Les services de sécurité ont arrêté un individu qui se fait passer pour un policier exerçant au niveau du port d’Alger. Ce faux policier a réussi à dépouiller plusieurs immigrés algériens de leurs devises à leur arrivée au port d’Alger, rapporte le quotidien arabophone El Khabar.
Certains individus ont recours à des stratagèmes pour amasser de l’argent en faisant fi de la loi et de la morale. C’est le cas de ces personnes qui se font passer pour des agents de police ou d’autres corps constitués, dans le but d’escroquer leurs victimes, en se cachant derrière leurs faux profils. Mais souvent, les usurpateurs de fonctions finissent par se faire démasquer.
C’est ce qui s’est passé avec cet individu qui se faisait passer pour un policier exerçant au niveau du port d’Alger, que les services de la Sûreté de la wilaya d’Alger ont réussi à arrêter le 15 mai 2022. Selon le quotidien arabophone El Khabar, les éléments de la Police judiciaire de la Sûreté d’Alger ont arrêté un individu « pour usurpation de qualité d’un corps constitué » au niveau du port d’Alger.
Le faux policier utilisait un talkie-walkie et un badge falsifié pour accéder au port d’Alger
Selon le lieutenant de police, Mezzani Hocine Seif El Islam, cité par El Khabar, le faux policier se faisait passer pour un agent exerçant au port d’Alger. Il utilisait un appareil talkie-walkie et un faux badge d’accès à l’enceinte portuaire. Le mis en cause avait réussi à dérober des sommes en devise à plusieurs personnes âgées immigrées, indique la même source. Après parachèvement des procédures légales en vigueur, le faux policier a été déféré devant le procureur de la République, précise-t-on.
Dans les pays du Golfe , les femmes marocaines sont assimilées à des prostituées ou à des sorcières.
L’ouvrage « Sex and the medina » lève le regard de la femme saoudienne sur les Marocaines, « ces putes sorcières aux mœurs débridées, voleuses de maris ».
Pour les Saoudiennes rencontrées par l’auteur de Sex and the medina, les Marocaines sont avant tout « le pétrole de leur pays ».
Les femmes saoudiennes ont peur de ces jeunes filles prédatrices, prêtes à tout pour se faire épouser le riche homme originaire du Khalij (Le Golfe arabique). Ce dernier raffole de la femme marocaine et apprécie son appétit comme un signe d’amour et non de débauche.
La prétendue « sorcellerie » pratiquée par la femme marocaine est évidente sur ce bonhomme qui a piqué une grave crise à l’aéroport de Tanger. Complètement hors de lui, il s’est jeté sur le sol tout en criant « J’aime Najate, amenez-la-moi ».
Le public marocain a enregistré la séquence dans un vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux.
La prostitution et vie sexuelle des Saoudiennes et des marocaines
Si les Saoudiennes et les Koutiennes accusent les marocaines de prostitutions, les marocaines elles ripostent en les accusant de prostitutions déscrètes avec soumission.
Les pays du Golfe intensifient leurs attaques contre les femmes marocaines qu’ils assimilent à des prostituées ou à des sorcières. Un livre choc révèle la réalité des alcôves de la péninsule arabique. Sex and the medina est un livre témoignage édité chez Plon, écrit par une hôtesse de l’air marocaine qui a préféré garder l’anonymat.
Souvenez-vous, en 2004, ces mêmes éditions Plon avaient réalisé un coup de maître en publiant le premier roman érotique écrit par une Arabe, L’Amande de Nedjma, suivi de La Traversée des sens, du même auteur. Les deux livres ont été traduits dans une douzaine de langues, mais pas en arabe. Et aujourd’hui, une Marocaine lève le voile sur les femmes saoudiennes, leurs longues journées oisives, les bavardages incessants autour de leur vie sexuelle, leurs recettes de beauté pour captiver leurs maris, leurs rêves, leurs fantasmes, leurs liaisons secrètes, et surtout leur regard sur les Marocaines, « ces putes sorcières aux mœurs débridées, voleuses de maris ».
Elles leur font peur mais les Saoudiennes ne peuvent s’empêcher de les envier. Elles ont le droit de conduire des voitures, de travailler, de parler avec des hommes sans lien de parenté avec elles, de voyager seules, sans tuteur. Un privilège qui ne leur est pourtant pas accordé par l’Arabie saoudite, la Jordanie ou la Syrie.
Le PJD a même appelé le ministère des Affaires étrangères marocain à intervenir pour faire cesser un tel abus dans le traitement des Marocaines et rendre la dignité aux familles touchées par cette exclusion. Il a demandé cet été aux autorités marocaines d’ouvrir le dialogue avec leurs homologues saoudiens pour éclaircir la situation (voir nos questions à Bassima Hakkaoui).
