Étiquette : Allemagne

  • Rabat rappelle son ambassadeur à Berlin pour « consultation » : Quand le Maroc trahit sa panique !

    Rien ne va plus entre Rabat et Berlin. Ce qui n’était que rumeurs et ouï-dire vient désormais de se confirmer ce jeudi à la lecture du document émanant des services des AE de Nacer Bourita, et dont nous-nous sommes procuré une copie.

    Rabat y annonce rien moins que le rappel « pour consultations » de son ambassadeur marocain basé à Berlin. En termes diplomatiques, cela signifie et annonce une semi-rupture des relations entre les deux pays.

    Environ deux semaines auparavant, un document volontairement « fuité » par les Affaires étrangères makhzeniennes, en direction de la presse locale et aux ordres, avait servi de «mise en garde » et de « rappel à l’ordre » de la part du lilliputien Maroc en direction de la puissante Allemagne.

    La puérilité des arguments brandis à l’appui de cette « rupture » trahissent à coup sûr la panique qui commence à gagner Rabat à mesure que ses calculs faits par anticipation se révèlent à lui de plus en plus erronés. Rabat parle en effet ne parle rien moins que « d’actions attentatoires à l’égard des intérêts supérieurs du royaume ».

    Sic. Explications, sans risquer de faire rire sous cape nos lecteurs : « l’Allemagne s’est démarquée par une attitude négative sur la question du Sahara marocain » re-e-sic.

    Il eut donc fallu, pour plaire et complaire au Maroc, que Belin s’inscrivît en faux du droit international, en applaudissant à l’illégale déclaration de Trump (qualifié encore dans ce document) de président américain.

    La pathétique attitude de Rabat n’est pas sans mettre à nue, et de la manière la plus claire qui soit, la prise de conscience de sa cuisante défaite sur cette question précise.

    Au Conseil de sécurité, en effet, il n’a pas été question que l’annonce de Trump y soit entérinée, ni même discutée. La Russie, puissant membre permanent au sein de ce conseil, était même allée jusqu’à demander le retrait public et officiel de cette annonce.

    La trahison par le Maroc de la cause palestinienne ne lui aura donc servi à rien. En lâchant la proie pour l’ombre, il se retrouve en effet plus nu, et démuni que jamais.

    Mohamed Abdoun

    La Patrie News, 06 mai 2021

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  • Le Maroc dénonce les «actes hostiles» de l’Allemagne

    Le Maroc a annoncé ce jeudi avoir rappelé son ambassadeur à Berlin pour consultation, en dénonçant dans un communiqué officiel les «actes hostiles» de l’Allemagne, notamment sur le dossier du Sahara occidental.

    Le Maroc a annoncé jeudi 6 mai le rappel de son ambassadeur à Berlin pour consultation, en dénonçant dans un communiqué officiel les «actes hostiles» de l’Allemagne, notamment sur le dossier du Sahara occidental.

    «La République Fédérale d’Allemagne a multiplié les actes hostiles et les actions attentatoires à l’égard des intérêts supérieurs du royaume», affirme le communiqué publié par le ministère marocain des Affaires étrangères. Le texte dénonce notamment l’«activisme antagonique» de Berlin après la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur ce territoire disputé par les indépendantistes du Front Polisario.

    Le communiqué publié ce jeudi évoque aussi «l’acharnement continu de l’Allemagne à combattre le rôle régional du Maroc, notamment sur le dossier libyen». Rabat n’avait pas été invité à participer aux négociations sur l’avenir de la Libye menées à Berlin en janvier 2020. Le Maroc accuse enfin les autorités allemandes de «complicité à l’égard d’un ex-condamné pour des actes terroristes, notamment en lui divulguant des renseignements sensibles communiqués par les services de sécurité marocains».

    Le communiqué officiel ne cite pas de nom mais il s’agit vraisemblablement de Mohamed Hajib, un Germano-Marocain condamné en 2010 au Maroc à 10 ans de réclusion pour «terrorisme», une sentence ramenée à cinq ans début 2012. De retour en Allemagne, ce quadragénaire publie régulièrement des attaques critiques sur son pays natal sur les réseaux sociaux. Rabat avait décidé début mars de «suspendre tout contact» avec l’ambassade d’Allemagne au Maroc, en raison de «malentendus profonds» avec Berlin sur différents dossiers, dont la question du Sahara occidental. À l’époque, Berlin avait tenté de clarifier les choses mais toutes les activités bilatérales sont restées au point mort depuis.

    Fin 2020, Berlin a débloqué une enveloppe de 1,387 milliard d’euros d’appui financier, dont 202,6 millions d’euros sous forme de dons, le reste sous forme de prêts bonifiés, en soutien aux réformes du système financier marocain et en aide d’urgence pour la lutte contre le Covid-19. L’Allemagne est un des premiers partenaires commerciaux du Maroc, avec 1,9 milliard d’euros d’exportations et 1,3 milliard d’euros d’importation en 2020, en baisse comparé à 2019 en raison de la pandémie de covid-19, selon les chiffres officiels.

    Le Figaro, 06 mai 2021

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  • Reuters : Le Maroc rappelle son ambassadeur à Berlin au sujet du Sahara Occidental

    Le Maroc a rappelé jeudi son ambassadeur à Berlin pour des consultations, afin de protester contre ce qu’il a qualifié d’ »attitude destructrice » de l’Allemagne vis-à-vis de la position de Rabat sur la question du Sahara occidental.

    Il a accusé l’Allemagne de s’engager dans un « activisme antagoniste » après que les États-Unis ont reconnu en décembre la souveraineté marocaine sur le territoire, qui est également revendiqué comme un État indépendant par le mouvement du Front Polisario soutenu par l’Algérie.

    La décision de Washington, qui s’inscrit dans le cadre d’un accord prévoyant également le renforcement des liens diplomatiques entre le Maroc et Israël, a incité l’Allemagne à convoquer une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies pour discuter de la question.

    En mars, le Maroc a ordonné à tous les départements et organismes gouvernementaux de s’abstenir de toute coopération et de tout contact avec l’ambassade d’Allemagne et les organisations politiques allemandes.

    Le Maroc a également déclaré jeudi que l’Allemagne avait divulgué des informations sensibles fournies par les services de sécurité marocains à un djihadiste condamné, sans donner de précisions.

    Dans un communiqué, il a également réitéré une plainte antérieure selon laquelle l’Allemagne ne l’avait pas invité à la conférence de Berlin de 2020 sur la Libye. Au cours de l’année écoulée, le Maroc a joué un rôle dans les négociations diplomatiques libyennes en accueillant des discussions entre les membres des groupes parlementaires rivaux.

    Le ministère allemand des Affaires étrangères a déclaré qu’il n’avait pas été informé à l’avance du rappel de l’ambassadeur, ajoutant qu’il ne comprenait pas les accusations contenues dans le communiqué du ministère marocain et avait demandé des explications.

    « Nous sommes d’autant plus surpris par cette mesure que nous déployons des efforts constructifs avec la partie marocaine pour résoudre la crise », a déclaré un responsable du ministère.

    Reuters, 06 mai 2021

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  • Mohamed Hajib : enquête sur l’ennemi public numéro 1 des services secrets marocains

    Mohamed Hajib : enquête sur l’ennemi public numéro 1 des services secrets marocains

    Qui est l’homme à l’origine – très probable – de la brouille entre le Maroc et l’Allemagne ? MEE a remonté le parcours de cet islamiste adepte des réseaux sociaux contre lequel Rabat orchestre une bruyante campagne

    Par Ali Lmrabet

    « As-salam alaykoum. Qui est à l’appareil ?

    – Est-ce que je suis avec Mohamed Hajib ? L’ancien prisonnier politique ? »

    Un long silence, un gros éclat de rire et une réponse qui fuse dans un français hésitant : « L’ancien prisonnier politique Mohamed Hajib en personne ! »

    Ce n’est pas l’image que l’on pourrait se faire de cet homme, l’un des Marocains les plus recherchés par les deux principales polices politiques du Maroc, la DST (Direction générale de la sûreté du territoire, qui a rajouté la lettre « g » de générale à son acronyme pour tenter de faire oublier son ténébreux fonctionnement) et la DGED (Direction générale des études et de la documentation), un service dit de contre-espionnage mais qui n’en reste pas moins un appareil sécuritaire qui contrôle une partie de la presse marocaine et surtout la diplomatie.

