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  • Impact géopolitique du retrait des USA d’Afghanistan

    Etats-Unis, Afghanistan, OTAN, AUKUS, Australie, Royaume Uni,

    La sortie définitive des États-Unis d’Afghanistan et le trouble qu’elle a créé chez les alliés, principalement en raison des conditions dans lesquelles elle s’est produite, continuent d’avoir un impact sur l’agenda stratégique des parties prenantes en Syrie et dans la région. Un autre signe du « pivot » américain a été l’annonce du partenariat avec le Royaume-Uni et l’Australie (AUKUS) pour la vente de sous-marins à propulsion nucléaire à cette dernière. La récente réunion de la « QUAD » (États-Unis, Inde, Japon, Australie) à la Maison Blanche a été la dernière confirmation de l’importance accordée par l’administration Biden à la région indo-pacifique et à la rivalité avec la Chine. Une situation ironique alors que l’UE prépare sa propre stratégie indo-pacifique. Les tensions transatlantiques sont donc loin de diminuer. SOS Blinken s’est rendu à Paris début octobre et le président américain Biden s’est entretenu avec son homologue français dans un effort évident pour apaiser les tensions entre Paris et Washington. Aucun résultat visible jusqu’à présent.

    Les consultations de l’ESNU Pedersen ont permis un accord de principe des parties pour la reprise des pourparlers sur le Comité constitutionnel à Genève le 18 octobre (cf. déclaration au CSNU du 28 septembre). Ce résultat fait suite à sa visite à Damas, où il a rencontré le FM Mekdad et le chef de la délégation du régime aux pourparlers de Genève, à Istanbul où il a rencontré des représentants de l’opposition menés par Anas Al Abde et des officiels turcs. Ces derniers ont souligné l’importance du processus d’Astana et du partenariat avec le Qatar. L’accord est également le résultat de ses consultations avec les Américains et les Russes.

    Il reste prudent quant aux chances de succès. Certes, la méthode acceptée par les parties apporte une nouvelle dynamique, c’est-à-dire des discussions plus « orientées vers les résultats », et des perspectives de calendrier pour parvenir à un résultat final d’installation d’une réforme constitutionnelle concrète. Mais la réponse de Damas reste clairement prudente, suivant le ton du discours d’investiture provocateur d’Assad en juillet dernier. D’autre part, le dialogue russo-américain ne semble pas encore très dense, notamment sur le  » pas à pas « , qui devrait prendre place dans les négociations à Genève. Il n’en reste pas moins que le temps presse et que l’on ne peut se permettre de revenir au tempo lent et parfois régressif de ces derniers mois. Un engagement américain plus fort, incluant la nomination d’un nouvel envoyé spécial, est nécessaire. Aucun rôle européen visible pour l’instant. L’opposition syrienne critique la communauté internationale pour son manque d’engagement derrière le processus de paix.

    Cette situation amène les pays arabes (notamment la Jordanie, les EAU, le Bahreïn et l’Égypte, si ce n’est l’Arabie saoudite) à explorer davantage la notion de normalisation avec le régime de Damas. Ils partagent avec Israël l’inquiétude de voir l’Iran se montrer plus agressif en Syrie. La Jordanie et Israël en particulier refusent de voir les milices soutenues par l’Iran renforcer leur présence près de leurs frontières. C’est ce qu’a fait savoir le ministre israélien des affaires étrangères Lapid lors d’une visite à Moscou (alors que Lavrov exprimait l’impatience de la Russie face aux frappes israéliennes répétées contre le territoire syrien). La Jordanie a fait la même remarque à Moscou, notamment lors d’une rencontre du roi Abdallah avec Poutine en août dernier. Dans le même temps, Amman souhaite voir les échanges avec la Syrie reprendre pour des raisons économiques.

