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  • Algérie. Eau des robinets: Précisions de SEAAL

    Algérie. Eau des robinets: Précisions de SEAAL

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    La société des eaux et de l’assainissement d’Alger a annoncé le début de publication des résultats des analyses d’une façon périodique à travers les réseaux publics, concernant la qualité des eaux produites et distribuées au niveau des wilayas d’Alger et de Tipaza.

    SEAAL a indiqué, dans un communiqué, que cette opération vise à rassurer le consommateur algérois de la qualité de l’eau livrée à travers les robinets, qui est soumise à des analyses physicochimiques et bactériologiques très stricts.

    El Khabar, 11/09/2022

    #Algérie #SEAAL #Eau

  • Découvrir Alger: la magnifique et méconnue capitale du Maghreb

    Découvrir Alger: la magnifique et méconnue capitale du Maghreb

    Algérie, Alger, Casbah, Monument du Chahid, M’zab, Tipasa, Timgad,

    L’Algérie s’ouvre au tourisme après des décennies de politique de fermeture. Aujourd’hui, le pays connaît une ère de paix et de prospérité et cherche à attirer les voyageurs. Alger est l’une des plus belles villes d’Afrique du Nord et se trouve à seulement deux heures d’avion de Madrid et de Barcelone.

    Il y a quelques années, nous avons eu l’occasion de visiter l’Algérie lors d’un de ces voyages organisés. C’était une autre époque et Alger n’était qu’un passage. Nous avons encore eu le temps de nous promener dans la médina (qui était dans un état de ruine terrible) et de voir certains des points de repère de la ville avant de nous diriger vers l’intérieur du pays à la recherche de la mythique vallée du M’zab, une oasis au milieu du désert du Sahara où l’on peut voir les célèbres villes berbères fortifiées, et ce qui était le but principal du voyage, le parc national du Tassili n’Ajer (l’un des meilleurs endroits que nous ayons jamais vus). Mais les intentions du gouvernement algérien sont d’ouvrir l’Algérie au tourisme. L’époque de la violence est révolue et le pays s’offre comme l’un des derniers paradis méditerranéens à découvrir. Et la vérité est que le pays a beaucoup à offrir : des plages incroyables, des places anciennes avec des médinas pleines de bâtiments remarquables, des vieilles villes romaines dans un incroyable degré de préservation, les espaces naturels uniques de l’Atlas, la culture berbère, le désert, les peintures rupestres du Tassili… Beaucoup de choses à voir. Il y a beaucoup à voir. Car, entre autres, l’Algérie compte sept sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO : la casbah d’Alger, la vallée du M’zab et ses forteresses, le château de Qal’aa Beni Hammad, le Tassili n’Anjer et les villes romaines de Djemila, Tipasa et Timgad.

    La première chose à garder à l’esprit lorsque vous planifiez un voyage en Algérie est qu’un visa est nécessaire. Seuls sept pays sont exemptés de l’obligation de visa : la Libye, la Malaisie, le Mali, la Mauritanie, le Maroc, la République arabe sahraouie démocratique, les Seychelles et la Tunisie. Pour le reste du monde, il faut un visa d’entrée, qui peut prendre entre un et trois mois et est valable pour un séjour de 90 jours. Pour obtenir un visa, vous devez présenter une réservation d’hôtel (ou une lettre d’invitation), un passeport en cours de validité, une assurance voyage et payer les frais de visa (95 euros, ce qui n’est pas rien) dans l’une des ambassades ou bureaux consulaires du pays. D’après ce que nous avons lu, ces exigences (en place à partir de juin 2022) seront assouplies dans un avenir proche pour permettre un afflux massif de touristes. Parce que l’Algérie est juste là. Par voie aérienne, il existe des vols directs depuis Madrid et Barcelone, tandis que par voie maritime, vous pouvez aller d’Almeria à Oran et Ghazaouet et d’Alicante à Oran et Alger. Les compagnies aériennes espagnoles opérant dans le pays sont Iberia, Vueling et Air Nostrum.

    Commencez par Alger – La capitale du pays est une ville passionnante où l’héritage musulman se mêle harmonieusement aux traces de la domination coloniale française (de 1830 à 1962). Sa Kasbah (Médina) est un digne représentant de l’urbanisme islamique médiéval et contient de véritables merveilles sous la forme de vieux palais, de mosquées et de madrasas ; mais si vous vous tenez sur la place centrale Port Saïd, à deux pas de là, vous avez l’impression de marcher à Marseille (avec ses bâtiments éclectiques à arcades et l’imposante façade du Théâtre national). Et c’est l’un des points essentiels qui font de la ville une destination si attrayante. La présence extensive de la France pendant plus d’un siècle a transformé la ville de façon remarquable, l’assimilant aux usages et aux modes de la métropole. Elle n’a rien à voir avec les fades villes nouvelles du Maroc où, au-delà du dessin des rues et des avenues, le poids de l’Occident se limite à des détails ou à de petits groupes de bâtiments. Alger est une ville à la physionomie française au-delà de sa médina ou des détails qui sont disséminés ici et là (mosquées, arches, monuments…). Marchez jusqu’à la place de l’Emir Abdelkader et montez les escaliers (ils les appellent Zig-Zag) de la rue Colonel Haouas. Tous les bâtiments que vous voyez pourraient être à Paris. Et nous n’exagérons pas.

    Et c’est aussi un centre culturel de premier ordre. Les musées et les monuments s’accumulent ici (une constante dans les autres villes du pays). Le plus important d’entre eux est le musée national d’El Bardo (3, avenue Franklin Roosevelt) qui est l’un des plus beaux musées archéologiques de toute l’Afrique. Vous pourrez y découvrir (dans un magnifique palais de l’époque ottomane) de vastes collections préhistoriques et romaines ainsi qu’une exposition permanente consacrée au Tassili n’Anjer, notamment certaines de ses célèbres peintures rupestres. Le Bardo partage ses installations avec le Musée des antiquités et de l’art islamique ancien, une autre merveille qui se concentre sur la période islamique, du Moyen Âge à presque hier. Comme nous l’avons dit, pour voir un duo de musées historiques de la stature de ces deux centres, il faut aller en Égypte ou en Europe. Ces musées se trouvent dans le quartier du Plateau Saulière, l’un des quartiers « français » de la capitale. Un lieu pittoresque rempli de petits jardins et de parcs (ne manquez pas de vous promener dans le parc de la Liberté ou de jeter un coup d’œil aux jardins entourant le musée du Bardo) où l’Art nouveau abonde. On y trouve par exemple l’unique et spectaculaire cathédrale du Sacré-Cœur (Hocine Beladjel), qui est davantage une sculpture architecturale qu’une église.