    C’est en partie à cause de Hajib, qui insiste pour qu’on le traite d’« ancien prisonnier politique » et non d’« islamiste » et qui dit s’être donné comme mission de « défendre tous les droits humains, et non seulement ceux des détenus islamistes », que le gouvernement marocain a été sommé par le ministère des Affaires étrangères de suspendre tout contact avec l’ambassade d’Allemagne à Rabat, ainsi qu’avec toute institution allemande installée sur le sol du royaume chérifien.

    Signalé comme un très « dangereux terroriste islamiste » qui appelle les Marocains à la révolte et au carnage, vilipendé matin et soir par les médias marocains, pris à partie par plusieurs personnalités qu’on fait défiler devant les écrans, le dernier en date étant Omar El-Kzabri, l’imam de la mosquée Hassan II de Casablanca, Hajib est assurément, avec les journalistes et les activistes des droits de l’homme, dans la ligne de mire des services secrets marocains.

    Et s’il est inaccessible aux autorités marocaines, qui cherchent à tout prix à mettre la main dessus, il est très présent sur les réseaux sociaux, principalement sur Facebook et sur YouTube, où ses nombreux « live » dans lesquels il jongle avec les faits et les sarcasmes, sans oublier un peu d’humour, sont visionnés par des dizaines de milliers de suiveurs.

    Avant de partir à la rencontre de Hajib, nous avons scruté pendant un mois des dizaines de vidéos et consulté des documents en tout genre, policiers, judiciaires, diplomatiques, onusiens, et en plusieurs langues, arabe, allemand, français et anglais. Cette enquête est le fruit de ce labeur.

    De Tétouan au Pakistan

    Mohamed Hajib réside à Duisbourg, dans le land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, une ville située au confluent du Rhin et de la Ruhr, près de Düsseldorf.

    Sa photo montre un jeune homme souriant, casquette bec de canard vissée sur la tête, rouflaquettes rock’n’roll et une maigre barbiche. Rien à voir avec le « barbu » traditionnel.

    Il est né à Tétouan le 23 mai 1981, fils d’un professeur d’arabe originaire de Tiflet et d’une mère fonctionnaire au tribunal de cette ville du nord du pays. Idéologiquement, il ne suivra pas la trace de son père, un ancien détenu politique de la mouvance marxiste.

    En décembre 2000, il émigre en Allemagne, pays dont il devient citoyen en 2008. Est-ce l’éloignement du pays d’origine ou cette irrésistible attirance qu’ont certains musulmans pour la chose religieuse une fois coupés de leurs racines qui fait qu’il devient tablighi ? Peut-être.

    La Jamaât al-Tabligh est une « secte » fondamentaliste de l’islam disent certains, une « méritoire » société de prédication affirment d’autres. Les tablighis sont certes rigoristes et fondamentalistes, mais contrairement à certains salafistes djihadistes, ils n’ont jamais été impliqués dans des opérations islamistes armées et leur traditionalisme religieux n’en fait pas moins des gens pacifiques et surtout apolitiques.

    Pour devenir un bon prédicateur tablighi, il y a trois grands centres mondiaux, tous situés dans le sous-continent indien, où est né ce mouvement en 1927 : l’Inde, le Bangladesh et le Pakistan. Dans ces trois pays, les centres du Tabligh ont pignon sur rue et n’ont rien de secret.

    Hajib choisit le Pakistan, et vole fin juin 2009 pour Istanbul, avant de prendre un autre avion pour Machhad, en Iran, où il rejoint sur place une toute petite communauté de son mouvement, puis entreprend le chemin du Pakistan.

    Contrairement à l’Iran, où le visa lui a été délivré à l’aéroport de Machhad, entrer au Pakistan est une tout autre histoire. La frontière est une passoire, un chaos total qui fait qu’il doit remettre 50 dollars à un émir de la Jamaât al-Tabligh qui l’accompagne et qui se charge des visas. En fait, il s’agit d’un pot-de-vin pour passer sans encombre le poste-frontière.

    Hajib cherche à rejoindre Lahore où doit se tenir une rencontre internationale au mois de novembre de la même année. Un document du land Rhénanie-du-Nord-Westphalie, daté du 22 février 2010, atteste que la LKA (Landeskriminalamt NRW), la police régionale, était au courant de ce voyage et de cet événement religieux.

    Et, il n’est fait nulle mention d’une dérive terroriste du jeune homme. Par contre, il est considéré, comme tous les tablighis à l’époque, comme un « islamiste radical ». Mais cette définition du tablighisme était celle qui était alors en cours en Allemagne avant que le plus haut tribunal administratif allemand, à Leipzig, ne vienne y mettre de l’ordre. Dans une sentence historique, datée du 25 octobre 2011, il est explicitement énoncé que « les objectifs ou les activités de la Jamaât al-Tabligh ne visent pas à soutenir des activités terroristes ».

    Après quelques pérégrinations au Pakistan, au contact des populations et des centres religieux, le jeune homme décide de rentrer en Allemagne, en empruntant le chemin de l’aller.

    Manque de pot, il se fait arrêter le 1er octobre 2009 lors d’un contrôle de routine de l’armée pakistanaise dans un autocar à Panjgur. Il faut retenir le nom de cette localité qui va jouer un rôle essentiel dans l’odyssée postérieure de Hajib.

    Pangjur se trouve à moins de 100 kilomètres de la frontière iranienne et à 641 kilomètres de Chaman, ville frontalière avec l’Afghanistan. Et à moins de savoir voler, la seule route d’accès à l’Afghanistan depuis Panjgur passe obligatoirement par Quetta, qui est à 130 kilomètres au sud de Chaman.

    Cette précision est importante dans la mesure où Hajib sera accusé plus tard par les Marocains d’avoir été arrêté à la « frontière afghane » et non iranienne.

    Il est alors remis aux services secrets pakistanais, qui le gardent dans une prison de Quetta. Mais pourquoi à Quetta, qui est à 2 h 40 de voiture de la frontière afghane et non ailleurs ? Parce que Panjgur se trouve à 1 500 kilomètres d’Islamabad, et pour arriver à la capitale du Pakistan, il faut forcément passer par Quetta.

    De plus, la prison de cette ville est considérée comme un centre de tri par où passent une infinité de détenus, des étudiants des madrasas, des commerçants turcs, très nombreux dans la région, ainsi que des tablighis étrangers, qui sont généralement ou libérés ou transférés dans d’autres lieux de détention. Par contre, les salafistes sont dirigés vers des « centres spécifiques » qui sont souvent visités par les Américains.

    « À l’époque, je ne connaissais pas mes droits »

    Pendant un mois, Hajib végète sur place avant qu’il ne soit expédié à Islamabad, où on le soumet à une enquête pendant exactement trois mois et dix-sept jours, entre le 1er octobre 2009 et le 17 février 2010. Faute d’avoir à lui reprocher autre chose que d’être entré illégalement au Pakistan, les autorités décident de l’expulser.

    Aucune accusation n’est portée contre lui. Ce n’est pas Hajib qui l’affirme, c’est un email postérieur à son arrestation au Maroc, daté du 8 août 2011, envoyé au ministère allemand des Affaires étrangères à Berlin par le consul à Islamabad et dans lequel il est affirmé qu’« aucune accusation concrète de crime n’a jamais été portée contre [lui] ».

    Mais, comme toute présence d’un « Arabe » musulman est suspecte au Pakistan, surtout après le 11 septembre 2001, le consulat allemand à Islamabad prévient Berlin de l’expulsion de Hajib.

    Et c’est ainsi que, quand il arrive à l’aéroport de Francfort le 17 février 2010, à 13 h 47, par un vol d’une compagnie aérienne pakistanaise, il est arrêté à sa descente d’avion par une escouade de « 25 agents » allemands, dont certains sont lourdement armés.

    Gardé en permanence, il est interrogé pendant une heure par des policiers du LKA (police régionale du land de Hessen) qui lui signifient une interdiction de sortie de la zone internationale de l’aéroport ; et à 22 h 30, on le pousse littéralement dans un avion de la Lufthansa, vol n° LH4116, en partance pour Casablanca.

