Étiquette : Allemagne

  • Propositions franco-allemandes pour la reconstruction du port de Beyrouth : Implications politiques

    par David Schenker

    Quel que soit le fer de lance de l’effort de reconstruction, Washington doit rester à l’écoute pour s’assurer que les conditions préalables internationales de réforme et de contrôle sont appliquées et pour empêcher la Chine d’exploiter les difficultés du Liban.

    Le 8 avril, une délégation d’entreprises allemandes a présenté au gouvernement libanais une initiative visant à financer la reconstruction du port de Beyrouth. La proposition avait été mentionnée quelques jours auparavant par des diplomates allemands, qui ont indiqué qu’elle serait subordonnée à la formation d’un nouveau gouvernement libanais et à la mise en œuvre de réformes. La reconstruction du port est essentielle au redressement de l’État – sa destruction en août dernier a été le coup de grâce pour l’économie libanaise déjà chancelante, déclenchant une dévaluation massive de la monnaie, une hyperinflation et une flambée du chômage. Une pénurie majeure de biens de consommation indispensables a également suivi, puisque le site dévasté était le point d’entrée de 80 % des importations de l’État.

    Bien que l’annonce de l’Allemagne ne risque pas d’inciter les élites politiques libanaises à agir, elle pourrait irriter la France, qui aspire également à reconstruire le port. Lors de sa visite à Beyrouth peu après l’explosion, le président Emmanuel Macron aurait exprimé son intérêt pour cette entreprise. Rodolphe Saade, président de la grande entreprise de transport maritime et de logistique CMA CGM, l’accompagnait dans ce voyage. Saade a ensuite tweeté : « La France et le Liban pourront compter sur le Groupe pour répondre à l’urgence et travailler à la reconstruction de Beyrouth. Notre mobilisation est totale ».

    Il ne fait aucun doute que Paris est intéressé par la mobilisation des entreprises françaises pour obtenir des contrats pour la reconstruction du port – mais seulement si quelqu’un d’autre paie. Le gouvernement français n’a pas indiqué qu’il avait l’intention de financer l’entreprise. Bien qu’elle soit fortement impliquée dans la politique de son ancienne colonie, Paris fournit étonnamment peu d’aide financière au Liban. Par exemple, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la France n’a donné au pays que 45 millions de dollars en financement bilatéral du développement et 17 millions de dollars en aide militaire en 2018. En revanche, l’Allemagne a donné plus d’aide bilatérale cette année-là – 67 millions de dollars – bien qu’elle ne soit pas traditionnellement un acteur au Liban.

    Certes, les deux États apportent également des contributions supplémentaires via les fonds d’aide de l’UE. Et l’Allemagne a proposé de financer le projet – d’un coût de 2,36 à 3,54 milliards de dollars – par l’intermédiaire de la Banque européenne d’investissement, ce qui implique la participation d’autres États de l’UE, dont la France.

    Quel que soit l’organisme qui financera le projet, la bonne nouvelle est que Paris et Berlin ont tous deux clairement indiqué que la mise en œuvre du plan et/ou le soutien à un renflouement plus large de plusieurs milliards de dollars par le FMI nécessiteront que le Liban entreprenne de sérieuses réformes et mette un terme à la corruption endémique. Il s’agit là d’un défi de taille, bien entendu : Le Liban est classé 149e sur 180 pays dans l’indice de perception de la corruption de Transparency International, et ses dirigeants n’ont jamais adhéré aux réformes. En fait, la plupart des élites, en particulier celles qui représentent la milice du Hezbollah soutenue par l’Iran, profitent énormément du système actuel.

    Parallèlement à ces exigences onéreuses imposées à Beyrouth, d’autres acteurs étrangers ayant peut-être plus de poids financier que la France et l’Allemagne ont posé leurs propres conditions préalables. En décembre, la Banque mondiale a énoncé les réformes que Beyrouth devrait mettre en œuvre avant que le port puisse être reconstruit, comme l’établissement d’un nouveau cadre institutionnel pour le secteur portuaire, la promulgation d’une nouvelle législation pertinente, la réorganisation de l’administration douanière, la mise en place d’un processus d’appel d’offres concurrentiel et le recours à des opérateurs de terminaux privés. Les États-Unis ont également leur propre condition sine qua non : que Beyrouth consente à l’avance à un contrôle indépendant du nouveau port afin de s’assurer qu’il ne redevienne pas un atout du Hezbollah pour le trafic de matériel et de personnel militaires. Paris et Berlin n’insisteront peut-être pas sur cette condition préalable de surveillance, mais Washington pourrait avoir plus de poids étant donné ses contributions annuelles plus importantes – en 2018, par exemple, elle a donné à Beyrouth 118 millions de dollars d’aide au développement et 128 millions de dollars d’aide à la sécurité, en plus de contributions importantes au Programme alimentaire mondial de l’ONU et à d’autres institutions qui travaillent au Liban.

    Un autre point positif potentiel est que toute implication franco-allemande dans le projet empêcherait vraisemblablement la Chine – le partenaire de choix du Hezbollah – d’ajouter à son réseau portuaire mondial appelé « collier de perles ». Compte tenu de sa pratique consistant à cibler les États vulnérables pour les pièges de la dette d’investissement, Pékin considère sans doute un Liban compromis comme une option attrayante.

    Pour l’instant, les propositions françaises et allemandes ne sont qu’un accessoire de l’effondrement lent du Liban, mais le fait que les deux gouvernements partagent l’engagement articulé de Washington de conditionner l’aide non humanitaire à la réforme devrait être considéré comme une opportunité politique pour les États-Unis. En fin de compte, il y a beaucoup de place pour une collaboration européenne sur le financement et la reconstruction du port, et Washington devrait travailler étroitement avec chaque pays pour s’assurer que le projet – si et quand il va de l’avant – est coordonné multilatéralement et lié au principe de la réforme avant la reconstruction. En revanche, l’aversion de Pékin pour la transparence et son ambivalence à l’égard du Hezbollah feraient d’un rôle chinois dans la reconstruction la pire des issues pour l’Europe, les États-Unis et le Liban.

