat islamique appliquant la Chariaa dans le pays.
    ⦁ La présence d’islamistes au nord du Mali pourrait également inciter d’autres rébellions dans la région du Sahel  : AQMI et Ançar Dine pourrait se constituer en assise au Burkina.
    ⦁ Les pays voisins redoutent surtout que la revendication d’indépendance des touaregs maliens ne fasse des rivaux dans leur propre pays  : l’Algérie, la Mauritanie, le Niger et le Burkina compterait entre 10 et 30  % de touaregs.
    ⦁ La CEDEAO a demandé au Conseil de sécurité de l’ONU d’autoriser une option militaire et se dit prête à envoyer entre 2 000 et 3 000 hommes, même si elle ne dispose pas de bras armé organisé. Mais une intervention armée ne ferait qu’empirer la situation car elle déstabiliserait davantage le Sahel, accélérera la scission du Mali, ce qui profiterait à l’AQMI.

    III. Réaction marocaine

    1. Fondements de la position marocaine

    Le Maroc  :

    ⦁ Estime que l’urgence doit porter sur le recouvrement par le Mali de son intégrité territoriale et sur la lutte contre les activités terroristes et criminelles commises à l’encontre des populations du pays et de la région sahélienne en général, tout en restant focalisé sur la nécessité d’aider et de soutenir les pays sahélien à renforcer leurs institutions sécuritaires pour assurer une meilleure gestion de leurs frontières et faire face au terrorisme, au crime organisé transnational et aux trafics de tous genres  ;
    ⦁ Soutien la mise en place d’une stratégie globale et intégrée pour la région du Sahel, qui pourrait permettre la mise en place de mesures permettant de relever les défis sécuritaires, humanitaires et de développement sur le court, moyen et long terme dans la région du Sahel  ;
    ⦁ Encourage la recherche d’une solution politique et pacifique, qui reste le moyen le plus approprié au règlement de la crise malienne  ;
    ⦁ S’oppose à toutes formes d’intervention militaire au Mali  (cette position va à l’encontre la position défendue par les membres de la CEDEAO qui exhortent l’ONU à approuver le déploiement d’une force de paix africaine dans le nord du pays);
    ⦁ Reste préoccupé par la situation au Sahel et plus particulièrement au Nord du Mali, concernant les violations des droits de l’Homme, telles que les exécutions sommaires, la torture, les châtiments cruels, les recrutements d’enfants soldats, les violences à l’égard des femmes  ;
    ⦁ Pense que les effets de la crise libyenne n’ont fait qu’exacerber cette situation, alors que des initiatives louables ont vu le jour pour faire face aux défis sahéliens, d’où la nécessité d’asseoir une coopération régionale accrue afin de faire face aux problèmes structurels  ;
    ⦁ S’engage à suivre de près la situation humanitaire dans la région et ne ménagera aucun effort pour assister les réfugiés, jusqu’au rétablissement de la paix et de la stabilité dans la région du Sahel.

    Le Maroc  en tant que pays africain membre non-permanent du Conseil de Sécurité :

    ⦁ Soutien l’adoption par le C.S de l’ONU de la Résolution 2056 sur la situation au Mali, qui appelle les Etats du Sahel et du Maghreb à intensifier leur coopération en vue de lutter contre les activités de l’AQMI et des groupes qui y sont affiliés dans la région du Sahel  ;
    ⦁ A co-parrainé l’adoption par le C.S de l’ONU de la Résolution 2071 autorisant le déploiement d’une opération africaine au Mali (après concertation avec la CEDEAO), avec pour objectif de permettre aux maliens de recouvrer leur souveraineté et l’intégrité de leur territoire et de lutter contre le terrorisme international  ;
    ⦁ Favorablement accueilli la désignation par le SG de l’ONU d’un envoyé spécial des N.U pour le Sahel et dont la mission sera basée sur l’accompagnement des efforts entrepris par la CEDEAO et par le Mali, pour trouver une solution à la question sécuritaire au Sahel et une issue pacifique à la sortie de crise  ;
    ⦁ Appelle la communauté internationale à porter une attention particulière aux défis socio-économiques et à la question du développement humain, auxquels doivent faire face les pays sahélo-sahariens et les Etats ouest africains.

    2. Sur le plan politique  :

    Le Maroc réitère sa disposition à poursuivre les efforts en matière d’aide et d’assistance en vue de contribuer à la restauration de la paix et de la sécurité dans la région du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest et ce, à travers les initiatives suivantes  :

    – Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) 

    Le Maroc soutien les efforts de la CEDEAO visant à trouver une solution politique et pacifique à la crise malienne, sans intervention militaire.

