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  • Nelson mandela et l’Algérie: Une relation particulière

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    Nelson Mandela avait une relation particulière et des liens « très étroits » avec l’Algérie, sa seconde patrie, l’ancien président sud-africain ayant été très imprégné de l’histoire de la résistance algérienne contre le colonialisme français, dont il s’est beaucoup inspiré dans sa lutte contre le régime de l’apartheid dans son pays.

    «C’est l’Algérie qui a fait de moi un Homme. » Ainsi parlait cette figure de proue de la lutte anti-apartheid et premier président noir d’Afrique du Sud, pour témoigner d’une gratitude éternelle en direction du pays qui l’a accueilli et entraîné entre 1961 et 1962. C’est dire que la relation qui liait Nelson Mandela, connu également sous le nom de « Madiba » (1918-2013) à l’Algérie, était intime, presque fusionnelle, selon des analystes. Ce n’est pas un hasard si Nelson Mandela, libéré de prison en février 1990, après avoir passé 27 ans dans les geôles de l’apartheid, ait consacré sa première visite à l’étranger pour l’Algérie. Ainsi, c’est en mai 1990, que Mandela foule pour la seconde fois le sol algérien, pour être accueilli par le chef de la diplomatie de l’époque, Sid Ahmed Ghozali.

    L’ancien ambassadeur d’Algérie en Afrique du Sud, Nourredine Djoudi, qui fut l’interprète de Mandela en 1962, se souvient de cette visite historique. « Mandela a été impressionné par la Révolution algérienne et était venu en Algérie pour s’en imprégner, eu égard aux similarités entre les deux pays, telles que la discrimination raciale dont souffraient les Sud-africains et les Algériens », a ainsi déclaré M. Djoudi lors du « Forum de la mémoire » sur « Nelson Mandela et la Guerre de libération nationale », organisé mercredi dernier à Alger à l’occasion de la Journée internationale Nelson-Mandela.

    Pour Mandela, l’Algérie était une source d’inspiration tant sur le plan militaire que diplomatique. Il s’en était imprégné dans sa lutte anti-apartheid, a encore souligné le moudjahid et diplomate algérien. Lors de sa première visite en Algérie, Nelson Mandela a été accueilli triomphalement à la Coupole du complexe Mohamed-Boudiaf par le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), feu Abdelhamid Mehri. Le futur président de l’Afrique du Sud post-apartheid a eu des mots qui témoignent d’une gratitude éternelle en direction de l’Algérie: « Je suis le premier Sud-africain à avoir été entraîné aux armes en Algérie. Quand je suis rentré dans mon pays pour affronter l’apartheid, je me suis senti plus fort », avait-il dit.

    Et d’ajouter : « C’est l’Algérie qui a fait de moi un homme. » Une sensation immortalisée par « Madiba » au Sanctuaire des Martyrs à Alger, qui a posé le poing levé vers le ciel en signe de victoire dans la lutte commune des deux peuples pour leur liberté, contre le colonialisme et contre l’apartheid. Et cette lutte commune remonte à avant l’indépendance de l’Algérie, en 1961 précisément. A cette date, l’African National Congress (ANC) dépêche Nelson Mandela dans différents pays du continent noir pour trouver des appuis à la lutte contre le régime raciste de l’apartheid. Et après l’indépendance de l’Algérie, l’ANC ouvre un bureau à Alger.

    Ce bureau était représenté par de grandes personnalités de la lutte contre l’apartheid comme Robert Reisha et Johnny Makatini qui fut responsable des relations extérieures de l’ANC. Entretemps, Mandela est arrêté et jugé fin 1962 par le régime raciste de Pretoria. Condamné à perpétuité, il ne reverra plus la terre algérienne qu’en 1990, soit trois mois après sa libération (le 11 février 1990). Entre-temps, les militants de l’ANC seront admis dans l’académie de Cherchell et suivront des entraînements pointus. Dans ses mémoires intitulées « Le long chemin vers la liberté », le défunt Mandela soutenait que la Révolution algérienne a représenté une « inspiration particulière » pour lui, dans le sens où elle a constitué « le modèle le plus proche du nôtre, parce que les Moudjahidine algériens affrontaient une importante communauté de colons blancs qui régnait sur la majorité indigène ».

    Le monde célèbre ce lundi 18 juillet, correspondant à la date de naissance de « Madiba », la Journée internationale Nelson-Mandela (Mandela Day), proclamée en novembre 2009 grâce à une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies, laquelle reconnaît la contribution que l’ancien leader a apportée à la lutte pour la démocratie et à la promotion d’une culture de paix et de liberté à l’échelle internationale.