Pour les Saoudiennes rencontrées par l’auteur de Sex and the medina, les Marocaines sont avant tout « le pétrole de leur pays ».
Retraitée à 25 ans
Sex and the medina, c’est Sex and the city version arabo-musulmane. Si Carry Brad-show, Samantha, Charlotte et Amanda ont été choquées par les mœurs et la culture d’Abu Dhabi, les quatre drôles de dames saoudiennes de Sex and the medina ne s’intéressent pas aux Américaines ou autres Occidentales jugées trop caricaturales. Elles se passionnent davantage pour leurs « sœurs » de la nation musulmane qui se sont émancipées, troquant les traditions pour une modernité à la thaïlandaise mêlant alcool, drogue et prostitution.
Elles n’arrivent pas à croire que notre narratrice, hôtesse de l’air dans une compagnie saoudienne, soit vierge et ne se contente, à 28 ans, que de flirts, se préservant pour son futur époux. Elles fantasment sur le collègue marocain de Leila, stewart, qu’elles imaginent viril, doux et conciliant. Mais surtout, elles ont peur de ces jeunes filles prédatrices, prêtes à tout pour se faire épouser en raflant la mise.
Nous avons rencontré l’une d’entre elles à Casablanca. A 25 ans, Badria est propriétaire d’un appartement dans un quartier plutôt chic, porte des vêtements de marques et arbore des bijoux que seules les grandes bourgeoises casablancaises peuvent s’offrir.
Belle, grande, claire, séduisante à souhait, elle est pourtant déjà à la retraite. « Les Saoudiens aiment les filles jeunes, très jeunes », dit-elle en riant. « Moi, je suis déjà hors circuit. Je suis allée en Arabie saoudite à l’âge de 15 ans. Et j’ai découvert un monde souterrain que les musulmans qui vont en pèlerinage sur cette terre sacrée ne peuvent même pas imaginer. Là-bas, il n’y a pas de boîtes de nuits ou de bars, mais des caves de villa aménagées comme les plus belles discothèques du monde. Quand il y a une soirée, les filles arrivent à la porte et sont sélectionnées à l’entrée. Une caméra à l’intérieur permet aux hôtes saoudiens de faire le casting », poursuit-elle.
Dans le contrat de ces filles, elles sont obligées de boire, fumer et se droguer. La plupart passeront la soirée à parader sans résultat, d’autres plus ou moins chanceuses, feront l’objet de la réalisation des fantasmes de quelques vieux pervers.
L’homme idéal
Pour la grand-mère saoudienne dans Sex and the medina, l’homme idéal est « celui qui s’intéresse à toi et aux tiens, qui essaie de s’approcher de ta famille. Celui qui te fait des compliments pour une belle chose que tu viens d’entreprendre. Celui qui ne compte pas l’argent avec toi et n’oublie jamais de te faire des cadeaux. »
Plutôt cupide comme approche pour des femmes qui traitent les Marocaines de prostituées ! Ce à quoi répond Joumana, la plus moderne de nos amies saoudiennes : « Un bon mari est celui qui ne prend pas une seconde épouse, qui encourage sa femme à s’épanouir hors de la cuisine et à exercer un métier, qui ne voit aucun inconvénient à ce qu’elle fraie avec ses amis garçons, qui est capable d’élever la voix pour lui épargner toute loi qui la brime ou touche à sa dignité, qui marche à côté d’elle et pas devant, qui ne fait pas rire le monde entier en la présentant sous les traits de l’esclave, qui n’a pas peur de sa sexualité et apprécie son appétit comme un signe d’amour et non de débauche, qui ne la tue pas parce qu’il a découvert qu’elle n’était pas vierge.»
Il est vrai que cela ressemble beaucoup à une plaidoirie de femme marocaine. Finalement, aussi bien au Maroc qu’en Arabie saoudite, les rapports du couple se noient dans la tradition, comme l’explique Abdelbaki Belfqih, sociologue (voir interview). Et les femmes en sont à la fois les principales instigatrices et les premières victimes.
