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  • Djoudi: « Le Maroc est devenu un protectorat d’Israël »

    Djoudi: « Le Maroc est devenu un protectorat d’Israël »

    Djoudi: « Le Maroc est devenu un protectorat d’Israël » – Algérie, Palestine, Moyen Orient, Al Qods,

    L’ancien diplomate et ancien secrétaire général adjoint de l’Organisation de l’unité africaine (actuellement Union africaine), Noureddine Djoudi, a mis en avant, dans cet entretien, le danger que représente la présence des sionistes chez notre voisin du Maroc. Fin analyste, Djoudi a recommandé de faire une nette distinction entre le Makhzen belliciste et pro-sioniste et le peuple marocain qui partage tout avec le peuple algérien.

    L’Expression: Le président de l’Autorité palestinienne est depuis avant-hier à Alger. Le contexte de cette visite est hautement symbolique, en ce sens qu’il intervient au moment où le Maroc fait parader les sionistes sur son territoire. Un mot là-dessus?
    Noureddine Djoudi: Oui bien évidemment. Il faut se référer à l’évolution de ce problème depuis le temps où le sionisme faisait la démonstration de son expansionnisme, puisqu’il parlait du grand Israël qui allait de l’Euphrate jusqu’au Nil et qui pensait en termes d’expansion, prendre jusqu’à la péninsule Arabique. Par la suite, le régime sioniste a continué à étendre son influence et il ne faut pas oublier que plusieurs responsables israéliens ont toujours déclaré publiquement que leur problème, leur priorité c’était l’Algérie. Il s’est trouvé malheureusement un complice à nos frontières, le Makhzen. Si ce dernier s’était limité à établir des relations diplomatiques comme l’ont fait d’autres pays arabes, à l’extrême limite, ça pourrait être compris. Mais qu’il soit en tant qu’Etat arabe, musulman en plus de tous les titres que s’est accordés le roi, président de la Fondation El Qods, prince des Croyants etc…. et qui se permet de signer des accords de défense, c’est très grave, parce que c’est amener le sionisme avec armes et bagages à notre frontières. À ce moment-là c’est tout l’équilibre du Maghreb qui est en cause, pas seulement l’Algérie.

    On a l’impression qu’il y a un transfert du conflit du Moyen-Orient vers l’Afrique du Nord. N’est-ce pas?

    Ce n’est pas un transfert, mais c’est plutôt une extension. Le but du sionisme est d’avoir une domination sur l’ensemble de la planète. L’influence commençait d’abord par l’Afrique, avant de l’étendre partout ailleurs à travers le monde. Ils sont déjà influents au niveau des médias dans des pays européens et aux Etats-Unis. Par ailleurs, il ne faut pas oublier aussi, qu’il y a une conjoncture d’intérêts entre certaines sectes américaines très influentes qui parlent du retour du Christ et qu’au préalable de ce retour, il faut qu’il y ait l’extension de l’anti-Christ. Ainsi ces sectes soutiennent que pour que le Christ revienne, il faut d’abord qu’Israël domine le monde. Il y a une incroyable identité de vues dans cette histoire. En tout cas, la certitude est qu’Israël n’a jamais cessé d’étendre son influence sur le continent africain et l’Algérie constitue pour lui un obstacle majeur.

    Du coup, l’Algérie devient la cible privilégiée, une sorte de verrou à sauter pour entrer de plain-pied dans le continent africain…

    Absolument, absolument! J’ai donné une conférence au ministère des Affaires étrangères sur la guerre de 4e génération, j’ai attiré l’attention sur le fait qu’Israël ne lésinera sur aucun moyen et elle usera de mille et une manières pour déstabiliser l’Algérie qui est l’objectif prioritaire. Il se trouve que les Israéliens ont un plein appui dans la région de la part de notre voisin de l’Ouest. Je vais jusqu’à ajouter, qu’actuellement, le Maroc n’est plus qu’un protectorat d’Israël.

    Le peuple marocain a eu un sursaut de dignité en manifestant dans plusieurs villes du royaume pour dénoncer la normalisation avec Israël. Quelle lecture en faites-vous?

    Il faut absolument dissocier le peuple marocain du Makhzen. Ce sont deux entités totalement séparées. En fait, le peuple marocain est la première victime du Makhzen. La situation économique et sociale est terrible. Actuellement, un Marocain ne peut plus s’acheter un bout de terrain, parce que les prix ont été flambés par les Français et les Britanniques qui accaparent ces terrains. Il y a cet appauvrissement du peuple marocain, face à une caste du Makhzen qui s’enrichit de plus en plus. Ceci étant, n’oublions pas que la politique du Makhzen a été répressive à l’égard du peuple. Je connais bien le peuple marocain pour avoir vécu au Maroc. Il est profondément musulman, il a tout en commun avec le peuple algérien, mais il est férocement brimé par le régime de Rabat. Durant notre guerre de libération, le peuple marocain appuyait notre lutte de manière systématique, mais nous avions beaucoup de difficultés avec l’autorité du Makhzen. Je citerai un fait connu: celui de la visite du président du Gpra à Rabat, le défunt Ferhat Abbas. Lors de son séjour au Maroc, il a subi d’énormes pressions pour lui faire signer un document à l’effet que Tindouf est un territoire marocain. Il y a d’autres faits beaucoup plus graves que je ne peux citer par obligation de réserve.

    Le Sommet de la Ligue arabe est prévu en mars prochain à Alger. Pensez-vous, Excellence, qu’il est encore possible de recoller les morceaux entre les pays arabes profondément divisés?

    Je crois que l’approche de notre ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, est très intelligente. Lamamra est en train de veiller à ce que ce sommet soit une réussite, au moment où le Maroc active ses relais pour contrer la tenue de ce sommet. Mais je pense, qu’avec la manière avec laquelle Lamamra traite les choses, le sommet se tiendra et on pourra en faire quelque chose de positif. Même les pays arabes qui ont reconnu Israël, n’iront pas à mon avis jusqu’à boycotter ce rendez-vous. Alger est un pays important, et ils ne peuvent pas négliger cet aspect.

    Brahim TAKHEROUBT

    L’Expression, 07/12/2021

    #Algérie #Maroc #Israël #Palestine #AlQods #Jérusalem #Makhzen

  • Un Palestinien fait 1 mort et 4 blessés avant d’être tué

    Palestine, Israël, Al Qods, Jérusalem – Un Palestinien fait 1 mort et 4 blessés avant d’être tué

    JERUSALEM (AP) – Un assaillant palestinien a tué un Israélien et en a blessé quatre autres avant d’être abattu par la police israélienne près de l’entrée d’un lieu saint de Jérusalem dimanche, a annoncé la police.

    La police a déclaré que l’attaque avait eu lieu près de l’entrée d’un sanctuaire contesté connu des Juifs sous le nom de Mont du Temple et des Musulmans sous le nom de Noble Sanctuaire. La violence autour du site, qui est considéré comme sacré par les deux confessions, a déclenché de précédentes séries de combats entre Israël et les Palestiniens, le plus récemment en mai.

    Les ambulanciers ont déclaré qu’une personne avait été grièvement blessée, une autre grièvement blessée et trois autres légèrement blessées. L’hôpital Hadassah de Jérusalem a déclaré plus tard que la personne grièvement blessée était décédée. Les ambulanciers ont déclaré que l’attaquant palestinien avait été confirmé mort sur les lieux.

    La police a déclaré que deux des personnes légèrement blessées étaient des officiers et a identifié l’agresseur comme un résident de Jérusalem-Est âgé de 42 ans. Le ministre de la Sécurité publique Omer Bar Lev a déclaré aux journalistes que le tireur était un membre de la branche politique du Hamas du camp de réfugiés de Shuafat à Jérusalem-Est, et que la femme de l’homme avait quitté le pays trois jours plus tôt.

    Les médias palestiniens ont identifié l’agresseur comme étant Fadi Abu Shkhaïdem et ont partagé une image de lui portant de longues robes noires et un manteau noir et portant une arme à feu similaire à celle montrée sur les photos de la police.

    Le Premier ministre Naftali Bennett a déclaré au début de la réunion hebdomadaire du Cabinet qu’il avait ordonné aux forces de sécurité d’être en alerte pour empêcher d’autres attaques.

    Le groupe militant du Hamas a salué l’attaque dans un communiqué mais n’a pas revendiqué la responsabilité, qualifiant l’incident d’ »opération héroïque ».

    « La résistance de notre peuple continuera d’être légitime par tous les moyens et outils contre l’occupant sioniste jusqu’à ce que nos objectifs souhaités soient atteints et que l’occupation soit expulsée de nos lieux saints et de toutes nos terres », a déclaré le porte-parole Abdel Latif al-Qanou.