    La livraison d’hydrocarbures iraniens au Liban via les ports syriens a conduit à une réunion des ministres de l’énergie jordanien, égyptien, syrien et libanais à Amman le 8 septembre. Ils se sont mis d’accord sur une feuille de route pour fournir du gaz naturel égyptien au Liban via la Jordanie et la Syrie, dès que la Syrie aura réparé la section du gazoduc située sur son territoire. Ils ont également approuvé des plans visant à approvisionner le Liban en électricité depuis la Jordanie via le territoire syrien. Le ministre syrien de l’électricité a mentionné un coût de 3,5 millions de dollars pour la réhabilitation du réseau électrique dans le sud de la Syrie. Le ministre libanais de l’énergie a déclaré que son pays était en contact avec la Banque mondiale pour le financement de l’approvisionnement en gaz égyptien. Le jour même de cette réunion ministérielle, les forces armées syriennes sont entrées dans la vieille ville de Daraa après des semaines de siège et après un accord négocié par la Russie avec les rebelles de la province. Une conquête essentielle pour permettre la mise en place de l’accord de fourniture de gaz et d’électricité.

    Par ailleurs, le ministre de la défense et chef d’état-major syrien, le général Ali Abdullah Ayyoub, s’est rendu à Amman le 19 septembre où il a rencontré son homologue jordanien, le général Yousef Hunaiti, chef d’état-major, pour discuter de la sécurité des frontières après la prise de contrôle de Daraa par le régime et du poste frontière de Nassib. Cela confirme l’approche jordanienne (sécurité et intérêts économiques, notamment le commerce avec l’Europe) ainsi que l’attitude pragmatique de Damas. Pour couronner le tout, le président syrien Bachar al-Assad et le roi Abdallah de Jordanie se sont entretenus au téléphone le 3 octobre, la première conversation publiquement connue entre les deux dirigeants depuis le début de la guerre civile en Syrie en 2011. Les deux dirigeants ont « discuté des relations entre les deux pays frères et des moyens de renforcer la coopération », selon un communiqué du palais royal jordanien. Abdallah a déclaré que son gouvernement soutient l’intégrité territoriale, la stabilité et la souveraineté de la Syrie – un clin d’œil à la position d’Assad selon laquelle toute la Syrie déchirée par la guerre doit revenir sous le contrôle de Damas et un long chemin depuis le soutien initial de la Jordanie aux groupes rebelles en Syrie.

    Il s’agit sans aucun doute d’une victoire pour le régime.

    C’est aussi un succès du dialogue russo-américain initié avec la rencontre au sommet Poutine-Biden à Genève et qui se poursuit au niveau des experts des deux nations. Cette approche « pas à pas » a également permis aux Etats-Unis de s’engager à ne pas soumettre les travaux de réhabilitation des infrastructures électriques dans le sud de la Syrie aux sanctions de l’Acte de César.

    La Turquie, quant à elle, doit s’écarter de ses priorités : soutenir l’opposition dans le nord-ouest et faire face à une nouvelle offensive du régime à Idlib, combattre les milices kurdes, contenir l’afflux de réfugiés et gérer ses relations avec ses alliés occidentaux. L’offensive de Damas avec le soutien de la Russie à Idlib produit des tensions avec Moscou. Des soldats turcs ont été tués récemment dans une attaque de groupes rebelles. Les rivalités entre groupes djihadistes, la mauvaise gouvernance et leurs exactions contre la population locale (notamment les médias) compliquent sa tâche. Selon les rumeurs, les chefs des services de renseignement turcs et syriens se seraient rencontrés à Bagdad.

    La Russie contrôle plus que jamais le jeu, sur le terrain comme on l’a vu à Dara et Idlib récemment, ainsi qu’au niveau diplomatique. En plus de poursuivre des échanges discrets avec les Américains, elle a multiplié les rencontres avec les représentants des pays de la région. Assad a rencontré Poutine le 13 septembre à Moscou pour la première fois depuis 2018. La discussion a tourné autour de la situation dans le nord-ouest et du sort des accords de cessez-le-feu.

