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  • Algérie : Des législatives et des interrogations

    Voilà une semaine depuis la tenue des élections législatives et l’onde de choc des résultats tarde à s’estomper. Alors que les Algériens ne se sont pas encore remis de la puissante secousse née de la victoire du PFLN et du RND qu’on a cru naïvement enterrés par l’insurrection citoyenne du 22 février 2019, le scrutin révèle d’autres petits secrets. Le président du Conseil constitutionnel Kamel Feniche a ainsi révélé avant-hier que pas moins de 400 recours ont été déposés par des partis et des candidats ayant participé aux législatives. Énorme pour une assemblée devant accueillir juste 407 députés ! Il s’avère finalement que le scrutin ne soit pas vraiment aussi «honnête et transparent» que ne le claironne le président de l’ANIE, Mohamed Charfi.

    Si la fraude ne se pratique plus en quantité industrielle comme ce fut le cas sous le règne de Bouteflika et sa clique, tout n’est pas nickel non plus aujourd’hui. Du coup, il va falloir patienter encore quelques jours avant que le conseil constitutionnel de Kamel Feniche ne tranche sur ces recours et rende son verdict. Pour autant, il ne faudrait pas s’attendre à un bouleversement de la carte politique telle que dessinée par le scrutin du 12 juin boycotté faut-il le rappeler par 77% du corps électoral.

    L’ex parti unique et son clone le RND sont d’ores et déjà assurés de pouvoir remettre en selle l’alliance présidentielle pour servir de béquille politique au président Tebboune comme ils l’avaient fait des années durant pour Bouteflika. Vus sous cet angle, les résultats des dernières législatives ressemblent à s’y méprendre à toutes les précédentes. Même la respectable présence de la femme à l’assemblée populaire nationale qu’on exhibait jadis comme un trophée de guerre … démocratique a été cette fois, sacrifiée. Elles seront seulement 34 à porter la voix de la femme dans un hémicycle dominé par une forêt d’hommes. Même les jeunes ayant servi fortement dans la propagande en faveur de ces élections ne seront pas présents en masse.

    Mis à part quelques heureux élus parmi les « fils à…papa,» l’assemblée nationale sera peuplée essentiellement de vieux loups et autres habitués des lieux.. C’est dire tout compte fait que l’APN sortante qui portait les mêmes couleurs du PFLN et du RND est, ironie du sort nettement plus crédible que celle où siégeront les enfants de Bouguetaya et Bengrina. Ces derniers disposent au moins d’un peu plus de culture de l’État par rapport à leurs rejetons qui eux, vont entamer la vie active par ce poste de député… Grassement payé, il est vrai.

    Imane B.

    Etiquettes : Algérie, élections législatives, APN, députés, corruption, transparence, fraude,

  • Algérie : Un acquis indéniable

    Les rapports des jeunes Algériens à la politique semblent connaître une mutation positive.
    Le temps où la jeunesse ne daignait même pas retirer sa carte de vote est révolu.
    La place est faite à celle qui, présentement, s’investit complètement pour mettre fin à sa marginalisation. La jeunesse ose maintenant s’engager et bousculer l’ordre établi à coups de rentes viagères.

    La nouvelle APN a ouvert ses portes à de nombreux jeunes députés qui se sont imposés en force dans ces législatives du 12 juin. Ils ont exprimé leur ambition de peser de tout leur poids et de jouer un rôle important dans le remodelage de la scène politique.

    Cette percée remarquable n’a rien de surprenant. Elle était prévisible du fait que la Constitution, amendée en 2020, encourage la jeunesse à participer à la vie politique. Dans ce sillage, l’article 73 de la Loi fondamentale stipule que l’Etat veille à réunir les moyens institutionnels et matériels à même de développer les capacités de la jeunesse et à encourager son potentiel créatif.

    En plus de leur jeune âge, beaucoup de nouveaux députés jouissent d’un niveau universitaire.Les chiffres sont éloquents. Mohamed Charfi, président de l’ANIE, rappelle que plus de 13.000 jeunes étaient candidats parmi les 10.468 candidats issus de partis et 12.086 candidats indépendants.C’est là un acquis indéniable et fondamental pour les institutions de la République appelées à répondre à une impérative redynamisation de leurs missions et à reconquérir la confiance des citoyens.

