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  • Mali: retrait danois et critiques contre la France

    Mali: retrait danois et critiques contre la France – Barkhane, Takuba, Danemark, UE,

    COPENHAGUE/PARIS, 27 janvier (Reuters) – Le Danemark va commencer à retirer ses troupes du Mali après que le gouvernement de transition de ce pays d’Afrique de l’Ouest a insisté cette semaine sur un retrait immédiat, un coup dur pour la France alors que ses opérations antiterroristes au Sahel commencent à s’effilocher.

    Cette décision intervient dans un contexte de tension entre le Mali et ses partenaires internationaux, notamment les organismes régionaux et l’Union européenne, qui ont sanctionné le Mali après que la junte a échoué à organiser des élections à la suite de deux coups d’État militaires.

    Les tensions se sont également intensifiées à la suite d’allégations selon lesquelles les autorités de transition ont déployé au Mali des entrepreneurs militaires privés du Groupe Wagner, soutenu par la Russie, ce qui, selon certains pays de l’UE, est incompatible avec leur mission.

    « Nous pouvons constater que le gouvernement de transition malien, ou les généraux putschistes, ont envoyé hier soir une déclaration publique dans laquelle ils ont à nouveau réitéré que le Danemark n’est pas le bienvenu au Mali, et nous ne supporterons évidemment pas cela », a déclaré jeudi à la presse le ministre des Affaires étrangères Jeppe Kofod. « Par conséquent, nous avons décidé de retirer nos soldats chez eux ».

    Le Danemark avait envoyé 105 militaires au Mali le 18 janvier pour rejoindre une mission des forces spéciales européennes, connue sous le nom de Takuba, qui a été mise en place pour aider le Mali à lutter contre les militants islamistes. Le Danemark a déclaré que ses troupes s’étaient déployées après une « invitation claire » du Mali.

    Mais le gouvernement malien a déclaré cette semaine qu’il était surpris par la présence danoise, car une décision n’avait pas encore été prise à la suite d’une demande de déploiement de troupes formulée par le Danemark en juin.

    Le retrait du Danemark, qui intervient après que la Suède a affirmé au début du mois qu’elle quitterait le Mali en mars, est un casse-tête pour la France, qui avait tant misé sur l’ »européanisation » de son intervention au Sahel, où Paris a des milliers de soldats en opération.

    Les relations entre la France et son ancienne colonie se sont dégradées et, mercredi, la junte s’en est prise à Paris en lui demandant de cesser de s’ingérer dans les affaires du pays et de garder pour elle ses « réflexes coloniaux ».

    La France et 14 autres pays européens ont exhorté mercredi la junte à autoriser les forces spéciales danoises à rester au Mali, rejetant les affirmations de la junte selon lesquelles leur présence n’a pas de base légale. Maiga a répondu que les Danois devaient se retirer immédiatement.

    « Nous les invitons (les Danois) à faire attention à certains partenaires qui ont malheureusement du mal à se débarrasser de leurs réflexes coloniaux », a déclaré M. Maiga.

    La décision de la junte de demander au Danemark de partir aura probablement un impact sur les déploiements futurs, la Norvège, la Hongrie, le Portugal, la Roumanie et la Lituanie devant envoyer des troupes cette année.

    La Norvège, le Portugal et la Hongrie attendent toujours l’autorisation de déployer leurs forces spéciales, a indiqué la junte.

    #Mali #Takuba #Danemark #Barkhane #UE #France

  • Consolidation de la transition au Mali: La nécessité d’un axe Alger-Moscou

    Consolidation de la transition au Mali: La nécessité d’un axe Alger-Moscou – Algérie, Russie, Françafrique, Barkhane, France,

    Le Mali choisi sa voie. Une transition de cinq ans, séparation des pouvoirs et dépolitisation de la justice, mais surtout nouveaux partenariats militaires pour défendre la souveraineté du pays. Un coup dur pour l’ancienne puissance coloniale. En effet, la France risque de perdre durablement ses pions non seulement au Mali mais dans toute la ceinture sahélienne au profit de la Russie, désormais acclamée par le peuple malien, par ses dirigeants et des pans entiers des populations africaines, blasés par un slogan françafrique synonyme d’appauvrissement et d’inféodation.

    Une équation qui conforte la position de l’Algérie qui voit son allié stratégique russe prendre lieu et place d’un partenaire ambivalent, retord et pas très commode, une France en perte de vitesse.

    Et c’est justement à Alger que le chef de la diplomatie malienne a tenu à se rendre en premier pour expliquer les conclusions des Assises nationales de la refondation présentées à Bamako, le 30 décembre dernier. Et Abdoulaye Diop n’est pas allé par quatre chemins. «L’Algérie continue à jouer un rôle essentiel en tant que partenaire allié stratégique du Mali. C’est un pays qui a avec le Mali une inter-solidarité pour nous accompagner, à notre demande, dans le cadre des efforts pour ramener la paix et la stabilité», a-t-il déclaré au sortir d’une audience avec le président Abdelmadjid Tebboune.

    Côté malien, les options sont désormais claires : l’Algérie reste plus que jamais un allié et un partenaire stratégique majeur. «Je tiens en particulier à saluer le rôle que l’Algérie joue à nos côtés, de façon discrète, notamment à travers mon frère Ramtane Lamamra qui a été et qui est un acteur essentiel et un artisan de ce processus pour lequel nous avons demandé un accompagnement de l’Algérie», a précisé le chef de la diplomatie malienne. Evoquant le message remis au président Tebboune, Abdoulaye Diop a expliqué qu’il «s’inscrit dans le cadre des relations de solidarité, d’amitié, de fraternité et du bon-voisinage qui a toujours existé entre le Mali et l’Algérie».

    Et le Mali mise effectivement sur le rôle primordial d’Alger dans la stabilisation du pays et son retour aux institutions issues de la volonté populaire grâce au dialogue inclusif inter-malien. «L’Algérie, en tant que pays voisin, est plus que concernée par ce qui se passe au Mali. C’est dans ce cadre-là que le président Goïta nous a demandé de venir partager avec son frère aîné les messages et les recommandations de ces assises nationales qui ont vocation à renforcer la démocratie au Mali, mais aussi la paix et la stabilité» a insisté le ministre malien.

    En termes de solidarité agissante avec ce pays du Sahel, l’Algérie partage avec la Russie les mêmes préoccupations, impliquant un plus grand rôle des deux pays dans la région. En effet, lors de la conclusion des Assises nationale à Bamako, les intervenants ont demandé aux autorités de transition de développer de nouveaux partenariats militaires avec des puissances militaires pour mieux défendre la souveraineté du pays. Cette proposition a suscité des applaudissements et des cris au nom de la « Russie ! » dans le Centre de conférence.

    Une conjonction des astres
    Il est à rappeler qu’il y a quelques mois, des manifestants maliens avaient brandis des drapeaux russes pour demander une plus grande implication de Moscou dans le rétablissement de la paix et de la sécurité au Mali. Une demande sitôt reprise par le Premier ministre Choguel Maïga. Après avoir accusé la France d’abandon en plein vol, il a renforcé les liens stratégiques de son pays avec la Russie via des contrats impliquant des sociétés privés de sécurité.

    Cette bonne conjonction des astres pour le Mali l’est autant pour l’Algérie. Pourquoi ? D’abord, la présence française dans toute la sous-région est mise à mal après l’échec patent de l’opération Barkhane, actée il y a quelques mois par le président Emmanuel Macron. La débâcle française, puisqu’il s’agit bel et bien d’une, est profitable aux trois partenaires stratégiques que sont le Mali, l’Algérie et la Russie. Pour Bamako, fini les ingérences insupportables des successeurs de Jacques Foccart dans les affaires du pays.

    Pour Alger, l’affaiblissement de l’influence française signifie une plus grande marge de manœuvres pour sa diplomatie et son appareil sécuritaire et un redéploiement en force dans la région. De plus, la présence russe, amicale et alliée, est infiniment plus positive que celle de la France. Pour Moscou enfin, il s’agit de reprendre pied au Mali et de sécuriser la ceinture sahélienne du Mali jusqu’en République Centrafricaine et au Soudan pour consolider l’arc sud méditerranéen allant de Syrie jusqu’en Libye.