    Dimiter Tzantchev, l’ambassadeur désigné de l’UE en Israël, a déclaré dans un communiqué sur Twitter que ses pensées étaient « avec les victimes de l’attaque lâche dans la vieille ville de Jérusalem » et a condamné « cette attaque insensée contre des civils. La violence n’est jamais la réponse.

    L’incident de dimanche était le deuxième du genre dans la vieille ville historique de Jérusalem ces derniers jours. Mercredi, un adolescent palestinien a été tué par balle après avoir poignardé deux policiers des frontières israéliens.

    Lors de cet incident, les deux policiers ont été hospitalisés et l’adolescent, identifié par la police comme un adolescent de 16 ans originaire de Jérusalem-Est, a été déclaré mort sur les lieux.

    Ces dernières années, les Palestiniens ont perpétré des dizaines d’attaques à l’arme blanche, à coups de fusil et à la voiture-bélier contre des civils israéliens et le personnel de sécurité. Les Palestiniens et les groupes de défense des droits soutiennent que certaines des voitures-bélier présumées étaient des accidents et accusent Israël d’avoir utilisé une force excessive.

    Mais les fusillades autour de la vieille ville de Jérusalem et de ses lieux saints sont relativement rares, et Israël maintient une présence sécuritaire importante dans la région.

    Israël a capturé Jérusalem-Est, y compris la vieille ville et ses lieux saints chrétiens, musulmans et juifs, ainsi que la Cisjordanie et la bande de Gaza lors de la guerre du Moyen-Orient de 1967. Il a ensuite annexé Jérusalem-Est dans un mouvement non reconnu par la plupart de la communauté internationale.

    Les Palestiniens recherchent la Cisjordanie occupée et Gaza pour un futur État indépendant, avec Jérusalem-Est comme capitale.

    Associated Press, 21/11/2021

    #Palestine #Israël #Alqods #Jérusalem

  • Quel bilan tirer de la visite de Joey Hood à Alger ?

    La visite du secrétaire d’Etat adjoint américain aux affaires du Proche-Orient, Joey Hood, a eu au moins le mérite d’avoir brisé le mur de glace que l’ex-président américain, Donald Trump, avait fait naitre entre Alger et Washington. Plusieurs décisions, dont la reconnaissance de la soi-disant marocanité des territoires de l’Etat du Sahara occidental, ainsi que la reconnaissance d’El Qods comme capitale de l’entité sioniste, avaient généré des divergences difficiles à rapprocher.

    L’après-Trump avait été tout aussi laborieux, avec une série de dérives politiques à l’échelle planétaire, généré par (comme par hasard) les deux principaux alliés de Washington dans la région Mena, Israël et le Maroc, dérives qui ont ramené au point zéro les relations desserrées entre les deux pays.

    Avec la récente nomination d’Elizabeth Moore Aubin en tant qu’Ambassadrice des États-Unis en Algérie, c’est en quelque sorte le retour d’une « habituée des lieux » qui revient en Algérie. Après une période de flottement, équivalent de son étude au niveau du Congrès, le retour de Moore Aubin apaise les soucis que soulevaient les cases vides générées par l’absence d’un ambassadeur américain de poids à Alger.

    En qualifiant ses discussions avec les responsables algériens de « très productives », en présentant le président Biden comme un responsable « très sérieux » au sujet d’une nouvelle collaboration avec l’Algérie « sur des objectifs communs », le secrétaire d’Etat adjoint américain aux affaires du Proche-Orient, Joey Hood, donne de nouveaux gages de crédibilité à un partenariat stratégique algéro-américain, qui a toujours cumulé avec beaucoup de réussite l’économique, le politique, le sécuritaire, mais qui devrait désormais donner des indices positifs quant au volet politique, très amoché depuis Trump.

    L’Express, 28/07/2021

    Etiquettes : Algérie, Etats-Unis, Donald Trump, Sahara Occidental, Palestine, Al Qods, Jérusalem, Elizabeth Moore Aubin,

  • Israël remercie le Maroc pour services rendus

    Israël remercie le Maroc pour services rendus

    POUR AVOIR FERMÉ LES YEUX SUR LES VIOLENCES CONTRE LES PALESTINIENS EN PRÉSIDENT DU COMITÉ AL-QODS QU’IL EST : Israël remercie Mohamed VI pour services rendus

    Annonçant son déplacement, bientôt au royaume marocain, le ministre des Affaires étrangères, de l’entité sioniste Yair Lapid, a fait savoir, lundi dernier, par la même occasion que son homologue Nasser Bourita, dans le gouvernement marocain que préside le chef du parti islamiste, Saad Eddine El-Othamani, effectuera à son tour une visite en Israël, à l’occasion de l’ouverture du bureau de la représentation marocaine, en Israël après la reprise des liaisons aériennes directes, à la fin du mois courant.

    Une annonce d’un haut responsable israélien, à laquelle le gouvernement marocain n’a pas fait de déclaration ou de commentaire, à ce jour, probablement en raison de l’opposition manifeste de la majorité des marocains à la décision du Roi Mohamed VI, de rétablissement des relations entre son royaume et l’entité sioniste. Déclarant lundi passé que « le week-end dernier, j’ai convenu avec le ministre des Affaires étrangères du Maroc, Nasser Bourita, de la première visite officielle d’un ministre des Affaires étrangères israélien au Maroc », le Mae sioniste, Yair Lapid a indiqué que son déplacement officiel à Rabat s’inscrit « dans le cadre du rétablissement de relations diplomatiques complètes » a-t-il écrit sur son compte Twitter. C’est par des responsables israéliens que l’opinion marocaine et le peuple marocain en général, apprend le calendrier des rencontres entre responsables marocains et israéliens, ainsi que les déplacements, en Israël, des ministres et hauts responsables du royaume chérifien.

    Si Rabat opte pour garder à l’abri de l’opinion marocaine, les rencontres entre ses hauts responsables et leurs déplacements en Israël, pour donner un meilleur tempo et cadence dans ses échanges avec les responsables de l’entité sioniste, sur des affaires et dossiers politiques, économiques et de surcroît d’ordre sécuritaire, le Palais comme son gouvernement pensent atténuer ainsi la réaction populaire marocaine, contestataire et opposée, aux relations entre le royaume et l’entité sioniste. Indiquant dans son annonce via Tweeter, que Yair Lapid la voulait étoffée d’informations, que sa visite à Rabat « est un événement historique » il a tenu à exprimer ses remerciements au Roi Mohamed VI, lequel a donné le feu vert à son gouvernement d’aller à la rencontre d’Israël, par la signature du document de la reprise des relations maroco-israéliennes.

    S’adressant à Mohamed VI, lequel faut-il le rappeler occupe le poste de président du comité Al-Qods, chargé de veiller sur les lieux saints de la ville sacrée, le MAE de l’entité sioniste a présenté ses remerciements au roi du Maroc, le jour même ou les palestiniens d’El Qods occupée, faisaient face lundi dernier,à la déferlante violence des services de sécurité et militaire israéliens appuyés par des colons, qui s’est poursuivie mardi, premier jour de l’Aid El-Adha.

    Persécutés, chassées, violentés et interdits d’accomplir la prière de la fête religieuse, le ministre sioniste Yair Lapid a écrit « je tiens à remercier le roi du Maroc, Mohammed VI, pour son soutien à cette visite et au renouvellement de nos relations », sans aller jusqu’à écrire qu’il le remerciait de garder le silence sur les évènements tragiques contre Al Qods et les Palestiniens, par l’absence de tout rôle du Comité d’Al Qods face à la volonté persistante d’Israël d’occuper, de judaïser et d’altérer les monuments de civilisation musulmans et chrétiens de la ville sainte d’Al-Qods, partie intégrante des territoires palestiniens occupés et capitale de l’État palestinien.

    Le titre de président du comité Al-Qods du roi du Maroc n’a plus aucun sens ni même un titre symbolique, comme le voulait Hassan II, depuis, notamment l’annonce de l’officialisation des relations, longtemps restées secrètes, faut-il le rappeler, entre Rabat et Tel –aviv ainsi que depuis la dernière agression de l’entité sioniste contre les palestiniens, lesquels ont fait preuve d’une résistance armée et populaire inédite, à travers toute la Palestine, qui a surpris plus d’un, en premier l’entité sioniste et dont le Comité d’Al Qods a opté, sans surprise, pour la politique de l’autruche.