    David Schenker est senior fellow au Washington Institute. De 2019 à janvier 2021, il a occupé le poste de secrétaire d’État adjoint pour les affaires du Proche-Orient.

    The Washington Institute for Near East Policy, 9 avr 2021

    Etiquettes : Liban, port de Beirut, Allemagne, France, Chine, Etats-Unis,

  • CMPAGC: déclaration du président suite à la réunion de la commission mixte

    La Commission mixte du Plan d’action global conjoint (CMPAGC) a repris ses travaux à Vienne dans un format physique ce vendredi. La Commission mixte est chargée de superviser la mise en œuvre de la CMPAGC.

    La Commission mixte était présidée, au nom du haut représentant de l’UE, Josep Borrell, par le directeur politique du SEAE Enrique Mora et a réuni des représentants de la Chine, de la France, de l’Allemagne, de la Russie, du Royaume-Uni et de l’Iran.

    Les participants ont fait le point sur les discussions tenues à différents niveaux depuis la dernière Commission mixte en vue d’un éventuel retour des États-Unis à la CMPAGC et ont débattu des modalités pour assurer le retour à sa mise en œuvre pleine et effective. La Commission mixte a été informée des travaux des deux groupes d’experts sur la levée des sanctions et les mesures d’application du nucléaire et les participants ont pris note des échanges constructifs et axés sur les résultats.

    À la lumière de la déclaration ministérielle conjointe du 21 décembre, les participants ont souligné leur détermination à poursuivre l’effort diplomatique conjoint en cours. Le coordinateur poursuivra ses contacts séparés avec tous les participants de la CMPAGC et les États-Unis.

    La Commission mixte a chargé les groupes d’experts de poursuivre leurs travaux et a décidé de se réunir à nouveau à Vienne au cours de la semaine prochaine.

    EEAS, 9 avr 2021

    Etiquettes : Union Européenne, Commission mixte du Plan d’action global conjoint, CMPAGC, Chine, France, Allemagne, Russie, Royaume-Uni, Iran,

  • Chitour : « Le projet Desertic a été un échec, l’Allemagne va travailler avec l’Algérie pour le relancer »

    Le projet Desertec a été un échec, mais l’Allemagne accompagnerait l’Algérie pour devenir un pionnier en Afrique dans le domaine des énergies renouvelables, a déclaré le ministre de la Transition énergétique et des énergies renouvelables, Chams Eddine Chitour.

    « L’Allemagne va travailler en partenariat avec l’Algérie pour réaliser un projet dans le domaine des énergies renouvelables et dans le domaine de l’hydrogène vert, qui peut être utilisé à la place du gaz naturel », a ajouté Chitour, en réponse aux questions des députés de l’assemblée nationale.
    Concernant le projet Desertec, programmé dans le cadre du partenariat entre l’Algérie et l’Allemagne, Chitour a expliqué que ce projet n’a pas été réalisé en raison du « refus des banques de le financer, sachant que son coût d’investissement dépasse 450 milliards de dollars. »

    Le ministre de l’énergie a averti qu’ »en 2035, il y aura un grand déficit dans le domaine des hydrocarbures, ce qui nécessite une approche forte vers les énergies renouvelables », ajoutant que « l’Algérie dispose d’une période de dix ans pour sortir de cette dépendance et réaliser des projets fructueux dans le domaine de l’économie énergétique. »

    « A partir de 2022, environ 1 000 mégawatts d’énergie solaire seront produits pour réduire la dépendance aux énergies fossiles. Le lancement des appels d’offres liés à ce projet aura lieu en juin prochain ».

    « Le département du ministère de l’énergie travaille avec le ministère du logement pour préparer un cahier des charges qui sera appliqué en 2022 afin que les nouveaux logements soient respectueux de l’environnement, en utilisant des énergies propres comme l’énergie solaire ».

    Echourouk Online, 26 mars 2021

    Etiquettes : Algérie, Allemagne, Desertec, énergie verte, énergie solaire,

  • Diplomatie et pétrole, les nouveaux enjeux géopolitiques en Libye

    Ces dernières semaines, la Libye a été le théâtre d’opérations diplomatiques. Trois ministres européens des Affaires étrangères se sont succédés hier. La guerre en Libye est-elle enfin finie ?

    Les trois ministres français, allemand et italien des Affaires étrangères se sont rendus en Libye le 25 mars dernier selon le journal Africa Intelligence. La Libye voit les diplomaties étrangères défiler sur son sol depuis que le nouveau gouvernement d’Abdelhamid Dbeibah a obtenu le soutien du Parlement le 8 mars dernier. La naissance de ce gouvernement a permis la signature d’accords historiques.

    La Chine, la Russie, la Turquie et leurs alliés auraient accepté l’accord d’unité nationale en Libye. Cet accord a été officiellement parrainé par les Nations unies et lancé par les Etats-Unis. Ces derniers ont enfin réussi à faire bouger les Etats du Vieux-Continent, au moins dans un contexte diplomatique, pour ouvrir la route à une réconciliation avec la Libye.

    L’Europe cède sous la pression internationale

    La France a « une dette envers la Libye, très claire : une décennie de désordre ». C’est ce que le président français Emmanuel Macron a dit lors de sa rencontre avec les dirigeants libyens mardi à l’Elysée.

    Des mots qui ressemblent à un aveu de culpabilité. En 2011, la France, dirigée par le président d’alors Nicolas Sarkozy, a promu et participé à l’intervention militaire qui a conduit à la chute du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Une chute qui a eu des effets dévastateurs en Libye.

    Derrière cet aveu, des intérêts européens de taille : la France cherche à se repositionner au sein de l’UE, et des concessions sur le dossier libyen sont de mise, en l’occurrence l’intérêt italien pour le dossier de l’immigration, le tout soumis à la médiation allemande.

    Berlin cherche aussi à remettre un prix de consolation aux Italiens qui assument tant bien que mal les flux de migrants en provenance d’Afrique, via la Libye, sans augmenter ses propres quotas ni ceux de la France. C’est dans ce contexte que Mario Draghi, le nouveau chef d’Etat italien, se rendra en Libye le 6 avril pour rencontrer Abdelhamid Dbeibah.