    Des représentants des factions kurdes de l’est de la Syrie, dont l’AANES (Administration autonome du nord-est de la Syrie), se sont également rendus à Moscou. L’AANES tente d’obtenir les garanties de Moscou pour protéger le nord-est de la Syrie contre l’invasion de l’ARS (Armée nationale syrienne) et de la Turquie, et de pouvoir négocier avec Damas des conditions spéciales pour la région dominée par les Kurdes. De telles demandes sont considérées avec scepticisme par Moscou tant que le SDF (Syria Democratic Forces) est un allié militaire des États-Unis. Mais les Kurdes prévoient sans doute des options de secours en cas de départ des Américains.

    Et bien sûr, la Russie profite également des tensions transatlantiques mentionnées ci-dessus. La rencontre entre Poutine et Erdogan à Sotchi le 29 septembre semble avoir privilégié le style sur la substance, chaque dirigeant semblant mesurer le pouvoir de l’autre à imposer ses priorités et son statut sur la scène intérieure de son pays, tout en soulignant l’importance de la relation entre leurs deux pays, tant sur le plan stratégique qu’économique. Ni le ministre turc des affaires étrangères ni le ministre turc de la défense ne faisaient partie de la délégation d’Erdogan. Aucune conférence de presse conjointe n’a été organisée à l’issue de la rencontre. Outre l’Afghanistan, la Libye et le Caucase, la Syrie était à l’ordre du jour, notamment la situation à Idlib où l’accord de stabilisation entre Moscou et Ankara reste fragile. Comme pour réaffirmer le rapport de force, l’armée russe a mené des frappes contre l’enclave dans les zones contrôlées par les HTS et à Afrin contre des positions des ANS le 26 septembre. Les médias turcs font également état d’un mécontentement au sein de l’armée turque concernant les opérations dans le nord-ouest de la Syrie. Ankara n’est pas non plus particulièrement à l’aise avec l’invitation faite à l’AANES des YPG, dominée par les Kurdes, pour des contacts à Moscou le 16 septembre, juste après la visite d’Assad le 13 septembre.

    Quant à l’UE et aux Européens, ils peinent à trouver enfin un rôle stratégique digne de la boussole du même nom. Le consensus semble s’effriter, y compris sur la question de la normalisation avec le régime.

    Cependant, ils ne peuvent pas rester les bras croisés face au scepticisme croissant quant aux chances de succès du processus politique. Par ailleurs, la situation humanitaire désastreuse en Syrie et le traitement cruel et dégradant des réfugiés de retour au pays, mis en évidence dans le dernier rapport d’Amnesty International le mois dernier, ne nous permettent pas de rester les bras croisés. De même après le rapport du Réseau syrien pour les droits de l’homme (RSDH) qui indique que 94 civils ont été tués lors d’exécutions extrajudiciaires en Syrie en août dernier, dont 32 enfants, 10 femmes et autres. Le rapport note que c’est dans le gouvernorat de Daraa que l’on a constaté le plus de victimes civiles aux mains du régime.

    Cette destruction de la société civile en plus des infrastructures risque d’aboutir à un État failli qui rend toute reconstruction problématique même si les conditions politiques que nous posons sont plus ou moins remplies. Une réflexion s’impose sur les leviers dont nous disposons pour infléchir ce cours désastreux, en coordination et en dialogue avec les autres acteurs qui partagent tout ou partie de ces préoccupations, y compris les pays arabes.

    Marc Otte

    Egmont Institute, 14/10/2021

  • Blinken, à Paris, pour combler le fossé avec la France

    Blinken, à Paris, pour combler le fossé avec la France

    France, Anthony Blinken, Etats-Unis, Australie, sous-marins, #France, #SousMarins, #Australie,

    PARIS (AP) – Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a cherché mardi à réparer les dommages causés aux relations américano-françaises par l’exclusion par l’administration Biden du plus ancien allié des États-Unis d’une nouvelle initiative de sécurité indo-pacifique.