    Lors de la bataille Seif El Qods des palestiniens pour répondre aux agressions israéliennes à Al-Qods occupée et l’expulsion de familles palestiniennes des territoires de 48, de leurs maisons, la mobilisation et les rassemblements des marocains de soutien au peuple palestinien ont été interdits et violemment réprimés, comme en ce lundi 10 mai à Rabat et à Casablanca. Sur les réseaux sociaux , seuls moyens pour les Marocains de s’exprimer avec une certaine marge de liberté, ils lançaient ironiquement « Où est le président du comité Al-Qods ? Que fait-il ? S’interrogeaient les internautes marocains, alors que partout dans le monde, les marches, les manifestations et les rencontres se multipliaient pour dénoncer le colonialisme israélien et sa barbarie en Palestine et contre le peuple palestinien.
    Karima Bennour

    Le Courrier d’Algérie, 22/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Israël, normalisation, Palestine, Al Qods, Jérusalem, Yaïr Lapid,

  • Normalisation marocaine avec Israël : Accord temporaire ou paix permanente ?

    Khalil al-Anani*

    Le 16 juin 2021, le roi Mohammed VI du Maroc a envoyé une lettre de félicitations au nouveau premier ministre israélien, Naftali Bennett. Cela n’aurait peut-être pas été surprenant puisque le Maroc a normalisé ses relations avec Israël en décembre 2020. Cependant, le même jour, le Premier ministre marocain Saadeddin Othmani a chaleureusement accueilli Ismail Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, qui s’est rendu au Maroc avec une délégation de haut niveau. Ces deux événements peuvent sembler contradictoires, mais ils reflètent en fait le dilemme du Maroc, qui doit trouver un nouvel équilibre dans ses relations avec Israël et l’engagement de Rabat envers la cause palestinienne. Ainsi, la question cruciale est posée : la normalisation des relations entre le Maroc et Israël contribuera-t-elle à instaurer une paix permanente au Moyen-Orient, ou deviendra-t-elle un autre accord temporaire ?

    Une vague de normalisation

    Le 13 août 2020, l’ancien président américain Donald Trump a annoncé que les Émirats arabes unis et Israël avaient accepté de normaliser leurs relations. Quelques semaines plus tard, Bahreïn a rejoint les Émirats arabes unis et a accepté d’établir des relations diplomatiques complètes avec Israël. Le 15 septembre, les trois pays, Israël, les EAU et Bahreïn, ont signé des accords de paix négociés par les États-Unis. À l’époque, il semblait qu’une vague sans précédent de normalisation entre Israël et les pays arabes était sur le point de se produire. En effet, quelques mois plus tard, le Maroc et le Soudan ont rejoint la liste. Bien que ces pays arabes affirment que leur normalisation avec Israël favorisera la paix au Moyen-Orient, chacun a ses propres raisons et motifs. Par exemple, les EAU et le Bahreïn cherchent à renforcer leur partenariat avec Israël pour des raisons géostratégiques, sécuritaires et économiques. Les deux pays estiment que leur alliance avec Israël pourrait les aider à contrer l’influence régionale de l’Iran, qui, selon eux, a un impact sur leur sécurité et la menace. Ils souhaitent également bénéficier de la technologie israélienne, notamment dans les domaines de la cybersécurité et du renseignement, afin de faire contrepoids à leurs ennemis régionaux et de réprimer l’opposition intérieure. Plus important encore, la normalisation avec Israël aide ces pays à renforcer leurs relations avec les États-Unis.

    Les EAU et Bahreïn cherchent à renforcer leur partenariat avec Israël pour des raisons géostratégiques, sécuritaires et économiques.

    En ce qui concerne le Maroc, la normalisation avec Israël remonte à plusieurs décennies. Les deux pays ont eu des relations officielles après la signature des accords d’Oslo entre Israël et les Palestiniens en 1993. Toutefois, ces relations ont été interrompues après le déclenchement de la deuxième intifada palestinienne en septembre 2000. Ce ne fut donc pas une totale surprise lorsque le Maroc a décidé de reprendre ses relations bilatérales avec Israël. Le 10 décembre 2020, après que le président Trump a annoncé que le Maroc acceptait de normaliser ses relations avec Israël et de reprendre les contacts officiels et les relations diplomatiques entre les deux pays, le Maroc a déclaré que le roi Mohammed avait promis de « faciliter les vols directs pour transporter les Juifs d’origine marocaine et les touristes israéliens vers et depuis le Maroc et de rouvrir les bureaux de liaison, qui avaient été fermés en 2002. » Il convient de noter qu’un million de Juifs en Israël sont d’origine marocaine et que quelque 50 000 Israéliens se rendent au Maroc chaque année.

    Par ailleurs, l’administration Trump a notifié au Congrès son intention de vendre au Maroc pour un milliard de dollars de drones et d’armes à guidage de précision. Les États-Unis se sont également engagés à ouvrir un consulat dans la ville de Dakhla au Sahara occidental afin d’y renforcer les opportunités économiques et d’investissement, selon le texte du mémorandum, reconnaissant ainsi la revendication du Maroc sur le Sahara occidental contesté.

    Le 22 décembre 2020, Israël et le Maroc, sous les auspices des États-Unis, ont commencé à élaborer le cadre de leurs accords globaux. Quatre accords ont été signés : le premier concerne l’exemption des procédures de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service ; le deuxième est un protocole d’accord dans le domaine de l’aviation civile ; le troisième est un protocole d’accord sur  » l’innovation et le développement des ressources en eau  » ; et le quatrième prévoit de relancer les relations économiques entre les deux pays à travers le commerce et l’investissement, en plus de négocier d’autres accords qui encadrent ces relations.

    Les impulsions du Maroc pour la normalisation avec Israël

    La normalisation entre le Maroc et Israël peut être décrite comme un compromis qui élargirait l’acceptation d’Israël parmi ses voisins arabes en échange d’avantages économiques, géostratégiques et politiques pour Rabat. Les responsables marocains estiment que la normalisation avec Israël renforce l’influence régionale et mondiale de leur pays. Premièrement, la normalisation du Maroc avec Israël est un élément clé de l’accord signé le 10 décembre 2020 par Rabat et Washington, dans lequel le second reconnaît la souveraineté du premier sur le Sahara occidental contesté. Certes, le conflit du Sahara occidental est une priorité de la politique étrangère du Maroc depuis des décennies. Dans le même temps, les deux pays ont signé deux protocoles d’accord dans lesquels les États-Unis se sont engagés à investir 3 milliards de dollars au Maroc et dans la région du Sahara. En reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, Trump a offert à Rabat un cadeau qu’il attendait depuis des décennies.

    La normalisation du Maroc avec Israël est un élément clé de l’accord signé le 10 décembre 2020 par Rabat et Washington, dans lequel le second a reconnu la souveraineté du premier sur le Sahara occidental contesté.

    Une deuxième incitation est que la relation trilatérale entre Rabat, Washington et Tel Aviv pourrait renforcer la position régionale du Maroc en Afrique du Nord, notamment en ce qui concerne la concurrence politique et stratégique avec l’Algérie. Avant de quitter ses fonctions en janvier, l’administration Trump a proposé de vendre jusqu’à 1 milliard de dollars d’armes au Maroc, y compris quatre drones MQ-9 Reaper à capacité de tir et des munitions à guidage laser. Elle s’est également engagée à ouvrir le consulat à Dakhla – une invitation claire aux autres pays à établir leurs propres consulats dans la région, aidant ainsi le Maroc à affirmer sa souveraineté.

    Troisièmement, les officiels de Rabat pensent que la reconnaissance par l’Amérique de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental mettrait plus de pression sur les autres pays, en particulier ceux d’Europe, pour qu’ils fassent de même. Par conséquent, il n’est pas surprenant que le ministre marocain des affaires étrangères Nasser Bourita ait déclaré que l’Union européenne devrait sortir de sa « zone de confort » et soutenir l’offre de Rabat d’une autonomie pour le Sahara Occidental dans le cadre de l’Etat marocain.

    Quatrièmement, le Maroc vise à renforcer sa collaboration économique avec Israël, qui s’est développée au cours des dernières années. Selon certains rapports israéliens, le Maroc fait partie des quatre premières nations africaines d’où Israël importe des biens, et il est neuvième en matière d’exportations avec 149 millions de dollars d’échanges entre 2014 et 2017. En outre, le secteur de l’énergie est un autre domaine dans lequel les deux pays pourraient collaborer, car le Maroc ne dispose pas de beaucoup de ressources énergétiques et aimerait étendre son utilisation des énergies renouvelables, car il importe environ 90 % de ses besoins énergétiques depuis 2013. Israël exporte également du gaz naturel ainsi qu’une expertise technique dans le domaine de l’énergie solaire. Avec son secteur de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche, qui contribue à hauteur de 15 % au produit intérieur brut et emploie environ 45 % de la main-d’œuvre, le Maroc peut constituer un énorme marché pour la technologie agricole israélienne.