    A Alger, plus que jamais, la stabilité du Mali est une affaire de sécurité nationale. Pour preuve, c’est l’ambassadeur Boudjemaa Delmi, Chef de file de la Médiation internationale au Mali qui a présidé la réunion virtuelle de mercredi dernier. Principal objectif, consolider l’Accord d’Alger à la lumière des derniers développements sur la scène malienne. «Les membres de la Médiation internationale ont réitéré l’impératif que revêt l’accélération de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Ils ont souligné que celle-ci est essentielle pour la stabilisation durable du Mali et constitue une composante importante de l’entreprise d’ensemble de refondation de l’Etat malien», précise un communiqué de la Médiation.

    Rappelant les dispositions pertinentes de l’Accord de paix et du Pacte pour la paix, les membres de la Médiation ont réaffirmé leur «détermination à continuer à appuyer les parties signataires, y compris, le cas échéant, en intensifiant leurs bons offices pour aider à lever les points de blocage pouvant entraver une mise en œuvre diligente de l’Accord», note, en outre, le communiqué publié au terme de la réunion.

    Ce texte précise que «dans ce contexte, les membres de la Médiation internationale ont relevé les conclusions des Assises nationales de la refondation relatives à la mise en place d’un Sénat, l’opérationnalisation des transferts de compétences et de ressources financières et humaines de l’Etat vers les collectivités territoriales, l’élaboration d’une nouvelle Constitution et l’accélération du DDR (désarmement, démobilisation et réintégration)», soulignant que «ces conclusions, qui convergent avec l’Accord de paix, ouvrent des perspectives encourageantes quant à l’avancement du processus de paix».

    La messe semble avoir été dite concernant les nouveaux partenariats autour du Mali. L’Algérie qui a renoué avec la France, sans pour autant infléchir sa position concernant la fin des facilités militaires accordées entre 2013 et 2021, a tout intérêt à se rappeler que l’ancienne puissance coloniale, aux abois dans son ex-pré carré africain, ne sera jamais son allié stratégique. Paris préférant de loin un Makhzen inféodé à ses logiques néocoloniales, plutôt qu’à l’Algérie jalouse de sa souveraineté et à ses principes.
    Un axe Alger-Moscou incluant Pékin, à travers sa stratégie de la Ceinture et de la Route de la soie, sera plus que jamais salutaire pour toute l’Afrique. N’en déplaise à Macron et à ses sponsors.

    Par Mahmoud Benmostefa

    Le Jeune Indépendant, 09/01/2022

    #Algérie #Russie #Mali #Françafrique #France #Barkhane

  • La France perd le Mali

    La France perd le Mali – Sahel, Barkhane, Niger, Burkina faso, Tchad, mémoire, Emmanuel Macron,

    Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, s’est rendu à Alger ce mercredi 8 décembre afin d’y rencontrer son homologue Algérien Ramtane Lamamra pour être ensuite reçu en audience par le président Abdelmadjid Tebboune, ce qui n’était ni prévu, ni annoncé au préalable dans chacune des deux capitales.

    Décrite « de travail », cette visite semble beaucoup plus être forcée et dictée par les derniers événements survenus au Sahel et ses possibles conséquences sur le statut de la France en Afrique que d’aucune autre raison , ce qui explique d’ailleurs cette seule déclaration très solennelle sous forme d’allocution écrite avec des mots choisis , lu par l’ex ministre de la défense française à sa sortie de l’audience accordée par le locataire du Palais d’El Mouradia

    La présence physique de Jean-Yves Le Drian intervient dans un climat de crise très délicate entre Alger et Paris et dont les principales causes sont d’ordres économiques et géostatiques, le président Tebboune ayant déjà déclaré auparavant, que l’Algérie ne fera en aucun cas le premier pas pour désamorcer cette brouille avec Paris.

    Échéance électorale oblige, l’Elysée privilégie de mettre seulement en évidence , la seule liaison avec les différends historiques entre les deux pays, « Je souhaite que nos deux pays reprennent ensemble la voie d’une relation apaisée », a déclaré à la presse M. Le Drian aux côtés de son homologue, Ramtane Lamamra, ajoutant que la France et l’Algérie devaient « regarder vers l’avenir ». Le ministre français a insisté sur « la confiance » à « renouer » et sur « l’approfondissement de notre partenariat » qualifié d’« indispensable », c’est ce que l’on pouvait lire et entendre dans la presse et les médias ayant couverts l’événement , autant de vocables solennisant la thèse de la volonté de Paris de surmonter les maladresses fuitées de Macron, en omettant ou ne laissant pas paraître dans les revues de presse, l’utilisation des autres mots présents dans la même allocution à plus forte résonance tel que « partenariat » « opérationnel » et autre « rôle régional » en référence à l’Algérie appuyé, en lisant cette phrase, d’un regard en direction de Lamamra. Des mots qui en disent long sur les véritables motivations de cette visite. Le spectre de Bangui que Washington refuse de voir se reproduire à Bamako.

    Á l’accoutumée et de tout temps Paris souffle » le chaud et le froid » dans ses relations avec Alger, cependant cette fois ci, ce modus operandi a vite été remplacé par la mise en place d’une escalade verbale calculée envers Alger, précipitée sans doute par la nouvelle donne au Mali après le putsch du 24 mai 2021.

    D’autant plus que depuis son élection à la tête de l’Etat Algérien en décembre 2019, Abdelmadjid Tebboune a amorcé de nouvelles stratégies et actions diplomatiques qui ont quelque peu exacerbé Paris et que cette dernière juge sans nul doute, préjudiciables pour ses intérêts directs, autant pour les relations bilatérales que dans le continent Africain mais aussi en Méditerranée.

    En effet, six semaines plus tôt survint une énième provocation, les propos tenus par Emmanuel Macron lors d’une rencontre à l’Élysée avec des « petits-enfants » de la guerre d’Algérie, largement médiatisés dans l’hexagone, ont été jugés par Alger d’offensants et irrespectueux envers l’Algérie, son peuple et son histoire. Il y avait évoqué un « système politico-militaire algérien » bâti sur la « rente mémorielle » et la « haine de la France ». S’interrogeant même sur l’existence de « la nation algérienne (…) avant la colonisation française ».

    Le Retrait des forces françaises du Mali : redéploiement tactique ou bien tentative d’enlisement de l’Algérie ?

    Alger avait répliqué en rappelant pour consultation son ambassadeur à Paris ; une action diplomatique qui n’a rien d’extraordinaire dans pareille situation. Sachant que les enjeux étaient ailleurs et contre l’attente de tous, Paris y compris , les autorités Algériennes ont de facto et parallèlement interdit le survol l’espace aérien algérien aux avions militaires français participant à l’opération « Barkhane », Macron, qui caresse le rêve de rempiler pour un deuxième mandat présidentiel, avait accéléré quelques mois avant cette cabale, le retrait des forces françaises des principales lignes de front dans le nord du Mali, optant pour l’internationalisation de l’intervention , tout en maintenant les bases françaises dans le Sahel , notamment au Tchad et au Niger , afin d’éviter, selon des analyses françaises , que cette région ne tombe dans l’escarcelle de l’influence russe et chinoise, les conséquences de l’opération « Sangaris » en Centrafrique sont si évidentes pourtant ! Les Russes et les chinois sont bel et bien là.

    Selon la version française à peine dévoilée le 09 juillet dernier lors du sommet virtuel de Paris sur le Sahel , ce repli tactique vise un allègement de l’effort de guerre français, sans pour autant renoncer à l’influence de Paris dans la région, le coût financier étant de un milliard d’euro/an depuis le début des opérations, « Serval » d’abord puis «Barkhane », selon des sources informées. Sur un plan opérationnel ceci consiste en la fermeture des bases militaires à Kidal, à Tombouctou et à Tessalit, dans le nord du Mali (sud de l’Algérie) , ainsi que la réduction des effectifs , pour les faire passer de 5100 actuellement à environ 2500 à 3000 éléments, concrètement ceci rendra ainsi cette zone déjà très fragile , un No Man’s Land ouvert à la possibilité de la création d’un État ethnique Touareg sous la coupe des terroristes comme ce fût pour le duo pachtoun-taliban en Afghanistan, sans plan de rechange, la France s’emploie ainsi à vouloir remplacer «Barkhane» par «Takuba», cette task force européenne déployée au Sahel mais non opérationnelle, et qui compte le rester puisque les pays qui la compose , le Royaume-Uni à leur tête , refusent jusque-là de s’impliquer militairement dans la région la considérant comme étant « zone sous influence française ».

