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  • La leçon française sur la façon de ne pas combattre le terrorisme

    La leçon française sur la façon de ne pas combattre le terrorisme

    France, Mali, Sahel, Barkhane, Al Qaïda, Etat Islamique,

    Par William Drozdiak

    PARIS – Le retrait des dernières troupes françaises restantes du Mali ce mois-ci a porté un coup sérieux aux efforts militaires occidentaux pour limiter une menace islamiste croissante qui se propage dans la région du Sahel en Afrique.

    L’échec de la mission militaire française, qui comprenait jusqu’à 5000 soldats dans ce qui est devenu connu sous le nom d’opération Barkane, démontre les difficultés déconcertantes de mener une campagne de contre-insurrection contre les restes régionaux d’Al-Qaïda et de l’État islamique. Cela soulève également des inquiétudes quant au fait que la Russie et la Chine pourraient entrer dans le vide géopolitique laissé par des gouvernements occidentaux frustrés et impatients.

    Alors que les États-Unis réfléchissent aux leçons de leur lutte de 20 ans contre les talibans en Afghanistan, qui s’est soldée par une sortie chaotique il y a un an, la France reconsidère sa propre stratégie pour faire face à la prolifération de militants islamistes dans nombre de ses anciennes colonies africaines.

    Le président Emmanuel Macron a chargé ses principaux chefs et conseillers de la défense de revoir toutes les postures militaires de la France sur le continent après l’échec de l’éradication de la menace posée par les radicaux islamistes violents.

    Le départ français a ouvert la porte aux mercenaires russes du groupe Wagner, une entreprise de sécurité privée liée au Kremlin. Les dirigeants du Mali affirment que la décision de la France de rompre les relations ne leur a laissé d’autre choix que de rechercher d’autres partenaires. On estime que jusqu’à 1000 mercenaires russes sont descendus au Mali ces derniers mois, dans l’espoir d’être payés avec de l’or extrait des mines locales. La Chine envisage également des moyens d’étendre son implication dans la région et d’exploiter ses richesses minérales.

    Le Sahel, une vaste région semi-aride séparant le désert du Sahara au nord des savanes tropicales au sud, est devenu ces dernières années un terreau fertile pour les terroristes islamistes qui ont exploité les griefs locaux contre la corruption et la brutalité des dirigeants militaires. Le Sahel abrite la population qui connaît la croissance la plus rapide au monde et est également l’un des plus pauvres, avec 80 % de la population vivant avec moins de 2 dollars par jour. La région comprend quatre pays riverains du lac Tchad – le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Nigéria – ainsi que le Burkina Faso, la Gambie, la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal.

    Environ 4 millions de personnes ont été déplacées par les combats et plusieurs milliers sont mortes. Le désespoir de la population locale a été aggravé par la sécheresse persistante alors que le changement climatique propage la désertification dans la région. On estime que 50 millions de personnes tirent leur subsistance quotidienne du lac Tchad, qui, selon les experts, s’évaporera d’ici une décennie et forcera ces résidents à se déplacer, créant des difficultés encore plus grandes pour la région.

    La mission française au Mali a commencé il y a neuf ans avec une série de succès prometteurs pour repousser l’avancée des militants islamistes vers la capitale Bamako. Mais les relations ont fini par se rompre entre les forces françaises et les dirigeants militaires du Mali, qui ont pris le pouvoir il y a deux ans. Un deuxième coup d’État a eu lieu l’année dernière. Les dirigeants de l’armée ont refusé de céder le pouvoir aux civils comme l’avait demandé la France.

    Le retrait français du Mali pourrait mettre en péril le sort de la mission de maintien de la paix des Nations Unies connue sous le nom de MINUSMA, qui compte quelque 14 000 soldats stationnés là-bas. Des contingents britanniques et allemands devraient bientôt suivre l’exemple français en quittant le pays.

    Les forces françaises ont remporté quelques victoires au cours de leur longue campagne et estiment avoir tué environ 2700 militants, mais la menace islamiste continue de croître et d’attirer des recrues parmi les jeunes mécontents. Les guérilleros islamistes se sont étendus au-delà du Mali au Burkina Faso et au Niger et ont récemment semé la terreur plus au sud dans des États côtiers comme le Bénin et la Côte d’Ivoire.

    Indépendamment de leur ferveur politique ou religieuse, les militants ont pu réaliser leurs gains territoriaux en grande partie en capitalisant sur les forces pernicieuses du changement climatique, de la sécheresse, de la diminution de la production alimentaire et, surtout, de l’augmentation rapide des taux de natalité.

    On voit mal comment ces sociétés appauvries pourront faire face au quadruplement de leur population dans les décennies à venir, comme prévu par les Nations Unies. D’ici la fin de ce siècle, le Mali devrait passer de 20 millions à 85 millions d’habitants, et l’État encore plus pauvre du Niger passera de 25 millions à 165 millions d’habitants.

    Comme les États-Unis l’ont découvert en Afghanistan, même les armées les plus modernes ne peuvent réussir à combattre les insurgés islamistes uniquement avec des armes puissantes. Alors que la France apprend à ses dépens en Afrique, la lutte contre les islamistes violents ne peut être gagnée qu’en combinant les prouesses militaires avec une gouvernance locale plus efficace. Il est vital de lutter contre la corruption et d’améliorer la vie des civils grâce à de meilleures écoles, des cliniques médicales, de l’eau potable et des approvisionnements alimentaires suffisants.

    Vaincre les extrémistes islamistes ne peut se faire qu’en donnant aux populations locales l’espoir d’une vie meilleure, et non une cause pour laquelle mourir.

    The Washington Post, 29/08/2022

    #France #Mali #Sahel #Barkhane

  • Le Mali a accusé la France d’appuyer le terrorisme. La suite?

    Le Mali a accusé la France d’appuyer le terrorisme. La suite?