    Pourquoi n’a-t-il pas protesté alors qu’il possède la nationalité allemande ?

    « Aujourd’hui, c’est facile de le dire, mais à l’époque, je ne connaissais pas mes droits », explique-t-il. Et il est loin aussi de se douter de ce qui l’attend dans son pays d’origine.

    Aux premières heures du 18 février, son avion atterrit à l’aéroport Mohamed V de Casablanca. « Cinq agents de la DST », affirme-t-il, l’attendent sur la passerelle d’embarquement. Il est saisi sans ménagement et emmené dans un bureau où on lui met un bandeau sur les yeux.

    Menotté et ligoté des pieds, on l’expédie au quartier Maârif de la capitale économique du Maroc, où se trouve le siège de la BNPJ (Brigade nationale de police judiciaire). Durant le trajet, les coups et les insultes pleuvent dans la voiture. « Terroriste », « Criminel », « Tu es venu pour exploser le Maroc », « Qu’est-ce que tu foutais au Pakistan ? ».

    À la BNPJ, dirigée alors par Abdelhak Khiam, future tête visible de l’antiterrorisme marocain, il est jeté dans une minuscule cellule. On l’insulte, on l’accroche par les bras, et on le frappe au visage et aux pieds.

    Ses geôliers le somment d’avouer. « Avouer quoi ? Que je suis un tablighi ? Je le suis. Mais je ne suis pas un terroriste », tente-t-il de répliquer. En vain.

    Pendant douze jours, il est soumis à des séances quotidiennes de torture, selon des informations transmises par la suite à la fondation Alkarama, une organisation qui « combat l’injustice dans le monde arabe » et dont les bureaux se trouvent à Genève.

    Hajib tient bon parce qu’il croit que ses tortionnaires vont comprendre qu’il n’a rien fait et vont finir par le libérer.

    Mais le 1er mars, pour venir à bout de sa résistance, ses tourmenteurs menacent d’amener sa femme et sa mère et de les violer devant lui. « Là, j’ai flanché et j’ai signé un procès-verbal qu’ils ne m’ont pas laissé lire. »

    Condamné à dix ans de prison
    Présenté au tribunal antiterroriste de Salé le même jour, il apprend par le juge d’instruction Abdelkader Chentouf qu’il a signé des « aveux complets » sur un PV daté du 19 février, alors qu’il venait à peine d’apposer sa signature.

    Il conteste, tente d’expliquer au juge qu’il a été torturé, qu’il a signé sous la contrainte, et que sa signature date du 1er mars et non du 19 février.

    Rien n’y fait. Comme à son habitude, le juge Chentouf ne se pose même pas la question de savoir pourquoi un suspect qui a signé des aveux le 19 février lui est présenté onze jours plus tard. Il n’ordonne pas d’enquête, ni sur la datation du PV, ni sur les allégations de torture.

    Pratiquement à la même heure, dans un autre tribunal, un substitut du procureur général près la Cour d’appel de Rabat, Abdelaziz Raji, annonce à sa mère que l’État allemand vient de retirer la nationalité à son fils.

    Cette anecdote est capitale pour Hajib. « Cela démontre la complicité des services secrets allemands avec les Marocains. Comment ce substitut pouvait-il savoir que le ministère fédéral de l’Intérieur d’Allemagne venait effectivement d’engager une procédure dans ce sens ? », se demande-t-il.

    Une procédure qui, tempère-t-il depuis Duisbourg, a été abandonnée par l’État allemand faute de preuves l’impliquant dans une quelconque opération ou dérive « terroristes ».

    Après son passage par le bureau du juge Chentouf, il est placé dans le module 1 de la prison de Salé, dite « Zaki ». En guise de bienvenue, il est battu, encore une fois. Cette fois-ci, par des fonctionnaires de l’administration pénitentiaire, et sans raison. « C’est peut-être la tradition de frapper les nouveaux venus », souligne-t-il avec malice.

    Et le 24 juin 2010, il est condamné à dix ans de prison pour constitution de « bande criminelle », « financement du terrorisme » et pour avoir voulu rejoindre l’Afghanistan.

    Un procès expéditif, comme ont pu le constater des diplomates allemands dépêchés sur place. Dans une note interne qu’a pu consulter Middle East Eye, datée du 27 juin 2010, il est écrit : « Lors de cette audience, aucun témoin n’a été convoqué. Et aucune preuve n’a été fournie. Le président de l’audience s’est basé uniquement sur le procès-verbal de l’enquête. »

    « Comment », renchérit Hajib, « quelqu’un qui est parti au Pakistan avec un passeport allemand, a été arrêté à la frontière iranienne et non afghane, n’a pas été poursuivi pour des faits de terrorisme par les autorités pakistanaises, et qui n’avait pratiquement aucun lien avec son pays d’origine autre que familial, a-t-il pu être condamné au Maroc pour ‘’bande criminelle’’ et ‘’financement du terrorisme’’ ? Cela ne tient pas la route ! La justice marocaine est une fabrique de condamnations arbitraires. »

    Dans la même note citée ci-haut, l’ambassade allemande signale aussi que lors de son procès, « les déclarations de l’accusé étaient à peine perceptibles en raison de son mauvais état de santé ». Hajib en était alors à son 46e jour de grève de la faim pour dénoncer sa situation.

    À partir de sa première condamnation, et pendant sept ans, il va vivre au rythme des transferts d’un pénitencier à un autre et des mauvais traitements qu’on lui fait subir.

    Du module 1 de Salé, il est envoyé à Toulal 2, une prison de Meknès, ramené à Salé pour être incarcéré dans le module 2, puis envoyé à Tiflet 1, où il endure les affres de la torture, cette fois-ci, comme le montrent plusieurs photos qu’il a fait sortir de prison, avec des objets qui lui laissent des traces de brûlures dans le dos, et finalement réexpédié à Tiflet 2, le seul endroit, affirme-t-il, où il n’a pas été soumis à des brutalités.

    Entretemps, il a été l’une des têtes visibles de la mutinerie qui a secoué la centrale pénitentiaire de Salé pendant deux jours, les 16 et 17 mai 2011, pour dénoncer la détention arbitraire et les tabassages sans fin.

    Dans les images et les vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux, on le voit la teinte ceinte d’un turban et le verbe haut.

    Cette action va lui valoir d’énièmes sévices, cette fois-ci devant Abdelhafid Benhachem, le délégué général de l’administration pénitentiaire de l’époque. Benhachem est un vieux routier de la répression au Maroc qui sera poursuivi en 2015 pour « génocide » par le juge espagnol Pablo Ruz, de l’Audience nationale de Madrid. Pas pour les mauvais traitements infligés aux détenus marocains, mais pour des crimes commis contre les Sahraouis quand il était « gouverneur de Smara entre 1976 et 1978 ».

    Au téléphone, Hajib répète qu’il connaît bien Benhachem pour avoir négocié avec lui la fin de la mutinerie. « Il était devant moi quand on me frappait, accompagné par deux hommes en costume cravate, des agents de la DST ».

    Il réclame 1,5 million d’euros à l’Allemagne

    C’est pour cette raison que la note verbale de l’ambassade allemande à Rabat, datée du 30 juin 2011, que nous avons consultée, s’est légèrement éloignée des termes diplomatiques d’usage pour rappeler aux Affaires étrangères marocaines que Hajib a « été victime de blessures non négligeables », et qu’il « aurait souffert […] selon ses propres déclarations, de plusieurs mauvais traitements et de violences corporelles qui lui auraient été infligés dans les prisons de Salé et Meknès [Toulal se trouve à Meknès], où il a été momentanément transféré. Il aurait été, entre autres, battu et menacé et aurait entrepris sur ce une tentative de suicide ».

    Et l’ambassade d’exprimer sa « préoccupation » et de demander à ce que « la sécurité et l’intégrité corporelles de Monsieur Hajib et des autres détenus allemands [soient] garantis à l’avenir ».

    Cette intervention semble avoir été suivie d’effet puisque sa peine de dix ans, qui avait été confirmée par une cour d’appel, sera cassée par la Cour de cassation et ramenée à cinq ans après un autre jugement de cette même cour d’appel le 9 janvier 2012.

