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  • Marché européen du gaz : Les foudres du Sahara occidental

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    Vous pouvez vous asseoir dans une maison européenne douillette, prendre un thé bio le soir et regarder la politique américaine dystopique se dérouler à la télévision. Bien sûr, c’est encore plus triste si les lumières et la télévision s’éteignent et que la bouilloire refroidit. Grâce en partie à la géopolitique énergétique européenne, ce n’est pas un risque lointain.maintenant tout le monde Squeeze A propos de l’approvisionnement en gaz européen qui bénéficie de l’influence du groupe russe Gazprom et de Moscou.

    La façon dont les conflits en Afrique du Nord pourraient réduire l’approvisionnement en gaz de l’Espagne en hiver ne fait pas débat, mais elle pourrait exercer une pression à la hausse sur les prix de l’électricité dans d’autres régions d’Europe. Le 30 octobre, l’Algérie fermera son gazoduc qui transporte le gaz algérien vers le Maroc, l’Espagne et le Portugal. Cela fait partie d’une longue et bouillante bataille entre l’Algérie et le Maroc, qui semble avoir commencé avec l’indépendance de la France en 1962.

    Le Maroc est en colère contre le soutien de l’Algérie au Front Polisario qui veut l’indépendance du Sahara occidental. Le Maroc prétend avoir la souveraineté sur ce territoire longtemps contesté.Les relations entre l’Algérie et le Maroc se sont aggravées cet été. L’Algérie a accusé le Maroc d’avoir déclenché de graves incendies de forêt sur son territoire.

    La tension est montée jusqu’à la Cour européenne de justice cette semaine qui a donné une victoire juridique au Front Polisario. Il a été jugé que le large traité économique entre l’UE et le Maroc ne pouvait pas être automatiquement étendu pour couvrir le Sahara Occidental.

    L’Espagne est le pays européen le plus affecté par la décision de la CJEU. Le Sahara Occidental est une ancienne colonie espagnole. Certains membres du Polisario ont des passeports espagnols. Et au cours des dernières décennies, les flottes de pêche espagnoles ont compté sur le Sahara Occidental (et les licences marocaines) pour jusqu’à un tiers de leurs prises.

    Les relations européennes avec le Maroc vont bien au-delà du poisson. Il y a les flux migratoires, les investissements européens, y compris la construction automobile, les accords de sécurité parfois difficiles, le tourisme, et la fourniture de légumes marocains aux tables européennes.

    La France et l’Espagne entretiennent avec le Maroc des liens juridiques particuliers qui dépassent le cadre des autres traités de l’UE. L’Algérie a également beaucoup à voir avec l’Europe, mais elle est un peu plus éloignée. La lutte coloniale pour l’indépendance vis-à-vis de la France fait partie de son identité nationale. L’armée achète de nombreux kits à la Russie et à la Chine.

    L’Algérie vend également de grandes quantités de gaz à l’Italie, à l’Espagne et au Portugal. Le gaz destiné à l’Italie passe directement par le gazoduc sous-marin. Le gaz destiné à l’Espagne et au Portugal passe par deux autres gazoducs sous-marins. Le premier, construit entre 1996 et 1997, passe par le Maroc, qui utilise une partie de son gaz pour son propre générateur. Le second a été mis en service en 2011 et va directement de l’Algérie à l’Espagne.

    C’est là que les relations extérieures entre l’UE et l’Espagne deviennent encore plus problématiques, notamment sur le marché international du gaz, qui est très tendu. Stockage d’énergie européen insuffisant Avant l’hiver.

    Le 29 septembre, le jour de l’annonce de la décision de la CJUE sur le Sahara Occidental, Josep Borrell, le chef de la politique étrangère de l’UE, s’est joint à une déclaration conjointe. Il a réaffirmé son partenariat stratégique avec son collègue marocain. Ils se sont également engagés à « prendre les mesures nécessaires pour garantir un cadre juridique » pour les relations commerciales. Il est hostile à l’Algérie et pourrait consolider sa détermination dans un conflit avec le Maroc.

    Inutile de dire que le lendemain, le ministre des affaires étrangères et le secrétaire à l’énergie espagnols ont atterri en Algérie. Ils ont notamment rencontré des interlocuteurs au sujet de l’augmentation imminente de 25 % de la capacité du gazoduc direct Algérie-Espagne. Même avec du gaz supplémentaire, l’Espagne aura du mal à s’approvisionner en gaz via les terminaux GNL cet hiver.

    Les consommateurs espagnols sont déjà furieux des prix élevés de l’électricité, ce qui fera de Madrid un RAID de 3 milliards d’euros sur les intérêts des entreprises énergétiques espagnoles comme la star des énergies renouvelables Iberdrola.

    Lorsque le gazoduc sera fermé, le Maroc devra trouver un moyen de se passer complètement du gaz algérien, mais son département de l’énergie prévoit déjà cette éventualité. Il y a une centrale électrique au charbon qui peut être utilisée et qui peut passer à une autre source de combustible fossile importé comme générateur de gaz.

    Les Européens se méprendront sur le fait que l’Algérie et le Maroc composent cette controverse sur des facteurs économiques et techniques. Un sentiment profond sur la souveraineté, l’équilibre militaire et la culture est à l’œuvre ici. Il n’est pas facile pour l’UE de naviguer dans un tel environnement pour garantir l’approvisionnement.

    California News, 02/10/2021

  • Le gaz pourrait se raréfier en Espagne

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    L’Algérie réduira ses livraisons de gaz à l’Espagne en octobre. Dans le sud-ouest de l’Europe, les effets de la grave crise diplomatique entre l’Algérie et son rival régional, le Maroc, se font sentir.

    En Espagne, la forte hausse du prix de l’électricité ne peut être arrêtée. Cela est également dû au prix du gaz naturel, qui pourrait bientôt se raréfier dans la péninsule ibérique. Cela s’explique par le fait que l’Algérie réduira ses livraisons en octobre. L’Espagne sera particulièrement touchée, car elle s’approvisionne actuellement en gaz naturel auprès de ce pays d’Afrique du Nord à hauteur de 45 %. En fait, l’Algérie est un fournisseur fiable. Mais aujourd’hui, les effets de la grave crise diplomatique entre l’Algérie et son rival régional, le Maroc, se font sentir dans le sud-ouest de l’Europe.

    Fin août, le gouvernement d’Alger a rompu les relations avec le pays voisin, qui étaient tendues depuis de nombreuses années. Il y a quelques jours, elle a même fermé l’espace aérien algérien aux avions marocains. Alger accuse le Maroc de soutenir les séparatistes en Algérie, d’espionner le gouvernement et d’être « la tête de pont d’Israël » au Maghreb ; à cela s’ajoute l’escalade du conflit du Sahara occidental, dans lequel l’Algérie soutient le Front de libération du Polisario, qui combat à nouveau le Maroc.