Les meilleures clientes de nos fqihs
Elles sont prêtes à payer le prix fort nos Saoudiennes pour bénéficier des services de nos fqihs, de nos voyantes ou des recettes des Marocaines, amulettes et aphro-disiaques propres à enchaîner les maris. Dans son ouvrage, notre hôtesse de l’air raconte : « Ma cousine Nora s’est proposée de motiver la bande à magie qu’elle avait recrutée, composée de deux anciennes femmes de ménage en leur promettant un visa pour l’Arabie et la moitié des frais du pèlerinage. Elles ont mis la main sur une sahhara à la mode, une certaine Zineb que l’on disait mariée à un être de l’au-delà, instigateur de ses formules et de ses remèdes censés venir à bout de tous les maux. Elle aurait reçu les plus grands de ce monde sous sa modeste tente, certains citant le président français Jacques Chirac en personne. »
Nous vérifions la cote des sorciers marocains auprès de Mohamed, un fqih en vogue qui tient boutique à Derb Sultan. « Je me rends à la Mecque régulièrement, trois à quatre fois par an, tous frais payés », dit-il fièrement.
« Ces dames saoudiennes sont extrêmement friandes de nos compétences. Elles payent très cher pour domestiquer leurs époux, jusqu’à 40 000, voire 50 000 dirhams uniquement pour les mater », poursuit-il. Ce sont, de loin, les meilleures clientes de nos enchanteurs en tout genre.
Nuits barbares
Les nuits de noces des Saoudiennes ressemblent aux nôtres… Il y a 30 ans, dans les centres urbains et aujourd’hui, dans les campagnes.
Plutôt barbares, saignantes et mettant en valeur la virilité des hommes. « Il a mis sa main sur ma tête et il a lu la sourate : “Quiconque parmi vous acquiert une femme, un serviteur ou une bête, qu’il pose sa main sur son front et dise : O Allah, je te quémande son bienfait et sa prédisposition à faire du bien et protège-moi contre sa malfaisance et sa prédisposition à faire du mal’’ », raconte Salma, l’une des quatre Saoudiennes. Il l’a ensuite possédée sauvagement. Il s’est avéré par la suite qu’il était homosexuel.
Quant aux autres, ce n’est pas mieux, le rituel est le même. Visiblement aux yeux des Saoudiens, leur femme est avant tout la future mère de leurs enfants. Leur plaisir, ils vont le chercher ailleurs.
Leila B. nous livre un récit cru, réaliste et sans concessions. Sex and the medina est un ouvrage à ne pas manquer !
Les cigares marocains ne peuvent plus être appelés cigares de la Havane
Un jugement a donné tort à l’homme d’affaires qui a enregistré ce nom au Maroc en 2011.
L’aventure des cigares marocains a été bouleversée cette semaine par un jugement du tribunal de commerce de Casablanca, qui a donné tort à l’homme d’affaires local Mohamed Zehraoui, qui ne pourra désormais plus utiliser le nom habanos pour commercialiser ses « cigares 100% marocains », selon les premiers éléments du jugement.
Même les cigares de la République dominicaine (le principal concurrent de Cuba dans le secteur) n’ont pas le droit d’utiliser le nom Habanos, mais au Maroc, Mohamed Zehraoui a trouvé une faille en 2011 et a enregistré le nom Habanos S.A. au registre du commerce de Casablanca, profitant du fait que la société cubaine du même nom n’avait pas enregistré la marque dans le pays du Maghreb.
Pendant des années, ce n’était rien de plus qu’un nom dormant dans un registre, mais en 2019, Zehraoui est passé à l’offensive : il a commencé à fabriquer ses propres cigares sur place et à les proposer à des boutiques haut de gamme, mais il est allé plus loin : il a dénoncé La Casa del Habano, une franchise de la corporation cubaine, pour avoir ouvert une boutique à Casablanca « usurpant » le nom qu’il avait déposé.
Les tribunaux marocains lui ont d’abord donné raison et ont pris des mesures contre La Casa del Habano, mais la Société marocaine du tabac (SMT), majoritaire dans le secteur, a alors entamé une patiente bataille juridique qui vient de porter ses fruits. Discrètement, et sans être visible, la corporation cubaine Habanos a soutenu les efforts de la SMT, craignant que d’autres hommes d’affaires avisés dans le reste du monde ne suivent l’exemple de Zehraoui.
Lundi dernier, le tribunal de commerce de Casablanca a annulé le nom enregistré en 2011 au registre du commerce, a exigé que le nom Habanos S.A. soit effacé de l’Office marocain de la propriété industrielle et a ordonné à l’homme d’affaires propriétaire de publier le jugement dans deux journaux nationaux, l’un en arabe et l’autre en français, selon la décision du tribunal.
Corporación Habanos S.A. s’est refusée à tout commentaire, préférant laisser l’affaire entre les mains de ses avocats.