    Pour la mutinerie, il écope néanmoins de deux années supplémentaires. L’avis du Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, rendu le 31 août 2012, demandant à ce qu’il soit élargi immédiatement après avoir relevé la violation par la justice marocaine de plusieurs conventions internationales, n’y fait rien. Il reste en prison.

    Ce qui n’empêche pas Hajib d’exulter aujourd’hui. « Vous connaissez des cas de dangereux islamistes qui ont financé le terrorisme, condamnés à seulement cinq ans de prison par la justice marocaine ? Ces cinq ans avaient pour but de justifier ma présence en prison et les mauvais traitements subis. »

    Quand il est libéré le 18 février 2017, il reste trois jours au Maroc, le temps de saluer ses parents et de prendre le premier vol pour l’Allemagne. Pour lui, sept ans de prison sont sept ans de trop. Et il n’a pas l’intention de laisser passer le calvaire dont son corps porte encore les traces. Avec l’aide de son avocat allemand, il demande une expertise médicale officielle.

    Le rapport médical du légiste, fait à Düsseldorf et daté de 2017, est accablant. S’appuyant sur les attestations d’un psychiatre, d’un dermatologue et d’autres spécialistes qui ont évalué le Maroco-Allemand, il est formel : Mohamed Hajib a subi des tortures durant sa détention au Maroc.

    L’État allemand lui concède une pension et lui reconnaît quelques années plus tard une invalidité au travail de 50 %.

    Mais il n’en reste pas là et décide de poursuivre en justice l’État allemand, à qui il exige 1,5 million d’euros pour avoir expulsé de son pays un concitoyen et l’avoir livré à ses tortionnaires marocains. L’affaire est toujours en cours.

    Parallèlement, à travers la fondation Alkarama, son cas est présenté en 2018 au Comité contre la torture des Nations unies, où il remarque depuis, avec un amusement non dissimulé, l’agitation de la diplomatie marocaine dans l’attente d’une résolution définitive.

    Fin 2019, Hajib reprend ses comptes dans les réseaux sociaux, Facebook et YouTube, et commence à raconter ses malheurs et à dénoncer la situation des droits humains au Maroc.

    Dans ses vidéos en live, le roi Mohammed VI n’y est jamais appelé par son titre, c’est le « résident général français », du nom de ce haut fonctionnaire envoyé par la République française pour gérer le Maroc du temps du protectorat.

    Le chef de la DST et de pratiquement toutes les polices marocaines, Abdellatif Hammouchi, est désigné par le terme de « Hammouchi Show ». Pas de quoi fouetter un chat, mais ses directs, qui commencent à rencontrer un vif succès au Maroc, attirent l’attention des autorités policières. Surtout quand il annonce des poursuites judiciaires contre les responsables de son incarcération et de ses tourments physiques.

    Restées muettes sur son cas depuis 2017, ces dernières réagissent hâtivement quand, dans plusieurs vidéos, celles du 3 mai et du 13 juin 2020, Hajib appelle les Marocains à sortir dans la rue pour défendre leurs droits.

    La machine de l’État profond se met alors en branle. Des vidéos avec de grossiers montages, entrecoupées de déclarations incendiaires d’Ayman al-Zawahiri, l’émir d’al-Qaïda, montrent Hajib en train de demander aux Marocains de sortir dans la rue pour commettre un « carnage » mais sans préciser que ce terme n’est jamais utilisé par l’intéressé, qui insiste au contraire sur le caractère pacifique des manifestations.

    Ce que dit Hajib dans ces deux vidéos est, en évitant les répétitions, le suivant : « Le régime marocain viole vos droits », « Vous n’en pouvez plus de ce régime criminel », « Ne vous suicidez pas à cause de cette situation, sortez manifester pour réclamer vos droits dans les rues et laissez ces criminels vous tirer dessus et vous mourrez comme des martyrs, mais vous aurez obtenu quelque chose pour vos enfants », « Il faut en finir avec ce régime ».

    Des allures d’affaire d’État

    Aujourd’hui, il explique ces appels à la révolte par la grande colère qu’il a ressentie quand il a vu sur les réseaux sociaux des jeunes gens se suicider pour cause de crise alimentaire et de coronavirus. « Je n’ai jamais appelé à des opérations-suicides ou à un carnage, et tout le monde le sait. J’ai appelé à la résistance contre un régime dictatorial. Je n’ai pas dit ‘’Tuez !’’, j’ai dit ‘’Ne vous suicidez-pas, laissez les criminels vous tuer’’. »

    Une nuance qu’a compris le parquet de Duisbourg, qui avait diligenté une enquête après avoir reçu une plainte directe de la DST, le 10 juillet 2020. Une plainte reformulée le 17 juillet avec une vidéo du 14 juillet.

    Dans sa résolution datée du 11 août, le ministère public allemand rejette la plainte marocaine et justifie ainsi sa décision : « Il n’y a pas de crime. Dans ses déclarations […], M. Hajib appelle à la résistance face au gouvernement marocain. […] Il n’y a pas d’infractions pénales concrètes. » En clair, assure le parquet de Duisbourg, Mohamed Hajib a fait usage de son droit à la liberté d’expression.

    Cette gifle assenée non seulement aux autorités policières marocaines, mais également à la magistrature du royaume chérifien aurait dû en rester là. Pour plusieurs raisons d’ailleurs. Hajib fait l’objet d’une étroite surveillance des services secrets allemands qui visionnent la moindre vidéo, traduisent, et lisent tous ses posts publiés sur Facebook.

    Difficile de croire que la puissante centrale d’intelligence allemande aurait laissé passer la moindre incartade de l’intéressé, d’autant plus qu’elle a un lourd contentieux avec lui devant les tribunaux pour son expulsion de 2010.

    Raison supplémentaire qui a sûrement influé sur la décision de la justice allemande, aucun des réseaux sociaux où Hajib a diffusé ses interventions, Facebook et YouTube, n’a jugé bon de les retirer, concluant probablement que leur contenu respecte leur charte.

    MEE a appris durant son enquête, qu’après le dépôt de la plainte de la DST, les autorités judiciaires de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie ont fait appel à l’orientaliste et spécialiste de l’islam Ekkehard Rudolph pour évaluer le profil Facebook de Hajib.

    Sa réponse du 28 juillet 2020, que nous avons consultée également, est sans appel. « Nous avons examiné les faits […] en détail et nous sommes arrivés à la conclusion suivante : les déclarations de la personne Mohamed Hajib, accessibles via Facebook, sont des expressions d’opinion politique sans aucune référence islamique reconnaissable. Elles ne peuvent donc en aucun cas être évaluées de manière adéquate dans notre perspective d’études islamiques », écrit M. Rudolph.

    Mais les Marocains n’avaient pas l’intention d’abandonner la chasse. En plein mois d’août et au milieu d’une des pires pandémies de l’histoire, une vieille connaissance de Hajib, le substitut Abdelaziz Raji, celui qui avait annoncé à sa mère en 2010 que l’Allemagne lui avait retiré sa nationalité, revient à la charge avec un mandat d’arrêt international émis le 13 août. C’est-à-dire, deux jours après le refus allemand de poursuivre Hajib.

    Transmis au Bureau central national d’Interpol au Maroc, dirigé par un certain Mohamed Dkhissi, qui n’est autre que l’actuel directeur de la fameuse Brigade nationale de la police judiciaire (la structure que Hajib accuse de l’avoir torturé pendant une douzaine de jours en 2010), celui-ci place le Maroco-Allemand sur la liste des notices rouges.

    Ce stratagème douteux dure quelques mois avant que le secrétariat général d’Interpol à Lyon n’inflige un revers à son bureau de Rabat en décidant de supprimer cette notice et d’effacer le nom de Mohamed Hajib de toutes ses données.

    Dans ses conclusions, Interpol estime que le cas Hajib relève d’une persécution politique et non pénale. La décision est communiquée à toutes les parties le 5 février 2021. Pour le Maroc, sa justice et sa police, ce n’est pas une humiliation, c’est un coup de massue sur la tête.

    C’est à partir de ce moment que le cas Hajib prend des allures d’affaire d’État. La campagne contre lui s’intensifie dans la presse et les réseaux sociaux. L’Allemagne, sa justice et sa police, accusées de ne pas vouloir arrêter « l’agitateur islamiste », sont prises à partie.

    Bizarrement, Interpol et les réseaux sociaux où il édite ses « live », Facebook et YouTube, sont épargnés.