    Une promenade dans l’ancienne Kasbah – La médina d’Alger est un de ces labyrinthes médiévaux typiques. Cependant, elle possède un charme plus qu’intéressant en raison de ses origines 100% berbères. Et pourtant, elle est plus proche des villes de l’Orient islamique que de ses voisines marocaines (plus inspirées par les gloires d’Al-Andalus). Ce fait souligne l’importance de cet endroit en tant que frontière occidentale de l’Empire ottoman jusqu’au premier tiers du XIXe siècle. Le bâtiment le plus ancien et le germe de la ville est le palais du Dey (Mohammed Taleb), un superbe complexe palatial construit entre le 10e et le 16e siècle qui était le germe de la ville. Ce bâtiment monumental est à la fois un palais, une forteresse et une mosquée. Elle a été construite sous la forme d’un « taksebt » ou d’une kasbah, c’est-à-dire une forteresse capable de résister à de grands sièges – c’est là que l’empreinte berbère est la plus visible. De là, vous pouvez entrer dans la médina par Bab Djedid (nouvelle porte) et commencer à vous promener de long en large, à la recherche de ses secrets et de son air décadent.

    Dans la médina, vous pouvez visiter plusieurs endroits à l’intérieur et à l’extérieur : le musée Alí La Ponte (Abderames) occupe une maison traditionnelle et est consacré à la bataille d’Alger, l’une des actions les plus sanglantes de la guerre d’indépendance locale, à travers la figure d’Alí La Ponte ; le palais Dar Mustapha Pacha (Aoua Abdelkader) ; le Dar Aziza (Cheikh Ben Badis) ou le musée des arts et traditions populaires (Mohamed Akli Malek, 9), qui occupe une demeure spectaculaire. Malheureusement, il n’est pas possible de visiter l’intérieur des édifices religieux et il faut se contenter de voir de l’extérieur de véritables merveilles, comme la mosquée Ketchaoua (place Cheikh Ben Badis), un édifice monumental du XVIIe siècle qui pourrait parfaitement se trouver à Istanbul, ou la plus modeste Ali Bichin (Bab El Oued).

    La place des Martyrs sert d’entrée et de sortie à la Kasbah, côté mer. De là, nous pouvons descendre vers la mer, en quittant le « quartier ottoman » (l’autre nom de la Kasbah) par Bab Al Bahr et en passant par la Nouvelle Mosquée et la Grande Mosquée d’Alger. Nous approchons du port. Ici, il y a deux bijoux de la période ottomane. Le premier est l’ancien chantier naval ottoman transformé en Musée maritime national (Jetée Kheir Eddine), un lieu qui a joué un rôle important dans l’histoire de la Méditerranée puisque c’est ici que furent construites les fameuses galères algériennes, fléau des côtes européennes pendant des siècles. L’autre point d’intérêt de cette partie de l’ancienne médina est le Palais du Raïs (Boulevard Amara Mohamed Rachid Basse, 23), l’un des plus beaux exemples d’architecture traditionnelle de toute la ville.

    El Diario, 17 juin 2022

    #Algérie #Alger #Casbah

  • Histoire: Alger, la petite ville musulmane du Xe siècle

    Petite ville musulmane depuis le Xe siècle, Alger, menacée par les Espagnols, fait appel au corsaire Barberousse qui, se plaçant sous la protection du sultan ottoman en 1518, en fait la capitale d’un Etat algérien relativement autonome.
    En 711, la conquête musulmane introduit l’islam en Afrique du Nord. Alger était alors un territoire qui appartenait aux Maghraoua, une tribu berbère zénète. Ziri Ibn Menad était vassal des Fatimides. Il prouve sa bravoure à ces derniers lorsqu’il gagne les Berbères zénètes kharidjites (Maghraoua, Banou Ifren, etc.).

    Et après la mort d’Abou Yazid en 947, Ziri Ibn Menad s’empare de la région du Centre et fonde Achir comme capitale des Zirides. D’après Ibn Khaldoun, la région d’Alger fut occupée par les Sanhadja avec la dynastie des Zirides (les premiers Sanhadja occupaient les régions de M’sila, de Médéa et d’Alger). Le fils de Ziri Ibn Menad ayant l’autorisation de son père, Bologhine Ibn Ziri fonde trois villes dont Djazaïr Beni Mezghenna (Alger), Médéa et Miliana après avoir chassé les Zénètes.

    Naissance de Djazaïr Beni Mezghenna

    Bologhine Ibn Ziri reconstruit Icosium au milieu du Xe siècle, en fortifiant et en agrandissant le site occupé par les Beni Mezghenna et la baptisa Djazaïr Beni Mezghenna, en 960. La guerre continue entre les Zénètes et les Sanhadja. Ziri Ibn Menad est tué en 971 dans une bataille contre les Maghraoua, sa tête est rapportée à Cordoue par les Maghraoua pour qu’ils aient de l’aide pour affronter l’armée des Zirides, vassaux des Fatimides. Et les Zénètes vengent ainsi la mort d’Abou Yazid.

    A ce moment-là, Moez, calife fatimide, désigne Bologhine Ibn Ziri comme calife du Maghreb. Ce dernier continue le combat contre les Zénètes. Ces derniers demandent alors l’aide des Omeyyades de Cordoue pour reprendre leur territoire et leurs villes, y compris Alger. Bologhine Ibn Ziri prend à ce moment presque tout le Maghreb en suivant les directives du Moez (calife fatimide).