    Ce potentiel, éminemment juvénile, a réalisé une gageure, tirant profit de l’engagement du président de la République qui n’a jamais cessé d’inciter les jeunes à s’impliquer de manière à apporter du sang neuf et de nouveaux visages aux institutions.

    «Je sais qu’il y a un engouement pour ces législatives, notamment chez les jeunes, alors que tout récemment, ils ne s’inscrivaient même pas sur les listes électorales», avait-il indiqué, précisant que «plus de 50% de la population a moins de 30 ans». L’occasion est offerte aux jeunes de prouver ce dont ils sont capables et d’apporter la plus-value tant attendue par les citoyens avec le sens des responsabilités, de la patience et de l’audace. Il n’est pas exclu de voir émerger de jeunes partis, souvent en perte de vitesse, qui œuvreront à s’affirmer sur la scène politique.

    A cet effet, l’universitaire Laïd Zaghlami a qualifié le rajeunissement de l’APN de saut qualitatif, regrettant que certains observateurs reprochent aux jeunes leur manque d’expérience, d’anciens députés, autrement plus âgés et plus expérimentés, s’étaient distingués par des affaires de corruption et d’argent sale.

    Cela étant, les nouveaux élus ne doivent pas perdre de vue qu’ils sont comptables vis-à-vis de la population dans la prise en charge de ses préoccupations. Ces législatives représentent une étape charnière qui sera suivie par d’autres échéances pour lesquelles le peuple sera appelé à choisir ses représentants sur la base de la compétence et de l’intégrité.

    EL MOUDJAHID, 19 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, élections législatives, APN, jeunesse,

  • Algérie : Vers une APN morcelée et sans majorité

    Par Nadji Azzouz

    Dans “Le Guépard”, célèbres roman et film éponyme italiens, traçant la vie d’un prince emblématique au milieu des tourments révolutionnaires du Risorgimento (unification italienne au 19ème siècle), un personnage-clé dit ce qui deviendra une citation légendaire : « pour que tout reste comme avant, il faut que tout change ».

    En somme, il faut que tout bouge pour que rien ne change ! Cette sentence tirée de l’Histoire d’une Italie vivant à l’époque la transition entre un ordre ancien et un nouvel ordre, s’applique parfaitement aux résultats politiques des élections législatives du 12 juin dernier, les premières de l’ère post-Hirak et sous le premier mandat du président Abdelmadjid Tebboune, élu le 12 décembre 2019.

    On croyait l’ancienne Alliance Présidentielle composée du FLN, de son avatar organique le RND et de la version algérienne des Frères Musulmans le MSP, morte et bel et bien enterrée du fait du Hirak, et la voilà électoralement ressuscitée ! Une résurgence certes encouragée par le taux d’abstention record, mais qui n’est pas en soi si étonnante que ça.

    En dépit de l’irruption significative des « Indépendants », qui raflent la seconde place en termes de sièges additionnés, la nouvelle architecture parlementaire de l’Assemblée populaire nationale (APN) est finalement conforme à la sociologie politique algérienne et à la culture du vote légaliste dans le pays. On vote en Algérie, peu ou prou, depuis l’Indépendance, pour les forces et les candidats qui symbolisent le pouvoir établi, à l’exception de la parenthèse ouverte par l’expérience du Front islamique du salut (FIS). Une vérité historique, une réalité politique et un phénomène électoral.

    Comme en 2017, 2012, 2007 et 2002, l’ex-parti unique FLN reste la première formation à l’APN malgré son net recul en nombre de sièges, ce qui l’amènerait, comme lors des précédentes consultations, à négocier la mise en place d’une coalition devant composer la future majorité. Au vu des résultats préliminaires fournis par l’Agence nationale indépendante des élections (ANIE), les anciens partenaires de la défunte Alliance présidentielle bouteflikienne, respectivement première, troisième et quatrième forces dans l’Hémicycle, pourraient constituer à eux seuls la prochaine majorité, sans être pour autant obligés de parlementer avec les « Indépendants » (78 sièges). A moins d’une mésentente politique sans issue. Avec 105, 64 et 57 sièges, le FLN, le MSP et le RND cumuleraient en effet 226 sièges, soit largement plus que la moitié des 407 qui constituent l’actuelle APN.