    Enfin, la collaboration militaire entre le Maroc et Israël s’est accrue au cours des dernières décennies et elle devrait continuer à augmenter après la normalisation. Selon certains rapports, l’armée de l’air marocaine a acquis trois drones Heron pour 50 millions de dollars en 2013 qui ont été fabriqués par Israel Aerospace Industries. Ils ont été livrés au Maroc via la France et ont été utilisés au Sahara occidental.

    Un pari sans garanties

    Malgré les gains que le Maroc pourrait tirer de la normalisation avec Israël, cette étape reste un pari à haut risque car elle n’atteint pas nécessairement les intérêts du Maroc autant que ceux d’Israël. L’histoire en témoigne. Par exemple, la normalisation entre Israël et l’Egypte n’a pas permis d’améliorer les conditions socio-économiques dans les deux pays. Le cas d’Israël et de la Jordanie est similaire. En fait, ces conditions ont empiré au cours des quatre dernières décennies. S’il est vrai que la normalisation a aidé ces régimes autoritaires à rester au pouvoir, elle a également créé un fossé énorme avec leur propre population, qui rejette toujours la normalisation. Il est probable que le Maroc connaisse le même sort, car la plupart des Marocains sont contre ce mouvement. Selon le dernier indice d’opinion arabe (2019-2020) du Centre arabe de recherche et d’études politiques de Doha, au Qatar, environ 88 % des Marocains s’opposent à la reconnaissance diplomatique d’Israël, et 70 % considèrent que la question palestinienne concerne tous les Arabes. Par conséquent, plusieurs organisations et militants marocains ont critiqué la décision de normaliser les relations avec Israël et ont rejeté l’accord.

    Malgré les gains que le Maroc pourrait tirer de la normalisation avec Israël, cette étape reste un pari à haut risque car elle ne sert pas nécessairement les intérêts du Maroc autant que ceux d’Israël.

    Il est important de noter que pendant des décennies, le Maroc a été considéré comme un fervent partisan de la cause palestinienne, notamment parce qu’il a présidé le Comité de Jérusalem, qui a été formé en 1975 par l’Organisation de la coopération islamique pour protéger Jérusalem de la colonisation et des colonies israéliennes. L’image du Maroc dans le monde arabe pourrait désormais souffrir de cette normalisation.

    En outre, la reconnaissance unilatérale par les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental peut être coûteuse et complique la question. En fait, la proclamation de Trump a suscité de nombreuses critiques internes au Maroc, aux Nations Unies et aux alliés américains en Afrique et au-delà, car elle ajoute de l’huile sur le feu à une question hautement contestée et contestable. En avril, le Secrétaire d’État américain Antony Blinken a assuré à son homologue marocain Nasser Bourita, lors d’un appel téléphonique, que l’administration Biden n’a pas l’intention de revenir sur la reconnaissance du « Sahara marocain ». Toutefois, si l’administration Biden n’a pas annulé la proclamation de Trump, elle ne devrait pas apporter de soutien diplomatique ou politique au Maroc au Conseil de sécurité de l’ONU sur cette question.

    Gérer les dommages

    Après la récente attaque israélienne sur Gaza qui a fait 256 morts palestiniens, dont 66 enfants, et près de 2000 blessés, la normalisation du Maroc avec Israël a été remise en question. Certains experts arabes pensent que l’attaque est le résultat de la récente vague de normalisation entre Israël et les États arabes, y compris le Maroc, car elle a donné à Israël une couverture politique pour poursuivre ses politiques coloniales envers les Palestiniens. La colère des Arabes, en particulier des jeunes, face aux politiques israéliennes à l’encontre des Palestiniens est sans précédent. Des milliers de Marocains ont largement manifesté après l’assaut meurtrier d’Israël sur Gaza ; ils ont scandé contre Israël et dénoncé les gouvernements arabes qui ont normalisé leurs relations avec Israël, y compris celui du Maroc.

    Afin d’apaiser la colère du public contre Israël et d’atténuer les critiques concernant sa normalisation avec Tel Aviv, Rabat a officiellement condamné les violations « inacceptables » d’Israël à Jérusalem et a autorisé les manifestants à se rassembler et à protester contre Israël.

    Afin d’apaiser la colère de l’opinion publique contre Israël et d’atténuer les critiques concernant sa normalisation avec Tel-Aviv, Rabat a officiellement condamné les violations « inacceptables » d’Israël à Jérusalem et a autorisé les manifestants à se rassembler et à protester contre Israël pendant la guerre contre Gaza en mai. En outre, le Premier ministre Othmani a officiellement invité le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, à se rendre à Rabat avec une délégation de haut niveau ; Othmani et les représentants du gouvernement marocain les ont chaleureusement accueillis. Le roi Mohammed VI a également organisé un dîner pour Haniyeh et sa délégation dans une maison d’hôtes habituellement réservée aux invités de marque du Maroc, malgré le fait que les politiques du roi sur la Palestine soient plus proches de la position du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas que de celle du Hamas. Ce sont là des signes du soutien du Maroc à la cause palestinienne, surtout après la récente guerre israélienne contre Gaza.

    La paix au Moyen-Orient ne sera pas atteinte tant que les causes profondes de la question palestinienne ne seront pas traitées, même si tous les États arabes normalisaient leurs relations avec Israël. Par conséquent, il est prématuré de supposer que l’accord de normalisation entre le Maroc et Israël constitue une étape vers une paix permanente dans la région. C’est un fait que les acteurs nationaux, régionaux et mondiaux doivent réaliser et reconnaître.

    *Khalil al-Anani est Senior Fellow à l’Arab Center Washington DC et professeur associé de sciences politiques à l’Institut d’études supérieures de Doha.

    Arab Center Washington DC, 08/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Israël, normalisation, Palestine, Ghaza, Jérusalem, Al Qods, Sahara Occidental,

  • L’intrigue de palais en Jordanie et l’échec de l’ »accord du siècle ».

    Le président Donald Trump rêvait d’un « accord du siècle » diplomatique pour la paix israélo-arabe qui unirait ses alliés, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman.

    Il n’a jamais eu lieu, en grande partie parce que le roi de Jordanie Abdallah II n’a pas voulu céder à la pression et faire des concessions sur le statut de Jérusalem et d’autres questions touchant les Palestiniens. Sa résistance a eu un prix : Le royaume d’Abdullah a été secoué par des tremblements au cours des dernières années, encouragés par la pression exercée par les principaux dirigeants politiques des États-Unis, d’Israël et d’Arabie saoudite.

    Les problèmes d’Abdullah ont éclaté au grand jour début avril, lorsque les forces de sécurité du roi ont arrêté trois éminents Jordaniens qu’il soupçonnait de comploter pour déstabiliser son régime : Le prince Hamzah, l’ancien prince héritier que sa mère d’origine américaine avait préparé au trône, Sharif Hassan bin Zaid, un parent du roi et un puissant chef tribal, et Bassem Awadallah, un ancien ministre jordanien qui était devenu un confident du prince héritier saoudien, souvent connu sous ses initiales MBS.

    Le 2 juin, un procureur jordanien a saisi la Cour de sûreté de l’État des accusations portées contre bin Zaid et Awadallah, mais les détails n’ont pas été rendus publics. Un rapport d’enquête jordanien sur l’affaire, partagé avec moi par un ancien agent des services de renseignement occidentaux bien informé, affirme que les actions des conspirateurs présumés « ne constituent pas un coup d’État au sens juridique et politique du terme, mais qu’il s’agit d’une tentative de menacer la stabilité de la Jordanie et d’inciter à la sédition ».

    Hamzah n’a pas été inculpé. Le rapport d’enquête indique que lui et sa famille « sont à leur domicile sous la garde de Sa Majesté [Abdullah] ». Le rapport affirme que Hamzah n’a « jamais accepté » sa destitution en 2004 du poste de prince héritier et a cherché à « se présenter comme une alternative » à son demi-frère, le roi.

    Le rapport jordanien poursuit : « Awadallah s’efforçait de promouvoir le ‘deal du siècle’ et d’affaiblir la position de la Jordanie et celle du roi sur la Palestine et la garde hachémite des lieux saints islamiques et chrétiens à Jérusalem. »

    Hamzah, bin Zaid et Awadallah n’ont pas pu être joints pour un commentaire, et les efforts pour contacter les avocats qui parlent publiquement en leur nom n’ont pas abouti.