    Bologhine avait toutes les villes du Maghreb, il avait pour ordre de tuer tous les Zénètes, de ramasser l’impôt des Berbères sous l’emprise de l’épée. Ce qui va provoquer une marche de contestation de la part des autres tribus. Les Kotama vont être jaloux des Zirides et la guerre se fera entre les deux tribus. Mila et Sétif sont rasées par les Zirides.
    Les Omeyyades acceptent enfin d’aider les Zénètes à reconquérir les territoires, en particulier des Maghraoua. Bologhine Ibn Ziri rebrousse chemin en voyant toute l’armée des Zénètes venue d’Andalousie par voie maritime et qui s’installe à Ceuta. En 983, Bologhine Ibn Ziri mourut. Il s’ensuit une longue période de défaite pour les Zirides. Les Maghraoua regagnent leurs territoires et leur souveraineté dans le Maghreb central et dans l’Ouest grâce à Ziri Ibn Attia, issue des Maghraoua.

    Le Djebel ou la ville haute constitue la vraie ville

    Toutes les villes du Centre jusqu’à Tanger redeviennent des villes y compris Alger. Les Fatimides voulaient prendre l’Andalousie. A la fin, ils décident d’abandonner le projet pour garder l’Egypte et les autres provinces. Les Zirides restent souverains dans leurs territoires dans l’est de l’Algérie ainsi que les Hammadites (tribu des Sanhadja). Les Almoravides prennent Alger en 1082 grâce à Youssef Ibn Tachfin.

    Ce dernier défait tous les Zénètes. La première grande mosquée du rite malékite, Djamaâ El Kébir ou la Grande Mosquée d’Alger, y est construite par Youssef Ibn Tachfin.

    Les Almoravides n’ont jamais fait la guerre contre les Zirides, les deux tribus sont des Sanhadja. En 1151, Abdelmoumen (Almohades), Berbère zénète, reprend Alger des Almoravides et reprend tout le Maghreb et l’Andalousie. Par la suite, Alger fut rattachée aux capitales des dynasties zianide, hafside et mérinide pour de courtes périodes. Longtemps la ville fut dépendante de Tlemcen sous les dynasties ifrénide, almoravide, almohade et zianide.

    Du XVIe au XIXe siècle, de luxueuses demeures de dignitaires et de hauts fonctionnaires se construisent dans la partie basse de la ville : Dar Hassan Pacha, Dar Aziza, Dar Mustapha Pacha. Cette partie de l’agglomération devient le quartier des affaires. Une grande rue commerçante se développe, allant de la porte Bab El Oued à la porte Bab Azzoun. C’est la zone des souks, assez proche du palais de la Djenina.

    La Casbah, un type unique de médina

    A la veille de l’occupation française, Alger s’étendait, dans la partie comprise entre la rue Benganif, le boulevard Hahkad, la citadelle (Casbah) et le port, sur 3200 m de remparts avec cinq portes qui l’enferment. Les faubourgs constituent la campagne avec de belles villas enfouies dans un cadre de verdure et de vastes jardins qui font l’admiration des Européens. La ville haute, le Djebel comme on l’appelle, constitue la vraie ville avec ses mosquées, ses zaouïas et ses rues étroites.

    La Casbah d’Alger est un type unique de médina. Il est situé dans l’un des meilleurs sites côtiers de la Méditerranée, surplombant les îles où les Carthaginois, au IVe siècle avant J.-C., ont créé un avant-poste commercial. Il y a les restes de la citadelle, des mosquées et des anciens palais de style ottoman ainsi que les restes d’une structure urbaine traditionnelle.

    Le Temps d’Algérie, 08/09/2009

    Etiquettes : Algérie, Alger, Casbah, Barberousse, Maghraoua, Berbères zénètes kharidjites, Sanhadja, dynastie des Zirides, Djazaïr Beni Mezghenna, Bologhine Ibn Ziri, Icosium, Andalousie, Almoravides,

  • Balade à Alger : la ville qui cache tant de trésors

    Balade à Alger : la ville qui cache tant de trésors

    La capitale de l’Algérie recèle d’ouvrages architecturaux de diverses périodes. Ces édifices somptueux feraient le bonheur des touristes et des amateurs du Premier art s’ils étaient mis en valeur.

    Jusqu’à l’an mille de l’ère actuelle, El Djazaïr n’était qu’une petite bourgade ouvrant sur un minuscule port. C’est Bologhine fils de Ziri, fils de Menad de la dynastie berbère Sanhadja originaire d’Achir, dans la province du Titteri, qui en jeta les fondations sur le versant nord-est du mont Bouzaréa.

    La cité n’a depuis cessé de se développer par des apports démographiques successifs de l’intérieur du pays et d’autres régions de la Méditerranée. Les Andalous s’y étaient ainsi installés en masse après avoir fui la Reconquista espagnole et les représailles qui ont touché les populations musulmane et juive.

    Cet élan a même conduit la marine ibérique à s’emparer de nombreuses villes du Maghreb et d’assiéger la ville d’Alger. Elle s’empara ainsi, vers 1509, de l’un de ses îlots rocheux que ses officiers ont baptisé El Peñon. Salim At-Toumi qui était alors le souverain de la cité déjà florissante et assez peuplée a, sur les conseils de notables et de marchands, fait appel à l’empire ottoman pour l’aider à chasser les intrus qui cherchaient à envahir son territoire.

    Istanbul a alors chargé les frères Barberousse de partir à la rescousse d’Alger. Les deux corsaires qui s’étaient déjà battus avec les Espagnols à Jijel et Béjaia ont réussi, en 1529, à les chasser des eaux algéroises. Ils ont cependant pris le pouvoir après qu’Arudj a étranglé Salim At-Toumi pour prendre son trône. La Régence d’Alger fut ainsi créée et devint la puissante Cité-Etat qui faisait régner sa loi sur toute la partie occidentale de la Méditerranée. Cet ordre ne s’est achevé qu’avec la colonisation française, en 1830.

    Les murs d’Alger qui a repris son indépendance en 1962 ont été façonnés par toutes ses étapes. «El Mahroussa» (la Protégée), comme l’appelaient naguère ses habitants, est aujourd’hui un amalgame de styles architecturaux divers d’influence orientale et européenne greffés sur une matrice locale.

    Depuis une quarantaine d’années, Alger vit aussi des changements rapides. Les grues et les pelleteuses ont profondément redessiné son visage est agrandi son périmètre qui s’étend maintenant à une périphérie auparavant verdoyante et champêtre.