    Mali, Sahel, France, Barkhane, Russie,

    La situation dans la région du Sahel évolue de façon spectaculaire à plus d’un niveau, de sorte à traduire l’ampleur et la multitude des mutations existantes dans la région, devenue une arène de conflit international et régional ouvert.

    Le changement le plus récent et le plus expressif de la situation au Sahel vient d’être explicité par les déclarations du ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop, puis dans une lettre officielle adressée par Bamako au Conseil de sécurité.

    Un message dans lequel, le Mali accuse clairement Paris de soutenir des groupes armés avec des munitions et des informations de renseignement, demandant la convocation urgente d’une réunion de cet organisme onusien, pour discuter de ce qu’il appelle, l’implication d’un de ses membres permanents (la France) dans le soutien au terrorisme.

    Dans le Zoom de cette semaine, nous tenterons de rassembler les composantes de la photo qui a fait passer Paris de sa réputation de pays protégeant contre le djihadisme en un Etat accusé de complicité avec le terrorisme et le lien de cette image avec l’acuité de l’affrontement sur le terrain, en plus de l’annonce par l’un des groupes armés, pour la première fois depuis l’arrivée depuis des mois, de la controversée milice russe en territoire malien, de quatre membres de « Wagner »

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    Le dernier soldat… les premiers morts

    Lorsqu’on fait un pas en arrière dans l’actualité du Mali cette semaine, nous retrouverons en tête de deux faits marquants.

    L’annonce de la France du retrait de son dernier soldat du Mali après une décennie de présence militaire sous le label de protection de ce pays contre toute domination des groupes armés, d’une part, et la révélation de ces derniers de l’assassinat de quatre mercenaires de la milice russe, qui motive sa présence par les mêmes objectifs prétendus par les forces françaises, à savoir, empêcher que le Mali ne bascule entre les mains des djihadistes.

    En fait, les deux nouvelles reflètent la réalité de la scène malienne dans ses constantes et ses variables.

    Le conflit ouvert entre le gouvernement de Bamako et ses rebelles, et les alliances déclarées ou non des deux parties.

    La France était hier, l’alliée et le soutien du gouvernement à Bamako et aujourd’hui elle est, avec des présumées preuves fiables et documentées, accusée publiquement et officiellement de soutenir le terrorisme.

    Le même jour, les groupes armés annonçaient le meurtre d’éléments de Wagner et célébraient en grandes pompes cet évènement, en tant que prémices de la victoire sur le nouvel envahisseur russe.

    Nous sommes donc confrontés à un changement fondamental pour les belligérants de la scène au Sahel, derrière lequel se cache une plus grande lutte d’influence, qui n’est en fait qu’un fragment d’un conflit international plus vaste qui fait rage sur le champ de bataille à travers la carte du monde de l’Ukraine jusqu’à Taïwan, en passant bien sûr par Téhéran, Gaza, le Golfe et le Yémen.

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    Les pieds tremblants de la France

    Et afin que nous restions au Sahel et que nous mettions la plainte malienne adressée au Conseil de sécurité contre la France dans son contexte, permettez-nous d’agrandir légèrement le Zoom, pour voir l’escalade contre la France dans toute la région :

    – Au Niger : le pays frontalier du Mali vers lequel la force française Barkhane a été transféré, emportant avec elle les voix qui protestent contre la présence française. Niamey a vécu Hier, une véritable atmosphère de tension due à l’interdiction d’une manifestation convoquée par le Mouvement M-62 (anti-français) et empêchée par le gouvernement. Les manifestants déterminés à rejeter la présence française et la cherté de la vie ont décidé de convertir la manifestation « interdite » en journées de jeûne et de prière, annonçant le début de la mobilisation pour un prochain jour, dans un mois (le 18 septembre prochain).

    – Au Sénégal : où avaient été proclamés les résultats des élections législatives et où le président Macky Sall a perdu sa majorité parlementaire, la coalition d’opposition, dont le mot d’ordre le plus important était (France dégage),; Les résultats ont été considérés comme historiques et ont ouvert la voie aux plus sceptiqus pour mettre fin au rêve machiavélique d’un troisième mandat, ouvrant également la voie à la réduction de l’influence de Paris dans l’un de ses plus principaux bastions historiques et stratégiques.

    – Au Burkina Faso : où la colère contre la présence française monte depuis un certain temps (un convoi de ravitaillement militaire français a fait l’objet d’une embuscade l’an dernier), les drapeaux français ont été à nouveau brûlés tandis ceux des russes ont été hissés.

    – Au Tchad : où la réconciliation s’opère, avec le vœu des parties d’être historique, sur une terre éloignée de la France, des voix se sont élevées contre Paris et son homme fort au pouvoir, Mohamed Deby.

    Qu’adviendra-t-il après…?

    Ces événements ne signifient pas, bien entendu, que la France présente au Sahel et en Afrique de l’Ouest a été vaincue et qu’elle prépare son départ définitif. Une telle lecture est superficielle, montrant toutefois que Paris se trouve désormais engagée dans une confrontation féroce contre une alliance forte entre :

    Un état populaire qui embrasse les sentiments de colère qui se sont accumulés depuis l’époque coloniale

    – des régimes militaires à la quête d’une légitimité et d’une cause, leur permettant de se maintenir au pouvoir pendant de longues périodes.

    – La Russie qui cherche à avoir un pied sur le terrain et une position sur le flanc européen qui réplique à l’infiltration européenne sur le flanc russe.

    C’est une scène qui se développe rapidement mais dont l’image finale est loin de se dessiner. Ses dynamiques enchevêtrées et ses points de force sont largement répartis entre les acteurs, les manœuvrés et les bénéficiaires de cette manipulation.