    Les élections en ligne de mire

    Le 24 décembre 2021, des élections inclusives se tiendront en Libye. Ce scrutin reste une priorité pour la nouvelle autorité intérimaire, qui bien que légitime, ne pourra pas entreprendre une réorganisation des institutions de l’Etat avant plusieurs mois. Au plus, le nouveau gouvernement devra maintenir la paix dans le pays, les différents acteurs présents au sein du gouvernement et les puissances mondiales doivent, en attendant, accepter le statu quo.

    S’exprimant lors d’une réunion du Conseil de sécurité mercredi, l’envoyé de l’ONU en Libye, Jan Kubis, a déclaré que, pour que le scrutin ait lieu, « il est essentiel d’avoir des cadres juridiques et constitutionnels confirmés et clairs pour les élections présidentielles et parlementaires ». Il a insisté pour que « les Libyens et les autorités libyennes appellent les mercenaires et les forces étrangères à quitter le pays dès que possible ».

    Court-circuit américain

    Un point important dans le discours de Kubis a été l’insistance sur la réouverture de la route côtière reliant Misrata à l’est de la Libye. Il a parlé au nom de l’UE, entre autres, en affirmant que cette réouverture aurait lieu dans deux semaines, et qu’il s’agissait d’une priorité des membres du Comité militaire mixte 5+5.

    La réouverture de la route maritime facilitera grandement la circulation du pétrole de Sarir, du golfe de Syrte et de Bir Zaltan hors de Libye sans traverser le centre du pays, encore sous le contrôle des tribus kadhafistes du Sud. Les puits de pétrole et les raffineries exploités dans ces régions le sont par la compagnie pétrolière nationale (NOC).

    Le directeur de la NOC, Mustafa Sanalla, avait reçu une médaille de la part de l’ambassadeur américain le 25 février. Il avait facilité la circulation de la flotte pétrolière américaine vers l’est Libyen depuis. Au total, quatre nouveaux navires pétroliers circulent au nord de la Libye depuis le début de mars, ce qui ne doit rien au hasard.

    On pourrait donc se demander si l’intérêt des Américains est la tenue des élections et la renaissance libyenne, ou la fluidité des échanges pétroliers avec le pays. Ce sont les Etats-Unis qui ont chaperonné l’installation du nouveau gouvernement dans les instances mondiales. Comment la Russie réagira-t-elle à ces initiatives, dans une région libyenne qu’elle contrôlait depuis des années ? La Turquie et le Qatar y verront-ils un énième affront d’Haftar ? Ou l’arrangement officieux avec les Américains incombera-t-il au nouveau gouvernement libyen ? Affaire à suivre.

    Le Journal de l’Afrique, 26 mars 2021

    Tags : France, Italie, Allemagne, Europe, Libye, Kadhafi, OTAN,

  • Les hauts diplomates de l’UE en Libye soutiennent les autorités intérimaires

    Par NOHA ELHENNAWY

    LE CAIRE – (AP) – Les ministres des Affaires étrangères de la France, de l’Italie et de l’Allemagne sont arrivés jeudi dans la capitale libyenne pour montrer leur soutien aux autorités de transition nouvellement élues, qui devraient mener le pays ravagé par la guerre aux élections générales d’ici la fin de 2021.

    « Nous sommes ici pour exprimer notre soutien à la transition politique en Libye et nous sommes disposés à coopérer avec le gouvernement d’unité nationale », a déclaré le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio lors d’une conférence de presse conjointe avec ses homologues libyen, allemand et italien. Il faisait référence au gouvernement intérimaire de la Libye, qui comprend un conseil présidentiel de trois membres et un cabinet qui a pris le pouvoir sous la pression internationale pour mettre en œuvre une feuille de route politique négociée par l’ONU.

    Les trois ministres des Affaires étrangères ont souligné que les combattants étrangers et les mercenaires devraient immédiatement quitter le pays afin d’assurer la pleine mise en œuvre d’un accord de cessez-le-feu signé en octobre.

    «Ce (retrait) est indispensable pour que la Libye retrouve sa souveraineté et sa sécurité», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. «En remplissant ces conditions, la Libye peut enfin tourner la page après tant d’années de crise qui a divisé le pays.»

    Le pays riche en pétrole a été divisé ces dernières années entre des administrations rivales basées à l’est et à l’ouest, chacune soutenue par des groupes armés et des gouvernements étrangers. En avril 2019, le commandant Khalifa Hifter, basé à l’est, a lancé une offensive militaire pour lutter contre la capitale, Tripoli, contre un gouvernement soutenu par l’ONU. La campagne militaire de 14 mois de Hifter a finalement échoué après que la Turquie eut jeté tout son soutien militaire derrière ses rivaux forçant ses troupes à se retirer vers l’est.

    Plus tôt ce mois-ci, le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé les pays dotés de troupes et de mercenaires, impliqués dans le dernier conflit civil en Libye, à les retirer «sans délai». L’ONU a estimé qu’il y avait 20 000 combattants étrangers en Libye, y compris des Syriens, des Turcs, des Soudanais et des Russes.

    L’Italien Di Maio a affirmé l’engagement des trois pays européens à continuer d’appliquer l’embargo sur les armes de l’ONU sur la Libye par le biais de leur mission navale en mer Méditerranée, baptisée Irini.

    « Nous devons redoubler d’efforts pour former les garde-côtes et la marine libyens afin qu’ils puissent contribuer à cette mission », a ajouté Di Maio.

    Un rapport de l’ONU récemment publié a accusé plusieurs gouvernements étrangers de transformer le pays d’Afrique du Nord en une scène pour jouer des rivalités, ignorant les sanctions de l’ONU et l’embargo sur les armes qui dure depuis une décennie.

    Les experts ont identifié la Turquie et le Qatar comme les soutiens des forces fidèles à l’administration soutenue par l’ONU à Tripoli, à l’ouest, tandis que les Émirats arabes unis, la Russie et l’Égypte ont soutenu Hifter.

