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  • Le Maroc s’oppose à une exposition sur le bordel de Bousbir

    Le Maroc s’oppose à une exposition sur le bordel de Bousbir France-Maroc, prostitution, Casablanca, Protectorat,

    Le quotidien suisse Le Temps s’est intéressé à la longue histoire de la prostitution au Maroc, plus précisément à Casablanca où un lieu – fondé en même temps que le drapeau marocain par Hubert Lyautey, en 1923 – était, et est toujours, dédié au plus vieux métier du monde. Dans un article intitulé «Au Maroc, cette prostitution que vous ne saurez voir», le journal helvétique indique que «le quartier de Bousbir, à Casablanca, fut la plus grande maison close à ciel ouvert du monde. L’exposition retraçant l’histoire de ce quartier construit par l’administration française, montée par deux chercheurs de l’Université de Genève, a été annulée la veille de son inauguration».

    La raison ? Le régime marocain ne veut pas qu’on jette la lumière sur la partie nuit du royaume, celle du très lucratif commerce du sexe dont la famille régnante tire un grand profit, aux côtés du trafic de drogue. «Dans la soirée du 10 novembre, alors que Raphaël Pieroni et Jean-François Staszak, professeurs à l’Université de Genève, finissaient l’installation de l’exposition Bousbir Images et récits de l’ancien quartier réservé de Casablanca, 1923-2021, la sentence est tombée. Prévue à la Villa des Arts de Casablanca, l’exposition serait annulée», écrit Le Temps, qui nous apprend que le fonds Al-Mada, l’organisme qui devait organiser l’exposition, appartient à Mohammed VI.

    Les deux universitaires genevois s’étonnent de ce que le lendemain de l’interdiction, tous les articles parus dans la presse marocaine furent censurés et un livre traitant du sujet interdit de diffusion. Ils notent, au passage, que le président français, Emmanuel Macron, avait pourtant affirmé dans un discours que la colonisation était un crime contre l’humanité et qu’ils «n’avaient pas l’impression d’être à contre-courant» dès lors qu’«on était à un moment où les choses pouvaient être dites, mais cela supposait une volonté politique qui n’existe ni du côté des Marocains ni du côté des Français». Il faut comprendre, donc, que si, avec l’Algérie, le litige mémoriel est lié à la guerre d’indépendance, avec le Maroc, c’est à la prostitution que se rapporte le contentieux historique en l’ancienne puissance coloniale et son protectorat.

    «C’est que Bousbir, sorte de parc à thème érotico-exotique, fréquenté aussi bien par la population locale que par les voyageurs, embarrassait déjà l’administration coloniale à l’époque», souligne le journal. «Les Français ont mis Bousbir en périphérie de Casablanca, derrière un mur de 6 mètres de haut, accessible par une seule porte, parce que même si c’était un mal nécessaire, c’était la honte», expliquent les deux professeurs suisses. Ce quartier de la capitale économique «était le plus grand bordel à ciel ouvert du monde», où plus de 12 000 femmes, âgées entre 18 et 28 ans, y auraient vécu et officié jusqu’en 1955, dans des conditions proches du travail forcé».

    Par Kamel M.

    Algérie patriotique, 22/12/2021

    #Maroc #France #Bousbir #Protectorat #Prostitution

  • Maroc 1912 : Protectorat français et prostitution organisée

    Maroc 1912 : Protectorat français et prostitution organisée. A Casablanca, un aventurier français qui suivait les premiers régiments confiés à Lyautey y édifia une maison où des prostituées françaises et marocaines fraternisaient. Il s’appelait Prosper et dont les autochtones ont fait Bousbir.

    A Casablanca, un aventurier français qui suivait les premiers régiments confiés à Lyautey y édifia une maison où des prostituées françaises et marocaines fraternisaient. Il s’appelait Prosper et dont les autochtones ont fait Bousbir.

    Ce quartier sordide, sans eau, lamentable, où les rixes éclataient à chaque ruelle mal éclairée, asile des chiens errants, était une honte pour la cité. Les maladies vénériennes s’y développaient. Nombre de soldats étaient atteints par cette calamité. L’autorité occupante se demandait s’il fallait interdire la prostitution. Elle deviendrait clandestine et plus redoutable. Mieux valait circonscrire le mal. Et pour ce faire, on décida la construction d’un quartier spécial, pourvu d’un dispensaire modèle, où l’on soignerait les malades.

    Un certain M. Bouquet, qui représente Les Mines de Lens, obtint la concession et la mit en valeur grâce au financement des travaux par l’intermédiaire de « La Cressonnière », filiale de l’entreprise française qui se chargea de l’ensemble des travaux à réaliser et comprenant entre autres maisons, cafés, salles de danse, boutiques et hammam ; le tout alimenté en eau potable et ceinturé d’un mur. L’entreprise devint vite prospère sous le nom de La Cressonnière.

    Un nouveau Bousbir, aux avenues plantées d’arbres, égayé par des restaurants, cafés, lieux d’amusement et de commerce, vit le jour. Un poste de police en garde l’accès en permanence.

    Ce quartier réservé, moderne et mieux loti, présentait de curieux spectacles agrémentés de musiques expressives qui forment un fond de décor, créant une atmosphère d’antichambre d’un harem à grande échelle : cet espace étonnant constituait aussi un lieu de promenade où les jeunes femmes blanches, brunes ou noires de toutes religions, vêtues en caftan ou couvertes d’une chemise, s’emparent des mains des curieux pour faire tâter des seins ou les parties charnues des corps. Une odeur de jasmin et de musc envahit l’atmosphère de ce lieu à la vie truculente.

    Les pensionnaires de cette cité étrange se mettent au service d’une patronne, avec qui elles partagent leur gain ou exercent pour leur propre compte. Elles subissent une visite médicale bihebdomadaire et à chaque fois on leur impose douche et injection.

    La maison de rendez-vous attirée est celle de Madame Espéron dont le nom évoque tout un programme. Elle héberge uniquement les françaises.

    Toutefois, Bousbir La Cressonnière possède une sultane. Celle qui possède ce titre envié fut d’abord Zohra bent Abdelkrim. Elle prétendait avoir été la maîtresse du Maréchal Lyautey, ce qui serait surprenant. Mais ce qui était certain, c’est que des officiers français lui écrivaient des lettres enflammées et lui offraient leurs photos avec des dédicaces éperdues. Belle à ravir, des généraux se rendaient auprès d’elle en catimini. Elle formait aux jeux de l’amour des fillettes qui recevaient ses leçons avec recueillement. En fin de compte, elle fit un beau mariage et mourut.

    Archéia, son élève, lui succéda. C’est une berbère d’Amzmiz, village de l’Atlas au sud de Marrakech, célèbre pour la beauté de ses femmes.

    Petite, brune, élégante, Archéia est une jolie fille à la chair ambrée. Elle s’habille volontiers avec goût à l’européenne et était une ‘fashion victime’ de la mode parisienne. On dirigea vers elle les visiteurs de marque. Elle reçut André Maginot, ancien ministre français de la guerre et pleura chaudement sa disparition car il l’avait toujours traitée avec égard et respect. Des larmes perlaient à ses yeux dés l’évocation de l’illustre personnage ; et d’une voix douce et rauque, dans un français sans accent elle vous lancait : « Ce galant homme fut un homme galant ».

    La Cressonnière, ce ‘bousbir venussien’, fonctionna sans encombre jusqu’à l’indépendance du Maroc, et ce pour disparaître à jamais….

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