    Blinken a rencontré le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et devait voir plus tard le conseiller à la sécurité nationale du président Emmanuel Macron dans le but de rétablir la confiance entre les pays, notamment en ce qui concerne la lutte contre les défis croissants de la Chine mais aussi plus généralement.

    Blinken et Le Drian ont lancé la réunion avec une « visite à pied » privée du Quai d’Orsay, le siège du ministère français des Affaires étrangères, avant de s’asseoir pour des entretiens formels avec des collaborateurs de haut rang. Les deux ont échangé des plaisanteries avec Blinken disant « c’est un plaisir d’être ici », mais aucun n’a répondu aux questions criées par les journalistes.

    L’administration Biden a reconnu que l’annonce du mois dernier d’un accord indo-pacifique à trois entre l’Australie, la Grande-Bretagne et les États-Unis, connu sous le nom d’AUKUS, avait été mal gérée. Mais cela a également signalé un désir de faire amende honorable tout en suggérant que la rage de la France est une réaction excessive.

    La France a répondu avec fureur à l’annonce qui a également sabordé un contrat de sous-marin de plusieurs milliards de dollars qu’elle avait avec l’Australie, et a brièvement rappelé ses ambassadeurs à Washington et à Canberra dans une démonstration de dépit sans précédent.

    Les responsables français ont qualifié cela de coup de poignard dans le dos des alliés et ont exprimé leur déception que cela se soit produit après que le président Joe Biden ait proclamé « L’Amérique est de retour » et s’est engagé à restaurer et à valoriser les relations transatlantiques qui s’étaient détériorées pendant l’administration Trump.

    Les Français ont déclaré à plusieurs reprises qu’il faudrait beaucoup de temps et de travail pour surmonter la fracture et que l’incident souligne la nécessité pour l’Europe de développer ses propres plans de sécurité et de défense.

    Avant les réunions de mardi, le bureau de Le Drian a réitéré que la « crise » implique plus que la France et était un camouflet à l’Union européenne plus large dont la Grande-Bretagne n’est plus membre. Le ministère des Affaires étrangères a déclaré qu’il impliquait « les intérêts de tous les Européens concernant le fonctionnement de nos alliances et l’engagement des Européens dans l’Indo-Pacifique ».

    Blinken est dans la capitale française pour une conférence économique internationale de deux jours qui a été éclipsée par la controverse AUKUS qui a éclaté le 15 septembre avec l’annonce du projet.

    Avant sa visite, sa deuxième en France en tant que secrétaire d’État mais la première depuis la rupture, Blinken a rencontré vendredi l’ambassadeur de France Philippe Etienne à son retour à Washington après avoir été rappelé à Paris par Macron.

    Blinken, un francophone qui a grandi et est allé au lycée à Paris, a exprimé sa déception que la France ait réagi si durement à AUKUS. Lui et d’autres ont suggéré qu’un certain degré de colère française est lié à la politique intérieure française et à la dynamique changeante au sein de l’UE, qui verra bientôt Angela Merkel quitter la tête de l’Allemagne après 16 ans au pouvoir.

    La visite de Blinken fait suite à un appel téléphonique du 22 septembre entre Biden et Macron, qui ont accepté d’essayer de calmer les choses et doivent se rencontrer en Europe plus tard ce mois-ci.

    La raison apparente du voyage de Blinken en France, qui avait été prévu bien avant le tumulte de l’AUKUS, est de coprésider une réunion ministérielle de l’Organisation de coopération et de développement économiques basée à Paris mardi et mercredi sur le changement climatique et la sécurité.

    L’ancien secrétaire d’État et actuel émissaire américain pour le climat, John Kerry, participe également aux pourparlers de l’OCDE, qui se déroulent quelques semaines avant la prochaine conférence internationale sur le climat soutenue par l’ONU, à Glasgow, en Écosse.

  • Retour de flamme dans la crise des sous-marins ?