    «Nous avons parlé des tâches à accomplir et de la manière dont nous pouvons concrètement soutenir (la Libye) là où elle le souhaite», a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas.

    Les hauts diplomates de l’UE ont également souligné la nécessité de rouvrir la route côtière méditerranéenne du pays reliant l’est et l’ouest.

    De son côté, la ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla Mangouch, a déclaré qu’elle avait discuté avec ses homologues européens de la réouverture de leurs ambassades et services consulaires sur le sol libyen.

    Mardi, le président français Emmanuel Macron a annoncé que son pays rouvrirait son ambassade à Tripoli la semaine prochaine en signe de soutien au gouvernement de transition nouvellement élu.

    Macron s’est exprimé après une réunion à Paris avec Mohammad Younes Menfi et Musa al-Koni, président et vice-président du Conseil présidentiel de la Libye. On ne sait toujours pas si d’autres pays de l’UE suivront bientôt.

    «Je suis heureux d’être ici avec des collègues allemands et italiens», a déclaré Le Drian. « Nous voulons prouver par notre présence que l’UE a une position unifiée sur le portefeuille libyen. Cette position unifiée est importante car la Libye est notre voisin immédiat et nous ne pouvons ignorer les répercussions de la crise libyenne sur l’Europe. »

    Le Drian faisait référence à l’échec antérieur de l’UE à former un bloc unifié lorsque Hifter a commencé à marcher sur la capitale il y a deux ans, la France prenant le parti de cette dernière et l’Italie soutenant le gouvernement à l’ouest.

    Par ailleurs, Menfi a rencontré jeudi le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi au Caire dans le cadre de ses efforts diplomatiques pour galvaniser le soutien de son gouvernement.

    104.5WOKV, 25 mars 2021

    Tags : Libye, France, Italie, Allemagne, migration,

  • Offensive diplomatique marocaine contre l’Allemagne

    En ouvrant une crise avec l’Allemagne, la diplomatie marocaine vise le principal pays de l’Union européenne. Un partenaire économique important, mais qui refuse de se plier à la vision de Rabat concernant le conflit du Sahara occidental.

    Khadija Mohsen Finan, Aboubakr Jamai

    Le 2 mars, Nasser Bourita, le ministre marocain des affaires étrangères a adressé un communiqué au chef du gouvernement, mentionnant que du fait de « malentendus profonds avec la République fédérale d’Allemagne, les départements ministériels, et les organismes relevant de leurs tutelles doivent suspendre tout contact, interaction ou action de coopération ». Cette position inhabituelle reflète l’ampleur des différends qui se sont accumulés au cours des années entre les deux pays, et d’abord autour de la question du Sahara occidental.

    Dans son rapport de mars 2021 [Réengager des efforts internationaux au Sahara occidental, Briefing no. 2, 11 mars 2021.]] consacré au conflit du Sahara occidental, International Crisis Group révèle que le Maroc a émis des conditions à la nomination de l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies en remplacement de Horst Köhler qui avait démissionné en mai 2019. Réalisant au cours du mandat de l’ancien président allemand qu’il était difficile de « contrer Berlin », Rabat ne voulait plus d’un émissaire allemand. L’intransigeance de Berlin avait déjà fait grincer les dents des diplomates marocains. Elle allait bientôt les exaspérer un peu plus : l’Allemagne a refusé d’emboiter le pas aux États-Unis sur le dossier du Sahara après l’annonce du président américain Donald Trump, le 11 décembre 2020, de la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.

    Quelques jours plus tard, les Allemands réaffirmaient leur détermination « à parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable sous la médiation des Nations unies », avant de demander, une semaine plus tard, une réunion d’urgence du conseil de sécurité de l’ONU pour discuter de ce dossier. Le communiqué1 du représentant allemand à l’ONU Christoph Heusgen à l’issue de cette réunion d’urgence réaffirme la centralité du processus onusien et se démarque de l’initiative américaine. Il va même plus loin en faisant endosser au Maroc l’échec du processus référendaire mis en place par l’ONU au début des années 1990, quand il affirme que « 10 000 colons ont été transférés par le Maroc dans la région qu’il occupait ». Pour Berlin, les transferts de Marocains vers le Sahara occidental pour venir grossir le corps électoral sont à l’origine de l’enlisement du processus référendaire.

    L’Allemagne rend le Maroc responsable de l’échec de l’organisation d’un référendum, mais n’en continue pas moins d’entretenir une coopération très active avec le Maroc. Elle répète à l’envi que le Maroc est son meilleur allié dans la région, et qu’il s’agit d’un pays ami avec lequel elle ne manque pas de se montrer généreuse et solidaire. Pour preuve, le 2 décembre 2020 — soit 20 jours seulement avant la publication du communiqué précité —, Berlin débloquait une enveloppe de 1,387 milliard d’euros d’appui financier dont 202,6 millions d’euros sous forme de dons, et le reste sous forme de prêts bonifiés, en soutien aux réformes du système financier marocain et en aide à la lutte contre la Covid-19.

    AMBIGUÏTÉ AMÉRICAINE ET RÉTICENCE EUROPÉENNE

    Si la tension était déjà grande entre les deux pays à la fin 2020, pourquoi les autorités marocaines ont-elles attendu plus de deux mois pour réagir ? Était-ce un effet de la lettre ouverte qu’adressaient au président Joe Biden, le 17 février 2021, 27 sénateurs américains emmenés par le républicain James Inhofe et le démocrate Patrick Leahy pour l’inciter à revenir sur la décision de Donald Trump de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental ? « Nous vous exhortons respectueusement à revenir sur cette décision malheureuse et à réengager les États-Unis dans l’organisation d’un référendum d’autodétermination pour le peuple du Sahara occidental. »

    La réponse ambiguë du porte-parole du département d’État Ned Price, le 22 février, à une question sur le sujet révèle une possible prise de distance avec la position de l’équipe Trump. Après avoir exprimé l’appui et la satisfaction de l’administration Biden pour la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, Ned Price s’est empressé d’ajouter que les États-Unis « soutiennent le processus onusien pour trouver une solution juste et durable au conflit ».