    Cette question de la future majorité constitue l’inconnue politique des prochains jours. On se demande par conséquent si les futurs partenaires de la prochaine majorité à l’Assemblée nationale pourraient s’entendre pour peser sur le choix du futur gouvernement qui sera issu, d’une manière ou d’une autre, d’une APN constituée d’une mosaïque de treize partis, plus les « Indépendants ». Dans la nouvelle configuration, on retrouve, outre le trio FLN-MSP-RND, dix autres formations sans ancrage électoral et sans audience politique réelle, certaines d’entre elles étant de parfaits inconnues, car de création récente.

    Face au FLN-MSP-RND, outre les partis d’Abdelaziz Bélaid et d’Abdelkader Bengrina, les deux anciens candidats à l’élection présidentielle du 12 décembre 2019, on retrouve des particules organiques ayant obtenu trois, deux ou un seul siège. Huit petites formations totalisent seulement quinze sièges, alors que les partis de Bélaid et Bengrina comptent respectivement 48 et 40 sièges. On voit donc bien que les chiffres officiels mais non encore consolidés de l’ANIE dessinent déjà une nouvelle assemblée sans parti dominant et sans courant politique fort, encore moins hégémoniques.

    En Algérie, les catégories politiques en cours ailleurs, comme de définir les partis en formations de gauche, de droite, de centre-gauche, de centre-droite et d’extrême-droite, ou encore en libéraux et conservateurs, ne sont pas tout à fait applicables à la réalité politique du pays. Tout au plus pourrait-on classer les uns et les autres en partis nationalistes ou islamistes, plus ou moins libéraux dans le domaine économique et tous conservateurs ou réactionnaires du point de vue sociétal. En tout cas, tous démagogiques et populistes. Bref, des partis-fourre-tout, opportunistes à souhait et clientélistes certainement. Le plus souvent sans programmes politiques clairs, sauf à soutenir le pouvoir en place ou à s’opposer de quelque façon que ce soit à lui.

    Bien malin celui qui parviendrait à définir aujourd’hui, avec une certaine précision, le FLN de l’avocat Baâdji Abou El Fadl, le RND de Tayeb Zitouni, El Bina de Abdelkader Bengrina et le Front El Mostakbal d’Abdelaziz Bélaid, pourtant des partis un peu familiers dans le paysage politique. Encore moins les illustres inconnus que sont le PLJ, le Parti de la liberté et de la justice, le FAN, alias le Front de l’Algérie nouvelle, ou encore El Karama (la dignité), El Fajr El Jadid (aube nouvelle) et le FBG, le Front de la bonne gouvernance. Des comètes surgies du néant galactique ou encore des OPNI, des objets politiques non identifiés mais électoralement récompensés !

    Le Jeune Indépendant, 19 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, APN, Parlement, majorité parlementaire, nouveau gouvernement,

  • Algérie : Quelle mission pour la nouvelle APN

    La coloration nationaliste de l’APN est acquise à la vue de la victoire du FLN, talonné par le RND et le Front El Moustakbel. Les promesses des islamistes et des démocrates n’auront pas convaincu les électeurs. Ces derniers ont ainsi montré leur attachement au courant qui a toujours gouverné le pays. On peut donc aisément conclure que les Algériens sont soit proches du courant nationaliste, une petite partie continue de faire confiance aux islamistes, mais la majorité d’entre eux ne voient pas dans les discours des uns et des autres motif à le soutenir pour le mettre à la tête du pays.

    Cela revient à dire qu’en attendant qu’émerge une alternative digne de ce nom, la société s’accommode du courant nationaliste et attend la manutention de la scène politique pour s’impliquer électoralement. Les électeurs auraient pu le dire dans les urnes en y mettant des bulletins nuls, mais ils ont préféré l’abstention. Une attitude peut être discutable. Il reste néanmoins qu’elle ne signifie pas un désintérêt de la chose publique, preuve en est, le sursaut du 22 février 2019.

    Cela étant dit, l’Algérie disposera, dans très peu de temps, d’une nouvelle Assemblée nationale populaire, dont la caractéristique principale est le profil de ces députés. Ces derniers tranchent avec les composantes précédentes de l’APN, en ce sens qu’ils concrétisent le renouvellement générationnel tant attendu du personnel politique national. Il faut dire cependant que cela ne signifie pas la fin des problèmes et des contradictions, mais, espérons-le, une approche novatrice susceptible de faire évoluer les choses dans le bon sens. L’objectif sera de se rapprocher de la gestion rationnelle plus proche des sociétés plus développées que la nôtre. A ce propos, les nouveaux députés et les ministres pour lesquels il voteront leur confiance auront la mission complexe de proposer une démarche susceptible de heurter quelque peu les Algériens dans leur confort. Et pour cause, avec les centaines de milliers de véhicules prêtes à être importées dans les 12 prochains mois, témoignent de l’importante dépense que consent la société, sans réelle plus value sur l’économie du pays. Cela doit changer ou à tout le moins évoluer dans le bon sens.