    Le vieil Alger, la Médina, que tout le monde appelle à tort la Casbah était, à la veille de la colonisation, une ville moyenne peuplée de quelques dizaines de milliers d’habitants. Selon diverses sources, son centre névralgique se trouvait dans sa partie inférieure et s’articulait autour d’une longue artère marchande allant de Bab El Oued à Bab Azzoun. Cette zone située au pied du « Djebel » (la montagne) était désignée alors par « El outta » (la vallée ou le plateau), mais elle a été rebaptisée « Basse Casbah » par les français, par opposition à la Haute.

    La rue principale concentrait la plupart des commerces. Les plus populaires se trouvaient aux portes de la ville et les plus luxueux (ceux de l’or et de la soierie, par exemple) au centre.

    L’autre grand axe montait de l’actuel quartier de la marine (près de l’amirauté) et regroupait les foundouks, des auberges où les marchands venus de l’intérieur du pays ou de l’étranger logeaient.

    Les deux avenues formaient une intersection au niveau de la « Djenina » (le jardin) autour de laquelle se dressaient la plupart des bâtiments administratifs tels que « Dar Esseka » (la maison de la frappe de la monnaie), « Beyt El Mel » (sorte de Trésor public), le « Diwan » (l’équivalent d’un mess des officiers.)

    El Djazaïr, « El Bahdja » (la Bienheureuse) ou encore « El Mahroussa » était à l’époque entourée d’un mur de trois kilomètres, doté de plusieurs portes que l’on fermait à la tombée de la nuit. Selon l’historien Omar Hachi, ces accès étaient au nombre de sept mais nous en connaissons que cinq : Bab El Bhar, Bab Eddzira, Bab Azzoun, Bab Djdid et Bab El Oued. «Ce que l’on nomme aujourd’hui le Bastion 11 est en fait Bab Sidi Ramdane qui est la sixième porte. La septième n’était pas empruntée par les piétons. Elle a été construite dès l’édification de la citadelle par Kaïd El Djouyouch (le chef de l’armée) pour un usage militaire.»

    Une ville édifiée par les Ziride et perfectionnée par les Andalous

    Les clés de Bab Azzoun étaient conservées par l’Agha et celles des autres portes étaient aux mains de Kaïd El blad (le gouverneur). Les portiques de la Médina ont tous été détruits par l’armée française. Il ne subsiste aujourd’hui que quelques morceaux des fortifications qui la protégeaient. On peut voir l’un des pans à Bab Djedid. Celui-ci a été d’ailleurs percé par une trouée dès le début de la colonisation.

    La Médina fut édifiée par les Algériens et perfectionnée par l’apport des Andalous expatriés d’Espagne. Ceux qui croient qu’elle fut fondée par les Ottomans se trompent. « Les derniers Andalous à venir à Alger sont les frontaliers, indique Omar Hachi. Ils sont arrivés ici en 1605. C’était pratiquement la dernière vague, puisque la première a commencé, depuis les Baléares, en 1270. Elle concernait surtout les Juifs. Vous connaissez aussi celle de 1492. En fait, les Turcs étaient surtout des militaires.»

    Ce que l’on nomme aujourd’hui Alger est en fait la ville européenne fondée par les colons. Son centre-ville commence à proprement parler de la place de la Concorde (anciennement le Champ de manœuvres, puis place du 1e mai). Autour d’un rond-point à jet d’eau, quasiment tous les mouvements architecturaux importés par la colonisation sont présents. Du classique, au néoclassique, au moderne : Près de deux siècles d’architecture vous regardent.

    La topographie de la ville se caractérise par une étroite bande plate coincée entre la montagne et la mer, un relief qui la transforme aux heures de pointe un cauchemar pour la circulation automobile. Le problème s’est posé dès les années 1950 et plusieurs solutions ont été imaginées pour la désengorger mais en vain. Parmi ces tentatives, des téléphériques permettent, à certains endroits, de relier le bas de la ville à ses hauts. En plus d’être pratiques, ces cabines donnent un point de vue saisissant sur Alger.

    La mer n’est pas encore utilisée pour raccorder Alger à sa banlieue. Cette option est, toutefois, de plus en plus envisagée. Le cabotage côtier commence à s’imposer, quoique timidement, comme une nécessité pour desserrer l’étau de l’encombrement routier.

    La trémie qui passe sous la place Addis-Abeba est un autre exemple de ces efforts pour fluidifier le trafic vers les quartiers haut-perchés d’El Biar, du Golfe et d’Hydra. A cet endroit, on peut admirer des bâtiments néo-mauresques de grande facture qui date de la période coloniale : le British Council et sa belle église anglicane et, un plus haut, l’hôtel El Djazaïr, ex-Saint-George, qui abrite un somptueux jardin botanique.

    En contrebas, de part et d’autre de l’avenue Franklin Roosevelt, plusieurs constructions de même style rappellent l’Andalousie : Le Palais du peuple, le siège de l’Observatoire des droits de l’homme, celui de l’Union maghrébine et le musée des antiquités, au sommet du parc de Galland, aujourd’hui de La Liberté.

    Le style néo-mauresque a fait son apparition à Alger au début du XXe siècle. Ce mouvement avait pour souci de s’inspirer de l’architecture musulmane. Plusieurs édifices d’une grande beauté ont été ainsi érigés dans le tissu de la ville européenne comme une reconnaissance tardive du patrimoine culturel et identitaire du pays étouffé, pendant des décennies, par le style haussmannien.

    Parmi les plus beaux fleurons de cette école, on peut citer la Grande poste, la wilaya d’Alger, la Dépêche, les Galeries Algériennes transfigurées récemment en Musée d’art moderne d’une fadeur et d’une froideur indicibles. D’autres belles pièces de cette architecture sont visibles en haut du boulevard Mohamed V et à la rue Victor Hugo.

    Cependant, le centre d’Alger est surtout un agglomérat éclectique de genres architecturaux européens où le classicisme du XIXe siècle et le néoclassicisme du XXe côtoient le modernisme des années 1950.

    Cette diversité est surtout visible au 105 rue Didouche Mourad. Les créations de différentes périodes, allant du dernier quart du XIXe siècle à la fin des années 1950, cohabitent et parfois s’emboîtent les unes dans les autres, sans aucun problème esthétique ou fonctionnel.