    D’anciens chefs islamistes accusent
    Par contre, on fait appel à d’anciens chefs islamistes salafistes, Mohamed Fizazi, Hassan Khattab et du menu fretin, pour qu’ils accusent en chœur Hajib d’être un dangereux « terroriste ».

    S’il n’y avait pas ce sentiment de suffisance qui est la marque première de la police politique, doublé cette fois-ci d’une rageuse impuissance, l’appel à ces anciennes gloires décrédibilisées du salafisme jihadiste aurait dû faire grincer quelques dents à l’intérieur de l’appareil sécuritaire marocain.

    Mohamed Fizazi est un salafiste radical qui avait applaudi dans le passé à l’assassinat de l’intellectuel égyptien Faraj Fouda en 1992. Condamné à 30 ans de prison après les attentats terroristes de Casablanca de 2003 (les 12 kamikazes qui ont assassiné 33 personnes ont été considérés ses émules par la justice marocaine), il a été libéré en 2011.

    Une bien anormale générosité dans un pays où on purge intégralement sa sentence dans les affaires de « terrorisme islamiste ».

    Depuis, Fizazi est devenu la risée de la presse et des réseaux sociaux en raison de ses scandales à répétition et de ses frasques sexuelles. Ses cibles sont devenues non plus « l’État impie », mais les dissidents marocains, le mouvement du 20 Février et l’Algérie. Récemment, il a encore fait ricaner tout le monde en applaudissant au rétablissement des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël. Il faut savoir qu’au Maroc, même le plus fade des anciens salafistes jihadistes retournés par l’État honnit toujours l’« entité sioniste ».

    L’autre « témoin de moralité » contre Hajib n’est autre que Hassan Khattab, le chef d’une ancienne cellule terroriste appelée « Ansar al-Mahdi ». Tout comme Fizazi, Khattab a bénéficié non pas d’une mais de deux bien étranges grâces royales. La première en 2005, après deux ans de prison seulement ; et la deuxième en 2016 à la suite de sa lourde condamnation en 2008 à 25 ans pour « terrorisme islamiste ».

    Selon le quotidien Aujourd’hui le Maroc du 27 septembre 2006, lors de sa première incarcération, ses codétenus l’avaient fortement soupçonné de « jouer un double jeu, d’être carrément une taupe, un ‘’frère’’ que les autorités auraient retourné pour les espionner ».

    Un autre hebdomadaire, La Gazette du Maroc (devenu Challenge Hebdo), taxe carrément Khattab d’escroc qui faisait croire aux femmes stériles qu’il allait les aider à enfanter.

    Il est, de fait, loin d’être un enfant de chœur. Dans une vidéo de 2003 que nous avons récupérée dans les archives d’internet, on l’entend se déclarer « assoiffé du sang des ennemis ». Les ennemis étaient ceux qui avaient fait incarcérer les cheikhs salafistes après les attentats de 2003.

    Pourtant, c’est à Khattab, qui n’a jamais condamné le groupe État islamique – contrairement à Hajib, qui l’a fait en 2015 –, que le Maroc a récemment fait appel pour qu’il contredise le Maroco-Allemand devant le Comité contre la torture de l’ONU.

    Au vu de cette rocambolesque histoire, il est évident que le Maroc a un lourd contentieux avec Mohamed Hajib. Jusqu’au point, croit-on dans certains milieux bien renseignés, qu’il rend l’Allemagne coupable de ses propres déboires avec le Maroco-Allemand.

    Dans le dossier présenté par la fondation Alkarama aux Nations unies, on retrouve des éléments qui semblent indisposer puissamment les Marocains. Comme par exemple ces témoignages écrits de fonctionnaires de l’ambassade allemande de Rabat qui attestent avoir vu des traces de torture sur le corps de Hajib quand ils l’ont visité en prison. Des affirmations qui ont été plus tard corroborées par le rapport médical du légiste de Düsseldorf.

    À cela, il faut rajouter une décision de justice favorable à Hajib qui met à bas tout le montage des accusations contre le Maroco-Allemand. Le 15 janvier 2015, le tribunal administratif de Berlin concluait que « le ministère des Affaires étrangères n’est au courant d’aucune enquête [procédure] pénale en rapport avec une quelconque implication de ce dernier relative à des actes terroristes au Pakistan. »

    Ces témoignages et ces sentences judiciaires peuvent paraîtres anodins à l’observateur non averti. Pas à la police politique marocaine, qui voit comment l’homme qui lui a été signalé en 2010 par les Allemands comme étant un dangereux terroriste se retrouve aujourd’hui totalement blanchi par ses anciens accusateurs. De là à ce que les Marocains ne veuillent pas porter tout seuls le chapeau …

    Un message aux services secrets allemands

    C’est peut-être dans cette optique qu’il faut comprendre la drôle d’interview accordée à un obscur site marocain en Allemagne, Atlaskom.com par la consule générale du Maroc à Francfort, Bouthaina El Kerdoudi Koulali.

    Après avoir avancé des arguments largement démentis par les faits, comme cette histoire de détention à la frontière afghane alors qu’il est établi, cette fois-ci par un autre email du consulat allemand à Islamabad, daté du 11 janvier 2010, qu’il a été arrêté près de la frontière iranienne, Mme El Kerdoudi a voulu, semble-t-il, faire passer un message aux services secrets allemands.

    Le fait qu’elle réponde en anglais, même approximatif, et non en arabe littéral ni même en marocain signifie qu’elle visait un public particulier. Son insistance à évoquer la décision de la police allemande d’empêcher Hajib d’entrer en Allemagne en 2010 et de l’avoir expédié au Maroc ressemble fort à un avertissement.

    Ou à un appel au secours. Comme pour leur dire grosso modo : c’est vous, Allemands, en nous remettant Mohamed Hajib en 2010, en nous indiquant que vous le soupçonniez de terrorisme et en nous affirmant que vous alliez lui retirer la nationalité allemande, qui nous avez poussés à sévir contre lui. Mais maintenant, vous l’avez complétement dédouané et il s’est retourné contre nous.

    Par la voix de cette consule, une diplomate qui pourtant ne devrait pas évoquer des sujets politiquement sensibles, cette tâche étant l’apanage de l’ambassade à Berlin, les services secrets marocains souhaitent apparemment que leur demande d’extradition de Hajib soit exécutée par l’Allemagne sans trop de formalismes juridiques.

    Comme si ce pays, qui possède une justice très pointilleuse en matière de défense des droits fondamentaux de ses concitoyens, pouvait céder facilement, comme l’ont fait dans le passé la France et l’Espagne dans des affaires similaires (affaires Zakaria Moumni et Ali Aarrass), aux desiderata marocains.

    Middle Easy Eye, 04 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Allemagne, Mohamed Hajib, Zakaria Moumni, Ali Aarrass,

  • L’Allemagne interdit l’association Ansaar International soupçonnée de financer le terrorisme

    L’Allemagne interdit l’association Ansaar International soupçonnée de financer le terrorisme

    BERLIN, 5 mai (Xinhua) — Le ministre allemand de l’Intérieur, Horst Seehofer, a interdit mercredi l’association islamique Ansaar International et ses branches, soupçonnées de financer des groupes terroristes à l’étranger.

    Cette interdiction a été appliquée mercredi matin dans 10 des 16 Etats allemands, selon le ministère de l’Intérieur. Près de 1.000 officiers mènent des recherches et environ 150.000 euros (180.000 dollars) en espèces ont été saisis jusqu’à présent.

    « Si vous voulez combattre le terrorisme, vous devez tarir ses sources d’argent », a expliqué M. Seehofer dans un communiqué. Les associations interdites « diffusent une philosophie salafiste et financent le terrorisme dans le monde entier sous couvert d’assistance humanitaire », a-t-il ajouté.

    Ansaar International et ses branches utilisaient un réseau d’associations et d’individus pour générer des dons, lesquels servaient à soutenir des organisations terroristes, selon le ministère.

    « Nous ne pouvons pas autoriser ceux qui collectent des dons à des fins pseudo-caritatives pour ensuite financer le terrorisme à se cacher derrière nos lois sur les associations », a souligné M. Seehofer.