    Essahraa, 20/08/2022

    Lire aussi : Avant de quitter le Mali, la France prépare sa future stratégie

    Lire aussi : Le Mali accuse la France d’armer les djihadistes

    #Mali #France #Sahel #Barkhane #Russie

  • Le Mali, héros de la lutte contre le néo-colonialisme

    Le Mali, héros de la lutte contre le néo-colonialisme

    Mali, France, Sahel, Barkhane, Afrique, Françafrique, néo-colonialisme,

    Selon Niagalé Bagayoko, présidente de l’Africain Security Network Institute, « le Mali s’est engagé dans une rhétorique patriote et panafricaine qui fait des émules sur le continent. Aujourd’hui, le Mali se pose en héros de la défense de la souveraineté des Etats africains face à des acteurs perçus comme faisant la promotion d’une logique néocoloniale ou trop interventionniste à ses yeux ».

    « Dernier élément, le Mali se pose en modèle d’inspiration pour d’autres pays africains mais il s’adresse aussi à son opinion publique nationale. L’image de la France s’est considérablement dégradée tout au long de la présence de l’armée française depuis 2013, et ce discours trouve un écho très favorable dans certaines franges de l’opinion publique, particulièrement bamakoise, très mobilisée sur les questions de la fierté nationale malienne », a-t-il ajouté dans un entretien accordé à la chaîne TV5 Monde.

    Le Mali accuse la France d’armer des combattants islamistes dans une lettre à l’ONU.

    Le Mali affirme que la France a violé son espace aérien et livré des armes à des militants islamistes dans le but de déstabiliser le pays d’Afrique de l’Ouest, la dernière d’une série d’accusations qui ont marqué la fin amère de leurs relations autrefois étroites.

    Dans une lettre au chef du Conseil de sécurité des Nations unies datée de lundi, le ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop, a déclaré que son espace aérien avait été violé plus de 50 fois cette année, principalement par les forces françaises utilisant des drones, des hélicoptères militaires et des avions de chasse.

    « Ces violations flagrantes de l’espace aérien malien ont été utilisées par la France pour collecter des informations sur les groupes terroristes opérant au Sahel et leur larguer des armes et des munitions », indique la lettre.

    Le Mali n’a fourni aucune preuve montrant que la France avait fourni des armes à des groupes islamistes. La France a dépensé une décennie et des milliards de dollars pour éradiquer les militants islamistes, certains ayant des liens avec Al-Qaïda et l’État islamique, dans son ancienne colonie.

    « La France n’a évidemment jamais soutenu, directement ou indirectement, ces groupes terroristes, qui restent ses ennemis désignés à travers la planète », a déclaré l’ambassade de France au Mali, dans un fil Twitter.

    Il a déclaré que 53 soldats français étaient morts au cours de sa mission de neuf ans au Mali et que la France avait tué des centaines de combattants islamistes afin d’améliorer la sécurité des Maliens. La France a également subi des attaques islamistes chez elle, a-t-il ajouté.

    Les accusations marquent un nouveau creux dans les relations au moment où la France retire ses dernières troupes du Mali et les mercenaires russes engagés par le gouvernement militaire malien étendent leur portée. L’échange inquiète les puissances occidentales qui voient leur influence s’amenuiser au Sahel.

    Le président russe Vladimir Poutine a évoqué la possibilité de fournir de la nourriture, des engrais et du carburant au Mali lors d’un appel avec le président par intérim du pays la semaine dernière.

    Des soldats allemands de l’ONU ont déclaré avoir vu les forces russes atterrir à l’aéroport et décharger du matériel lundi dans la ville de Gao, dans le nord du pays, le jour du départ des derniers soldats français.

    Les forces françaises ont été accueillies en héros au Mali en 2013 lorsqu’elles ont repoussé des groupes islamistes qui avaient pris le contrôle du nord, y compris la ville légendaire de Tombouctou.

    Mais une série de revers et d’attaques prolongées par les militants ont détérioré les relations, qui se sont aggravées depuis qu’une junte militaire a renversé le gouvernement en 2020 et renversé plus tard un cabinet civil intérimaire.

    Lire aussi : Avant de quitter le Mali, la France prépare sa future stratégie

    Lire aussi : Le Mali rompt les accords SOFA avec la France et l’UE

    #Mali #France #Sahel #Afrique #Russie #Wagner #Barkhane

  • Le Mali accuse la France de collusion avec les islamistes

    Le Mali accuse la France de collusion avec les islamistes

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    BAMAKO, Mali (AP) – Le ministre des Affaires étrangères du Mali accuse la France d’avoir été de connivence avec les mêmes extrémistes islamiques qu’elle a passé près d’une décennie à combattre jusqu’au départ de ses troupes plus tôt cette semaine, une allégation fermement démentie par le gouvernement français.

    La lettre incendiaire envoyée au président du Conseil de sécurité de l’ONU est le dernier effort pour saper le soutien à la France, l’ancien colonisateur du Mali, à un moment où certains craignent que le départ de l’armée française ne permette aux militants d’intensifier leurs attaques.

    Les dernières troupes françaises de l’opération Barkhane ont quitté lundi le Mali après une forte détérioration des relations avec le chef de la junte malienne qui a pris le pouvoir il y a deux ans.

    « Le gouvernement du Mali dispose de plusieurs éléments de preuve que ces violations flagrantes de l’espace aérien malien ont été utilisées par la France pour recueillir des renseignements sur des groupes terroristes opérant au Sahel et leur larguer des armes et des munitions », a écrit le ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop dans sa lettre à l’ONU.

    Le gouvernement malien a demandé à l’ONU de « travailler pour que la République française cesse immédiatement ses actes d’agression contre le Mali ».

    L’ambassade de France au Mali a vigoureusement démenti ces allégations dans un tweet publié mercredi.

    « La France n’a évidemment jamais soutenu, directement ou indirectement, ces groupes terroristes, qui restent ses ennemis désignés à travers la planète », a tweeté l’ambassade.

    L’armée française a refusé de commenter la lettre du ministre malien des Affaires étrangères, la qualifiant de « problème diplomatique et politique ».