    Un paradis pour les créateurs du style Art-déco

    Alger était aussi le paradis des créateurs de l’Art-déco comme Xavier Salvador, architecte sévillan né en 1898 et mort à Toulon en 1967, qui avait édifié un magnifique bâtiment à l’embouchure de la rue Claude Debussy. Un immeuble dont il a estampillé la façade d’une splendide mosaïque à moitié détruite aujourd’hui. Non loin de là, près de l’Ecole des Beaux-arts, un autre fruit délicieux de cette tendance surplombe la baie et offre un balcon sur le célèbre musée du Bardo.

    Dans un autre registre, le style industriel inspiré de Gustave Eiffel a laissé de nombreux ouvrages tels que le marché couvert de l’ex-rue Ampère qui rappelle ceux de la rue Bouzrina et d’El Harrach.

    La même artère débute d’ailleurs par un immeuble inclassable que jouxte une maison encore plus surprenante ; une incursion de l’art architectural vénitien devenu, avec le temps, une partie intégrante du moule algérois.

    La rue Didouche Mourad, ex-Michelet, était habitée, à la fin du XIXe, par de riches vignerons qui avaient donné libre cours à leur exubérance. C’était l’époque où les occupants européens avaient acquis la certitude de la pérennité de leur présence en Algérie et voulaient se doter d’une capitale capable de rivaliser avec les plus belles cités d’Europe.

    La ville coloniale est la résultante d’un choc militaire et de civilisation. Dès que l’armée française a consolidé ses positions, l’administration a volontairement isolé la Médina de la mer et des terres. Une grande place d’armes (aujourd’hui la place des Martyrs) et de grands boulevards ont totalement coupé le vieil Alger de son espace vital. Plus tard, l’autorité d’occupation confiera à la société anglaise de Sir Morton la construction d’un front de mer fortifié qui deviendra un des ouvrages les plus emblématiques d’Alger. L’autre chef-d’œuvre est sans conteste le Foyer civique (l’actuel siège de l’UGTA), un bâtiment unique et d’une très grande facture esthétique et technique. Certains avancent même que ses colonnes furent calculées au centimètre près sur celles de l’Acropole d’Athènes.

    Du classicisme au modernisme

    Alger possède également une exquise devanture maritime. En témoigne le chapelet de joyaux érigés sur les bords du boulevard Che Guevara, des rues Boumendjel, Abane Ramdane et Ben M’hidi. Les Atlantes, les cariatides, les Vénus et les autres figures mythologiques en haut et ou bas-reliefs qui ornent leurs façades en font de véritables œuvres d’art. Il n’y a qu’à lever la tête pour admirer ces moulures qui parfois s’élèvent au rang de sculptures mais dont plus personne ne se soucie.

    Les immeubles de Didouche Mourad ne sont pas en reste. Dès l’entrée, leurs portes, en chêne massif ouvragé, imposent le respect. Modèles uniques, aucune d’elles ne ressemble à l’autre. Il faut aussi lever la tête pour regarder les très beaux balcons en fer forgé et les façades extraordinaires notamment aux numéros 24, 26, 28, 30.

    L’empreinte de l’école du Corbusier, même si lui n’y a rien construit, est également visible à divers endroits d’Alger. Exemple : L’alignement des fameux balcons-jardins de Bab El Oued, l’Aéro-habitat du Télémely et l’immeuble qui jouxte le lycée Saint-Elisabeth. D’autres constructions d’influence moderniste parsemées ici et là : Le Maurétania, les groupes du Premier mai, les barres des Dunes et d’El Harrach, ou l’étonnant immeuble-pont de la rue Burdeau.

    Diar El Babor de Belcourt (les maisons bateaux comme les appellent les Algérois) qui possèdent des ouvertures sur des rues attenantes sont un échantillon représentatif de cette tendance.

    Alger est également un chef-d’œuvre de concentration et de rationalisation de l’espace. Dans un territoire en mouchoir de poche, environ cinq hectares, on peut compter de nombreuses institutions, banques, hôtels, commerces et logements se côtoient. Les espaces verts ne sont pas en reste. La ville abrite de splendides jardins comme celui, en escaliers, de l’esplanade du Palais du gouvernement, le merveilleux parc de Galland qui raccorde le Télemly au Sacré-Cœur, le Parc Moreillon, le Saquare Port-Saïd, le Parc Sofia en sont de magnifiques représentants.

    La promenade dans la ville européenne s’arrête ici, mais elle n’a couvert qu’une petite partie de la métropole. Tant de trésors restent à découvrir et à décrire dans les dédales de cette ville capricieuse et cachotière.

    Mohamed Badaoui

    La Nation

    Etiquettes : Algérie, Alger, monuments, architecture, patrimoine,

  • La Turquie est déterminée à renforcer ses relations avec l’Algérie

    Sinem Cengiz*

    En 1955, la Turquie s’est rangée du côté du monde occidental et s’est abstenue d’un vote sur l’autodétermination de l’Algérie à l’Assemblée générale des Nations unies grâce à sa ligne de politique étrangère orientée vers l’Occident. Malgré un héritage historique commun, la Turquie et l’Algérie, en raison de leurs tendances politiques et idéologiques différentes, ont entretenu des relations distantes pendant toute la durée de la guerre froide. Même après la chute du rideau de fer, les deux pays n’ont pas réussi à trouver un terrain d’entente sur lequel bâtir des relations plus étroites.
    Toutefois, les équilibres changent très vite en politique internationale. Lorsqu’il s’agit du Moyen-Orient, la région la moins pacifique du monde, la dynamique change encore plus vite, et le plus souvent de manière inédite. Après de nombreuses années de relations distantes, la Turquie et l’Algérie ont récemment commencé à développer leurs liens. La guerre civile en Libye a été le tournant qui a conduit les deux pays à augmenter la fréquence de leurs réunions politiques de haut niveau et à signer plusieurs accords.

    La Turquie tente de consolider sa présence politique et militaire en Libye, de régler ses problèmes avec l’Égypte et de maintenir une relation prudente avec la Tunisie et le Maroc. Ankara accorde également une grande importance à ses relations avec l’Algérie, qui partage une frontière avec la Libye, où la Turquie a accru son activité militaire, et qui est un pays considéré par la France – psychologiquement – comme son arrière-cour.