    À partir de la fin octobre, le gaz naturel algérien ne circulera plus dans le gazoduc Maghreb-Europe, long de 1400 kilomètres. Il part de l’Algérie, traverse le Maroc, passe par le détroit de Gibraltar, se rend à Tarifa en Espagne et, de là, se rend en partie au Portugal. L’Algérie ne veut plus laisser le Maroc profiter de son gaz et ne renouvelle plus le contrat lucratif du gazoduc : jusqu’à présent, le Maroc pouvait conserver 7 % de la matière première transportée, qui couvrait ainsi près de la moitié de ses besoins.

    Du gaz en Espagne par camion-citerne ?

    À l’avenir, les approvisionnements algériens destinés à l’Espagne ne passeront plus que par le gazoduc Medgaz, long de 750 kilomètres, qui relie Beni Saf, sous la Méditerranée, au port espagnol d’Almería. Le gazoduc appartient à l’entreprise publique algérienne Sonatrach et au fournisseur d’électricité espagnol Naturgy, ainsi qu’à un fonds d’investissement.

    La capacité de ce gazoduc vient d’être portée de 8 000 à 10 000 millions de mètres cubes par an. Toutefois, cela ne compense qu’une partie des 8 700 millions de mètres cubes qui parvenaient auparavant chaque année en Espagne par le deuxième gazoduc via le Maroc. Il est également possible d’en liquéfier une partie et de l’acheminer en Espagne à l’aide de pétroliers. Mais cela est complexe et coûteux. Jusqu’à présent, cela ne s’est produit que pour 4 % des importations espagnoles.

    « Il n’y aura pas de problèmes d’approvisionnement en Espagne car nous avons suffisamment de possibilités de liquéfier le gaz naturel. Mais étant donné la situation tendue sur le marché du gaz, cela pourrait accroître la pression sur les prix », a déclaré à la F.A.Z. l’expert espagnol en énergie Gonzalo Escribano. Le directeur du programme pour les questions énergétiques et climatiques de l’Institut Elcano, basé à Madrid, ne s’attend pas à des variations plus spectaculaires. Mais le dernier développement « pourrait occasionnellement pousser les prix du gaz à la hausse dans le contexte de marchés qui ont déjà atteint des prix records », prévoit l’expert du groupe de réflexion de Madrid. Mais cela dépendra aussi de la réaction des politiciens, dit-il.

    Pas de panique

    Il n’y a pas de sentiment de panique à Madrid. Fin septembre, le ministre espagnol des affaires étrangères, José Manuel Albares, s’est rendu à Alger avec les dirigeants de Naturgy et de l’opérateur public des gazoducs Enagás. Là, les dirigeants algériens leur ont assuré qu’ils feraient tout pour tenir leurs promesses de livraison. Les derniers chiffres montrent à quel point cette relation est devenue étroite : En juillet, l’Espagne avait déjà importé plus de gaz naturel d’Algérie que pendant toute l’année 2020. L’Algérie est le plus important fournisseur de gaz naturel de l’Espagne. Il est suivi par le Nigeria, la Russie, les États-Unis et le Qatar.

    Les sources d’approvisionnement varient. Il s’agit d’une obligation légale en Espagne. Pour éviter une trop grande dépendance, les importations en provenance d’un même pays ne peuvent dépasser 50 %. Par exemple, il y a quelques années à peine, les États-Unis, ainsi que le Qatar, avaient dépassé l’Algérie. C’est pourquoi l’Espagne dispose d’une logistique qui la rend moins dépendante des pipelines. Il existe des usines de liquéfaction dans cinq grands ports, ainsi que la plus grande flotte de pétroliers de l’UE. Toutefois, l’Oxford Institute for Energy Studies prévient que l’Algérie n’est pas en mesure d’augmenter de manière significative la liquéfaction de son gaz à court terme.

    Frankfurter Allegemeine, 11/10/2021

  • Moussa Darmanin rend hommage à son grand-père algérien

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    C’est dans un contexte très particulier que le ministre de l’intérieur français a rendu, samedi 9 octobre, hommage à son grand père d’origine algérienne. Gérald Darmanin a inauguré à Hasnon, la plaque de rue qui porte désormais le nom de son grand-père maternel, Moussa Ouakid, un tirailleur algérien de l’armée française.

    À l’heure où le débat public en France, s’agite autour de l’immigration, Gérald Darmanin a inauguré une rue au nom de son grand-père algérien, Moussa Ouakid (1907-1975). Un aïeul dont le ministre se revendique régulièrement et à qui il doit même son deuxième prénom, Moussa.

    « Chez nous, il n’y avait pas Jésus-Christ. Il y avait le Général et mon grand-père », a déclaré Gérald Darmanin lors de cette cérémonie solennelle.

    L’adjudant-chef de l’armée française Moussa Ouakid a participé à la libération de Saint-Amand-les-Eaux, lors de la deuxième guerre mondiale. Né en Algérie, il a choisi la France pour la défendre.

    « Mon grand-père s’est battu en 1944 pour la France, il a libéré la ville de Saint-Amand-les-Eaux, dans le Nord, avec son régiment de tirailleur algérien. Je suis fier d’inaugurer à Hasnon, la rue qui portera dorénavant le nom de l’adjudant-chef Moussa Ouakid, mon grand-père », a écrit Darmanin sur son compte Tweter.

    Gérald Darmanin tacle Eric Zemmour
    « Je n’ai pas connu mon grand-père, mais j’ai toujours vécu avec sa photo, partout où on allait », explique le ministre.

    Dans son discours, Gérald Darmanin n’a pas manqué provoquer la polémique qui enfle en France sur les prénoms. « Il n’y a pas d’autre démonstration à faire sur les prénoms que de regarder l’Histoire. Et on s’aperçoit que ceux qui disent ça, disent beaucoup de bêtises », répond-t-il.

    Il importe de noter que Gérald Darmanin se dit toujours fier d’être le premier « petit-fils d’Algérien » à occuper un poste de ministre dans le gouvernement français.

    Algérie-expat, 11/10/2021

  • La France perd la main au Maghreb et au Sahel

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    La crise entre la France et l’Algérie dépasse largement le cadre électoral français. Elle révèle l’émergence d’un ordre nouveau au Maghreb et en Afrique, un ordre qui échappe largement au contrôle de la France

    Il y a cinq ans, Emmanuel Macron débarquait dans la compétition électorale française avec une fraîcheur étonnante. Non arrimé à un parti traditionnel, non tenu par le discours politique classique, l’homme semblait avoir un regard différent sur les crises, et prônait des solutions innovantes. Il sortait des clous et il osait.