    En 2013, la France a mené une opération militaire pour chasser les extrémistes islamiques des principales villes du nord du Mali où les militants avaient pris le pouvoir et commencé à imposer des sanctions sévères aux civils qui violaient leur interprétation stricte de la loi islamique connue sous le nom de Charia.

    Lorsque les troupes françaises ont libéré les villes du nord, elles ont été accueillies par de nombreux Maliens agitant des drapeaux français cousus à la main.

    Les extrémistes, cependant, se sont regroupés dans les zones désertiques environnantes et ont continué à mener des attaques contre l’armée malienne et les casques bleus de l’ONU qui tentaient de stabiliser le pays. La violence des extrémistes a augmenté et s’est propagée plus au sud, près de la capitale. La frustration suscitée par les attaques a contribué à alimenter le soutien au chef du coup d’État qui a renversé le président démocratiquement élu du Mali il y a deux ans.

    Le sentiment anti-français a également augmenté au milieu des attaques incessantes. Plus tôt cette année, la France a annoncé qu’elle retirerait ses troupes du Mali dans le cadre d’une réorganisation militaire dans la région. L’ambassade de France à Bamako a déclaré mercredi que 53 soldats français avaient été tués au cours des neuf années de présence militaire du pays.

    « Leur mission était avant tout de lutter contre les groupes terroristes et, ce faisant, d’améliorer la sécurité des Maliens », a-t-il tweeté.
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    Les rédacteurs d’Associated Press Edith M. Lederer aux Nations Unies ; Angela Charlton à Paris ; et Barbara Surk à Nice, France ont contribué.

    AP

    #Mali #France #Sahel #Djihadistes #Barkhane

  • Mali: JNIM, Daech, Wagner, FAMA qui se bat contre qui?

    Mali: JNIM, Daech, Wagner, FAMA qui se bat contre qui?

    Mali, Sahel, JNIM, Daech, Al Qaïda, France, Barkhane, Niger, Burkina Faso, Russie, Wagner,

    Selon le site 20 Minutes, l’armée française, poussée au départ du Mali, n’a pas fini de se battre contre les principaux groupes terroristes qui sévissent au Sahel.

    D’un côté, Al-Qaïda et Daech, sont implantés depuis des années en Afrique subsaharienne. Aqmi y sévit sous la bannière du JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), la branche officielle d’Al-Qaïda au Mali. Et Daesh. Des combats opposent régulièrement les deux groupes, sur les zones frontalières, au Niger, Burkina Faso et Mali.

    L’Association malienne pour la survie du Sahel (AMSS) rapporte ainsi des « combats meurtriers » entre les deux groupes qui ont eu lieu en février dernier dans le cercle d’Ansongo qui se trouve au carrefour des deux pays voisins du Mali à savoir le Niger et le Burkina Faso.

    De leur part,les forces armées maliennes, soutenues par la Russie, tentent tant bien que mal de combattre, mais les résultats se font attendre. « Même avec la France elle n’y arrivait pas, donc là elle y parvient encore moins, même aidée par Wagner, car ce sont des mercenaires pas professionnels et sans équipements et moyens de professionnels », rapporte Wassim Nasr. Wagner, ce sont ces mercenaires russes également déployés Syrie ou plus récemment dans l’Est de l’Ukraine.

    Les forces françaises qui ont quitté le Mali et sont installées au Niger. Elles agissent avec beaucoup de discrétion. Au Niger par exemple, « elle ne brandit pas le drapeau tricolore, contrairement au Mali », souligne Wassim Nasr. Elle est bien présente, mais n’en fait pas particulièrement état. D’ailleurs, cette collaboration avec Niamey, se passe plutôt bien et est « assez efficace », précise le spécialiste, avec « un bon niveau de confiance mutuelle ».

    #Mali #Sahel #France #JNIM #Daech #FAMA #Barkhane #Niger

  • Mali: Manifestation pour le départ rapide de Barkhane

    Mali: Manifestation pour le départ rapide de Barkhane

    Mali, France, Barkhane, Sahel,

    Dans un contexte de relations exécrables entre la France et les militaires au pouvoir au Mali, des manifestants ont défilé à Gao pour réclamer le départ définitif des militaires français de Barkhane dans les 72h.

    Plusieurs dizaines de personnes ont manifesté le 15 août dans une ville du nord du Mali pour accélérer le départ de la force militaire française Barkhane, ont indiqué des organisateurs et des élus locaux à l’AFP. « Nous donnons à compter de ce jour dimanche 14 août 2022 un ultimatum de 72h pour le départ définitif de Barkhane », ont déclaré des manifestants se présentant comme « les forces vives » de Gao, une ville située dans le nord du pays, en proie aux violences djihadistes. Gao abrite aussi les derniers militaires français présents au Mali, en partance pour le Niger.

    « Barkhane dégage »

    Les rapports entre les militaires au pouvoir à Bamako et Paris, ancienne puissance coloniale, se sont brutalement dégradés ces derniers mois, poussant les deux pays à la rupture après neuf ans de présence française ininterrompue pour lutter contre les djihadistes.

    « Barkhane dégage », « Barkhane parrain et allié des groupes terroristes », « Aucune puissance étrangère ne fera du Mali son butin », brandissaient des manifestants sur des banderoles, selon des photographies transmises par les organisateurs à l’AFP. Ces messages circulent notamment dans les cercles farouchement anti-français et sur les réseaux sociaux. La France dénonce régulièrement les campagnes massives de désinformation à son encontre. « Les marcheurs ont été reçus par le directeur de cabinet du gouverneur à qui ils ont remis leur déclaration », a déclaré à l’AFP Issa Idrissa, responsable de la communication du gouverneur. La manifestation a été confirmée à l’AFP par d’autres responsables locaux.