    La création d’un tel déséquilibre sécuritaire prémédité ou non dans le nord Mali , impliquerait selon des observateurs acquis aux thèses françaises, de toute évidence, l’engagement de troupes Algériennes, du moment que ce déséquilibre profiterait grandement aux groupes armés et aux organisations terroristes aux frontières algériennes, ou bien même selon d’autres, la création de zones sécuritaires en profondeur Malienne et par conséquent au Sahel , ce qui est très peu probable, pour l’une comme pour l’autre, ceci ne peut être envisageable du côté d’Alger qui maîtrise et connaît parfaitement le dossier, donc en possession de plusieurs arguments à mettre en œuvre pour le règlement de ce conflit Malien, sans encombre , encore plus, le gouvernement Algérien reste convaincu que la solution de cette crise ne peut être d’aucun cas militaire.

    Qu’en est-il des réalités sur le terrain ???

    À Bamako, le Président par intérim, proche de Paris Bah N’daw, est renversé par le colonel Assimi Goïta le 24 Mai 2021, Macron annonça le retrait de ses troupes des bases du nord, le 09 juillet 2021 , laissant une armée locale très précaire qui a toujours eu du mal à contenir depuis toujours, les rébellions Touaregs au delà du fleuve Niger, la frontière naturelle entre le nord et le sud du pays, Paris espère ainsi pousser la Direction au pouvoir à revenir contrainte, dans le giron français, afin d’obtenir l’appui militaire et financier de l’hexagone. Cependant les militaires aux commandes à Bamako annoncent la réception de quatre hélicoptères russes MI-171 neufs livrés à partir de la base Égyptienne de Helwane, possible future base de maintenance pour hélicoptères en concert avec l’Algérie pour la zone AME, c’est ici l’entame de l’acquisition des équipements qui permettront une lutte anti-terroriste plus conséquente par l’armée Malienne suivi par la signature de plusieurs contrats d’achat d’armements avec Pékin cette fois, dont dix MRAP, véhicules blindés anti-mines déjà livrés , il est même question de l’acquisition proche de chasseurs russes de classe 4++, le SU 35, au moment où Paris accuse Bamako de vouloir contracter les mercenaires du groupe Wagner proche du Kremlin, à vrai dire rien n’a été confirmé à ce sujet, encore une guerre du renseignement dans ce contexte de lutte contre le terrorisme transnationale et qu’il faille compter désormais sur l’expertise Algérienne indispensable pour Paris qui n’a pas été en mesure de prévoir les intentions du gouvernement Malien . Ce rapprochement direct de Bamako avec Moscou et Pékin, ne va pas sans déplaire encore une fois à Washington. Un revirement total de la situation puisque, l’armée malienne dispose actuellement des atouts qui lui ont fait défaut jusqu’à présent lui permettant d’avoir la maîtrise aérienne et une logistique anti-mine, arme redoutable des jihadistes en sol malien et qui est la principale cause des pertes en vie humaines françaises depuis « Serval » , tout le contraire de l’effet escompté par cette manœuvre Française, Bamako a maintenant les capacités militaires pour faire cavalier seul dans sa lutte contre le terrorisme et surtout son émancipation vis-à-vis de Paris, en choisissant ses propres partenaires militaires . En effet, c’est le retour à la case de départ du dossier à savoir la crise Touareg au nord du pays et le consensus des belligérants du rôle de l’Algérie qui dispose de l’entière confiance de ses voisins du sud ouest.

    Algérie : une connaissance parfaite des réalités maliennes

    Le Nord du Mali a toujours été le théâtre de nombreuses rébellions Touaregs, réclamants une égalité entre le nord et le sud par rapport aux investissements de l’état , des événements au cours des quels Alger a de tout temps joué un rôle central et majeur, privilégiant le dialogue entre les belligérants, plusieurs crises ont pu être dépassées grâce à des négociations sous l’égide d’émissaires Algériens , la dernière avait été couronnée par les Accords d’Alger signés en 2015 , entre les groupes armés Touaregs et le gouvernement de Bamako qui n’a encore pas honorer ces engagements vis-à-vis de ses détracteurs Touaregs , au risque d’un retour aux armes imminent des Azawads, auxquels il faudrait ajouter la présence entre temps, d’une nébuleuse terroriste ayant trouvé dans cette région délaissée par l’état et livrée à elle même, un vaste terrain libre, favorable à une implantation pérenne des jihadistes qui appellent à un dialogue direct avec les capitales européennes, celles-ci ont pris pour habitude de payer des rançons à coup de millions d’euro, Paris n’est pas en reste sur cette pratique.Toutefois, comme en 2012, les groupes armés terroristes pourraient cette fois-ci se regrouper, avec l’aide des différents services de renseignement présents, sous la bannière du GSIM, groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans de Iyad Ag Ghali, qui a dernièrement déclaré le jihad contre la Russie, selon le scénario le plus optimiste de Paris, la création d’un émirat terroriste à ses frontières sud contraindra une intervention militaire Algérienne cependant la déclaration du GSIM contre la Russie pourrait amener les troupes russes dans cette zone et non pas seulement Wagner comme en centre Afrique, et qui a valu à Paris les foudres de l’administration Américaine.

    Le Drian à Alger: les relations bilatérales ou bien une mission de sauvetage de la politique française au Mali ?

    D’après les premières impressions, cette visite à Alger semble dépasser, et de très loin le seul cadre des relations bilatérales Algéro-françaises relégués à priori au second plan, malgré la volonté officielle française de vouloir faire paraître le contraire. Ce qui pousse Paris à agir avec célérité, c’est sans doute sa position inconfortable vis-à-vis de ses alliés européens et beaucoup plus avec l’administration Biden.

    Aux besoins de Paris, exposés à Tebboune par le biais de Le Drian. l’Elysée, vu que sur le terrain des opérations, les événements ont pris une tournure telle que Washington ne manquera pas de recadrer la France au Sahel, si ce n’est pas déjà fait d’ailleurs. Sans doute c’est à Alger, que reviendra la primauté sur ce dossier, car ses thèses Maliennes sont les plus réalistes et réalisables. Cependant, le mutisme total d’El Mouradia sur cette visite semble dire que l’Algérie n’a jamais été loin du Mali, bien au contraire. Ce qui semble focaliser actuellement l’attention de l’Algérie c’est la Libye, un autre dossier où les actions de Paris ont été aussi désavouées.

    Par Mohamed Amine Hattou

    Algérie54, 13/12/2021

    #Algérie #France #Mali #Sahel #Tchad #BurkinaFaso #Niger

  • Barkhane: La fermeture du ciel algérien a coûté des millions

    Barkhane: La fermeture du ciel algérien a coûté des millions

    France, Mali, Niger, Burkina Faso, Algérie – Barkhane: La fermeture du ciel algérien a coûté des millions

    Barkhane : L’interdiction de survol de l’Algérie par les avions militaires français a déjà coûté « plusieurs millions d’euros »

    Ces dernières semaines, six unités de la force française Barkhane ont été relevées dans le cadre de la réorganisation du dispostif de cette dernière, lequel repose sur cinq Groupements tactiques désert [GTD] et un groupement commando. Selon le détail livré par l’État-major des armées [EMA] dans son dernier compte-rendu des opérations, le GTD n°1 « Korrigan » est désormais armé par le 3e Régiment d’infanterie de marine [RIMa] avec des véhicules Griffon, renforcé par des éléments du 5e Régiment de Dragons, du 1er RIMa, du 11e Régiment d’artillerie de Marine [RAMa] et du 6e Régiment du génie [RG]. Installé à Gao, sa mission est de mener des actions de combat dans la région dite des « trois frontières ». À Gossi [Mali], le GTD n°2 « intervention et partenariat de combat » [IPC] « Auvergne » accompagne les Forces armées maliennes [FAMa] dans la région du Gourma. Il est armé par le 92e Régiment d’Infanterie [RI], avec des renforts provenant du 501e Régiment de chars de combat [RCC], le 40e Régiment d’artillerie [40e RA] et le 13e RG.