    Retour de flamme dans la crise des sous-marins ?

    France, Australie, Etats-Unis, sous-marins, #Sousmarins,

    Mohamed Habili

    Tout le monde ou presque en France, au pouvoir et dans l’opposition, s’est exprimé sur la crise des sous-marins, mais pas le président Macron, qui une semaine plus tard n’en a encore soufflé mot. Son silence risque même de durer plus longtemps, en particulier s’il continue de refuser au président américain la conversation téléphonique que celui-ci lui demande instamment.

    Dans son cas, il est vrai, il ne s’agit pas tant de s’exprimer que de prendre des décisions, sûrement décisives, notamment pour la suite des événements, quand bien même elles reviendraient à ne rien faire, ou à faire comme si rien ne s’était passé. La crise est tellement sérieuse que ses paroles peuvent conduire à des révisions déchirantes, éventuellement à une rupture d’alliance.

    Le rappel des ambassadeurs à Washington et à Canberra est en soi un premier pas dans cette direction. On ne voit même pas comment il serait possible de faire revenir les diplomates à leurs postes sans que Emmanuel Macron ne soit dangereusement affaibli au plan interne, à quelques mois d’une présidentielle où il passait jusque-là pour le favori.

    Les Australiens ne s’étant pas eux confinés dans le silence, on sait maintenant que si les Français n’avaient pas vu venir le coup, c’est en quelque sorte parce que ne voulant rien voir, ils avaient à point nommé tourné le dos. Eux-mêmes, expliquent les Australiens maintenant à qui veut les entendre, discutaient ouvertement ces derniers mois de l’éventualité de rompre le contrat passé avec la France pour en conclure un autre portant expressément sur des sous-marins à propulsion nucléaire.

    Leurs militaires avaient changé précisément sur ce point. Au départ, ils étaient pour la propulsion conventionnelle, mais ensuite, ils s’étaient convaincus de la supériorité de l’option nucléaire, une évolution à leur niveau qu’ils n’avaient aucunement cachée aux Français. Pour preuve, elle s’étalait en long et en large dans leurs journaux.

    Ces arguments sont de nature à battre en brèche l’accusation qui leur est faite par les Français d’avoir manqué de loyauté à leur égard au même titre que les Américains. Ils sont aussi à même de porter un coup sévère aux dirigeants français, et d’abord au premier d’entre eux.

    En effet, s’il n’y a pas eu trahison de leur part, s’ils avaient signalé suffisamment à l’avance le virage qu’ils comptaient prendre, il y a eu forcément inconscience, ou incompétence, ou incurie, ou politique de l’autruche… du côté français. Quand ils émettaient leurs avertissements, non sans insistance, leurs homologues français délibérément et lâchement regardaient ailleurs. Ils ne les ont pas poignardés dans le dos, c’est eux qui se sont arrangés pour l’être. Or des voix s’élèvent déjà en France en défense de la bonne foi des Australiens.

    Le risque est grand pour le gouvernement français qu’elles finissent par discréditer leur version des faits, basée quant à elle sur la déloyauté supposée certaine des Américains comme des Australiens. Et s’il n’y a pas eu trahison celle-ci, peut-il malgré tout y avoir eu celle-là ? La question en tout cas se pose. Mais il suffit qu’elle se pose pour que la position officielle française s’en trouve ébranlée. Les conséquences pourraient en être dramatiques pour Emmanuel Macron.

    Le Jour d’Algérie, 22/09/2021

  • La France de mal, en pis

    La France de mal, en pis

    Macron, France, Australie, Etats-Unis, sous-marins, #sous-marins, #Macron,

    Par M. Messaoudi

    Personne ne peut nier que la France vient de recevoir un coup de massue sur la tête après l’annulation par l’Australie du contrat du siècle des sous-marins pour un montant de 56 milliards d’euros.