    Dans une récente interview accordée à l’hebdomadaire français Le Point, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a déclaré que son pays visait à établir un partenariat stratégique avec la Turquie, envoyant ainsi un message implicite à la France. « L’Algérie entretient d’excellentes relations avec la Turquie, qui a investi environ 5 milliards de dollars en Algérie, sans aucune condition politique. Quiconque est ennuyé par cette relation n’a qu’à investir dans notre pays », a-t-il ajouté. L’influence régionale de la France s’estompant, l’Algérie, qui s’inquiète de l’instabilité en Libye, considère que sa relation avec la Turquie fait partie de sa politique de diversification de ses relations internationales.

    Tebboune a signé ce mois-ci un décret présidentiel visant à ratifier un accord avec la Turquie qui était en suspens depuis 23 ans. Cet accord, signé en 1998 mais non approuvé par le gouvernement algérien, vise à accroître les échanges commerciaux entre les deux pays et à renforcer la coopération dans les domaines du transport et des affaires maritimes. Aucune déclaration n’a été faite par la partie algérienne concernant le retard de plusieurs années de l’accord. Toutefois, il est probable qu’il s’agisse d’un autre geste destiné à améliorer les relations.

    L’année dernière, Ankara aurait déjà remis un soldat algérien en fuite accusé d’avoir divulgué des informations militaires confidentielles, à la suite d’une demande formulée par M. Tebboune lors d’une conversation téléphonique avec le président turc Recep Tayyip Erdogan.

    Les deux présidents se sont souvent téléphoné, la dernière fois en mai. Les relations entre les deux hommes ont atteint un point tel que, lors de sa visite en Algérie en janvier, Erdogan aurait demandé aux autorités algériennes l’accès à leurs bases aériennes et navales pour aider les opérations turques en Libye. Les deux États ont également commencé à travailler à la réactivation de l’accord stratégique qu’ils ont signé en 2003.

    L’amélioration des relations entre les deux pays est encore un phénomène relativement nouveau, façonné par les récents changements géopolitiques régionaux et les préoccupations communes. Cependant, la relation, qui s’est éloignée pendant des années en raison de divergences politiques, n’est pas un lit de roses et présente des défis qui ne peuvent être ignorés. Tout d’abord, la relation a été fondée sur le pragmatisme et sur des circonstances temporaires dues à l’insécurité de l’environnement régional. Deuxièmement, il existe encore des sujets, tels que la Syrie, l’OTAN et la Libye, sur lesquels leurs intérêts divergent. Troisièmement, la transformation intérieure de l’Algérie qui a déposé l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, dont la politique étrangère était marquée par un accent sur les relations franco-algériennes, a conduit à des relations plus étroites avec la Turquie. Par conséquent, la dynamique intérieure compte toujours lorsqu’il s’agit de cultiver de nouvelles relations.

    Lors de sa visite en Algérie en janvier, Erdogan aurait demandé aux autorités algériennes l’accès à leurs bases aériennes et navales.

    L’Algérie est encore un nouveau terrain de politique étrangère pour la Turquie, qui souhaite établir une relation permanente fondée sur des intérêts mutuellement bénéfiques. Il est donc important de comprendre la dynamique interne d’un pays et de dialoguer avec chaque partie pour établir une relation à long terme.

    Malgré la présence de certains rapports d’information faisant état de tensions récentes entre la Turquie et l’Algérie concernant le soutien d’Ankara à un groupe islamiste algérien, les deux parties font face à la tempête. La Turquie, en particulier, considère l’Algérie comme une porte vers sa politique maghrébine, dans laquelle elle a des objectifs économiques, énergétiques et militaires, et ne veut donc pas que leurs relations bilatérales en pâtissent.

    Toutefois, pour la Turquie, les faits sur le terrain doivent également être pris en considération. Les dynamiques géopolitiques changeantes et la polarisation accrue de l’Afrique du Nord constituent des défis pour Ankara. Afin de protéger ses intérêts, la Turquie doit se montrer très prudente dans la rivalité qui oppose depuis des décennies l’Algérie et le Maroc au sujet du territoire contesté du Sahara occidental. Ankara a donc exprimé son soutien ferme à une solution politique fondée sur le cadre des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et s’abstiendra probablement de prendre parti dans cette rivalité.

    À l’heure où la Libye est déjà instable et où l’Égypte doit encore se rapprocher de la Turquie, même après les récentes ouvertures de cette dernière, la région du Maghreb offre à la fois des défis et des opportunités à la Turquie.

    *Sinem Cengiz est un analyste politique turc spécialisé dans les relations de la Turquie avec le Moyen-Orient. Twitter : @SinemCngz

    Arab News, 25 juin 2021

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  • Hirak: Alger imprenable par la silmiya

    Depuis la reprise des marches hebdomadaires du mouvement populaire pacifique « Hirak », à l’occasion de la célébration de son deuxième anniversaire, les manifestants font face à une gestion sécuritaire inhabituelle voire déroutante, notamment après la décision d’imposer « la déclaration » au préalable des manifestations auprès des autorités, ce qui revient à les interdire. En ce vendredi 28 mai, la capitale ainsi que la majorité des villes du pays ont été investies par un imposant dispositif de sécurité. Aucune manifestation non autorisée ne sera tolérée. Le hirak est mis en sourdine par les forces de l’ordre. Alger est désormais imprenable par la silmiya.

    A l’approche des élections législatives du 12 juin, le ministère de l’Intérieur a annoncé dans un communiqué que les organisateurs du Hirak, un mouvement sans véritable leadership, sont tenus de faire une déclaration auprès des autorités compétentes comprenant « les noms des responsables de l’organisation de la marche, l’heure de son début et de sa fin, son itinéraire et les slogans brandis », précisant que le non-respect de ces procédures «dénue la marche de tout caractère légal et implique un traitement en conséquence ».

    Depuis, les forces de l’ordre, dépêché en grand nombre, ont empêché sans ménagement les marches hebdomadaires, et procédé à l’arrestation de dizaines de militants, chefs de partis et journalistes, comme le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, Fethi Ghares, coordinateur du parti Mouvement démocratique et social (MDS), les journalistes Khaled Drarni et Kenza Khatto, à qui le parquet a requis mardi un an de prison ferme.