    Des éléments de ces mêmes unités, renforcés par le 16e Bataillon de chasseurs à pieds [BCP] constituent le GTD n°3 « Salamandre », qui opère, depuis Niamey, dans la région du Liptako aux côtés des Forces armées nigériennes, dans le cadre d’un Partenariat militaire opérationnel [PMO].

    S’agissant de l’aéromobilité, le GTD aérocombat [GTD-A] est désormais armé par le 5e Régiment d’hélicoptères de combat [RHC], avec le renfort « d’éléments des autres unités du pilier aérocombat ». Pour rappel, il met en oeuvre 6 NH-90 Caïman TTH, 1 Cougar, 5 Tigre et 4 Gazelle. Trois hélicoptères de transport lourd [HTL] CH-47 Chinook de la Royal Air Force complètent ce dispositif.

    Quant au GTD Logistique, il s’appuie sur le 516e Régiment du train [516e RT] et le 8e Régiment du matériel [8e RMat]. Enfin, la 6e Brigade légère blindée [BLB] et la 11e Brigade parachutiste [BP] arment le groupement commando.

    Ces relèves ont sans doute commencé au plus mauvais moment… En effet, le 3 octobre, l’Algérie a décidé d’interdire l’accès de son espace aérien aux avions militaires français se rendant au Sahel, en réaction à des propos tenus par le président Macron.

    Selon le quotidien Le Monde, celui-ci aurait affirmé que, depuis son indépendance, obtenue il y a près de 60 ans, l’Algérie s’est « construite sur une rente mémorielle », entretenue par le « système politico-militaire » algérien. Et de dénoncer une « histoire officielle […] totalement réécrite » qui « ne s’appuie pas sur des vérités » mais sur « un discours qui repose sur une haine de la France ».

    Cela étant, la décision algérienne a évidemment impact sur les opérations françaises au Sahel, les avions de transport de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] étant bien obligé de contourner l’Algérie. Ce qui allonge le temps de vol… et accroît la consommation de kerosène.

    « Aujourd’hui, la durée de chaque rotation vers la bande sahélo-saharienne est rallongée de 2 heures à 2 heures 30. Pour conserver la charge utile offerte par les A400M, nous procédons à une escale à Dakar », a en effet expliqué le général Stéphane Mille, le chef d’état-major de l’armée de l’Air [CEMAAE], en réponse à une question posée par le Christian Cambon, le président de la commission sénatoriale des Affaires étrangères et de la Défense.

    « À ce jour, j’évalue à plusieurs millions d’euros le surcoût de ces adaptations de trajectoire », a ensuite indiqué le général Mille, sans préciser le montant exact de la facture…

    L’an passé, les surcoûts de l’opération Barkhane avaient été évalués à 911 millions d’euros, en raison notamment des renforts envoyés au Sahel après le sommet de Pau [13 janvier 2020]. Cette année, aucune estimation n’a été communiquée à la faveur des auditions parlementaires de la ministre des Armées, Florence Parly, et du général Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA].

    Quoi qu’il en soit, cette interdiction du survol de l’Algérie faite aux avions militaires français va-t-elle durer? Le 26 novembre, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a laissé entendre que la situation pourrait s’arranger bientôt. « Il faut bien que ces relations reviennent à la normale, à condition que l’autre partie [la France] les conçoive sur une base d’égal à égal, sans provocation », a-t-il dit, à la télévision publique. « Nous sommes d’accord pour qu’on traite l’un avec l’autre pour ne pas nuire aux intérêts de chaque partie, mais nous n’accepterons pas qu’on nous impose quoi que ce soit », a-t-il ajouté.

    Zone militaire, 28/11/2021

    #France #Barkhane #Mali #Sahel #Tchad #Niger #BurkinaFaso #Algérie

  • Le déclin français

    Le déclin français

    France, Sahel, Mali, Barkhane, AUKUS, – Le déclin français

    Le thème du «déclin français» et son corollaire «le retour de la grandeur de la France» est devenu, directement ou indirectement, de la droite à la gauche des forces politiques françaises, le sujet majeur de la vie politique française.

    Ce «déclin français», avec ses composantes de peur, d’amertume, ces interrogations sur l’avenir, domine,sans le dire, depuis des années le climat politique et la vie intellectuelle française. Il a nourri au fur et à mesure un nationalisme d’autant plus malsain qu’il est fait de dépit, de peur de l’autre, de xénophobie, de perte de confiance en soi.

    Avec la crise du Corona, ce sentiment de déclin s’est accentué: on y retrouve, pèlemêle jetés, le scandale des masques, le paracétamol et les autres pénuries de médicaments de base, les difficultés de production de l’oxygène, l’échec de la France», la seule parmi les «grandes puissances», à ne pas produire un vaccin anticovid», mais aussi les déboires militaires au Sahel décidément trop grand pour les capacités françaises,»l’irrespect»manifesté par l’Algérie comme le dénoncent des hommes politiques français, l’arrogance du Royaume Uni sur l’affaire des zones de pêche, l’affaire du contrat de vente de sous-marins avec l’Australie etc.. etc.. Si on n’a pas en vue ce sentiment de déclin, on ne peut comprendre, par exemple, la réaction extrême française à cette dernière affaire. La désinvolture, voire l’indifférence aux intérêts français manifestée par ses alliés, ont vexé la France. Encore plus, lorsque ce manque de considération s’est confirmé dans l’annonce d’un traité d’alliance Indopacifique entre les États Unis, le Royaume Uni et l’Australie, conclu sans que la France ne le sache et d’où elle est exclue . Cela ne pouvait mieux confirmer ce sentiment de déclin.

    C’est comme si la France était obligée, désormais clairement, de prendre conscience de sa place dans les rapports stratégiques mondiaux.

    Mais qu’y a-t-il en réalité derrière cette question du déclin

    En effet, si on considère la question de plus près, on pourra s’apercevoir, vite alors,que le mot «déclin» est inapproprié. Il sert à masquer, en fait, une nouvelle réalité qui détermine et qui déterminera probablement la place de la France, comme celle d’autres pays naguère dominants, dans les rapports entre nations. Le mot déclin remplit alors une fonction: celle du déni de cette réalité ; cette angle d’approche, cette lecture de la situation française par le déclin, va s’imposer à toutes les forces politiques, de gauche comme de droite, aussi bien dans la dénonciation de ce déclin, que dans la recherche de ses responsables, ainsi que dans la nécessité de le refuser et de redonner à la France, «la place qui est la sienne». Le président Macron parle de» redonner sa grandeur à la France». Éric Zemmour clame que «la France n’est pas la France si elle n’est pas hégémonique». Jean Luc Mélenchon tonne que La France est  » le 2eme domaine maritime du monde avec 10 millions de km2 , qu’en 2050 cinq cent millions de personnes parleront le français dans le monde » grâce à la présence de la France en Afrique, et que «la France ne ressemble pas aux autres puissances car sa mission est universelle» . Le nationalisme fait rage. De façon générale, tout le discours politique reflète ce souci, cette obsession de redonner sa puissance à la France que ce soit dans les approches économiques de réindustrialisation de la France, culturelle à travers la francophonie, ou militaire à travers l’attachement à une présence à l’extérieur, même si les moyens ne le permettent plus.

    Car tout cela n’est d’évidence plus possible. La place de la France, et aussi de l’Europe, dans le PIB mondial a été pendant deux siècles une sorte d’exception historique, liée à la révolution industrielle européenne. Celle-ci a fait que des pays relativement petits, du point de vue de leur étendue géographique et du nombre de leurs habitants, ont pu dominer d’immenses pays grâce à la fois à leur puissance technologique et militaire et à leur unité nationale . Qu’on regarde la carte du monde, ceci saute aux yeux et laisse songeur. Avant la révolution industrielle, des pays comme la Chine et l’Inde représentaient 50% de la production mondiale. On sait que le facteur démographique est, en dernière instance, le facteur déterminant des rapports entre groupes humains. Aujourd’hui avec leurs trois milliards d’habitants, ils reprennent progressivement leur place mondiale. C’est aussi simple que cela. C’est aussi le cas progressivement d’autres régions du monde. Il ne s’agit donc pas d’un «déclin», mais d’une évolution historique en quelque sorte normale, d’un retour à l’ordre des choses.