    L’agitation jordanienne a surpris les observateurs, dont certains ont soupçonné Abdallah de réagir de manière excessive à la politique familiale. Mais une reconstitution minutieuse de l’histoire, recueillie auprès de sources américaines, britanniques, saoudiennes, israéliennes et jordaniennes, montre que la pression sur le roi était réelle et s’était accentuée depuis que Trump avait commencé à faire pression pour son méga plan de paix, avec Netanyahu et MBS comme alliés clés. Rétrospectivement, il s’agissait d’un complot qui se cachait au grand jour.

    Jared Kushner, le gendre de Trump et conseiller principal sur les négociations, a embrassé Netanyahu et MBS – mais est devenu de plus en plus antagoniste envers le roi de Jordanie. « C’est devenu une conviction de Trump que le roi était une entrave au processus de paix », dit un ancien haut fonctionnaire de la CIA. Si Trump, Netanyahu et MBS ne semblent pas avoir œuvré pour renverser le roi, leurs actions l’ont clairement affaibli et encouragé ses ennemis.

    La campagne de Trump pour la normalisation des relations arabes avec Israël était louable. Elle a donné lieu aux accords dits d’Abraham qui ont tissé de nouveaux liens entre Israël et les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc. Mais le prix que Trump et Kushner voulaient le plus était l’Arabie saoudite – et pour dégager la voie, ils ont essayé de muscler la Jordanie, pendant des décennies l’un des plus proches alliés arabes des États-Unis.

    Aujourd’hui, les vents ont tourné : Trump a quitté ses fonctions, et Netanyahu semble être sur le chemin de la sortie. La Jordanie est de nouveau en faveur, et les conseillers d’Abdullah disent qu’il visitera la Maison Blanche cet été, le premier dirigeant arabe à rencontrer personnellement le Président Biden. MBS est dans les limbes de l’administration Biden et attend toujours un coup de fil ou une invitation présidentielle.

    Ce compte-rendu de l’intrigue du palais est tiré de discussions avec 10 responsables actuels ou anciens ayant une connaissance détaillée des événements. Ils ont requis l’anonymat pour décrire des informations sensibles sur l’un des jeux de pouvoir les moins visibles mais potentiellement les plus déstabilisants de ces dernières années au Moyen-Orient.

    Au centre de cette histoire se trouve Jérusalem, la capitale politique d’Israël et un trésor religieux pour les chrétiens et les musulmans, ainsi que pour les juifs. La monarchie hachémite de Jordanie doit une grande partie de sa légitimité à son rôle de gardienne de la mosquée al-Aqsa. Abdullah a décrit la protection du sanctuaire sacré musulman comme une « ligne rouge » pour la Jordanie. Au cours des trois dernières années, Abdullah a eu le sentiment que Trump, Netanyahu et MBS essayaient tous de le déloger de ce rôle, selon un Américain qui connaît bien le roi.

    Jusqu’au dernier jour de Trump à la Maison Blanche en janvier, Kushner a continué à faire pression pour une percée qui permettrait à un MBS hésitant et à l’Arabie saoudite d’embrasser la normalisation, selon plusieurs fonctionnaires bien informés. À ce moment-là, les Jordaniens avaient rassemblé un dossier de messages interceptés des comploteurs présumés qui, selon le document jordanien, montraient une « incitation contre le régime politique » et des « actions qui … créeraient une sédition. » L’affaire du siècle n’était plus qu’un lointain souvenir.

    La pression sur Abdullah a commencé avec son couronnement en 1999, après la mort de son père, le charismatique et rusé roi Hussein. Malgré tout le charme de la cour d’Hussein, il avait régné sur un siège perpétuellement chaud, survivant à de multiples complots de coup d’État, tentatives d’assassinat et jeux de pouvoir de ses voisins. Un traité de paix avec Israël en 1994 a donné au royaume une protection israélienne en plus de celle des États-Unis. Mais Abdullah a hérité du même équilibre délicat qui avait conduit Hussein à intituler ses mémoires « Uneasy Lies the Head » [qui porte la couronne].

    Abdullah est rapidement devenu la coqueluche de l’Occident. Avec sa femme, la reine Rania, élégante et libre penseuse, il était le symbole d’un leadership jeune, modernisé et pro-occidental dans le monde arabe. Il rencontrait chaque été l’élite économique et politique des États-Unis lors d’une réunion parrainée par Allen & Co. à Sun Valley, dans l’Idaho. Il incarne les espoirs américains et israéliens de paix et d’un islam modéré au Moyen-Orient.

    Les relations d’Abdullah avec l’Arabie saoudite étaient plus compliquées. La dynastie hachémite avait autrefois régné sur La Mecque et Médine, mais maintenant, transplantée en Jordanie, pays pauvre en ressources, elle avait besoin d’injections régulières de fonds de la part de la Maison des Saoud et d’autres monarchies du golfe Persique pour survivre. Le roi saoudien Abdallah, qui a régné de 2005 à 2015, a été généreux. L’intérêt de Riyad pour Amman était « la stabilité, la stabilité, la stabilité », se souvient une source du renseignement saoudien.

    Le statut du monarque jordanien en tant que meilleur ami des États-Unis dans le monde arabe a commencé à changer avec l’ascension de MBS, après que son père, le roi Salman, ait accédé au trône saoudien en 2015. MBS est devenu une célébrité instantanée aux États-Unis, avec son plan Vision 2030 pour moderniser son royaume, ses démarches pour réduire l’establishment religieux saoudien, et son charme effronté.

    L’engouement pour MBS s’est accéléré lorsque Trump est devenu président en 2017 et a fait de Riyad son premier arrêt à l’étranger. MBS a été présenté comme un réformateur, alors même qu’il supprimait les droits des dissidents et des militantes. Sa prise de pouvoir est devenue plus impitoyable en 2017, lorsqu’il a purgé un rival en tant que prince héritier et emprisonné plus de cent Saoudiens éminents à l’hôtel Ritz-Carlton jusqu’à ce qu’ils jurent allégeance et remettent une partie de leur argent. Puis vint le meurtre macabre d’un journaliste dissident, le chroniqueur collaborateur du Post Global Opinions Jamal Khashoggi, en octobre 2018, une mission qui, selon la CIA, a été approuvée par MBS.

    Dans l’entourage de MBS se trouvait Awadallah, un Jordanien qui avait été ministre de la planification et chef de la cour royale. Il était devenu une figure controversée en Jordanie, les critiques affirmant qu’il avait bénéficié financièrement de sa proximité avec le roi. Le roi Abdallah l’a encouragé à s’installer à Riyad, où il a pris un nouveau départ en conseillant MBS sur les plans de privatisation et de modernisation. Awadallah a aidé à présider des rassemblements semblables à ceux de Davos, comme le forum 2018 de la Future Investment Initiative, qui s’est tenu trois semaines seulement après le meurtre de Khashoggi.

    Selon une source saoudienne qui a parlé avec un ami d’Awadallah, le Jordanien a dit à l’ami saoudien que MBS s’est exclamé après leur première rencontre : « Pourquoi ne vous ai-je pas rencontré avant ? » Le message implicite, selon la source saoudienne, était : Maintenant, tu es à moi.

    En 2018, le monarque jordanien s’était inquiété du fait que la nouvelle proéminence de MBS se faisait aux dépens de la Jordanie. Lors d’une visite à Amman en février 2018, j’ai entendu cette inquiétude de la part de hauts fonctionnaires jordaniens. Ils craignaient que la Jordanie, après tant d’années en tant que partenaire loyal, ne soit évincée en raison de l’engouement de Trump pour MBS et les Saoudiens – et de son empressement à conclure  » l’accord ultime  » sur le problème israélo-palestinien, malgré les réticences jordaniennes.

    En mai 2018, Trump a officiellement déplacé l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, malgré les fortes objections du roi Abdallah. Ce déménagement, associé aux éternels problèmes économiques de la Jordanie, a entraîné des manifestations de rue en juin 2018. Un roi saoudien Salman inquiet s’est joint à d’autres dirigeants du Golfe pour promettre jusqu’à 2,5 milliards de dollars d’aide d’urgence. Mais les Jordaniens disent que la plupart de cet argent n’a jamais été livré.

    Kushner, un magnat de l’immobilier, espérait que les incitations économiques pourraient persuader les Palestiniens (et les Jordaniens) de soutenir l’offre de paix de Trump. Kushner a dévoilé ses propositions économiques lors d’une conférence baptisée « Peace to Prosperity » à Bahreïn les 25 et 26 juin 2019. Son espoir est que les Palestiniens finissent par accepter une forme limitée de souveraineté, et une formule différente pour le contrôle de Jérusalem, en échange de largesses financières.