    Selon les chiffres rapportés au Jeune Indépendant, par le vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH), Saïd Salhi, plus de 2.000 manifestants ont été interpellés depuis le 14 mai courant, dont près d’une centaine ont été placés en garde à vue et une soixantaine sous mandat de dépôt, dans 19 wilayas.

    Le plus lourd bilan d’arrestation, affirme M. Salhi, a été enregistré au cours de la 117 marche du Hirak, avec près de 1000 interpellations dans 15 wilayas, précisant néanmoins, que la plupart des interpellés ont été relâchés dans les heures qui ont suivi.

    De son coté, Me Abderrahmane Salah, membre du collectif des avocats du Hirak, a affirmé au Jeune Indépendant que 173 personnes sont actuellement incarcérées et poursuivies pour des faits en lien avec le Hirak, condamnant « ses graves agissements » qui portent atteinte, s’alarme-t-il, à l’image de l’Algérie et installent chez les citoyens un sentiment d’instabilité et d’insécurité.

    «La répression quotidienne s’accroît en Algérie, en contradiction totale avec les lois de la République et en violation flagrante des droits fondamentaux des citoyens, que garantit la Constitution», a déploré Me Salah, faisant savoir que rien que cette semaine, près de 20 personnes ont été condamnées à des peines de prison «pour avoir tenté de participer à des marches du mouvement de contestation populaire Hirak».

    Il a également signalé que les chefs d’inculpation contre les manifestants sont généralement les mêmes, « incitation à attroupement non armé », «atteinte à l’unité nationale», et, depuis l’interdiction des rassemblements, «non-respect des mesures administratives ».

    Par ailleurs, les autorités politiques et militaires du pays ont affirmé à plusieurs reprises avoir déjà répondu aux principales revendications du Hirak et qualifie ses militants de « magma contre-révolutionnaire ». C’est d’ailleurs sur la même tonalité que, le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire le général de Corps d’Armée, Said Chanegriha, a adressé un message de mise en garde aux partisans du Hirak, qu’il a qualifié «d’aventuriers tentés de jouer avec l’unité et l’intégrité de la Nation ».

    Le Haut conseil de sécurité avait classé, le 18 mai, le Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK) et le Mouvement islamiste RACHAD comme «organisations terroristes» les accusant d’être les principaux instigateurs du hirak.

    Le jeune Indépendant, 29 mai 2021

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  • Réouverture des frontières : les précisions de l’ambassadeur d’Algérie en France

    Mohamed Antar Daoud, ambassadeur d’Algérie en France, est revenu sur la réouverture partielle des frontières aériennes dans une déclaration faite, vendredi 21 mai, sur la télévision publique.

    Le diplomate a précisé que les cinq vols quotidiens, marquant cette réouverture, s’effectueront depuis des aéroports français. Il a cité, entre autres, les aéroports de trois grandes villes.

    Selon lui, les Algériens, notamment établis en France, sont satisfaits de la décision de rouvrir les frontières. Et d’ajouter, « il y a cinq vols quotidiens à partir de la France, de Paris, Lyon et Marseille, à destination d’Alger, Oran et Constantine, dans une première étape ».

    Antar Daoud n’a pas donné plus de détails. Il s’est contenté d’avancer la possibilité d’inclure les aéroports de Lille et de Toulouse comme ceux d’Annaba et de Tlemcen.

    Le 16 mais dernier, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a autorisé une réouverture partielle de ses frontières aériennes lors d’un Conseil des ministres. Les modalités d’organisation de ces vols seront dévoilées prochainement.

    Skander Boutaiba

    La Patrie News, 22 mai 2021

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  • Transport aérien : cinq vols quotidiens entre l’Algérie et la France, à partir du 1er juin

    Cinq vols quotidiens entre l’Algérie et la France sont au menu de la reprise du trafic aérien, fixée à partir du 1er juin par les autorités algériennes, a indiqué l’ambassadeur d’Algérie en France, Mohamed Antar Daoud.

    Dans une déclaration faite à la télévision publique, en marge d’une rencontre avec les représentants de la diaspora algérienne en l’Hexgaone, Antar Daoud a affirmé que, dans un premier temps, que les vols seront effectués à partir des aéroports d’Alger, de Constantine et d’Oran et, en France, les aéroports de Paris, Marseille et Lyon.

    Il n’a pas pour autant exclu la possibilité d’inclure, à terme, de nouvelles dessertes depuis Toulouse et de Tlemcen et Annaba.

    Algérie1, 22 mai 2021

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  • Une librairie à Alger – tourner les pages de l’histoire

    Le récit de Kaouther Adimi, originaire d’Algérie, sur les débuts d’un centre littéraire et sa disparition ultérieure peut sembler un peu décousu.

    Dalia Dawood

    Dans le troisième roman de Kaouther Adimi, A Bookshop in Algiers, nominé pour un prix, et dont la première traduction en anglais est signée Chris Andrews, la terre et la littérature s’entremêlent. L’Algérie, façonnée par son histoire sombre et tragique, est également sculptée par des histoires, tant dans les souvenirs de ses habitants que dans les récits créés et vendus dans une librairie et une bibliothèque de prêt sans prétention, qui constitue le cadre principal du roman.

    En 160 pages seulement, le livre retrace l’évolution de la librairie – une institution réelle appelée Les Vraies Richesses, ouverte par l’éditeur franco-algérien Edmond Charlot dans les années 1930 – en mêlant réalité et fiction. Il raconte les années turbulentes de guerre et de révolution entre Charlot et l’apparition d’un autre homme, un personnage nommé Ryad, qui arrive de Paris en 2017 pour vider la boutique maintenant qu’elle a été vendue à un promoteur.

    Entremêlant l’histoire semi-réelle de Charlot et celle, fictive, de Ryad, Adimi oscille entre un Alger sous l’emprise de la domination coloniale et celui de l’indépendance à l’époque moderne, liant l’histoire politique mouvementée du pays à sa culture résiliente. Tout au long du parcours, la librairie fait office de centre littéraire pour la communauté, un « espace entièrement consacré à la littérature, à l’art et à l’amitié », comme le dit Charlot.