    Le déni de la réalité

    De la même manière, la France, et d’autres pays européens, vont reprendre historiquement tout simplement leur place naturelle dans le concert des nations du monde. Et c’est une bonne chose, y compris pour la France. Les autres nations dans le monde se trouvent-elles dévalorisées d’être à leur place, de ne pas être hégémoniques. L’Allemagne s’est trouvée bien plus respectée de ne plus l’être, et de consacrer ses forces à son développement , bien que …la tentation hégémonique n’est jamais bien loin.  D’autres pays, fameux par leur qualité de vie, et leur niveau civilisationnel, se trouveraient-ils diminués d’être comme tout le monde , des pays «normaux» . Sont-ils de «petits pays» ou bien au contraire des pays admirés. Mais en attendant, malheur à celui qui dirait en France tout simplement «voilà c’est la réalité de ce que nous sommes actuellement, le monde a évolué». Il n’aurait plus aucune chance politique dans un climat où domine le nationalisme sous sa forme la plus négative, la plus dangereuse, celle de l’amertume, celle d’un sentiment dedéchéance par rapport à un statut désormais dépassé.

    Le déni de la réalité est toujours dangereux, que ce soit pour un individu ou pour un groupe social. Il entraine toujours à des pathologies.La réalité est niée, refusée, insupportable pour bien des forces politiques française, et même, pourrait-on dire par l’opinion publique française en général. D’où ce pourrissement de la situation politique, d’où cette propension à chercher des boucs émissaires à cette situation, émigration, arabes, musulmans, «politiciens- traitres». Cette fausse conscience de déclin pourrait expliquer des phénomènes inquiétants en France comme l’exacerbation du racisme, la généralisation du sentiment de haine, la haine des autres mais aussi la haine de soi. Au contraire, les sociétés optimistes, en plein essor, sont caractérisées par le sentiment de solidarité et l’optimisme pour l’avenir. Ce déni de la réalité peut expliquer aussi, et c’est intéressant à noter, ce refuge vers le passé, vers l’Histoire de France ,chez bien des intellectuels français actuellement Dernièrement, au cours du débat qui les opposait, aussi bien Jean Luc Mélenchon qu’ Éric Zemmour ont fait assaut de références à l’Histoire française, chacun de leur point de vue évidemment, mais ce passéisme est en lui-même significatif. La rencontre de toutes les forces politiques autour de la personnalité du général de Gaulle, représentant prestigieux s’il en est du nationalisme français, et leurs disputes autour de l’appropriation de son héritage est édifiante à ce sujet.

    L’idéologie du déclin et son instrumentalisation

    Comme pour beaucoup de civilisations qui se tournent vers leur grandeur passée pour oublier leur présent, cette relecture de l’histoire française devient alors une sorte d’opium du peuple pour retrouverles vertiges de puissance d’antan. Pendant longtemps «le chauvinisme de grande puissance», pour reprendre une expression chinoise, avait permis de gérer les classes populaires, et de les entrainer, malgré des résistances vite vaincues, dans les aventures impériales. Aujourd’hui la réactivation de ce passé cherche à atteindre exactement les mêmes buts. Une idéologie du déclin et de ses causes est élaborée. Elle va se diffuser, s’enraciner dans l’opinion publique. On va appeler dramatiquement le peuple à se mobiliser contre le danger du déclin. Cette idéologie va servir à la fois à masquer les causes réelles de la situation, c’est-à-dire l’évolution du monde, et à produire un nationalisme exacerbé. Plutôt que s’adapter au monde et à ses nouvelles réalités, tout sera fait pour les refuser.Là réside le danger principal de cette idéologie du déclin aussi bien pour les français que pour leurs amis dans le monde. La France doit faire un aggiornamento, un délicat passage vers l’avenir. Ici, l’entrée dans la modernité, signifie , pour elle, revoir complètement l’image qu’elle a d’elle-même et du reste du monde, ne plus gaspiller ses forces dans des objectifs de domination voués tôt ou tard à l’échec, se libérer de ces forces négatives qui ne cessent de l’entrainer vers le bas, adapter ses objectifs à ses moyens, ne plus avoir des objectifs de domination mais seulement de bien-être et de progrès pour son peuple. Y a-t-il plus belle utopie ?

    par Djamel Labidi

    Le Quotidien d’Oran, 27/11/2021

    #France #Sahel #Mali #Barkhane #Déclin

  • Afrique – Maghreb: Fin de la diplomatie française?

    Afrique – Maghreb: Fin de la diplomatie française?

    France, diplomatie, Maghreb, Afrique – Afrique – Maghreb: Fin de la diplomatie française?

    En Afrique de l’Ouest et du Centre, où le ridicule ne fait plus rire personne (fini les traits d’humour involontaires de Idi Amin Dada et de Jean-Bedel Bokassa), la pauvreté rampe et la corruption s’étend, la Chine avale tout ce qui passe (entre parenthèse, c’est très joli de dire que la France ne doit pas faire la loi en Afrique, mais c’est oublier que la jungle est en Afrique !). Au Sahel, la débandade est crépusculaire : on y tourne « Le Dernier Spahi » avec Delon et Bardot (le narratif de Lucchini en est pathétique et les couleurs y sont féériques…). Au Maghreb, la France se couvre de honte à chaque répartie qu’elle donne : on sombre à Paris dans l’idiotisme… le BHLisme et le Zémmourisme. Au Levant, Syrie comprise, la gêne est indicible, tellement on ne s’attendait peu à ce que la France y soit aussi nulle (trois présidents français, trois matamores !). Et jusque dans la Mer du Nord, d’où le continent se voit chassé comme un mendiant. Un remake de… « L’année dernière à Fachoda ».

    Bon ! Tout n’est pas perdu ! La France est encore présente avec un petit contingent militaire à Djibouti, où elle conserve l’impression de côtoyer les grands. À force de s’être éparpillée dans des partenariats (comme celui avec l’Angleterre, qui fut pour elle et l’Europe continentale le cheval de Troie le plus magistral des temps modernes), de s’être diluée dans l’OTAN et de se complaire dans la mondialisation aux antipodes et dans le libéralisme économique et la privatisation à domicile, la France a pris de mauvaises habitudes. Elle a surtout manqué des rendez-vous avec l’Histoire et pris des risques considérables. Je donnerai deux exemples paradoxaux dans le registre régalien. Le premier, dans le secteur de l’énergie, est hélas consommé. Le second stigmatise le danger qui guette le pays dans le transport maritime et la gestion des ports.

    Après la Guerre du Golfe, l’Irak offrit aux deux majors français, la Compagnie Française des Pétroles (qui deviendra Total) et ELF Aquitaine, d’opérer chacun un gisement géant de Pétrole Brut – celui de Majnoun pour ELF et celui de Nahr Umr pour Total : un (grand) président de gauche accepta cette main tendue, un (petit) gouvernement de droite la snoba ! Après quatre ans d’intense négociation de contrats de partage de production – ce qui ne s’était jamais vu en Irak depuis la nationalisation – un accord devait être conclu en octobre 1995 sans objection américaine affichée[i]. Or un certain Edouard Balladur, né à Izmir, en Turquie, naturalisé Français en 1932, Premier ministre de cohabitation, traître de Jacques Chirac, lui-même traître de Valéry Giscard d’Estaing, s’y opposa. Balladur ambitionnait la présidence de la République Française ! On ne le savait pas alors. Il cherchait des faveurs Outre-Atlantique et voulait pouvoir disposer du viatique financier que Loïc Le Floch-Prigent pourrait lui refuser, sachant en revanche que Philippe Jaffré – aux ordres – ne lui dirait pas non.

    ELF a disparu corps et âme. TotalEnergies a fini par conclure à Bagdad – 26 ans plus tard – quatre petits contrats d’un montant global de 9 milliards d’Euros (et non pas de 27 comme claironné). C’est accoucher d’une souris. L’âge d’or des hydrocarbures fossiles n’est plus et il ne s’agit pas d’exploration pétrolière mais, principalement, de traitement de l’eau pour la réinjecter dans le sol, de panneaux photovoltaïques et de gaz fatal récupérable à la tête du puits des autres. Bref, rien à voir avec les capacités du groupe en rapport avec les occasions perdues.