    Par : RAHIMA RAHMOUNI

    Le Midi libre, 18/07/2022

    #Algérie #Nelson_Mandela #Afrique_du_sud #Appartheid

  • Human Rights Watch accuse Israël de crimes d’ »apartheid » contre les Palestiniens

    Des manifestants palestiniens se tiennent devant une colonie juive lors d’une manifestation, à Kafr Qaddum, en Cisjordanie occupée par Israël, le 13 novembre 2020. REUTERS/Mohamad Torokman/File Photo

    Un organisme international de surveillance des droits de l’homme a accusé mardi Israël de mener des politiques d’apartheid et de persécution contre les Palestiniens – et contre sa propre minorité arabe – qui équivalent à des crimes contre l’humanité.

    L’organisation Human Rights Watch, basée à New York, a publié un rapport de 213 pages qui, selon elle, ne vise pas à comparer Israël à l’Afrique du Sud de l’époque de l’apartheid, mais plutôt à évaluer « si des actes et des politiques spécifiques » constituent un apartheid au sens du droit international.

    Le ministère israélien des affaires étrangères a rejeté ces affirmations, les qualifiant de « grotesques et fausses », et a accusé HRW de nourrir un « programme anti-israélien », affirmant que le groupe cherche « depuis des années à promouvoir le boycott d’Israël ».

    Il y a quelques semaines, la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé qu’elle allait enquêter sur les crimes de guerre commis en Cisjordanie et dans la bande de Gaza occupées par Israël, l’armée israélienne et des groupes palestiniens armés tels que le Hamas étant désignés comme auteurs potentiels.

    Dans son rapport, HRW souligne que les restrictions israéliennes à la circulation des Palestiniens et la saisie de terres appartenant à des Palestiniens pour l’implantation de colonies juives dans les territoires occupés lors de la guerre du Moyen-Orient de 1967 sont des exemples de politiques qui, selon elle, constituent des crimes d’apartheid et de persécution.

    « Dans l’ensemble d’Israël et des (territoires palestiniens), les autorités israéliennes ont poursuivi l’intention de maintenir la domination sur les Palestiniens en exerçant un contrôle sur les terres et la démographie au profit des Israéliens juifs », indique le rapport.

    « Sur cette base, le rapport conclut que les responsables israéliens ont commis les crimes contre l’humanité d’apartheid et de persécution », tels que définis par la Convention sur l’apartheid de 1973 et le Statut de Rome de 1998.

    ACCUSATIONS DE BOYCOTT

    Les responsables israéliens s’opposent farouchement aux accusations d’apartheid.

    « L’objectif de ce rapport fallacieux n’est en aucun cas lié aux droits de l’homme, mais à une tentative permanente de HRW de saper le droit de l’État d’Israël à exister en tant qu’État-nation du peuple juif », a déclaré le ministre des Affaires stratégiques, Michael Biton.

    Le ministère israélien des affaires étrangères a déclaré que le programme israélien de HRW était « dirigé par un partisan connu du BDS, sans aucun lien avec les faits ou la réalité sur le terrain », en référence au mouvement pro-palestinien Boycott, Désinvestissement et Sanctions.

    L’auteur du rapport, Omar Shakir, directeur de HRW Israël et Palestine, a été expulsé d’Israël en 2019 suite à des accusations de soutien au BDS.

    Shakir nie que son travail à HRW et les déclarations pro-palestiniennes qu’il a faites avant d’être nommé au poste de HRW en 2016 constituent un soutien actif à BDS.

    Shakir a déclaré à Reuters que HRW enverrait son rapport au bureau du procureur de la CPI, « comme nous le faisons normalement lorsque nous arrivons à des conclusions sur les commissions de crimes qui relèvent de la compétence de la Cour. »

    Il a précisé que HRW a également envoyé à la CPI son rapport de 2018 sur les éventuels crimes contre l’humanité commis par l’Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas et le militant islamiste Hamas.

    ENQUÊTE DE LA CPI

    La procureure de la Cour pénale internationale a déclaré en mars qu’elle enquêterait officiellement sur les crimes de guerre dans les territoires palestiniens, après que les juges de la CPI ont statué que la Cour y était compétente.

    L’Autorité palestinienne a salué cette décision, mais le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu l’a dénoncée comme antisémite et a déclaré qu’Israël ne reconnaissait pas l’autorité de la Cour.

    HRW a appelé le procureur de la CPI à « enquêter et poursuivre les individus impliqués de manière crédible » dans l’apartheid et la persécution.