    Xinhua, 06 mai 2021

    Etiquettes : Allemagne, Ansaar, terrorisme,

  • Maroc-Algérie : l’Espagne doit clarifier sa position sur Brahim Ghali, chef du Front Polisario (Bld Voltaire)

    Le site espagnol El Noticiario a révélé, le 22 avril 2021, que le chef des séparatistes au Sahara marocain, Brahim Ghali, atteint d’un cancer puis du Covid-19, a été hospitalisé d’urgence en Espagne sous un nom d’emprunt algérien, Mohammed Benbatouche, et grâce à un faux passeport diplomatique fourni par l’Algérie.

    Cet événement a provoqué une vive réaction de Rabat qui a exprimé au gouvernement espagnol sa « vive déception » et « sa déception à l’égard de cet acte contraire à l’esprit de partenariat et de bon voisinage et qui concerne une question fondamentale pour le peuple marocain ». En tout cas, ce mauvais geste du régime socialiste espagnol conduit à se poser de nombreuses questions : pourquoi et comment Brahim Ghali a-t-il été admis en Espagne en catimini et avec un faux passeport ? Pourquoi l’Espagne n’a pas avisé le Maroc alors que l’intéressé est marocain né à Marrakech ? Pourquoi la Justice espagnole n’a-t-elle pas encore réagi aux nombreuses plaintes déposées par les victimes de cet individu ?

    En effet, Ghali est poursuivi en Espagne pour crimes de guerre, torture et viol. L’un des avocats de ses victimes a demandé au Tribunal central d’instruction du royaume d’Espagne d’ouvrir une instruction sur la présence de Ghali en Espagne, de vérifier pourquoi cet individu bénéficie d’un passeport diplomatique sous un faux nom, de l’auditionner sur les faits qui lui sont reprochés et d’émettre un mandat d’arrêt contre Ghali. C’est dans ce contexte que l’ambassadeur espagnol a été convoqué au ministère des Affaires étrangères marocain, lundi 26 avril.

    Par ailleurs, agissant avec le soutien de la Fédération nationale des victimes d’Espagne, dont elle est membre, l’Association canarienne des victimes du terrorisme (Acavite), qui réunit les proches de plus de 300 victimes du terrorisme du Polisario, a dénoncé, le 24 avril, la décision des autorités espagnoles d’autoriser « l’entrée et l’hospitalisation illégales dans un hôpital public » d’un criminel notoire qui a assassiné des citoyens espagnols. Il ne faut pas oublier, en effet, que le Polisario est une association terroriste qui a tué des Espagnols, des Français, des Marocains et des Africains et est aujourd’hui acoquinée avec plusieurs groupes terroristes qui sévissent dans la région.

    L’affaire Ghali est suffisamment grave pour avoir conduit l’Allemagne à refuser l’accès du chef séparatiste sur son territoire, mettant ainsi fin à une attitude blâmable qui avait provoqué un froid diplomatique entre Rabat et Berlin. On se souvient qu’il y a quelques années, la maladresse du régime socialiste français avait conduit à un gel des relations policières entre les deux pays et François Hollande avait dû aller à Canossa pour implorer le Maroc de reprendre la coopération antiterroriste. D’ailleurs, il est démontré depuis longtemps que le Maroc, vieille nation depuis près de treize siècles, ne se laisse marcher sur les pieds par personne. Il doit être clair pour tout le monde que si le makhzen veille à l’entente antiterroriste et sécuritaire avec les pays amis (par exemple, il vient de donner une nouvelle preuve de son efficacité en évitant un bain de sang dans une église en France), il n’admet pas qu’on lui manque de respect. Le gouvernement socialiste de l’Espagne doit savoir que s’il choisit Alger, le royaume du Maroc en tirera toutes les conséquences.

    Boulevard Voltaire, 02 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, France, Front Polisario, Brahim Ghali, Hospitalisation, Allemagne,

  • Analyse : La pénurie de puces révèle le talon d’Achille de la reprise en Allemagne

    L’Allemagne a connu un essor fulgurant grâce à la mondialisation, mais le réseau mondial de chaînes d’approvisionnement qui a donné un coup de fouet à son économie pourrait s’avérer une faiblesse critique.

    Les pénuries de semi-conducteurs et d’autres composants industriels menacent de faire dérailler la reprise économique du pays, obligeant les dirigeants et les responsables politiques à repenser les chaînes d’approvisionnement et à tenter de réduire la dépendance à l’égard d’une poignée de fournisseurs asiatiques et américains.

    Les constructeurs automobiles et les producteurs d’électronique, en particulier, sont durement touchés par les retards de fabrication des puces, causés par une pénurie mondiale. Cette situation est devenue l’un des plus grands risques pour la première économie européenne, en plus d’une troisième vague de COVID-19.

    L’institut économique Ifo a averti cette semaine que les goulets d’étranglement en matière d’approvisionnement s’étaient généralisés. Les perspectives sont plus précaires pour le secteur manufacturier, qui génère environ un quart de la production économique et qui est le moteur de la croissance.

    « La situation est très tendue », a déclaré Eckehart Rotter, porte-parole de l’association automobile allemande VDA, ajoutant que les problèmes de semi-conducteurs affectaient aussi bien les constructeurs automobiles que les fournisseurs.

    En raison des pénuries de composants électroniques, notamment les puces de microcontrôleurs indispensables au fonctionnement des véhicules modernes, les chaînes de production ont dû être arrêtées à plusieurs reprises pendant plusieurs semaines en raison de retards de livraison, a indiqué M. Rotter.

    Volkswagen (VOWG_p.DE) et Daimler (DAIGn.DE) figurent parmi les entreprises touchées dans le secteur automobile, moteur de l’industrie allemande. Le géant industriel Siemens (SIEGn.DE) a également du mal à obtenir suffisamment de semi-conducteurs.

    Le problème a contraint de nombreuses entreprises à annoncer du chômage partiel et à réduire la production pour les semaines à venir. La pénurie de composants devrait également entraîner une hausse des prix finaux pour les consommateurs et des pressions inflationnistes générales.

    Les réductions de production laissent penser que la production de voitures particulières en Europe ne répondra pas aux prévisions pour le premier semestre de l’année.

    « Cela affecte les microprocesseurs hautement intégrés ainsi que les éléments de commande simples », a déclaré M. Rotter de la VDA, ajoutant que plus de 1 000 de ces composants sont nécessaires dans certains véhicules.

    « La mesure dans laquelle ce déficit pourra être comblé au second semestre 2021 reste actuellement ouverte. La situation reste critique. »

    LA « SOUVERAINETÉ » DES SEMI-CONDUCTEURS

    La pénurie mondiale de puces résulte d’une combinaison de facteurs, notamment les retombées des fermetures de COVID-19 l’an dernier et les usines qui peinent à répondre à la demande de semi-conducteurs devenus omniprésents dans un monde de plus en plus numérisé.

    Les constructeurs automobiles et les fournisseurs s’appuient presque exclusivement sur les puces de quelques fabricants, appelés fonderies. Il s’agit de Taiwan Semiconductor Manufacturing Co (TSMC), du sud-coréen Samsung Electronics Co Ltd (005930.KS), de GlobalFoundries, de United Microelectronics Corp (2303.TW) et de SMIC, dont les sites de production sont principalement situés à Taïwan, en Corée du Sud, en Chine et aux États-Unis.

    « Il n’y a guère d’autre économie qui ait autant profité de la mondialisation ces dernières années que l’Allemagne », a déclaré Iris Ploeger, membre du conseil d’administration de l’association industrielle BDI. Elle a toutefois reconnu que la pénurie de puces avait révélé que cette dépendance à l’égard des fournisseurs étrangers était le talon d’Achille de Deutschland AG.

    Si la VDA et le BDI ne remettent pas en cause l’importance du libre-échange et de l’ouverture des marchés, tous deux appellent les entreprises à s’attaquer aux risques de la mondialisation et à diversifier leurs chaînes d’approvisionnement.

    Et cela signifie ramener les usines en Allemagne ou au moins sur le marché unique de l’Union européenne, disent-ils.

    « En matière de conception de puces, l’Europe est dangereusement dépendante d’autres régions », a déclaré M. Ploeger, ajoutant que l’industrie européenne devait retrouver les compétences perdues avec le soutien des pouvoirs publics.