    Total, devenu TotalFinaElf puis TotalEnergies, est un groupe florissant. Il poursuit brillamment par sa percée en Russie au sein de plusieurs coentreprises (projets Yamal LNG et Arctic LNG 2) avec les Russes (Novatek), les Chinois (CNPC, CNOOC et Silk Road Fund) et les Japonais Mitsui et JOCMEC, la politique d’investissement initiée par Christophe de Margerie. Mais le groupe ne détient que 20% et 10% dans chacun desdits projets, assortis de transferts de technologie dans la tradition des méga-contrats conclus au cours des trente dernières années par les entreprises françaises en Chine. C’est grâce à ces transferts que les entreprises chinoises sont en mesure de damer le pion à leurs ex-bailleurs de technologie.

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    #France #Diplomatie #Afrique #Maghreb #Françafrique

  • Afrique, la France commence le désengagement de Barkhane. Deux scénarios s'ouvrent pour le Sahel

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    La France a commencé le désengagement militaire de l’opération Barkhane au Sahel. Les troupes seront réduites de 5 100 à 3 000, mais la composante aérienne sera maintenue.
    La France a officiellement commencé à réduire ses troupes de l’opération Barkhane au Sahel. C’est ce qu’a annoncé l’état-major de Paris, en publiant une vidéo sur la mission. Elle concerne en particulier les militaires stationnés dans le nord du Mali. Selon les plans, d’ici la fin de l’année, les bases de l’armée française à Kidal, Tessalit et Tombouctou seront remises aux forces locales et le contingent français sera réduit d’environ 5 100 à 3 000 personnes. Pour le moment, cependant, la composante aérienne à Niamey, au Niger et à N’Djamena, qui fournit un appui aérien rapproché (CAS) contre les djihadistes de l’ISGS et du JNIM, un groupe terroriste affilié à Al-Qaïda, devrait rester inchangée. Celle-ci comprend sept Mirage 2000 C et D, entre six et dix avions de transport tactique et stratégique, ainsi que trois drones Predator-B Reaper. Il est flanqué de trois Ch-47 britanniques et de deux Merlin danois pour les hélicoptères de troupes.
    Le retrait des soldats français ouvre deux scénarios dans la région africaine. Soit l’UE entrera dans le jeu, soit la Russie deviendra un protagoniste.
    Le désengagement des forces françaises de Barkhane ouvre deux scénarios au Sahel. La première prévoit un rôle croissant pour les entrepreneurs russes du groupe Wagner, qui ont déjà signé des accords avec le Mali dans la lutte contre l’ISGS et le JNIM. Dans le second, en revanche, l’UE deviendra un protagoniste, compensant la sortie de Paris. Soit dans le cadre de la Takuba Task Force, qui pourrait être renforcée et ne pas se limiter aux seules forces spéciales, soit avec une nouvelle mission ad hoc qui opère sur la base des accords de l’Alliance pour le Sahel avec le groupe G5 Sahel (Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Tchad et Niger). Cette question est discutée à Bruxelles depuis un certain temps, mais jusqu’à présent, il n’y a rien de concret. Le délai pour une décision se resserre toutefois. En fait, Moscou est déjà prêt à intervenir et n’attend qu’une demande officielle des pays de la région africaine, qui ne tardera pas si l’Union européenne ne réagit pas rapidement.
    Difesa & Sicurezza, 29/10/2021
  • Mélenchon: La guerre au Mali nous coûte 2 millions par jour

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    Le candidat à la présidentielle française de 2022, Jean-Luc Mélenchon, vient d’interpeller l’actuel président français Emmanuel Macron concernant la guerre au Mali dans laquelle il lui affirme : « à qui a-t-on demandé de faire la guerre du Mali ? Une fois, à l’assemblée nationale, et depuis huit ans, nous y sommes sans en avoir discuté une seule journée, ni voté une seule fois ».

    Mélenchon continue son allocution en révélant la somme astronomique que coute la guerre au Mali à la France : « cela nous coute deux millions d’Euros par jour, c’est la guerre la plus chère que la France ait menée depuis la guerre d’Algérie. Il y en a pour cinq milliards d’Euros que nous avons distribués aux ‘gens’ qui sont là-bas et qui auraient davantage pacifié la population que les bombardements auraient pu faire », a-t-il assené.

    Le candidat à la présidentielle estime que la France n’aurait pas perdu non plus tant des siens, ‘sans compter les victimes civiles qu’on ne compte jamais’ et ceci ‘parce qu’on ne vous a jamais demandé votre avis’, a-t-il continué en s’adressant aux français.

    Passant à un autre sujet, il lança : « non, la Russie n’est pas un ennemi, la Chine n’est pas un ennemi, la France n’a pas d’ennemis dans le monde, elle a des intérêts, elle a des principes, mais je refuse qu’on s’embarque dans une guerre sans fin. Mais nous sommes ridicules comme nous l’avons montré en Australie où nous apprêtions à armer M. Scott Morrison et les autres dirigeants de l’Australie qui, comme des cyniques, des menteurs et des truqueurs qu’ils sont, pauvres caniches de l’empire nord-américain et qui, au dernier moment, se sont dédit et ont ridiculisé la France ».

    Jean-Luc Mélenchon n’a pas été tendre avec le président Macron sur aucun des sujets qu’il a abordés à travers la vidéo de son intervention qu’il a mise en ligne à travers son compte Twitter.

    Il revient ensuite pour déclare que : « c’est tant mieux parce que nous ne nous sommes pas embarqués dans l’alliance des pays qui se sont ligués contre la Chine parce que la France est une nation pacifique. De ce fait, nous devrions nous poser la question : dans quelles conditions le Mali devrait appartenir aux maliens, et nous partirons le jour où on nous dira de nous en aller, et nous souhaiterons bonne chance au peuple malien qui est notre peuple ami et qui choisira comme il l’entend ce qu’il fera de lui-même ».

    Mélenchon continua sa diatribe contre l’intervention française au Mali « un jour on intervient, un autre on insulte le premier ministre du Mali, un jour on s’en va faire des gesticulations mémorielles, le lendemain on insulte le peuple Algérien, quel est cet embrouillamini qui fait qu’on ne sait plus qui est la France », et de lancer : « je vous demanderais de consentir à sortir de l’OTAN dans lequel nous n’avons rien à faire ».

    Ainsi, la France fera-t-elle le grand virage politique si Mélenchon est élu? 2022 n’est pas très loin !

    Tahar Mansour

    La Patrie News, 17/10/2021

  • Sahel : La France joue au maître des lieux

    Algérie, France, Maroc, Mali, Sahel, groupes armés, #Algérie, #France, #Maroc, #Mali, #Sahel, #Barkhane,

    C’est là une question incontournable dans le contexte politique d’aujourd’hui qui tranche par rapport à la décennie passée, marquée par d’intenses activités terroristes. En effet, toute la région subsaharienne a été transformée en laboratoire grandeur nature pour l’élevage d’une multitude de groupes armés, entraînés et financés. Encadrés aussi ! Flanqués de l’appellation de djihadistes sous la bannière d’un Islam instrumentalisé et vidé de tout son contenu spirituel, la mission assignée à ces groupes de la mort est de plus en plus flagrante. En clair, ils sont chargés de « faire peur » aux pays sahélo-sahariens trahis par leurs faibles capacités de défense. La sauvagerie des terroristes renseigne sur leur détermination à semer le désarroi, voire le chaos. C’est donc la porte ouverte à toutes les inconnues.

    Pour « sauver leur peau », les régimes impopulaires, inféodés, n’hésitent pas à appeler à la rescousse de l’ancienne puissance coloniale qui voit ses plans s’exécuter comme prévu. Cela fait trente ans que des pays comme le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Tchad et plus loin le Nigeria et la Guinée sont soumis à un stress terrible. La pression est portée à son paroxysme avec, tour à tour, des attaques et le saccage de villages impuissants, non protégés, et les enlèvements de personnes récurrents. Aucun projet de développement, un tant soit peu, utile aux populations désespérées par des conditions de vie de misère. De fait, les pays de cette partie de l’Afrique sont plongés dans une instabilité inédite, ils ne sont pas près de voir la fin du cauchemar. Pis, leur proximité avec nos frontières du Sud a un impact direct sur l’Algérie, poussée à jouer au pompier.