    Lemaghreb.dz, 16-08-2022

    #France #Mali #Barkhane #Sahel

  • Elysée : Retrait de la force Barkhane du Mali

    Elysée : Retrait de la force Barkhane du Mali

    France, Mali, Barkhane, Sahel,

    Le 17 février dernier, constatant que les conditions politiques et opérationnelles n’étaient plus réunies pour rester engagée au Mali, la France a décidé, en concertation avec ses partenaires africains et européens, de réarticuler le dispositif de l’opération Barkhane en dehors du territoire malien.

    Depuis ce matin, 15 août 2022, ce redéploiement est effectif avec le départ du Mali du dernier soldat français de l’opération Barkhane. La France reste engagée au Sahel, dans le Golfe de Guinée et la région du lac Tchad avec tous les partenaires attachés à la stabilité et à la lutte contre le terrorisme.

    Le Président de la République salue la réussite de cette manœuvre opérationnelle et logistique de retrait du Mali que nos armées ont conduite selon le calendrier annoncé, sans cesser leur combat contre les groupes terroristes et en augmentant de façon très importante leur contribution à la sécurisation de l’Est de l’Europe. Cette réarticulation a été effectuée en toute transparence avec les forces armées maliennes et avec les partenaires engagés à nos côtés.

    Il rend hommage à l’engagement de tous les soldats qui, depuis neuf années, ont combattu les groupes armés terroristes sur la terre malienne. Ils sont cinquante-neuf à avoir payé le prix de leur vie en combattant, aux côtés des armées africaines et européennes, pour notre sécurité et la sécurité des populations du Sahel. Leur sacrifice nous oblige et nous rappelle que nos soldats ont, durant ces années, préservé l’unité du Mali, empêché la constitution d’un califat territorial et lutté contre les groupes terroristes qui frappent les populations locales et menacent l’Europe. L’efficacité de nos soldats durant toutes ces années et jusqu’à ces derniers jours a été démontrée par la neutralisation de la plupart des plus hauts cadres de la hiérarchie des groupes terroristes sahéliens.

    Ce retrait du Mali ne diminue en rien la mobilisation de la France pour faire libérer notre compatriote M. Olivier DUBOIS.

    La France poursuivra le combat contre le terrorisme, en agissant en soutien des efforts politiques, civils et militaires de la CEDEAO et Etats de la région, et en pleine coordination avec nos partenaires européens et américains engagés dans la région.

    Le Président de la République se rendra disponible à l’invitation de la CEDEAO cet automne afin de poursuivre cet engagement au côté de tous les Etats qui font le choix de la lutte contre le terrorisme et du respect de la stabilité et de la coexistence entre les communautés.

    Elysée, 15/08/2022

    #France #Barkhane #Mali #Sahel #Gao

  • La mission de la Bundeswehr au Mali est suspendue

    La mission de la Bundeswehr au Mali est suspendue

    Mali, Allemagne, MINUSMA, Barkhane, Russie, Wagner,

    Les doutes sur l’engagement de la Bundeswehr au Mali avaient récemment grandi – maintenant l’Allemagne suspend la mission de reconnaissance jusqu’à nouvel ordre. La raison sont des désaccords avec le gouvernement militaire malien. Les droits de survol ont de nouveau été refusés et l’Allemagne suspend temporairement la mission de la Bundeswehr au Mali en Afrique de l’Ouest. Le ministère fédéral de la Défense a annoncé que les vols de transport et les opérations de reconnaissance seraient suspendus jusqu’à nouvel ordre. La raison invoquée était que le gouvernement malien avait refusé à plusieurs reprises les droits de survol de la Bundeswehr. Avec le vol, le personnel sur place devrait être mis en rotation.Le comportement du gouvernement militaire entrave le déploiement dans le cadre de la mission de l’ONU, a déclaré le ministère. « Un changement de personnel planifié n’est donc pas possible – cela a un impact sur notre engagement. » La sécurité des soldats a la plus haute priorité.

    En principe, l’Allemagne est toujours disposée à participer à la mission internationale de paix, a assuré le porte-parole du gouvernement Steffen Hebestreit. Cependant, cela n’a de sens que s’il est soutenu par le gouvernement local. Christian Buck, chef du département politique du ministère fédéral des Affaires étrangères pour l’Afrique, l’Amérique latine, le Proche et le Moyen-Orient, s’est rendu au Mali pour des négociations au début de la la semaine. Il a ensuite été dit que la partie malienne avait signalé que la rotation des troupes pourrait reprendre dans un avenir proche.La ministre de la Défense Christine Lambrecht aurait reçu jeudi des assurances lors d’un appel téléphonique à son homologue malien Sadio Camara. Camara a déclaré au ministre qu’il ne devrait y avoir aucune autre exigence pour la mission – maintenant, les droits de survol ont de nouveau été refusés, a déclaré un porte-parole. « Les actions de Camara parlent un langage différent de ses paroles », a critiqué Lambrecht sur Twitter.

    Le plus grand déploiement étranger de la Bundeswehr Le Mali, avec ses quelque 20 millions d’habitants, a connu trois coups d’État militaires depuis 2012 et est considéré comme extrêmement instable politiquement. Depuis le dernier coup d’État de mai 2021, le pays est dirigé par un gouvernement militaire intérimaire chargé de maintenir des liens étroits avec la Russie. Depuis lors, la mission de la force de maintien de la paix de l’ONU MINUSMA, dans laquelle la Bundeswehr est également impliquée, a été entravée à plusieurs reprises. Le gouvernement malien a récemment provoqué l’indignation en décidant de suspendre temporairement la rotation des casques bleus dans le pays. Il y a également eu des problèmes avec les droits de survol.