    L’échange montre que si l’administration Biden n’est pas revenue sur la décision de l’administration Trump sur le Sahara occidental, elle ne le proclame pas haut et fort pour autant. Et que pour les États-Unis, l’ONU et la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) restent des acteurs centraux dans le processus de résolution du conflit.

    Un mois plus tôt, le Maroc mesurait déjà les limites de l’effet d’entrainement de l’initiative Trump. Ce 15 janvier 2021, Il espérait capitaliser sur celle-ci et organisait conjointement avec l’administration américaine en fin de course une conférence virtuelle de soutien au plan d’autonomie. Le succès de l’événement dépendait du nombre de pays participants, et surtout de leur importance géostratégique. Le moins qu’on puisse dire est que la montagne a accouché d’une souris, puisque la France était le seul pays occidental à y prendre part. Et la participation africaine était également en deçà des attentes. Par sa politique économique offensive et son adhésion à l’Union africaine en 2017, le Maroc espérait gagner des pays à sa cause saharienne. Or l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Éthiopie et même le Kenya étaient absents de cette conférence.

    Concernant l’autonomie du Sahara, la diplomatie allemande tient un discours bien plus nuancé que les autres pays européens qui entretiennent de très bonnes relations avec le Maroc. Dans un entretien du 12 janvier 2021 diffusé sur YouTube2, l’ambassadeur d’Allemagne au Maroc Götz Schmidt-Bremme explique que le confit du Sahara « n’a que trop duré », et qu’une solution juridique est nécessaire pour que Berlin puisse encourager et soutenir les entreprises allemandes à investir dans le Sahara sans s’exposer à des plaintes déposées par le Front Polisario auprès de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Le diplomate prend soin d’expliquer que le Front Polisario doit « obtenir quelque chose » et que la solution devrait être acceptée par les deux parties.

    Si Berlin considère que le plan d’autonomie proposé par Rabat constitue une solution « réaliste et pratique », le diplomate précise toutefois qu’elle ne satisfait pas pleinement son pays. Et c’est peut-être la conclusion de l’interview qui a cristallisé le mécontentement de Rabat. L’ambassadeur y qualifie en des termes peu diplomatiques les insuffisances de la politique de régionalisation. « Il y a des voix ici au Maroc, qui disent qu’avec la régionalisation avancée nous avons le modèle pour les régions du Sud. Ça ne marche pas. »

    Cet argument met le doigt sur la principale faiblesse de la proposition d’autonomie. Le Maroc ne veut pas seulement que la communauté internationale accepte le principe d’autonomie comme unique solution au conflit. Il insiste pour que son plan d’autonomie soit accepté sans discussion. Et c’est là que le bât blesse, car même si la diplomatie marocaine parvenait à faire accepter le principe d’autonomie à la communauté internationale, il lui sera difficile d’appliquer aux Sahraouis ses institutions autoritaires. Accepteraient-ils sans sourciller la multiplication des violations des droits humains, un appareil sécuritaire qui ne rend compte qu’au roi, et une justice rendue au nom du seul souverain et qui n’est en rien indépendante du pouvoir exécutif ? Certains parlent même d’une « benalisation » du régime.

    UNE DIPLOMATIE « SÉCURITAIRE » MISE À MAL

    C’est une affaire de violation des droits humains qui a contribué à la récente crise : l’affaire Mohamed Hajib. Arrêté par les autorités marocaines, ce militant islamiste maroco-allemand a été condamné en 2010 à sept ans de prison pour terrorisme. Libéré en 2017, il est retourné en Allemagne d’où sont diffusées sur YouTube des vidéos3 dans lesquelles il dénonce des violations des droits humains au Maroc. Sa présence en Allemagne fait craindre aux autorités marocaines une seconde affaire Zakaria Moumni, du nom de cet ancien champion de kick-boxing qui, en France, avait déposé plainte pour torture contre Abdelatif Hammouchi, le directeur de la Direction générale de la sécurité du territoire (DGST). L’affaire avait conduit un juge d’instruction français à convoquer Hammouchi, provoquant une immense colère des dirigeants marocains et une crise entre Paris et Rabat. Après une année d’arrêt de la coopération judiciaire entre les deux pays, la France finira par accéder à la signature d’un accord remettant en cause la compétence universelle des tribunaux français à l’égard du Maroc.

    Les craintes du Palais sont d’autant plus fondées que le dossier Mohamed Hajib pourrait être plus épineux encore. En effet, en alléguant que ses vidéos incitaient au terrorisme, la justice marocaine a demandé à Interpol, l’organisation policière intergouvernementale, d’émettre une « notice rouge » pour l’arrestation de Mohamed Hajib. La requête a été rejetée, Interpol s’appuyant sur l’avis du comité de l’ONU contre la torture de 2012. Pour le comité onusien, qui prend en compte les rapports du personnel consulaire allemand, les plaintes pour torture déposées par Hajib lors de sa détention au Maroc étaient crédibles.

    Plus grave encore : dans ses vidéos, Mohamed Hajib promet la prison aux responsables sécuritaires marocains et évoque des poursuites contre Abdelatif Hammouchi en Allemagne. Ces paroles pouvaient passer pour de la forfanterie, jusqu’à la condamnation le 24 février 2021 d’un ancien membre des services secrets syriens par la Haute Cour régionale de Coblence en Allemagne pour complicité de crime contre l’humanité. Cette condamnation souligne la volonté des tribunaux allemands de faire jouer la compétence universelle dans les cas de crimes contre l’humanité.

    Le Maroc redoute aussi que l’affaire porte atteinte à l’image de sa diplomatie « sécuritaire ». La presse favorable au régime ne cesse de mettre en avant la perspicacité des services de renseignement, dont les informations communiquées aux pays amis ont été d’une grande utilité. C’est donc la crédibilité même du renseignement marocain qui est en jeu, dans la mesure où cette presse est instrumentalisée par Rabat pour donner un caractère politique à certaines enquêtes. Le journaliste Ignacio Cembrero avait révélé dans son ouvrage La España de Ala comment les services de renseignement marocains signalaient comme terroristes islamistes des militants de la cause sahraouie.