    Groggys, les dirigeants français crient à la trahison et l’estocade et n’arrivent pas à digérer ce cuisant revers, qui arrive quelques jours, après le retrait militaire américain d’Afghanistan, décidé unilatéralement par Washington. Pour les américains, Paris ne fait plus partie du cercle restreint de ses alliés et partenaires stratégiques.

    La France risque encore de laisser des plumes si Tokyo, Séoul et New Delhi décidèrent d’emboîter le pas à Canberra pour annuler d’autres contrats juteux de l’industrie militaire française. Certaines sources affirment déjà que l’Inde est sur la voie d’annuler le contrat d’acquisition de dizaine d’appareils de Rafale et qui sera un coup dur pour son ancien ministre de la Défense et actuel chef de la diplomatie française, appelé il y a quelque temps marchand d’armes pour ses différentes visites effectuées dans certains pays en vue de vendre des armes françaises.

    Nonobstant les pertes économiques se chiffrant à des dizaines de milliards d’euros, la France perdra un statut de puissance internationale. Sur ce registre, la France sera » chassée » de la zone indo-pacifique, et son plan d’alliance avec Canberra et New Delhi, tombera à l’eau au profit de l’alliance traditionnelle anglo-saxonne, composée des USA, Royaume Uni, et l’Australie, sachant qu’il n’est pas exclu que ses pays soutiendront bientôt l’indépendance de la Nouvelle Calédonie.

    En pleine pré-campagne pour la présidentielle de 2022, la France sera confrontée à d’énormes turbulences intérieures et extérieures. Sur le plan intérieur, Paris devrait faire face à la grandissante mobilisation contestant le pass vaccinal ou ce qui est appelé, dictature sanitaire, à l’occasion de la rentrée sociale.

    D’ailleurs une grande mobilisation se dessine pour contester la précarité et la dégringolade du pouvoir d’achat des français, liée à l’impact négatif de la crise sanitaire mal gérée, et de l’absence de vision et de visibilité pour éviter une prochaine récession économique qui se précise.

    Cette situation encouragera certainement le discours électoral de la haine et de l’intolérance basé sur la xénophobie, et la haine. Ceux qui prônent le discours du rassemblement des valeurs européennes, auront du mal à convaincre leurs bases électorales, dans la mesure où ses valeurs européennes ont été durement affectées par le manque de solidarité lors de la propagation de la pandémie du Covid-19, une situation qui intervient juste après le Brexit.

    Emmanuel Macron sera certainement orphelin la chancelière Angela Merkel, qui passera le relais à un nouveau chancelier dans quelques jours. Un nouveau chancelier qui serra fidèle à la tradition germanique excellant la « Real Politik », en travaillant davantage à renforcer la position allemande dans le monde de l’après Covid-19, un monde multilatéral. D’ailleurs, Berlin a montré la voie à certains partenaires traditionnels, en résistant aux pressions américaines au sujet du gazoduc russe Stream II, en vue de garantir son approvisionnement en gaz russe, défiant les sanctions américaines, malgré son opposition à la politique de Moscou concernant l’Ukraine et la Crimée.

    En conclusion, ; il est certain que l’influence de la France vient de subir un coup d’arrêt fort symbolique et risque encore de faire les frais d’un changement géopolitique qui se dessine

    Algérie54, 17/09/2021

  • La France rappelle ses ambassadeurs aux États-Unis et en Australie

    France, Australie, Etats-Unis, #France, sousmarins,

    La France rappelle ses ambassadeurs aux États-Unis et en Australie pour protester contre l’accord sur les sous-marins

    La France a rappelé ses ambassadeurs aux États-Unis et en Australie pour protester contre l’exclusion d’un contrat de plusieurs milliards de dollars portant sur des sous-marins.

    Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a annoncé ce geste diplomatique vendredi soir, en précisant qu’il s’agissait d’une demande du président français Emmanuel Macron. Ce serait la première fois que la France rappelle son envoyé américain.