Conséquences politiques et mystère industriel
Croyant peut-être que l’État marocain le soutiendrait s’il revendiquait des intentions politiques, Zehraoui a fait des déclarations laissant entendre qu’il pourrait retirer le nom en échange d’une contrepartie politique. Il a déclaré à une occasion : « Les Cubains financent le Front Polisario. Si un jour ils rompent avec le Polisario, alors j’enlèverai le nom de ma société et je l’appellerai simplement HaHa », a-t-il dit en plaisantant et en toute sincérité.
En effet, Cuba a été pendant des décennies le principal soutien, sur tout le continent américain, du mouvement sahraoui qui cherche à obtenir l’indépendance de son pays vis-à-vis du Maroc, bien qu’elle ait désormais une ambassade ouverte à Rabat et ne soit plus un ennemi déclaré du Maroc.
Mais le gouvernement marocain n’a pas voulu entrer dans ce conflit de marque et a laissé les tribunaux faire leur travail : la SMT a non seulement dénoncé Zehraoui pour l’utilisation du nom, mais aussi pour un prétendu délit de fraude et de faux, car elle allègue que les usines mêmes où les employés de Zehraoui moulaient le tabac n’avaient aucune vie réelle, ni aucune trace d’activité.
Il faut dire que Zehraoui lui-même a toujours été très évasif lorsqu’on lui posait des questions précises : il a dit que ses champs de tabac se trouvaient « au nord du Maroc », sans plus de détails, et que son usine était située dans un quartier de Casablanca.
La seule chose qui soit claire comme de l’eau de roche, c’est qu’il vendait des cigares dont les vitoles portaient la mention Habanos S.A. et des noms comme « Romeo » (sans « Julieta »), « Roberto » ou « Corona ».
Cette même semaine, parallèlement au jugement du tribunal de commerce, un autre tribunal pénal de la même Casablanca a condamné la société de Zehraoui à une amende de 40 millions de dirhams (4 millions d’euros) pour diverses infractions liées au non-paiement des droits d’importation, à l’inexistence de documents comptables et à la non-déclaration de la production, selon le jugement révélé par le journal numérique Medias24, qui a suivi de près la plainte.
Mohamed Zehraoui et son fils Moulay Omar (propriétaire nominal de la société) sont apparus à profusion dans divers médias ces dernières années, mais tous les reportages avaient un parfum suspect de publicité. Personne n’a jamais pu voir les champs de tabac ou les usines. En fin de compte, le soupçon demeure que tout s’est joué sur un nom.
(CNN)La police de Hong Kong a arrêté un homme après qu’une femme de 90 ans a perdu environ 247 millions de dollars hongkongais (32 millions de dollars) dans une arnaque.
La femme a contacté la police le 2 mars et leur a dit qu’elle avait effectué un total de 10 paiements après que des escrocs lui aient dit que son identité avait été utilisée dans des activités criminelles en Chine continentale, selon un communiqué de la police envoyé à CNN mercredi.
La femme a déclaré avoir reçu un appel en août 2020 d’une personne qui prétendait travailler dans les forces de l’ordre en Chine continentale.
Ensuite, un homme qui prétendait être un responsable de l’application de la loi en Chine continentale s’est rendu chez elle et lui a donné un téléphone portable avec lequel elle pouvait communiquer avec eux, a indiqué la police. La femme a ensuite effectué une série de transactions sur deux comptes bancaires selon les instructions données.
La police a arrêté un homme de 19 ans le 25 mars. Il a été libéré sous caution et doit se présenter à la police fin avril, selon le communiqué.
L’enquête se poursuit et d’autres arrestations pourraient avoir lieu, a ajouté la police.
La femme vit dans le quartier le plus cher de Hong Kong, appelé The Peak, selon le South China Morning Post. Cette enclave exclusive se trouve au point le plus élevé de l’île de Hong Kong.
En octobre 2020, une femme de 65 ans a versé 68,9 millions de dollars hongkongais (8,9 millions de dollars) à des personnes qui, selon elle, l’accusaient d’être impliquée dans le blanchiment d’argent en Chine continentale, a rapporté le South China Morning Post. Trois hommes ont été arrêtés la semaine dernière en lien avec l’incident, a ajouté le journal.
En janvier 2019, un homme de 85 ans a perdu plus de 73,9 millions de dollars dans une arnaque à l’or qui a soutiré un total de 80 millions de dollars à sept victimes.
CNN, 21 avr 2021
Etiquettes : Chine, Hong Kong, arnaque, escroquerie,
Une partie de l’aide aux pays pauvres est détournée par les élites africaines qui placent l’argent dévoyé dans les paradis fiscaux, accuse une étude. Papa Demba Thiam, un ancien fonctionnaire de la Banque mondiale, appelle à des réformes en profondeur et suggère que l’institution aiderait davantage l’Afrique en y menant une politique active d’industrialisation.