    Le citoyen est en droit de connaître les forces et les faiblesses des lois que votent ses représentants à l’APN. Et ce ne sont pas quelques émissions de télé ou de radio balancées sur les grilles des programmes comme des cheveux dans la soupe qui assureront une mission d’information. Le débat doit être plus large. A ce propos la chaîne parlementaire est la solution…

    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 18 juin 2021

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  • Algérie: Une minorité à l’APN

    SEULEMENT 23,03% DU CORPS ÉLECTORAL A VOTÉ LE 12 JUIN

    C’est le bas taux participation jamais enregistré dans l’histoire des élections législatives depuis l’instauration du pluralisme politique. Seulement un Algérien sur cinq s’est déplacé aux urnes. Le nombre de bulletins nuls a dépassé le million.

    Au bout de plusieurs heures de suspense, le président de l’Autorité nationale indépendante des élections, Mohamed Charfi, a fini par donner, hier en fin d’après-midi au Centre international des Conférences, les résultats des élections législatives anticipées.

    Une nouvelle fois, le président de l’Anie a évité de donner le taux de participation. Mais vu le nombre de votants estimés à 5,6 millions sur un peu plus de 24 millions d’électeurs inscrits, le taux est, selon nos calculs, de 23,03%. Un taux de loin inférieur à celui annoncé le soir du scrutin, soit 30% . Ce qui confirme en effet que ce chiffre constitue la “moyenne” des taux de participation par wilaya.

    Précédé par les réseaux sociaux qui ont donné, depuis lundi, les grandes tendances qui proviennent des différentes régions du pays, le président de l’Anie a confirmé, à des détails près et au terme d’un très long exposé, les informations données dans la presse du jour : le parti du Front de libération nationale maintient ainsi sa position comme première “force politique” du parlement.

    Le FLN, qui pilotait la majorité sortante à l’APN, a obtenu 105 sièges de députés, a annoncé Mohamed Charfi dans sa conférence de presse animée au centre international de presse. Le parti de Baadji Abou El fadhl a déjoué ainsi tous les pronostics. Il s’est permis même d’arriver en pôle position dans beaucoup de wilayas.

    Visiblement servi par le seuil des 5% qu’il a réussi à dépasser, grâce probablement à la discipline de ses militants mais aussi à ses réseaux, l’ancien parti unique a raflé la mise avec 13 députés à Djelfa. Soit le nombre total des députés de la wilaya. A Alger, la formation politique a obtenu 10 sièges sur les 34 mis en jeu. Il est aussi le premier parti à Béjaïa où il a obtenu 8 postes de députés sur 9. Son allié de toujours, le Rassemblement national démocratique, n’a pas été enterré non plus.

    Il sort la tête de l’eau. Le parti que préside depuis une année Tayeb Zitouni aura un groupe parlementaire de 57 députés. Une bonne consolation pour celui qui a crié récemment à des dépassements de la part de l’ANIE. Seul bémol : le RND n’a obtenu aucun siège à Alger.

    Percée des “indépendants”
    Seconde “force politique” sortie des urnes, les listes indépendantes, lesquelles ont réussi à placer 78 de leurs candidats dans la prochaine Assemblée populaire nationale. Une percée qui confirme les prédictions de nombreux observateurs. Plus nombreuses en termes de candidatures, ces listes n’ont glané des députés que dans de rares circonscriptions électorales dont les détails ont été donnés au terme de la conférence de presse.

    Toutefois, nous sommes loin du raz-de-marée annoncé au début de la campagne électorale surtout que visiblement, le seuil des 5% a handicapé beaucoup de candidats, notamment ceux des wilayas à forte concentration de la population.

    Annoncé comme possible vainqueur du scrutin, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) n’a pas réussi quant à lui à dépasser la barre des 64 sièges, déjà atteinte lors de précédents scrutins. Seul parti qui se revendique franchement du courant islamiste, la formation d’Abderrazak Makri s’offre ainsi la troisième position.