    Le roi Abdallah s’est rendu à Washington en mars 2019 pour un briefing sur le plan. Le même mois, il a fait de vives déclarations publiques d’opposition. Dans des remarques capturées dans une vidéo YouTube du 21 mars 2019, traduite de l’arabe par le Post, Abdullah a déclaré : « Je ne changerai jamais ma position sur Jérusalem … indépendamment de ce que disent les autres. Nous avons un devoir historique envers Jérusalem et les lieux saints. … Y a-t-il des pressions sur moi de l’étranger ? Oui, il y a des pressions sur moi de l’étranger. Mais, pour moi, c’est une ligne rouge ».

    Abdullah a été encore plus catégorique dans une interview capturée dans une vidéo YouTube datée du 26 mars 2019 et traduite par le Post. « Moi, en tant qu’Hachémite, comment pourrais-je faire marche arrière ou laisser tomber Jérusalem ? Impossible. … Les gens parlent de ‘l’accord du siècle’, ou d’une patrie alternative. Comment ? N’avons-nous pas une voix ? »

    Le rêve de Kushner était que le soutien saoudien et d’autres pays arabes à son plan écrase l’opposition jordanienne et palestinienne. Cet espoir aurait pu être soutenu par une tribune publiée dans le journal israélien Haaretz le 3 juillet 2019, peu après la conférence de Bahreïn, par Malik Dahlan, un avocat saoudien à Londres qui est un proche confident du prince Hamzah.

    Dahlan a fait valoir que « les coûts peuvent être sévères » si le plan Kushner s’effondrait. « S’il échoue, il est probable qu’il fasse tomber l’Initiative de paix arabe [parrainée par l’Arabie saoudite] avec lui et mette fin à tout nouvel élan régional vers la paix. Ce serait une catastrophe ».

    L’avocat saoudien a ensuite exposé une formule de compromis qui commencerait « par un accord sur la gouvernance de Jérusalem. … Cette approche de Jérusalem d’abord impliquerait l’idée d’une ‘internationalisation intégrative’, que, soit dit en passant, je prescris également pour [La Mecque] et Médine. » Lors d’une interview téléphonique jeudi, Dahlan a déclaré que l’approche de l’ »internationalisation intégrative » visait à attirer d’autres pays islamiques et occidentaux, mais n’avait pas pour but de remplacer la garde jordanienne ou hachémite d’al-Aqsa.

    Alors que la pression sur le monarque jordanien s’intensifiait dans le pays et à l’étranger, ses services de sécurité ont commencé à enquêter sur d’éventuelles menaces contre son régime. Les preuves qu’ils ont recueillies n’ont pas encore été examinées par les tribunaux jordaniens ou les instances internationales, et il est donc difficile de porter un jugement définitif. Mais la rapidité avec laquelle les États-Unis et d’autres pays occidentaux ont pris le parti d’Abdallah après que des informations sur le prétendu complot ont fait surface en avril laisse penser qu’ils ont pris les inquiétudes du roi au sérieux.

    L’enquête a commencé il y a deux ans, selon le rapport d’enquête jordanien que j’ai examiné, qui indique : « À la mi-2019, les renseignements indiquent que Sharif Hassan bin Zaid… a rencontré deux fonctionnaires d’une ambassade étrangère pour s’enquérir de la position de leur pays sur le soutien au prince Hamzah comme alternative au roi, et Sharif Hassan a continué à communiquer avec l’ambassade par la suite. » L’ancien fonctionnaire des services de renseignement occidentaux qui a fourni le rapport dit croire que l’ambassade en question était probablement celle des États-Unis.

    Le rapport jordanien poursuit : « Au cours de l’année 2020, un certain nombre de personnalités tribales ont contacté les agences de sécurité et ont attiré leur attention sur les tentatives des assistants du prince Hamzah de solliciter leur soutien et celui des membres de leur famille. » Vers la fin de 2020, note le rapport, « les renseignements obtenus par les agences de sécurité indiquaient une intensification de la communication entre le prince Hamzah, Sharif Hassan et Bassem Awadallah. »

    Kushner a accéléré sa poussée pour l’accord de paix de Trump en 2020. Il a publié les détails politiques pour un règlement palestinien en janvier, mais en raison de la résistance palestinienne, il était mort à l’arrivée. Des développements plus prometteurs ont eu lieu en août, avec l’annonce d’un accord de normalisation entre Israël et les Émirats arabes unis, et en septembre, avec un accord similaire entre Israël et Bahreïn.

    Mais le monarque jordanien restait un problème. Awadallah s’est plaint à un ancien officier de renseignement américain de la frustration de MBS. « Un point d’achoppement pour nous est al-Aqsa. Le roi [Abdallah] l’utilise pour nous intimider et conserver son rôle au Moyen-Orient », a déclaré Awadallah, selon l’ancien fonctionnaire américain. À un autre moment, l’ancien fonctionnaire dit, Awadallah avait déclaré : « MBS est contrarié parce qu’il ne peut pas obtenir un accord parce qu’il ne peut pas gérer les réactions des Palestiniens si le roi maintient sa position sur Jérusalem. »

    Benny Gantz, un chef d’état-major des Forces de défense israéliennes à la retraite qui occupait le poste de ministre de la défense de Netanyahou, s’est tellement inquiété de la détérioration des relations entre Netanyahou et le roi Abdallah qu’il a effectué une visite secrète à Amman pour rassurer le roi au début de 2021, selon un article de All Israel News.

    Gantz a déclaré plus tard lors d’un appel Zoom avec des partisans : « Je pense que la Jordanie est un grand atout pour Israël. … Malheureusement, Netanyahu est une figure indésirable en Jordanie et sa présence nuit à l’avancement des relations. » C’était un signe de l’inquiétude de l’establishment sécuritaire israélien quant à une éventuelle déstabilisation de la Jordanie.

    Le rythme du complot présumé s’est accéléré en 2021, affirme le rapport d’enquête jordanien. Il indique que les agences de sécurité ont intercepté des messages WhatsApp entre les trois comploteurs présumés « encourageant le prince Hamzah à « passer à l’action » et indiquant également – via des références codées – l’implication d’autres individus et parties. »

    Awadallah aurait été désigné dans les messages WhatsApp interceptés comme « No Lube » parce qu’il ne boit pas, selon l’ancien responsable du renseignement occidental. Dans un message intercepté, le rapport affirme qu’Awadallah a déclaré que les contacts avec Hamzah et les chefs tribaux ont le soutien de « mon patron », ce qui signifie vraisemblablement MBS, selon l’ancien fonctionnaire. Le rapport accuse Awadallah de « conspirer avec des agendas étrangers » et de chercher à « affaiblir » le rôle de la Jordanie en tant que gardienne des sites religieux musulmans à Jérusalem.

    Alors que la Jordanie luttait contre la pandémie de covid-19, Hamzah a intensifié ses contacts avec les anciens des tribus et d’autres groupes jordaniens, organisant plus de 30 réunions de ce type au début de 2021, selon le rapport d’enquête. Lorsque Awadallah a soudainement avancé d’une semaine son départ prévu pour l’Arabie saoudite, au 4 avril, les autorités ont décidé qu’il était temps de bouger.

    Awadallah et bin Zaid ont été arrêtés le 3 avril, avec au moins une douzaine d’autres personnes, et Hamzah a été placé en résidence surveillée.

    Le prince Hassan, frère de feu le roi Hussein et autrefois candidat au trône, a négocié un accord de paix familial. Dahlan a envoyé à l’Associated Press une déclaration indiquant que Hamzah avait accepté la médiation et « j’attends une résolution sous peu. » Il a ajouté : « Le prince Hamzah a beaucoup à offrir au Royaume et au monde arabe. »

    Des représentants des services de renseignement et de sécurité israéliens, le Mossad et le Shin Bet, ont envoyé des messages privés au monarque jordanien, désavouant tout rôle dans le prétendu complot. Le thème, selon un ancien responsable des services de renseignement américains qui a lu les messages, était le suivant : « Ce n’est pas nous. Cela vient de devant nous » – ce qui signifie vraisemblablement Netanyahou.

    Les conseillers du roi Abdallah s’attendent à ce qu’il arrive aux États-Unis à la fin du mois de juin. Sa visite à la Maison Blanche illustrera une fois de plus une vérité sur les membres de la dynastie hachémite : Au milieu de l’agitation sans fin de la politique du Moyen-Orient, ce sont des survivants.