    En donnant consigne à l’administration marocaine de bouder l’Allemagne et ses institutions présentes au Maroc, Nasser Bourita adopte une attitude conforme à la diplomatie de Mohamed VI. Une approche qui a porté ses fruits notamment avec la France et l’Espagne. Avec l’Allemagne, il est possible que le Maroc soit tombé sur un État qui refuse de considérer ce que le régime marocain appelle un « partenariat global », qui inclut la coopération économique et sécuritaire, et naturellement la reconnaissance de la marocanité du Sahara.

    Khadija Mohsen-Finan

    Politologue, enseignante (université de Paris 1) et chercheuse associée au laboratoire Sirice (Identités, relations internationales et civilisations de l’Europe). Dernière publication (avec Pierre Vermeren) : Dissidents du Maghreb (Belin, 2018). Membre de la rédaction d’Orient XXI.

    Aboubakr Jamai

    Journaliste marocain, directeur du programme des relations internationales à l’Institut américain universitaire (IAU College) d’Aix-en-Provence. Il a fondé et dirigé les hebdomadaires marocains Le Journal Hebdomadaire et Assahifa Al Ousbouiya.

    Orient XXI, 24 mars 2021

    Tags : Maroc, Allemagne, Sahara Occidental, Front Polisario, ONU, MINURSO, Union Européenne,

  • L’Algérie devient un acheteur majeur d’armes allemandes (SIPRI)

    L’Algérie, connue pour être un client traditionnel des armes russes et chinoises, est devenue le principal acheteur d’armes allemandes au cours des quatre dernières années, selon de nouvelles données publiées par l’Institut international de recherche sur la paix (SIPRI) basé à Stockholm.

    Dans son rapport sur les transferts mondiaux d’armes entre 2016-20, le Think tank suédois classe l’Algérie comme 6ème importateur mondial d’armes qui a dépensé plus de 35 milliards de dollars depuis 2015, alors que le peuple du pays vacille sous une crise socio-économique croissante et une répression incessante contre les manifestants pro-démocratie.

    L’Algérie a augmenté ses importations d’armes de 64 pc par rapport à 2011-15, alors que les importations d’armes de son voisin le Maroc ont été inférieures de 60 pc, indique le rapport du SIPRI.

    Bien que les transferts internationaux d’armes majeures soient restés au même niveau entre 2011-15 et 2016-20, l’Algérie a augmenté ses importations d’armes de 64 pc, principalement de l’Allemagne qui est devenue le premier fournisseur d’armes de ce pays, suivie de la Chine et de la Russie.

    Selon certains analystes, ce changement peut expliquer la position hostile affichée ces derniers temps par Berlin concernant l’intégrité territoriale du Maroc et la souveraineté sur son territoire saharien, car l’Algérie est devenue l’un des premiers marchés pour les exportations d’armes allemandes.

    Bien que le Maroc soit le 28ème importateur mondial d’armes, loin derrière l’Algérie, classée 6ème importateur mondial d’armement, les médias publics algériens ont tenté de dépeindre le Maroc comme un important acheteur d’armes américaines dans le but de justifier les dépenses excessives de la junte militaire algérienne.

    Alors que la plupart des Algériens souffrent du chômage et de la flambée des prix de plusieurs produits de base, notamment la farine, le sucre, l’huile de cuisson, les légumes, le lait, le poisson, la viande, la volaille…, les généraux, qui dirigent de facto ce pays, dépensent chaque année plus de 10 milliards de dollars en armement.

    La mauvaise gestion de ces milliards de dollars et le détournement des richesses du pays alimentent le mouvement du Hirak qui prend de l’ampleur malgré la répression et le renforcement des restrictions du gouvernement.

    Les manifestants pro-démocratie, qui ont chassé le président algérien Abdelaziz Bouteflika il y a deux ans, ont quitté la rue l’année dernière en raison de la pandémie de coronavirus. Mais le mouvement de protestation ne s’est pas éteint. Il a continué à couver. Aujourd’hui, il revient plus fort qu’avant. Il ne disparaîtra pas tant que le régime militaire corrompu et despotique n’aura pas disparu pour de bon, promettent les manifestants.

    The North Africa Post, 23 mars 2021

    Tags : Algérie, Allemagne, armes, armement, SIPRI,

  • Libye : Jan Kubis à Berlin

    L’envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la Libye, Ján Kubiš, rencontre des responsables de haut niveau à Berlin et poursuit ses contacts avec les ministres des affaires étrangères.

    BERLIN, 19 mars 2021 – L’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la Libye, chef de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (UNSMIL), M. Ján Kubiš, a effectué une visite officielle de deux jours à Berlin, les 18 et 19 mars, dans le cadre de ses efforts de sensibilisation internationale visant à renforcer le soutien de la communauté internationale à la Libye, notamment à la nouvelle autorité exécutive intérimaire libyenne.

    À son arrivée le mercredi, l’envoyé spécial a rencontré le conseiller en politique étrangère du chancelier allemand, Jan Hecker. Le lendemain, il a rencontré le ministre allemand des affaires étrangères, Heiko Maas, puis a tenu une conférence de presse conjointe (la transcription de la conférence de presse est disponible ici). Il a ensuite rencontré le secrétaire d’État Berger et la ministre d’État Annen, ainsi que d’autres hauts fonctionnaires du ministère fédéral des affaires étrangères.

    L’envoyé spécial Kubiš a également rencontré des représentants du Centre pour les opérations civiles de paix et, le lendemain, des représentants du ministère de la défense. Pendant son séjour à Berlin, il a eu une vidéoconférence avec le président de la commission de politique étrangère du Bundestag, M. Roettgen, et séparément avec d’autres membres de la commission.