    Son leader a pourtant revendiqué la victoire dès le lendemain du scrutin. Recadré sèchement par Mohamed Charfi, il n’est plus jamais revenu à la charge. Bizarrement, en dehors d’Alger où il a fait élire 8 parlementaires, le MSP n’est sorti premier que dans de rares circonscriptions. Même pas dans ses fiefs traditionnels à l’est du pays.

    Dans la mouvance islamiste, le Front de la justice et le développement (FJD) de Abdellah Djaballah est désormais réduit au rang d’un tout petit parti. Les résultats rendus publics lui donnent uniquement 2 députés.

    Loin des précédents scores où la formation politique obtenait un nombre beaucoup plus important de sièges. Il ne pourra même pas constituer un groupe parlementaire. Une humiliation pour un homme qui a toujours voulu se présenter comme le leader du courant islamiste dans le pays. Il n’est pas exclu que “le cheikh” passe la main à l’issue de ce scrutin et quitte la scène politique.

    Un sort différent pour les deux anciens candidats “malheureux” à l’élection présidentielle de décembre 2019. Abdelaziz Belaïd et Abdelkader Bengrina ont été en effet “récompensés” par respectivement 48 et 40 députés chacun. Rien que dans l’Algérois, les deux formations politiques ont réussi à glaner 8 sièges chacun, au même niveau que le MSP, mais derrière le FLN.

    On ne connaît pas encore ce que sera l’attitude de ces deux formations politiques. Mais rien n’indique qu’elles seraient tentées par croiser le fer avec la présidence de la République, surtout qu’elles comptent dans le gouvernement actuel des ministres issus de leurs rangs.

    Pour le reste, les sièges ont été attribués à une dizaine de formations politiques. Le parti de La bonne gouvernance et La voix du peuple auront trois députés chacun, suivis de Fadjr El Djadid de Benbaibeche, avec deux députés.

    Seul parti de l’ancienne opposition à entrer dans cette course électorale, Jil Jadid n’a obtenu qu’un seul siège de député. Ses responsables ont attribué à ce résultat au fort taux d’abstention et au manque d’expérience de leurs candidats.

    Légalement, les résultats définitifs seront confirmés, dans une dizaine de jours, par le Conseil constitutionnel qui donnera ainsi la composition officielle de la future chambre basse du parlement. Celle-ci sera installée dans un maximum de 20 jours. Il reste désormais à connaître les futures alliances et le prochain président de l’APN. Il faudra aussi scruter les choix du chef de l’Etat notamment lorsqu’il s’agira de désigner le futur Premier ministre.

    Ali Boukhlef

    Liberté, 16 juin 2021

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  • Algérie-Legislatives: retour à la case départ

    Par Mohamed Kouini

    S’il est vrai que ces législatives se sont tenues dans un contexte très particulier, accablé par deux crises économique et sanitaire, organisées presque à la hussarde dans un laps de temps assez court, et caractérisées par une forte abstention, attendue du reste, de plus des deux tiers de l’électorat, le fait est là. Têtu, cynique et sans équivoque. La prochaine Assemblée populaire nationale reconduira les mêmes acteurs, les mêmes forces, voire les mêmes profils politiques qui ont accompagné sans coup férir l’ancien régime honni de Bouteflika pendant plus de deux décennies.

    Inutile de relire les chiffres des répartitions des sièges, le FLN et le RND partagent la tarte parlementaire. L’intrusion des indépendants n’y changera rien à nouvelle-ancienne carte de l’échiquier politique compte tenu du fait que de nombreux candidats indépendant sont des transfuges du FLN et RND. Ces deux partis traditionnellement toujours amarrés autour des cercles des pouvoirs décisionnels, peuvent légitimement constituer cette majorité parlementaire qui leur permettra de constituer un gouvernement de coalition, en attirant un autre mouvement qui nage dans les mêmes mers, celui du Moustakbel de Belaid Abdelaziz.

    Donc, on prend les mêmes et on recommence. Phrase qui revient comme un leitmotiv, expliquant d’une manière laconique la situation de statu quo politique qui domine l’actualité nationale. Pour de nombreux analystes, la bouderie des urnes par une large frange de la jeunesse algérienne aura été pour beaucoup dans ces scores, presque incroyables, deux ans après le début d’un vaste mouvement de contestation populaire et citoyenne. Pourquoi une aussi faible participation? S’agit-il d’une démobilisation ou d’une dépolitisation ou d’une rupture définitive entre le gouvernant et le gouverné?