    Sur l’Algérie, il osait une formule retentissante, qu’aucun président, même de gauche, n’avait utilisée : il qualifia la colonisation de crime contre l’humanité.

    Cinq ans plus tard, le même Macron tient, sur l’Algérie, des propos totalement différents, teintés d’une incroyable arrogance.

    Il aborde un terrain miné, l’histoire, le premier sur lequel l’intransigeance algérienne est sans limites.

    Mais la réaction violente de la partie algérienne à ses déclarations ne relève pas d’une simple attitude caractérielle. Il s’agit d’une divergence de fond sur un sujet hautement sensible : nier l’existence d’une nation algérienne avant la période coloniale, c’est, implicitement, justifier le fait colonial.

    Comment Emmanuel Macron a-t-il ainsi basculé en cinq ans ? Comment cet homme qui avait un regard atypique sur la situation économique et politique de son pays, sur le monde, sur l’Afrique, en est-il arrivé à être gagné par ce type de discours, jusqu’à mettre en doute l’existence d’une Algérie avant la colonisation, ou pour tenter d’établir un clivage entre le président Abdelmadjid Tebboune et l’armée algérienne ?

    Erreur d’appréciation ? Arrivée de nouveaux spin doctors qui auraient imposé leur propre lecture de l’histoire ? Suffisance, voire arrogance ?

    Désorienté

    Macron a-t-il été intoxiqué par des courants et groupes politiques, tant algériens que français, qui affirment qu’en Algérie, le pouvoir a été sérieusement fragilisé après le hirak ?

    Les biographes d’Emmanuel Maron le diront un jour. En tout état de cause, la thèse électoraliste ne tient pas la route. En matière d’électorat, Emmanuel Macron perd plus qu’il ne gagne en tenant ces propos sur l’Algérie.

    En attendant, le nouveau Macron semble désorienté. Le premier chef de l’État français qui affichait initialement une volonté de prendre ses distances avec la Françafrique, à défaut de s’en défaire, tente aujourd’hui de recoller les morceaux, pour préserver des positions visiblement intenables à terme.

    Car la France n’a plus les moyens de tenir son rang. Elle n’a plus l’envergure économique et militaire pour mener, en Afrique, une politique disproportionnée par rapport à ses moyens.

    Et au lieu d’amorcer une politique nouvelle à l’égard de l’Afrique, conforme à ses promesses et aux espoirs qu’il avait suscités, Macron s’est laissé entraîner dans l’engrenage de la Françafrique, pour se contenter de colmater les brèches, dans une spirale infinie.

    Sur le plan économique, la France ne fait plus le poids devant la Chine. Les investissements chinois en Afrique ont non seulement écrasé ceux de la France, mais ils dépassent désormais ceux de tous les pays occidentaux réunis.

    Plus dur encore pour la France, ses exportations vers l’Afrique, qui plafonnent à 30 milliards de dollars par an, sont désormais inférieures à celles de l’Allemagne, pour qui l’Afrique n’était pourtant pas un marché prioritaire.

    Ces exportations françaises vers l’Afrique atteignent à peine le quart des exportations de la Chine, un pays pourtant nouvellement arrivé sur le continent africain.

    Sur le plan militaire, la France a constaté les limites de ses opérations lancées dans le Sahel, Serval puis Barkhane, insuffisantes pour éliminer les groupes islamistes armés qui pullulent dans la région.

    Elle a tenté d’impliquer des pays africains et européens dans ses déploiements, mais les premiers n’ont pas les moyens de suivre, et les seconds n’ont pas la volonté de le faire, redoutant d’être pris dans des engrenages qu’ils ne contrôlent pas.

    Mais pour la France, le plus dur est survenu en ce début d’automne, lorsqu’elle s’est retrouvée exclue des grands arrangements que les États-Unis préparent pour l’ensemble de la planète.

    En se retirant d’Afghanistan, après l’Irak, Washington veut se consacrer à ce qui lui paraît être le principal enjeu du nouveau siècle, la bataille économique autour du Pacifique.

    Entraînant la Grande-Bretagne et l’Australie, avant d’enrôler l’Inde et les autres pays du sud-est asiatique, les États-Unis ont provoqué une crise avec la France, en faisant littéralement annuler un contrat gigantesque de 57 milliards de dollars, contrat aux termes duquel la France devait fournir des sous-marins à l’Australie.

    Le marché a été confisqué au profit d’entreprises américaines, et la France traitée de manière méprisante.

    Inapte à régler la crise malienne

    Cette France négligée par ses anciens alliés occidentaux pensait imposer sa présence en affirmant sa maîtrise de certains dossiers et territoires.

    Las : au Mali, une nouvelle équipe au pouvoir, dont de nombreux militaires formés en Russie, réagit de manière inattendue.

    Les nouveaux dirigeants maliens ne font plus preuve de la docilité traditionnelle des élites maliennes, et un de leurs représentants, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, a répondu du tac au tac, déplorant que la France ait « abandonné le Mali en plein vol ».

    Les dirigeants maliens n’ont pas admis que la France les mette devant le fait accompli, en décidant de revoir son dispositif Barkhane à la baisse sans les consulter.

    Là encore, la réponse française a été d’une grande maladresse, affichant une arrogance devenue insupportable pour ses partenaires. Florence Parly, ministre française des Armées, a jugé ces propos « indécents » et « inacceptables ».

    Estimant être toujours en position de force, la France développe encore une analyse selon laquelle le pouvoir en place au Mali ne survivra pas sans la présence militaire française.

    C’est ignorer que, d’une part, la présence française s’est révélée inapte à régler la crise malienne, même si elle a pu contenir les groupes extrémistes armés ; et que, d’autre part, de nouvelles alternatives sont désormais possibles.

    La Russie est disposée à pallier un départ éventuel des troupes françaises, même si, pour le moment, la seule présence russe présentée comme envisageable est celle des mercenaires du groupe controversé Wagner.

    Déjà présente en Libye, la Russie veut étendre son influence au Sahel, un espace que les Américains sous-traitent traditionnellement à la France, et dont ils sont physiquement absents.

    Et si les États-Unis délaissent des terrains aussi symboliques que l’Afghanistan et l’Irak, et qu’ils ne s’impliquent pas directement au Yémen, ils ne vont pas s’encombrer du Sahel, au moment précis où ils veulent concentrer toute leur énergie pour, d’abord, maîtriser le terrain stratégique que constitue désormais le Pacifique.

    Résultat : le Sahel est devenu un terrain abandonné, ouvert à la Russie, une Russie dont l’Algérie est un partenaire de longue date.