    – Conseil exécutif de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD)

    Le Maroc soutien les efforts de la CEN-SAD en matière de lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue et d’armes, et le crime organisé dans la région du Sahel (session extraordinaire du Conseil exécutif de la CEN-SAD tenue à Rabat dernièrement 2012). Il encourage également la recherche de solutions agissantes pour relever les défis de la région sahélienne, toujours dans le cadre de la CEN-SAD.

    ⦁ Conférence régionale pour la sécurité aux frontières

    ⦁ Le Maroc réitère sa volonté a intensifier la coopération régionale, notamment a travers l’examen des problèmes de sécurité dans la région, dont la prolifération et le trafic d’armes transfrontaliers, le terrorisme, le trafic de stupéfiants, l’immigration clandestine, le crime organisé transfrontalier et le trafic de migrants  ;
    ⦁ Le Maroc encourage également la consolidation du dialogue stratégique, l’échange d’expertises et d’informations, ainsi que la coordination opérationnelle dans le domaine de la sécurité frontalière.

    – Conférence ministérielle des Etats d’Afrique riverains de l’Atlantique

    Le Maroc encourage les synergies interrégionales traitant des questions à caractère sécuritaire entre les différentes organisations présentes dans l’espace ouest africain. Le pays soutien une coopération élargie basée sur le principe de responsabilité partagée, nécessaire pour trouver des solutions concrètes à la menace du crime organisé. 

    3. Sur le plan humanitaire  :

    ⦁ Le Maroc très présent sur le terrain, exprime sa profonde préoccupation quant à la détérioration de la situation humanitaire dont souffre un grand nombre de déplacés civils, en provenance notamment du Nord du Mali  ;
    ⦁ La crise au Nord du Mali a aggravé la sécurité alimentaire dans la région sahélienne, déjà désastreuse en raison des sécheresses et des aléas climatiques. D’importantes aides humanitaires ont été acheminés au profit de réfugiés maliens en Mauritanie, au Niger et au Burkina Faso sous forme de denrées alimentaires et de produits pharmaceutiques  (46 tonnes de denrées alimentaires au Niger et 50 tonnes de produits alimentaires et pharmaceutiques au Burkina Faso).

    Nadia El Mahjoubi
    Secrétariat Général
    Ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération du Royaume du Maroc
    Tel:  00212 37 67 60 39
    Fax: 00212 37 66 01 28
    Poste: 6039

    P.S.: Note envoyée au MAEC le 31 octobre 2013

    #Mali #Sahel #Niger #Mauritanie #Algérie #MNLA #FLNA #CEDEAO #CEMOC #MUJAO #AlQaida

  • Marocleaks : 20 000 dollars pour un article sur Mohamed VI

    Maroc, Sahara Occidental, Etats-Unis, Richard Miniter, Lobbying, Al Qaïda, Mohammed VI, Printemps Arabe,

    « Seuls deux hommes peuvent sauver le Maroc maintenant et sauver la promesse du printemps arabe. L’un est le roi du Maroc, l’autre le président des États-Unis. Pendant des années, la principale force libérale a été le roi lui-même. Mohammed VI est un jeune dirigeant raffiné qui est aussi à l’aise en français qu’en arabe, dans les sphères européennes et arabes. Cela lui a donné la capacité unique de défendre les cultures traditionnelles et tribales tout en voyant la sagesse de développer une économie diversifiée et moderne basée sur l’accomplissement individuel ».

    Cette affirmation texte appartient au journaliste américain Richard Miniter, un auteur qui se décrit comme « journaliste d’investigation et auteur à succès ». Il a été publié le 25 avril 2012 sur le magazine Forbes sous le titre de « Le printemps arabe est-il mauvais pour les investisseurs ? ». Miniter n’a ménagé aucun effort en vue de redorer l’image du roi du Maroc à un moment où le vent du « Printemps Arabe » menaçait les régimes dictatoriaux dans le monde arabe. Pour mériter le cadeau qu’Ahmed Charaï lui avait promis : 20.000 dollars.

    Selon un email envoyé le 3 novembre 2010, Richard Miniter avait déjà effectué une visite dans les camps des réfugiés sahraouis de Tindouf à l’invitation du Front Polisario. Après son recrutement par la DGED, il sera chargé de la mission d’écrire sur les prétendus liens du mouvement sahraoui avec Al Qaïda.

    Son manque de professionnalisme et son allégeance aveugle à la DGED lui a valu une punition de la part du Groupe de l’Institut Hudson. La raison? Son analyse sur les élections marocaines de 2011 qui ont permis aux islamistes d’accéder au pouvoir. « Malgré les nombreux rappels adressés à l’éditeur qui sont restés sans réponse à ce jour de votre part, concernant l’analyse que vous avez traitée dans la publication des statistiques relatives aux élections législatives au Maroc, engageant les autorités américaines sans preuve convaincante, nous vous notifions par la présente qu’une décision a été prise par le conseil d’administration de suspendre notre collaboration, à titre disciplinaire, pour une durée de trois mois, à compter du 1er janvier 2012 jusqu’au 30 mars 2012 », lui avait écrit Weinstein Kenneth, président du groupe.