    Certains expliquent que les conditions sociales n’ont guère favorisé le succès de ces élections. Une société fatiguée, exténuée par la pandémie et son stress, au seuil de la pauvreté pour les couches moyennes, un pouvoir d’achat malmené et laminé au gré des saisons, un chômage endémique, une croissance qui patine et une monnaie en perte de vitesse. Trop de facteurs qui s’ajoutent à la déception politique et à la perte de confiance entre le citoyen et son élu.

    A vrai dire, on peut facilement dire qu’il s’agit moins d’une revanche de la part des partis symboles du régime déchu de Bouteflika, que d’un échec patent de la propre démarche du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. On se souvient que le chef de l’Etat a construit sa feuille de route électorale, en se basant sur une implication des acteurs de la société civile.

    Pour lui, il fallait renouveler complètement la composante humaine des institutions élues, particulièrement le Parlement, socle de tout changement démocratique.
    Indépendant lors de sa candidature aux présidentielles de 2019, c’est tout à fait naturel qu’il a été pour beaucoup dans l’élaboration d’un code électoral, avantageant les listes indépendantes, allant jusqu’à les octroyer des aides financières substantielles, puisées du Trésor public. Ces listes incrustées par des noms d’activistes, de meneurs et de figures emblématiques du mouvement associatif et intellectuel, n’ont pas réussi à bousculer l’ancienne et traditionnelle hiérarchie politique. Les indépendants n’ont obtenu qu’un maigre butin, qui ne leur permettra pas de jouer un rôle prépondérant dans les prochaines joutes parlementaires. Ils ne seront d’aucun secours pour Tebboune, quand il s’agira d’engager ses délicates réformes économiques et sociales.

    Tebboune croyait dur comme fer que le hirak du 22 février signifiait la faillite des partis et des organisations, telles que le FLN, le RND, Taj et autre MPA. D’après ses discours antérieurs, ces appareils trainaient un fort déficit de légitimité, notamment au sein de cette APN, largement contestée et contestable par les agissements de ses membres et députés. Tout le monde connaissait les scandales du FLN, dont deux SG ont connu la prison, et se ventes des têtes de listes” à coup de milliards, dont le procès est en cours. Tout le monde savait comment lors des marches hebdomadaires , les manifestants réclamaient la mise au musée du sigle FLN, en raison des pratiques de ses dirigeants. Le RND n’échappaient pas à la vindicte populaire, tout comme Taj et le MPA dont leurs patrons croupissent en prison et poursuivis pour plusieurs affaires.

    Que va faire Tebboune maintenant? Face aux résultats qui seront validés par le Conseil constitutionnel dans quelques jours, il ne pourrait que se résigner à accepter une cohabitation avec des partis qu’ils ne voulaient pas pour poursuivre son mandat. Dans son entourage, on est sûr d’une chose: le prochain gouvernement sera constitué de ses quatre ou cinq partis, en plus d’une intrusion d’un ou deux indépendants. Une alliance présidentielle sera le prochain chantier des nouveaux députés.

    En 2004 et jusqu’au 2012, le FLN, le RND et le MSP ont crée une coalition pour soutenir l’ex président Bouteflika. Après le retrait du MSP, c’est un dissident de ce parti islamiste qui prend le relais avec son TAJ, rejoint plus tard par le MPA, aujourd’hui disparu. Il est clair qu’on va vers la même configuration. Alliance présidentielle? Un scénario qui rappelle de mauvais souvenirs.

    Le Jeune Indépendant, 16 juin 2021

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  • Algérie : Les élections législatives couronnées de succès

    Les élections législatives couronnées de succès, en toute démocratie et sécurité

    Le succès de ces élections démontre la foi et les attentes que le peuple place dans l’avenir du pays et des ses institutions légitimes. Le taux de participation appréciable aux élections de dimanche reflète la confiance du peuple pour l’instauration de l’Etat de droit. La participation appréciable de 30 % à ce scrutin législatif au niveau national démontre ainsi la conscience politique, le patriotisme et la confiance des électeurs pour les horizons futurs de l’Algérie nouvelle avec l’espoir de voir se concrétiser les réformes promises par le président de la République, Monsieur Abdelmadjid Tebboune dans son programme politique. Des réformes que le citoyen voudrait voir plus rapide et radicales sur le plan économique et social.