    Les relations diplomatiques entre les États-Unis et la France, alliés de longue date, sont en lambeaux après l’annonce, en début de semaine, du retrait de l’Australie d’un contrat de fourniture de sous-marins de défense par la France.

    Le président américain Joe Biden a annoncé mercredi un nouveau pacte entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie, qui comprend un accord à long terme pour la construction de sous-marins à propulsion nucléaire pour l’Australie – un accord que M. Le Drian a qualifié de « coup de poignard dans le dos » pour la France.

    Expliquant la décision de la France concernant le rappel de son ambassadeur Philippe Etienne aux Etats-Unis, M. Le Drian a évoqué « l’exceptionnelle gravité des annonces ». Il a également indiqué que la France allait rappeler son ambassadeur à Canberra, Jean-Pierre Thebault.

    La France a déclaré qu’elle n’avait pas été suffisamment prévenue de l’annulation du contrat de 90 milliards de dollars sur les sous-marins, ce que M. Le Drian a qualifié de « comportement inacceptable ».

    Cependant, le Premier ministre australien Scott Morrison a affirmé avoir averti M. Macron en juin que le contrat risquait de s’effondrer en raison de retards et de problèmes budgétaires.

    L’âpreté du conflit diplomatique a connu une escalade spectaculaire depuis l’annonce du pacte, la France ayant annulé un gala à son ambassade de Washington qui était prévu pour célébrer la relation franco-américaine.

    Dans des commentaires apparemment destinés à apaiser les tensions, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré jeudi : « Nous coopérons de manière incroyablement étroite avec la France sur de nombreuses priorités communes dans la région indo-pacifique mais aussi dans le monde entier. Nous allons continuer à le faire. Nous accordons une valeur fondamentale à cette relation, à ce partenariat. »

    « La France en particulier est un partenaire essentiel sur ce sujet, et sur tant d’autres questions », a-t-il ajouté.

    L’Australie a déclaré qu’elle regrettait la décision de la France de rappeler son ambassadeur. « Nous notons avec regret la décision de la France de rappeler son ambassadeur en Australie », a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. « L’Australie attache une grande importance à sa relation avec la France […]. Nous sommes impatients de nous engager à nouveau avec la France sur nos nombreuses questions d’intérêt commun, fondées sur des valeurs partagées. »

    Independent, 18/09/2021

  • Un responsable australien de la sécurité met en garde le personnel contre les «  tambours de guerre  »

    Un haut fonctionnaire australien de la sécurité a averti son personnel que les nations libres «entendent à nouveau les tambours» de la guerre, alors que les tensions militaires augmentent dans la région Asie-Pacifique

    Associated Press

    CANBERRA, Australie – Un haut fonctionnaire australien de la sécurité a averti son personnel que les nations libres «entendent à nouveau les tambours battants» de la guerre, alors que les tensions militaires augmentent dans la région Asie-Pacifique.

    Le message du secrétaire du ministère de l’Intérieur Mike Pezzullo à tout le personnel du ministère lors de la journée des anciens combattants australiens dimanche, connu sous le nom d’Anzac Day, a été publié mardi dans le journal australien.

    « Dans un monde de tension et de terreur perpétuelles, les tambours de guerre battent – parfois faiblement et à distance, et à d’autres moments plus fort et toujours plus proche », a déclaré Pezzullo.

    «Aujourd’hui, alors que les nations libres entendent à nouveau les battements de tambour et observent avec inquiétude la militarisation de problèmes que nous pensions, jusqu’à ces dernières années, peu susceptibles d’être des catalyseurs de guerre, continuons à chercher sans cesse la chance de la paix tout en nous préparant à nouveau, mais encore une fois, pour la malédiction de la guerre », at-il ajouté.

    La ministre de l’Intérieur, Karen Andrews, a déclaré qu’elle avait approuvé le libellé du message de Pezzullo.

    «Il est absolument libre de préparer un tel discours, un document et de le publier», a déclaré Andrews. «Le message général du gouvernement est que nous devons être vigilants mais pas alarmés.»