Dévoilé il y a une dizaine de jours, le scandale de détournement de l’aide au développement versée par la Banque mondiale à des pays pauvres défraie la chronique, particulièrement en Afrique. Selon l’étude «Elite Capture of Foreign Aid» réalisée par l’un de ses cadres et deux collaborateurs extérieurs, une partie des financements serait dévoyée par les élites des pays assistés et placée dans des comptes offshore en Suisse, au Luxembourg et dans d’autres paradis fiscaux. Pour Papa Demba Thiam, un économiste sénégalo-suisse qui a travaillé pendant quatorze ans à la Banque mondiale, le rapport qui incrimine les dirigeants africains corrompus reflète la réalité. Mais ce n’est que le côté pile de la pièce.
Côté face, selon Papa Demba Thiam, «la corruption est à la Banque mondiale. Ses cadres sont présents à chaque étape – de la conception à l’évaluation finale, en passant par le financement par tranches – de tout projet, détaille-t-il. Le décaissement ne se fait pas sans avoir obtenu le satisfecit de la mise en œuvre. Il y a forcément des complicités à l’intérieur.»
Ce n’est pas la première fois que la Banque mondiale est confrontée à de telles accusations. Pour ne pas rester les bras croisés, elle a mis en place une unité spécialisée dans la lutte contre la corruption. Une unité qui traque les pots-de-vin dans l’exercice d’appel d’offres pour des projets financés par elle. Mais pour Papa Demba Thiam qui dit connaître le mal de l’intérieur, la bureaucratie étouffe les initiatives. «Des lanceurs d’alerte sont censurés et dans certains cas, ils sont licenciés sous des prétextes divers», accuse-t-il. Mais plus généralement, selon lui, des collaborateurs ne daignent pas dénoncer leurs collègues ou leurs supérieurs.
L’économiste sénégalais tient à signaler que des centaines de collaborateurs de la Banque mondiale, originaires d’Afrique et d’Asie, se complaisent dans leurs rôles respectifs par peur d’être licenciés. «Ils préfèrent garder leur emploi de fonctionnaire international avec les privilèges (le salaire moyen est de 15 000 dollars, sans taxe) qui vont avec, y compris le permis de séjour aux Etats-Unis, raconte-t-il. Pour certains, il est impensable de sacrifier leur emploi dans la mesure où leurs enfants sont scolarisés aux Etats-Unis ou ont des prêts à rembourser.» Et d’ajouter: «Le système se nourrit de lui-même et tous les maillons sont solidaires.»
La Banque Mondiale au coeur d’une arnaque africaine ? La Banque mondiale est mise dans une position inconfortable par l’étude. Cette dernière était prête déjà en novembre 2019 mais, pour la direction, les conclusions étaient trop à charge. C’est seulement après que l’un des auteurs l’a publiée sur son propre site internet, faisant éclater le scandale au grand jour, que la Banque mondiale l’a adoptée et finalement fait paraître le 18 février, non sans avoir nuancé certains propos. C’est dans le sillage de cette affaire que sa cheffe économiste Pinelopi Goldberg a démissionné de son poste.
Dans une note laconique postée sur son site internet le même jour, l’institution reconnaît que l’étude commençait à attirer beaucoup l’attention. «La direction prend au sérieux la corruption et les risques de fiduciaire, peut-on lire. L’étude «Elite Capture of Foreign Aid» a été revue plusieurs fois et a, par conséquent, été améliorée.»
Selon Papa Demba Thiam, cette étude serait restée dans les tiroirs sans le courage de ses auteurs. Le fait qu’elle a été réalisée par trois économistes ressortissants de pays nordiques a joué un rôle décisif. «Ils ont une culture de bonne gouvernance et du respect de la loi, commente-t-il. Ils ont bravé le système d’autant plus que leurs pays sont les premiers pourvoyeurs d’aide.»
La Banque mondiale reste-t-elle tout de même pertinente? Papa Demba Thiam, qui la qualifie de «gestionnaire de la pauvreté», affirme que David Malpass, son président depuis avril 2019, est partisan des réformes. «Il faut aller revoir la mission de cette institution de sorte qu’elle fonctionne comme une banque commerciale. Elle ne doit prêter que pour financer des projets solides et avérés. Mais surtout, elle doit promouvoir en Afrique une politique d’industrialisation fondée sur les matières premières locales, avec des partenaires qui acceptent qu’une partie de la valeur ajoutée revienne au continent.»