    C’est cet agacement, doublé d’impuissance, qu’expriment les dirigeants français. Ils ne peuvent être compétitifs face aux Chinois sur le plan économique, ni face aux Russes sur le plan militaire.

    Plus grave encore, les dirigeants français n’ont pas pris la mesure de ce qui se passe en Algérie comme au Mali, où de nouveaux dirigeants s’installent, moins liés à la France aussi bien sur le plan personnel qu’économique.

    Et quand Emmanuel Macron menace de rendre la vie difficile à des dirigeants algériens qui ont l’habitude d’obtenir facilement des visas, il se trompe de cible. Dans les cercles de décision, ce profil dont parle Emmanuel Macron n’est plus maître à bord.

    À terme, le schéma général en Afrique du Nord et de l’Ouest va complètement changer. La France n’a plus les moyens d’y régner en maître, et les États-Unis ont d’autres priorités. Chine et Russie, l’un sur le plan économique, l’autre sur le plan militaire, vont forcément supplanter les anciens réseaux et les anciens intérêts, avec une Turquie qui commence à affirmer sa présence.

    Réplique cinglante

    Dans cet ensemble en pleine mutation, où les équilibres sont précaires, l’Algérie a une carte à jouer. Elle veut s’imposer comme partenaire, non comme sous-traitant. Forte, précisément, de ses relations économiques avec la Chine, de son partenariat militaire avec la Russie, elle est bien placée pour devenir un élément central, voire le pivot de l’ensemble régional qui se dessine.

    Emmanuel Macron n’a visiblement pas envisagé la relation avec l’Algérie sous cet angle. Dans une France où la diplomatie traditionnelle considère les pays d’Afrique comme des alliés naturels, voire des vassaux, il est difficile d’imaginer qu’un pays pourrait rappeler son ambassadeur à Paris, fermer son espace aérien aux avions militaires français, et envisager éventuellement d’autres mesures plus radicales.

    La diplomatie française traditionnelle regarde les pouvoirs africains sous un prisme particulier, celui de sentinelles tenant des positions avancées au service de la France, avec laquelle leurs intérêts se confondent. C’était valable pour beaucoup de pays, et ça l’est encore pour un certain nombre d’entre eux, qui se cantonnent dans un rôle de second plan, sous-traitant ou vassal.

    Même le très moderne Emmanuel Macron n’a pas pu se départir de cette attitude. Il reçoit aujourd’hui, de plein fouet, une réplique cinglante de la part de pays qui aspirent à un autre rôle : celui de partenaire reconnu et respecté.

    Même le très fragile Mali a choisi cette voie. Après tout, quand on est l’un des pays les plus pauvres du monde, sans aucune perspective sérieuse, quel intérêt y a-t-il à se maintenir dans cette étouffante Françafrique, qui n’a rien apporté en un demi-siècle d’indépendance ?

    Quant à l’avenir de l’Algérie, dont le poids démographique dépassera probablement celui de l’Italie et de l’Espagne vers la moitié du siècle, il ne peut s’écrire que dans un autre registre : celui d’un partenaire en mesure d’imposer sa présence. Même si, pour l’heure, c’est un pays qui demeure fragile, à cause de la faiblesse de ses institutions et de son économie.

    Abed Charef

    Middle East Eye, 10/10/2021

  • La baguette (de pain) de «l’étranger»

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    On se souvient (presque) tous de la fameuse histoire, racontée par Fernand Raynaud, sur le renvoi aveugle d’un village de France d’un immigré («parce qu’il mangeait le pain des Français») qui était, en fait, le boulanger du coin. On s’en était aperçu trop tard.

    Cela nous ramène à l’actuelle campagne présidentielle hexagonale durant laquelle candidats et supporteurs (dont certains animateurs, journalistes et autres «experts») font feu de tout bois, ratissant large, tirant dans tous les coins, utilisant tous les arguments, du plus sérieux au plus ridicule en passant par le plus provocateur et le plus irresponsable (cf. certains récents propos de E. Macron face à des «jeunes Français d’origine algérienne» et de l’arrière petit-fils de Salan, le chef OAS).

    Si à gauche et chez les Verts, les positions restent mesurées, cantonnées à l’essentiel, à droite (avec une bonne partie du pouvoir en place y compris), deux problèmes sont abordés, car devenus thèmes centraux des stratégies électorales: la sécurité publique et l’immigration. Avec un point focal, la faute aux immigrés (clandestins, cela va de soi, et légaux: «Il y en a trop»), aux Arabes et aux Musulmans (sous-entendre l’islam qui amènerait du séparatisme et la violence), les trois sujets se mélangeant pour aboutir à une accusation majeure : ils (surtout les musulmans avec une certaine insistance, parfois non exprimée mais suggérée, sur l’Algérie et le Maghreb) sont la cause unique de l’intolérance, de la violence et de l’insécurité (publique) et par glissement sémantique du «terrorisme». Tout cela accompagné de statistiques et de données qui montrent tout et cachent l’essentiel.

    Cette fois-ci, les attaques vont encore plus loin dans la critique et l’insulte avec, non plus Marine Le Pen (qui ne sous-estime pas (ou plus) l’électorat «franco-arabe»), mais un invité inattendu, un ex-«bien de chez nous», Eric Zemmour qui est arrivé, en peu de temps, à se transformer en possible présidentiable, tout en devenant un homme d’affaires avisé puisque ses ouvrages, grâce à son activisme, caracolent en tête des ventes. D’une pierre plusieurs coups !

    L’essentiel n’est pas là. Le risque est grand de le voir, connaissant la versatilité des peuples pris dans le maelstrom des crises et des peurs (souvent sans fondement mais accélérés par la pandémie de la Covid-19 et ses effets socioéconomiques et même psychologiques) font arriver au pouvoir des populos fascistes dont la première des actions est soit de renvoyer l’«étranger», soit de l’«exterminer». Adolf Hitler, dont on ne sait pas encore avec exactitude la parentèle, en tout cas pas aryenne pour un sou, a débuté avec un ouvrage de haine (haine trop longtemps «personnalisée» et intériorisée) devenu un best-seller et des discours extrémistes contre, tout particulièrement, les étrangers et surtout les Allemands de confession juive, ce qui lui avait permis d’accéder au pouvoir. On connaît la suite.

    Zemmour serait-il, sans peut-être le faire exprès (car il ne faut pas surestimer l’«intelligence» (sic !) de cet homme, «symptôme de la lâcheté des démocraties» selon Luc Ferry, par ailleurs bon polémiste), en train de suivre son cheminement, très bon «ami» depuis les années 80 de papy Le Pen et de mémé Ursula Painvin, fille de Joachim von Ribbentrop, le ministre des Affaires étrangères du IIIe Reich, pendu en 1946 à Nuremberg.