    Les tensions ont également augmenté en raison de la coopération de la junte militaire avec le groupe de mercenaires russes Wagner, qui entretiendrait des liens étroits avec le Kremlin et serait soupçonné d’avoir commis des violations massives des droits de l’homme. La France a déjà retiré une grande partie de ses soldats, la mission onusienne Minusma est présente au Mali depuis 2013 et le Conseil de sécurité de l’ONU n’a prolongé son mandat que d’un an fin juin. Pour la Bundeswehr, la mission est actuellement la plus grande mission étrangère et est également considérée comme la plus dangereuse. Le Bundestag avait prolongé la mission en mai – mais avec une mise en garde : le nouveau mandat contient une clause de retrait au cas où la sécurité des soldats de la Bundeswehr au Mali ne pourrait plus être garantie.

    Tagesschau.de, 12/08/2022

    #Mali #Allemagne #MINUSMA #Barkhane #Russie #Wagner

  • La militarisation du Sahel ne rendra pas l’Europe plus sûre

    La militarisation du Sahel ne rendra pas l’Europe plus sûre

    Sahel, Union Européenne, UE, Mali, France, Barkhane, Burkina Faso, Takuba, Tchad, Niger,

    L’obsession de l’UE pour la sécurité au Sahel est le reflet de ses propres angoisses – et une trahison de ses valeurs.

    Par Delina Goxho, doctorante à la Scuola Normale Superiore, et Yvan Guichaoua, maître de conférences à la Brussels School of International Studies de l’université du Kent.

    Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en Libye il y a 11 ans et la crise sécuritaire qui a suivi au Mali, l’Europe a accéléré le processus de repoussage des frontières de son voisinage immédiat au sud. Elle a engagé davantage de dépenses, lancé plus de programmes de développement et de stabilisation, et renforcé son empreinte militaire étrangère dans les pays du Sahel africain, en particulier le Mali, le Niger et le Burkina Faso, qui sont désormais considérés comme faisant partie du « seuil » de l’Europe. »

    Avant 2011, la région du Sahel était perçue par les décideurs européens comme une terre désertique éloignée, sujette aux sécheresses et ayant besoin d’infrastructures et d’aide humanitaire. Elle est désormais considérée comme la source d’une croissance démographique dangereuse, d’une migration indésirable et d’un extrémisme violent, et comme le terrain de prédilection de mercenaires russes cupides. Elle a donc été transformée en un laboratoire où l’Europe met en scène ses insécurités géopolitiques.

    L’Europe aime se considérer comme une puissance normative – un diffuseur mondial d’idées libérales par le biais de sa politique étrangère généreuse – mais chercher à freiner la migration dans des régions comme Agadez au Niger, insister sur le fait que le Sahel est un laboratoire pour les ambitions de l’Europe en matière de sécurité et de défense, et finalement permettre la militarisation de toute une région sont des politiques qui vont à l’encontre de la promotion des droits de l’homme, de l’égalité des sexes et des solutions diplomatiques aux crises.

    Pour faire face aux multiples crises dans la région, dont le Mali est l’épicentre, l’Union européenne et ses États membres ont mis en place un nombre considérable d’initiatives dans lesquelles la sécurité est la préoccupation primordiale.

    La stratégie européenne pour le Sahel 2021 met en avant une variété de menaces présumées, mêlant un peu tout : terrorisme international, flux migratoires incontrôlés, trafics illicites, instabilité politique et réchauffement climatique. Ces multiples menaces, regroupées dans un même panier éclectique, semblent représenter différents degrés de peur. Le pronostic d’un boom démographique africain (ou d’une « bombe à retardement », comme l’appellent de nombreux responsables européens) de jeunes hommes sans emploi, éventuellement radicalisés, qui alimenteront la prochaine crise migratoire, est considéré comme la principale menace pour la sécurité européenne. La pauvreté, le trafic de marchandises et le réchauffement climatique sont présentés comme des facteurs exacerbants.

    Le Sahel est présenté à Bruxelles comme un problème pour l’avenir de l’Europe. L’endiguement des migrations et la promotion de la collaboration européenne en matière de sécurité sont les principaux objectifs de l’UE. La guerre en Ukraine et l’expansionnisme diplomatique et militaire agressif de la Russie en Afrique – qui se manifeste par le déploiement de ses mercenaires au Mali et ailleurs sur le continent (principalement en République centrafricaine, mais aussi en Libye et au Soudan) – ont ajouté une nouvelle couche d’anxiété.

    Le Sahel est désormais aussi un terrain de jeu où des pays que l’Europe considère comme des concurrents stratégiques, tels que la Russie, la Chine et la Turquie, doivent être tenus en échec. Alors que des mercenaires du groupe russe Wagner tentent actuellement de séduire le régime militaire du Burkina Faso après avoir fait une percée au Mali, il est urgent de discuter à Bruxelles de l’accélération des moyens de dépenser la Facilité européenne de soutien à la paix, un instrument financier au nom ironique qui permettrait à l’UE de fournir des armes létales aux dirigeants sahéliens, pour relever le défi.

    La France, qui est intervenue militairement au Mali début 2013 après que les deux tiers du territoire du pays soient tombés aux mains des forces djihadistes, a demandé aux partenaires européens de se joindre à son aventure militaire, complétée par une aide au développement accrue. Une dynamique vertueuse – combinant fourniture de sécurité et développement – était censée suivre. Sur le plan militaire, l’effort de partage du fardeau s’est traduit par la Task Force Takuba, une coalition de volontaires intégrée à l’opération française Barkhane.

    L’objectif était d’offrir un encadrement plus étroit aux armées sahéliennes par le déploiement de forces spéciales tout en répartissant le coût financier et politique entre un plus grand nombre de participants. L’européanisation de l’interventionnisme était, selon le raisonnement français, un moyen de diluer les accusations de néocolonialisme et d’affirmer en même temps l’autonomie stratégique de l’Europe vis-à-vis de l’OTAN. La Task Force Takuba était de petite taille, mais elle était censée ouvrir la voie à des plans plus ambitieux en vue de la création d’une véritable défense européenne défendue par la France.