    The Washington Post, 11 juin 2021

    Etiquettes : Jordanie, Roi Abdallah, Hamzah Hussein, Accord d’Abraham, Accord du Siècle, Maroc, Jérusalem, Al Qods, Israël, normalisation,

  • Maroc: Un soutien pleutre à la Palestine

    SOUTIEN À LA CAUSE PALESTINIENNE ET NORMALISATION / Maroc : l’attitude pleutre du Makhzen et du parti au pouvoir

    La population d’El-Qods occupée et Ghaza a administré un véritable camouflet aux pays arabes qui ont normalisé leurs relations avec l’entité sioniste. Aussi bien sous les bombardements de l’aviation israélienne que lors des manifestations de joie qui ont consacré la victoire de la résistance devant la machine de guerre de Tsahal, les Palestiniens, même ceux de 1948 qui ont vu leurs terres spoliées par des colons ramenés des USA et d’Europe par bateaux entiers, la condamnation de l’attitude des pays du camp de la normalisation a été claire et ne souffrait d’aucune ambigüité. En parallèle, les palestiniens ont salué les positions, de soutien sans équivoque, exprimées par des pays comme l’Algérie, le Liban ; la Syrie ou encore l’Irak et la Tunisie. Ces derniers n’ont pas manqué de solliciter aussi bien leur machine diplomatique pour soutenir le combat des palestiniens et pour parvenir à la tenue d’une réunion du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations unies pour faire cesser l’agression contre Ghaza.

    Les pays du « clan de la normalisation », qui avaient pourtant de nombreux atouts pour faire pression sur Israël, ont adopté une attitude pleutre qui ne reflète nullement les convictions de leurs peuples acquis à la cause palestinienne. L’Égypte et le Qatar se sont empressés de tenter de faire pression sur la résistance pour cesser le tir de salves d’obus sur Israël et le Maroc, dont le roi préside le comité d’El-qods, s’est contenté de déclaration de forme sans impact sur l’attitude guerrière de Netanyahu. Au moment où Ghaza subissait un « Carpet bombing », des investisseurs marocains négociaient des contrats juteux avec des industriels israéliens pour développer l’usage de l’énergie solaire. Au moment où Israël tentait d’assassiner des dirigeants de la résistance, des tours operators israéliens posaient pour la photo en face de « Bine Lajraf » au niveau des frontières algéro-marocaines.

    Et le clou est l’attitude hypocrite, des dirigeants du parti islamiste, majoritaire dans le parlement marocain, Justice et développement (PJD), qui se sont fendu de déclarations froides et sans impact sur l’intransigeance des israéliens. Mohamed Hamdaou, président de la commission de soutien à la Palestine, et son alter-égo Saad El-Othmani le chef du gouvernement qui pouvaient adopter des positions franches, conformes à celles de leurs militants, n’ont pas voulu fâcher le palais et leur nouvel allié Israël qui ne reculera pas devant les atteintes des droits des palestiniens sans une réaction ferme de la communauté internationale.

    L’Algérie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères a été claire en affirmant, devant l’Assemblée générale des Nations unies que la cause palestinienne ne saurait trouver d’issue sans la solution des deux États et sans la reconnaissance des droits inaliénables du peuple palestinien. Le Maroc, l’Égypte, le Qatar et l’Arabie saoudite, ont tout tenté pour faire cesser la riposte de la résistance. El Sissi, a gardé fermé le passage de Rafah, au moment où le Maroc, tentait de faire pression sur la résistance en réprimant les marches de soutien et les rassemblements que tentait d’organiser le peuple marocain qui voyait son pays, par la grâce d’un accord de normalisation basculer dans le camp des traitres à la cause palestinienne et des chantres d’une solution qui dénie tous droits aux palestiniens consacrerait El-qods capitale d’israêl.

    Slimane B.

    Le Courrier d’Algérie, 25 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Palestine, Israël, normalisation, Ghaza, Al Qods, Jérusalem,

  • Blinken se rend au Moyen-Orient pour promouvoir les négociations de paix après la trêve à Gaza.

    WASHINGTON (AP) – Le secrétaire d’État Antony Blinken se rend au Moyen-Orient pour faire pression sur les Israéliens, les Palestiniens et les acteurs régionaux afin qu’ils fassent fond sur le cessez-le-feu de la semaine dernière à Gaza en jetant les bases d’une éventuelle reprise des pourparlers de paix, longtemps bloqués.

    Le président Joe Biden a annoncé que M. Blinken partirait lundi pour une courte visite en Israël, en Cisjordanie, en Jordanie et en Égypte pour ce qui sera les réunions en personne du plus haut niveau de l’administration Biden sur la crise qui a éclaté au début du mois.

    Dans un communiqué, M. Biden a déclaré que M. Blinken travaillerait également avec des partenaires régionaux pour assurer « la coordination de l’effort international afin que l’aide immédiate parvienne à Gaza. »

    Le gouvernement a été vivement critiqué pour sa réponse initiale, jugée passive, à la violence meurtrière, notamment par ses alliés démocrates au Congrès qui lui demandaient d’adopter une ligne plus dure à l’égard d’Israël et de sa réponse aux attaques à la roquette des groupes militants palestiniens à Gaza.

    L’administration a défendu sa réponse en disant qu’elle s’était engagée dans une diplomatie de haut niveau intense, mais discrète, pour soutenir un cessez-le-feu, qui a finalement été conclu la semaine dernière après une médiation égyptienne.

    M. Blinken a déclaré dimanche que les efforts déployés en coulisses par M. Biden ont porté leurs fruits, permettant d’obtenir une trêve après 11 jours.

    « Le président Biden, qui a dirigé cet effort, a jugé que nous pouvions être plus efficaces dans ce domaine. Et finalement, après cet effort intensif à travers le gouvernement, nous sommes arrivés là où tout le monde voulait être, c’est-à-dire mettre fin à la violence », a-t-il déclaré dans une interview à CNN.

    « Mais maintenant, comme l’a dit le président, je pense qu’il nous incombe à tous d’essayer de prendre le virage pour commencer à construire quelque chose de plus positif, et ce que cela signifie au fond, c’est que les Palestiniens comme les Israéliens doivent connaître dans leur vie quotidienne des mesures égales d’opportunité, de sécurité et de dignité », a déclaré M. Blinken.

    Il a ajouté que le moment n’est pas propice à une reprise immédiate des négociations entre les deux parties, mais que des mesures pourraient être prises – principalement des initiatives humanitaires – pour réparer les dommages causés par les frappes aériennes israéliennes à Gaza, qui ont causé d’importants dégâts aux infrastructures civiles et fait des morts.

    « Je ne pense pas que nous soyons dans un endroit où parvenir à une sorte de négociation pour ce qui, en fin de compte, doit être le résultat, à savoir une solution à deux États, est le premier ordre du jour », a-t-il déclaré. « Nous devons commencer à reconstruire de manière concrète et à offrir un véritable espoir, des perspectives, des opportunités dans la vie des gens. »

    Associated Press, 24 mai 2021

    Etiquettes : Etats-Unis, Palestine, Israël, Ghaza, AL Qods, Jérusalem,

  • Des dizaines de colons font incursion à al-Aqsa, escortés par la police israélienne

    – La police israélienne a arrêté le garde de la mosquée al-Aqsa, Fadi Alyan, et l’un des fidèles, dont l’identité demeure inconnue, selon un communiqué du Département des dotations islamiques à Jérusalem.

    AA / Jérusalem

    Des dizaines de colons juifs ont fait incursion à la mosquée al-Aqsa, dimanche matin, escortés par un fort contingent de la police israélienne, selon le Département des dotations islamiques.

    Le Waqf (dotations islamiques) a déclaré dans un communiqué, examiné par l’Agence Anadolu, que la police israélienne avait de nouveau permis aux colons de faire incursion à la mosquée al-Aqsa, après environ 3 semaines de sa fermeture à ce genre d’incursions.

    Une cinquantaine de colons ont fait leur incursion dans l’esplanade de la mosquée al-Aqsa, selon la même source.

    Des témoins oculaires ont déclaré à l’Agence Anadolu que la police israélienne avait empêché les jeunes habitants de Jérusalem d’entrer dans la mosquée al-Aqsa, ce dimanche à l’aube, et avait par la suite imposé des restrictions à l’entrée des fidèles, dont la confiscation de leurs cartes d’identité aux portes de la mosquée.

    Le Département des dotations islamiques a déclaré que la police israélienne avait arrêté le garde de la mosquée al-Aqsa, Fadi Alyan, et l’un des fidèles, dont l’identité demeure inconnue.

    La police a également arrêté Issa al-Dabbagh et Bassem Zughayer, du comité de reconstruction de la mosquée al-Aqsa, et Ali Wozuz, un employé du département des manuscrits de la mosquée, selon la même source.

    Le Waqf a indiqué que les incursions dans l’esplanade avaient été précédées du retrait par la police israélienne des fidèles de la zone d’al-Musalla al-Qibli.

    De son côté, la chaîne officielle israélienne « Kan » a déclaré, ce dimanche, qu’après trois semaines de fermeture, l’esplanade de la mosquée a été ouverte ce matin (dimanche) aux colons juifs.