    Les interventionnistes qui se disputent la région exacerbent encore plus la situation. Chacun veut une part du butin qu’il y a à partager ; autrement dit, les richesses du sous-sol. La France joue au maître des lieux, considérant l’Afrique de l’Ouest francophone comme son pré-carré naturel. Sans être alarmiste, le feu est à nos portes. De plus en plus l’on essayera de l’attiser. La France se livre à un double jeu : la lutte contre le terrorisme tout en pesant de son poids pour torpiller toute solution sous les auspices de l’Algérie.

    Le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, claironne à qui veut bien l’entendre que l’Algérie est une force d’équilibre dans la région sur laquelle il faut compter. Paris, cependant, manœuvre contre l’accord d’Alger pour la paix et la réconciliation au Mali.

    Sous le prétexte fallacieux de lutte pour la paix et la sécurité dans cette région pauvre, les interventions françaises n’ont apporté que dommages, la situation devenant inextricable au vu des conflits créés.

    La faillite française dans la région sahélo-saharienne est actée. C’est pourquoi les têtes bien-pensantes de l’Élysée s’emploient à redéployer leurs forces en les déplaçant à Kidal, à quelques encablures de la frontière algérienne, sans concertation avec les autorités du pays. Parmi les calculs de ces agissements, c’est de contrer le crédit grandissant de l’Algérie pour qui la seule alternative est la paix par le dialogue pacifique. C’est cela surtout qui ne rentre pas dans les plans de Paris qui cherche à mettre en place une politique de « containment » et faire pression sur Alger à partir de là.

    À ce jeu, la rupture avec le Maroc arrange bien ses affaires, à supposer que le conflit ait été soufflé au Makhzen par des officines occultes. Suivez mon regard !

    Brahim Taouchichet

    Le Soir d’Algérie, 17/10/2021

  • Pourquoi la France perd son influence au Maghreb et au Sahel

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    La crise actuelle entre l’Algérie et la France révèle l’émergence d’un nouvel ordre en Afrique du Nord, dans lequel la France n’a pas grand-chose à dire.

    Lorsqu’Emmanuel Macron s’est lancé dans la course à la présidence française il y a cinq ans, il s’est présenté comme le candidat du changement. Indépendant, non lié aux partis politiques traditionnels, il semblait voir l’histoire coloniale de la France sous un angle nouveau et être favorable à des solutions innovantes. Sa voix était inattendue – et résolument moderne.

    Le candidat à la présidence française a même prononcé des mots qu’aucun président français, même de gauche, n’avait jamais osé prononcer, qualifiant la colonisation française de l’Algérie de crime contre l’humanité.

    Cinq ans plus tard, le même Macron, dans son rôle actuel de président de la France, a fait des déclarations incroyablement condescendantes remettant en question l’identité précoloniale de l’Algérie en tant que nation.

    Touchant un sujet difficile s’il en est un – le passé colonial de l’Algérie – ses remarques ont suscité une colère généralisée parmi les Algériens.

    Cette réaction de colère est la conséquence d’une divergence d’opinion fondamentale sur un sujet hautement sensible. Car remettre en cause l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation française revient à justifier implicitement le colonialisme lui-même.

    Un revirement spectaculaire

    Comment s’est opéré le spectaculaire retournement de Macron ? Comment un homme qui avait auparavant des opinions politiques et économiques intérieures et internationales aussi peu conventionnelles a-t-il pu utiliser une rhétorique remettant en cause non seulement la notion d’existence d’une nation algérienne précoloniale, mais suggérant un fossé entre le président algérien Abdelmadjid Tebboune et les militaires algériens ?

    S’agit-il d’une simple gaffe ou d’une nouvelle interprétation de l’histoire visant à recadrer la perception des relations franco-algériennes ?

    Ou Macron a-t-il été influencé par les courants politiques algériens et français qui soutiennent que le régime algérien est sérieusement affaibli à la suite du Hirak, ou du mouvement de protestation ? Serait-ce une simple question de complaisance, voire d’arrogance, de la part du président français ?

    Seul le temps et les futurs biographes de Macron nous le diront. Mais une chose est sûre : les accusations de propagande électorale ne tiennent pas la route. Les commentaires controversés de Macron risquent de lui faire plus de mal que de bien.

    Pendant ce temps, le Macron d’aujourd’hui semble avoir perdu son chemin. Le seul président français à avoir montré une volonté, du moins au début, de remettre en question les politiques hégémoniques de la Francafrique – sans toutefois réussir à rompre complètement avec elles – tente maintenant de nettoyer le désordre diplomatique dans l’espoir de conserver des privilèges français qui sont clairement intenables à long terme.

    Car la France est aujourd’hui une puissance économique et militaire réduite qui n’a pas les moyens de façonner les politiques de l’Afrique.

    C’est ainsi que Macron a renié sa très attendue nouvelle politique africaine, tout en se laissant entraîner dans la spirale infernale de la Francafrique, où il tente de colmater les fuites d’un navire manifestement en perdition.

    Car, en termes économiques, la France ne peut pas rivaliser avec la Chine. Non seulement les investissements chinois en Afrique éclipsent ceux de la France, mais ils dépassent également les investissements de tous les pays occidentaux réunis. Les exportations de la France vers l’Afrique en 2020 représentaient 5,3 % du total de ses exportations mondiales pour cette année-là. Elles sont désormais inférieures à celles de l’Allemagne, bien que l’Afrique ne soit pas une priorité pour l’Allemagne.

    Les exportations françaises vers l’Afrique représentent à peine un quart de celles des Chinois, malgré l’arrivée relativement récente de la Chine sur le continent.

    Les limites de l’intervention

    Sur le plan militaire, la France a atteint les limites de son intervention au Sahel, les opérations Serval et Barkhane n’ayant pas permis d’éliminer les groupes islamistes armés qui prolifèrent dans la région.

    La France avait espéré former une coalition de nations africaines et européennes, mais les premières n’avaient pas les moyens de s’engager, et les secondes ne voulaient pas s’impliquer dans ce qu’elles craignaient être une guerre ingérable et impossible à gagner.

    Mais pour la France, le coup le plus dur est survenu au début de l’automne, après l’annonce que les États-Unis formaient un pacte de sécurité dans le Pacifique sans la France.

    Avec le retrait des troupes américaines d’Afghanistan et d’Irak, Washington signale son intention de se concentrer sur ce qu’il considère comme le plus grand défi du 21e siècle : la bataille économique du Pacifique.

    En signant le pacte avec la Grande-Bretagne et l’Australie d’abord, puis avec l’Inde et d’autres pays d’Asie du Sud-Est, les États-Unis ont déclenché une crise avec la France en annulant de fait le contrat de sous-marins de 57 milliards de dollars conclu entre Naval Group et l’Australie.

    Le marché a été arraché à la France au profit d’entreprises américaines, et le camouflet infligé à la France a été profondément ressenti.

    Négligée par ses anciens alliés occidentaux, la France pensait pouvoir s’imposer sur la scène internationale en affirmant son leadership dans certaines régions déchirées par des conflits.

    Hélas, la junte militaire intérimaire au Mali, qui entretiendrait des liens étroits avec la Russie, s’est détournée de Paris de manière inattendue. Après la décision unilatérale de la France de réduire sa présence dans la région, le Premier ministre de transition Choguel Kokalla Maiga a accusé la France d’ »abandonner le Mali en plein vol ».

    Le nouveau régime malien n’a pas apprécié que la France lui présente une affaire réglée. Là encore, la réponse française a été remarquablement maladroite, affichant un niveau d’arrogance que les alliés de la France ont de plus en plus de mal à supporter. La ministre française des Armées, Florence Parly, a qualifié les propos du Premier ministre malien d’ »indécents » et d’ »inacceptables ».

    La Russie prête à intervenir

    Convaincue qu’elle a toujours le dessus, la France poursuit cependant une stratégie malienne fondée sur l’hypothèse que la survie de la junte au pouvoir est liée à la présence de l’armée française – et ignore deux faits cruciaux.

    D’une part, si elle a permis de contenir l’expansion des groupes extrémistes armés, la présence française n’a pas permis de résoudre la crise malienne. D’autre part, d’autres options sont disponibles.

    Dans l’éventualité d’un retrait des troupes françaises, la Russie est prête à intervenir. Des discussions seraient en cours entre le Mali et l’organisation mercenaire russe controversée, le Groupe Wagner.

    La Russie, qui a déjà un pied en Libye, espère étendre son influence au Sahel. Historiquement, les États-Unis ont fourni un soutien logistique aux opérations militaires françaises dans la région, bien qu’aucune troupe américaine ne soit présente sur le terrain.