    Ursula, 88 ans, vénère Jean¬ Marie Le Pen («Il faudrait te cloner») et, de Berlin, elle encourage Eric Zemmour avec ses «pensées les plus admiratives et amicales»), en train de suivre le cheminement simili nazi, en oubliant que c’est un immigré tunisien, Makram Akrout, arrivé sans papier de Tunisie il y a 19 ans, boulanger de son état (à Paris) qui a récemment décroché le «Prix de la meilleure baguette -de pain- de Paris» et qui livrera, donc, l’Elysée durant toute une année. Arrivés à l’Elysée avec leur programme de «grand nettoyage», Eric Zemmour et ses amis mangeront-ils alors de ce pain-là ? Un scénario catastrophe pour les radicaux et les racistes : pour «éviter» la «honte», on est, déjà, en train de lui «chercher des poux dans la tête».

    Comme pour la fameuse jeune chanteuse d’origine algérienne, écartée d’un concours (TF1) qu’elle allait remporter, il aurait «écrit on ne sait quels messages anti-français sur les réseaux sociaux» ! Hitler avait alors accusé les juifs de détenir, de la faire et de la défaire, toute la fortune du pays.

    Belkacem Ahcene Djaballah

    Le Quotidien d’Oran, 09/10/2021

  • « L’Europe doit revoir ses alliances internationales »

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    Compte tenu des nouveaux défis auxquels l’Europe sera confrontée dans les années à venir, nous ferions bien de revoir nos alliances internationales afin de renforcer celles qui améliorent la productivité et facilitent les canaux par lesquels nous obtenons les matières premières et les différents composants de plus en plus essentiels dans nos vies, comme les micropuces, dont toute l’industrie technologique est devenue si dépendante ces dernières années.

    Le fait est que l’ Asie monopolise tout le gâteau productif ; et l’on sait déjà que l’Asie est entre les mains de la Chine et de la Russie d’une part et des États – Unis et de leurs nouveaux alliés d’autre part (AUKUS). Cette nouvelle alliance qui se passe des Européens misera sur le renforcement de l’ Inde comme base manufacturière capable de concurrencer l’infaillible machinerie de production qu’est la Chine, en plus de sauvegarder ses intérêts à Taïwan et à Hong Kong.

    L’Europe ferait bien de miser sur l’Afrique du Nord comme nouvelle base d’approvisionnement et de production au détriment des entreprises asiatiques, en investissant sérieusement dans la construction d’usines et l’exploitation des matières premières, après un accord politique de haut niveau, comme la création d’une alliance stratégique qui fait de l’espace méditerranéen une puissance commerciale à part entière.

    L’Espagne, l’Italie, le Portugal et la Grèce s’ajouteraient à la liste des États disposant de leur propre technologie, privilégiant l’investissement et le développement à la productivité et laissant cette dernière à la Turquie, au Maroc, à l’Algérie, à la Tunisie, à l’Égypte… Il me semble que, dans le même temps, nos relations diplomatiques pourraient être améliorées de cette manière. Aujourd’hui, la Turquie et certains pays africains sont séduits par la Russie et la Chine.

    En ne faisant rien, l’Europe se retrouvera sans privilèges lorsqu’il s’agira de négocier ces accords avec nos voisins. Plus grave encore : s’ils finissent par former des alliances avec des régimes communistes, ils pourraient constituer une menace militaire à part entière.

    El Perdiodico, 08/10/2021

  • Le baril, l’Opep+, le gaz et la Covid-19

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    Au cours du 2e semestre 2014, le baril de pétrole a subi une chute que peu d’analystes ont prévue. Il a fallu deux ans de tractations pour que l’Opep et ses alliés se décident sur une position et une action communes en 2016 pour défendre dorénavant un prix et un peu moins le quota. Fin 2019, début 2020, la Covid-19 est venue brouiller toutes les cartes et provoquer la débâcle du marché pétrolier avec un prix en dessous de 20 $, jusqu’au sursaut salutaire d’avril 2020 pour tenter à nouveau de maîtriser le marché pétrolier, grâce à une meilleure cohésion, cette fois-ci, au sein de l’Opep+.

    Le plus grand mérite revient, il faut le reconnaître, à l’Arabie Saoudite et la Russie, les deux plus gros producteurs de l’Opep+, qui ont su maîtriser leur ardeur, ou plutôt leur adversité l’un envers l’autre, et contenir les intérêts et ardeurs des autres membres. Le marché est remonté depuis cette date, petit à petit, avec un regard constant sur deux paramètres vitaux : les phases successives de la pandémie et les ouvertures lentes, mais continues, en matière de mobilité liées à une reprise de l’économie mondiale lente aussi. Les producteurs sont aujourd’hui satisfaits par un baril qui dépasse les 80 $, d’autres le sont plus avec un prix du gaz qui casse les tirelires des consommateurs en cette fin d’année 2021.

    – Mais ne faut-il pas aussi faire le point sur les profondes mutations qui ont affecté le secteur énergétique et, par voie de conséquence, le contenu énergétique de l’économie mondiale depuis 5 ans, et plus particulièrement depuis 2020 ?
    – Est-ce que cette période de bouleversement, y compris avec toutes ses facettes géopolitiques, est terminée ? Est-ce durable? Pour combien de temps encore ?
    – Est-ce que la libéralisation accélérée du marché gazier en Europe n’y est pas pour quelque chose dans ce qui se passe actuellement dès que l’offre gaz s’est subitement réduite au détriment du marché européen et à l’avantage du marché asiatique ?
    – Et enfin, est-ce que nous n’assistons pas à un début de prédominance irréversible du gaz naturel sur le pétrole au niveau du marché avec un baril qui dépendra, au courant des prochaines décennies, du prix du gaz naturel ?

    Côté pétrole

    La pandémie est toujours là, sans aucune certitude de la vaincre, en dehors de celle qu’il va falloir apprendre à vivre avec en adaptant nos modes de vie, notre consommation énergétique et nos comportements. La reprise économique aussi est en cours avec une prévision de rebond économique de 6,5% dans les pays du G20 dont la part de consommation énergétique est déjà de 80%, et va croître de 4% en 2021.

    Selon l’Opep, la progression de la demande pétrolière va passer de 90,7 à 96,7 millions de barils/jour entre 2020 et 2021, mais l’Opep+ ne compte pas revenir sur le pacte en cours qui est prolongé jusqu’en décembre 2022 pour lui permettre un meilleur contrôle du marché.

    Du côté américain, l’offre a été sérieusement affectée par les dégâts causés par les ouragans, sans compter la reprise jugée lente de la production de pétrole de schiste, entraînant des stocks qui sont encore loin de ceux d’avant Covid-19.
    Les producteurs de pétrole de schiste ne semblent pas pressés d’accélérer leur production et ont pratiquement la même position que ceux de l’Opep+, mais selon le Financial times, la production américaine devrait augmenter de 800 000 barils par jour en 2022.