    Le législateur principal du Parti travailliste de l’opposition, Bill Shorten, a décrit la référence de Pezzullo aux «tambours de guerre» comme «un langage assez hyperexcité».

    «Je ne suis pas sûr que nos hauts fonctionnaires devraient utiliser ce langage, car je ne suis pas sûr de ce que cela aide réellement, sauf à causer plus d’anxiété», a déclaré Shorten.

    Le Premier ministre Scott Morrison n’a pas répondu directement lorsqu’on lui a demandé lors d’une conférence de presse s’il était d’accord avec Pezzullo sur le fait que les tambours de guerre battaient.

    «Mon objectif en tant que Premier ministre … est de rechercher la paix», a déclaré Morrison. «C’est ce que nous faisons. Nous recherchons la paix pour un Indo-Pacifique libre et ouvert. »

    Morison a déclaré que son gouvernement avait augmenté les dépenses de défense pour «garantir que les intérêts nationaux de l’Australie puissent toujours être protégés».

    Le ministre de la Défense, Peter Dutton, a évoqué la perspective d’un conflit entre la Chine et Taiwan dans ses propres commentaires sur l’Anzac Day.

    « Personne ne veut voir un conflit entre la Chine et Taiwan ou ailleurs dans le monde », a déclaré Dutton. « Je ne pense pas que cela devrait être réduit. »

    En réponse aux remarques de Dutton, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Wang Wenbin a déclaré lundi que Taiwan faisait partie des affaires intérieures chinoises qui ne tolèrent pas les interférences extérieures.

    «On espère que la partie australienne reconnaîtra pleinement que la question de Taiwan est très sensible, respectera le principe d’une seule Chine, sera prudente dans ses paroles et ses actes, évitera d’envoyer de faux signaux aux forces séparatistes indépendantistes de Taiwan et agira de manière bénéfique. à la paix et à la stabilité », a déclaré Wang.

    Le premier ministre de l’État d’Australie-Occidentale, Mark McGowan – le chef du gouvernement travailliste de l’État qui exporte l’exportation la plus lucrative d’Australie, le minerai de fer, vers la Chine – a appelé le gouvernement fédéral à «atténuer» son discours sur les tensions militaires.

    «J’exhorte simplement le Commonwealth (gouvernement) et les personnes dans cette position, élues ou non, à l’atténuer. Atténuez-le », a déclaré McGowan aux journalistes, se référant à la référence de Pezzullo aux« tambours de guerre ».

    «À quoi ça sert de dire des choses comme ça? C’est totalement inutile », a déclaré McGowan, ajoutant que la diplomatie devrait être menée« diplomatiquement ».

    Pezzullo a noté que cette année marquait le 70e anniversaire du traité de défense de l’Australie avec les États-Unis. Il a cité les généraux américains de guerre Douglas MacArthur et le président Dwight Eisenhower.

    «Souvenons-nous des avertissements de deux généraux américains qui avaient connu la guerre totalement et brutalement: nous devons toujours chercher la chance de la paix au milieu de la malédiction de la guerre, jusqu’à ce que nous soyons confrontés au seul cours prudent, quoique douloureux, – envoyer off, encore une fois, nos guerriers pour combattre les guerres de la nation », a-t-il dit.

    L’Australie doit réduire la probabilité d’une guerre, «mais pas au prix de notre précieuse liberté», a déclaré Pezzullo.

    L’Australie a provoqué la semaine dernière une réaction de colère de Pékin en annulant deux accords d’infrastructure de l’Initiative chinoise de la ceinture et de la route avec le gouvernement de l’État de Victoria pour des raisons d’intérêt national.

    L’ambassade de Chine en Australie a déclaré dans un communiqué que la décision «porterait davantage préjudice aux relations bilatérales et finirait par nuire» à l’Australie.

    ABC News, 27 avr 2021

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