    Miniter demande, alors, une indémnisation à son contact marocain dans un email daté du 21 janvier 2012 dont voici le texte:

    De : Richard Miniter rminiter@gmail.com
    À : Ahmed charai ahcharai2005@yahoo.fr
    Envoyé le : Samedi 21 Janvier 2012 20h32
    Objet :

    Ahmed,

    Vous savez combien je vous respecte et combien je vous fais confiance… MAIS l’article que j’ai publié le 26 octobre dans le Hudson Institute m’a créé un sérieux problème (voir ci-dessous le courriel du président du Hudson Institute).

    Une décision disciplinaire du conseil d’administration de l’Institut a été prise pour arrêter ma collaboration en tant que membre et rédacteur en chef de l’Institut Hudson pendant 3 mois. La raison était le fait que j’ai utilisé l’expression suivante dans mon article (et comme vous le savez je n’avais AUCUN document pour justifier cette expression). « Selon une ANALYSE CONFIDENTIELLE D’UNE SOURCE AMÉRICAINE FIABLE…. Le RNI, devrait commander au moins 12% du vote…. Le PJD islamiste, ne devrait pas élargir sa part de la chambre basse du parlement »……
    Le résultat : Le PJD est arrivé en tête, remportant 107 des 395 sièges… C’est une véritable claque pour ma crédibilité Ahmed.

    Nina essaie de rétablir la confiance du conseil d’administration à mon égard. MAIS, je vais définitivement perdre plus de 60 000 dollars sur 3 mois.

    Ahmed, je serai à Paris les 30 et 31 janvier pour une conférence. J’ai besoin de votre aide pour me sortir de cette situation.

    A l’instar des autres journalistes invités au Maroc, la DGED payait ses réservations des chambres dans les hôtels les plus luxueux au Maroc en plus des billets aller-retour dans la classe business:

    #Maroc #Marocleaks #EtatsUnis #RichardMiniter #Lobbying #MohammedVI #Forbes

  • La route Maroc-Afrique subsaharienne menacée par Al Qaïda

    La route Maroc-Afrique subsaharienne menacée par Al Qaïda. L’expansion des attaques d’Al-Qaida au Mali menace des dizaines de camionneurs marocains.

    L’expansion des attaques d’Al-Qaida au Mali menace des dizaines de camionneurs marocains qui transportent chaque jour des marchandises vers l’Afrique subsaharienne.

    Le groupe terroriste a touché une route de 3 700 kilomètres menant au Maroc et celle-ci « est désormais devenue dangereuse », selon un rapport publié par l’agence de presse espagnole (Efe).

    Tout a commencé lorsque des hommes armés présumés affiliés à Al-Qaida ont tué un chauffeur de camion et son compagnon, tous deux marocains, le 9 septembre.

    Les assaillants se sont retirés après l’attaque sans rien prendre dans les camions, ce qui exclut que le motif de l’attaque soit le vol.

    Aucun groupe n’a revendiqué l’attentat, mais des membres d’Al-Qaida ont admis avoir commis des attentats similaires contre des chauffeurs marocains.

    Dix jours de route

    Pour atteindre la capitale du Mali depuis le Maroc, les chauffeurs de camions parcourent environ 3 700 kilomètres, ce qui prend normalement dix jours, à moins que deux chauffeurs ne fassent le voyage, auquel cas il ne faut que huit jours, dont une journée entière passée à attendre dans les longues files de camions au poste frontière de Guerguerat, entre le Sahara occidental et la Mauritanie.

    Une fois au Mali, une partie de la cargaison est déchargée à Bamako, qui est à son tour un point de transport stratégique ; une autre partie de la cargaison part de là vers différents pays de la région subsaharienne : le Niger, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso.

    Selon certaines estimations, le nombre de camions marocains travaillant sur cette route se situe entre 1 300 et 1 800, en fonction des saisons.

    Le chef du Conseil financier des transports du Mali, Youssef Traoré, a déclaré que les groupes terroristes « mènent quotidiennement des attaques contre les camions circulant entre les villes maliennes et les pays voisins. De nombreuses attaques ont lieu entre Zhao et Sevare (dans le nord) et personne ne dédommage les propriétaires. »

    Traoré a ajouté : « Les terroristes mènent leurs attaques sur cette route pour punir les camionneurs ; qui approvisionnent la Mission des Nations unies au Mali (MINUSMA) en carburant, qui est une cible pour les terroristes, en particulier pour les pro-Al-Qaïda. »

    Source: MEMO, 20/10/2021