    Par contre, au point de vue réserves mondiales, la majorité des analystes et des grandes compagnies pétrolières s’accordent pour prévoir maintenant un peakoil/réserves à l’horizon 2030 et un peakoil/demande probablement plus tôt. On constate d’ailleurs de plus en plus que les capacités additionnelles de production de pétrole ne sont plus détenues que dans quelques pays comme l’Arabie Saoudite, la Russie, l’Irak, les Émirats, l’Iran et les États-Unis.

    Côté gaz

    La situation est pareille avec, d’une part, une reprise de la consommation et de la demande, surtout quand le prix était bas, mais d’autre part, des hésitations ayant entraîné des stocks trop bas, notamment en Europe, et l’inverse en Asie avec des achats considérables de pétrole et de GNL.

    Par contre, la situation est différente pour le gaz naturel au point de vue des réserves qui sont encore très importantes à l’échelle mondiale, et de la demande qui poursuivra sa croissance en moyenne à raison de 2% par an sur plusieurs décennies. La situation actuelle du marché gazier et même pétrolier est, certes, liée à plusieurs paramètres qui ont brutalement bouleversé le marché depuis l’hiver 2020-2021, mais qui laissent prévoir aussi d’autres bouleversements dans les échanges :

    – le refus de livrer plus de gaz par la Russie à travers le North Stream 2, tant qu’il n’y a pas eu d’aval définitif de l’UE pour son démarrage. Ni le nucléaire ni le charbon ne pourront remplacer le gaz naturel, d’où qu’il vienne, pour garantir un approvisionnement énergétique au cours de la longue période de transition que l’Europe veut accélérer. L’autre secteur qui risque d’être gravement impacté est celui de la pétrochimie avec un gaz aussi cher.

    – Une très forte demande de GNL sur le marché asiatique suivie d’une très forte augmentation du prix qui a dépassé les 40 $/MMBTU en Asie. Dans cette partie du monde où le charbon est pour le moment la ressource prépondérante, seul le gaz naturel pourra permettre une transition énergétique et une décarbonation continue et acceptable.

    – Des conditions climatiques aux États-Unis qui ont certes affecté les capacités de production, y compris pour le pétrole et le gaz de schiste, et enfin des surprises en matière de production d’électricité renouvelable par l’éolien dont les performances ont considérablement chuté pendant un certain moment. Mais là aussi l’évolution positive du prix du baril va finir par booster la production de gaz de schiste surtout, qui n’a pas dit son dernier mot.

    – Il faut aussi citer les limites des capacités de production de gaz conventionnel en Algérie, ainsi que les incertitudes relatives à l’avenir du gazoduc vers l’Espagne à travers le Maroc. Mais il faut tenir compte aussi des réserves énormes en gaz de schiste qui finiront par être développées, ainsi que celles conventionnelles ou non conventionnelles de la Libye, du bassin est- méditerranéen, d’Afrique de l’Est et de l’Ouest. L’Afrique et la Méditerranée auront, par conséquent, un rôle important à jouer dans les échanges à venir aussi bien vis-à-vis du marché européen qu’asiatique.

    Le marché

    Le prix du baril de pétrole et celui du gaz naturel viennent ainsi de traverser un niveau au grand bonheur des producteurs, surtout ceux dont l’économie en dépend, mais il ne faut pas non plus oublier que ce prix en dollar est encore inférieur à celui affiché parce que le dollar a lui aussi chuté depuis 2019.

    Ces prix ont augmenté aussi parce que les ENR et plus particulièrement la production d’électricité éolienne n’ont pas été au rendez-vous comme l’espéraient certains. Sur un autre plan, et l’impact pandémie sur la mobilité étant toujours menaçant, les pays producteurs de l’Opep+ savent parfaitement que la moindre ouverture de vannes sans contrôle, ou encore l’absence de cohésion en son sein, entraîneraient une nouvelle chute des cours qui leur sera fatale. L’autre crainte des pays de l’Opep+ est dirigée vers le pétrole de schiste américain dont les producteurs ont été échaudés depuis 2019, mais qui ne tardera pas à revenir en force avec ce niveau de prix.

    Il est vraiment difficile, par conséquent, de faire aujourd’hui des prévisions pour le marché pétrolier qui finira par être régulé par les trois fondamentaux que sont l’offre, la demande et les stocks, mais fera face aussi, à moyen terme, à des politiques de transition énergétique entraînant une réduction de sa consommation au profit du gaz naturel et des énergies renouvelables.

    Par contre, le gaz naturel poursuivra sa croissance à moyen et long terme surtout dans la génération d’électricité au détriment du charbon dans les principales régions consommatrices d’énergie, dont la région Asie-Pacifique où le gaz ne représente que 10% contre 60% pour le charbon, l’Amérique du Nord avec 33% contre 21% pour le charbon et l’Europe avec 20% contre 16% pour le charbon.


    Abdelmadjid Attar,

    Ancien ministre, ancien P-DG de Sonatrach.

    Le Soir d’Algérie, 07/10/2021

  • Le pétrole se maintient au-dessus des 80 dollars

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    Certains experts estiment très possible un baril à 100 dollars d’ici à la fin de l’année. Ce qui serait une excellente nouvelle pour la santé financière de l’Algérie.

    Les prix du pétrole restaient, hier, au-dessus des 80 dollars à la bourse de Londres. Même s’il a connu un léger recul par rapport à la cotation de mardi le baril de Brent tenait la dragée haute et semblait tout à fait stabilisé à un niveau de prix qu’il n’avait pas connu depuis septembre 2018. Ainsi, en milieu de matinée, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre était en baisse de 0,35% par rapport à la clôture de la veille, à 82,27 dollars à Londres. A New York, le baril de WTI pour le mois de novembre abandonnait 0,44% à 78,58 dollars. Les deux contrats de référence ont cependant atteint en tout début de séance européenne 83,47 dollars et 79,78 dollars le baril, une première pour le Brent depuis octobre 2018 et pour le WTI depuis novembre 2014. C’est dire la force du marché, orientée vers la hausse depuis plusieurs jours déjà. Il faut dire que cette embellie de l’or noir, accompagnée par la fulgurance de la hausse des prix du gaz naturel, constitue une véritable aubaine pour le trésor public qui peut faire face avec aisance aux dépenses de l’Etat. Cet état de fait est susceptible de durer si l’on se fie aux analystes des places boursières qui note les incertitudes concernant les approvisionnements en énergie, qui arrangent les pays producteurs sachant que «les réserves de charbon, de gaz naturel et de brut semblent se resserrer».