    M. Kubiš a exprimé sa vive reconnaissance à S.E. la Chancelière Angela Merkel et au gouvernement allemand pour leur soutien ferme et continu aux Libyens dans leur quête de paix, d’unité, de stabilité, de souveraineté et de prospérité, illustré par la tenue de la conférence visionnaire de Berlin sur la Libye l’année dernière et le processus de Berlin qui a suivi.

    L’envoyé spécial et ses interlocuteurs ont exhorté tous les États membres des Nations unies à respecter les engagements pris lors de la conférence de Berlin. Ils ont convenu de la nécessité d’accélérer la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu, y compris le retrait des mercenaires et des forces étrangères, et de respecter l’embargo des Nations unies sur les armes. Ils se sont engagés à soutenir les nouvelles autorités exécutives tout en exprimant leur espoir que celles-ci intensifient leurs efforts pour fournir des services de base et un soutien au peuple libyen, unifier les institutions de l’État, établir les bases appropriées pour une réconciliation nationale globale et assurer la mise en œuvre intégrale de l’accord de cessez-le-feu. Ils ont exhorté les autorités et les institutions libyennes à prendre toutes les mesures juridiques et autres nécessaires pour permettre la tenue d’élections nationales le 24 décembre 2021, comme le stipule la feuille de route du Forum de dialogue politique libyen (LPDF), et tous les dirigeants à honorer leurs engagements et à tenir compte des souhaits et des attentes du peuple libyen qui soutient fermement la tenue des élections en décembre 2021. Ils ont confirmé la position unifiée de la communauté internationale en faveur de la feuille de route du LPDF menant aux élections.

    L’Envoyé spécial a remercié l’Allemagne, tous les partenaires internationaux et les acteurs régionaux, notamment l’Union africaine, l’Union européenne et la Ligue des États arabes, pour leur soutien aux progrès réalisés en Libye.

    Poursuivant ses consultations avec les partenaires internationaux, l’envoyé spécial a tenu des réunions virtuelles distinctes avec le ministre des Affaires étrangères de Norvège, Ine Marie Eriksen Søreide, et avec la secrétaire d’État aux Affaires étrangères d’Espagne, Cristina Gallach. Suite à sa récente visite en Égypte, l’Envoyé spécial a également discuté du dossier libyen lors d’appels téléphoniques avec le Ministre des Affaires étrangères de la Tunisie, Othman Jerandi, le Ministre des Affaires étrangères du Maroc, Nasser Bourita, et le Ministre des Affaires étrangères de l’Algérie, Sabri Boukadoum. Il a exprimé sa gratitude pour le soutien apporté par les pays voisins aux nouvelles autorités libyennes, notant, en particulier, la visite pionnière de S.E. le Président de la République tunisienne Kais Saied en Libye mercredi dernier.

    Enfin, le SE a tenu une réunion avec le Haut Commissaire du HCR, Filippo Grandi, au cours de laquelle ils ont abordé un large éventail de questions de nature humanitaire et des droits de l’homme, avec un accent particulier sur la migration. Il s’agit de l’une des priorités du nouveau gouvernement libyen, qui nécessitera une coopération et un soutien internationaux accrus.

    UNSMIL, 19 mars 2021

    Tags : Libye, UNSMIl, ONU, Jan Kubis, Allemagne,

  • Ventes d’armes: Les puissances occidentales renforcent leur domination

    Selon le dernier rapport de l’institut SIPRI, les exportations d’armements se seraient pour la première fois stabilisées sur la planète.

    Pas d’emballement ceci dit, le phénomène étant principalement dû aux contre-performances russes et chinoises, largement contrebalancées par le bond des exportations occidentales. Analyse. Les États-Unis, la France et l’Allemagne ont le vent en poupe. En tout cas, sur le marché des armements. Selon les derniers chiffres du SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute), publiés le 15 mars, les trois puissances occidentales ont vu leurs exportations bondir entre 2016 et 2020. Une hausse compensée au niveau global par la baisse des exportations russes et chinoises. L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm souligne ainsi que «le volume des livraisons d’armes majeures entre les pays n’a pas augmenté entre 2011-15 et 2016-20»: une «première» depuis le début du siècle. Loin devant, à l’image de leur budget militaire mirobolant, les États-Unis conservent jalousement leur titre de plus gros pourvoyeur d’armes de la planète. Leurs exportations progressent de 15% en cinq ans. L’Oncle Sam voit ainsi sa part du marché mondial rehaussée de cinq points, pour atteindre les 37%! Les industriels américains «ont fourni des armes majeures à 96 États entre 2016-20, bien plus que tout autre fournisseur», souligne l’institution suédoise.

    Arabie saoudite/États-Unis: le duo client-fournisseur parfait

    Face au premier exportateur d’armements, on retrouve sans surprise leur premier importateur: l’Arabie saoudite. Sur cette même période, près d’une arme américaine sur quatre a été achetée par Riyad. En d’autres termes, les Saoudiens ont acheté une arme sur dix dans le monde ces derniers années. Principale raison à cette explosion de la demande de la monarchie wahhabite: la guerre qu’elle mène au Yémen, où elle s’est enlisée. Malgré les récentes prises de position de Washington sur ce conflit, les réticences des Européens à honorer leurs contrats d’armement avec Riyad, voire les pressions qu’ils subissent pour y mettre un terme, ont clairement fait le jeu des vendeurs d’armes américains. Fin octobre 2018, suite au meurtre du journaliste Jamal Kashoggi en plein consulat saoudien à Ankara, Berlin avait gelé ses ventes d’armes à destination du royaume. Cette décision allemande a eu pour conséquence de bloquer les exportations de matériels développés par des entreprises où l’Allemagne est impliquée (le missile air-air Meteor de MBDA, l’Eurofighter Typhoon, dont Airbus détient 46% du consortium). Plus directement, des ONG ont multiplié les actions afin de perturber les approvisionnements français à l’Arabie saoudite.

    Les Français s’affirment face aux Allemands

    Au premier rang de ces Européens, cibles des ONG, on retrouve ainsi la France. Dopée par les commandes indiennes, égyptiennes et qataries, les exportations d’armes de Paris s’envolent de 44% et permettent à la France de consolider sa place de numéro 3 au classement (8,4% des parts). «Une exception dans le paysage désolé du grand export français», tacle même Challenges à la vue de tels résultats.