    Mais avec l’abandon des théâtres symboliques de l’Afghanistan et de l’Irak et le refus d’intervenir directement au Yémen, les efforts des États-Unis sont entièrement axés sur la garantie de la prééminence stratégique de l’Amérique dans la région du Pacifique – la question de savoir s’ils vont continuer à le faire est une autre question.

    Par conséquent, la région délaissée du Sahel est à saisir, et la Russie, alliée de longue date de l’Algérie, est prête à intervenir.

    Et les dirigeants frustrés de la France ne peuvent rien y faire. Ils ne peuvent ni rivaliser avec la Chine sur le plan économique, ni avec la Russie sur le plan militaire.

    Pire encore, les dirigeants français n’ont pas réussi à saisir la nature changeante des structures de pouvoir tant en Algérie qu’au Mali, dont les nouveaux régimes au pouvoir ont moins de liens historiques et économiques avec la France.

    Ainsi, lorsque Macron a annoncé la décision du gouvernement français de réduire considérablement le nombre de visas accordés aux dirigeants algériens, il s’est trompé de cible : les personnes visées par cette nouvelle politique ne sont plus aux commandes.

    En fin de compte, le schéma général des choses en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest va changer de façon spectaculaire. La France ne peut plus se permettre de régner en maître, et les États-Unis ont d’autres priorités. La Chine et la Russie – la première sur le plan économique, la seconde sur le plan militaire – vont inévitablement supplanter les anciens réseaux et intérêts, la Turquie entrant également dans la danse.

    La main forte de l’Algérie

    Dans le contexte actuel, précaire et en mutation rapide, l’Algérie a les coudées franches et entend s’imposer comme un partenaire stratégique, et non comme un simple sous-traitant. Grâce à ses relations économiques étroites avec la Chine et à ses accords militaires avec la Russie, l’Algérie est déjà prête à devenir un élément central, sinon central, du bloc régional émergent.

    Macron a négligé d’envisager les relations franco-algériennes sous un tel angle, se contentant de jouer le jeu traditionnel de la politique étrangère française, dans laquelle les pays africains sont considérés comme des alliés naturels, voire des vassaux. Qu’une nation africaine rappelle son ambassadeur à Paris, ferme son espace aérien aux avions militaires français et envisage de prendre d’autres mesures encore plus radicales était pratiquement impensable.

    Avec le retrait des troupes américaines d’Afghanistan et d’Irak, Washington signale son intention de se concentrer sur ce qu’il considère comme le plus grand défi du 21e siècle : la bataille économique du Pacifique.

    En signant le pacte avec la Grande-Bretagne et l’Australie d’abord, puis avec l’Inde et d’autres pays d’Asie du Sud-Est, les États-Unis ont déclenché une crise avec la France en annulant de fait le contrat de sous-marins de 57 milliards de dollars conclu entre Naval Group et l’Australie.

    Le marché a été arraché à la France au profit d’entreprises américaines, et le camouflet infligé à la France a été profondément ressenti.

    Négligée par ses anciens alliés occidentaux, la France pensait pouvoir s’imposer sur la scène internationale en affirmant son leadership dans certaines régions déchirées par des conflits.

    Hélas, la junte militaire intérimaire au Mali, qui entretiendrait des liens étroits avec la Russie, s’est détournée de Paris de manière inattendue. Après la décision unilatérale de la France de réduire sa présence dans la région, le Premier ministre de transition Choguel Kokalla Maiga a accusé la France d’ »abandonner le Mali en plein vol ».

    Le nouveau régime malien n’a pas apprécié que la France lui présente une affaire réglée. Là encore, la réponse française a été remarquablement maladroite, affichant un niveau d’arrogance que les alliés de la France ont de plus en plus de mal à supporter. La ministre française des Armées, Florence Parly, a qualifié les propos du Premier ministre malien d’ »indécents » et d’ »inacceptables ».

    La Russie prête à intervenir

    Convaincue qu’elle a toujours le dessus, la France poursuit cependant une stratégie malienne fondée sur l’hypothèse que la survie de la junte au pouvoir est liée à la présence de l’armée française – et ignore deux faits cruciaux.

    D’une part, si elle a permis de contenir l’expansion des groupes extrémistes armés, la présence française n’a pas permis de résoudre la crise malienne. D’autre part, d’autres options sont disponibles.

    Dans l’éventualité d’un retrait des troupes françaises, la Russie est prête à intervenir. Des discussions seraient en cours entre le Mali et l’organisation mercenaire russe controversée, le Groupe Wagner.

    La Russie, qui a déjà un pied en Libye, espère étendre son influence au Sahel. Historiquement, les États-Unis ont fourni un soutien logistique aux opérations militaires françaises dans la région, bien qu’aucune troupe américaine ne soit présente sur le terrain.

    Mais avec l’abandon des théâtres symboliques de l’Afghanistan et de l’Irak et le refus d’intervenir directement au Yémen, les efforts des États-Unis sont entièrement axés sur la garantie de la prééminence stratégique de l’Amérique dans la région du Pacifique – la question de savoir s’ils vont continuer à le faire est une autre question.

    Par conséquent, la région délaissée du Sahel est à saisir, et la Russie, alliée de longue date de l’Algérie, est prête à intervenir.

    Et les dirigeants frustrés de la France ne peuvent rien y faire. Ils ne peuvent ni rivaliser avec la Chine sur le plan économique, ni avec la Russie sur le plan militaire.

    Pire encore, les dirigeants français n’ont pas réussi à saisir la nature changeante des structures de pouvoir tant en Algérie qu’au Mali, dont les nouveaux régimes au pouvoir ont moins de liens historiques et économiques avec la France.

    Ainsi, lorsque Macron a annoncé la décision du gouvernement français de réduire considérablement le nombre de visas accordés aux dirigeants algériens, il s’est trompé de cible : les personnes visées par cette nouvelle politique ne sont plus aux commandes.

    En fin de compte, le schéma général des choses en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest va changer de façon spectaculaire. La France ne peut plus se permettre de régner en maître, et les États-Unis ont d’autres priorités. La Chine et la Russie – la première sur le plan économique, la seconde sur le plan militaire – vont inévitablement supplanter les anciens réseaux et intérêts, la Turquie entrant également dans la danse.

    La main forte de l’Algérie

    Dans le contexte actuel, précaire et en mutation rapide, l’Algérie a les coudées franches et entend s’imposer comme un partenaire stratégique, et non comme un simple sous-traitant. Grâce à ses relations économiques étroites avec la Chine et à ses accords militaires avec la Russie, l’Algérie est déjà prête à devenir un élément central, sinon central, du bloc régional émergent.

    Macron a négligé d’envisager les relations franco-algériennes sous un tel angle, se contentant de jouer le jeu traditionnel de la politique étrangère française, dans laquelle les pays africains sont considérés comme des alliés naturels, voire des vassaux. Qu’une nation africaine rappelle son ambassadeur à Paris, ferme son espace aérien aux avions militaires français et envisage de prendre d’autres mesures encore plus radicales était pratiquement impensable.

    Historiquement, la politique étrangère française a considéré les nations africaines comme de simples sentinelles veillant sur les intérêts de la France, qui se trouvaient également être dans leur intérêt. Cela a été le cas pour un certain nombre de pays, et certains acceptent encore aujourd’hui de jouer le rôle de sous-traitant ou de vassal.

    Mais même la voix soi-disant impeccablement moderne de Macron n’a pas pu se défaire de la vieille habitude de la Francafrique. D’où la réprimande cinglante des nations aspirant à une nouvelle donne plus équitable.

    Même le Mali, malgré son extrême instabilité, change de cap. Pourquoi un des pays les plus pauvres du monde, sans perspectives sérieuses, choisirait-il de rester dans la sphère d’influence étouffante de la France ? Après tout, en 50 ans de post-indépendance, les politiques de la Francafrique n’ont rien accompli.

    Pendant ce temps, l’Algérie, dont la population devrait dépasser les populations respectives de l’Italie et de l’Espagne au milieu du siècle, sera sans doute une force avec laquelle il faudra compter à la future table des négociations, malgré les défaillances institutionnelles et économiques qui la freinent pour l’instant.

    Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

    Abed Charef

    Middle East Eye, 15/10/2021