    Les passages chronologiques, structurés comme les courtes entrées du journal de Charlot, donnent des détails épars sur le développement de sa librairie, sa vie et ses amitiés (notamment avec le romancier Albert Camus) et un sentiment d’espoir d’unir une ville fragmentée par la culture et la créativité. Avec l’arrivée de la seconde guerre mondiale, l’entreprise subit un coup financier, et il y a des parallèles avec nos propres temps incertains : « Un distributeur sans livres, c’est inouï. Inimaginable. Nous n’avons plus rien, je suis désespéré. Les étagères sont presque vides. »

    Ces récits sont juxtaposés de manière quelque peu inégale au récit moderne, lourd d’un sentiment de futilité, l’optimisme juvénile de 80 ans auparavant étant désormais éteint. Dans ce monde, « l’air est plus épais, la lumière du soleil plus grise, la ville plus laide ». Cette lourdeur habite aussi les personnages. « Tout est toujours tragique en Algérie », dit Ryad.

    C’est la librairie elle-même qui donne un sentiment de continuité. Avant que Ryad n’arrive pour la vider, le promoteur lui envoie une « liste de choses dont il faut se débarrasser », depuis des volumes de livres jusqu’à un seau et un balai. Vidée, dépouillée de son identité, la boutique devient un symbole d’Alger : colonisée, sans statut ni signification.

    Charlot donne à sa boutique le nom d’un roman de l’auteur français Jean Giono, « un livre dans lequel il nous exhorte à revenir aux vraies richesses, c’est-à-dire la terre, le soleil, les ruisseaux, et finalement la littérature aussi ». Bien qu’il se présente comme une histoire brève, montée à la hâte, La librairie d’Alger nous rappelle qu’en littérature, comme dans la vie, nous n’appartenons à un lieu que temporairement – et nous le façonnons au gré de nos souvenirs.

    Une librairie à Alger, de Kaouther Adimi, traduit par Chris Andrews, Serpent’s Tail, RRP£12.99, 160 pages.

    Financial Times, 15 MAI 2021

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  • France-Algérie : Les petits pas de l’axe Alger-Paris

    Tebboune reçoit un appel téléphonique de Macron

    Les deux présidents expriment une réelle volonté de briser la digue qui empêche les deux sociétés de se rencontrer pour édifier un avenir serein.

    Saïd BOUCETTA

    Abdelmadjid Tebboune a reçu, mardi dernier, en fin d’après-midi, un appel téléphonique de son homologue français, Emmanuel Macron. Un communiqué de la présidence de la République rapporte que les deux hommes ont passé en revue «les relations bilatérales et convenu de mettre à jour la réunion de la Commission ministérielle conjointe de haut niveau». Laquelle rencontre programmée pour le début du mois d’avril dernier a été reportée sine die, jetant le doute sur la solidité des relations entre Alger et Paris. Cet épisode n’a pas entamé pour autant, la volonté des présidents des deux pays à travailler dans le sens d’une réconciliation mémorielle entre les deux pays, en dépit de l’action des lobbies des nostalgiques de l’Algérie française. On retiendra dans le cadre de l’effort réciproque, l’initiative d’Emmanuel Macron qui a personnellement dépêché à Sétif l’ambassadeur de France en Algérie à l’effet de déposer une gerbe de fleurs au nom du président de la République française au pied de la stèle en hommage au premier martyr des massacres du 8 Mai 1945.

    Ce coup de téléphone témoigne donc d’une détermination commune aux deux présidents de ne pas céder aux pressions des nostalgiques et de poursuivre le travail de mémoire entrepris entre Paris et Alger. Lequel devra se poursuivre «dans un esprit d’apaisement», souligne un communiqué de la présidence de la République française. Le président Macron, premier chef d’Etat français à être né après l’indépendance, espère voir cette réconciliation algéro-française se concrétiser «tout particulièrement, entre les jeunesses des deux pays». Cet échange téléphonique, avec en sus, une reprise annoncée des relations institutionnelles et la relance de la coopération entre les deux pays, démontre, si besoin, la foi en l’avenir qu’expriment régulièrement Abdelmadhid Tebboune et Emmanuel Macron. Il est entendu, en effet, que les crises les plus coriaces n’ont pas empêché les deux hommes de renouer les fils du dialogue que des forces occultes ont souvent tenté de rompre.

    Depuis novembre dernier, les communications téléphoniques se font régulières et s’imposent, de fait, comme un élément solide et constant dans le partenariat algéro-français et traduisent un «acte de résistance» contre l’occultation de la vérité historique. D’ailleurs, le chef de l’Etat qui a indiqué dans son message à l’occasion de la Journée de la mémoire, le 8 Mai dernier, que «l’excellence des relations avec la République française ne saurait exister en dehors de l’Histoire et du traitement des dossiers de la Mémoire, qui ne sauraient faire l’objet d’aucune renonciation», sait parfaitement que l’exigence algérienne ne contredit pas la démarche du président Macron sur le dossier de la mémoire.

    C’est dire la volonté d’Alger et de Paris de briser une bonne fois pour toutes la digue qui empêche les deux sociétés de se rencontrer pour édifier un avenir serein, débarrassé des fantômes du passé que les nostalgiques de la colonisation n’ont de cesse d’agiter pour brouiller les visions des uns et des autres et maintenir un statu quo nuisible à la France, à l’Algérie et à toute la région méditerranéenne. À une année du 60e anniversaire de son indépendance, l’Algérie gagnerait à voir en la France une puissance économique et scientifique et non pas un Etat colonial qui n’existe plus. De son côté, la France se portera bien mieux en considérant l’Algérie comme une puissance régionale qui dispose d’une influence certaine en Afrique du Nord et dans le Sahel. Les deux présidents sont déjà dans cette perspective. Et pour cause, lors de l’entretien téléphonique, ils ont procédé à un échange de «vues sur les questions régionales d’intérêt commun dans la région du Sahel, notamment au Tchad, au Niger et au Mali, et ce qui doit être fait pour aider les pays du Sahel à instaurer la stabilité», notent les communiqués émanant des Palais d’El Mouradia et de l’Elysée. On retiendra, notamment dans le communiqué de la Présidence algérienne l’accord des deux chefs d’Etat pour un soutien du processus de règlement en Libye, «notamment en apportant aide et assistance au nouveau gouvernement afin d’organiser des élections dans les meilleures circonstances». Tebboune et Macron sont sur la même longueur d’onde.

    L’Expression, 15 mai 2021

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