    La réunion de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et de leurs alliés via l’accord Opep+ lundi «n’a fait qu’exacerber le problème» suite à sa décision d’ouvrir les vannes d’or noir autant que le marché pouvait l’espérer. Suivant son plan de juillet, l’Opep s’est contenté d’une augmentation de la production globale mensuelle de 400.000 barils par jour pour novembre. L’augmentation de près d’un million de barils des stocks de brut aux Etats-Unis rapportée mardi par l’American Petroleum Institute (API), la fédération qui regroupe les professionnels du secteur pétrolier aux Etats-Unis, contribuait à ralentir l’envolée récente des cours du brut. L’Agence américaine d’information sur l’Energie (EIA), aux estimations jugées plus fiables sur cette évolution hebdomadaire, publiera ses propres chiffres sur les stocks plus tard dans la journée. Les stocks de brut sont scrutés de près par les observateurs et acteurs de marchés, la vitesse à laquelle ils se réduisent aidant à apprécier l’ampleur du déficit entre l’offre, contrainte, et la demande, solide. Le marché du gaz connaissait de son côté une nouvelle séance très active: le marché européen de référence, le TTF (Title Transfer Facility) néerlandais, affichait une hausse de 30,15% à 151,00 euros le mégawattheure (MWh).

    Pour expliquer cette hausse, les analystes évoquent un ensemble de facteurs composés «de prix élevés de l’électricité, de faibles stocks de gaz dans le monde entier, d’une offre limitée en provenance de Russie et la possibilité d’un hiver plus froid».

    Tous ces facteurs entrant dans la fixation du prix de l’or noir à l’international seront, à en croire les observateurs, renforcé dans les semaines et mois à venir. Certains experts estiment très possible un baril à 100 dollars d’ici à la fin de l’année. Ce qui serait une excellente nouvelle pour la santé financière de l’Algérie.

    Yahia Bourit

    Ouest Tribune, 07/10/2021

  • Il y a 48 ans, la guerre d’Octobre …

    Syrie, Egypte, Jordanie, Algérie, Maroc, Israël, Guerre des six jours, #Maroc, #Algérie, #Israël,

    – 6 octobre 1973, l’Egypte et la Syrie attaquèrent par surprise Israël, déclenchant la quatrième guerre israélo-arabe. Huit ans plus tard, El Sadate, le héros de la guerre et de la paix sera assassiné lors d’une parade militaire commémorant la guerre

    AA/ Mohamed Badine El Yattioui*

    Dès le début de sa présidence en 1970, Anouar El Sadate se rend compte de l’urgence de faire évoluer la situation stratégique régionale, catastrophique pour les pays arabes après l’humiliation de 1967. L’Égypte considère alors qu’une nouvelle guerre avec Israël pourrait redistribuer les cartes. Pour cela, il s’allie au Président syrien Hafez al Assad. Leurs armées ont été rééquipées en matériel par l’URSS. En ce qui concerne l’attaque surprise de 1973, selon Claude Franc, spécialiste d’histoire militaire, « trois phases peuvent être identifiées : l’offensive égypto-syrienne du 6 au 13 octobre, la réaction offensive israélienne du 13 au 16 octobre, l’exploitation israélienne du 16 au 25 octobre. » Le 17 octobre, l’impact devient international lorsque les membres arabes de l’OPEP annoncent une baisse de production et un embargo contre les pays occidentaux qui soutiennent Israël.

    Notons que ce conflit, dans un contexte de Guerre Froide a provoqué une fois de plus une réaction des deux Grands. Ils ont à la fois tenté de soutenir militairement leurs alliés et de mettre en place un cessez-le-feu sous les auspices des Nations Unies. Ses conséquences sont très importantes d’un point de vue géopolitique. Claude Franc va jusqu’à dire que « le processus de paix israélo-égyptien de 1978 est l’enfant naturel de la guerre du Kippour (guerre d’Octobre, NDLR) ».

    Mais cette guerre a surtout façonné les relations entre l’Egypte et Israël et ouvert une nouvelle page dans les relations du Caire avec l’Occident.

    Rupture avec l’époque nassérienne

    Selon Marc Lavergne, géopolitologue et directeur de recherche émérite au CNRS en France, “depuis le milieu des années 1970, l’Égypte est entrée dans une voie nouvelle, entre libéralisation économique et alignement diplomatique sur l’Occident”.

    Durant la présidence d’Anouar El Sadate (1970-1981), l´Egypte a signé la paix avec Israël, devenant le premier pays arabe à le faire. Sur le plan économique, son action a été marquée par l’infitah (ouverture économique). Selon ce spécialiste de l´Egypte, elle a eu comme conséquence l’urbanisation rapide du pays et l’émigration massive de la jeunesse vers les pays du Golfe et vers la Libye.

    Durant les années 1950-1960, l´Egypte exerce une véritable “hégémonie” diplomatique, selon Gérard Claude. Cela correspond à l’époque nassérienne. Le leader du nationalisme arabe se rapproche de l’Union soviétique qui le soutient contre les Etats-Unis et Israël. Les décisions de son successeur à partir de 1977 marquent une rupture majeure en entreprenant un “renversement spectaculaire des alliances” lors de son rapprochement avec Washington et Tel Aviv selon ce professeur à Sciences Po Aix-en-Provence, en France.

    L’historien libanais, Georges Corm, estime que la guerre de 1973, qui débute le 6 octobre, est une décision personnelle du Président Anouar El Sadate. Il ajoute que c´est “une décision courageuse, car elle est prise contre l’avis de beaucoup d’officiers de l’état-major égyptien, qui ne croient guère possible une aventure militaire visant à traverser le canal”.

    A la suite de la guerre de 1967, la prise du Golan au Nord, du Sinaï, de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza, a multiplié par quatre la taille du territoire israélien. En 1973, en décidant d’intervenir en même temps, l’Égypte et la Syrie veulent jouer l’effet de surprise au nord et au sud afin de récupérer leurs territoires perdus.

    Les accords de Camp David, une arme à double tranchant

    Les accords de Camp David, signés en 1978 et suivis une année après par la signature du traité de paix israélo-égyptien, constituent une arme à double tranchant pour la diplomatie égyptienne. Parmi les avantages de la reconnaissance de l´Etat d´Israël, une aide financière et technologique américaine conséquente. Malgré tout, son principal problème est que ce pas l’isole du monde arabe qui critique vivement cette décision unilatérale et l´exclut de la Ligue Arabe.

    Après la guerre d’octobre 1973, le Président égyptien tente d´utiliser l’Organisation de l’Unité africaine pour dénoncer la politique israélienne. Lors du sommet de Mogadiscio, en juin

    1974, « les États africains qui entretenaient des relations diplomatiques et économiques avec Israël rompent ces relations » en pleine crise économique, conséquence de la crise pétrolière (à l´exception du Malawi, du Lesotho et du Swaziland).