    Et d’ajouter que l’esplanade a été fermée aux extrémistes juifs depuis les dix derniers jours du mois de Ramadan, lorsque de violents affrontements ont éclaté dans la zone du sanctuaire.

    La Kan a aussi indiqué que le chef du parti  » Yahadut Hatorah » (Judaïsme unifié de la Torah), « Moshe Gafni », a appelé samedi soir le Premier ministre Benjamin Netanyahu à maintenir la fermeture de l’esplanade de la mosquée aux colons.

    Gafni a écrit à Netanyahu dans un tweet que telle est la position de son parti, ajoutant : « Je vous demande de garder le mont du Temple fermé aux Juifs ».

    Les partis religieux (Haredim) et la gauche israélienne appellent au maintien de la fermeture de la mosquée al-Aqsa aux colons juifs, afin d’éviter de nouvelles tensions dans les conditions déjà embrasée à Jérusalem-Est, selon le site Internet « Srugim » de la communauté haredim.

    De son côté, le membre extrémiste de la Knesset (Parlement), Itamar Bin Gvir, du parti « Otzama Yehudit », a répondu à Gafni en disant : « Demain (aujourd’hui dimanche) à 7 heures du matin, l’esplanade de la mosquée doit être ouverte aux Juifs – la fermeture de l’esplanade signifie qu’Israël s’est rendu au Hamas », selon la chaîne Kan.

    Certains élus de la Knesset et journalistes israéliens accusent le gouvernement dirigé par Netanyahu, d’avoir conclu un accord de cessez-le-feu qui inclut de ne pas permettre aux Israéliens de faire des incursions dans l’esplanade de la mosquée al-Aqsa.

    Mais le ministre de la Défense Benny Gantz et d’autres responsables gouvernementaux ont nié ce fait et ont confirmé que l’accord de cessez-le-feu avait été conclu de manière inconditionnelle.

    Les autorités égyptiennes ont annoncé, jeudi dernier, qu’un accord avait été conclu pour un cessez-le-feu « réciproque et simultané » dans la Bande de Gaza, et il est entré en vigueur le vendredi matin à 02 h 00, heure de le Palestine.

    Le bilan de l’agression israélienne brutale est de 279 morts, dont 69 enfants, 40 femmes et 17 personnes âgées. Elle a également fait plus de 8 900 blessés, dont 90 cas ont été classés comme étant « très graves ».

    Depuis 2003, la police israélienne autorise unilatéralement les colons à faire des incursions dans la mosquée par la porte des Maghrebins dans le mur ouest de la mosquée al-Aqsa.

    Ces incursions ont toujours provoqué des affrontements entre les Palestiniens et la police israélienne.

    Depuis le 13 avril dernier, la situation dans les territoires palestiniens a explosé à la suite des attaques « brutales » commises par la police et les colons israéliens à Jérusalem occupée, en particulier contre la mosquée Al-Aqsa et ses environs, et le quartier « Sheikh Jarrah » (centre), et ce, à la suite des efforts israéliens pour déposséder 12 familles palestiniennes de leurs maisons au profit de colons israéliens.

    AA

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  • Accusée de mordre la main qui l’étranglait !

    par Ahmed Halli

    Chez les Israéliens en général, et plus particulièrement chez les religieux fanatiques, l’appétit vient en mangeant, et avant même les accords d’Oslo, ils n’ont cessé de tout dévorer autour d’eux. Selon la loi d’airain du gros poisson qui mange les plus petits, ce sont les Palestiniens qui nourrissent, si j’ose dire, la fringale de territoires d’Israël, visant à judaïser, et d’irréversible manière. Le quartier Cheikh-Jerrah de Jérusalem, d’où est partie la plus récente étincelle, et ce n’est pas la dernière, de la révolte, illustre en partie les méfaits de la colonisation effrénée de la Palestine. La judaïsation progressive et brutale de la ville sainte est un exemple de ces forfaits d’État commis sous couvert de lois et de procédures juridiques qui doivent certainement avoir un lien de filiation avec la colonisation de l’Algérie, au XIXe siècle, pour ne citer que cet exemple. Oui, comme se plaît à le répéter l’Occident, Israël est sans doute un État démocratique, mais si c’est une démocratie, elle fonctionne exclusivement par et pour les citoyens de race juive. En attestent les lois scélérates qui permettent d’exproprier au moindre prétexte les maisons ou les terrains convoités, soit pour judaïser des quartiers urbains ou pour créer de nouvelles colonies. Depuis l’enterrement officiel des accords d’Oslo, toutes les maisons et les quartiers palestiniens sont à prendre.

    On pourra toujours arguer qu’il y a quand même des Palestiniens ou Arabes israéliens qui siègent à la Knesset, mais ils sont aussi peu nombreux et aussi peu influents qu’un troisième collège. Encore une bonne vieille recette colonialiste, assez efficace, dont l’État juif, plus sioniste que jamais, pouvait s’inspirer, et c’est sans doute ce qu’il a fait, mais en respectant les formes. Toujours sauver les apparences, sauvegarder ce paravent démocratique que l’Europe en particulier se plaît à agiter, justifiant ainsi les atrocités commises à Ghaza, au nom de la «légitime défense». Il faut dire que le Hamas y a mis du sien, déplaçant le conflit du quartier Cheikh-Jerrah de Jérusalem-Est à l’entité islamiste instaurée par la branche palestinienne des Frères musulmans. Ghaza, c’est le seul endroit au monde où les Frères musulmans ont réussi à prendre le pouvoir et à le garder tout en peaufinant leur image de grands résistants au sionisme. Le bilan du Hamas ne s’exprime pas en termes de performances économiques et de niveau de vie de la population sous sa coupe, mais il se décline avec la liste des victimes, ses martyrs. En quelques heures, grâce aux arsenaux à explosifs, toujours renouvelés, du Hamas, les Occidentaux en ont oublié le problème de Cheikh-Jerrah, pour en appeler au cessez-le-feu à Ghaza.

    Dans une guerre qui ressemble étrangement à celles qui l’ont précédée, avec les mêmes conséquences destructrices, il est d’usage désormais d’appeler les «belligérants» à la modération. Washington a déjà déniché un obscur diplomate qui faisait tapisserie dans les couloirs du département d’État pour qu’il aille négocier un énième cessez-le-feu à Ghaza, entre deux intégrismes. D’un côté, nous avons Israël et son gouvernement qui rêvent de rétablir la grandeur de Salomon, moins Balqis, et de David, sans Bethsabée, les femmes n’ayant pas voix au chapitre. De l’autre, il y a le meilleur ennemi de Netanyahou, celui par qui il redore son blason, le Hamas qui fait miroiter à ses affidés et à une partie de son peuple l’utopie de l’Etat islamique. L’Occident, États-Unis en tête, est plus enclin à partager le rêve du premier, pour des raisons historiques, alors que le rêve du second lui fait peur, puisqu’il en voit déjà les contours. L’Occident et ses médias ont déjà pris fait et cause pour Israël, surtout quand il est en position d’agresseur et qu’il massacre, comme il le fait présentement. Mais massacrer un peuple, même avec la complicité des siens, ne suffit pas à l’effacer. Aucun Israélien, qu’il rêve ou non à la grandeur d’antan, ne dormira tranquille tant qu’il restera des Palestiniens pour déclamer leur nom et le nom de leur pays.

    C’est le point de vue qu’exprimait samedi dernier notre confrère libanais Khair-Allah Khair-Allah, dans le quotidien Al-Arabi, en insistant sur le fait que le peuple palestinien est toujours là. Pour le journaliste, «même si le conflit s’est transposé à Ghaza, la vraie insurrection populaire a eu lieu à Cheikh-Jerrah, près de la mosquée d’Al-Aqsa, et c’est de cette insurrection qu’il faudra tenir compte tôt ou tard». Autre élément important à souligner: Israël a mobilisé ses gardes-frontières, non pas sur ses limites territoriales attribuées ou conquises, mais à l’intérieur de celles-ci et contre les Palestiniens. Il y aura encore d’autres intifadas, non seulement à Jérusalem, mais aussi dans le moindre coin de cette terre, où la mémoire est entretenue, contre toutes les tentatives de l’effacer. Appréciez avec moi cette image partagée sur les réseaux sociaux, résumant ce paradoxe d’un peuple accusé d’avoir mordu la main qui l’étranglait. C’est celle d’une femme, incarnant Israël et se plaignant de ce que la petite fille (la Palestine) qu’elle tentait d’étrangler l’avait mordue à la main. «Pourtant, je ne suis pas son ennemie», déplorait-elle.

    Le Soir d’Algérie, 17 mai 2021

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