    En dépit de certaines critiques il est certain que ceux parmi les nouveaux députés seront conscients et feront constamment des efforts pour s’acquitter de leurs responsabilités devant la Nation, contribuant de fait à amener l’Algérie dans une nouvelle ère républicaine et de développement rigoureux à tous les niveaux et tous les domaines. L’espoir est grand pour établir une position solide, une force d’engagement de tous, au stade de promotion, au maximum de toutes les forces accumulées afin d’aboutir et d’apporter une contribution effective importante à la réalisation des aspirations populaires.

    C’est dire que ces élections législatives sont à même de marquer le passage au pouvoir législatif d’une nouvelle génération d’élus qui en majorité n’ont pas connu les pratiques malsaines du passé, où le rajeunissement politique semble bien commencer et sera complété par les futures élections locales (APW-APC). Un rajeunissement politique pour promouvoir l’innovation et le flexibilité au sein des assemblées élues, tout en conservant l’esprit de la démocratie et d’ouverture vers la société à travers une approche de proximité au quotidien. Aussi il serait beaucoup plus de détermination de l’ensemble politique pour travailler sur les questions et les défis liés à la vie du citoyen, à l’économie, à la société, au développement national et à l’avenir de la jeune génération. B. C.

    Le Maghreb, 15 juin 2021

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  • Algérie : Ce qu’il faut retenir

    Les élections législatives se sont déroulées sans incidents notables. Le climat apaisé et la bonne organisation qui se sont vérifiées heure après heure en ce samedi 12 juin, ont permis aux citoyens d’effectuer leur devoir dans les meilleures conditions et ont surtout été derrière le nombre toujours croissant des votants qui, après une matinée plutôt mitigée, ont été plus nombreux à se rendre aux urnes en soirée.

    Un changement qui a permis au taux de participation de connaître une évolution significative atteignant selon le président de l’Anie le très respectable taux de participation de plus de 30%. Il faut aussi dire que l’intervention du président de la République juste après avoir effectué son devoir de citoyen, a aussi eu un impact sur les Algériens qui ont pu suivre tout au long de la journée l’intervention du chef de l’Etat qui a encore une fois martelé sa ferme intention et sa volonté inébranlable d’édifier la nouvelle Algérie et de consolider le choix démocratique du peuple algérien auquel reviendra les décisions suprêmes de choisir ceux qui auront à gérer sa destinée pendant le temps d’un mandat démocratique.

    Il est peut être prématuré de tirer des enseignements définitifs de ce scrutin parlementaire. Mais on peut d’ores et déjà retenir que pour la première fois, la route n’était pas toute ouverte pour ceux qui avaient pris l’habitude de recourir aux moyens détournés pour se faire élire en usant de l’argent sale et d’achat des siéges. Le phénomène n’est peut être pas totalement éradiqué, mais il est clair que nous sommes dans le bon chemin, et les listes des jeunes ont pour la première fois trouvé écho et place pour prétendre être dans les assemblées élues du pays. L’autre enseignement de ces joutes électorales, c’est la percée en force de la société civile qui commence enfin à prendre sa place dans les rouages de la République qui n’est plus la chasse gardée d’une caste qui a vampirisé tous les postes de responsabilités qu’ils soient élus ou désignés. Un rendez-vous électoral nouveau qui signe en quelque sorte la fin des dinosaures députés qui ont régné, grâce au système des quotas et autres subterfuges,, sans partage sur le parlement depuis de longues décennies et qui se voient aujourd’hui dégagés par de nouvelles forces politiques plus jeunes et plus décidées à servir la nation d’une toute autre manière.

    Bien sûr, il est encore tôt pour tirer toutes les conclusions qui s’imposent, mais il est certain qu’une fois la composante de la nouvelle APN connue, on aura une idée plus précise sur les changements intervenus, mais aussi et surtout sur les changements qui seront à attendre.

    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 14 juin 2021

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  • Algérie : Et maintenant !

    Les élections législatives qui se sont déroulées hier sont, sans aucun doute, le premier véritable test des urnes depuis le 22 février 2019. Un rendez-vous qui arrive près de deux ans et quatre mois plus tard. Certes, entre-temps, il y a eu l’élection présidentielle de décembre de la même année (2019) et le référendum du 1er novembre dernier, mais la conjoncture est bien différente.