    HRW a également déclaré que la loi israélienne de 2018 sur « l’État-nation », qui stipule que seuls les Juifs ont le droit à l’autodétermination dans le pays, « fournit une base juridique pour mener des politiques qui favorisent les Israéliens juifs au détriment » de la minorité arabe de 21 % du pays, qui se plaint régulièrement de discrimination.

    Les Palestiniens cherchent à obtenir la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est, des zones conquises lors du conflit de 1967, pour un futur État.

    En vertu d’accords de paix provisoires avec Israël, les Palestiniens disposent d’une autonomie limitée en Cisjordanie ; le Hamas dirige Gaza.

    Reuters, 17 avr 2021

    Etiquettes : Israël, Palestine, Appartheid, Gaza, Jérusalem-Est, Al Qods, Cisjordanie, RRW,

  • Ce que Nelson Mandela a appris auprès de l’Algérie

    18 Mars 1962. A Evian, les négociateurs viennent de signer les accords mettant fin à la guerre d’Algérie. Le jour même, Nelson Mandela prend le train entre Rabat et Oujda. Il voyage clandestinement afin d’avoir des discussion politiques avec les indépendantistes algériens et acquérir une formation militaire.

    Son instructeur militaire n’est autre que Mohamed Lamari, celui qui sera chef-d’état major de l’armée algérienne pendant la guerre civile jusqu’à 2005.

    Au lendemain des accords d’Evian, les cinq leaders historiques du Front de Libération Nationale dont Ahmed Ben Bella sont libérés. Ils se rendent au Maroc pour avoir une vue d’ensemble de la situation alors que des dissensions se font jour entre l’état-major de l’ALN et le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA). En réalité, une lutte acharnée pour le pouvoir avait déjà commencée.

    Malgré les précautions prises, Mandela est surveillé au Maroc par les services secrets occidentaux. Il voyage avec un faux passeport éthiopien sous le nom de David Motsomayi. En avril 1962, il se rend au Mali durant son périple de retour.

    Revenu en Afrique du Sud, il est arrêté le 5 août 1962. Son arrestation a été rendue possible par une aide de la CIA, qui avait transmis des informations à la police sud africaine sur sa fausse identité. Il est accusé d’avoir quitté le pays clandestinement. Mais inspiré par la lutte des indépendantistes algériens, c’est désormais un homme déterminé. Le combat contre l’injustice raciale doit passer par la confrontation armée. A son procès en novembre 1962, il déclare « S’il fallait le refaire, je ferais exactement la même chose. Ainsi aurait fait tout homme digne de ce nom. » Il est alors condamné à cinq ans de prison.

    Deux ans plus tard, il passe de nouveau en justice pour avoir auparavant créé une branche clandestine armée au sein de l’ANC. Accusé de rébellion armée, il est condamné à la prison et aux travaux forcés à perpétuité lors du procès de Rivonia. Au cours de ce procès en 1964, il assume son parcours.

    « En Afrique, le soutien m’a été promis par de tels hommes… Ben Bella, l’actuel président de l’Algérie. C’est Ben Bella qui m’a invité à visiter à Oujda le quartier général de l’armée algérienne de Libération Nationale. »

    L’Algérie n’est pas seule à l’aider. La Tunisie de Bourguiba lui donne une aide financière.

    En décembre 1974, l’Algérie préside l’assemblée générale de l’ONU. Après des débats acharnés, l’Afrique du Sud ségrégationniste est exclue des Nations Unies. Le jeune ministre des affaires étrangères Abdelaziz Bouteflika venait de réaliser un exploit diplomatique. Mais la victoire diplomatique africaine n’était pas totale. Les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne opposent leur veto à toute sanction économique contre Pretoria.

    Soumis à la pression internationale, le régime d’apartheid cherche à obliger Nelson Mandela à renoncer à l’option de la lutte armée. Ce dernier répond en février 1985 « Seuls des hommes libres peuvent négocier ; des prisonniers ne peuvent contracter des accords. »

    Avec le cours des événements, le monde change. Le bloc soviétique s’écroule. Le régime d’apartheid finit par disparaître. Enfin libre, Nelson Mandela deviendra le premier président noir d’Afrique du Sud. Un rêve exprimé dès 1952 se réalise. Et c’est un homme qui a appris des erreurs des autres. Il a étudié l’histoire contemporaine d’autres pays dont l’Algérie et le Zimbabwe.

    Véritable homme d’Etat, il prendra des décisions et suivra une démarche pour réconcilier les sud-africains de toutes races, de toutes ethnies, de toutes classes sociale.

    Tags : Algérie, Maroc, Mandela, Madiba, appartheid, racisme, Pretoria, FLN,