    Forte de sa visibilité historique sur la scène internationale, ainsi que de l’excellence de ses acteurs industriels, la France devance ainsi son grand «partenaire» européen: l’Allemagne, quatrième au classement. Cette dernière voit ses exportations progresser à un rythme deux fois moins soutenu que la France (21%). La Corée du Sud, l’Algérie et l’Égypte font figure de principaux clients de l’industrie d’armement outre-Rhin, qui tient 5,5% du marché mondial. Pas trop mal pour un pays où l’armement est un sujet tabou. Derrière l’Allemagne, l’Empire du Milieu. La Chine voit ses exportations baisser de 7,8%. Un revers que subit également la Russie, dont les ventes d’armes ont reculé de 22%, principalement du fait de la chute de ses ventes à l’Inde. Et ce, malgré le fait que les transferts d’armement russes vers la Chine, l’Algérie et l’Égypte aient «considérablement augmenté», selon Alexandra Kuimova, chercheuse au programme Armes et Dépenses militaires du SIPRI.

    Les exportations russes et chinoises en perte de vitesse

    Cependant, en matière de recul, c’est le Royaume-Uni qui bat des records, avec 27% d’exportations d’armes en moins sur cinq ans. Londres termine à la sixième place et clôt ainsi le top de ce classement. Tout de suite après, en septième position: Israël, avec 3% des parts de marché. L’État hébreu marque la plus forte augmentation d’exportations d’armement du tableau (+59%). Face à cette offre, la demande de l’Azerbaïdjan. 69% des achats d’armes de cet État pétrolifère du Caucase auraient été, selon le SIPRI, contractés auprès de l’industrie militaire israélienne. Leurs adversaires arméniens se sont quant à eux quasi exclusivement armés auprès des industriels russes. Côté turc, les choses évoluent également. Si tout le monde sait qu’Ankara s’est procuré des systèmes antiaériens S-400 auprès de la Russie, la Turquie est pourtant l’un des pays qui a le plus réduit ses achats d’armes étrangères, selon le rapport du SIPRI.

    Des chiffres à interpréter avec précaution

    Une part importante de cette chute de 59% des importations turques s’explique par les sanctions de Washington qui, pour punir Erdogan de s’être fourni auprès des Russes, l’a expulsé du programme F-35. Autre raison: le fait que les Trucs comptent de plus en plus sur leur propre industrie de Défense. C’est là une des limites du rapport du SIPRI: moins d’importations d’armes ne signifient pas forcément qu’un pays renonce à s’armer ou à être agressif. On peut ainsi opposer le cas d’une Arabie saoudite surarmée par les puissances occidentales, partie en guerre chez son voisin, à celui du Japon. Les Forces japonaises d’autodéfense pointent en effet au cinquième rang des armées les plus puissantes au monde et la crainte d’un conflit avec l’imposant voisin chinois a fait exploser (+146%) les achats d’armes de Tokyo. Des commandes quasi-exclusivement effectuées auprès de son ancien protecteur: les États-Unis. Sa commande au printemps 2019 de 105 avions F-35 a clairement contribué à doper ce chiffre. Et pourtant, le Japon n’a engagé ses forces dans aucun conflit depuis 1945.

    Le Maghreb, 18 mars 2021

    Tags : Armes, armement, Etats-Unis, Russiem Chine, France, Allemagne,

  • Média américain : L’Algérie tente de profiter du différend maroco-allemand

    L’Algérie tente de profiter de la situation

    En pleine crise diplomatique entre le Maroc et l’Allemagne, l’Algérie n’a pas fait d’efforts pour en tirer profit. Le président algérien Abdelmazid Teboune n’a pas hésité à recevoir l’ambassadrice de la République fédérale d’Allemagne dans son pays, Elizabeth Wolbers. Comme à l’accoutumée, la question du Sahara a été évoquée, l’agence de presse algérienne s’empressant d’exposer sérieusement la situation de l’Allemagne face à ce conflit.

    L’ambassadrice allemande a déclaré : « L’Allemagne exige une solution basée sur le droit international dans le cadre du processus de l’ONU, un désir de voir bientôt la nomination d’un nouvel envoyé spécial de l’ONU au Sahara occidental pour relancer le processus. » Exprime.  » . Cette position est partagée par l’Union européenne, qui est liée au processus des Nations unies. Cependant, de nombreux pays, comme la France, reconnaissent la crédibilité et la réalité du schéma d’autonomie présenté par le Maroc comme la seule solution à ce différend territorial, qui dure depuis plus de quarante-cinq ans.

    L’accueil de l’ambassadeur allemand par le Président à ce moment précis ne semble pas avoir été fortuit, l’Algérie est bien consciente de l’opportunité donnée par la suspension des contacts entre le Maroc et l’ambassade d’Allemagne à Rabat. Le voisin de l’Est en a immédiatement profité et n’aurait pas abandonné ses efforts pour pousser le gouvernement d’Angela Merkel à adopter une position hostile dans l’affaire du Sahara. Si la position du Maroc sur la scène internationale reste confortable, le Royaume peut toujours compter sur le soutien des Etats-Unis, sachant que la nouvelle administration de Joe Biden a maintenu la déclaration du Président reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara.

    Rappelons que le ministère marocain des Affaires étrangères a suspendu tout contact avec la mission diplomatique allemande au Maroc pour plusieurs raisons, dont les positions allemandes au Maroc, jugées hostiles. L’Allemagne fait partie des pays qui s’opposent à la décision de Donald Trump, et n’a pas hésité à convoquer une réunion du Conseil de sécurité sur le sujet. Cela s’accompagne de l’exclusion du Royaume du Sommet de Berlin sur la Libye, et de l’intervention de certaines fondations allemandes dans les affaires internes du pays.

    Inside Wales Sport, 17 mars 2021

    Tags : Maroc, Algérie, Allemagne, Sahara Occidental,