    Reste à savoir si la «différence» va se «matérialiser» concrètement dès l’annonce des résultats. Il s’agit en premier lieu du primordial paramètre qu’est le taux de participation. Le 12 décembre 2019, il était aux environs de 40%. Onze mois et 12 jours après, le référendum enregistrait un taux de participation bien moindre. Il n’avait pas atteint les 24%.

    Evidemment, ces élections législatives seront très attendues pour d’autres aspects, aussi bien importants. Qui seront les nouveaux députés, les premiers de «l’Algérie nouvelle» ? Quels seront les partis politiques qui vont se «distinguer» à travers les urnes ? Et bien d’autres interrogations se sont imposées depuis la dissolution de l’ancienne législature.

    La nouvelle APN qui naîtra de ces élections est, quels que soient les résultats définitifs, d’avance inédite. La prédominance des listes d’indépendants suggère qu’ils seront probablement très nombreux au sein de l’Assemblée. Il est même probable qu’ils seront majoritaires.

    C’est la notion de «vote-sanction» qui va peut-être avoir une nouvelle forme cette fois. Après tout ce qui s’est passé depuis février 2019, les partis politiques de l’ex-«Alliance» vont probablement se retrouver (au moins) minoritaires. La disparition latente du FLN et du RND pourrait s’annoncer dès maintenant.

    Il y a également la place que prendra la mouvance islamiste dans l’Hémicycle qui suscite de nombreuses spéculations. Et comment oublier Jil Jadid et ce qu’il compte apporter comme plus-value à la prochaine assemblée ? Et qu’est-ce qui changera dans le gouvernement avec cette nouvelle configuration ? D’innombrables questions pour des réponses encore «floues». Ah oui, il reste aussi à évoquer les «forces» du boycott ! Mais cela est une autre histoire…

    Reporters, 13 juin 2021

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  • Algérie: L’essentiel est dans la pérennité du processus électoral

    L’Algérie a vécu, hier, un jour particulier. Le jour de vote constitue, en effet, pour toute République moderne un moment fort, puisqu’il renvoie aux fondements même de la nation et réaffirme le pouvoir qu’a le peuple sur sa destinée. Voter est un acte de citoyenneté, mais aussi un geste par lequel la société exerce son pouvoir légitime, celui de choisir ses gouvernants. En un mot comme en mille, les élections sont l’expression la plus moderne de la gouvernance, pour la simple raison qu’il y a dans cet acte une notion de réversibilité au sens où tout mandat est limité dans le temps. Fondamentalement donc, le scrutin législatif d’hier est véritablement un rendez-vous crucial comme l’ont été les précédents et comme le seront les prochains.

    Cela pour dire qu’il n’y a pas d’alternative aux élections dans n’importe quel pays au monde et notamment en Algérie. Rappelons-nous, au cœur même de la tempête sécuritaire des années 90, c’était par le vote lors de la Présidentielle de 1995 que le peuple a dit son mot et rejeté l’islamisme radical et son pendant, le terrorisme sauvage. Aujourd’hui, la situation est différente, l’Algérie est apaisée et surtout confortée par un éveil politique exceptionnel matérialisé par le mouvement populaire qui a su dire stop à la présidence à vie. Depuis l’avènement de la nouvelle République, la société entrevoit son avenir avec sérénité malgré les petits problèmes du quotidien. Mais cela n’enlève rien à l’importance du rendez-vous électoral, car c’est à travers des actes pareils que se construisent les grandes nations.

    La réalité du terrain n’est pas aussi idyllique, loin s’en faut. Les critiques fusent de partout, le boycott annoncé d’une partie de la classe politique est une donnée constante de la scène nationale et la crédibilité des élus des précédentes assemblées était quelque peu entamée par le faible taux de participation enregistré tout au long des deux dernières décennies. Mais dans tout cela, il convient de souligner que l’Algérie a vécu trois semaines de campagne électorale où l’on a vu des jeunes hommes et des jeunes femmes sortis du Hirak, entrer en politique et croire en leur capacité de changer les choses dans leur pays. Ils risquent peut-être de ne pas convaincre lors de la prochaine législature. Mais qu’à cela ne tienne, d’autres essayeront en 2026. L’essentiel est dans la pérennité du processus électoral. Le reste viendra avec les luttes politiques.

    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 13 juin 2021

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