    Henri Kissinger, le puissant Secrétaire d’État et conseiller à la sécurité nationale durant les présidences de Richard Nixon et Gérald Ford, souhaite un rapprochement entre Israël et l’Égypte. L’Égypte cède et Sadate rétablit les relations de son pays avec les Etats-Unis.

    L’accord du 4 septembre 1975 sur le Sinaï est signé à Genève. Il fait suite à la résolution no 338 du Conseil de sécurité des Nations unies et affirme que le conflit entre l’Égypte et Israël ne peut être résolu que par un processus de paix et propose la création d´une zone tampon gérée par les Nations Unies. L’Égypte va jusqu´à autoriser le passage par le canal de Suez des produits non militaires en provenance ou à destination d’Israël.

    Renversement des alliances

    Le président démocrate Jimmy Carter (1977-1981) poursuit les négociations entre Anouar El Sadate et le Premier ministre israélien Menahem Begin. En décembre 1977, une première conférence se déroule entre Égyptiens, Américains et Israéliens. Israël accepte de démilitariser le Sinaï mais en ce qui concerne l’occupation de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza, et le droit au retour des Palestiniens, aucune avancée ne se fait sentir. En septembre 1978, les Accords de Camp David, divisés en deux accords-cadres, sont ratifiés par les deux leaders. Le second accord-cadre signé en mars 1979, prévoit l’évacuation du Sinaï par l’armée israélienne. D’après Henry Kissinger, c´est parce que le Président Sadate ne considérait plus l’URSS comme un allié fiable qu´il a choisi un renversement des alliances : « l’Union soviétique pouvait apporter des armes, mais pas le progrès diplomatique pour récupérer la péninsule du Sinaï en la libérant de l’occupation israélienne, par conséquent le Président Anouar el-Sadate a changé de camp ».

    Anouar El Sadate a été assassiné le 6 octobre 1981 par six soldats égyptiens, appartenant à l’organisation du Djihad islamique égyptien, lors d’une parade en commémoration de la guerre d’octobre 1973. Ils ont attaqué à coups de grenades et de mitrailleuses la tribune présidentielle. Anouar El Sadate décède quelques heures plus tard. Hosni Moubarak, alors vice-président, lui succède. Il renforcera la nouvelle relation de son pays avec les Etats-Unis et Israël.

    * Les opinions exprimées dans cette analyse n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas forcément la ligne éditoriale de l’Agence Anadolu.

    * Dr. Mohamed Badine El Yattioui, Professeur de Relations Internationales à l´Université des Amériques de Puebla (Mexique).

    Anadolou

  • L’or noir prend des couleurs

    L’or noir prend des couleurs

    Algérie, Pétrole, prix, OPEP+, #Algérie, #Pétrole, #OPEP,

    Un sommet éclair de l’OPEP+ mais rapidement un marché galvanisé et un record dans les cours du brut. Ce mardi, les cours du pétrole atteignaient de nouveaux plus hauts en plusieurs années, au lendemain d’un sommet du cartel et de ses alliés. Pourtant, une seule décision a été prise, celle de reconduire pour les producteurs la stratégie d’ouverture lente du robinet d’or noir.

    Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre était en hausse de 2,03% par rapport à la clôture de la veille, à 82,91 dollars à Londres. C’est une première depuis octobre 2018.

    L’alliance composée des treize membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et de dix alliés a en effet confirmé l’ajustement à la hausse de la production globale mensuelle de 400 000 barils par jour pour novembre”.

    “La confirmation d’un plafond de l’offre par l’OPEP+ encourage la frénésie des achats”, estime Louise Dickson, analyste de Rystad.

    Il faut dire que le quota décidé répond à un accord préalable de la part du cartel en août dernier. Cela confirme une unité et une solidarité chez les producteurs, notamment la Russie et l’Arabie saoudite. Pour les experts, cela prouve aussi une convergence dans l’analyse du marché et les projections d’avenir sur la croissance économique mondiale.

    Si cette décision est la suite logique de la politique de l’alliance décidée en juillet, elle n’en a pas moins pris le marché par surprise puisqu’elle “a été adoptée en dépit des appels en faveur d’une hausse plus importante de la production dans un contexte de pénurie énergétique mondiale croissante”, faisait remarquer Lukman Otunuga de FXTM.

    “Bien que le bond des prix du pétrole soit une bonne nouvelle pour l’OPEP+, la politique du cartel menace d’accroître les tensions entre les principaux consommateurs d’énergie, en particulier ceux qui sont confrontés à une forte inflation”, souligne-t-il.

    Mais ce risque a été mis de côté, en tout cas pour l’instant. Pour d’autres experts, les grands pays consommateurs vont certainement s’unir et faire pression sur le cartel et ses alliés afin de revenir à un meilleur seuil de production et à rouvrir davantage les robinets. La fin imminente de la crise sanitaire et de la pandémie, qui ont plombé l’économie des pays industrialisés, va peser lourdement sur le marché et l’investissement dans le secteur.

    Le retour de la relance économique en Chine et en Inde va peser sur la situation du marché, bien que le cas iranien n’est pas encore définitivement tranché. Toutefois, avec l’hiver précoce et ses grands besoins, les cours garderont des seuils importants.

    La télévision publique saoudienne El-Ekhbariya se félicitait hier du “leadership saoudien au sein de l’OPEP” qui a permis de “surmonter remarquablement l’effondrement des prix en 2020 en raison de la pandémie et de la faible demande de pétrole”.

    S’agissant de l’Algérie, le niveau de production du brut augmentera de 942 000 barils/jour en octobre à 952 000 barils/jour en novembre prochain. Une hausse tranchée dans le cadre des ajustements volontaires de la production de l’OPEP+ lors de ce sommet.

    Pour rappel, le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, a participé lundi, par visioconférence, aux travaux de la 33e réunion du comité ministériel conjoint de suivi (JMMC) et à la 21e réunion ministérielle OPEP-Non OPEP.

    Les membres du JMMC ont examiné la situation du marché pétrolier international et ses perspectives d’évolution à court terme, ainsi que l’évaluation du niveau de respect des engagements relatifs aux ajustements de la production des pays de la Déclaration de coopération pour le mois d’août 2021. Le JMMC a ainsi relevé avec “satisfaction” que le taux de conformité global avait atteint 119%.

    Il a été également décidé que la prochaine réunion ministérielle de l’OPEP et des pays non membres de l’OPEP se tiendra le 4 novembre 2021.

    Mohamed K.

    Le Jeune Indépendant, 06/10/2021