    « La souveraineté européenne en matière de semi-conducteurs est importante pour pouvoir réagir avec plus de souplesse aux perturbations des chaînes d’approvisionnement et à l’évolution des modes de consommation. »

    PÉNURIE DE PUCES EN 2022 ?

    Les capacités mondiales de production de semi-conducteurs étant pleinement utilisées, une expansion significative de la production à court terme n’est pas d’actualité et certains analystes prévoient que les pénuries pourraient durer jusqu’à l’année prochaine.

    « À moyen et long terme, il est également dans l’intérêt de l’Europe de localiser de plus en plus ces technologies en Europe », a déclaré M. Rotter de la VDA. « Mais cela prend du temps et ne résout pas le problème actuel de goulot d’étranglement ».

    Le fait que la part de l’industrie automobile allemande sur le marché mondial des semi-conducteurs soit trop faible pour permettre une production interne complète et rentable complique encore l’économie de ces mesures de relocalisation, a-t-il ajouté.

    En alliance avec l’exécutif de l’Union européenne, le ministre allemand de l’économie, Peter Altmaier, et son homologue français, Bruno Le Maire, prévoient d’injecter des milliards d’euros dans des programmes d’aide publique pour soutenir la construction d’usines de puces locales et le développement de semi-conducteurs de nouvelle génération.

    Dans le cadre de ces efforts, la Commission européenne a lancé le mois dernier un plan décennal visant à atteindre une part de marché mondiale de 20 % dans le secteur des semi-conducteurs et à construire une usine de fabrication capable de produire des puces ultrarapides de 2 nanomètres.

    Vendredi, Thierry Breton, membre de la Commission européenne, rencontrera le directeur général du fabricant de puces Intel (INTC.O) et un haut dirigeant de son concurrent taïwanais TSMC, l’UE cherchant ainsi à protéger l’Union contre de futurs chocs dans la chaîne d’approvisionnement mondiale.

    M. Breton cherche à persuader l’un des principaux fabricants de puces d’implanter une grande usine de fabrication dans l’UE, ce qui contribuerait à la réalisation de l’objectif stratégique de la Commission consistant à s’assurer la technologie de production de puces la plus avancée au cours de la prochaine décennie.

    Reuters, 29 avr 2021

    Etiquettes : Allemagne, Volkswagen, pénuries de semi-conducteurs, constructeurs automobiles, producteurs d’électronique, VDA, Daimler, Siemens, Taiwan Semiconductor Manufacturing Co, GlobalFoundries, United Microelectronics Corp, SMIC,

  • Allemagne : La pression monte pour que le bloc de Merkel mette fin à sa lutte pour le pouvoir

    BERLIN (AP) – La pression est montée samedi sur les deux prétendants espérant mener le bloc de centre-droit de la chancelière allemande Angela Merkel aux élections nationales de septembre pour mettre fin à leur lutte pour le pouvoir et convenir lequel d’entre eux se présentera pour lui succéder.

    Armin Laschet, le chef de l’Union chrétienne-démocrate de Merkel, et Markus Soeder, le chef de son petit parti jumeau bavarois, l’Union chrétienne-sociale, ont tous deux déclaré leur intérêt à se présenter à la chancelière.

    Les élections législatives allemandes du 26 septembre détermineront qui succédera à Merkel, qui ne cherche pas un cinquième mandat après près de 16 ans au pouvoir.

    Laschet et Soeder sont les gouverneurs des deux États les plus peuplés d’Allemagne, respectivement la Rhénanie du Nord-Westphalie et la Bavière. Soeder a de bien meilleures cotes d’écoute, mais Laschet est le chef récemment élu du parti politique qui est de loin le plus important.

    Lundi, Laschet a rallié la direction de la CDU derrière sa candidature et a appelé à une décision rapide. Mais Soeder a déclaré que la question ne devrait pas être résolue «seulement dans une petite salle du fond», soulignant ses meilleures notes de sondage – ce qui a provoqué la colère de nombreux membres de la CDU.

    Mardi, les deux candidats ont comparu lors d’une réunion à huis clos du groupe parlementaire conjoint du bloc de l’Union à Berlin qui, selon les médias allemands, a révélé les divisions au sein de la CDU. Ils ont offert la perspective d’une décision d’ici la fin de la semaine.

    Il y a eu peu de signes de mouvement depuis, mais de plus en plus d’appels à une décision au milieu des craintes que la lutte pour le pouvoir puisse causer des dommages importants.

    La ministre de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer, le prédécesseur de Laschet à la tête de la CDU, a appelé samedi Laschet et Soeder à un accord.

    «Personne ne peut les décharger de cette responsabilité de leadership», a-t-elle déclaré, selon l’agence de presse dpa.

    Friedrich Merz, que Laschet a battu en janvier pour devenir le chef du parti, a déclaré: «Parvenez à un accord, Markus Soeder et Armin Laschet. Ce pays a besoin de perspectives. Ce pays a besoin de leadership. »

    Les sociaux-démocrates de centre-gauche ont nommé le ministre des Finances Olaf Scholz comme leur candidat à la chancelière il y a des mois. Les écologistes Verts doivent annoncer lundi lequel de leurs co-dirigeants, Annalena Baerbock et Robert Habeck, fera sa première candidature à la chancellerie.

    Associated Press, 17 avr 2021

    Etiquettes : Allemagne, Angela Merkel, Armin Laschet, Markus Soeder,

  • Média Allemand / Silence radio au Sahara : Entre l’héritage colonial et la politique étrangère des Etats-Unis

    Crise diplomatique entre le Maroc et l’Allemagne

    Par Leonhard Pfeiffer*

    Le gouvernement marocain met fin à tout contact diplomatique avec l’ambassade d’Allemagne à Rabat, la capitale du Royaume du Maroc. La raison en est la position allemande sur le conflit du Sahara occidental. Ce différend, non résolu depuis des décennies, sur le statut du territoire au regard du droit international a connu une nouvelle escalade à la fin de l’année dernière. Qu’est-ce que l’héritage colonial et la politique étrangère américaine ont à voir avec cela ? Une analyse.

    Avec fracas, le ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita, a brusquement gelé le contact avec l’ambassade d’Allemagne au début du mois de mars. Mais l’ambassade d’Allemagne n’est pas la seule à être affectée, des fondations politiques telles que la Fondation Konrad-Adenauer, la Fondation Friedrich-Ebert et la Fondation Friedrich-Naumann, qui ont leurs propres bureaux au Maroc, n’ont plus de contact avec le gouvernement marocain. En fait, les relations sont « étroites, amicales et sans tension » – selon le ministère allemand des affaires étrangères à la fin du mois de février. Cependant, la situation est plus complexe : Il existe de nombreux contacts dans le domaine des affaires, de la science et de la culture.

    Alors pourquoi ce changement soudain ? La lettre du ministre des affaires étrangères ne parle que de « profondes divergences », une déclaration officielle des deux gouvernements n’a pas encore été faite. Les raisons résident probablement dans l’attitude de l’Allemagne vis-à-vis du conflit du Sahara occidental. Le Maroc revendique depuis longtemps le territoire du Sahara occidental, au sud du pays, tandis que l’ethnie sahraouie qui y vit réclame l’indépendance. Son statut au regard du droit international est contesté depuis des décennies. La communauté internationale, y compris l’Allemagne, appelle à un référendum, mais cela ne progresse guère. Une solution est donc encore loin d’être trouvée. Maintenant plus que jamais.

    Les origines se trouvent dans le colonialisme

    Comme tant de conflits d’aujourd’hui, l’origine du conflit du Sahara Occidental peut être trouvée dans l’époque coloniale, plus précisément dans la Conférence du Congo de Berlin de 1884, où le continent africain a été divisé entre les grandes puissances européennes – le Sahara Occidental est devenu une colonie espagnole. La résistance de la tribu nomade sahraouie qui y vit n’a finalement pas abouti, tout comme les demandes annuelles des Nations unies d’organiser un référendum sur l’indépendance. L’Espagne a conservé le contrôle du territoire jusqu’à la mort du dictateur Francisco Franco en 1975. La mort de Franco aurait pu être un tournant pour le mieux pour les Sahraouis. Les troupes espagnoles se sont retirées, l’Espagne a soutenu les demandes de référendum et de création d’un État indépendant. Mais les choses se sont passées différemment : les États voisins du Maroc et de la Mauritanie, respectivement au nord et au sud, ont profité de la vacance du pouvoir et ont revendiqué le territoire. Au même moment, le mouvement de libération Front Polisario, fondé sous l’occupation espagnole, a proclamé un État indépendant, la République arabe sahraouie démocratique. Le Maroc a répondu par la « Marche Verte », au cours de laquelle 350 000 Marocains ont immigré au Sahara occidental. Après le retrait de la Mauritanie, le Maroc a annexé toute la région en 1979, mais cela n’a jamais été reconnu par l’ONU.