    Mais la Task Force Takuba a finalement pris fin avant de se concrétiser, tout comme la mission de formation spécifique de l’UE au Mali. Leur rejet par les autorités maliennes après un second coup d’État militaire en mai 2021 est la principale raison de leur arrêt. Près de dix ans d’efforts français de lutte contre le terrorisme, pour la plupart inefficaces, ont rendu l’interventionnisme occidental malvenu.

    Du côté européen, les choses ne se sont pas passées sans heurts non plus, l’unilatéralisme français ayant provoqué la frustration des partenaires européens. En outre, l’appétit de participer à l’aventure militaire était inégalement réparti. De nombreuses forces européennes sont intégrées dans la mission de maintien de la paix des Nations unies au Mali, et elles n’ont pas l’intention d’investir davantage de troupes, mais comptent plutôt sur des formes de participation militaire plus éloignées, telles que la puissance aérienne ou les missions de formation.

    L’adhésion à la coalition des volontaires était aussi principalement basée sur la diplomatie transactionnelle. Par exemple, l’Estonie n’a que peu d’intérêt pour le Sahel, mais elle tient à renforcer sa relation de sécurité avec la France en raison de ses propres inquiétudes concernant la Russie. Il est important de noter que les objectifs de la France en matière de lutte contre le terrorisme ne sont pas aussi importants pour plusieurs de ses partenaires européens, tels que l’Italie et l’Espagne, qui sont plus préoccupés par la migration, et l’absence d’accord sur un sujet aussi crucial semble avoir un effet fragmentant sur les efforts européens au Sahel.

    Paris dirait à Madrid : « Oui, le contre-terrorisme n’est pas votre objectif principal, mais je suis sûr que vous vous souciez de la migration – pourquoi n’envoyez-vous pas vos gendarmes pour endiguer les flux de migrants ? Cela contribuera également à mes objectifs de lutte contre le terrorisme. » Selon cette logique, tout le monde est politiquement gagnant – même si, sur le plan opérationnel, un patchwork désordonné d’initiatives de sécurité finit par être mis en œuvre.

    Alors qu’à Bruxelles, les responsables peuvent penser que les populations du Sahel ignorent totalement quels sont les objectifs de l’UE, les Sahéliens savent que les Européens ne sont pas là avec les mêmes objectifs qu’avant la crise malienne de 2012, à savoir le développement et la coopération. Ces jours-ci, l’ordre du jour est l’endiguement des menaces. L’accusation de néocolonialisme que la France voulait esquiver a été largement déviée vers l’Europe plus largement.

    L’opinion publique régionale, déjà bien versée dans les récits anti-impérialistes, approuve de plus en plus les théories du complot qui envahissent les médias sociaux sahéliens. Le rejet brutal de l’interventionnisme occidental par le Mali ne le fait pas disparaître. Désormais, l’opinion fermement ancrée selon laquelle le Sahel dans son ensemble est un problème de sécurité crucial signifie que les efforts de sécurisation européens doivent être placés sur les pays voisins.

    Mais les leçons maliennes ont-elles été tirées ? L’opération militaire française Barkhane va redéployer une version transformée d’elle-même au Niger, et il est également probable que la présence de la France y soit contestée. Même une approche légère pourrait ne pas suffire, car l’approche de guerre à distance choisie par les puissances occidentales entraîne des problèmes qui lui sont propres, tels que la saturation de l’aide militaire, la coordination, l’efficacité stratégique et la responsabilité. Ce qui est considéré comme de l’interventionnisme à distance dans les capitales européennes n’est pas perçu de cette manière au Sahel, où les donateurs et les troupes européennes provoquent une distorsion des dynamiques nationales et régionales.

    Une perception déformée du Sahel, qui met trop l’accent sur les menaces démographiques et sécuritaires pour l’Europe, a fait d’une certaine forme d’intervention européenne une nécessité aux yeux des décideurs européens. Les craintes à l’égard du Sahel ont augmenté à un point tel que la non-intervention est devenue impossible.

    Mais un catalogue de craintes ne devrait pas faire une politique – et l’histoire récente des relations entre l’Europe et le Sahel a jeté un doute sur les moyens efficaces d’intervenir. Compte tenu de la valeur que l’Europe a accordée à la région, un échec au Sahel pourrait plonger l’Europe dans un puits d’insécurité plus profond.

    Pour élaborer des politiques européennes efficaces, il faut reconnaître certaines réalités fondamentales. L’élaboration de politiques fondées uniquement sur les craintes européennes a peu de chances de répondre aux aspirations des Sahéliens à un changement significatif. L’époque de l’édification d’un État par l’étranger est révolue. La construction d’une future politique stable au Sahel nécessite des négociations locales auxquelles les insurgés peu libéraux devront peut-être participer. Pour ce faire, un espace civique ouvert et sain est nécessaire. À court terme, la réponse aux besoins humanitaires causés par la crise prolongée nécessitera une mobilisation importante de ressources, ce qui signifie également qu’il faut laisser les gens se déplacer.

    L’Europe peut apporter une aide significative et humble dans ces domaines, mais catastrophiser la région et la militariser davantage ne fera qu’empirer les choses.

    Foreign policy, 05/08/2022

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  • Nouvelle reconfiguration régionale: L’Algérie en pole position

    Nouvelle reconfiguration régionale: L’Algérie en pole position

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    Le «décès» du G5 Sahel a été acté, il y a quelquessemaines, parla décision du Mali de se retirer du groupe. Une démarche qui, pour bon nombre d’observateurs et autresspécialistes des questionssécuritaires, est amplement justifiée. Ces derniers soutiennent, en effet, que les critiques faites autour de ce dispositif sont fondées. Bamako a expliqué sa décision de retrait : «L’instrumentalisation d’une institution comme le G5 Sahel dont le mandat est de mutualiser les moyens pour garantir des conditions de développement et de sécurité dans l’espace des pays membres est fondamentalement contraire aux intérêts de nos pays et de nos peuples qui font face à d’importants défis dans le domaine de la lutte contre le terrorisme», ont souligné les autorités maliennes de transition. Pour autant, pour les spécialistes, toutes les opérations militaires et les forces multinationales expérimentées ou présentes au Sahel, de Serval à Barkhane, en passant par la force mixte et la MINUSMA jusqu’à Takuba ne sont pas parvenues à résoudre la crise sécuritaire qui menace aujourd’hui l’existence même du continent.

    Et force est de rappeler aussi qu’au cours des dix dernières années, les pays du Sahel ont tenté de coordonner leurs efforts pour faire face à la détérioration de la situation sécuritaire marquée par une forte propagation des groupes terroristes sans pour autant parvenir à rétablir la stabilité à leurs frontières ou dans la région.

    Cet échec est expliqué par le professeur des universités et spécialistes des questions géopolitiques et internationales, Makhlouf Sahel, qui estime que «l’initiative G5 Sahel avait comme objectif le redéploiement de la présence française dans la région pour contrer d’un point de vue stratégique la venue d’un certain nombre de puissances qui commençaient à s’intéresser de très près à cet espace géopolitique qu’est le Sahel, soit pour des considérations géostratégiques pour certains ou géoéconomiques pour d’autres».

    Et d’ajouter que «l’autre objectif inavoué, mais clairement identifiable pour tout observateur averti, était le torpillage de l’expérience des pays du champ qui commençait à être perçue comme une dynamique d’émancipation et de coordination de la région sur le plan sécuritaire, ce qui contredisait totalement les desseins hégémoniques de la France». Et de poursuivre en indiquant que «l’échec du G5 Sahel était prévisible dès le départ, car il y avait un décalage structurel au sein de ce groupe». Mais pas que puisque, il avance une autre raison. Elle consiste selon lui en «le manque de conviction dans la mise en place de l’initiative en elle-même, car non seulement elle n’émanait pas des réalités profondes de la région mais elle semblait aussi être le pendant politique et économique sahélien de l’opération militaire française Barkhane, ce qui arrangeait les objectifs de la France, mais pas ceux des pays membres du G5».

    C’est pourquoi, estimera le spécialiste, «il serait plus judicieux pour les pays de la région du Sahel à adopter une approche qui mène sur la voie structurée de la paix et de la sécurité dans la région du Sahel de manière identique et complémentaire à l’architecture africaine de paix et de sécurité qui est sous la tutelle de l’Union africaine». Dans cette nouvelle configuration qui se dessine pour la sous-région, l’Algérie est appelée à jouer un rôle crucial. Pour le professeur Barkouk, sa position lui permet d’être «la locomotive pour la constitution d’un système de sécurité régional soucieux du respect de la souveraineté des autres pays et refusant toute ingérence étrangère».

    Elle est aussi, selon lui, «capable de créer une dynamique de coopération sécuritaire sur le long terme qui pourrait associer les quatre pays du Centre, à savoir l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger avant d’être élargis à d’autres pays, notamment le Burkina Faso, le Tchad et le Nigeria». Un rôle qui est écrit pour elle et que nul autre pays ne saurait jouer ou assumer. Et pour cause, le professeur Sahel tient à rappeler que «l’Algérie est pionnière et leader en matière de construction et d’engineering sécuritaire tant au niveau continental (en Afrique) que régional (au Sahel)».

    Et de souligner que «les efforts de notre pays pour édifier une assise sécuritaire collective sous-régionale, en complément à ces efforts dans le cadre de la mise en place de l’architecture de paix et de sécurité en Afrique (APSA), ont été des efforts considérables et foncièrement importants pas seulement pour l’Algérie mais pour toute la région du Sahel et au-delà pour le continent». Il poursuivra en indiquant que «l’importance et l’efficience de toutes ces initiatives résident particulièrement dans la consécration des préalables de souveraineté des Etats africains à mettre en orbite le principe d’africanisation des solutions et des mécanismes dédiés à la prévention des conflits, la gestion des crises et aussi à la lutte antiterroriste». Et si l’Algérie risque une nouvelle fois de porter l’Afrique en matière de sécurité, c’est aussi parce que son expertise en la matière est reconnue et recherchée.

    Le professeur Sahel indiquera que «forte de son expérience amère du fléau terroriste et de sa victoire seule dans sa lutte contre le terrorisme, l’Algérie a de tout temps eu comme conviction que pour faire face aux menaces sécuritaires actuelles, la coordination et la coopération sont des variables indispensables». Elle s’est également efforcée de «contribuer efficacement et en permanence à la construction de perceptions communes, que ce soit au niveau continental ou régional et même à l’international, sachant qu’elle est membre fondateur du Forum mondial antiterroriste».

    En outre, il ne faut pas oublier que le Traité sur la prévention du terrorisme a été conclu en Algérie en 1999, où il évoquait déjà dans son préambule et bien avant les événements du 11 septembre 2001, que le phénomène du terrorisme constitue une menace à la sécurité mondiale et affecte la cohésion de la communauté internationale ; il représente également un grave danger pour les droits de l’homme.

    Dans le prolongement de cet accord, le Plan d’action d’Alger a été approuvé en 2002, ce qui a abouti à la création du Centre africain d’études et de recherches sur le terrorisme le 13 octobre 2004. Il sera aussi indiqué que c’est «l’Algérie qui a contribué de façon significative au développement d’un certain nombre de règles internationales, à l’image de la résolution 19-04 de l’ONU interdisant le payement des rançons». Pour notre interlocuteur «Toutes ces données permettent de dire que l’Algérie a été le précurseur de cette logique de coordination et de coopération en matière de lutte antiterroriste, particulièrement en Afrique et dans la région du Sahel, ce qui lui permet de se mettre en pole position de leader pour la reconsolidation d’une architecture régionale de paix et de sécurité».

    Nadia Kerraz

    El Moudjahid, 12/07/2022

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