    La situation est confuse

    Une solution diplomatique pour le Sahara Occidental est toujours recherchée aujourd’hui. Bien que le conflit se soit quelque peu apaisé avec un cessez-le-feu entre le Polisario et le Maroc, la mission d’observation des Nations unies MINURSO n’a pas pu trouver un accord pour un référendum qui pourrait clarifier le statut juridique. L’une des raisons de cette situation est également la « Marche verte », car on ne sait toujours pas quels habitants du Sahara occidental ont le droit de voter lors du référendum : uniquement les Sahraouis ou également les Marocains et leurs descendants qui y vivent depuis près de 50 ans ? Alors que les experts en droit international cherchent une solution à ce problème, le Maroc crée des faits. Une clôture frontalière de 2 700 km de long – en partie minée – sépare les précieuses zones côtières de l’Atlantique d’une étroite bande de désert à l’est du pays. Là-bas, et dans quatre camps de réfugiés en Algérie voisine, les Sahraouis vivent aujourd’hui dans une solution temporaire qui dure depuis 45 ans. Nombre d’entre eux ont désormais abandonné tout espoir de retour, et plus de 200 000 réfugiés sahraouis vivent à l’étranger.

    L’exploitation des ressources conduit à une nouvelle guerre

    Pour le Maroc, cette situation est une affaire lucrative. La région du Sahara occidental est riche en ressources naturelles : L’or, le pétrole et sans doute l’un des plus grands gisements de phosphate du monde se trouveraient dans la région. Malgré une population clairsemée, le tourisme est en train de devenir un secteur économique lucratif dans la région. Cependant, les touristes ne sont pas les seuls à être attirés par le climat chaud et désertique du Sahara occidental ; les entreprises européennes montrent également un grand intérêt pour la production d’énergie solaire et éolienne dans la région, dans le cadre de la transition énergétique. Le projet « Desertec », qui vise à produire de l’hydrogène vert dans les déserts d’Afrique, a été salué par de nombreux observateurs comme une avancée majeure dans le développement des énergies renouvelables. Les principaux consommateurs de ce vecteur énergétique sans émissions seraient l’UE et ses États membres. Le projet est donc un élément important de la stratégie européenne visant à atteindre la neutralité climatique d’ici 2050. La politique européenne est donc étroitement liée aux actions du Maroc dans la région. En fin de compte, c’est cette exploitation de la région qui a provoqué une nouvelle flambée du conflit en novembre 2020. Afin d’empêcher les transports de la région via une route illégalement construite, 200 activistes sahraouis ont mis en place un blocus routier comme action de protestation pacifique. En raison de l’étroitesse du réseau routier, la manifestation a durement touché l’économie marocaine. La réaction a été aussi rapide qu’importante : le 13/11/2020, les militaires marocains ont levé le blocus par la force. Ce faisant, elle a violé l’accord de cessez-le-feu, après quoi le Polisario a repris les hostilités. Aujourd’hui, la guerre fait à nouveau rage au Sahara occidental.

    Un héritage de la politique étrangère américaine

    Le Maroc des États-Unis s’enhardit, malgré une condamnation diplomatique généralisée. En décembre 2020, ils ont reconnu la domination du Maroc sur le Sahara occidental. En contrepartie, le Maroc est devenu le quatrième pays musulman à accepter l’existence de l’État d’Israël. Comme souvent au cours des quatre dernières années, la politique étrangère des États-Unis s’est montrée plus intéressée par les « accords » fructueux et les gros titres positifs que par le droit international, les institutions internationales ou la situation complexe de la région. La nouvelle escalade de la violence dans la région fait également partie de l’héritage peu glorieux de la présidence de Donald Trump. Parmi les critiques les plus virulentes de l’accord figure l’Allemagne. En tant que détenteur de la présidence du Conseil de sécurité des Nations unies, il a mis l’accent sur une solution multilatérale. Vient alors la rupture diplomatique du contact. Ce n’est pas la première fois que le Maroc tente d’exercer des pressions de cette manière, déjà en 2016, lors du conflit sur un accord de pêche avec l’UE, les canaux diplomatiques ont été bloqués – sans succès. L’accord n’inclut pas les zones de pêche au large du Sahara Occidental réclamées par le royaume, la CEJ ayant également rejeté la demande du Maroc.

    Où allons-nous à partir d’ici ?

    L’expérience passée montre qu’une réponse unifiée des États européens est nécessaire pour contrer toute nouvelle augmentation de la violence. Il n’y a pas de solution magique au conflit, la situation politique est trop complexe, trop d’intérêts doivent être pris en compte. Néanmoins, il n’y a pas d’alternative à la renonciation à la violence, au respect des droits de l’homme et à l’action diplomatique.

    *Président de la JEF Passau et membre du conseil régional de la JEF Bavière. Il étudie le droit à Passau avec une spécialisation en droit pénal et se réjouit de l’un de ses derniers séjours Erasmus au Royaume-Uni. Il est rédacteur au journal étudiant « Der Jurist » et remplit ses tours de jogging avec des sessions de podcast d’une heure.

    Die Webmagazine der Jungen Europäischen Föderalisten, 15 avr 2021

    Etiquettes : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, Allemagne,



  • La police de Berlin enquête sur un club privé au sujet d’une soirée festive présumée en plein confinement.

    (CNN)La police de Berlin enquête sur une possible violation des règles de confinement du coronavirus lors d’une fête présumée au club privé Soho House, a déclaré un porte-parole de la police à CNN mardi.

    La police a déclaré qu’elle enquêtait sur l’événement après avoir évalué des photos et une vidéo de l’événement qui ont été partagées sur les médias sociaux. Les posts semblent maintenant avoir été supprimés et CNN ne les a pas consultés.

    Le porte-parole a déclaré que la police avait reçu une plainte pour tapage au sujet du Soho House à 2 h 45, heure locale, le samedi 10 avril. La police a répondu en téléphonant au club privé. Un réceptionniste a répondu à l’appel et a fait taire le bruit, a précisé le porte-parole.

    À ce moment-là, la police n’avait pas connaissance d’une fête au Soho House, et aucun agent n’a donc été envoyé sur place, a déclaré le porte-parole, ajoutant qu’aucune autre plainte n’a été reçue.
    En réponse à l’enquête, Soho House a déclaré que la sécurité de son personnel, de ses invités et de la communauté en général était sa « priorité absolue ».

    La société a déclaré qu’elle avait récemment reçu une réservation d’affaires qui occupait toutes les chambres de l’hôtel de Berlin et que la réservation avait été faite conformément aux directives gouvernementales.
    « Nous sommes conscients d’une possible violation des règles de distanciation sociale lorsque les clients sont rentrés à l’hôtel, nous prenons cela très au sérieux et nous travaillons avec toutes les personnes concernées pour découvrir ce qui s’est passé », a-t-il déclaré dans un communiqué envoyé à CNN.

    Selon le site web de l’administration municipale de Berlin, les règles actuellement en vigueur dans la ville permettent à un maximum de 20 personnes – masquées et respectant la distance sociale – d’assister à des événements publics en intérieur. Tout événement réunissant plus de cinq personnes doit également être accompagné d’un test de dépistage du coronavirus négatif.

    Les événements privés sont limités aux personnes de deux ménages.
    L’Allemagne lutte actuellement pour contenir une nouvelle vague de la pandémie de coronavirus.
    Elle a signalé 10 810 nouveaux cas de Covid-19 mardi, selon les données du centre de contrôle des maladies du pays, l’Institut Robert Koch (RKI).

    Samedi, le jour même de la fête présumée, le directeur de l’association allemande des soins intensifs a tweeté que les unités de soins intensifs du pays avaient atteint leur capacité maximale.

    CNN, 14 avr 2021

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